Classes sans notes : recherches d'études/bilans neutres

Bonjour à tous.

Dans notre collège, il est envisagé d'expérimenter des classes sans notes en 6ème.

Je recherche en vain des études sérieuses sur le sujet.
Ce que je peux lire est toujours assez orienté.
Je trouve des sites de collèges disant qu'ils font cela en 6ème mais sans aucun bilan ou analyse des résultats.
J'ai bien un avis sur la question mais j'aimerais avoir des arguments solides, neutres.

Il est souvent question d'une étude du CNRS de 2016 qui préconise de renoncer aux notes (à l'école) mais celle-ci a été très critiquée.
J'ai également entendu parler d'expérimentation au Québec sans trouver de rapport.

- Connaissez-vous des documents bilans ?
- Avez-vous des synthèses de cette pratique dans vos établissements ?
- Cette action est-elle reconduite avec succès ou abandonnée ?

Merci beaucoup !

Bon courage pour ces semaines restantes.

Nous pratiquons les classes sans notes dans mon collège. Petit constat personnel : alors que nous avons un " évantail" de 4 notes possibles: 1 ( insuffisant), 2 ( fragile), 3 ( satisfaisant) et 4 ( très satisfaisant) , dans les faits, je suis une des seules à mettre des 1. Je ne dois pas être assez bienveillante …

Je sais que ça ne répond pas à ta question mais je voulais juste partager ce constat et savoir si c'était propre à mon établissement? Déjà que la possibilité d'attribuer seulement 4 notes ne permet pas une grande finesse, si les collègues n'osent mettre des 1 ...

J'ai aussi remarqué cela, des collègues qui mettent des 2 et qui écrivent résultats insuffisants dans l'appréciation comme si le "1" était tabou. Ce système renforce à mon avis la sur-notation déjà pratiquée lorsqu'il y avait des notes. Moi, je continue à mettre des notes et je mets la moyenne dans l'appréciation.

Donc, si je comprends bien, vos classes ne sont pas "sans notes" mais "choix réduit de notes". Je ne voie pas trop l’intérêt...

En fait, nous sommes passés à la notation par compétences et sur le bulletin, chaque enseignant doit mettre un positionnement: très bonne maîtrise (4), satisfaisant (3), fragile (2) ou insuffisant (1).
En parallèle de la notation par compétences, je maintiens la notation chiffrée (nous sommes peu nombreux à le faire).
Comme le champ relatif à la moyenne a disparu sur le bulletin, je contourne la difficulté en la mettant en fin d'appréciation.

Quels sont les effets de cette pratique ? Sont-ils évalués ? Y a-t-il un bilan ?

Les familles ont-elles eu le choix ?
Les élèves travaillent-ils mieux (ou plus) ?

bonjour,
moi aussi je suis à la recherche de tels bilans. Mais finalement, je n'ai trouvé que des textes académiques pour prôner le pour, et des textes de profs ou de chercheurs pour prôner le contre. Il n'y a aucun bilan à l'heure actuelle, nous testons les sans notes et les compétences en espérant que ça marche...sur la seule idée que l'école ne fonctionne pas très bien.

Pour moi, les compétences sont la mauvaise réponse à de vrais problèmes ... mais qui ne sont pas du ressort de l'école seule. Les rapports entre la famille et l'école, le sens des savoirs, le statut de l'autorité, la place de l'école dans la société.

De ce que j'ai vu, entendu et pratiqué : les élèves progressent de façon prodigieuse (rien à voir avec les notes), les professeurs trouvent le procédé très fiable et d'une simplicité enfantine (contrairement aux notes) et les équipes en sont globalement ravies. Il n'y a que l'inspection et les pédagogistes pour essayer de modérer un peu l'enthousiasme général.

Nizab a écrit:De ce que j'ai vu, entendu et pratiqué : les élèves progressent de façon prodigieuse (rien à voir avec les notes), les professeurs trouvent le procédé très fiable et d'une simplicité enfantine (contrairement aux notes) et les équipes en sont globalement ravies. Il n'y a que l'inspection et les pédagogistes pour essayer de modérer un peu l'enthousiasme général.

Tu rigoles ?

chmarmottine a écrit:

Nizab a écrit:De ce que j'ai vu, entendu et pratiqué : les élèves progressent de façon prodigieuse (rien à voir avec les notes), les professeurs trouvent le procédé très fiable et d'une simplicité enfantine (contrairement aux notes) et les équipes en sont globalement ravies. Il n'y a que l'inspection et les pédagogistes pour essayer de modérer un peu l'enthousiasme général.

Tu rigoles ?

Je suis outré que tu oses le penser !
Pour ta peine, tu iras faire quelques libations sur l'autel des compétences en récitant le S3C en guise de patenôtre.

Les familles et nous-mêmes n'avons pas eu le choix, ce fut une décision de notre CDE. Les familles n'apprécient guère et sont totalement perdues devant cet amoncellement de 1,2,3 etc.
Cette expérimentation est prévue pour durer plusieurs années, nous n'en sommes qu'à la première.
Je trouve cette échelle de 1 à 4 totalement démotivante pour les bons élèves ayant l'esprit de compétition, elle permet aussi de cacher la nullité totale de beaucoup d'élèves (Souvent insuffisant vient masquer un voisinage de zéro pour moi qui met encore des notes).

Il y a confusion dans les expressions utilisées. Vous parlez de classes pratiquant l'évaluation par compétences avec positionnement sur quatre grades. Ce n'est pas du sans notes.

Elyas a écrit:Il y a confusion dans les expressions utilisées. Vous parlez de classe pratiquant l'évaluation par compétences avec positionnement sur quatre grades. Ce n'est pas du sans notes.

Oui, en fait on note sur 4. Le bidule digère le tout, fait la moyenne et crache plus ou moins vert.
Ici, on peut même établir des coefficients sur certains items.

Nizab a écrit:

chmarmottine a écrit:

Nizab a écrit:De ce que j'ai vu, entendu et pratiqué : les élèves progressent de façon prodigieuse (rien à voir avec les notes), les professeurs trouvent le procédé très fiable et d'une simplicité enfantine (contrairement aux notes) et les équipes en sont globalement ravies. Il n'y a que l'inspection et les pédagogistes pour essayer de modérer un peu l'enthousiasme général.

Tu rigoles ?

Je suis outré que tu oses le penser !
Pour ta peine, tu iras faire quelques libations sur l'autel des compétences en récitant le S3C en guise de patenôtre.

De ce que j'ai vu par ci par là, dans les endroits où on a glissé vers le sans note en transitant par les points verts et rouges, le rouge a été jugé trop agressif et on opté pour des points verts uniquement. Tout comme en maternelle, les visages sans sourire ont été proscrits. Depuis, tous les élèves réussissent.

Sur ce, je vais purger ma peine.

Si vous voulez, ce n'est pas du sans notes véritable. Disons que dans mon esprit, habituellement une note au final est sur vingt.

Nizab a écrit: Le bidule digère le tout, fait la moyenne et crache plus ou moins vert. Ici, on peut même établir des coefficients sur certains items.

Si vous avez le même bidule que nous (pronotes), vous n’êtes pas obligé de le laisser faire des moyennes de compétences sans aucun rapport les unes avec les autres, vous pouvez mettre un positionnement manuellement sur le bulletin.

Ilona a écrit:Les familles et nous-mêmes n'avons pas eu le choix, ce fut une décision de notre CDE. Les familles n'apprécient guère et sont totalement perdues devant cet amoncellement de 1,2,3 etc.
Cette expérimentation est prévue pour durer plusieurs années, nous n'en sommes qu'à la première.
Je trouve cette échelle de 1 à 4 totalement démotivante pour les bons élèves ayant l'esprit de compétition, elle permet aussi de cacher la nullité totale de beaucoup d'élèves (Souvent insuffisant vient masquer un voisinage de zéro pour moi qui met encore des notes).

L'esprit de compétition, c'est mal. La collaboration, c'est bien.

Pas d'études fiable trouvées de mon côté.
Le collège de mon secteur a tenté une année, avant de revenir aux notes. Les élèves n'y trouvaient pas leur compte, les parents étaient largués, les profs étaient soit contre dès le départ, soit déçus pour ceux qui avaient été partants.
J'entends souvent parler d'un collège de centre-ville de mon département, qui a vu ses effectifs fondre comme neige au soleil quand le sans-note a été mis en place - le privé a récupéré tous les élèves dont les familles avaient les moyens de payer.

Je ne peux parler que de mon college REP : competences avec les quatre paliers évoqués plus haut. (c'est pas des notes hein, les chiffres 1 2 3 4 ne sont que pour entea afin de raccourcis le texte)

On a 2 classes de sixième sur 6. Ceux qui travaillent le moins sont les élèves évalués par compétences. Je continue à noter pour moi, pour pouvoir comparer : la moyenne est 3 à 4 points plus basse.

Et les collègues n'osent pas mettre de 1 et se lâchent sur les 4, puisque de toute façon on nous tombe dessus si on fait l'inverse...

Nizab a écrit:Oui, en fait on note sur 4. Le bidule digère le tout, fait la moyenne et crache plus ou moins vert.

Et plus ou moins épais, aussi ?

Je doute qu'il existe une étude réellement fiable sur le sujet.

J'ai raconté ici, il y a plusieurs années, comment s'est faite l'évaluation du système d'évaluation par compétences dans mon précédent établissement, qui a eu bien l'honneur et l'avantage d'être pionnier en la matière. C'est très simple : tous les professeurs mécontents ont été écartés de la réunion de bilan conduite sous l'égide de l'inspecteur. Lequel a donc conclu que tout était merveilleux, que ce système n'avait aucun défaut, et que l'équipe était unanimement enthousiaste, ainsi que les élèves (alors que j'aurais pu parler des élèves qui réclamaient des notes, de la reconnaissance de leur travail, de l'enjeu, de l'émulation, et qui ont perdu toute appétence pour le travail au fil de l'année). Et fort de ce bilan d'équipe, l'inspecteur est allé présenter notre travail à tout le bassin en répétant bien ad nauseam que tout le collège était ravi de ce changement.
Tout cela est mensonge et manipulation.
Espérer trouver autre chose émanant de l'intérieur du système est fort naïf.

Bonjour, je viens de passer une année avec une classe sans notes formée par des collègues volontaires (sauf quelques uns). J'ai fait un bilan à partir des questionnaires élèves puis parents. Je peux te l'envoyer par mp si tu le veux.

Je le résume en quelques mots :
- Les élèves ont pour la plupart adhéré à la classe sans notes en début d'année mais réclament le retour des notes en fin d'année.
- Les parents étaient récalcitrants car ils pensaient que cela démotiverait leurs enfants. Ils sont plus satisfaisants en fin d'année.
- Le gros problème est le logiciel (KOSMOS) qui oblige aux 4 niveaux cités par d'autres collègues : 1, 2, 3, 4 que beaucoup de professeurs ont traduit par un système de notation.
- On n'a pas vu de différences flagrantes entre les classes avec ou sans notes.

Personnellement, j'ai vraiment apprécié et je compte reconduire l'évaluation par compétences et surtout la différenciation à la rentrée prochaine. J'abandonne le 1, 2, 3, 4 au profit des ceintures de couleur. Merci Elyas -> voir ici.

Expérimentée cette année, avec une classe de seconde, de niveau très faible. Bilan : ne motive pas les élèves, système peu développé pour l'évaluation Lettres, peu représentatif du "niveau" réel des élèves, casse-tête pour évaluer en réalité, un B moyen est-il équivalent à un B fort ?, pas de possibilité de mettre des coefficients, difficulté de détailler les évaluations (par exemple si on travaille le commentaire, comment noter les différentes composantes de l'exercice avec des compétences imposées peu probantes pour le français...).
Bref, je n'ai pas adhéré, et mes collègues qui m'ont refilé le bébé n'ont pas envie de le reprendre...

Robin, tu évalues par compétences au lycée ?

Dame Jouanne a écrit:Donc, si je comprends bien, vos classes ne sont pas "sans notes" mais "choix réduit de notes". Je ne voie pas trop l’intérêt...

Certains élèves non plus d'ailleurs.
Mais effectivement, ça permet de "noyer le poisson" : un élève vraiment faible qui devait être orienté en SEGPA finit avec des 2 dans toutes les matières ( à part la mienne où il a 1...)

Malicou a écrit:Bonjour, je viens de passer une année avec une classe sans notes formée par des collègues volontaires (sauf quelques uns). J'ai fait un bilan à partir des questionnaires élèves puis parents. Je peux te l'envoyer par mp si tu le veux.

Je le résume en quelques mots :
- Les élèves ont pour la plupart adhéré à la classe sans notes en début d'année mais réclament le retour des notes en fin d'année.
- Les parents étaient récalcitrants car ils pensaient que cela démotiverait leurs enfants. Ils sont plus satisfaisants en fin d'année.
- Le gros problème est le logiciel (KOSMOS) qui oblige aux 4 niveaux cités par d'autres collègues : 1, 2, 3, 4 que beaucoup de professeurs ont traduit par un système de notation.
- On n'a pas vu de différences flagrantes entre les classes avec ou sans notes.

Personnellement, j'ai vraiment apprécié et je compte reconduire l'évaluation par compétences et surtout la différenciation à la rentrée prochaine. J'abandonne le 1, 2, 3, 4 au profit des ceintures de couleur. Merci Elyas -> voir ici.

C'est vrai que l'idée des paliers (blason, ceinture, tricot, comme vous voulez) me paraît bien plus intéressante (par la souplesse qu'elle laisse à les progression de chacun, par l'émulation qu'elle maintient, par le caractère itératif de l'évaluation, etc.) que ce qu'on connaît actuellement. Quant à mettre ça en place, qui plus est seul, c'est une autre paire de manches...