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- Marcelle DuchampExpert spécialisé
Pour les évaluations de théorie, il m’arrive d’en faire mais les notes sont toujours tellement lamentables que je finis par me demander pourquoi je m’embete à faire de beaux documents supports avec des images en couleurs, des définitions et cie. Les élèves partent du principe qu’en arts p, il n’y a rien à apprendre et ils s’y tiennent!!
J’essaye d’en faire une ou deux par an par niveau, histoire de leur rappeler qu’ils ne peuvent pas comprendre les tenants et les aboutissants de la discipline sans apprendre mais clairement, la note ne leur fait pas peur.
D’ailleurs, j’ai remarqué que plus ils grandissent, moins ils gardent les documents. Souvent en fin d’heure, je ramasse 3 ou 4 feuilles de cours que les élèves n’ont pas prises.
En ce qui concerne les bulletins, je n’ai eu recours qu’une seule fois au copier coller, ce trimestre, car j’ai du faire les appréciations à partir des notes de ma remplaçante... Je me suis sentie minable.
Je fais partie de ces profs qui sont incapables de faire court: je mets un commentaire sur le travail, un sur l’attitude, je conseille etc... si bien que mon appréciation fait souvent 4 ou 5 lignes.
Et pour connaître les élèves, j’ai du bol, je suis physionomiste!
J’essaye d’en faire une ou deux par an par niveau, histoire de leur rappeler qu’ils ne peuvent pas comprendre les tenants et les aboutissants de la discipline sans apprendre mais clairement, la note ne leur fait pas peur.
D’ailleurs, j’ai remarqué que plus ils grandissent, moins ils gardent les documents. Souvent en fin d’heure, je ramasse 3 ou 4 feuilles de cours que les élèves n’ont pas prises.
En ce qui concerne les bulletins, je n’ai eu recours qu’une seule fois au copier coller, ce trimestre, car j’ai du faire les appréciations à partir des notes de ma remplaçante... Je me suis sentie minable.
Je fais partie de ces profs qui sont incapables de faire court: je mets un commentaire sur le travail, un sur l’attitude, je conseille etc... si bien que mon appréciation fait souvent 4 ou 5 lignes.
Et pour connaître les élèves, j’ai du bol, je suis physionomiste!
- Ajonc35Sage
Chers profs musiciens,
Vous n'êtes pas tout seuls.... J'enseigne l'histoire-Géo en LP et en classe de seconde pro et 1ère , je n'ai qu'une heure par semaine et dans les autres jamais plus de deux.
A l'examen final, cette discipline ne compte que pour 1 coefficient , les autres ont toutes plus. Alors la maltraitance de mes collègues, je connais. Et il y en a qui se demande pourquoi en LP il y a toujours de Français, des maths ....... Vu le niveau des élèves de troisième que nous accueillons ( il y en a aussi quelques bons) heureusement que nous maintenons cette flamme car il faut aussi constater que beaucoup poursuivent en études supérieures avec plus ou moins de bonheur et dans une filière qui ne correspond pas du tout à la filière professionnelle d'origine.
Certaines années j'ai eu jusqu'à 13 classes (4ème, 3ème, CAP, puis bac pro) et c'était lourd. Aujourd'hui j'en ai un peu moins car je vais plus en terminale mais j'ai des filières regroupées alors que mes collègues de matières professionnelles en ont deux fois moins...
J'essaie de ne plus me battre: entre les élèves qui trouvent qu'on en fait peu ( ben oui 1 heure par semaine et 6 jours entre chaque cours), mon zapping d'une classe à l'autre et il faut jongler avec les semaines de stage. Vous avez fini un chapitre avec une classe et à peine commencé avec une autre..... Sans compter qu'en début d'année en réunion d'une des filières, le responsable nous informe que l'équipe s'appuiera sur les enseignements professionnels et les maitres de stage pour la réussite des élèves. La messe est dite, c'est le discours tenu dans certaines classes.
Et le copier coller, connait pas non plus, chaque élève mérite ( enfin pas toujours) qu'on lui adresse une appréciation digne de ce nom en terme de niveau, de capacités, de travail dans la classe et dans son étude personnelle. Je connais un collègue, éminent pédagogue, très apprécié de ma direction et ayant peu de classes qui apprécie les élèves par TB, satisfaisant, niveau correct,......... Moi, je dois souvent réfléchir pour ne pas mettre trop de caractères, la case étant limitée ( deux lignes)
J'ai donc beaucoup d'élèves aussi et comme je suis plus près de la sortie, mon cerveau enregistre moins bien, mais je fais aussi moins d'efforts.
J'ai dit " j'essaie de ne plus me battre" mais dans les faits c'est différent car il y a toujours des élèves qui méritent toute notre attention, en raison de leur fragilité, de leur intérêt pour la discipline, de leur motivation,.... et on a tous envie qu'il réussisse.
Coup de blues.....
Vous n'êtes pas tout seuls.... J'enseigne l'histoire-Géo en LP et en classe de seconde pro et 1ère , je n'ai qu'une heure par semaine et dans les autres jamais plus de deux.
A l'examen final, cette discipline ne compte que pour 1 coefficient , les autres ont toutes plus. Alors la maltraitance de mes collègues, je connais. Et il y en a qui se demande pourquoi en LP il y a toujours de Français, des maths ....... Vu le niveau des élèves de troisième que nous accueillons ( il y en a aussi quelques bons) heureusement que nous maintenons cette flamme car il faut aussi constater que beaucoup poursuivent en études supérieures avec plus ou moins de bonheur et dans une filière qui ne correspond pas du tout à la filière professionnelle d'origine.
Certaines années j'ai eu jusqu'à 13 classes (4ème, 3ème, CAP, puis bac pro) et c'était lourd. Aujourd'hui j'en ai un peu moins car je vais plus en terminale mais j'ai des filières regroupées alors que mes collègues de matières professionnelles en ont deux fois moins...
J'essaie de ne plus me battre: entre les élèves qui trouvent qu'on en fait peu ( ben oui 1 heure par semaine et 6 jours entre chaque cours), mon zapping d'une classe à l'autre et il faut jongler avec les semaines de stage. Vous avez fini un chapitre avec une classe et à peine commencé avec une autre..... Sans compter qu'en début d'année en réunion d'une des filières, le responsable nous informe que l'équipe s'appuiera sur les enseignements professionnels et les maitres de stage pour la réussite des élèves. La messe est dite, c'est le discours tenu dans certaines classes.
Et le copier coller, connait pas non plus, chaque élève mérite ( enfin pas toujours) qu'on lui adresse une appréciation digne de ce nom en terme de niveau, de capacités, de travail dans la classe et dans son étude personnelle. Je connais un collègue, éminent pédagogue, très apprécié de ma direction et ayant peu de classes qui apprécie les élèves par TB, satisfaisant, niveau correct,......... Moi, je dois souvent réfléchir pour ne pas mettre trop de caractères, la case étant limitée ( deux lignes)
J'ai donc beaucoup d'élèves aussi et comme je suis plus près de la sortie, mon cerveau enregistre moins bien, mais je fais aussi moins d'efforts.
J'ai dit " j'essaie de ne plus me battre" mais dans les faits c'est différent car il y a toujours des élèves qui méritent toute notre attention, en raison de leur fragilité, de leur intérêt pour la discipline, de leur motivation,.... et on a tous envie qu'il réussisse.
Coup de blues.....
- oxaNiveau 9
Himpy a écrit:En fait nous ne faisons presque qu'exclusivement de la pratique, et c'est vrai que je n'ai pas vraiment encore trouvé le moyen de les faire "produire" sans les noter... donc ça fait vite monter le nombre de notes et donc le temps de correction.
Par ailleurs, si 5 ou 6 conseils suffisent, il faut tout de même remplir les bulletins.
Ceci dit, l'objet de ce topic n'était pas de savoir précisément si les profs d'arts pla ont plus de travail que les autres mais plutôt comment combiner les attentes des programmes sans en y perdre la santé tout en ne souffrant pas de la mauvaise image qui nous colle à la peau.
Voilà, je vais encore me faire lapider collectivement, mais bon... si cela peut servir à certains collègues...
Voici, après plus de 25 ans d’expériences, mes quelques principes de survie dans ce beau métier :
1/ Je ne ramène plus rien à la maison (d’ailleurs je suis motard).
2/ Je n’ai pas de cartable. J’ai tout sur une clef USB (avec sauvegarde sur le réseau tous les vendredis)
3/ Je note tout (sur informatique) Les oublis de matériel, de carnet, mes absences…
4/ En face de ma liste de classe, chaque élève a un n°. L’appel est plus rapide. Je vérifie carnet et matériel à chaque séance (juste un n° à reporter).
5/ J’ai un plan de classe avec des n°. Je fais le tour de la salle chaque heure. Les élèves -assis- ne sortent pas avant mon accord (et le silence).
6/ N’ayant pas le droit de noter le comportement, je mets une note « faire son métier d’élève » qui évalue le fait de faire son travail d’élève (avoir son matériel pour travailler, son carnet, qualité d’écoute pendant les consignes, respect des règles de classes…). Cette note est calculée automatiquement par Calc en fonction des remarques du trimestre (je ne gère pas les "petites croix").
7/ Je corrige en classe quand les élèves sont au travail. Environ 20-30mn pour une classe. Je saisis en direct sur pronote.
8/ Chaque trimestre, je fais mes bulletins en cours et appelle les élèves un par un pour faire le bilan ensemble. C’est très efficace.
9/ J’ai un fichier d’annotations toutes prêtes et classées sous libre office et je fais des copier/coller sur les bulletins.
10/ Je ne fais plus 600 photocopies mais 30 que je récupère en fin de séance pour m’en resservir avec les autres classes du même niveau. Je m’en sers parfois d’une année sur l’autre. Du temps des redoublements, je changeais mes sujets chaque année pour qu’ils ne fassent pas la même chose, maintenant…
11/ Je montre beaucoup d’œuvres et d’images, mais je ne les fais pas « gratter » sur un cahier, ni coller des photocopies (avec des textes à trous ou des reproductions pourries en noir et blanc).
12/ Je ne fais que 5 conseils par trimestre (en essayant de tourner). Ce qui veut dire qu’il y 5 classes où je ne vais pas (ayant 20 classes!)
13/ Les programmes, les attentes institutionnelles épuisantes et absurdes et qui nous mettent en danger, il y a longtemps que je me suis assis dessus.
14/ Je ne travaille plus pour une quelconque reconnaissance de l’institution (ni des collègues, ni du CDE), ni pour plaire à l’inspecteur. D’ailleurs quand je suis inspecté, je fais un cours normal et ne préviens pas les élèves.
15/ Je travaille avec des notes, pas des compétences ingérables avec 600 élèves. En fin d'année de 3°, la moyenne annuelle est transformée automatiquement en niveau d'acquisition ./ (point barre)
16/ J’ai appris à dire NON. Un NON lisse comme un galet qui ne laisse aucune prise à l’argumentation. Je ne me lance sur des projets que quand j’ai envie.
17 J'ai désactivé la communication pronote avec les parents. C'est dans le carnet avec trace écrite (et photo-copiable). Pas sur un clavier devant un écran. Les RDV, c'est en présence de l'élève sinon pas.
[…]
100/ Je ne me laisse plus marcher sur les doigts de pieds par quiconque (ni les élèves, ni les parents, ni le CDE, ni l’institution…)
PS: Merci de ne pas citer.
APLAnnelouise a écrit:
Je voudrais savoir si, comme moi, certains profs d'arts plastiques se sentent mal traités par l'institution, peu ou mal compris par leurs collègues, et harassés par la multiplicité des tâches à accomplir. Je lis les préconisation des I-G et j'angoisse; je lis les programmes et j'angoisse; je regarde le nombre de mes élèves, la complexité des éléments à traiter etc., la dose de self-contrôle qu'il me faut en classe, le temps de rangement, le salaire que je perçois... C'est beaucoup de souffrance...
Élimine la souffrance... et ne lis plus les préconisations
- MatheodHabitué du forum
Pourquoi préférer le carnet à pronote pour la communication ?
- oxaNiveau 9
Matheod a écrit:Pourquoi préférer le carnet à pronote pour la communication ?
On ne s'exprime pas de la même manière avec un crayon sur un carnet de correspondance que chez soi sur un clavier... Il est toujours bon d'avoir des traces écrites et manuscrites en cas de soucis.
De plus, avec 600 élèves, les messages du genre "je ne comprends pas la dernière note de mon chérubin..."
- PaleoprofFidèle du forum
Oxa, merci beaucoup pour cette liste dont beaucoup de points me semblent réellement intéressants ... Je retiens tout particulièrement le point 8 et compte le mettre en oeuvre dès l'année prochaine !
Et je devrais utiliser plus souvent l'élément entre parenthèse du point 1.... je serais moins chargée et cela m'aérerait l'esprit le soir au lieu de ruminer ma journée au volant !
Et je devrais utiliser plus souvent l'élément entre parenthèse du point 1.... je serais moins chargée et cela m'aérerait l'esprit le soir au lieu de ruminer ma journée au volant !
_________________
Je construis ma suite......
- lucilNiveau 6
Oxa, vous êtes un véritable maître d'organisation dans cette usine à gaz ( et vous le faîtes bien!). Maintes fois, j'ai pensé qu'en tant que gestionnaire d'une quantité énorme d'élèves, nous développons des compétences organisationnelles qui pourraient plaire à des patrons d'entreprises. Au fond, un prof d'arts plastiques s'il est terre à terre dans son mode de fonctionnement est un vrai manager! Je me demande si je ne devrais pas penser à envoyer des CV dans de grosses boîtes....
_________________
:baoum:
- Lowpow29Neoprof expérimenté
Pour le nombre de notes, ce n'est pas seulement relié au nombre d'heure(s) par semaine.
Je n'ai qu'une heure par semaine mais c'est très rare que mes élèves n'aient que deux notes car tout simplement il y a différentes choses à évaluer !! J'ai au moins une note de chant, et une note d'écrit. En général, une deuxième note d'écrit car c'est plus facile de les évaluer par "notion" plutôt que par "séquence" pour les plus petits, sinon ils oublient tout (une évaluation toutes les 6 semaines ça ne marche pas avec tous les types d'élèves..!). Ensuite, il y a les devoirs maison qui sont parfois demandés, divers projets, une note de cahier ou une note de création.
Bref personnellement je tourne plutôt autour de 4 notes par trimestre. (en moyenne car le deuxième trimestre a toujours plus de notes donc disons 3 notes pour certains trimestres, 5 notes pour d'autres)
La "pratique" et les "capacités de perception et connaissances acquises" ne s'évaluent pas en même temps (heureusement sinon on aurait des moyennes catastrophiques...).
Je n'ai qu'une heure par semaine mais c'est très rare que mes élèves n'aient que deux notes car tout simplement il y a différentes choses à évaluer !! J'ai au moins une note de chant, et une note d'écrit. En général, une deuxième note d'écrit car c'est plus facile de les évaluer par "notion" plutôt que par "séquence" pour les plus petits, sinon ils oublient tout (une évaluation toutes les 6 semaines ça ne marche pas avec tous les types d'élèves..!). Ensuite, il y a les devoirs maison qui sont parfois demandés, divers projets, une note de cahier ou une note de création.
Bref personnellement je tourne plutôt autour de 4 notes par trimestre. (en moyenne car le deuxième trimestre a toujours plus de notes donc disons 3 notes pour certains trimestres, 5 notes pour d'autres)
La "pratique" et les "capacités de perception et connaissances acquises" ne s'évaluent pas en même temps (heureusement sinon on aurait des moyennes catastrophiques...).
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La vie est courte, l'art est long, l'occasion fugitive, l'expérience trompeuse, le jugement difficile. Hippocrate
- Madame_ProfEsprit sacré
Oui Lowpow, mais par exemple pour le chant il n'y a pas de temps de correction à prévoir. Les petits contrôles écrits peuvent se corriger assez vite. A transposer en arts pla. Je voulais dire que ce n'est pas utile de trop les noter si ça nous conduit à trop de corrections. Les miens ont les mêmes moyennes avec une note de plus ou de moins, alors bon.
Et sinon, rassurez-vous, certains (moi^^) savent bien qu'il y a un sacré programme précis à suivre dans les disciplines artistiques, et pour certains élèves c'est la seule ouverture culturelle à laquelle ils ont accès, alors c'est indispensable.
Certains établissements s'organisent en semestres. 2h / semaine de musique la moitié de l'année et 2h / semaine d'arts plastiques l'autre moitié. Pour le prof, ça permet d'avoir des créneaux de 2h pour prendre le temps de les faire produire, et ça fait moins de classes par période donc c'est bien pour les corrections et bulletins. Après y a peut-être des côtes négatifs.
Et sinon, rassurez-vous, certains (moi^^) savent bien qu'il y a un sacré programme précis à suivre dans les disciplines artistiques, et pour certains élèves c'est la seule ouverture culturelle à laquelle ils ont accès, alors c'est indispensable.
Certains établissements s'organisent en semestres. 2h / semaine de musique la moitié de l'année et 2h / semaine d'arts plastiques l'autre moitié. Pour le prof, ça permet d'avoir des créneaux de 2h pour prendre le temps de les faire produire, et ça fait moins de classes par période donc c'est bien pour les corrections et bulletins. Après y a peut-être des côtes négatifs.
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2017-2025 - 10ème établissement, en poste fixe ! Et, militante (encore, malgré tout...) !
2013-2017 - TZR en expérimentation au gré des établissements, et militante !
2012-2013 - Année de stage en collège
- Lowpow29Neoprof expérimenté
Oui Madame_Prof, la plupart des collègues et des IPR se battent contre la semestrialisation car à l'instar d'une discipline "physique" on ne voit pas l'intérêt d'arrêter la musique pendant 6 mois puis recommencer. En gros quand on récupère un élève en septembre, s'il a l'année antérieure commencé par musique, ça fait depuis le mois de janvier qu'il n'a pas fait de musique donc on repart de zéro. J'ai longtemps partagé ce point du vue mais maintenant, au point où on en est, je ne sais plus trop.
Sur ce temps de correction oui c'est indéniable, après quand on applique le système des compétences c'est aussi une vraie usine à gaz puisque pour une note on va devoir aller cocher une, deux, voire trois compétences. Mais on pourrait dire ça pour toutes les matières.
C'est juste que ce ne sont de toute façon pas les mêmes métiers, pas la même fatigue. On pourrait aussi dire que les profs d'EPS ne font quasiment jamais de contrôles "écrits" et que donc pas de temps de correction mais la fatigue est je pense vraiment plus importante pour leur matière, quand je vois déjà mon état (ma voix, mes oreilles etc) à la fin d'une journée. Et on a tous beaucoup de trucs à préparer, quand tu n'as que 50 minutes par semaine il faut que ça enchaîne, il n'y a pas UN seul temps mort, pas le temps de discuter... Les profs de lettres qui ont assisté à mes cours m'ont déjà dit "mais tout est préparé d'avance à l'ordinateur pour que tu puisses tout enchaîner comme ça sans temps morts ??!" euuuh ben oui...
J'ai des collègues qui en sont encore à se demander comment peuvent exister une agreg d'EPS, de musique ou d'arts pla, c'est dire à quel point ils n'ont aucune idée de ce qu'on étudie ^^ (et le collègue qui me dit "je vois pas pourquoi tu fais cours aux SEGPA, moi je suis PE je suis polyvalent, je joue de la guitare, donc moi aussi je peux les faire chanter" , le prof de SVT qui fait des ateliers guitare parce qu'il sait en jouer et qui est scotché quand un jour il voit ce que fait un VRAI intervenant en guitare, et me dit que jusque là il pensait pas que j'avais une valeur ajoutée par rapport à lui... bref moi je ne prétends pas pouvoir être prof de toutes les matières jusque parce que je maîtrise le contenu du programme de collège ou lycée... mais je sais bien que ce n'est absolument pas ton cas non plus!!)
Sur ce temps de correction oui c'est indéniable, après quand on applique le système des compétences c'est aussi une vraie usine à gaz puisque pour une note on va devoir aller cocher une, deux, voire trois compétences. Mais on pourrait dire ça pour toutes les matières.
C'est juste que ce ne sont de toute façon pas les mêmes métiers, pas la même fatigue. On pourrait aussi dire que les profs d'EPS ne font quasiment jamais de contrôles "écrits" et que donc pas de temps de correction mais la fatigue est je pense vraiment plus importante pour leur matière, quand je vois déjà mon état (ma voix, mes oreilles etc) à la fin d'une journée. Et on a tous beaucoup de trucs à préparer, quand tu n'as que 50 minutes par semaine il faut que ça enchaîne, il n'y a pas UN seul temps mort, pas le temps de discuter... Les profs de lettres qui ont assisté à mes cours m'ont déjà dit "mais tout est préparé d'avance à l'ordinateur pour que tu puisses tout enchaîner comme ça sans temps morts ??!" euuuh ben oui...
J'ai des collègues qui en sont encore à se demander comment peuvent exister une agreg d'EPS, de musique ou d'arts pla, c'est dire à quel point ils n'ont aucune idée de ce qu'on étudie ^^ (et le collègue qui me dit "je vois pas pourquoi tu fais cours aux SEGPA, moi je suis PE je suis polyvalent, je joue de la guitare, donc moi aussi je peux les faire chanter" , le prof de SVT qui fait des ateliers guitare parce qu'il sait en jouer et qui est scotché quand un jour il voit ce que fait un VRAI intervenant en guitare, et me dit que jusque là il pensait pas que j'avais une valeur ajoutée par rapport à lui... bref moi je ne prétends pas pouvoir être prof de toutes les matières jusque parce que je maîtrise le contenu du programme de collège ou lycée... mais je sais bien que ce n'est absolument pas ton cas non plus!!)
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La vie est courte, l'art est long, l'occasion fugitive, l'expérience trompeuse, le jugement difficile. Hippocrate
- olive-in-oilSage
lucil a écrit:Oxa, vous êtes un véritable maître d'organisation dans cette usine à gaz ( et vous le faîtes bien!). Maintes fois, j'ai pensé qu'en tant que gestionnaire d'une quantité énorme d'élèves, nous développons des compétences organisationnelles qui pourraient plaire à des patrons d'entreprises. Au fond, un prof d'arts plastiques s'il est terre à terre dans son mode de fonctionnement est un vrai manager! Je me demande si je ne devrais pas penser à envoyer des CV dans de grosses boîtes....
+1 !
Et même si c'est lourd, pour ma part, je n'admets pas qu'on me traite de folle si je fais 8-10 conseils/trimestre, que je tape tous les bulletins à la main en différenciant chaque appréciation, que je refais de beaux cours tous neufs de 10 pages (pour le prof, une seule pour l'élève) chaque année, mais voilà, je suis perfectionniste à mort et si je bossais chez Renault, j'aurais sans doute sauté par la fenêtre (heureusement que ma salle de cours est au rez-de-chaussée ! )
Le pire, c'est que j'arrive à tout faire ! Mais je me demande si mes propres enfants n'en pâtissent pas tout de même un peu de voir leur maman greffée à l'ordi et courir partout H24 !
@Oxa, il me reste 10 ans pour suivre votre exemple ! Va falloir que je m'y mette !
- oxaNiveau 9
lucil a écrit:Oxa, vous êtes un véritable maître d'organisation dans cette usine à gaz ....
olive-in-oil a écrit: @Oxa, il me reste 10 ans pour suivre votre exemple ! Va falloir que je m'y mette !
Ne prenez -justement- pas exemple sur moi!
- Spoiler:
- J'ai beau "fanfaronner" et donner des conseils aujourd'hui, j'y ai laissé ma vie de famille (et fais un gros pétage de plombs)... c'est ce qui m'a appris à poser les limites.
- HimpyExpert spécialisé
Merci pour ta réponse Marcelle.
Et merci pour tes "commandements" Oxa.
Et merci pour tes "commandements" Oxa.
- olive-in-oilSage
Ça me parle ce que tu dis oxa, et ça pique aussi...
Je ne pense pas que cette overdose de travail soit spécifique aux matières artistiques qui brassent 500 élèves/semaine mais je m'interroge tout de même car je viens d'apprendre que trois collègues de mon académie sont en burn out à cause de la surcharge de travail liée aux multiples évaluations et tout le toutim.
C'est dingue d'en arriver là (dit celle qui ne sait pas s'arrêter justement).
Je ne pense pas que cette overdose de travail soit spécifique aux matières artistiques qui brassent 500 élèves/semaine mais je m'interroge tout de même car je viens d'apprendre que trois collègues de mon académie sont en burn out à cause de la surcharge de travail liée aux multiples évaluations et tout le toutim.
C'est dingue d'en arriver là (dit celle qui ne sait pas s'arrêter justement).
- MatheodHabitué du forum
Lowpow29 a écrit:J'ai des collègues qui en sont encore à se demander comment peuvent exister une agreg d'EPS, de musique ou d'arts pla, c'est dire à quel point ils n'ont aucune idée de ce qu'on étudie ^^
Autant l'agreg de musique et d'arts plastiques me parrait logique, autant l'agreg d'EPS me parait bizarre. Je suis allez voir les sujets et ... c'est très bizarre. Ce n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais. Et honnêtement ça me parait bizarre à évaluer, ou à réviser. Bon après moi je suis en mathématiques donc ce n'est pas du tout dans le même registre que les concours à dissertation.
edit : ah quand on lit de rapport du jury de l'agreg d'EPS on voit qu'en fait c'est intéressant !
- Marcelle DuchampExpert spécialisé
En ce qui me concerne, il m’aura fallu 3 faits pour que calme mes ardeurs de travail: mon frère qui est tombé gravement malade en même temps que ma grand mère, me faire cogner ds ma salle de classe et ma grossesse.
Aujourd’hui, j’ai ouvert les yeux sur notre métier: on ne gagne rien de plus à en faire des tonnes, on te fait miroiter que plus tu seras bien classé au concours et jeune, mieux sera ta carrière et tes mutations (ce qui est totalement faux!) et qu’il est impossible de faire carrière en étant prof!
Du coup, même si je suis loin de faire comme Oxa (d’ailleurs Je n’ai pas compris le point 8, tu peux détailler?) mais je m’organise totalement différemment au fur et à mesure des années.
Ma sœur jumelle est également prof d’arts p et qd je vois la masse de travail qu’elle se surajoute et l’air qu’elle brasse, je me dis que je suis aux antipodes d’elle.
Aujourd’hui, j’ai ouvert les yeux sur notre métier: on ne gagne rien de plus à en faire des tonnes, on te fait miroiter que plus tu seras bien classé au concours et jeune, mieux sera ta carrière et tes mutations (ce qui est totalement faux!) et qu’il est impossible de faire carrière en étant prof!
Du coup, même si je suis loin de faire comme Oxa (d’ailleurs Je n’ai pas compris le point 8, tu peux détailler?) mais je m’organise totalement différemment au fur et à mesure des années.
Ma sœur jumelle est également prof d’arts p et qd je vois la masse de travail qu’elle se surajoute et l’air qu’elle brasse, je me dis que je suis aux antipodes d’elle.
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Je m’excuse par avance des fautes d’accord, de grammaire, de syntaxe et de conjugaison que je peux laisser passer dans mes écrits. Je suis aphasique suite à un AVC et je réapprends à écrire depuis presque 5 ans. J'ai un grand problème avec le subjonctif et le genre des mots!
- neomathÉrudit
@Oxa :
Bravo. C'est vous qui avez raison. Vous auriez pu ajouter le point suivant :
Et en plus de m'éviter le burn out mes méthodes permettent aux élèves de progresser, autant sinon plus que si je m'épuisais à suivre les lubies changeantes de ma hiérarchie.
Bravo. C'est vous qui avez raison. Vous auriez pu ajouter le point suivant :
Et en plus de m'éviter le burn out mes méthodes permettent aux élèves de progresser, autant sinon plus que si je m'épuisais à suivre les lubies changeantes de ma hiérarchie.
- MarximusNiveau 4
Quand on se penche sur l'enseignement d'exploration de SES (1h30) en classe de seconde on peut facilement enchainer 8/10 classes à 35 quand on est bouche trou (TZR) sur plusieurs établissement et on retrouve les mêmes problèmes structurels: séances énergivores, effectifs pléthoriques, mépris des disciplines reines...
- Lowpow29Neoprof expérimenté
Matheod a écrit:Lowpow29 a écrit:J'ai des collègues qui en sont encore à se demander comment peuvent exister une agreg d'EPS, de musique ou d'arts pla, c'est dire à quel point ils n'ont aucune idée de ce qu'on étudie ^^
Autant l'agreg de musique et d'arts plastiques me parrait logique, autant l'agreg d'EPS me parait bizarre. Je suis allez voir les sujets et ... c'est très bizarre. Ce n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais. Et honnêtement ça me parait bizarre à évaluer, ou à réviser. Bon après moi je suis en mathématiques donc ce n'est pas du tout dans le même registre que les concours à dissertation.
edit : ah quand on lit de rapport du jury de l'agreg d'EPS on voit qu'en fait c'est intéressant !
En même temps si tu n'as jamais étudié les STAPS comment peux-tu te permettre de juger que c'est "très bizarre", "bizarre à évaluer ou à réviser" ..? Tu n'y connais juste rien, et je dis ça sans aucune méchanceté.
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La vie est courte, l'art est long, l'occasion fugitive, l'expérience trompeuse, le jugement difficile. Hippocrate
- CristalineNiveau 2
Bonjour,
J'ai créé un pseudonyme exprès car j'avais très envie de répondre à ce topic. Je vous lisais depuis un moment et l'envie me démangeait de répondre.
Je ne vais pas être très positive car je suis également dépassée par ma matière et par les attentes institutionnelles, et par tout un tas de trucs périphériques.
Franchement, je crois que je pourrais écrire un roman sur ce sujet tant j'ai de choses à dire. Je ne sais même pas par quoi commencer.
Déjà, j'abonde tout à fait dans votre sens à propos du fait qu'avoir environ 500 élèves (18 classes), c'est l'usine ! On voit les élèves trop peu de temps, on ne peut pas les connaître bien, on prend énormément de temps pour retenir leur visage et leur nom, on peut difficilement instaurer une relation de qualité avec eux tant l'heure de classe passe vite et qu'il faut constamment faire ce que j'appelle de la "logistique" (gérer des flux, stocker des travaux d'élèves, etc).
Ensuite, effectivement, la masse de travaux à corriger est phénoménale. En ce moment je suis complètement dépassée car j'ai commencé à lever le pied en termes de travail à la maison. Je devrais corriger plein de trucs cet après-midi (si j'étais sérieuse) mais je n'en ai pas la moindre envie. J'accuse 4 années loin de chez moi (et de mon conjoint et de ma vie sociale) et je commence donc à en avoir ras la casquette. Je trouve que ma vie de ces dernières années ressemble à un gros sacrifice qui a été fait sur l'autel de la "sécurité de l'emploi".
Je m'aperçois aussi que ma matière (arts donc), mais ça doit valoir pour tous les autres collègues des différentes matières, fait l'objet de commentaires ou de conseils avisés provenant toujours de personnes qui n'y connaissent rien. Il y a par exemple les élèves qui contestent les notes, il y a aussi les parents qui demandent des rendez-vous car ils ne comprennent pas la moyenne de Kévinou qui ne glande rien en classe, il y a les collègues qui n'imaginent absolument pas ce que c'est que de gérer 28 zozos qui font de la peinture (avec un seul lavabo dans la classe) et qui te disent ce que tu es censée faire. Il y a beaucoup de collègues qui croient que faire cours avec de la peinture ou tout type de matériaux salissant, c'est la même chose que lorsqu'ils font cours face à des élèves qui ont juste un stylo bic dans la main.
Avec seulement 3 ans d'ancienneté, je me suis rendue compte qu'on était tout le temps contesté en tant que prof d'arts pla (et toujours dans le dos, jamais de face). Tout est toujours remis en question. J'ai une collègue de 55 ans qui fait un boulot incroyable avec ses élèves (les gamins dessinent et peignent super bien, je n'en revenais pas en arrivant dans ce collège). Et pourtant, elle est remise en question car soi-disant "elle ne suit pas le programme" m'a-t-on dit fort élégamment dans le bureau du principal. Ce à quoi j'ai aussitôt dit "Mais elle fait fort bien de ne pas le suivre quand on voit le niveau excellent des élèves !"
De mon côté, je me doute que ça jacte dans mon dos : "Elle nous fait faire que de la peinture et du dessin", "Elle ne nous montre pas comment dessiner", "Elle est sévère dans sa notation", etc...
Je suis en plus fort désillusionnée par rapport à ce métier. Au début, j'avais choisi cette matière car c'était celle qui permettait le plus de latitude en termes d'enseignement. Je me disais : "Waouh on peut faire du dessin, de la peinture, de l'infographie, du collage, de la sculpture, des installations, de la photo, de l'histoire de l'art, de l'analyse filmique, etc... C'est sans fin". Je trouvais ça génial ! J'étais hyper ambitieuse ! Mais je me suis heurtée à ce qu'est un collégien (dans trois quarts des cas) : un gamin fainéant à l'imagination réduite à peau de chagrin, qui ne veut rien faire, qu'il faut constamment menacer pour qu'il se mette au travail et se taise. J'ai l'impression de devoir lutter (dans un de mes deux collèges, pas celui que je partage avec ma collègue dénigrée, mais l'autre) pour être écoutée quand je donne les consignes, de lutter quand on fait de de l'HDA, de lutter quand on fait des verbalisations. Je dois aussi lutter pour avoir un niveau sonore pas trop cacophonique pendant la pratique. Je dois constamment lutter pour tout. Je perds totalement patience et parfois je suis très sèche et aigrie.
En fait, je m'aperçois au fil du temps que l'image valorisante de prof d'arts pla qui était celle que j'avais au départ s'est transformée peu à peu en me frottant à la réalité du terrain. Au final, j'ai l'impression d'être une animatrice qui surveille des gamins paresseux et bruyants, et qui finit par faire la boniche en fin de journée (nettoyage régulier du lavabo et de la salle pour ma pomme). J'en arrive à ne faire quasiment que du dessin avec certaines classes pour pouvoir avoir un niveau sonore convenable et pour ne pas avoir un champ de bataille en guise de salle de classe... Je pourrais peut-être obtenir davantage de calme et de discipline mais ce serait au prix de ma santé, c'est-à-dire en hurlant, en menaçant constamment, en faisant le keuf. Donc, non, je préfère faire du dessin et préserver ma santé.
Le seul avantage de ce métier, c'est qu'on est relativement tranquille au niveau des parents d'élèves. Tout le monde se fout de notre matière et donc on attend peu de nous. Il y a juste quelques parents casse-pieds qui se plaignent quand on fait baisser la moyenne du petit chérubin, mais sinon on peut facilement se faire oublier.
Aujourd'hui, je suis donc partagée entre l'envie de continuer comme ça (j'ai un poste pépère et on ne me demande rien, personne ne vient m'embêter, enfin à part les collègues qui sont fan des EPItreries) mais je vais devoir supporter des collégiens azimutés pendant 35 ans (Je n'ose m'imaginer à 50 balais en train de gueuler après Mathis ou Hugo pour qu'ils essuient leur table pleine de peinture...)
ou alors changer de matière pour avoir accès au lycée. Donc, j'envisage l'agreg de lettres très sérieusement (c'était ma formation de base en fait à l'origine) puisqu'en arts pla le lycée est hors d'accès à moins d'être la fille cachée de l'IPR...
Donc, pas très positif tout ça car j'avoue en avoir marre.
J'ai créé un pseudonyme exprès car j'avais très envie de répondre à ce topic. Je vous lisais depuis un moment et l'envie me démangeait de répondre.
Je ne vais pas être très positive car je suis également dépassée par ma matière et par les attentes institutionnelles, et par tout un tas de trucs périphériques.
Franchement, je crois que je pourrais écrire un roman sur ce sujet tant j'ai de choses à dire. Je ne sais même pas par quoi commencer.
Déjà, j'abonde tout à fait dans votre sens à propos du fait qu'avoir environ 500 élèves (18 classes), c'est l'usine ! On voit les élèves trop peu de temps, on ne peut pas les connaître bien, on prend énormément de temps pour retenir leur visage et leur nom, on peut difficilement instaurer une relation de qualité avec eux tant l'heure de classe passe vite et qu'il faut constamment faire ce que j'appelle de la "logistique" (gérer des flux, stocker des travaux d'élèves, etc).
Ensuite, effectivement, la masse de travaux à corriger est phénoménale. En ce moment je suis complètement dépassée car j'ai commencé à lever le pied en termes de travail à la maison. Je devrais corriger plein de trucs cet après-midi (si j'étais sérieuse) mais je n'en ai pas la moindre envie. J'accuse 4 années loin de chez moi (et de mon conjoint et de ma vie sociale) et je commence donc à en avoir ras la casquette. Je trouve que ma vie de ces dernières années ressemble à un gros sacrifice qui a été fait sur l'autel de la "sécurité de l'emploi".
Je m'aperçois aussi que ma matière (arts donc), mais ça doit valoir pour tous les autres collègues des différentes matières, fait l'objet de commentaires ou de conseils avisés provenant toujours de personnes qui n'y connaissent rien. Il y a par exemple les élèves qui contestent les notes, il y a aussi les parents qui demandent des rendez-vous car ils ne comprennent pas la moyenne de Kévinou qui ne glande rien en classe, il y a les collègues qui n'imaginent absolument pas ce que c'est que de gérer 28 zozos qui font de la peinture (avec un seul lavabo dans la classe) et qui te disent ce que tu es censée faire. Il y a beaucoup de collègues qui croient que faire cours avec de la peinture ou tout type de matériaux salissant, c'est la même chose que lorsqu'ils font cours face à des élèves qui ont juste un stylo bic dans la main.
Avec seulement 3 ans d'ancienneté, je me suis rendue compte qu'on était tout le temps contesté en tant que prof d'arts pla (et toujours dans le dos, jamais de face). Tout est toujours remis en question. J'ai une collègue de 55 ans qui fait un boulot incroyable avec ses élèves (les gamins dessinent et peignent super bien, je n'en revenais pas en arrivant dans ce collège). Et pourtant, elle est remise en question car soi-disant "elle ne suit pas le programme" m'a-t-on dit fort élégamment dans le bureau du principal. Ce à quoi j'ai aussitôt dit "Mais elle fait fort bien de ne pas le suivre quand on voit le niveau excellent des élèves !"
De mon côté, je me doute que ça jacte dans mon dos : "Elle nous fait faire que de la peinture et du dessin", "Elle ne nous montre pas comment dessiner", "Elle est sévère dans sa notation", etc...
Je suis en plus fort désillusionnée par rapport à ce métier. Au début, j'avais choisi cette matière car c'était celle qui permettait le plus de latitude en termes d'enseignement. Je me disais : "Waouh on peut faire du dessin, de la peinture, de l'infographie, du collage, de la sculpture, des installations, de la photo, de l'histoire de l'art, de l'analyse filmique, etc... C'est sans fin". Je trouvais ça génial ! J'étais hyper ambitieuse ! Mais je me suis heurtée à ce qu'est un collégien (dans trois quarts des cas) : un gamin fainéant à l'imagination réduite à peau de chagrin, qui ne veut rien faire, qu'il faut constamment menacer pour qu'il se mette au travail et se taise. J'ai l'impression de devoir lutter (dans un de mes deux collèges, pas celui que je partage avec ma collègue dénigrée, mais l'autre) pour être écoutée quand je donne les consignes, de lutter quand on fait de de l'HDA, de lutter quand on fait des verbalisations. Je dois aussi lutter pour avoir un niveau sonore pas trop cacophonique pendant la pratique. Je dois constamment lutter pour tout. Je perds totalement patience et parfois je suis très sèche et aigrie.
En fait, je m'aperçois au fil du temps que l'image valorisante de prof d'arts pla qui était celle que j'avais au départ s'est transformée peu à peu en me frottant à la réalité du terrain. Au final, j'ai l'impression d'être une animatrice qui surveille des gamins paresseux et bruyants, et qui finit par faire la boniche en fin de journée (nettoyage régulier du lavabo et de la salle pour ma pomme). J'en arrive à ne faire quasiment que du dessin avec certaines classes pour pouvoir avoir un niveau sonore convenable et pour ne pas avoir un champ de bataille en guise de salle de classe... Je pourrais peut-être obtenir davantage de calme et de discipline mais ce serait au prix de ma santé, c'est-à-dire en hurlant, en menaçant constamment, en faisant le keuf. Donc, non, je préfère faire du dessin et préserver ma santé.
Le seul avantage de ce métier, c'est qu'on est relativement tranquille au niveau des parents d'élèves. Tout le monde se fout de notre matière et donc on attend peu de nous. Il y a juste quelques parents casse-pieds qui se plaignent quand on fait baisser la moyenne du petit chérubin, mais sinon on peut facilement se faire oublier.
Aujourd'hui, je suis donc partagée entre l'envie de continuer comme ça (j'ai un poste pépère et on ne me demande rien, personne ne vient m'embêter, enfin à part les collègues qui sont fan des EPItreries) mais je vais devoir supporter des collégiens azimutés pendant 35 ans (Je n'ose m'imaginer à 50 balais en train de gueuler après Mathis ou Hugo pour qu'ils essuient leur table pleine de peinture...)
ou alors changer de matière pour avoir accès au lycée. Donc, j'envisage l'agreg de lettres très sérieusement (c'était ma formation de base en fait à l'origine) puisqu'en arts pla le lycée est hors d'accès à moins d'être la fille cachée de l'IPR...
Donc, pas très positif tout ça car j'avoue en avoir marre.
- Marcelle DuchampExpert spécialisé
J’ai mis plusieurs jours à te répondre pour chercher la réponse adéquate. Je comprends totalement ce que tu ressens pour être moi même passée par tout ça.
J’ai vécu pendant 8 ans entre ma région natale et la banlieue parisienne. Tous les week-ends je rentrais pour conserver ma relation amoureuse entamée lors de mon année de stage, mais au bout de 4 ans de séparation, de 600km de distance, d’allers retours en tgv, j’ai perdu pieds et on a rompu.
Il faut dire que pour conserver une vie amoureuse et sociale, je travaillais en moyenne 5h chaque soir à la sortie des cours (et je faisais un service de 22h en moyenne). Mes mercredis après midi, c’etait 7 ou 8h de travail! J’etais Littéralement épuisée.
Je voulais TOUT bien faire.
Et il m’a fallu que mon frère et ma grand mère tombent gravement malades au même moment, qu’on me cogne dans ma salle de classe et que je tombe enceinte pour décider d’enfin lever le pieds.
Aujourd’hui, je me rends compte que les élèves survivront si je ne tiens pas à 100% mes objectifs, si je dévie de ce que j’avais prévu et que si je ne veux pas travailler pendant des jours, je m’en fiche!
Ma priorité est désormais ma vie, ma famille, ma santé, mon repos... et ma passion de l’Histoire de l’Art est pour moi!
J’ai vécu pendant 8 ans entre ma région natale et la banlieue parisienne. Tous les week-ends je rentrais pour conserver ma relation amoureuse entamée lors de mon année de stage, mais au bout de 4 ans de séparation, de 600km de distance, d’allers retours en tgv, j’ai perdu pieds et on a rompu.
Il faut dire que pour conserver une vie amoureuse et sociale, je travaillais en moyenne 5h chaque soir à la sortie des cours (et je faisais un service de 22h en moyenne). Mes mercredis après midi, c’etait 7 ou 8h de travail! J’etais Littéralement épuisée.
Je voulais TOUT bien faire.
Et il m’a fallu que mon frère et ma grand mère tombent gravement malades au même moment, qu’on me cogne dans ma salle de classe et que je tombe enceinte pour décider d’enfin lever le pieds.
Aujourd’hui, je me rends compte que les élèves survivront si je ne tiens pas à 100% mes objectifs, si je dévie de ce que j’avais prévu et que si je ne veux pas travailler pendant des jours, je m’en fiche!
Ma priorité est désormais ma vie, ma famille, ma santé, mon repos... et ma passion de l’Histoire de l’Art est pour moi!
_________________
Je m’excuse par avance des fautes d’accord, de grammaire, de syntaxe et de conjugaison que je peux laisser passer dans mes écrits. Je suis aphasique suite à un AVC et je réapprends à écrire depuis presque 5 ans. J'ai un grand problème avec le subjonctif et le genre des mots!
- lucilNiveau 6
Merci Cristaline pour tes sincères impressions sur le métier. Il est rare de lire un tel constat, honnête, sans crainte d'être jugé. Pour ma part, je te rejoins beaucoup. Pour moi, tu es parfaitement lucide et tu ne nies pas les aspects difficiles de notre matière. Celle-ci est globalement perçue comme une vaste récréation où on s'amuse, parce que créer n'est pas vu ,dans notre pays, comme une activité sérieuse et n'entre pas dans l'idée d'apprendre ou de grandir. Le calcul oui, la grammaire aussi mais l'art... Mon Dieu! Quelle immonde bête. Et ceux qui le pratique sont souvent vus comme des marginaux, des fantaisistes huluberlus à l'oreille coupée.... Quant à ceux qui l'enseigne, ne sont guère mieux, professeurs folkloriques sans rigueur, animateurs rigolos et supers cools parce qu'ils ne notent plus ou mettent des coeurs à la place des points, pratiquent la démagogie pour se faire accepter parce qu'un prof d'artpla n'a pas sa place s'il mime les exigences d'un professeur des matières principales. Un prof d'art est obligé d'être cool sous peine d'être le monstre immonde et inutile. La question que je me pose bien souvent est celle-ci: pourquoi, malgré les efforts de l'institution et des enseignants, cette matière reste au rang du presque inutile ? Que se passe t-il dans la culture scolaire pour que l'art soit perçu comme une chose annexe, peu nécessaire... Regardez dans les livres de Français, d'Histoire, c'est bourré d'oeuvres d'art avec des pages complètes d'analyses.... ceci, en Français et en Histoire... Et nous, on nous balance qu'il n'y a pas d'ouvrages scolaires, ceci nous permettant d'ouvrir nos recherches.... ( quelle aubaine!). Mouais mouais, on nous prend pas un peu pour des Gnans là? Rappelez-vous le Capes et ses exigences en théorie... S'il y a des enseignants compétents pour sensibiliser les élèves à l'art, c'est bien nous, non? Pourquoi, avoir plus ou moins enlevé l'Histoire des Arts au Brevet ? Et puis, j'ai encore d'autres questions qui me chatouillent l'esprit autour de la crédibilité de notre matière qui... fait mine dans les texte de faire bonne figure mais qui....dans la réalité, à bien du mal à exister vraiment dans l'esprit collectif. :sphinx2016:
_________________
:baoum:
- Marcelle DuchampExpert spécialisé
C’est donc le moment de vous placer la remarque hallucinante de mon CDE sur la possibilité que je sois tutrice l’annee Prochaine: « oui mais les stagiaires en arts plastiques... euh... ils sont pas faciles... euh... ils sont... ils font... avec l’inspecteice On s’est rendu compte que... c’est pas facile... »
J’ai fini par lui faire cracher sa valda: en gros, la moyenne d’age d’obtention du CAPES étant élevé, c’était souvent des profs plus âgés donc moins facile à faire rentrer ds le moule de l’EducNat.
Vive les clichés!
J’ai fini par lui faire cracher sa valda: en gros, la moyenne d’age d’obtention du CAPES étant élevé, c’était souvent des profs plus âgés donc moins facile à faire rentrer ds le moule de l’EducNat.
Vive les clichés!
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Je m’excuse par avance des fautes d’accord, de grammaire, de syntaxe et de conjugaison que je peux laisser passer dans mes écrits. Je suis aphasique suite à un AVC et je réapprends à écrire depuis presque 5 ans. J'ai un grand problème avec le subjonctif et le genre des mots!
- oxaNiveau 9
Cristaline a écrit:Bonjour,
J'ai créé un pseudonyme exprès car j'avais très envie de répondre à ce topic. Je vous lisais depuis un moment et l'envie me démangeait de répondre.
Bonjour "Cristaline", avec un pseudo comme cela, bienvenue au club des AED (Alcooliques et Enseignants Dépressifs)
Trêve de plaisanterie -car il faut bien en plaisanter- merci pour ton beau témoignage.
Cristaline a écrit:
Je n'ose m'imaginer à 50 balais en train de gueuler après Mathis ou Hugo pour qu'ils essuient leur table pleine de peinture...
Et moi qui ai 50 balais
Ma seule consolation est d'en avoir plus derrière que devant.
- Spoiler:
- Je vous vois venir esprits lubriques et pervers
- Spoiler:
- Vivement l'EHPAD
Carpe Diem
- user7434Niveau 1
En fait, pas de réponses probantes à ma question somme toute "médico-socio-professionnelle"?
Je reformule donc: la somme des missions que l'institution nous donne, la masse des obligations de service, la publicité dégueulasse que font les médias sur les profs en général (qui s'alourdit de silence lorsqu'il s'agit de notre discipline), les salaires pourris et les retraites en berne... Tout ça ne constitue pas selon vous un système propice à fragiliser les agents? A ben ... alors!
Je reformule donc: la somme des missions que l'institution nous donne, la masse des obligations de service, la publicité dégueulasse que font les médias sur les profs en général (qui s'alourdit de silence lorsqu'il s'agit de notre discipline), les salaires pourris et les retraites en berne... Tout ça ne constitue pas selon vous un système propice à fragiliser les agents? A ben ... alors!
- user7434Niveau 1
OUPS! Cristaline BRAVO! J'avais sauté ton post...
POUR LES PETITS CONSEILLEURS gentillets et autres adeptes des tutoriels, je comprends que nous ne soyons pas entendus collectivement. Pourquoi ne pas faire un collectif qui s'appellerait Y'EN A MARRE DU FOUTAGE DE GUEULE!? Qu'est-ce qu'on attend pour bouger?
Merci à la collègue d'anglais qui ne comprend pas grand-chose visiblement à la question posée et qui arrive avec sa pointeuse...
P-S: J'enseigne depuis 35 ans...
POUR LES PETITS CONSEILLEURS gentillets et autres adeptes des tutoriels, je comprends que nous ne soyons pas entendus collectivement. Pourquoi ne pas faire un collectif qui s'appellerait Y'EN A MARRE DU FOUTAGE DE GUEULE!? Qu'est-ce qu'on attend pour bouger?
Merci à la collègue d'anglais qui ne comprend pas grand-chose visiblement à la question posée et qui arrive avec sa pointeuse...
P-S: J'enseigne depuis 35 ans...
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- enseigner l'histoire des arts, arts plastiques sans avoir le profil habituel...
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