- Luigi_BGrand Maître
Synthèse ici : https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2017-10/20171004-synthese-gerer-enseignants-autrement.pdf
- Spoiler:
- Gérer les enseignants autrement : une réforme qui reste à faire
L’objectif de réussite de tous les élèves exige un effort significatif de transformation de notre système scolaire. Dans son rapport de mai 2013, la Cour montrait qu’une gestion renouvelée des enseignants, acteurs clé du fonctionnement du système éducatif, était un levier reconnu et important pour améliorer sa performance.
Or l’État n’a pas mis à profit l’effort budgétaire important et croissant consacré ces dernières années à l’éducation nationale pour procéder à des réformes de structure. Les mesures sur les effectifs prises en 2012 et celles sur les rémunérations de 2016 n’ont pas été assorties de contreparties dans les conditions d’exercice du métier d’enseignant, dans l’organisation ou dans le temps de travail.
Le métier d’enseignant : adapter le cadre d’exercice
L’amélioration des performances du système éducatif implique une évolution du cadre du métier d’enseignant. Or les adaptations intervenues ces dernières années demeurent insuffisantes pour diminuer ses rigidités et répondre aux exigences pédagogiques que l’institution scolaire se donne. Comme le montrent les comparaisons internationales, la qualité de la formation des enseignants, l’organisation de leur travail dans les établissements scolaires, la pertinence de leur évaluation, leur capacité à assurer une continuité entre l’école et le collège, ainsi que leurs pratiques collectives sous l’impulsion des directeurs d’école et des chefs d’établissement jouent un rôle majeur.
Si le rétablissement de la formation initiale des enseignants est à saluer, les efforts de professionnalisation doivent être poursuivis. La redéfinition des obligations réglementaires de service dans le second degré a peu d’effets tangibles du fait du maintien de leur cadre hebdomadaire, sans annualisation, et d’une définition incomplète des missions (le remplacement, par exemple). L’évaluation, largement déterminée par l’ancienneté, n’intègre aucun paramètre tenant aux résultats des élèves. La segmentation rigide entre professeurs des écoles et enseignants du second degré limite la portée effective de la notion de « socle commun ». Le positionnement incertain des directeurs d’école et des chefs d’établissement envers les enseignants limite leur faculté à adapter l’organisation de l’enseignement aux besoins des élèves, alors qu’ils sont les mieux placés pour le faire.
L’affectation des enseignants : mieux répondre aux besoins des élèves
L’amélioration de la performance et de l’équité du système scolaire exige une meilleure prise en compte des contextes locaux et des profils des élèves. Or l’affectation des enseignants repose sur un barème d’application automatique qui ne tient pas compte des besoins qualitatifs de l’éducation nationale et n’intègre que très peu les compétences spécifiques de chaque enseignant. Ainsi, l’adéquation entre leur profil et leur poste est loin d’être garantie, les « postes à profil » sont trop peu utilisés et les chefs d’établissement insuffisamment associés à leur mise en place. L’affectation massive d’enseignants en début de carrière et de remplaçants contractuels aux postes les plus exigeants demeure un obstacle majeur. La faible attractivité de certains postes est prise en compte mais de façon encore trop faible pour être efficace : des mesures nouvelles et déliées des cadres de gestion classique devraient être mises en œuvre.
La difficulté chronique pour couvrir les remplacements de courte durée est révélatrice d’un cadre de gestion trop rigide pour s’adapter à la réalité quotidienne des besoins du système éducatif, faute de gestion de proximité, d’autonomie donnée aux chefs d’établissement et de possibilité de moduler le service des enseignants.
Emploi, rémunération, temps de travail : construire une stratégie d’ensemble
La création de 60 000 postes s’est heurtée à des difficultés de recrutement accrues dans certaines académies et pour certaines disciplines. Surtout, aucune contrepartie en termes d’assouplissement du cadre de gestion des enseignants n’a été recherchée. De manière générale, aucune stratégie globale ne préside à la gestion des effectifs, des rémunérations et du service des enseignants. Ces différents leviers font l’objet de mesures déconnectées les unes des autres, ce qui conduit à une situation doublement désavantageuse : le coût du système éducatif s’accroît sans amélioration de sa performance, d’une part, et les marges de manœuvre budgétaires réduites ne permettent pas d’accompagner les réformes indispensables, d’autre part.
Dès lors, trois exigences s’imposent : adopter une démarche globale et pluriannuelle en rupture avec la seule logique quantitative ; accentuer la différenciation dans l’allocation des moyens pour concentrer les efforts sur les principales difficultés du système scolaire ; adopter une logique de contreparties pour mettre en œuvre les réformes structurelles nécessaires. Ces exigences s’imposent d’autant plus que la masse salariale de l’éducation nationale va continuer de croître significativement sous l’effet des décisions déjà prises. Il est donc urgent et possible d’en négocier des contreparties.
Recommandations
La Cour formule 13 recommandations touchant au métier d’enseignant, à leur affectation et à leurs conditions de travail, visant notamment à :- intégrer le remplacement et la formation continue dans les obligations de service des enseignants ;
- annualiser les obligations de service des enseignants ;
- développer la polyvalence, notamment en l’intégrant dès la formation initiale ;
- renforcer les responsabilités des directeurs d’école et chefs d’établissement ;
- développer la prise en compte par les chefs d’établissement des besoins des élèves dans l’affectation des enseignants ;
- accroître l’attractivité de certains postes par des mesures indemnitaires et de carrière ;
- lier les mesures indemnitaires et de carrière à des économies dues à une meilleure gestion des effectifs et à une rationalisation de l’offre de formation.
- intégrer le remplacement et la formation continue dans les obligations de service des enseignants ;
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- Luigi_BGrand Maître
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- Luigi_BGrand Maître
La revalorisation salariale significative des enseignants entre 2012 et 2017 a rapproché leur rémunération de la moyenne de l’OCDE
— Cour des comptes (@Courdescomptes) 4 octobre 2017
Bon, en fait, quand on étudie les derniers chiffres (2017) de l'OCDE, on s'aperçoit par exemple d'une BAISSE du salaire statutaire dans le premier cycle du secondaire entre 2010 et 2015.
Le salaire en début de carrière a rattrapé la moyenne européenne mais à 15 ans de carrière il est inférieur à la MOYENNE… de 14% en France !
— Loys Bonod (@loysbonod) 4 octobre 2017
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- HalybelÉrudit
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Je soigne ma dyslexie pardon si elle ressort trop parfois.
Le téléphone ne m’aide pas.
- IphigénieProphète
- Luigi_BGrand Maître
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- IphigénieProphète
Mais ça les experts de la Cour des Comptes ne savent pas le voir.Luigi_B a écrit:Non Halybel, rattrapage avec les mesures Chatel pour remonter le salaire des premiers échelons. Un rattrapage en trompe-l’œil évidemment, d'où la baisse constatée sur l'ensemble...
De quoi se poser des questions sur leur honnêteté ou sur leur compétence, au choix.
- CelebornEsprit sacré
Cour des comptes : gérer mes enseignants moins bien
Le SNALC-FGAF a pris connaissance du rapport de la Cour des comptes « Gérer les enseignants autrement - Une réforme qui reste à faire ».
Le SNALC se félicite que la Cour des comptes reconnaisse le « manque d’attractivité persistant du métier d’enseignant ».
Le SNALC s'étonne donc que les préconisations de la Cour des comptes visent à le rendre encore moins attractif.
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"On va bien lentement dans ton pays ! Ici, vois-tu, on est obligé de courir tant qu'on peut pour rester au même endroit. Si on veut aller ailleurs, il faut courir au moins deux fois plus vite que ça !" (Lewis Carroll)
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- IphigénieProphète
- ZagaraGuide spirituel
Iphigénie (dans le topic doublon) a écrit:A la suite du dernier rapport, j'ai une question qui me taraude:
qui sont ces gens qui vont toujours dans le sens des réformes envisagées (rêvées) par le pouvoir?
La cour des comptes est instituée par la Constitution et a vu ses pouvoirs renforcés par la réforme constitutionnelle de 2008 (dans le sillage de la LOLF de 2001).
Elle contrôle la régularité des comptes publics et aide le CC à déterminer la "sincérité" des prévisions budgétaires. Elle juge aussi du "bon emploi" de l'argent public (si les administrations respectent l'usage du budget qui leur est alloué) et a un pouvoir de contrôle et d'inspection dans les entreprises publiques et les administrations. Elle peut saisir la justice si elle note des irrégularités. C'est donc, à l'origine, un organe d'inspection et de contrôle des finances publiques.
Elle est composée de fonctionnaires.
Ce qui l'a faite déraper vers le politique, à mon sens, c'est la réforme de 2008. Depuis, elle peut faire des rapports sur l' "efficacité des politiques publiques", ce qui la conduit régulièrement à, de facto, faire de la politique. Cela lui a rajouté un pouvoir qualitatif (juger de la qualité et de la direction du politique, et même émettre des conseils d'ordre politique qui se cachent derrière un torrent de cautions techniques), alors qu'elle n'avait jusqu'ici qu'un pouvoir quantitatif (vérifier les comptes publics).
Elle aurait dû rester un organe de contrôle et purement comptable, comme elle l'était avant.
Typiquement, ses "recommandations" sont une profession de foi et un programme politiques alors que la Cour est un serviteur de l’État qui ne devrait avoir vocation qu'à suivre les ordres du politique. C'est anormal.
- DaphnéDemi-dieu
Celeborn a écrit:En avant-première, notre communiqué qui arrive incessamment sous peu :
Cour des comptes : gérer mes enseignants moins bien
Le SNALC-FGAF a pris connaissance du rapport de la Cour des comptes « Gérer les enseignants autrement - Une réforme qui reste à faire ».
Le SNALC se félicite que la Cour des comptes reconnaisse le « manque d’attractivité persistant du métier d’enseignant ».
Le SNALC s'étonne donc que les préconisations de la Cour des comptes visent à le rendre encore moins attractif.
Bien dit ! :serge:
- pseudo-intelloSage
Outre le fait que le verbe-géré est employé vraiment tout le temps et partout ad nauseam depuis quelques années, j'ai bien l'impression qu'il est également de plus en plus mal emlpoyé.
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- CeladonDemi-dieu
- ZagaraGuide spirituel
Ben nous sommes des ressources aux yeux des gestionnaires. On gère une ressource humaine comme on gère un stock de pâtes ou de papier.pseudo-intello a écrit:Je me pose toujours une (vraie) question, quand j'entends tout le monde dire "gérer les enfants" depuis, mettons, 6 ou 7 ans, maintenant : n'est-ce pas impropre ? Gérer une situation, un problème, une classe (prise comme une entité générale), oui, mais gérer un enfant, un élève, un être vivant... ? Gérer un enseignant, ça me heurte aussi, de ce fait, et ma paraît incorrect.
Outre le fait que le verbe-géré est employé vraiment tout le temps et partout ad nauseam depuis quelques années, j'ai bien l'impression qu'il est également de plus en plus mal emlpoyé.
- BussyNiveau 10
Celeborn a écrit:En avant-première, notre communiqué qui arrive incessamment sous peu :
Cour des comptes : gérer mes enseignants moins bien
Le SNALC-FGAF a pris connaissance du rapport de la Cour des comptes « Gérer les enseignants autrement - Une réforme qui reste à faire ».
Le SNALC se félicite que la Cour des comptes reconnaisse le « manque d’attractivité persistant du métier d’enseignant ».
Le SNALC s'étonne donc que les préconisations de la Cour des comptes visent à le rendre encore moins attractif.
J'adore !
- DesolationRowEmpereur
pseudo-intello a écrit:Je me pose toujours une (vraie) question, quand j'entends tout le monde dire "gérer les enfants" depuis, mettons, 6 ou 7 ans, maintenant : n'est-ce pas impropre ? Gérer une situation, un problème, une classe (prise comme une entité générale), oui, mais gérer un enfant, un élève, un être vivant... ? Gérer un enseignant, ça me heurte aussi, de ce fait, et ma paraît incorrect.
Outre le fait que le verbe-géré est employé vraiment tout le temps et partout ad nauseam depuis quelques années, j'ai bien l'impression qu'il est également de plus en plus mal emlpoyé.
J'ai même entendu "gérer un virage", l'autre jour.
- Fires of PompeiiGuide spirituel
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Je ne dirai qu'une chose : stulo plyme.
- évolutionsNiveau 6
- gauvain31Empereur
Car pour moi "gérer un être humain" serait le manipuler comme on manipule une liasse de billet; on le déshumanise pour en faire un "coût" pour la société
- EsméraldaGrand sage
J'espère que tous les syndicats vont monter aux créneaux et toute la profession qu'on assassine avec ! NON NON NON !!!! Non à l'esclavage moderne que cela laisse entrevoir. Merci le SNALC de votre réaction.
- YazilikayaNeoprof expérimenté
Luigi_B a écrit:La Cour des comptes a bien enquêté : il semblerait en effet que nous soyons bien mieux payés !La revalorisation salariale significative des enseignants entre 2012 et 2017 a rapproché leur rémunération de la moyenne de l’OCDE
— Cour des comptes (@Courdescomptes) 4 octobre 2017
Bon, en fait, quand on étudie les derniers chiffres (2017) de l'OCDE, on s'aperçoit par exemple d'une BAISSE du salaire statutaire dans le premier cycle du secondaire entre 2010 et 2015.Le salaire en début de carrière a rattrapé la moyenne européenne mais à 15 ans de carrière il est inférieur à la MOYENNE… de 14% en France !
— Loys Bonod (@loysbonod) 4 octobre 2017
Je me demande si la cour des comptes lit les rapports de l'OCDE. Dans le 1er degré, le salaire après 15 ans d'exercice est inférieur de 18 % à la moyenne de l'OCDE. Suffit juste de lire les petits tableaux.
- YazilikayaNeoprof expérimenté
Celeborn a écrit:En avant-première, notre communiqué qui arrive incessamment sous peu :
Cour des comptes : gérer mes enseignants moins bien
Le SNALC-FGAF a pris connaissance du rapport de la Cour des comptes « Gérer les enseignants autrement - Une réforme qui reste à faire ».
Le SNALC se félicite que la Cour des comptes reconnaisse le « manque d’attractivité persistant du métier d’enseignant ».
Le SNALC s'étonne donc que les préconisations de la Cour des comptes visent à le rendre encore moins attractif.
Ahhhhhhhhhhhh! Très bien.
- gauvain31Empereur
évolutions a écrit:A cette heure ci, je digère.
et moi j'ingère
- JacqGuide spirituel
Luigi_B a écrit:La Cour des comptes a bien enquêté : il semblerait en effet que nous soyons bien mieux payés !La revalorisation salariale significative des enseignants entre 2012 et 2017 a rapproché leur rémunération de la moyenne de l’OCDE
— Cour des comptes (@Courdescomptes) 4 octobre 2017
[...]
Mort de rire. Je n'ai rien constaté, mon banquier non plus. Par contre la dévalorisation de nos conditions de travail, là oui !
- JacqGuide spirituel
Yazilikaya a écrit:Celeborn a écrit:En avant-première, notre communiqué qui arrive incessamment sous peu :
Cour des comptes : gérer mes enseignants moins bien
Le SNALC-FGAF a pris connaissance du rapport de la Cour des comptes « Gérer les enseignants autrement - Une réforme qui reste à faire ».
Le SNALC se félicite que la Cour des comptes reconnaisse le « manque d’attractivité persistant du métier d’enseignant ».
Le SNALC s'étonne donc que les préconisations de la Cour des comptes visent à le rendre encore moins attractif.
Ahhhhhhhhhhhh! Très bien.
Très bon !
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