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- profs(Niveau 9
Zagara a écrit:La ségrégation spatiale, qu'elle soit sociale ou d'origine (les deux se superposent mécaniquement puisque les derniers arrivés font plus souvent partie des plus pauvres), est une dynamique qui n'a pas besoin de volonté pour être produite. Elle se forme sans qu'il n'y ait besoin de la prévoir, organiser ou fabriquer.
Il ne faut par ailleurs pas réduire la question à l'espace des banlieues. Je suis très sensibilisée aux questions des villes moyennes de province et de la ruralité, qui sont deux autres espaces de relégation, d’appauvrissement, et qui se vident à vrai dire bien plus de leur sang que les banlieues. Au moins en banlieue parisienne, même si ça se ghettoïse, ils ont des services publics denses et des possibilités pour s'en tirer. Alors que quand vous vivez à Ailly-le-haut-Clocher ou Issoudun, vous avez le choix entre ne pas exister ou vous expatrier.
Quant aux grands ensembles, il ne faut pas oublier que dans les années 50-60, c'étaient des symboles de "modernité". Le béton n'était pas aussi répulsif qu'aujourd'hui (au contraire, il était sublimé comme outil du futur) et ces logements étaient très modernes pour leur époque (toilettes, eau et électricité, gaz, ascenseur parfois, etc). Ils ont été construits comme des immeubles plutôt attractifs et n'accueillaient pas que des pauvres initialement. Les sensibilités ont changé depuis, le parc s'est détérioré et les gens moyens/un peu aisés sont partis.
Et finir sa vie avec quelle patrimoine ? Pour un couple de salariés de la classe moyenne avec une maison de base des années 80 à 15 minutes d'une ville de 30 000 habitants (qui en comptait 40 000 à l'époque), l'appauvrissement est énorme car sa maison a la valeur de ce que qqun est prêt à y mettre. Des petits villages ont disparu (héritages à 0), des gros villages sont en train de disparaître (héritage qui va tendre vers 0) et cela arrive déjà dans des petites villes.
Mais cela reste cohérent dans une politique de réduction des coûts.
Dans ces petites villes (aux multiples immeubles des années 60-70) peu entretenus, avec des infrastructures relativement rares et vétustes, il ne me semble pas non plus que ce soit la fête pour les habitants. Et pourtant cela me semble plus calme que les banlieues.
- VerduretteModérateur
Suffisamment pour que certaines familles envisagent de venir y habiter, quitte à faire une heure de train (assis confortablement) au lieu d'une heure de transports en commun (en changeant plusieurs fois, empilé comme une sardine).
- archebocEsprit éclairé
Elaïna a écrit:Verdurette a écrit:Je l'ignorais, mais comment se fait-il alors qu'il y ait eu tout un pataquès sur l'afflux soudain d'élèves boursiers dans je ne sais plus quel lycée de l'hypercentre, Charlemagne peut-être, l'an passé ?
C'était Turgot je crois.
Il y a de sombres histoires de bonus de points assez faramineux accordés aux boursiers. Concrètement, un boursier méritant (mais pas forcément excellent) a plus de chance d'aller dans un lycée de type Charlemagne, qu'un camarade non boursier avec des meilleures notes. L'idée est de favoriser la mixité sociale. Dans la pratique, ça ne marche pas super bien.
Alors je vais raconter. D'abord le cadre : on parle ici du district EST, celui qui concentre 30% de boursier, les trois autres districts présentant des taux entre 20 et 5%.
Les collégiens boursiers avaient un bonus qui leur assuraient d'avoir le lycée qu'ils voulaient, à condition de le demander. Pendant plusieurs années, le système s'est auto-régulé, les boursiers, comme les autres élèves, ne visant généralement pas plus haut que leur possibilité. "Tu as 12 ? Si tu demandes Charlemagne, tu vas te faire massacrer" leur disaient leurs enseignants. Et effectivement, dans les lycées de premier rang, on fait cours pour avancer. Donc Charlemagne avait 45% de boursiers, en massacrait suffisamment chaque année pour que leurs copains d'un an plus jeunes, avertis, ne se bousculent pas trop pour participer à la boucherie (boucherie toute relative, n'est-ce pas, on parle d'élèves qui, en Finlande, n'auraient pour choix que l'apprentissage), et c'est sur cet politique de rétroaction longue sur la non-conformité que le système s'équilibrait.
En 2016, les enseignants ont eu connaissance des efforts d'inclusion du lycée Turgot. Enfin un lycée qui avait à cœur de soutenir tous les élèves. Ils ont donc conseillé à leurs élèves boursiers de tenter leur chance sur Turgot. Beaucoup de boursiers ont postulé, la plupart ont été reçus. Donc 80% de boursier au lycée Turgot.
Ce qui est ballot, c'est que six mois avant, la PEEP avait averti que le système était instable, et que le bug guettait. Le rectorat avait préparé une rustine sur le logiciel, mais la FCPE avait râlé très fort au nom de la mixité, et le rectorat avait débranché la rustine. L'année suivante, ils ont évidemment remis la rustine (En quoi consiste cette rustine ? Le bonus boursier n'est acquis que pour atteindre une fraction de boursiers équivalente à celle du district de résidence).
Après le bug Turgot-2016, je ne vais pas vous raconter le bug Oeben-2017, causé par une innovation que la FCPE une nouvelle fois avait applaudie. Sachez seulement que pour 2018, ils ont inventé le bonus REP. La FCPE est pour : Monsieur le Recteur, vous êtes prévenu !
- profs(Niveau 9
Verdurette a écrit:Suffisamment pour que certaines familles envisagent de venir y habiter, quitte à faire une heure de train (assis confortablement) au lieu d'une heure de transports en commun (en changeant plusieurs fois, empilé comme une sardine).
Suffisamment quoi? la fête ?
Les villes dont je parle ne sont pas à une heure de train de grands centres. La question qui se pose bien souvent d'ailleurs est de garder le train ou de le remplacer par des bus. Et hop, encore un handicap de plus.... Mais encore une fois dans une politique de réduction de coût, tout cela est parfaitement cohérent.
- VerduretteModérateur
Des villes à 1 h / 1 h 30 de Paris suffisamment calmes pour que les gens préfèrent y habiter plutôt qu'en banlieue.
Quant à la province plus enclavée dont tu parles, je pars prochainement m'y installer. Parfois il n'y a plus ni train, ni bus, et l'éventuel système de transport de la communauté de communes s'arrête à la frontière de la communauté de commune d'à côté. Mon compagnon, aveugle, a cessé de travailler quand ses coûts de transport ont dépassé son salaire.
Quant à la province plus enclavée dont tu parles, je pars prochainement m'y installer. Parfois il n'y a plus ni train, ni bus, et l'éventuel système de transport de la communauté de communes s'arrête à la frontière de la communauté de commune d'à côté. Mon compagnon, aveugle, a cessé de travailler quand ses coûts de transport ont dépassé son salaire.
- lene75Prophète
Alors ça il n'y a pas que dans la campagne profonde qu'il n'y a pas de transports. Mes parents habitent dans un petit village à 30 km de Paris où il n'y a ni école (ni crèche, bien sûr), ni boulangerie, ni aucun commerce, ni train, ni bus hormis le ramassage scolaire pour l'école et le collège qu'il faut se battre pour conserver (rien pour le lycée). Il faut parcourir 5km pour se rendre dans la petite ville d'à-côté pour avoir accès à l'un ou l'autre de ces services.
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Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
- profs(Niveau 9
Ni école, ni crèche, aucun commerce, se battre pour garder le collège .... Un véritable apartheid !! Ah non, là ça ne marche pas comme ça.
- RogerMartinBon génie
Elaïna a écrit:Verdurette a écrit:+1
Je ne sais pas quel âge ont Lucette et son hypothétique fille, mais à l'époque où mes parents ont postulé pour mon entrée en sixième au lycée en 1971 (lycée versus CEG à époque) il n'y avait pas une carte scolaire aussi stricte qu'aujourd'hui. Je ne pouvais pas aller à Buffon qui était réservé aux garçons, mais je pouvais choisir entre Camille Sée et Victor Duruy, voire même d'autres lycées. J'imagine que ce serait impossible aujourd'hui. On entrait en fonction de son dossier scolaire, ou d'un examen pour les cas litigieux.
A Paris, il n'y a pas de carte scolaire pour le lycée. Je connais quelqu'un, universitaire de renom, habitant près d'un excellent lycée (public) du centre parisien, dont la fille n'a pas pas été prise audit lycée car résultats insuffisants. Hé bien la demoiselle s'est retrouvée dans un lycée du XVIIIe arrondissement vraiment pas réputé du tout du tout....
La sectorisation "stricte" des collèges parisiens (affectation dans un établissement donné en fonction de l'adresse) date si je ne m'abuse de la réforme Haby : rentrée 1976 donc (année de mon entrée en 6e ).
Pour les lycées aujourd'hui, Paris est coupé en 4 grands secteurs, il faut faire des vœux abondants (7 ou 8), et s'ils ne sont pas satisfaits le rectorat les élargit au reste de l'académie.
C'était à Turgot. Parce qu'il y a une bien une sectorisation = les fameux 4 grands secteurs, et que le rectorat fait à peu près n'importe quoi pour répartir les élèves.Verdurette a écrit:Je l'ignorais, mais comment se fait-il alors qu'il y ait eu tout un pataquès sur l'afflux soudain d'élèves boursiers dans je ne sais plus quel lycée de l'hypercentre, Charlemagne peut-être, l'an passé ?
Pour info, une évocation des foirages de 2017, en attendant le cru 2018 qui ne va pas tarder...
http://www.leparisien.fr/paris-75005/choix-du-lycee-des-eleves-parisiens-victimes-du-logiciel-d-affectation-03-07-2017-7108233.php
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- ElaïnaDevin
RogerMartin a été bien plus précise que moi... merci !
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- RogerMartinBon génie
Mais tu as raison, il n'y a pas d'affectation sur un établissement donné comme au niveau collège, d'où la loterie Affelnet (qui ne marche pas du tout comme cela en proche banlieue, où il y a à nouveau un ou deux établissements possibles).
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- VerduretteModérateur
Peux-tu préciser tes propos ? On ressent de l'agressivité, genre "vous ne savez vraiment pas de quoi vous parlez", mais au bout du compte c'est assez creux comme discours.profs:( a écrit:Ni école, ni crèche, aucun commerce, se battre pour garder le collège .... Un véritable apartheid !! Ah non, là ça ne marche pas comme ça.
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