- archebocEsprit éclairé
Ce n'est pas dans l'établissement, seulement à ses portes : "le chemin du lycée apparaît comme le chemin de la mort".
http://www.liberation.fr/france/2018/04/05/stains-le-chemin-du-lycee-apparait-comme-le-chemin-de-la-mort_1641182
http://www.liberation.fr/france/2018/04/05/stains-le-chemin-du-lycee-apparait-comme-le-chemin-de-la-mort_1641182
Un autre membre de la vie scolaire réagit : «On n’a pas d’emprise sur ce qui se passe à l’extérieur, mais on peut en avoir à l’intérieur. On a besoin de monde pour désamorcer les conflits.» Il ajoute, inquiet : «Personne ne se sent en sécurité. Le chemin du lycée apparaît comme le chemin de la mort. Les élèves se déplacent désormais toujours par groupes, parfois leurs parents viennent les chercher. Dans certains cas, on doit même les raccompagner. On n’a pas le choix, sinon ils se font tabasser.»
- DhaiphiGrand sage
"Il faut travailler avec les associations de quartiers, mettre les protagonistes autour d’une table et discuter."
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De toutes les écoles que j’ai fréquentées, c’est l’école buissonnière qui m’a paru la meilleure.
[Anatole France]
J'aime les regretteurs d'hier qui voudraient changer le sens des rivières et retrouver dans la lumière la beauté d'Ava Gardner.
[Alain Souchon]
- Thalia de GMédiateur
archeboc, j'ai dû éditer ton titre qui doit être celui de l'article cité.
Le tien était "[Libé] Chemin du lycée, chemin de la mort : Maurice Utrillo à Stains" ce qui est un raccourci pour le moins surprenant, je me suis demandé ce que venait faire la Shoah dans cette histoire.
Le tien était "[Libé] Chemin du lycée, chemin de la mort : Maurice Utrillo à Stains" ce qui est un raccourci pour le moins surprenant, je me suis demandé ce que venait faire la Shoah dans cette histoire.
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Le printemps a le parfum poignant de la nostalgie, et l'été un goût de cendres.
Soleil noir de mes mélancolies.
- Paul DedalusNeoprof expérimenté
Mon meilleur ami enseigne la philosophie dans ce lycée et il m'a envoyé cet article hier matin.
Il m'a dit que l'élève attaqué au marteau s'en était sorti mais aura des séquelles neurologiques inévitables.
Il ne veut pas porter plainte par peur d'être "fini" par ses agresseurs dixit.
C'est terrible, j'étais désemparé, je ne savais pas quoi lui répondre à part que c'est terrible. Il est retourné au lycée après qu'il ait été fermé un moment suite aux événements.
Les surveillants ont beaucoup de mal à gérer mais ils protègent les élèves et ont à cœur de le faire. Les profs ne sont pas menacés mais la peur d'être pris dans une rixe commence à s'installer chez certains.
Il m'a dit que l'élève attaqué au marteau s'en était sorti mais aura des séquelles neurologiques inévitables.
Il ne veut pas porter plainte par peur d'être "fini" par ses agresseurs dixit.
C'est terrible, j'étais désemparé, je ne savais pas quoi lui répondre à part que c'est terrible. Il est retourné au lycée après qu'il ait été fermé un moment suite aux événements.
Les surveillants ont beaucoup de mal à gérer mais ils protègent les élèves et ont à cœur de le faire. Les profs ne sont pas menacés mais la peur d'être pris dans une rixe commence à s'installer chez certains.
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«Primus ego in patriam mecum, modo uita supersit. »
Virgile Georgiques.
« Ma science ne peut être qu’une science de pointillés. Je n’ai ni le temps ni les moyens de tracer une ligne continue. »
Marcel Jousse
- archebocEsprit éclairé
Thalia de G a écrit:archeboc, j'ai dû éditer ton titre qui doit être celui de l'article cité.
Le tien était "[Libé] Chemin du lycée, chemin de la mort : Maurice Utrillo à Stains" ce qui est un raccourci pour le moins surprenant, je me suis demandé ce que venait faire la Shoah dans cette histoire.
- Spoiler:
- Tu es la première à parler de la Shoah. Je ne savais pas que "chemin de la mort" pouvait être associé à la shoah. Google non plus d'ailleurs. "chemin de la mort" : https://www.google.com/search?q=%22chemin+de+la+mort%22&ie=utf-8&oe=utf-8&client=firefox-b
- Thalia de GMédiateur
Je veux bien admettre une erreur, (chemin au lieu de marche), il n'en reste pas moins que j'ai dû déjà éditer ton titre précédent et je fatigue. Je rappelle que les titres dans la section actu doivent être factuels https://www.neoprofs.org/t113204-1001-conseils-pour-bien-poster-sur-neo#4186114
Fin de la discussion, le reste en mp, éventuellement.
Fin de la discussion, le reste en mp, éventuellement.
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Le printemps a le parfum poignant de la nostalgie, et l'été un goût de cendres.
Soleil noir de mes mélancolies.
- RabelaisVénérable
Bref.
Je suis totalement choquée par cet article, par ce qui se passe en France dans certaines villes, par les réponses données, par la gestion de ce phénomène déjà ancien.
" La cité ", la lutte territoriale m'est incompréhensible, intellectuellement incompréhensible.
La paupérisation, l'absence d'avenir, la rébellion, le sentiment de vide devant soi qui mène à la violence, les trafics et leurs conséquences, les difficultés éducatives rencontrées pour diverses raisons, dont l'habitat, l'urbanisation, tout ça, je l'envisage.
Ce changement majeur dans la mentalité des jeunes ( notre " chèvre de Mr Seguin") consistant à se replier " en dehors de la société " m'étonne. Les jeunes ont toujours voulu s'en aller, aller voir ailleurs, pas là.
Aujourd'hui , Il y a un communautarisme réinventé , ou plutôt copié, les gangs à l'Americaine, le Bronx, enfin, tout ce qu'on aurait pu prévoir il y a 20 ans, tout ce qu'on a prévu il y a 20 ans et qui aurait pu être réfléchi et évité.
Moi, je ne comprends plus les décisions politiques, ou leur absence.
Je suis totalement choquée par cet article, par ce qui se passe en France dans certaines villes, par les réponses données, par la gestion de ce phénomène déjà ancien.
" La cité ", la lutte territoriale m'est incompréhensible, intellectuellement incompréhensible.
La paupérisation, l'absence d'avenir, la rébellion, le sentiment de vide devant soi qui mène à la violence, les trafics et leurs conséquences, les difficultés éducatives rencontrées pour diverses raisons, dont l'habitat, l'urbanisation, tout ça, je l'envisage.
Ce changement majeur dans la mentalité des jeunes ( notre " chèvre de Mr Seguin") consistant à se replier " en dehors de la société " m'étonne. Les jeunes ont toujours voulu s'en aller, aller voir ailleurs, pas là.
Aujourd'hui , Il y a un communautarisme réinventé , ou plutôt copié, les gangs à l'Americaine, le Bronx, enfin, tout ce qu'on aurait pu prévoir il y a 20 ans, tout ce qu'on a prévu il y a 20 ans et qui aurait pu être réfléchi et évité.
Moi, je ne comprends plus les décisions politiques, ou leur absence.
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Le temps ne fait rien à l'affaire, quand on est c., on est c.
- Paul DedalusNeoprof expérimenté
Rabelais a écrit:
" La cité ", la lutte territoriale m'est incompréhensible, intellectuellement incompréhensible.
Ben, c'est un manque de perspectivisme pour le coup c'est quelque chose qui a toujours existé dans l'histoire de l'humanité, la lutte pour le territoire.
S'en émanciper suppose une sensibilisation à la citoyenneté, au cosmopolitisme, ce n'est pas acquis dans tous les milieux sociaux. Loin de là.
Moi par exemple j'ai des origines bretonnes et italiennes et quand je vais dans ma famille on y fait référence et ça me semble bizarre car je vis en Ile de France depuis 6 ans donc ces origines n'ont pas d'importance pour mon quotidien, je ne m'y réfère jamais et n'y pense jamais. Pourtant pour certains oncles et tantes, l'identité bretonne et avoir eu un grand père sicilien est important par exemple.
Je rencontre aussi beaucoup de personnes pour qui c'est important identitairement et pour qui ça fonde une compréhension du monde et des rapports sociaux.
Il y a plein de milieux pour lesquels le territoire, la race sont des dimensions qui importent et fondent les rapports d'amitié et d'ennemitié, à différents niveaux de sauvagerie et de civilité.
J'ai eu un élève tchétchène qui dessinait sans cesse le drapeau de son pays dans la marge de ses feuilles de cours, comme une obsession...
Je vais voir mon ami ce soir ; si je suis dans l'aca de Créteil l'an prochain, je ne demande pas ce lycée...
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Virgile Georgiques.
« Ma science ne peut être qu’une science de pointillés. Je n’ai ni le temps ni les moyens de tracer une ligne continue. »
Marcel Jousse
- DhaiphiGrand sage
Paul Dedalus a écrit:Ben, c'est quelque chose qui a toujours existé dans l'histoire de l'humanité, la lutte pour le territoire.
"Mon Dieu qu'il ferait bon sur la terre des hommes
Si on y rencontrait cette race incongrue
Cette race importune et qui partout foisonne
La race des gens du terroir des gens du cru
Que la vie serait belle en toutes circonstances
Si vous n'aviez tiré du néant tous ces jobards
Preuve peut-être bien de votre inexistence
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part."
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De toutes les écoles que j’ai fréquentées, c’est l’école buissonnière qui m’a paru la meilleure.
[Anatole France]
J'aime les regretteurs d'hier qui voudraient changer le sens des rivières et retrouver dans la lumière la beauté d'Ava Gardner.
[Alain Souchon]
- DeliaEsprit éclairé
Ne serait-ce point plutôt :
"Mon Dieu qu'il ferait bon sur la terre des hommes
Si on N' y rencontrait cette race incongrue
Cette race importune et qui partout foisonne
La race des gens du terroir des gens du cru
"Mon Dieu qu'il ferait bon sur la terre des hommes
Si on N' y rencontrait cette race incongrue
Cette race importune et qui partout foisonne
La race des gens du terroir des gens du cru
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Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- JEMSGrand Maître
Pour la lutte de territoire, j'étais déjà confronté à cette grave problématique dès mon entrée dans l'EN en 2003. Il y a des zones délaissées, le niveau de violence, la haine ancrée, font que ce sont des territoires qui sont en train d'être perdus.
- DhaiphiGrand sage
Delia a écrit:Si on N' y rencontrait cette race incongrue
Remarque pertinente !
On peut même trouver : "Si l'on n'y rencontrait cette race incongrue"
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[Alain Souchon]
- chmarmottineGuide spirituel
Un autre article à ce sujet :
https://www.francetvinfo.fr/societe/education/refondation-de-l-ecole/tout-le-monde-sen-fout-apres-deniemes-violences-dans-des-lycees-de-seine-saint-denis-un-rassemblement-pour-denoncer-lindifference-du-gouvernement_2692652.html
https://www.francetvinfo.fr/societe/education/refondation-de-l-ecole/tout-le-monde-sen-fout-apres-deniemes-violences-dans-des-lycees-de-seine-saint-denis-un-rassemblement-pour-denoncer-lindifference-du-gouvernement_2692652.html
- numéro6Niveau 6
Le lycée Utrillo est en effet situé entre plusieurs cités (dont celle du Clos Saint-Lazare popularisée par le film Le plus beau métier du monde) qui se livrent une guerre de territoires en lien avec différents trafics. Pendant longtemps, les équipes pédagogiques ont réussi à tenir le lycée en dehors de ces querelles et, pour y avoir travaillé il y a quelques années, je peux témoigner que le climat scolaire était tout à fait serein.
Cette montée en puissance de l'insécurité est donc extrêmement préoccupante et je ne peux qu'apporter mon soutien à mes collègues de ce lycée en espérant que l'institution débloquera des moyens pour apporter une réponse à ces problèmes. En attendant : courage, tenez-bon, les élèves ont plus que jamais besoin de vous !
Cette montée en puissance de l'insécurité est donc extrêmement préoccupante et je ne peux qu'apporter mon soutien à mes collègues de ce lycée en espérant que l'institution débloquera des moyens pour apporter une réponse à ces problèmes. En attendant : courage, tenez-bon, les élèves ont plus que jamais besoin de vous !
- Paul DedalusNeoprof expérimenté
J'ai vu mon ami ce soir : il y a des policier dans le lycée et la presse est là (avec les complications médiatiques qui vont avec).
L'ambiance est surréaliste.
Le proviseur a refusé catégoriquement de fermer le lycée parce que "les cités n'ont pas à décider de quand le lycée ferme ou ouvre" dixit.
L'ambiance est surréaliste.
Le proviseur a refusé catégoriquement de fermer le lycée parce que "les cités n'ont pas à décider de quand le lycée ferme ou ouvre" dixit.
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Virgile Georgiques.
« Ma science ne peut être qu’une science de pointillés. Je n’ai ni le temps ni les moyens de tracer une ligne continue. »
Marcel Jousse
- archebocEsprit éclairé
Je crois qu'il y a une différence entre la lutte pour le territoire local et l'affirmation d'une identité généalogique.
A ceux que frappent d'incompréhension ces phénomènes de bande, je vais encore une fois conseiller le livre "le capital guerrier". Ce dernier montre bien que ce qui est en jeu dans les luttes de territoire, c'est une main-mise sociale sur l'espace public, main-mise dont les bandes tirent, pour leur famille, un bénéfice. Ce bénéfice est directement matériel, par exemple grâce aux trafics. Mais il est symbolique aussi, pour un bénéfice matériel plus éloigné, par exemple quand sa petite soeur a besoin de réviser pour ses examens, le caïd fait cesser immédiatement tous les chahuts : et la petite soeur déclare au sociologue que cette réputation de zone de non-droit de la cité est très surfaite.
Ce que montre ce livre particulièrement, c'est que les chefs de bande ont une fonction de modérateur : les explosions de violence sont des épisodes de redistribution du capital-guerrier qui risquent de remettre en cause leur position dominante. De là vient que l'administration ne cherche pas à les écarter systématiquement, et recrute parmi eux les animateurs de rue. On pourrait comparer la situation des cités à l'administration coloniale où l'on laissait les indigènes régler leurs affaires entre eux, et où la République investissait d'une autorité ceux qui la tenait dans les faits. La différence fondamentale est que dans le domaine coloniale, on investissait une autorité traditionnelle. Ici, on s'appuie sur un pouvoir qui se conquiert dans chaque classe d'âge par la menace et la violence, et que la majorité des gens ne peuvent vivre que comme despotique.
On trouve dans ce livre un témoignage voisin de celui porté sur ce fil (l'agression au marteau qui ne sera jamais jugée). Cette fois-là, c'est un ado qui joue à viser les passants avec une arme. Ces affaires sont le summum de la preuve que l'ordre républicain est en faillite. Le reportage à France Culture hier soir lui aussi faisait mal au coeur.
A ceux que frappent d'incompréhension ces phénomènes de bande, je vais encore une fois conseiller le livre "le capital guerrier". Ce dernier montre bien que ce qui est en jeu dans les luttes de territoire, c'est une main-mise sociale sur l'espace public, main-mise dont les bandes tirent, pour leur famille, un bénéfice. Ce bénéfice est directement matériel, par exemple grâce aux trafics. Mais il est symbolique aussi, pour un bénéfice matériel plus éloigné, par exemple quand sa petite soeur a besoin de réviser pour ses examens, le caïd fait cesser immédiatement tous les chahuts : et la petite soeur déclare au sociologue que cette réputation de zone de non-droit de la cité est très surfaite.
Ce que montre ce livre particulièrement, c'est que les chefs de bande ont une fonction de modérateur : les explosions de violence sont des épisodes de redistribution du capital-guerrier qui risquent de remettre en cause leur position dominante. De là vient que l'administration ne cherche pas à les écarter systématiquement, et recrute parmi eux les animateurs de rue. On pourrait comparer la situation des cités à l'administration coloniale où l'on laissait les indigènes régler leurs affaires entre eux, et où la République investissait d'une autorité ceux qui la tenait dans les faits. La différence fondamentale est que dans le domaine coloniale, on investissait une autorité traditionnelle. Ici, on s'appuie sur un pouvoir qui se conquiert dans chaque classe d'âge par la menace et la violence, et que la majorité des gens ne peuvent vivre que comme despotique.
On trouve dans ce livre un témoignage voisin de celui porté sur ce fil (l'agression au marteau qui ne sera jamais jugée). Cette fois-là, c'est un ado qui joue à viser les passants avec une arme. Ces affaires sont le summum de la preuve que l'ordre républicain est en faillite. Le reportage à France Culture hier soir lui aussi faisait mal au coeur.
- JEMSGrand Maître
Oui, pour l'avoir vécu entre Trappes et Coignières, cette lutte de territoire attaque l'espace public et même les transports publics.
J'ai vu une véritable chasse à l'homme dans un grand centre commercial. Cette histoire s'est poursuivie dans mon lycée, une intrusion massive de dix gars encagoulés venant déloger un autre.
Un jour, un bus est arrivé en retard, des dizaines d'élèves se sont pointés apeurés. Un mec s'était fait passer à tabac car il empruntait la ligne de bus traversant la commune de la bande.
Et des anecdotes comme celle-ci, j'en ai à la pelle. Tous les jours une hallucination. Tous les jours de la violence omniprésente.
J'ai vu une véritable chasse à l'homme dans un grand centre commercial. Cette histoire s'est poursuivie dans mon lycée, une intrusion massive de dix gars encagoulés venant déloger un autre.
Un jour, un bus est arrivé en retard, des dizaines d'élèves se sont pointés apeurés. Un mec s'était fait passer à tabac car il empruntait la ligne de bus traversant la commune de la bande.
Et des anecdotes comme celle-ci, j'en ai à la pelle. Tous les jours une hallucination. Tous les jours de la violence omniprésente.
- archebocEsprit éclairé
http://www.lemonde.fr/education/article/2018/04/06/droit-de-retrait-au-lycee-utrillo-de-stains-apres-des-violences-en-serie_5281558_1473685.html
Ce déchaînement de violence n’est pas isolé. Depuis la rentrée de septembre, les faits se sont multipliés. Ces agressions, associées à des règlements de comptes entre cités rivales de Pierrefitte-sur-Seine et de Stains, ont fait un blessé grave le 12 mars, lorsqu’un élève a été frappé à la tête à coup de marteau sur le parvis. Une bande est revenue plus tard dans la même journée menacer d’autres élèves, « armée de couteaux et de machettes », selon plusieurs témoins. Des coups de feu ont été entendus. Dans ces différents cycles de « vengeances entre cités », selon le mot des enseignants, les victimes refusent de porter plainte.
[...]
En fin de matinée jeudi, alors que les journalistes sont escortés à l’extérieur de l’établissement, la conversation va bon train entre une élève et un membre de l’équipe mobile de sécurité : « Vous et nous, excusez-moi, mais ça revient au même, en fait », lance la jeune fille à l’agent, un colosse qui la dépasse de deux ou trois têtes. « Vous n’êtes pas armé, alors qu’eux, oui. »
- DhaiphiGrand sage
numéro6 a écrit: l'institution débloquera des moyens pour apporter une réponse à ces problèmes.
J'ai quelques difficultés à envisager cette "réponse" que vous souhaitez.
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De toutes les écoles que j’ai fréquentées, c’est l’école buissonnière qui m’a paru la meilleure.
[Anatole France]
J'aime les regretteurs d'hier qui voudraient changer le sens des rivières et retrouver dans la lumière la beauté d'Ava Gardner.
[Alain Souchon]
- DeliaEsprit éclairé
Les victimes ne portent pas plainte : elles ne se constituent pas parties civiles, c'est tout. Il suffit que l'acte soit constaté pour que la justice se mette en branle.
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Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- RabelaisVénérable
Je comprends l'héritage, la racine locale, quand elle est ancestrale.Paul Dedalus a écrit:Rabelais a écrit:
" La cité ", la lutte territoriale m'est incompréhensible, intellectuellement incompréhensible.
Ben, c'est un manque de perspectivisme pour le coup c'est quelque chose qui a toujours existé dans l'histoire de l'humanité, la lutte pour le territoire.
S'en émanciper suppose une sensibilisation à la citoyenneté, au cosmopolitisme, ce n'est pas acquis dans tous les milieux sociaux. Loin de là.
Moi par exemple j'ai des origines bretonnes et italiennes et quand je vais dans ma famille on y fait référence et ça me semble bizarre car je vis en Ile de France depuis 6 ans donc ces origines n'ont pas d'importance pour mon quotidien, je ne m'y réfère jamais et n'y pense jamais. Pourtant pour certains oncles et tantes, l'identité bretonne et avoir eu un grand père sicilien est important par exemple.
Je rencontre aussi beaucoup de personnes pour qui c'est important identitairement et pour qui ça fonde une compréhension du monde et des rapports sociaux.
Il y a plein de milieux pour lesquels le territoire, la race sont des dimensions qui importent et fondent les rapports d'amitié et d'ennemitié, à différents niveaux de sauvagerie et de civilité.
J'ai eu un élève tchétchène qui dessinait sans cesse le drapeau de son pays dans la marge de ses feuilles de cours, comme une obsession...
Je vais voir mon ami ce soir ; si je suis dans l'aca de Créteil l'an prochain, je ne demande pas ce lycée...
Ce n'est pas ce que j'ai vécu à titre personnel mais j'ai assez entendu mes cousines revendiquer ce genre de filiation ( ancêtre de tel ou tel pays et fierté associée ) pour admettre que cela existe.
Le culte du m2 m'est étranger, de la région, de la propriété sur une zone familiale aussi et j'ai des difficultés à le concevoir mais je le comprends aussi.
Ce que je ne comprends pas, c'est que cela puisse s'appliquer en ces lieux,
Franchement. La seule conduite à tenir serait de vouloir en partir.
Merci de cette explication, je vais me procurer ce livre, c'est très intéressant.archeboc a écrit:Je crois qu'il y a une différence entre la lutte pour le territoire local et l'affirmation d'une identité généalogique.
A ceux que frappent d'incompréhension ces phénomènes de bande, je vais encore une fois conseiller le livre "le capital guerrier". Ce dernier montre bien que ce qui est en jeu dans les luttes de territoire, c'est une main-mise sociale sur l'espace public, main-mise dont les bandes tirent, pour leur famille, un bénéfice. Ce bénéfice est directement matériel, par exemple grâce aux trafics. Mais il est symbolique aussi, pour un bénéfice matériel plus éloigné, par exemple quand sa petite soeur a besoin de réviser pour ses examens, le caïd fait cesser immédiatement tous les chahuts : et la petite soeur déclare au sociologue que cette réputation de zone de non-droit de la cité est très surfaite.
Ce que montre ce livre particulièrement, c'est que les chefs de bande ont une fonction de modérateur : les explosions de violence sont des épisodes de redistribution du capital-guerrier qui risquent de remettre en cause leur position dominante. De là vient que l'administration ne cherche pas à les écarter systématiquement, et recrute parmi eux les animateurs de rue. On pourrait comparer la situation des cités à l'administration coloniale où l'on laissait les indigènes régler leurs affaires entre eux, et où la République investissait d'une autorité ceux qui la tenait dans les faits. La différence fondamentale est que dans le domaine coloniale, on investissait une autorité traditionnelle. Ici, on s'appuie sur un pouvoir qui se conquiert dans chaque classe d'âge par la menace et la violence, et que la majorité des gens ne peuvent vivre que comme despotique.
On trouve dans ce livre un témoignage voisin de celui porté sur ce fil (l'agression au marteau qui ne sera jamais jugée). Cette fois-là, c'est un ado qui joue à viser les passants avec une arme. Ces affaires sont le summum de la preuve que l'ordre républicain est en faillite. Le reportage à France Culture hier soir lui aussi faisait mal au coeur.
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Le temps ne fait rien à l'affaire, quand on est c., on est c.
- kyralinaNiveau 8
J'ai été prof dans un des 3 collèges publics de Stains. Le chef d'établissement d'Utrillo avait été le nôtre quelques années.
Stains est une ville très enclavée où la violence peut être très aigüe entre cités. J'ai vraiment beaucoup de peine car beaucoup de mes anciens y sont encore. Lorsque j'en rencontre un ou une par hasard dans le "9-3", ils m'y décrivent cette violence dans ce lycée.
Ma 1ère année au lycée, on m' a envoyé à Utrillo pour les copies du bac : c'est un lycée très proche du Clos Saint-Lazare sans aucun lieu de sociabilité même pas une boulangerie.
C'est désespérant car mes anciens élèves étaient dans un collège bien tenu à l'époque.
Stains est une ville très enclavée où la violence peut être très aigüe entre cités. J'ai vraiment beaucoup de peine car beaucoup de mes anciens y sont encore. Lorsque j'en rencontre un ou une par hasard dans le "9-3", ils m'y décrivent cette violence dans ce lycée.
Ma 1ère année au lycée, on m' a envoyé à Utrillo pour les copies du bac : c'est un lycée très proche du Clos Saint-Lazare sans aucun lieu de sociabilité même pas une boulangerie.
C'est désespérant car mes anciens élèves étaient dans un collège bien tenu à l'époque.
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