- User17095Érudit
Une intéressante lecture des rapports de jurys, à quelques jours des écrits :
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La contestation, souvent très virulente, des hiérarques et des « petits chefs » étant ce qu’elle est, c’est-à-dire très répandue dans le corps enseignant et constatée par tous les chercheurs qui l’auscultent, on s’attendrait à ce que ces jurys soient portés à récompenser les candidats les plus zélés envers les directives officielles du moment. Ce n’est pourtant pas ce qui ressort du rapport du jury de la session 2017, dont sont extraits les chiffres qui précèdent et dont la lecture incite à une vue beaucoup plus nuancée.
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- William FosterExpert
Je ne comprends pas pourquoi face à une contestation virulente il faudrait s'attendre à ce que l'administration récompense ceux qui pourraient la rendre plus virulente encore...
Cette attente supposée me parait très étrange.
Cette attente supposée me parait très étrange.
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Tout le monde me dit que je ne peux pas faire l'unanimité.
"Opinions are like orgasms : mine matters most and I really don't care if you have one." Sylvia Plath
Vérificateur de miroir est un métier que je me verrais bien faire, un jour.
- User17095Érudit
L'affirmation dit plutôt l'inverse, concernant la cause et la conséquence (même si il est vrai qu'elle est formulée de façon étrange) : on aurait pu imaginer que s'il y a autant de contestation, c'est parce que le recrutement privilégie les "petits chefs zélés".
Maintenant, si ce que dit l'article correspond à ce que je perçois, ça ne veut pas dire qu'il en a toujours été ainsi...
Maintenant, si ce que dit l'article correspond à ce que je perçois, ça ne veut pas dire qu'il en a toujours été ainsi...
- JEMSGrand Maître
Moi je comprends "vive la bienveillance" et les chefs "innovants". Les chefs trop durs, "à l'ancienne"... dehors.
- gauvain31Empereur
pogonophile a écrit:L'affirmation dit plutôt l'inverse, concernant la cause et la conséquence (même si il est vrai qu'elle est formulée de façon étrange) : on aurait pu imaginer que s'il y a autant de contestation, c'est parce que le recrutement privilégie les "petits chefs zélés".
Maintenant, si ce que dit l'article correspond à ce que je perçois, ça ne veut pas dire qu'il en a toujours été ainsi...
J'ai également la même perception que toi. un bon CDE doit savoir avant tout
-prendre une distance critique sur les directives officielle qu'on lui impose... mais aussi :
-insuffler un cadre strict et rassurant aux élèves . Un élève n'est ni bon ni mauvais de nature; c'est un être en construction qui doit savoir exactement quelles sont les limites à ne jamais dépasser.
-laisser les équipes pédagogiques s'organiser elle-même et savoir être à leur écoute. Ne rien imposer de l'ordre du pédagogique. Bref, faire preuve de confiance et de bienveillance à leur égard
De tels CDE existent encore et heureusement. Ce sont pour moi les meilleurs. C'est ceux qui savent rester à leur place en toute circonstance.
- phil(...)Niveau 10
La lettre insiste surtout (à mon sens) ainsi que le rapport de jury, sur le formatage de beaucoup de candidats et des différentes préparations académiques. C'est l'exposé d'un quart d'heure qui sert de base à l'entretien de trois-quarts d'heure de l'épreuve d'admission qui s'est formaté au fil des années. C'est là qu'il faut faire la différence. En étant sûr de soi, tout en sachant rester humble.
J’adhère totalement à la vision que Gauvain a d'un bon chef. A nous également de rendre des comptes.
J’adhère totalement à la vision que Gauvain a d'un bon chef. A nous également de rendre des comptes.
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Un peu comme si on se rasait. On est tout doux, on sent bon...
- V.MarchaisEmpereur
C'est très intéressant, Pogonophile, merci.
Effectivement, l'article est sans concessions. Quand je lis ceci :
je trouve ça à la fois rassurant (au sens où certaines personnes au moins ont conscience d'un problème) et déprimant : c'est qu'il existe bel et bien, ce formatage des CDE, en formation, comme il existe un formatage des enseignants. On croit former des gens plus intelligents en les enfermant dans des formules creuses qui confisquent toute possibilité de pensée (et surtout de pensée contradictoire). Quelle misère !
Par ailleurs, l'article n'aborde pas un point qui me paraît important : le changement de parcours des CDE. Quand j'ai commencé dans le métier, presque tous mes CDE étaient d'anciens professeurs. Ils connaissaient bien le métier - et mon premier CDE, une dame formidable, me l'a appris, littéralement, enfin, pour la partie non pédagogique en tout cas. Mais depuis plusieurs années, la plupart des mes CDE n'ont jamais enseigné. Cela n'a pas empêché certains d'entre eux d'être tout à fait corrects, mais dans l'ensemble, la relation n'est pas la même : ils conçoivent mal certaines difficultés spécifiques du métier et ont dès lors plus de mal, malgré leur bonne volonté, à nous accompagner, à agir dans le sens d'un bon déroulement du cours pour l'ensemble des élèves. Et dans certains cas, c'est une vraie catastrophe. Ma chef actuelle reste persuadée que nous ne travaillons que 18 heures par semaine et ne manque jamais une occasion de nous faire remarquer que ELLE, elle travaille. (Et nous, on gobe des fraises, sans doute.)
Effectivement, l'article est sans concessions. Quand je lis ceci :
Plutôt sévère, ce rapport réserve ses traits les plus rudes aux candidats auxquels il est reproché de « se satisfaire d’une récitation des éléments de la réforme de la scolarité obligatoire » et de « formules ou d’actions magiques qui porteraient automatiquement la réussite ». « Certains candidats semblent ne connaître que l’attitude autoritaire », déplore en outre le jury qui, sur l’épreuve écrite (une étude de cas appuyée sur des documents), « met en garde » ceux qui emploient le « je » tout au long de la copie ou parlent de « leurs » professeurs ou de « leur » collège, ce qui semble mal augurer de leur aptitude au travail en équipe.
je trouve ça à la fois rassurant (au sens où certaines personnes au moins ont conscience d'un problème) et déprimant : c'est qu'il existe bel et bien, ce formatage des CDE, en formation, comme il existe un formatage des enseignants. On croit former des gens plus intelligents en les enfermant dans des formules creuses qui confisquent toute possibilité de pensée (et surtout de pensée contradictoire). Quelle misère !
Par ailleurs, l'article n'aborde pas un point qui me paraît important : le changement de parcours des CDE. Quand j'ai commencé dans le métier, presque tous mes CDE étaient d'anciens professeurs. Ils connaissaient bien le métier - et mon premier CDE, une dame formidable, me l'a appris, littéralement, enfin, pour la partie non pédagogique en tout cas. Mais depuis plusieurs années, la plupart des mes CDE n'ont jamais enseigné. Cela n'a pas empêché certains d'entre eux d'être tout à fait corrects, mais dans l'ensemble, la relation n'est pas la même : ils conçoivent mal certaines difficultés spécifiques du métier et ont dès lors plus de mal, malgré leur bonne volonté, à nous accompagner, à agir dans le sens d'un bon déroulement du cours pour l'ensemble des élèves. Et dans certains cas, c'est une vraie catastrophe. Ma chef actuelle reste persuadée que nous ne travaillons que 18 heures par semaine et ne manque jamais une occasion de nous faire remarquer que ELLE, elle travaille. (Et nous, on gobe des fraises, sans doute.)
- William FosterExpert
pogonophile a écrit:L'affirmation dit plutôt l'inverse, concernant la cause et la conséquence (même si il est vrai qu'elle est formulée de façon étrange) : on aurait pu imaginer que s'il y a autant de contestation, c'est parce que le recrutement privilégie les "petits chefs zélés".
Maintenant, si ce que dit l'article correspond à ce que je perçois, ça ne veut pas dire qu'il en a toujours été ainsi...
C'est un peu ainsi que j'avais compris l'article : on a, jadis, recruté des CdE qui ont accru (pas volontairement, mais peut-être à cause d'un formatage excessif) le sentiment de défiance vis-à-vis des hiérarques et donc maintenant on fait attention à ne pas refaire la même boulette.
Du coup, être surpris que le jury essaie de corriger le tir, je trouve ça surprenant.
Penser que les choix du jury 2017 ont une influence sur l'ensemble des CdE en exercice, c'est peut-être surestimer le poids de la promo 2017... :|
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Tout le monde me dit que je ne peux pas faire l'unanimité.
"Opinions are like orgasms : mine matters most and I really don't care if you have one." Sylvia Plath
Vérificateur de miroir est un métier que je me verrais bien faire, un jour.
- V.MarchaisEmpereur
Voilà, c'est ça. Dénoncer le formatage, c'est aussi reconnaître que ce formatage existe.
C'est positif, mais ça dit aussi qu'on n'a pas fini de ramer.
C'est positif, mais ça dit aussi qu'on n'a pas fini de ramer.
- User17095Érudit
Enfin l'article parle du formatage des candidats et de leurs réponses, pas de celui des personnels en exercice... Jamais l'institution n'appellera les candidats à venir avec une conception du métier de CdE comme celle de [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], qui peut se défendre mais qui n'est pas celle attendue. Le métier évolue, en densité de travail comme en complexité, mais ce n'est pas la révolution, on reste sur le modèle hiérarchique bonapartiste.
Il ne faut pas oublier (et là je m'adresse surtout aux candidats) que l'une des qualités attendues, non négociable, est la loyauté - donc distance critique ok, mais obéissance avant tout. Et la ligne est fine et floue, qui sépare la pertinence dans le déploiement d'une consigne, de la déloyauté...
Il ne faut pas oublier (et là je m'adresse surtout aux candidats) que l'une des qualités attendues, non négociable, est la loyauté - donc distance critique ok, mais obéissance avant tout. Et la ligne est fine et floue, qui sépare la pertinence dans le déploiement d'une consigne, de la déloyauté...
- V.MarchaisEmpereur
Certes, mais ce sont bien ces candidats qui deviennent CDE, et cela montre aussi un certain état de la formation. Et cela ne date pas d'hier. On le constate aussi sur le terrain, même sans avoir accès à ces formations : on voit le résultat.
- User17095Érudit
La formation des perdirs ne formate pas grand monde parce qu'elle ne forme pas à grand chose...
De l'ESEN je garde le souvenir d'un temps perdu invraisemblable, des conférences et des ateliers bas de plafond qui s'enchaînent comme dans un tunnel, avec parfois quelques perles lumineuses, mais globalement une déception. Notamment, et contrairement aux idées reçues, pratiquement rien sur les questions de management - alors que c'est la première cause de plantage en fonction.
La formation académique varie bien sûr selon les lieux, mais depuis le temps, j'attends que quelqu'un me parle d'un ensemble cohérent et pertinent.
Ce qui formate le plus, je crois, c'est encore la pression des pairs. Et encore.
De l'ESEN je garde le souvenir d'un temps perdu invraisemblable, des conférences et des ateliers bas de plafond qui s'enchaînent comme dans un tunnel, avec parfois quelques perles lumineuses, mais globalement une déception. Notamment, et contrairement aux idées reçues, pratiquement rien sur les questions de management - alors que c'est la première cause de plantage en fonction.
La formation académique varie bien sûr selon les lieux, mais depuis le temps, j'attends que quelqu'un me parle d'un ensemble cohérent et pertinent.
Ce qui formate le plus, je crois, c'est encore la pression des pairs. Et encore.
- Ventre-Saint-GrisNiveau 10
N'est-ce pas aussi l'état déliquescent de l'EN qui attire des candidats de ce type ? Quand libéralisme et idéologie pédagogique donnent le rythme des évolutions dont la grande majorité des enseignants souffrent, quels profils dominants de candidats risque-t-on de voir débarquer ?
Quelle proportion des candidats doivent être sincèrement motivés aujourd'hui, au moins en partie, par l'idée qu'ils vont pouvoir œuvrer pour le bien commun ? Combien de candidats ignorent qu'ils risquent d'être à la fois instruments et victimes de la casse qui s'annonce pour le service public ?
Bref, rien de surprenant à ce que la profession attire aujourd'hui essentiellement des carriéristes, peu enclins à cultiver l'esprit critique.
Quelle proportion des candidats doivent être sincèrement motivés aujourd'hui, au moins en partie, par l'idée qu'ils vont pouvoir œuvrer pour le bien commun ? Combien de candidats ignorent qu'ils risquent d'être à la fois instruments et victimes de la casse qui s'annonce pour le service public ?
Bref, rien de surprenant à ce que la profession attire aujourd'hui essentiellement des carriéristes, peu enclins à cultiver l'esprit critique.
- gauvain31Empereur
pogonophile a écrit:Enfin l'article parle du formatage des candidats et de leurs réponses, pas de celui des personnels en exercice... Jamais l'institution n'appellera les candidats à venir avec une conception du métier de CdE comme celle de [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], qui peut se défendre mais qui n'est pas celle attendue. Le métier évolue, en densité de travail comme en complexité, mais ce n'est pas la révolution, on reste sur le modèle hiérarchique bonapartiste.
Il ne faut pas oublier (et là je m'adresse surtout aux candidats) que l'une des qualités attendues, non négociable, est la loyauté - donc distance critique ok, mais obéissance avant tout. Et la ligne est fine et floue, qui sépare la pertinence dans le déploiement d'une consigne, de la déloyauté...
C'est dommage, car ce sont les meilleurs CDE...(constatations faite sur 17 établissements avec autant de CDE et leurs adjoints). Après rien n'empêche de jouer une rôle hypocrite durant le concours de CDE et se comporter comme je l'ai mentionné ci-dessus.
Que faire quand c'est le MEN qui n'est pas loyal à ce que doit être l'école de la République? lorsqu'on fait par exemple des réformes non dans l'intérêt des élèves, mais dans un intérêt d'économies budgétaires ? Et en plus des réformes qui accroissent les inégalités scolaires? Bref, comment doit se comporter un CDE face à des injonctions paradoxales ?
La ligne est floue, oui on s'en serait douté : c’est pour cela que les meilleurs CDE sont ceux qui ont cette distance critique indispensable; et qui savent faire la différence entre ce que l'on enseigne durant leur formation et ce qui est applicable sur le terrain.
- ProvenceEnchanteur
Comme l'IUFM?pogonophile a écrit:
De l'ESEN je garde le souvenir d'un temps perdu invraisemblable, des conférences et des ateliers bas de plafond qui s'enchaînent comme dans un tunnel, avec parfois quelques perles lumineuses, mais globalement une déception.
Ben, et les vidéos de M. Laguigne?Notamment, et contrairement aux idées reçues, pratiquement rien sur les questions de management - alors que c'est la première cause de plantage en fonction.
- henrietteMédiateur
J'allais dire la même chose que Provence : cela ressemble comme deux gouttes d'eau à l'IUFM, ce que tu décris, pogonophile.
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"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- User17095Érudit
Il n'y a pas de raison pour que la formation des perdirs soit meilleure que celle des enseignants - après tout on est à l'EN, l'endroit où on ne sait pas former
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Sur quoi te bases-tu pour dire "la profession attire aujourd'hui essentiellement des carriéristes, peu enclins à cultiver l'esprit critique" ? Je trouve ton assertion incroyablement catégorique et méprisante.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Fondamentalement on fait la même chose que les enseignants : on applique parce qu'on n'a pas le choix, on fait ce qu'on peut, on essaie de dégager ce qui est positif et de ne pas insister sur ce qui ne l'est pas - gardant à l'esprit que tout le monde n'a pas la même idée de ce qui est positif hein.
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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Fondamentalement on fait la même chose que les enseignants : on applique parce qu'on n'a pas le choix, on fait ce qu'on peut, on essaie de dégager ce qui est positif et de ne pas insister sur ce qui ne l'est pas - gardant à l'esprit que tout le monde n'a pas la même idée de ce qui est positif hein.
- V.MarchaisEmpereur
Je suis d'accord avec mes collègues. La façon dont tu décris l'année de formation des PERDIR m'a furieusement rappelé mes années d'IUFM (et si j'en crois les stagiaires que je croise, ça ne s'est pas amélioré avec le passage aux ESPE).
Effectivement, on ne sait pas former, à l'EN. Pourquoi est-ce qu'on n'arrive pas à la dire - et surtout à changer cet état de fait ? La cooptation entre formateurs tous plus nuls les uns que les autres est une catastrophe.
Effectivement, on ne sait pas former, à l'EN. Pourquoi est-ce qu'on n'arrive pas à la dire - et surtout à changer cet état de fait ? La cooptation entre formateurs tous plus nuls les uns que les autres est une catastrophe.
- CasparProphète
Pas d'accord non plus avec Ventre Saint-Gris. Pourquoi généraliser ainsi ? J'imagine que cette fonction attire toutes sortes de candidats, dont certains ont envie d'oeuvrer pour le bien commun ou tout simplement de changer un peu après avoir passé quinze ou vingt ans dans une salle de classe. J'ai croisé des cde plus ou moins compétents mais je n'ai jamais eu l'impression qu'ils étaient si carriéristes que cela.
- Ventre-Saint-GrisNiveau 10
Caspar a écrit:Pas d'accord non plus avec Ventre Saint-Gris. Pourquoi généraliser ainsi ? J'imagine que cette fonction attire toutes sortes de candidats, dont certains ont envie d'oeuvrer pour le bien commun ou tout simplement de changer un peu après avoir passé quinze ou vingt ans dans une salle de classe. J'ai croisé des cde plus ou moins compétents mais je n'ai jamais eu l'impression qu'ils étaient si carriéristes que cela.
Je tiens à vous rassurer au moins sur un point : si je m'autorise effectivement des formules violentes quand je donne dans la généralisation, je ne présume jamais de la vilenie des individus quand je les croise. Autrement dit, je ne demande qu'à découvrir et à apprécier le prochain CDE avec qui j'aurai à travailler, comme j'en ai déjà apprécié quelques-uns.
Maintenant, sur quoi je me base, Pogonophile ? Sur ce que j'ai écrit dans le reste de mon message. Si tu consens à commenter le fond de ce message, peut-être sauras-tu me rassurer sur l'avenir de l'EN et, sincèrement, j'aimerais beaucoup être détrompé. En attendant :
1) Je constate que mes petits collégiens de REP sont de plus en plus en difficulté quand il s'agit de comprendre un texte ou d'écrire.
2) Je constate que les réformes ne font qu’aggraver le sinistre, quelles soient d'inspiration libérale (toujours moins d'heures de cours de français), ou quelles soient d'inspiration idéologico-pédagogique (toujours plus de mensonges sur le niveau des élèves à qui on fait croire que tout va bien, toujours moins d'apprentissages fondamentaux qui sont pourtant, comme leur nom l'indique, si essentiels).
J'ai donc un nombre toujours croissant d'élèves condamnés à prendre une peine de précarité à perpétuité.
3) Je constate qu'il y a comme qui dirait un malaise chez les enseignants. Et, comme va le monde, cela ne va pas s'arranger pour les fonctionnaires de l'EN.
4) Le candidat CDE sait qu'il sera lié par son devoir de loyauté et qu'il devra donc mettre en œuvre sans sourciller ce qui s'annonce.
Bien sûr que j'ai rencontré des chefs qui n'étaient pas essentiellement carriéristes, et que j'en ai estimé véritablement certains. Une généralisation n'étant que ce qu'elle est, je ne doute pas non plus que l'on trouvera aussi des gens très bien pour s’inscrire au concours. Mais je ne vois pas comment, avec ces constats, le profil majoritaire des candidats d'aujourd'hui pourrait être très différent de celui qui est effectivement observé.
Et je trouve même très amusant que les membres de ce jury feignent l'étonnement en entendant la récitation de « formules ou d’actions magiques qui porteraient automatiquement la réussite » ou en voyant que « certains candidats semblent ne connaître que l’attitude autoritaire ».
De qui se moque-t-on ? Ces candidats sont, précisément, ceux que l'institution génère. Je suppose qu'on leur envoie un petit message avant le concours, de manière à leur faire comprendre qu'on attend tout de même une certaine subtilité. Il convient de savoir se montrer habile dans la présentation des "idées", parce que les ficelles trop grosses, tout le monde les voit.
- User17095Érudit
On peut discuter tant qu'on veut sur la notion de généralisation, passer de "l'essentiel" à "majoritaire", même en le soulignant, suppose une proportion, une mesure, qui sont ici au doigt mouillé. Mais bref, parlons du fond.
Si l'on admet que l'EN est déliquescente, que les réformes vont délibérément dans le mur, que nos valeurs communes sont trahies, tu interroges la motivation de ceux qui veulent y participer en dirigeant des établissements.
Mais on peut aussi bien retourner la question : pourquoi diable vouloir devenir enseignant ? Et même, pourquoi le rester et continuer à s'accrocher ? La vie est longue après tout, quand on a un diplôme du supérieur et des compétences solides, on peut changer de route, non ?
J'ose croire qu'un bon nombre d'enseignants et de candidats le font parce qu'ils y croient. Ils continuent à penser que même s'ils n'adhèrent pas à 100% aux programmes, le principe de liberté pédagogique les autorise à espérer pouvoir continuer à être utiles.
Eh bien pour les perdirs c'est pareil. Et la marge de manœuvre s'appelle l'autonomie des établissements.
Les candidats que j'ai accompagnés (et celui que j'ai été) sont nombreux à affirmer des valeurs, un engagement, et ça se traduit par le fait d'accepter de faire des heures et des heures en étant entre le marteau et l'enclume, en n'étant pas dupes, en sachant très bien que ça va être un exercice délicat et souvent ingrat - en particulier parce qu'on est vite accusé des pires maux.
Et tout comme les enseignants qui ont parfois du mal à concilier éthique, programmes ou fonctionnements dans lesquels ils ne se reconnaissent pas, et difficultés du quotidien, nous faisons ce que nous pouvons : on reçoit des directives, on fait le minimum nécessaire et on tire le meilleur de ce à quoi on n'adhère pas, et de temps en temps dans les interstices, on arrive à prendre une décision qui porte des valeurs fortes.
Pour revenir au concours, c'est sur ce point là que les candidats qui réussissent parviennent à s'illustrer et bien se classer : affirmer des valeurs réelles, en sortant de l'incantation abstraite, et sans imaginer sottement que taper du poing sur la table va résoudre les problèmes. C'est comme ça que je comprends l'article.
Si l'on admet que l'EN est déliquescente, que les réformes vont délibérément dans le mur, que nos valeurs communes sont trahies, tu interroges la motivation de ceux qui veulent y participer en dirigeant des établissements.
Mais on peut aussi bien retourner la question : pourquoi diable vouloir devenir enseignant ? Et même, pourquoi le rester et continuer à s'accrocher ? La vie est longue après tout, quand on a un diplôme du supérieur et des compétences solides, on peut changer de route, non ?
J'ose croire qu'un bon nombre d'enseignants et de candidats le font parce qu'ils y croient. Ils continuent à penser que même s'ils n'adhèrent pas à 100% aux programmes, le principe de liberté pédagogique les autorise à espérer pouvoir continuer à être utiles.
Eh bien pour les perdirs c'est pareil. Et la marge de manœuvre s'appelle l'autonomie des établissements.
Les candidats que j'ai accompagnés (et celui que j'ai été) sont nombreux à affirmer des valeurs, un engagement, et ça se traduit par le fait d'accepter de faire des heures et des heures en étant entre le marteau et l'enclume, en n'étant pas dupes, en sachant très bien que ça va être un exercice délicat et souvent ingrat - en particulier parce qu'on est vite accusé des pires maux.
Et tout comme les enseignants qui ont parfois du mal à concilier éthique, programmes ou fonctionnements dans lesquels ils ne se reconnaissent pas, et difficultés du quotidien, nous faisons ce que nous pouvons : on reçoit des directives, on fait le minimum nécessaire et on tire le meilleur de ce à quoi on n'adhère pas, et de temps en temps dans les interstices, on arrive à prendre une décision qui porte des valeurs fortes.
Pour revenir au concours, c'est sur ce point là que les candidats qui réussissent parviennent à s'illustrer et bien se classer : affirmer des valeurs réelles, en sortant de l'incantation abstraite, et sans imaginer sottement que taper du poing sur la table va résoudre les problèmes. C'est comme ça que je comprends l'article.
- Ventre-Saint-GrisNiveau 10
Je ne passe pas une semaine, et certaines semaines, je ne passe pas une journée sans me dire que je ne veux plus être prof et qu'il faut absolument que je parvienne à construire une seconde vie professionnelle.pogonophile a écrit:Mais on peut aussi bien retourner la question : pourquoi diable vouloir devenir enseignant ? Et même, pourquoi le rester et continuer à s'accrocher ? La vie est longue après tout, quand on a un diplôme du supérieur et des compétences solides, on peut changer de route, non ?
Et pourtant, crois-le ou non : j'adore être en classe, et je m'épanouis en "transmettant".
Seulement... des enfants, un crédit, des copies, la difficulté à trouver le temps, à tenir une motivation suffisamment forte sur le long terme, les doutes quant aux ressources et capacités que l'on a à 20 ans et qui ne sont plus les mêmes quelques 20 piges plus tard...
Cela étant dit, merci pour ta très belle réponse. Sincèrement.
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