- AllianceNiveau 9
Bonjour à tous,
Je m'intéresse au mythe de Pygmalion en littérature. J'ai navigué un peu sur le net et j'ai trouvé des références à Balzac, Huysmans, Villiers de L'isle Adam, sans oublier Dorian Gray et des œuvres comme Frankenstein par exemple.
Avez-vous des idées pour enrichir ce corpus ? Des expériences ?
Merci par avance et très bonnes vacances !
Je m'intéresse au mythe de Pygmalion en littérature. J'ai navigué un peu sur le net et j'ai trouvé des références à Balzac, Huysmans, Villiers de L'isle Adam, sans oublier Dorian Gray et des œuvres comme Frankenstein par exemple.
Avez-vous des idées pour enrichir ce corpus ? Des expériences ?
Merci par avance et très bonnes vacances !
- ElaïnaDevin
L'inoxydable My fair Lady !!
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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
Ma page Facebook https://www.facebook.com/Lire-le-Japon-106902051582639
- DeliaEsprit éclairé
Hé bien... Pygmalion de G-B Shaw. Alias, en effet, My fair Lady, Elaïna et moi avons posté simultanément.
J'éliminerais Frankestein ou le Prométhée moderne : tout est dans le titre...
J'intégrerais Splendeurs et misères des courtisanes pour le lien trouble entre Lucien et Vautrin
J'éliminerais Frankestein ou le Prométhée moderne : tout est dans le titre...
J'intégrerais Splendeurs et misères des courtisanes pour le lien trouble entre Lucien et Vautrin
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Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- AllianceNiveau 9
J'ai en effet My fair lady dans mes DVD à regarder ! Merci pour ces idées, je complète aussi avec L'œuvre de Zola mais si vous avez encore des idées, je suis preneuse ! Je n'en suis qu'au début de ma réflexion...
- RosanetteEsprit éclairé
Dans les films, Sueurs froides dans sa deuxième moitié (et au niveau méta de manière générale vu que Hitchcock a vraiment modelé Kim Novak en icône hitchcockienne.
- DeliaEsprit éclairé
Je dois subir une sérieuse méforme, mais je ne saisis pas le lien entre l'Oeuvre et le mythe de Pygmalion...
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Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- RosanetteEsprit éclairé
Il y a des passages où Claude malmène sérieusement son épouse qui était son modèle, en lui reprochant les évolutions de son corps, les bourrelets qu'il perçoit et qui lui parasitent le travail par rapport au passé... On est dans une confusion entre le modèle et la représentation.
Je comprends davantage le lien qu'avec Dorian Gray.
Je comprends davantage le lien qu'avec Dorian Gray.
- TivinouDoyen
Toujours au cinéma La piel que habito, adapté de Jonquet?
- DeliaEsprit éclairé
Rosanette a écrit:Il y a des passages où Claude malmène sérieusement son épouse qui était son modèle, en lui reprochant les évolutions de son corps, les bourrelets qu'il perçoit et qui lui parasitent le travail par rapport au passé... On est dans une confusion entre le modèle et la représentation.
Je comprends davantage le lien qu'avec Dorian Gray.
Ah oui ! L'Oeuvre commencerait où Ovide s'est arrêté.
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Amadou Hampaté Ba
- VivivavaNiveau 10
"Le portrait ovale" de Poe et Galatée de Rodin.
- AllianceNiveau 9
Merci de toutes ces références ! Je pensais à Pinocchio en effet également… A voir…
- DeliaEsprit éclairé
Gepetto ne s'éprend pas de sa créature ! Même Comencini n'a pas été jusque là !
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Amadou Hampaté Ba
- InvitéInvité
Tu as La Symphonie pastorale d'André Gide. C'est l'histoire d'une jeune aveugle recueillie par un pasteur qui entreprend de lui donner une éducation. Il finit par tomber amoureux de la jeune fille.
- AllianceNiveau 9
Oui ! Gide est très loin pour moi !
Pour répondre à certains d'entre vous concernant le mythe de Pygmalion, il y a une 2e piste qui est celle de la problématique de l'automate au XIXe siècle notamment et qui interroge sur l'acte de création et en particulier sur les pouvoirs de l'homme et ses aspirations. Ainsi, on retrouve un lien avec Prométhée… Il s'agirait donc de bien délimiter les choses si je veux bâtir une séquence sur Pygmalion, car la frontière est poreuse.
Pour l'œuvre de Zola, voici l'extrait auquel je faisais référence :
"Peu à peu, si la bravoure de son obstination paraissait grandir, il retombait pourtant à ses doutes d’autrefois, ravagé par la lutte qu’il soutenait contre la nature. Toute toile qui revenait, lui semblait mauvaise, incomplète surtout, ne réalisant pas l’effort tenté. C’était cette impuissance qui l’exaspérait, plus encore que les refus du jury. Sans doute, il ne pardonnait pas à ce dernier : ses œuvres, même embryonnaires, valaient cent fois les médiocrités reçues ; mais quelle souffrance de ne jamais se donner entier, dans le chef-d’œuvre dont il ne pouvait accoucher son génie ! Il y avait toujours des morceaux superbes, il était content de celui-ci, de celui-là, de cet autre. Alors, pourquoi de brusques trous ? pourquoi des parties indignes, inaperçues pendant le travail, tuant le tableau ensuite d’une tare ineffaçable ? Et il se sentait incapable de correction, un mur se dressait à un moment, un obstacle infranchissable, au-delà duquel il lui était défendu d’aller. S’il reprenait vingt fois le morceau, vingt fois il aggravait le mal, tout se brouillait et glissait au gâchis. Il s’énervait, ne voyait plus, n’exécutait plus, en arrivait à une véritable paralysie de la volonté. Étaient-ce donc ses yeux, étaient-ce ses mains qui cessaient de lui appartenir, dans le progrès des lésions anciennes, qui l’avait inquiété déjà ? Les crises se multipliaient, il recommençait à vivre des semaines abominables, se dévorant, éternellement secoué de l’incertitude à l’espérance ; et l’unique soutien, pendant ces heures mauvaises, passées à s’acharner sur l’œuvre rebelle, c’était le rêve consolateur de l’œuvre future, celle où il se satisferait enfin, où ses mains se délieraient pour la création. Par un phénomène constant, son besoin de créer allait ainsi plus vite que ses doigts, il ne travaillait jamais à une toile, sans concevoir la toile suivante. Une seule hâte lui restait, se débarrasser du travail en train, dont il agonisait ; sans doute, ça ne vaudrait rien encore, il en était aux concessions fatales, aux tricheries, à tout ce qu’un artiste doit abandonner de sa conscience ; mais ce qu’il ferait ensuite, ah ! ce qu’il ferait, il le voyait superbe et héroïque, inattaquable, indestructible. Perpétuel mirage qui fouette le courage des damnés de l’art, mensonge de tendresse et de pitié sans lequel la production serait impossible, pour tous ceux qui se meurent de ne pouvoir faire de la vie !"
C'est toute la question de la création qui est posée, on la retrouve dans Le chef d'œuvre inconnu de Blazac, peut-être pourrait-on même lier cela au processus de création littéraire (travail des brouillon de l'auteur réaliste par exemple).
Pour répondre à certains d'entre vous concernant le mythe de Pygmalion, il y a une 2e piste qui est celle de la problématique de l'automate au XIXe siècle notamment et qui interroge sur l'acte de création et en particulier sur les pouvoirs de l'homme et ses aspirations. Ainsi, on retrouve un lien avec Prométhée… Il s'agirait donc de bien délimiter les choses si je veux bâtir une séquence sur Pygmalion, car la frontière est poreuse.
Pour l'œuvre de Zola, voici l'extrait auquel je faisais référence :
"Peu à peu, si la bravoure de son obstination paraissait grandir, il retombait pourtant à ses doutes d’autrefois, ravagé par la lutte qu’il soutenait contre la nature. Toute toile qui revenait, lui semblait mauvaise, incomplète surtout, ne réalisant pas l’effort tenté. C’était cette impuissance qui l’exaspérait, plus encore que les refus du jury. Sans doute, il ne pardonnait pas à ce dernier : ses œuvres, même embryonnaires, valaient cent fois les médiocrités reçues ; mais quelle souffrance de ne jamais se donner entier, dans le chef-d’œuvre dont il ne pouvait accoucher son génie ! Il y avait toujours des morceaux superbes, il était content de celui-ci, de celui-là, de cet autre. Alors, pourquoi de brusques trous ? pourquoi des parties indignes, inaperçues pendant le travail, tuant le tableau ensuite d’une tare ineffaçable ? Et il se sentait incapable de correction, un mur se dressait à un moment, un obstacle infranchissable, au-delà duquel il lui était défendu d’aller. S’il reprenait vingt fois le morceau, vingt fois il aggravait le mal, tout se brouillait et glissait au gâchis. Il s’énervait, ne voyait plus, n’exécutait plus, en arrivait à une véritable paralysie de la volonté. Étaient-ce donc ses yeux, étaient-ce ses mains qui cessaient de lui appartenir, dans le progrès des lésions anciennes, qui l’avait inquiété déjà ? Les crises se multipliaient, il recommençait à vivre des semaines abominables, se dévorant, éternellement secoué de l’incertitude à l’espérance ; et l’unique soutien, pendant ces heures mauvaises, passées à s’acharner sur l’œuvre rebelle, c’était le rêve consolateur de l’œuvre future, celle où il se satisferait enfin, où ses mains se délieraient pour la création. Par un phénomène constant, son besoin de créer allait ainsi plus vite que ses doigts, il ne travaillait jamais à une toile, sans concevoir la toile suivante. Une seule hâte lui restait, se débarrasser du travail en train, dont il agonisait ; sans doute, ça ne vaudrait rien encore, il en était aux concessions fatales, aux tricheries, à tout ce qu’un artiste doit abandonner de sa conscience ; mais ce qu’il ferait ensuite, ah ! ce qu’il ferait, il le voyait superbe et héroïque, inattaquable, indestructible. Perpétuel mirage qui fouette le courage des damnés de l’art, mensonge de tendresse et de pitié sans lequel la production serait impossible, pour tous ceux qui se meurent de ne pouvoir faire de la vie !"
C'est toute la question de la création qui est posée, on la retrouve dans Le chef d'œuvre inconnu de Blazac, peut-être pourrait-on même lier cela au processus de création littéraire (travail des brouillon de l'auteur réaliste par exemple).
- RosanetteEsprit éclairé
L'extrait auquel je faisais référence sur L'OEuvre
Tout le Chapitre 9 colle, ainsi que la scène de la "mort" de la statue de Mahoudeau.
Continuellement, il la consultait, il la comparait, désespéré et fouetté par la peur de ne l’égaler jamais plus. Il lui jetait un coup d’œil, un autre à Christine, un autre à sa toile, s’emportait en jurons, quand il ne se contentait pas. Enfin, il tomba sur sa femme.
— Aussi, ma chère, tu n’es plus comme là-bas, quai de Bourbon. Ah ! mais, plus du tout !… C’est très drôle, tu as eu la poitrine mûre de bonne heure. Je me souviens de ma surprise, quand je t’ai vue avec une gorge de vraie femme, tandis que le reste gardait la finesse grêle de l’enfance… Et si souple, et si frais, une éclosion de bouton, un charme de printemps… Certes, oui, tu peux t’en flatter, ton corps a été bigrement bien !
Il ne disait pas ces choses pour la blesser, il parlait simplement en observateur, fermant les yeux à demi, causant de son corps comme d’une pièce d’étude qui s’abîmait.
— Le ton est toujours splendide, mais le dessin, non, non, ce n’est plus ça !… Les jambes, oh ! les jambes, très bien encore ; c’est ce qui s’en va en dernier, chez la femme… Seulement, le ventre et les seins, dame ! ça se gâte. Ainsi, regarde-toi dans la glace : il y a là, près des aisselles, des poches qui se gonflent, et ça n’a rien de beau. Va, tu peux chercher sur son corps, à elle, ces poches n’y sont pas.
D’un regard tendre, il désignait la figure couchée ; et il conclut :
— Ce n’est point ta faute, mais c’est évidemment ça qui me fiche dedans… Ah ! pas de chance !
Tout le Chapitre 9 colle, ainsi que la scène de la "mort" de la statue de Mahoudeau.
- AllianceNiveau 9
Grand merci également Rosanette ! J'avance dans mes réflexions, si cela intéresse quelqu'un je pourrais poster un projet de séquence ou en tout cas mes pistes pour traiter la réécriture du mythe. C'est passionnant en tout cas !
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