Vouvoyez-vous vos élèves

Je les vouvoie depuis mon passage dans l'enseignement supérieur, mais je crois que ce n'est pas une bonne idée.

Je les vouvoie par respect et aussi peut-être pour leur apprendre à se considérer eux-mêmes comme des adultes et non plus comme d'éternels enfants (je n'ai que des terminales), mais je les appelle par leurs prénoms, je ne me sens pas capable de les appeler autrement et en tant qu'élève, ça me mettait mal à l'aise qu'on m'appelle par mon nom.

Au départ, je me suis dit que j'aurais du mal, parce que je n'ai jamais réussi à vouvoyer mes élèves particuliers, mais en fait, ça s'est avéré très naturel, sauf dans quelques situations particulières (notamment en tête à tête et encore plus quand on était plusieurs adultes avec un élève et que j'étais la seule à le vouvoyer). Je pense continuer comme ça, mais il est vrai que j'ai remarqué chez les collègues (et plus encore les CPE) que le tutoiement permettait souvent de mettre plus de distance (contrairement à ce que je pensais), parce que bien utilisé, ils signifie à peu près : "Ici, c'est moi l'adulte et toi l'enfant, donc c'est moi qui commande et toi tu obéis".

En revanche, là où j'ai eu beaucoup de mal au début, c'est à tutoyer tous les adultes du lycée, pour moi, ce n'était pas naturel et le fait que je vouvoie les élèves accentuait ce manque de naturel : j'avais l'impression d'un monde à l'envers ! Cela dit, maintenant, je crois que j'aurais du mal si je tombais dans un lycée où les gens se vouvoient !

Melle Shrek a écrit:J'ai voté NON, j'en suis incapable... au début de ma carrière, j'ai tenté d'aller contre mon penchant naturel au tutoiement, une vraie cata!
Donc je les tutoie et les appelle par leur prénom. Par contre, ils savent que quand je commence à les vouvoyer et à leur servir du Mr X / Melle Y, c'est que rien ne va plus et que je suis très colère !
Le vouvoiement me permet souvent de désamorcer une situation qui s'annonce conflictuelle en mettant soudain une distance entre l'élève et moi, et ils comprennent vite ce que ça signifie!

pareil! une année, tzr, j'ai été envoyée en lycée, avec des 1ères...je me suis dit qu'il fallait les vouvoyer là! qu'ils n'étaient plus des gamins...ben! une fois en face d'eux, je les ai direct tutoyés! mais je tutoie très facilement...chassez le naturel...

Je crois que je suis dans l'incapacité de vouvoyer mes élèves!! ( d'ailleurs je crois qu'ils se foutraient bien de moi...)

Par contre à la Réunion, dans les "petites" classe de collège on a encore parfois le problème des élèves qui sont incapables de nous vouvoyer. Au début je reprenais l'élève automatiquement.......puis finalement, je préfère que l'élève ose me poser une question ou participer en me tutoyant plutôt qu'il reste muet toute l'année......parce que le vouvoiement pose un problème d'expression alors qu'ils ont déjà parfois beaucoup de problèmes à l'oral..........mais à partir de la 4e, je reprends systématiquement.

Je vouvoie, je vouvoie !
J'ai essayé le tutoiement lors de mon premier remplacement en collège... une catastrophe !

En classe, je suis dans la représentation : dès l'entrée, c'est cérémonial : je reste dans l'embrassure de la porte, et les élèves, rangés (même en lycée, oui !) entrent un par un en disant bonjour. Ils restent debout tant que JE n'ai pas dit bonjour, et la cérémonie dure jusqu'à la sortie, où je fais sortir les élèves colonne après colonne.
Dans ce cadre, le vouvoiement va de soi.


Et pour les élèves non-francophones, ca les aide à vouvoyer eux-mêmes, ils ne sont pas perdus dans leurs conjugaisons comme cela.

PS. Euh, en fait, je suis quand même très très proches de mes élèves, ils ont mon numéro de portable et mon adresse e-mail, et à cause d'eux, j'ai un facebook. Mais justement, le vouvoiement aide à garder le cadre...

lunelaure a écrit:Je vouvoie, je vouvoie !
J'ai essayé le tutoiement lors de mon premier remplacement en collège... une catastrophe !

En classe, je suis dans la représentation : dès l'entrée, c'est cérémonial : je reste dans l'embrassure de la porte, et les élèves, rangés (même en lycée, oui !) entrent un par un en disant bonjour. Ils restent debout tant que JE n'ai pas dit bonjour, et la cérémonie dure jusqu'à la sortie, où je fais sortir les élèves colonne après colonne.
Dans ce cadre, le vouvoiement va de soi.


Et pour les élèves non-francophones, ca les aide à vouvoyer eux-mêmes, ils ne sont pas perdus dans leurs conjugaisons comme cela.

PS. Euh, en fait, je suis quand même très très proches de mes élèves, ils ont mon numéro de portable et mon adresse e-mail, et à cause d'eux, j'ai un facebook. Mais justement, le vouvoiement aide à garder le cadre...

Ben euh... j'adopte exactement le même cadre (à part les colonnes pour sortir), et non, pour moi, le vouvoiement ne va pas de soi.....

lunelaure a écrit:PS. Euh, en fait, je suis quand même très très proches de mes élèves, ils ont mon numéro de portable et mon adresse e-mail, et à cause d'eux, j'ai un facebook. Mais justement, le vouvoiement aide à garder le cadre...

Je ne savais pas qu'il existait des profs de ce genre !

Melle Shrek a écrit:J'ai voté NON, j'en suis incapable... au début de ma carrière, j'ai tenté d'aller contre mon penchant naturel au tutoiement, une vraie cata!
Donc je les tutoie et les appelle par leur prénom. Par contre, ils savent que quand je commence à les vouvoyer et à leur servir du Mr X / Melle Y, c'est que rien ne va plus et que je suis très colère !
Le vouvoiement me permet souvent de désamorcer une situation qui s'annonce conflictuelle en mettant soudain une distance entre l'élève et moi, et ils comprennent vite ce que ça signifie!

+ 1

Pour le vouvoiement, j'ajoute une anecdote : ma tutrice m'avait conseillé de dire en cas de grosse colère et de manière TRES exceptionnelle : (une fois tous les 10 ans) "Mademoiselle Dupont vous nous emmerdez !" Le vouvoiement (rarement employé) mêlé au registre très familier (voire vulgaire) crée selon elle un cocktail très efficace.

Personnellement, j'ai commencé à bosser dans un établissement technique géantissime, avec face à moi des garçons parfois plus âgés que moi.
Dans cet établissement, le vouvoiement était de rigueur. J'arrivais, j'ai fait comme les autres, et c'était normal.
Quand je me suis mariée, j'ai demandé une mutation et je me suis retrouvée dans mon collège actuel.
J'ai commencé à vouvoyer, puisque le pli était pris. Les élèves, qui n'avaient jamais connu le vouvoiement en classe, l'ont très mal pris. Ils avaient l'impression que je les prenais de haut, ou que je voulais garder des distances parce que je ne les appréciais pas.
J'ai essayé de revenir au tutoiement, mais je n'y arrivais pas. Je commençais... et puis ma langue fourchait, et le "vous" revenait.
Il m'a fallu deux ans pour y arriver.
Quand je me fâche, en revanche, parfois je vouvoie : ça marque fort.

Idem
Je tutoie mes élèves ( collégiens ) et utilise le vouvoiement plutôt pour réprimander. J'aime assez le:" Melle Dupont, vous nous emmerdez" mais est-ce vraiment efficace?

J'aime aussi, mais cela n'a-t-il pas pour effet de faire rire ou sourire?

Melle Shrek a écrit:J'ai voté NON, j'en suis incapable... au début de ma carrière, j'ai tenté d'aller contre mon penchant naturel au tutoiement, une vraie cata!
Donc je les tutoie et les appelle par leur prénom. Par contre, ils savent que quand je commence à les vouvoyer et à leur servir du Mr X / Melle Y, c'est que rien ne va plus et que je suis très colère !
Le vouvoiement me permet souvent de désamorcer une situation qui s'annonce conflictuelle en mettant soudain une distance entre l'élève et moi, et ils comprennent vite ce que ça signifie!

Tout pareil !

Camélionne a écrit:J'aime aussi, mais cela n'a-t-il pas pour effet de faire rire ou sourire?

L'humour permet souvent de désamorcer des situations qui pourraient tourner au vinaigre mais il faut bien sentir la situation . Parfois c'est l'inverse qui se produit.
J'ai vécu une expérience cuisante cette année avec une élèves de 3eme et depuis je suis sur mes gardes! Certains élèves à fleur de peau ne peuvent entendre un discours un peu décalé.

Daphné a écrit:En anglais on leur parle beaucoup anglais et on utilise donc "You", pas de différence dans la langue, mais le vouvoiement se fait facilement ensuite.

Ah, c'est vrai, je n'y avais pas pensé !

Camélionne a écrit:Au possible, quel dommage pour les Anglais : ne pas connaître ce frisson né du moment où pour la première fois, l'être aimé vous dit "tu"...

Et si tu le tutoyais avant ? :lol!:

Eh bien, je dirais que tu t'es privée d'une douceur...

Camélionne a écrit:Eh bien, je dirais que tu t'es privée d'une douceur...

:lol!:

Camélionne a écrit:Eh bien, je dirais que tu t'es privée d'une douceur...

Zut alors ! :lol!:

Vous allez me trouver tordue, mais parfois, dans des moments de tendresse, il m'arrive au contraire de vouvoyer mon mari. Lui me répond comme si on se rencontrait à l'instant. "chère madame..."
C'est un jeu de séduction amusant qui nous vient naturellement.
Mais chut... c'est entre nous, ça!

Impossible de vouvoyer ! C'est "tu" + le prénom.... J'ai plus de mal à retenir les noms de famille qui ressortent comme par miracle qd un loustic m'énerve sérieusement... dans ce cas, et ils s'en rendent vite compte puisqu'ils n'ont pas l'habitude et que le ton est sec, c'est "chaud devant !"

jolie confession Camélionne.... on va vraiment finir par tout savoir sur les uns et les autres, ici !!! :lol:

J'ai vouvoyé mes élèves pendant 3 ans... La première année, en stage en lycée, bien obligée :
"Tu es charmante ! Tu t'appelles comment ?
- Donnez-moi votre carnet !
- Roumph :shock: !"

Ensuite, en collège de ZEP (2 ans), c'était parfois cocasse : "Djézone ! Fermez votre g....., euh..." et ça passait peu auprès des élèves. Je voulais les tutoyer, mais dès le premier jour, je les vouvoyais, donc je suis restée cohérente...

Cela fera 3 ans que je les tutoie. Ça leur va mieux, et à moi aussi !

"Djézone ! Ferme ta g....." Euh, il y a encore un truc qui cloche, mais quoi ?

Lilyrose a écrit:J'ai vouvoyé mes élèves pendant 3 ans... La première année, en stage en lycée, bien obligée :
"Tu es charmante ! Tu t'appelles comment ?
- Donnez-moi votre carnet !
- Roumph :shock: !"

Ensuite, en collège de ZEP (2 ans), c'était parfois cocasse : "Djézone ! Fermez votre g....., euh..." et ça passait peu auprès des élèves. Je voulais les tutoyer, mais dès le premier jour, je les vouvoyais, donc je suis restée cohérente...

Cela fera 3 ans que je les tutoie. Ça leur va mieux, et à moi aussi !

"Djézone ! Ferme ta g....." Euh, il y a encore un truc qui cloche, mais quoi ?

j'adore !!!! :lol!:

Bien que visiblement concerné au premier chef par le sujet, je vouvoie de manière inégale : le vouvoiement est mon choix par défaut mais vivant dans la communauté où j'enseigne et y étant passablement connu, je ne tutoie pas les enfants de mes amis quand je les ai en cours alors même que je tutoie leurs parents : les autres élèves ne comprenant pas cette exception, je tutoie alors tout le monde. En revanche, dans les classes "d'inconnus", je vouvoie. Les sixièmes ont effectivement beaucoup de mal avec le vouvoiement, que je n'utilise pas avec eux.

Le vouvoiement est pour moi une marque de respect et aussi un mode de mise à distance pour "solenniser" le cours et habituer les élèves à un autre type de rapport.

Mascotte a écrit:

lunelaure a écrit:PS. Euh, en fait, je suis quand même très très proches de mes élèves, ils ont mon numéro de portable et mon adresse e-mail, et à cause d'eux, j'ai un facebook. Mais justement, le vouvoiement aide à garder le cadre...

Je ne savais pas qu'il existait des profs de ce genre !

Je suis supposée prendre ça comment ?

myfarenier a écrit:Je les vouvoie depuis mon passage dans l'enseignement supérieur, mais je crois que ce n'est pas une bonne idée.

Quand j'étais étudiante, je détestais être tutoyée.
Je n'en ai jamais fait un scandale non plus, hein, ce n'était pas mon genre.

Mais je trouve qu'à partir d'un certain âge (enfin passé 18 ans) ça devient nécessaire.
Je trouve que vouvoyer des grands dadais permet (enfin, dans l'absolu) de leur rappeler que non, non, ils ne sont plus des gamins. J'ai l'impression de les cantoner dans leur statut d'enfant, en les tutoyant. Enfin en cours particulier, je les tutoie, certains me tutoient aussi. Ce n'est pas le même rapport que dans une classe. Je tutoyais les collégiens, mais en pratique accompagnée en lycée, le "vous" est venu spontanément.

Ce n'est pas un reproche, Myfarenier.
C'est un ressenti.