Un élève décède après avoir mangé une crêpe

Stered a écrit:Je comprends aussi, Elaïna, mais alors le SAMU pas du tout (ce que je comprends aussi ). J'ai eu une vive discussion avec un groupe du SAMU qui cassait du prof dans un bar à cause du fait qu'on les dérange bcp pour "rien"... Mais comment pouvons-nous savoir que ce n'est rien ?

Ce n'est pas nous qui dérangeons le SAMU en faisant le 15, c'est le médecin régulateur. C'est lui qui prend, en fonction des éléments qu'on lui donne au téléphone, la décision de ne rien faire ou d'envoyer une équipe.

Exactement d'où le fait de l'appeler en cas de doute, sutout quand ce ne sont pas nos enfants.
Non pas que je tienne moins à mes enfants qu'à mes élèves, mais je ne connais pas leurs antécédents ni leurs réactions.

C'est effectivement bizarre ce que tu rapportes Stered. Pendant les vacances mon fils s'est blessé, j'ai appelé le SAMU et ils ont choisi d'envoyer une ambulance pour l'emmener aux urgences (j'ai effectivement discuté avec le médecin du SAMU qui a je pense pris la décision au vu de ce que je décrivais -alors que je n'étais pas certaine que c'était nécessaire, je pensais aller montrer la blessure au généraliste ou au pharmacien mais je stressais un peu comme il y avait eu courte perte de connaissance). Avec le recul blessure sur une plaque de métal et au pied je pense qu'ils préfèrent voir (risque de tétanos, ils veulent être sûrs que les orteils n'ont rien) et quand il y a perte de connaissance ils préfèrent systématiquement faire un ECG même s'ils pensent que c'est un malaise vagal, au cas où. Et en fait il a fallu faire 4 points de suture quand même.. Une femme de patient avait fait un malaise dans ma salle d'attente, la remplaçante du généraliste l'a examinée mais avait insisté pour appeler le SAMU pour l'emmener aux urgences tout vérifier et faire un ECG (elle était très âgée et il n'y avait pas de raison objective au malaise), finalement ils ont préféré annuler l'ambulance (j'ai dû appeler pour annuler mais je les ai trouvés très imprudents d'agir ainsi). Et plus jeune quand mon fils s'était pris une grille dans la cour de récré (il a toujours une cicatrice sous ses cheveux) ils avaient appelé direct le SAMU pour l'emmener aux urgences pédiatriques.

Je trouve en effet qu'il vaut mieux appeler le samu pour rien que de passer à côté d'un truc grave. D'autant que des choses en apparence anodines peuvent nécessiter plus de soins qu'on imagine.
Du côté de mon établissement, on vient de recevoir un message : deux collègues vont animer des ateliers PSC1 pour les élèves de seconde volontaires et un atelier est également ouvert aux profs volontaires lors des deux jours de garderie qui précédent le bac. Priorité donnée aux professeurs encadrant régulièrement des sorties, mais un autre atelier sera organisé pour ceux qui se verraient refusés à celui-ci.
J'avoue que je doute de mes capacités à appliquer un jour en situation de stress quoi que ce soit de ce qu'on y apprend, mais je pense m'y inscrire. Et pourtant, je suis très réticente à prendre la moindre responsabilité en cas de malaise ou d'accident (de toute façon, dans ces cas là, mon énergie est mobilisée pour ne pas m'évanouir, je suis très sujette aux malaise vagaux [vagals ??] par empathie). Mais cette année, j'ai eu plusieurs crises de spasmo, un malaise vagal justement, et un élève au bord du coma éthylique. Je fais beaucoup de sorties, je vais récupérer quelques élèves ayant des pathologies ou des traitements lourds... Finalement, je revois ma position. On verra bien si ça me donne plus confiance en cas de problème. En tous cas j'aurai essayé. (dédicace à Dimka s'il passe par là : y'a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis...)

Je n'osais pas parler des malaises vagaux : j'y suis extrêmement sujette, de sorte qu'une formation ne suffit pas, encore faut-il tenir le choc. Pour ma part ce qui me fait le plus tourner de l'oeil, ce sont justement... les injections.

Pour ma part, je suis convaincue qu'en cas de doute, il faut appeler le Samu, que ce soit dans le cadre de la classe, ou de la vie de tous les jours. Tout simplement car il y aura un médecin urgentiste au bout du fil qui pourra conseiller sur la marche à suivre. Et c'est de toute façon lui qui déclenchera les secours, ou pas.
Ma fille cadette a eu une allergie grave dans l'enfance : une allergie au froid. C'est aussi grave que l'allergie du petit qui est décédé, mais la crise se produisait si elle avait froid, mangeait trop froid, se lavait les mains à l'eau froide, ou respirait de l'air froid. Bref, pas très compliqué à éviter finalement avec essentiellement une cagoule et des moufles, mais tout de même passablement ennuyeux.
Imaginez un énorme coup sur la tête, avec risque d'hemorragie, que l'on traite usuellement pour commencer avec de la glace. 
Que faut-il faire dans ce cas ? Risquer un choc allergique ? Risquer l'hémorragie cérébrale? Bien malin qui pourra le dire. Je ne le sais pas en tout cas. Suivre les consignes du médecin est essentiel, lui seul peut juger de la gravité des symptômes.

C'est d'ailleurs ce qui me surprend dans cette histoire. En cas de doute, ce que l'allergologue m'avait dit, c'est qu'il ne fallait jamais hésiter à utiliser le stylo à adrénaline si l'enfant en avait reçu en prescription. Et là, je crois comprendre que personne ne l'a utilisé... Quelle triste histoire.

Oui, quand mon fils a eu son choc allergique après avoir mangé sa noix de cajou, on l'a emmené à l'hôpital. On est à 5 minutes en voiture. Et bien, les médecins nous ont dit qu'on aurait dû appeler le SAMU. Ajupoet, ça lui a passé cette allergie? C''st difficile à anticiper, réguler le froid. C'est la première fois que j'en entends parler.

lene75 a écrit:Je n'osais pas parler des malaises vagaux : j'y suis extrêmement sujette, de sorte qu'une formation ne suffit pas, encore faut-il tenir le choc. Pour ma part ce qui me fait le plus tourner de l'oeil, ce sont justement... les injections.

Moi, c'est le sang, mais aussi n'importe quel type de douleur. En fait, dès que la personne en face a l'air de souffrir, je tombe dans les pommes. Bon, on apprend à maîtriser tout de même : j'ai passé un an à aller voir ma grand mère à l'hôpital et entre son état à elle et celui de ses voisins de chambre, je me suis endurcie. Tant mieux, car avec les gamins, sinon, c'est compliqué. Ceci étant, je sais que lorsque quelque chose se produit, j'ai plutôt le réflexe de jouer le rôle de celle qui gère les autres gamins, qui appelle les secours (sauf si je suis la seule adulte, évidemment) pour éviter d'être à proximité immédiate de la victime. D'où mon gros doute sur mes capacités de secouriste. Après au moins, je saurai ce que je dois faire à défaut d'arriver à le faire. Et peut-être qu'en sachant et en ayant la formation, ça dédramatisera (j'y crois peu, mais bon...).

roxanne a écrit:Oui, quand mon fils a eu son choc allergique après avoir mangé sa noix de cajou, on l'a emmené à l'hôpital. On est à 5 minutes en voiture. Et bien, les médecins nous ont dit qu'on aurait dû appeler le SAMU. Ajupoet, ça lui a passé cette allergie? C''st difficile à anticiper, réguler le froid. C'est la première fois que j'en entends parler.

C'est venu soudainement, et reparti aussi soudainement. Nous avons beaucoup de chance car c'est en général plutôt à vie.
C'est très impressionnant de voir son môme se transformer littéralement en chou-fleur dès qu'il se refroidit. 
Ce n'est pas forcément très difficile à gérer, mais je craignais énormément les jeux de gamins type bataille de boules de neige ou bataille d'eau en été. Aller à la piscine aussi était un stress. Passer au rayon yaourts, n'en parlons pas.  Mais je trouve ça pour ma part toujours plus facile à gérer qu'une allergie au gluten ou à l'arachide. 
La seule vraie difficulté, c'est d'être pris au sérieux en fait. Personne ne connait, personne n'y croit...

Bon, à 15 ans, elle innove et commence les crises d'asthme...

Jenny a écrit:Pas forcément, j'ai compris le terme "apparente" comme une interrogation du type est-ce qu'on en parle plus qu'avant ou est-ce qu'il y'a vraiment une augmentation des allergies et pourquoi.
Il ne faut pas voir le mal partout.

J'ai compris la même chose.

Les produits industrialisés ne sont pas de bonne qualité, ce que nous mangeons est potentiellement une des causes de ces intolérances ...

Comment tu faisais pour gérer, Ajupouet ? Sans être allergique au froid ma fille le supporte très mal et l'hiver c'est pénible. J'ai instauré la double paire de gants mais même comme ça rien à faire, si elle est trop longtemps dehors, elle a les mains bleues et enflées et elle pleure. La semaine dernière on s'est fait avoir : retour du froid après un épisode de chaleur, j'avais enlevé les moufles du manteau et bam, sur le chemin de l'école, le drame. Je trouve qu'on se fait vite surprendre.

lene75 a écrit:Comment tu faisais pour gérer, Ajupouet ? Sans être allergique au froid ma fille le supporte très mal et l'hiver c'est pénible. J'ai instauré la double paire de gants mais même comme ça rien à faire, si elle est trop longtemps dehors, elle a les mains bleues et enflées et elle pleure. La semaine dernière on s'est fait avoir : retour du froid après un épisode de chaleur, j'avais enlevé les moufles du manteau et bam, sur le chemin de l'école, le drame. Je trouve qu'on se fait vite surprendre.

Ma fille était déjà en CM1, pas bébé, donc.
Elle avait une cagoule intégrale qui ne laissait voir que les yeux au besoin (Balaclava).
Des gants du Canada qui montaient au coude.
Des chaufferettes dans les poches.
Et on faisait attention à minimiser les trajets dehors. On a eu "chaud" (enfin, plutôt le contraire, en fait) un soir au cirque, on n'avait pas assez anticipé...
Il existe une crème efficace aussi, mais je ne l'ai jamais utilisée
Lene, tu devrais t'inscrire sur un groupe Facebook de parents d'enfants qui souffrent d'urticaire au froid (Cold Urticaria, CU). Même si ta fille semble plus souffrir d'un syndrome type Reynaud, les trucs et astuces restent valables.
Je ne suis plus concernée, je me suis donc empressée d'oublier. Mais je suis certaine qu'ils seraient ravis de te conseiller.
Qui sait, en plus, le problème de ta puce est peut-être d'origine allergique.

Merci pour cette réponse détaillée !

Ma'am a écrit:Je dois emmener en Angleterre une élève lourdement allergique à la noisette. Je ne suis pas tranquille.
La famille a beaucoup insisté pour qu'elle vienne, le CDE aussi, l'agence de voyage impose qu'elle emporte tous ses repas, mais j'ai cru comprendre qu'elle avait l'intention de goûter des trucs en Angleterre. En tout cas c'est ce qu'elle a dit avant que je ne lui hurle littéralement dessus. Eh oui, les ados ça aime le risque !

Je pars avec la piqûre d'adrénaline en espérant ne pas avoir à l'utiliser...

J'espère aussi que sa mère va vraiment prévoir tous les repas, pique-nique du midi compris, parce que je ne la sens pas trop la dame. Elle m'a dit oui un peu vite, je trouve.

Ouf, tout s'est bien passé, nous sommes revenus et tout va bien.
Par contre, il a bien fallu la surveiller en Angleterre la demoiselle et encore je ne suis pas sûre qu'elle n'ait pas mangé autre chose que ce qui était prévu pour elle.
Mais bon, je n'ai pas eu à lui faire la piqûre, donc...

Mais quel stress tout de même ! Enfin pour moi, elle, elle a l'air de le vivre bien !

Bravo pour ton retour sans souci !

La mère avait bien fourni tous les repas ? Ça devait faire une sacrée quantité...

Ma'am a écrit:

Ma'am a écrit:Je dois emmener en Angleterre une élève lourdement allergique à la noisette. Je ne suis pas tranquille.
La famille a beaucoup insisté pour qu'elle vienne, le CDE aussi, l'agence de voyage impose qu'elle emporte tous ses repas, mais j'ai cru comprendre qu'elle avait l'intention de goûter des trucs en Angleterre. En tout cas c'est ce qu'elle a dit avant que je ne lui hurle littéralement dessus. Eh oui, les ados ça aime le risque !

Je pars avec la piqûre d'adrénaline en espérant ne pas avoir à l'utiliser...

J'espère aussi que sa mère va vraiment prévoir tous les repas, pique-nique du midi compris, parce que je ne la sens pas trop la dame. Elle m'a dit oui un peu vite, je trouve.

Ouf, tout s'est bien passé, nous sommes revenus et tout va bien.
Par contre, il a bien fallu la surveiller en Angleterre la demoiselle et encore je ne suis pas sûre qu'elle n'ait pas mangé autre chose que ce qui était prévu pour elle.
Mais bon, je n'ai pas eu à lui faire la piqûre, donc...

Mais quel stress tout de même ! Enfin pour moi, elle, elle a l'air de le vivre bien !

Je suis toujours admiratif quand je lis cela. Trop peu pour moi.

RogerMartin a écrit:Bravo pour ton retour sans souci !

La mère avait bien fourni tous les repas ? Ça devait faire une sacrée quantité...

Elle avait plein de bouffe. Pas vraiment sous forme de repas. La môme a grignoté toute la semaine, mais pas des noisettes !

C'était bien le Devon... Je ne connaissais pas cette région, je suis sous le charme !

Oh, le Devon... Oui, c'est un endroit vraiment magnifique, ils ont de la chance tes élèves !

J'admire ... déjà, une sortie ou un voyage scolaire, c'est psychologiquement épuisant (voire physiquement), mais avec cette seringue de Damoclès au-dessus de la tête... c'était méritoire, si intéressant fût ce voyage.

L'enseignante comparaît ce mardi 15 septembre pour homicide involontaire.

La prévenue a déjà fait l'objet d'une sanction disciplinaire - six mois de suspension - et occupe depuis un poste administratif au sein du rectorat.

https://www.rtl.fr/actu/justice-faits-divers/enfant-mort-apres-avoir-mange-des-crepes-l-institutrice-devant-le-tribunal-7800803099

Suite : ÉLÈVE MORT APRÈS AVOIR MANGÉ DES CRÊPES À L'ÉCOLE: 12 MOIS AVEC SURSIS POUR L'INSTITUTRICE

Son élève était mort après avoir mangé des crêpes à l'école malgré son allergie connue au lait: une enseignante du Rhône, jugée pour homicide involontaire, a été condamnée mardi à 12 mois de prison avec sursis.

Nous ne sommes que des professeurs sur la fiche de paie, alors qu'effectivement, nous sommes éducateurs, assistants médicaux, assistants sociaux, agents de sécurités, conciliateurs, secrétaires, conseillers d'orientation, et bien tant d'autres casquettes avec lesquelles il nous faut jongler toute la journée. Mais quel autre métier exige autant de compétences avec les responsabilités qui vont avec ?

Terrible affaire où il y a faute c'est indéniable, mais n'y a-t-il qu'une seule coupable ? La justice a parlé...

Le dénouement en justice aujourd'hui

le tribunal (...) a condamné l’enseignante, déjà sanctionnée administrativement, à 12 mois de prison avec sursis. La peine encourue était de trois ans ferme.

source

Je trouve aussi qu'il n'y a pas "un seul coupable". Ces faits sont terribles, en premier lieu pour l'enfant et sa famille bien sûr, mais sont aussi assez prévisibles et très "français". De même qu'on s'imagine, ou qu'on nous porte à imaginer qu'il est possible d'envoyer des élèves et des étudiants ensemble sans aucune mesure sanitaire dans leurs établissements et éviter une recrudescence de l'épidémie de covid, de même, on imagine, ou on feint de croire, que si l'on permet les gouters dans des établissements où les enfants allergiques sont trop petits pour demander à chaque fois "c'est bien un gâteau sans noisettes/lait/arachide? " à la maitresse, il n'y aura pas de problèmes.
Lorsque je travaillais à l'étranger, j'avais un jour esquissé un mouvement pour offrir une petite brick de jus de fruit à un élève de 17 ans : la personne qui m'avait recrutée était sur place et avait assisté à la scène: elle m'avait stoppée net dans mon élan et vivement tancée : il était tout simplement interdit de donner quoi que ce soit à ingérer à un élève, même presque adulte.

Une crise d’asthme à la suite de l’ingestion d’un aliment, ou même simplement en présence de l’aliment, notamment en cours de cuisson, est un signal d’alerte. Si cela vous arrive, il vaut mieux appeler le 15, ou faire l’injection. C’est ce que m’avait recommandé l’allergologue de ma fille. L’asthme serait un signe de gravité, et l’adrénaline n’est pas très dangereuse (en tout cas c’est ce qu’il m’avait dit).
Malheureusement, beaucoup de Français confondent allergie alimentaire et caprice. Un allergique adulte ou un parent d’allergique sait qu’il faut lire la liste d’ingrédients systématiquement, et poser beaucoup de questions. Un enfant ne fera pas la différence entre l’aliment cuisiné par ses parents avec des ingrédients adaptés et la recette traditionnelle. Un jeune enfant et un adolescent n’auront pas la notion du risque.
Cela dit, l’institutrice a commis une faute, mais l’institution aurait dû mieux la former. On ne peut réagir de façon adaptée qu’en étant bien préparé. Les questions posées à l’allergologue ne concernaient pas ma fille, mais mes élèves. Si ma fille n’était pas allergique, et n’avait pas eu un allergologue sympa, j’aurais manqué d’informations fondamentales (par exemple, ça me faisait peur d’administrer l’adrénaline, que je pensais avoir des effets secondaires importants).