Une séquence entière sur la bande dessinée

Eh bien cette année, j'ai travaillé la BD dans les trois niveaux que j'avais, et je n'ai pas l'impression d'avoir fait un travail au rabais, bien mené c'est vraiment très riche ! En revanche, j'ai l'impression que ton plan de séquence propose un travail qui pourrait convenir à n'importe quelle BD, tu proposes une initiation à la BD en tant que telle et non un travail littéraire autour d'une BD précise et choisie pour sa richesse.

Cette année j'ai fait, par exemple :

- en 5e, dans le cadre d'une séance d'AP s'insérant dans une séquence sur le récit d'aventures, une étude des deux premières planches de la BD L'île au trésor de Pratt où les élèves ont dû analyser les caractéristiques de cet incipit par rapport à ce que l'on venait de voir sur un incipit romanesque
- en 4e, une petite séquence en fin d'année pour traiter du thème complémentaire autour de la ville, à partir du travail proposé dans le manuel Hatier reçu l'an dernier : comparaison de la BD et du roman policier Brouillard au pont Tolbiac
- en 3e, une séquence entière sur le chapitre 2 du tome II de Maus de Spiegelman (montage photocopie des 34 planches, pratique c'est en noir et blanc et pas de quota !) : le travail est poussé, je pourrais vous en rendre compte, pour celles et ceux que cela intéresse

Sphinx a écrit:Il y a les Corto Maltese aussi pour le thème du voyage.

Je suis d'accord avec Sphinx. Je pense qu'il y a quelque chose de très intéressant à faire avec l'exposition au musée des Confluences.

Vautrin84 a écrit:
- en 3e, une séquence entière sur le chapitre 2 du tome II de Maus de Spiegelman (montage photocopie des 34 planches, pratique c'est en noir et blanc et pas de quota !) : le travail est poussé, je pourrais vous en rendre compte, pour celles et ceux que cela intéresse

Moi je veux bien que tu en rendes compte, ça m'intéresse beaucoup !

Quelques éléments rapides, que je pourrai compléter si besoin...

La séquence, intitulée sobrement "Bande dessinée et Shoah" avait pour problématique "En quoi la technique de la bande dessinée permet-elle à Art Spiegelman de rendre compte de son indicible histoire familiale dans Maus - Un survivant raconte ?".

OI : Art Spiegelman, Maus - Un survivant raconte (1986-1991), tome II "Et c'est là que mes ennuis ont commencé", chapitre 2 "Le temps s'envole"
LC : Kathrine Kressmann-Taylor, Inconnu à cette adresse (1938)

S1 : Tentative de définition de la Shoah grâce à un montage vidéo et à un corpus de textes (Wiesel et Appelfeld)
S2 : Présentation de Spiegelman et des caractéristiques de son oeuvre (à partir de deux courts textes que je copie-colle ci-dessous * )
S3 : Lecture analytique de la planche 1 (Pb : En quoi cette planche occupe-t-elle une place à la fois centrale et à part dans l'oeuvre ?) I - Une mise en abyme vertigineuse / II - Un témoignage difficile
S4 : Prolongement de la LA à partir d'un travail sur un corpus autour de la difficulté de témoigner (Antelme et Semprun)
S5 : Travail sur les composantes narratives de ce roman graphique (la mise en scène circulaire, la polyphonie énonciative - mélange des voix et des époques, réflexion autour du jeu des masques utilisés)
S7 : parcours dans le chapitre autour de la mise en image de l'horreur (corpus complémentaire de l'arrivée au camp chez Veil et Levi)
S6 : Interrogation sur les genres littéraires auxquels nous pouvons rattacher ce roman graphique (réflexion sur l'intérêt de brouiller les codes pour créer une oeuvre à la fois biographique, autobiographique et se rapportant au genre du témoignage historique + réflexion sur l'identité du "vrai" protagoniste)

* textes de la S2 :

Textes complémentaires : L’allégorie animale dans Maus de Spiegelman

 Epigraphe placée au début du second tome de Maus :
« Mickey Mouse est l’idéal le plus lamentable qui ait jamais vu le jour… De saines intuitions incitent tous les jeunes gens indépendants et toute la jeunesse respectable à penser que cette vermine dégoûtante et couverte de saletés, le plus grand porteur de bactéries du règne animal, ne peut être le type animal idéal… Finissons-en avec la tyrannie que les Juifs exercent sur le peuple ! A bas Mickey Mouse ! Portez la croix gammée ! »
Article de journal, Poméranie, Allemagne (milieu des années 1930).

 Extrait de l’interview d’Art Spiegelman publiée dans Métamaus :
― Comment avez-vous décidé de dessiner précisément des chats et de créer la métaphore chat-souris ?
Les chats et les souris me sont venus ensemble, en partie des dessins animés de Tom et Jerry, avec lesquels j’ai grandi. J’ai eu un problème de différence d’échelle entre les créatures. Tom et Jerry ne sont absolument pas de la même taille. Tom est démesurément plus grand, et Jerry a beau être une petite créature maligne et astucieuse, elle n’arrive qu’en haut de la patte de Tom. Quand j’ai commencé à travailler sur le long Maus, mon premier réflexe a été de dessiner de gros chats et des petites souris. J’ai trouvé une solution satisfaisante au problème en minimisant la disparité, si bien que les chats et les souris sont devenus plus ou moins ouvertement des masques. Ça me plaisait de travailler avec une métaphore un peu bancale, mais il n’était pas question que ma métaphore cautionne l’idéologie nazie, ou soit un appel implicite à la compassion, du genre : « Oh, regardez la petite souris toute mignonne et sans défense. » Les ramener à la même échelle ne signifiait pas leur conférer le même pouvoir, mais ça gommait l’évident désavantage biologique inhérent à la métaphore.

Merci Vautrin pour ces éléments que tu partages. Ton travail m'intéresse beaucoup. Mais par rapport à une séquence entière sur la BD, tu confrontes la BD à des textes et je trouve que c'est ce qui fait la richesse de ce que tu proposes.
Si c'est une séquence personnelle, tu devrais la proposer à la BDD.

Mais 34 planches, ça en fait des photocopies!

Merci Vautrin ! C'est très intéressant ! Tu as mis combien d'heures environ pour faire cette séquence ?

Amaliah a écrit:Merci Vautrin pour ces éléments que tu partages. Ton travail m'intéresse beaucoup. Mais par rapport à une séquence entière sur la BD, tu confrontes la BD à des textes et je trouve que c'est ce qui fait la richesse de ce que tu proposes.
Si c'est une séquence personnelle, tu devrais la proposer à la BDD.

Mais 34 planches, ça en fait des photocopies!

Le problème, c'est que j'ai des bouts tapés, et d'autres non... mais c'est un travail personnel, effectivement. Une fois que j'ai arrêté ma progression de l'an prochain, et si je case à nouveau cette séquence, je ferai l'effort de l'avoir au propre et je pourrai l'envoyer sur la BDD

Pour les 34 planches, j'ai fait un montage en les scannant toutes, et j'en ai mis 2/page, recto-verso, ce qui fait une liasse de 9 feuilles A4 recto-verso... mais c'est vrai que j'ai la chance de ne pas avoir de quota dans mon établissement

Sherlock, j'ai mis entre deux et trois semaines je crois.

Moi aussi j'aimerais bien faire une séquence sur une BD : je pensais notamment à Astérix et Cléopâtre en 6e ou encore Tintin L'Ile noire ou Tintin au Tibet en 5e mais c'est niveau budget que ça coince : je ne peux pas demander à mes élèves d'acheter une BD à environ 11 euros