- CwmystwythNiveau 2
Salut à tous !
Je réfléchis à une future séquence sur l'autobiographie en 3ème, que je voudrais organiser autour du thème des bêtises d'enfance & d'adolescence.
Je suis donc à la recherche de textes (et d'images, de photographies...) qui permettraient d'examiner différentes "catégories" de bêtises (plus ou moins graves et traitées avec plus ou moins d'humour), comme par exemple :
- la bêtise coupable avec l'épisode du ruban volé chez JJ Rousseau
- la bêtise complice avec la coupe de cheveux cachée à la mère chez Sartre (Les Mots)
- la bêtise volontaire (de "sale gosse") à travers un extrait (pas encore choisi) de Vipère au poing d'Hervé Bazin
- la bêtise sadique dans Persepolis lorsque Marjane, petite, décide avec des amis de "donner une bonne leçon à Amine" en le frappant avec des clous
- ...
Je suis preneuse de toutes vos idées !
Je réfléchis à une future séquence sur l'autobiographie en 3ème, que je voudrais organiser autour du thème des bêtises d'enfance & d'adolescence.
Je suis donc à la recherche de textes (et d'images, de photographies...) qui permettraient d'examiner différentes "catégories" de bêtises (plus ou moins graves et traitées avec plus ou moins d'humour), comme par exemple :
- la bêtise coupable avec l'épisode du ruban volé chez JJ Rousseau
- la bêtise complice avec la coupe de cheveux cachée à la mère chez Sartre (Les Mots)
- la bêtise volontaire (de "sale gosse") à travers un extrait (pas encore choisi) de Vipère au poing d'Hervé Bazin
- la bêtise sadique dans Persepolis lorsque Marjane, petite, décide avec des amis de "donner une bonne leçon à Amine" en le frappant avec des clous
- ...
Je suis preneuse de toutes vos idées !
- DeliaEsprit éclairé
Attention ! Le ruban volé est loin d'être une bêtise : à l'époque, le vol domestique est un crime puni de mort, ce qui explique les dénégations de Jean-Jacques.
Pour une bêtise vraiment bêtise, on peut choisir l'ouverture de Black boy de Richard Wright : l'enfant met le feu à la maison en s'amusant à brûler les rideaux de dentelle de sa grand-mère.
Pour une bêtise vraiment bêtise, on peut choisir l'ouverture de Black boy de Richard Wright : l'enfant met le feu à la maison en s'amusant à brûler les rideaux de dentelle de sa grand-mère.
_________________
Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- JaneMonarque
L'épisode du bulletin truqué dans Le temps des amours (Pagnol)
L'épisode de Valentine dans La promesse de l'aube (Gary) où le narrateur mange tout un tas de trucs improbables pour séduire sa belle
En lecture de l'image Les 400 coups de Truffaut
L'épisode de Valentine dans La promesse de l'aube (Gary) où le narrateur mange tout un tas de trucs improbables pour séduire sa belle
En lecture de l'image Les 400 coups de Truffaut
_________________
"Il n'est pas une vérité qui ne porte avec elle son amertume." (A. Camus)
- cannelle21Grand Maître
Tu peux travailler sur :
- Le tableau de Norman Rockwell
- Baby foot, de Joffo
- Gide, Si le grain ne meurt
- Colette
- Le tableau de Norman Rockwell
- Baby foot, de Joffo
- texte:
- En 1945, donc, le chewing-gum c’est quelque chose d’extrêmement précieux. Personnellement, mon premier chewing-gum m’a duré deux semaines. Je le rangeais soigneusement chaque soir dans le tiroir de ma table de nuit pour le retrouver au matin, totalement insipide mais, c’est cela qui importe, toujours élastique. Cet hiver, la pénurie est si grande que je le partage avec Franck : il mâche les jours pairs, je mâche les jours impairs. Malheureusement au cours d’une récréation, alors que je joue au prisonnier, une bourrade plus violente que les autres me fait avaler la précieuse boulette. Je reste pétrifié au milieu de la cour.
« Qu’est-ce que t’as, Jo ? »
Je n’ose pas répondre. Ils sont tous autour de moi.
« Qu’est-ce que t’as, mec ? Accouche…
– Mon chouingom, dis-je, du coup, perdant mon semblant d’accent yankee.
– Ben quoi ton chouingom ?
– Je l’ai avalé. »
Je sens leurs yeux vaguement apitoyés. Franck me remonte le moral à sa manière. Un sadique !
« Ma mère dit que ça colle les boyaux et qu’on peut en mourir.
– Forcément, dit Cottard, ça colle aux parois et ça fait des fils, alors tout ce que tu bouffes, ça passe plus, ça reste au-dessus. »
Ils tournent autour de moi comme si j’étais une statue de musée.
« C’est con, commente Franck, peut-être va falloir l’ouvrir. »
Je sens déjà mes intestins se révolter.
« Non, mais ça va pas, tu crois pas qu’on va m’opérer parce que j’ai avalé ce petit truc ? »
Je quête une approbation dans leurs yeux, mais ils n’ont pas l’air d’opiner en mon sens. Je n’ose plus bouger comme si j’avais une bombe à retardement dans le ventre ! Il est vrai qu’il court de sinistres légendes sur le chewing-gum. Ce sont les mères françaises qui les ont inventées pour protéger leur progéniture de ce bonbon d’outre-Atlantique aux propriétés inconnues, donc dangereuses. Le chewing-gum développe les muscles des mâchoires jusqu’à vous donner une allure de Cro-Magnon. Le chewinggum coupe l’appétit et on devient maigre comme un fil, et enfin,
à force de mâcher, on ne pense plus qu’à ça et on en devient fou. Celui qui abuse donc de chewing-gum a une énorme mâchoire, pèse vingt-cinq kilos et se prend pour Napoléon. Et en plus, s’il vient à l’avaler, alors c’est le pire de tout. La catastrophe !
Voilà M. Maillard, le maître.
« Qu’est-ce qu’il se passe, Joseph ? »
Il a remarqué que cela fait cinq bonnes minutes que je suis immobile au milieu de la cour ; comme ce n’est pas dans mes habitudes, il vient aux nouvelles. C’est un brave homme, la retraite est proche, sa blouse est aussi grise que sa moustache.
« J’ai avalé mon chouingom. »
Il se gratte le crâne et a envie de dire quelque chose, mais il doit surprendre l’anxiété dans mes yeux, aussi sourit-il en tripotant son sifflet.
« Avec un peu de chance, tu le récupéreras demain matin. »
J’imagine le trajet suivi par le chewing-gum. Me voilà sauvé !
Mais je l’ai échappé belle…
Joseph Joffo, Baby-foot, Jean-Claude Lattès, 1979.
- Gide, Si le grain ne meurt
- Texte:
Ma cousine était très belle et le savait. Ses cheveux très noirs, qu’elle portait en bandeaux, faisaient valoir son profil de camée […] et une peau éblouissante. De l’éclat de cette peau, je me souviens très bien ; je m’en souviens d’autant mieux que, ce jour où je lui fus présenté, elle portait une robe largement échancrée.
« Va vite embrasser ta cousine », me dit ma mère lorsque j’entrai dans le salon. […] Je m’avançai. La cousine de Flaux m’attira contre elle en se baissant, ce qui découvrit son épaule. Devant l’éclat de cette chair, je ne sais quel vertige me prit : au lieu de poser ses lèvres sur la joue qu’elle me tendait, fasciné par l’épaule éblouissante, j’y allai d’un grand coup de dents. La cousine fit un cri de douleur ; puis je crachai, plein de dégoût. On m’emmena bien vite, et je crois qu’on était si stupéfait qu’on oublia de me punir.
André Gide, Si le grain ne meurt, Gallimard.
- Colette
- Texte:
Beau temps. On a mis tous les enfants à cuire ensemble sur la plage. Les uns rôtissent sur le sable sec, les autres mijotent au bain-marie dans les flaques chaudes. La jeune maman,
sous l’ombrelle de toile rayée, oublie délicieusement ses deux gosses et s’enivre, les joues chaudes, d’un roman mystérieux, habillé comme elle de toile écrue...
- Maman !...
- ...
- Maman, dis donc, maman !...
Son gros petit garçon, patient et têtu, attend, la pelle aux doigts, les joues sablées comme un gâteau...
- Maman, dis donc, maman...
Les yeux de la liseuse se lèvent enfin, hallucinés, et elle jette dans un petit aboiement excédé :
- Quoi ?
- Maman, Jeannine est noyée, répète le bon gros petit garçon têtu.
Le livre vole, le pliant tombe...
- Qu’est-ce que tu dis, petit malheureux ? ta sœur est noyée ?
- Oui. Elle était là, tout à l’heure, elle n’y est plus. Alors je pense qu’elle s’est noyée.
La jeune maman tourbillonne comme une mouette et va crier... quand elle aperçoit la « noyée » au fond d’une cuve de sable, où elle fouit comme un ratier...
- Jojo ! tu n’as pas honte d’inventer des histoires pareilles pour m’empêcher de lire ? Tu n’auras pas de chou à la crème à quatre heures !
Le bon gros écarquille des yeux candides.
- Mais c’est pas pour te taquiner, maman ! Jeannine était plus là, alors je croyais qu’elle était noyée.
- Seigneur ! il le croyait !!! et c’est tout ce que ça te faisait ?
Consternée, les mains jointes, elle contemple son gros petit garçon, par-dessus l’abîme qui sépare une grande personne civilisée d’un petit enfant sauvage...
Colette, « En baie de Somme », Les Vrilles de la vigne (1908)
_________________
Il y a des gens si bêtes que si une idée apparaissait à la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiée de solitude.
- StrikingNiveau 6
Il y en a toute une collection dans Les Malheurs de Sophie, bien que ce soit sans doute un peu trop enfantin pour des 3e.
_________________
2023 / 2024 : T6 en collège REP (poste fixe) - 6e, 5e et 4e + atelier théâtre
- DeliaEsprit éclairé
Pas enfantin pour Christophe Honoré, en tous cas !
_________________
Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- CwmystwythNiveau 2
Merci pour toutes ces idées ! J'adore le tableau de Rockwell =)
- cannelle21Grand Maître
Cwmystwyth a écrit:Merci pour toutes ces idées ! J'adore le tableau de Rockwell =)
Et il y a tellement de choses à dire. Le style de Rockwell est extrêmement narratif. En plus, tout en la fillette est tout en arrondi alors que le décor est rectiligne.
_________________
Il y a des gens si bêtes que si une idée apparaissait à la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiée de solitude.
- DeliaEsprit éclairé
L'idiote du village que je suis aimerait bien qu'on lui décode le tableau de Norman Rockwell, qu'à tout le moins on lui dise en quoi il illustre le thème de la bêtise. L'œil au beurre noir, le corsage déchiré, la culotte autour d'une cheville : c'est la victime de violences, pour ne pas dire plus. Ou alors, j'ai mal essuyé mes lunettes...
_________________
Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- BabaretteDoyen
Je ne vois pas de culotte autour de la cheville, et je vois bien l’œil au beurre noir et le corsage déchiqueté (ou au moins, débraillé). Je vois aussi un grand sourire sur son visage, qui laisse supposer qu'elle a cogné elle aussi, sans doute plus fort, et qu'elle ne le regrette pas beaucoup.
Je suis intéressée par ce que dit Christophe Honoré des Malheurs de Sophie, peux-tu nous en dire plus?
Je suis intéressée par ce que dit Christophe Honoré des Malheurs de Sophie, peux-tu nous en dire plus?
_________________
“Google peut vous donner 100 000 réponses, un bibliothécaire vous donne la bonne.” Neil Gaiman.
:lecteur:
- cannelle21Grand Maître
Delia a écrit:L'idiote du village que je suis aimerait bien qu'on lui décode le tableau de Norman Rockwell, qu'à tout le moins on lui dise en quoi il illustre le thème de la bêtise. L'œil au beurre noir, le corsage déchiré, la culotte autour d'une cheville : c'est la victime de violences, pour ne pas dire plus. Ou alors, j'ai mal essuyé mes lunettes...
Ce sont ses chaussettes que l'on voit autour de ses chevilles. Tout dans son attitude raconte une bagarre passée dont elle semble très satisfaite. Elle s'apprête à être convoquée par le principal et son sourire permet de dédramatiser la situation. Chez Rockwell il y a toujours une touche d'humour. En faire la victime de violences est un contresens.
_________________
Il y a des gens si bêtes que si une idée apparaissait à la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiée de solitude.
- DeliaEsprit éclairé
Pas de culotte autour de la cheville ? Mais c'est quoi, alors, le rectangle blanc ?
Donc, la bêtise, c'est de s'être battue ? Pas très féministe, ça !
Christophe Honoré na pas dû trouver les Malheurs de Sophie si enfantin que cela car il en a tiré un film à la fois souriant et grave, film que j'ai beaucoup aimé.
Donc, la bêtise, c'est de s'être battue ? Pas très féministe, ça !
Christophe Honoré na pas dû trouver les Malheurs de Sophie si enfantin que cela car il en a tiré un film à la fois souriant et grave, film que j'ai beaucoup aimé.
_________________
Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- BabaretteDoyen
C'est le tableau qui est abîmé, non?
Je ne sais pas si on peut féliciter un enfant de s'être battu. A priori, c'est une bêtise réprouvée par les adultes de l'image. On le reprocherait aussi à un garçon, n'est-ce pas?
Cela dit, effectivement, je ne dirais pas que ce tableau est féministe.
C'est vrai, j'avais oublié que c'était lui le réalisateur de ce film, que j'ai beaucoup aimé aussi!
Je ne sais pas si on peut féliciter un enfant de s'être battu. A priori, c'est une bêtise réprouvée par les adultes de l'image. On le reprocherait aussi à un garçon, n'est-ce pas?
Cela dit, effectivement, je ne dirais pas que ce tableau est féministe.
C'est vrai, j'avais oublié que c'était lui le réalisateur de ce film, que j'ai beaucoup aimé aussi!
_________________
“Google peut vous donner 100 000 réponses, un bibliothécaire vous donne la bonne.” Neil Gaiman.
:lecteur:
- cannelle21Grand Maître
Delia a écrit:Pas de culotte autour de la cheville ? Mais c'est quoi, alors, le rectangle blanc ?
Donc, la bêtise, c'est de s'être battue ? Pas très féministe, ça !
Christophe Honoré na pas dû trouver les Malheurs de Sophie si enfantin que cela car il en a tiré un film à la fois souriant et grave, film que j'ai beaucoup aimé.
Pour la culotte, peut-être en choisissant une meilleure reproduction :
Mais pourquoi parler de féminisme là-dedans ? C'est une bêtise de gamins. Se battre dans la cour.
_________________
Il y a des gens si bêtes que si une idée apparaissait à la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiée de solitude.
- DeliaEsprit éclairé
Je te remercie de me croire incapable de distinguer une chaussette d'une culotte ! Je vois un rectangle blanc s'étirer en travers de sa jambe. Ce pourrait être un papier gras, mais il est en lévitation devant elle. L'hypothèse de la culotte s'est alors imposée à moi.cannelle21 a écrit:Delia a écrit:L'idiote du village que je suis aimerait bien qu'on lui décode le tableau de Norman Rockwell, qu'à tout le moins on lui dise en quoi il illustre le thème de la bêtise. L'œil au beurre noir, le corsage déchiré, la culotte autour d'une cheville : c'est la victime de violences, pour ne pas dire plus. Ou alors, j'ai mal essuyé mes lunettes...
Ce sont ses chaussettes que l'on voit autour de ses chevilles. Tout dans son attitude raconte une bagarre passée dont elle semble très satisfaite. Elle s'apprête à être convoquée par le principal et son sourire permet de dédramatiser la situation. Chez Rockwell il y a toujours une touche d'humour. En faire la victime de violences est un contresens.
P.S. D'accord et merci, il n'y a donc pas de tache blanche du tout !
_________________
Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- cannelle21Grand Maître
Delia a écrit:Je te remercie de me croire incapable de distinguer une chaussette d'une culotte ! Je vois un rectangle blanc s'étirer en travers de sa jambe. Ce pourrait être un papier gras, mais il est en lévitation devant elle. L'hypothèse de la culotte s'est alors imposée à moi.cannelle21 a écrit:Delia a écrit:L'idiote du village que je suis aimerait bien qu'on lui décode le tableau de Norman Rockwell, qu'à tout le moins on lui dise en quoi il illustre le thème de la bêtise. L'œil au beurre noir, le corsage déchiré, la culotte autour d'une cheville : c'est la victime de violences, pour ne pas dire plus. Ou alors, j'ai mal essuyé mes lunettes...
Ce sont ses chaussettes que l'on voit autour de ses chevilles. Tout dans son attitude raconte une bagarre passée dont elle semble très satisfaite. Elle s'apprête à être convoquée par le principal et son sourire permet de dédramatiser la situation. Chez Rockwell il y a toujours une touche d'humour. En faire la victime de violences est un contresens.
Je t'ai répondu plus haut. Je pense que c'était dû à la mauvaise qualité de la reproduction.
_________________
Il y a des gens si bêtes que si une idée apparaissait à la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiée de solitude.
- tannatHabitué du forum
Voilà ce que l'on peut trouver sur ce tableau
7eme couverture #277 1953 05 23 The Shiner (86,5 x 76cm)
[quote]Dans leur livre "NORMAN ROCKWELL AND THE SATURDAY EVENING POST Vol 3 -The later Years-" **, les auteurs racontent l'histoire de ce fameux cocard : "Tout ce que Norman Rockwell savait d’un œil au beurre noir (« Shiner ») est qu’il n’était pas noir, mais plutôt constitué d’une palette de couleurs alliant les bleu, vert, un peu de jaune, du violet, de l’orange, du magenta, etc…Il savait aussi qu’il était la conséquence, non d’un simple traumatisme, mais plutôt des complications d’un coup reçu. Il avait appris tout cela quand il essayait de peindre de mémoire un œil au beurre noir, mais il n’arrivait pas à représenter exactement celui-ci. Aussi décida-t-il de trouver comme modèle un gamin qui présentait cela. Il chercha dans son entourage habituel, mais n’en trouva pas. Ensuite, il contacta les hôpitaux locaux, mais aucun d’eux n’avait de cocard en stock. Ayant été mis au courant de la recherche de Rockwell, un photographe de Pittsfield, Massachusetts fit paraitre une petite annonce dans le journal local pour trouver un cocard à photographier et en parla au peintre. Mais l’annonce avait été repérée par d’autres journaux et recopiée dans ceux-ci sur tout le territoire ! Et bientôt Rockwell commença à entendre parler de tous les yeux au beurre noir du pays… A tel point que le journal local « Berkshire Eagle » raconta l’histoire décrivant la quête de l’artiste pendant que le peintre offrait une somme de 5 Dollars au porteur du bon cocard ! En réponse à l’annonce, le père d’une tribu de cinq enfants écrivit que pour cinq dollars, il voulait bien donner un cocard à chacun de ses enfants et qu’ainsi Norman pourrait faire son choix! Une autre réponse, venant d’un gardien de prison indiquait qu’il y avait eu une rixe dans sa prison et qu’il avait 400 cocards à disposition. Et puis, à Worcester, dans le Massachusetts, un gamin prénommé Tommy, se prit deux cocards et son père, W.F. Forsberg l’amena directement chez Rockwell, dans le Vermont. Rockwell regard les deux cocards, décida lequel était le plus beau, et le transféra sur le portrait de Mary Whalen, et la couverture était terminée !" " Mary Whalen est la meilleure petite fille que j’ai eue comme modèle, et je suis désolé qu’elle ait du grandir" C’est en ces termes que Norman Rockwell parlait de Mary Whalen, qui fut son modèle pour "A Day in the Life of a Girl" du 1952-08-30, de "Shiner" du 1953-05-23 et de "Girl at the Mirror" du 1954-03-06 ( Retrouvez d'autres infos sur Mary Whalen page suivante) On se rend compte à quel point les photos ont pris de l’importance dans la réalisation de ses peintures, et Mary Whalen se pliait à merveille à la vision finale que Rockwell avait de son tableau. Retrouvez Mary Whalen et Norman Rockwell sur cette video. Elle figure aussi , en compagnie de son frère Peter et de Chucky Marsh, sur la page printemps du calendrier "Four Seasons" de 1954 et on la retrouve aussi sur une publicité réalisée pour Kellogg's en 1954 sous le titres de "Pigtails" (Nattes) Celui qui tient le rôle du proviseur s'appelle Don Trachte (1915-2005). C'était un illustrateur, spécialiste des cartoons. Il avait créé un personnage nommé "Henry". Il est très connu aussi pour avoir caché chez lui l'original de "Breaking Home Ties" le célèbre tableau de Rockwell qui paru en couverture du Post Daté du 1954 09 25, pour le soustraire à sa femme, avec qui il était en procédure de divorce. Il en avait fait une copie qui avait été acquise par le musée Rockwell. A sa mort, ses enfants constatant des différences entre le tableau du musée et l'illustration parue en couverture du Post, se doutèrent de quelque chose et fouillèrent chaque pouce de la maison. Ils finirent par le dégotter derrière une fausse cloison. Il fut vendu aux enchères en 2006, pour la somme de 15,4 millions de dollars aux héritiers de Don Trachte, soit la somme la plus importante déboursée à l'époque pour une oeuvre de Rockwell. Don Tachte avait acquis le tableau en 1960 pour... 900$ ! Le livre "Behind the Camera" * rend hommage au travail en amont exécuté par Rockwell et ses modèles, avant la parution en couverture du magazine. * " BEHIND THE CAMERA " par RON SCHICK (© LITTLE BROWN 2009 ) p.130/131 ** " NORMAN ROCKWELL AND THE SATURDAY EVENING POST Vol 1,2 et 3 " par D. & M. STOLTZ (© The Four S 1976 ) p. 121 Dans son N° #317 de Mars 1993, le journal "Mad" a publié en dernière de couverture une parodie de "The Shiner", intitulée "First drug Test". Cette illustration de Richard Williams veut faire prendre conscience de l'emploi de plus en plus fréquent de stéroïdes par les athlètes des universités américaines. Richard Williams a parodié d'autres illustrations de Rockwell, retrouvez-les ici ! En 1994, dans le film "Forrest Gump", Robert Zemeckis inclut une scène qui est la copie de "Shiner" où l'on voit Forrest - assis sur un banc similaire à celui de la couverture du Post - attendant que sa mère ait fini sa réunion avec le proviseur du collège.]ici[/url]
Dans leur livre "NORMAN ROCKWELL AND THE SATURDAY EVENING POST Vol 3 -The later Years-" **, les auteurs racontent l'histoire de ce fameux cocard :
"Tout ce que Norman Rockwell savait d’un œil au beurre noir (« Shiner ») est qu’il n’était pas noir, mais plutôt constitué d’une palette de couleurs alliant les bleu, vert, un peu de jaune, du violet, de l’orange, du magenta, etc…Il savait aussi qu’il était la conséquence, non d’un simple traumatisme, mais plutôt des complications d’un coup reçu. Il avait appris tout cela quand il essayait de peindre de mémoire un œil au beurre noir, mais il n’arrivait pas à représenter exactement celui-ci. Aussi décida-t-il de trouver comme modèle un gamin qui présentait cela.
Il chercha dans son entourage habituel, mais n’en trouva pas. Ensuite, il contacta les hôpitaux locaux, mais aucun d’eux n’avait de cocard en stock.
Ayant été mis au courant de la recherche de Rockwell, un photographe de Pittsfield, Massachusetts fit paraitre une petite annonce dans le journal local pour trouver un cocard à photographier et en parla au peintre. Mais l’annonce avait été repérée par d’autres journaux et recopiée dans ceux-ci sur tout le territoire ! Et bientôt Rockwell commença à entendre parler de tous les yeux au beurre noir du pays… A tel point que le journal local « Berkshire Eagle » raconta l’histoire décrivant la quête de l’artiste pendant que le peintre offrait une somme de 5 Dollars au porteur du bon cocard !
En réponse à l’annonce, le père d’une tribu de cinq enfants écrivit que pour cinq dollars, il voulait bien donner un cocard à chacun de ses enfants et qu’ainsi Norman pourrait faire son choix! Une autre réponse, venant d’un gardien de prison indiquait qu’il y avait eu une rixe dans sa prison et qu’il avait 400 cocards à disposition.
Et puis, à Worcester, dans le Massachusetts, un gamin prénommé Tommy, se prit deux cocards et son père, W.F. Forsberg l’amena directement chez Rockwell, dans le Vermont. Rockwell regard les deux cocards, décida lequel était le plus beau, et le transféra sur le portrait de Mary Whalen, et la couverture était terminée !"
" Mary Whalen est la meilleure petite fille que j’ai eue comme modèle, et je suis désolé qu’elle ait du grandir"
C’est en ces termes que Norman Rockwell parlait de Mary Whalen, qui fut son modèle pour "A Day in the Life of a Girl" du 1952-08-30, de "Shiner" du 1953-05-23 et de "Girl at the Mirror" du 1954-03-06 ( Retrouvez d'autres infos sur Mary Whalen page suivante) On se rend compte à quel point les photos ont pris de l’importance dans la réalisation de ses peintures, et Mary Whalen se pliait à merveille à la vision finale que Rockwell avait de son tableau. Retrouvez Mary Whalen et Norman Rockwell sur cette video.
Elle figure aussi , en compagnie de son frère Peter et de Chucky Marsh, sur la page printemps du calendrier "Four Seasons" de 1954 et on la retrouve aussi sur une publicité réalisée pour Kellogg's en 1954 sous le titres de "Pigtails" (Nattes)
Celui qui tient le rôle du proviseur s'appelle Don Trachte (1915-2005). C'était un illustrateur, spécialiste des cartoons. Il avait créé un personnage nommé "Henry".
Il est très connu aussi pour avoir caché chez lui l'original de "Breaking Home Ties" le célèbre tableau de Rockwell qui paru en couverture du Post Daté du 1954 09 25, pour le soustraire à sa femme, avec qui il était en procédure de divorce. Il en avait fait une copie qui avait été acquise par le musée Rockwell. A sa mort, ses enfants constatant des différences entre le tableau du musée et l'illustration parue en couverture du Post, se doutèrent de quelque chose et fouillèrent chaque pouce de la maison. Ils finirent par le dégotter derrière une fausse cloison. Il fut vendu aux enchères en 2006, pour la somme de 15,4 millions de dollars aux héritiers de Don Trachte, soit la somme la plus importante déboursée à l'époque pour une oeuvre de Rockwell. Don Tachte avait acquis le tableau en 1960 pour... 900$ !
Le livre "Behind the Camera" * rend hommage au travail en amont exécuté par Rockwell et ses modèles, avant la parution en couverture du magazine.
* " BEHIND THE CAMERA " par RON SCHICK (© LITTLE BROWN 2009 ) p.130/131
** " NORMAN ROCKWELL AND THE SATURDAY EVENING POST Vol 1,2 et 3 "
par D. & M. STOLTZ (© The Four S 1976 ) p. 121
Dans son N° #317 de Mars 1993, le journal "Mad" a publié en dernière de couverture une parodie de "The Shiner", intitulée "First drug Test". Cette illustration de Richard Williams veut faire prendre conscience de l'emploi de plus en plus fréquent de stéroïdes par les athlètes des universités américaines. Richard Williams a parodié d'autres illustrations de Rockwell, retrouvez-les ici !
En 1994, dans le film "Forrest Gump", Robert Zemeckis inclut une scène qui est la copie de "Shiner" où l'on voit Forrest - assis sur un banc similaire à celui de la couverture du Post - attendant que sa mère ait fini sa réunion avec le proviseur du collège.
_________________
« Nous naissons tous fous. Quelques-uns le demeurent. » Samuel Beckett
« C'est un malheur que les hommes ne puissent d'ordinaire posséder aucun talent sans avoir quelque envie d'abaisser les autres.» Vauvenargues
- DeliaEsprit éclairé
Babarette a écrit:C'est le tableau qui est abîmé, non?
Je ne sais pas si on peut féliciter un enfant de s'être battu. A priori, c'est une bêtise réprouvée par les adultes de l'image. On le reprocherait aussi à un garçon, n'est-ce pas?
Cela dit, effectivement, je ne dirais pas que ce tableau est féministe.
Oui, mais ce n'est pas un garçon qui figure sur le dessin qui date de 1954, un temps où l'on serinait aux fillettes de bien se conduire, de ne pas siffler, de ne pas se battre. La bêtise, c'est d'avoir contrevenu au code de bonne conduite. Dans une bagarre, il y a toujours deux adversaires, au moins. Pourquoi seule la fillette va-t-elle être sanctionnée ?
_________________
Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- BabaretteDoyen
Delia a écrit:Babarette a écrit:C'est le tableau qui est abîmé, non?
Je ne sais pas si on peut féliciter un enfant de s'être battu. A priori, c'est une bêtise réprouvée par les adultes de l'image. On le reprocherait aussi à un garçon, n'est-ce pas?
Cela dit, effectivement, je ne dirais pas que ce tableau est féministe.
Oui, mais ce n'est pas un garçon qui figure sur le dessin qui date de 1954, un temps où l'on serinait aux fillettes de bien se conduire, de ne pas siffler, de ne pas se battre. La bêtise, c'est d'avoir contrevenu au code de bonne conduite. Dans une bagarre, il y a toujours deux adversaires, au moins. Pourquoi seule la fillette va-t-elle être sanctionnée ?
Oui, c'est vrai.
On voit aussi que le proviseur a l'air bien plus étonné que fâché.
- DeliaEsprit éclairé
Une autre bêtise me revient : lycée de Quimper, années 20, le boursier Jakez Hélias joue au foot dans la cour... en sabots ! Un sabot fracasse la fenêtre du Proviseur. C'est dans le Cheval d'Orgueil.
_________________
Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum