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Lefteris
Esprit sacré

Le "néo-management", ou le mal indéfini - Page 5 Empty Re: Le "néo-management", ou le mal indéfini

par Lefteris Mer 27 Sep 2017 - 23:43
Les choses sont ainsi faites que vu l'ambiance, la compétition, toute intrusion sera considérée comme de l'espionnage, même si ce n'est pas le cas. Des collègues bavant sur les autres, hantant les bureaux de l'administration, ça existe aussi.  Sans compter ceux imbus de leur personne qui critiqueront tout ce qui n'est pas fait à leur manière. Moi aussi, j'avoue qu'il   m'arrive de considérer des collègues comme défaillants pour une raison X ou Y : ils ne font pas de textes patrimoniaux, ils laissent sortir es élèves pendant leur  cours,  mâcher, et on passe pur un bourreau derrière eux, ce sont les rois du projet donc du camouflage... A la différence que ma devise est  : "Un boeuf sur la langue", et que  je me le garde pour moi. Mais on ne peut pas attendre ça de tout le monde, hélas. Donc, pur la paix de tous, il vaut mieux que chacun enseigne avec ses propres méthodes, les inconvénients seront moindres que si l'on lance la concurrence de tous contre tous.
Rendash
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par Rendash Mer 27 Sep 2017 - 23:45
pogonophile a écrit:
Rendash a écrit:
pogonophile a écrit:
gauvain31 a écrit:
J'aimerais être contredit.

Je pourrais raconter comme je soutiens les enseignants de mon collège au quotidien, comment je les défends bec et ongles face à des parents d'élèves hyper intrusifs et agressifs, comment j'arrache des financements pour leurs projets même quand ils me semblent absurdes parce que s'ils y croient, ça a une chance de marcher, comment j'ai invité à deux reprises une DASEN pour qu'ils leur présentent des actions afin de redorer leur image altérée ces dernières années pour de mauvaises raisons. Mais comme, à chaque fois que j'explique une de ces choses positives, ça rencontre un "si ce que tu dis est vrai"...

C'est parce que pour beaucoup d'entre nous, ça paraît trop beau pour être vrai. Revoilà la défiance :|

Je renouvelle l'invitation émise à d'autres : ben viens passer une journée ou deux, un jour de conseil péda par exemple.


Je ne peux pas, j'ai du boulot, et tu es à Pétaouchnok. Et je répète que j'ai confiance en mon équipe de direction actuelle, donc je peux concevoir qu'il y ait des CDE avec qui l'on puisse travailler sereinement. Mais ça n'est pas automatique, d'une part ; et d'autre part, je ne connais aucun CDE qui annoncera à son de trompe qu'il est une parfaite enflure qui ne cherche qu'à dégommer les enseignants et les élèves Razz La défiance dont je parle, et qui te chiffonne, est générale, et a priori.
Mais tu n'as pas besoin de nous convaincre, nous ; ce sont les enseignants avec lesquels tu travailles qui doivent être convaincus et te faire confiance, et lycée d'Versailles.

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"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
gauvain31
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par gauvain31 Mer 27 Sep 2017 - 23:47
Oui, et le métier est déjà assez fatiguant comme ça Lefteris ..... on n'a pas besoin de rajouter des soucis là où il n'y en a pas. Il y a dans l'EN une admiration béate pour tout ce qui vient du privé ou de l'entreprise. C'est franchement lassant à la longue
Kimberlite
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par Kimberlite Mer 27 Sep 2017 - 23:49
pogonophile a écrit:En revanche, je trouve intéressant qu'on évalue aussi le travail hors de la classe : les enseignants ne sont pas rémunérés uniquement sur leurs 18 heures, mais sur un ensemble de missions. Il était temps de le souligner.
La façon dont c'est "souligné" est tellement peu claire que ça ouvre la porte au n'importe quoi...
OK on peut participer à aider les élèves dans leur orientation, on peut leur apporter une ouverture culturelle (clubs, voyages, etc...), on peut faire aussi du "social" (signaler les élèves en mal-être, etc...), et encore tout un tas de choses.
Mais faut-il vraiment que TOUS les enseignants assurent TOUTES ces "missions" (personnellement je n'ai point signé pour être missionnaire... et je trouve quand même plus productif un partage du travail en fonction des envies et compétences).
Certains de mes collègues s'impliquent dans certaines missions, d'autres dans d'autres... perso je me sens plus à l'aise sur la partie "aide à l'orientation", mais par contre j'ai plus de mal à suivre individuellement mes élèves car j'en ai beaucoup...
Là, on se retrouve tous poussés à s'investir partout, ou du moins là où le CDE considère que c'est important (souvent en rapport avec ses propres centres d'intérêts et la façon dont certaines choses pourront valoriser sa propre personne... et c'est comme ça qu'un projet scientifique pourtant bien ficelé et formateur se retrouve rembarré avec grand mépris tandis qu'un projet bien vague et peu formateur mais qui fera joli en vitrine passe avant...), et on se demande bien ce qu'il en ressortira dans cette fameuse évaluation...
Franchement, j'admire certains de mes collègues qui ne s'investissent pas dans d'autres missions qu'enseigner mais qui leur apportent un enseignement de qualité dans un cadre bien posé, avec une rigueur et une autorité que j'aimerais bien posséder. Faudrait-il leur jeter la pierre parce que les voyages, c'est pas leur truc, parce que les réunions pour ne rien dire, ce n'est pas leur truc?

Par contre, sur l'idée selon laquelle tous les professeurs sont assez consciencieux pour "faire le job", ce qui implique de bosser régulièrement, de se former, de se tenir au fait de sa discipline, de se remettre en question... tu trouveras des contre-exemples dans tous les établissements. Si minoritaires soient-ils, ils sont là, on en connaît tous. Les enseignants sont des travailleurs comme les autres, ils ont leur lot de fumistes, il n'y a pas de vertu intrinsèque au métier qui préserverait du je-m'en-foutisme.
J'ai l'impression d'entendre le discours de Mme Michu contre les assistés, juste transposé aux enseignants: voyez donc ces quelques personnes qui ne font pas ce qu'il faut! Voici la preuve qu'il faut mettre tout le monde au pas, les surveiller, leur mettre la pression! Au boulot, bande de feignasses!
(En passant, j'ai entendu cet après-midi un député "en marche" dire que les dernières mesures sont favorables aux "français qui travaillent", et compensent pour eux la hausse de la CSG. Les fonctionnaires ne travaillent donc pas, CQFD).

Et quand bien même, on n'est pas obligé de vivre l'évaluation ou l'inspection comme du fliquage, tout le monde a besoin de regards extérieurs et de conseils. C'est ce vers quoi est censée tendre l'inspection.
Là ce n'est plus une "inspection" mais un RV de carrière, où l'on est sensé fournir un dossier montrant combien on a bien travaillé, s'auto-évaluer (je le redis, c'est une pratique de management infantilisante et dangereuse car en lien étroit avec l'estime de soi, donc favorisant les personnes sachant se "vendre" bien plus qu'une simple évaluation, et capable de porter une atteinte plus profonde à l'estime de soi des personnes plus fragiles qu'une simple évaluation...).

En cherchant de la doc sur les perversions (voulues ou non) de l'autoévaluation, je suis tombée sur ce passionnant article:
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J'ai accroché sur ce passage: "Celui-ci redessine cependant une nouvelle figure du pouvoir dont la principale caractéristique est qu’elle ne se présente plus explicitement comme telle. ". C'est un truc que, dans la petite boîte où j'ai bossé, on avait essayé de faire passer à notre chef (une partie du malaise dans l'entreprise venait de là): nous préférions qu'il agisse en chef, prenant parfois des décisions tranchées, plutôt qu'il essaie de nous entourlouper en tentant de nous faire croire que nous avions le choix, qu'on devait s'impliquer dans les orientations de la boîte, etc... c'est une question d'honnêteté dans les rapports humains, et il faut arrêter de prendre les autres pour des abrutis rejetant d'emblée toute autorité.

Autre article intéressant (plus axés sur les entreprises, mais on peut voir le lien avec l'EN, et j'aime bien la fin sur "comment vaincre la barbarie douce" (ce qui me rappelle la réaction violente de mon CDE quand j'ai eu le malheur de demander, candidement en plus, ce qu'elle entendait par "projets numériques" car il mettait comme condition à la conservation de demi-groupes en sciences la réalisation de "projets numériques"...).
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Et encore:
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Un passage très intéressant:
Ce qui est en cause, c’est la double peine. C’est d’un côté le fait d’être condamné à se battre pour réaliser un travail trop souvent empêché par ceux qui devraient le rendre efficace, les managers et l’organisation. C’est le fait d’être contraint à se contenter d’un travail qui n’est « ni fait, ni à faire » malgré les efforts déployés par les salariés eux-mêmes. Et de l’autre, c’est le risque de se voir reprocher par ces mêmes managers l’insuffisance de résultats justement due aux lacunes de l’organisation du travail. C’est le fait d’accepter d’être désigné comme responsable d’une qualité non conforme et d’une insuffisance de résultats, du fait d’un emploi « trop grand pour des salariés trop petits », alors que les organisations sont illisibles et servent des stratégies décidées ailleurs. C’est le fait d’être soumis à des objectifs mal définis, évolutifs, souvent contradictoires, pas toujours clairement éthiques et sans évidemment pouvoir en négocier les moyens. C’est de ne pas pouvoir seulement dire cette incapacité d’agir, du fait de l’organisation et du management, y compris dans l’entretien annuel.

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Rendash
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par Rendash Mer 27 Sep 2017 - 23:51
Merci pour les articles, K². C'est très intéressant.

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"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
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User17706
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Le "néo-management", ou le mal indéfini - Page 5 Empty Re: Le "néo-management", ou le mal indéfini

par User17706 Jeu 28 Sep 2017 - 0:31
En passant, rapidement, une petite référence: J.-P. Le Goff, Les Illusions du management. (Si elle n'a pas déjà été donnée.) L'édition la plus récente contient une postface auparavant inédite.
Kimberlite
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Le "néo-management", ou le mal indéfini - Page 5 Empty Re: Le "néo-management", ou le mal indéfini

par Kimberlite Jeu 28 Sep 2017 - 0:43
pogonophile a écrit:
Le plus visible pour le perdir, et le plus quantifiable, c'est évidemment la participation au PAF, la réponse aux convocations des formations à public désigné, la participation aux formations dans l'établissement. J'entends déjà les mauvaises langues persifler "oui c'est la prime à celui qui fait le plus de lèche sur des formations formatage stupides", il n'empêche que plusieurs sont de qualité, et que les demandes au PAF traduisent une certaine démarche. Je pourrais citer aussi l'intérêt pour les interventions que j'organise, mais comme c'est en fin de journée, ça ne compte pas puisque tout le monde ne peut pas se libérer (et on a parfaitement le droit de ne pas être émoustillé par la présentation des travaux de Delahaye, ou du conseil coopératif en classe).
Selon les disciplines, l'offre est très inégale... intéressant de noter aussi que certains CE refusent la participation de "leurs" enseignants à certaines formations.
On pourrait parler aussi du fait d'accorder aux enseignants le droit à une vie privée: je commence à en avoir marre qu'il semble normal, voire quasi obligatoire d'être dispo à des horaires peu compatibles avec une vie de famille (une fois de plus, ce sont encore les femmes qui sont pénalisées, surtout si elles sont seules ou leur conjoint peu dispo).
Enfin, pour avoir assisté à beaucoup de formations, ma conclusion générale est que, même si elles sont bien, je peux généralement obtenir les mêmes informations en bien moins de temps par mes propres moyens. A l'heure où l'on nous baratine avec le numérique et avec les élèves soit-disant capables de trouver l'info par leur propres moyens, je trouve assez paradoxal que l'on considère que, pour les profs, ça ne soit pas valable. Et pour une part des formations, je me suis copieusement ennuyée car je savais déjà ce qui était expliqué (et quand on pose des questions plus pointues, on se fait parfois regarder de travers par les formateurs ou les collègues).

Ensuite, il y a les échanges informels. Comme je suis curieux, j'aime bien recevoir les profs tout de mon établissement tout au long de l'année, papoter sur les contenus du programme, ce qu'ils font en EPI, ce sur quoi ils s'interrogent. C'est très flou, mais surgit quand même l'intérêt pour sa discipline et son actualité.
Mon CDE préfère convoquer les gens pour leur parler des derniers reproches faits par des parents d'élèves (en ne disant pas qui)... et il se contrefiche bien de ce que l'on enseigne. Certains échanges lors de réunions étaient surréalistes.
Par contre il est très attentif au fait qu'on remplisse bien les fiches (par exemple celles des EPI ou pour les demandes de sorties).


Dans la même veine du quotidien, j'ai observé une prof de maths super calée sur l'algorithmie proposer une formation à ses collègues sur un temps de concertation, et l'un d'entre eux expliquer que ça l'ennuyait à l'avance et qu'il éviterait les classes avec ces sujets au programme. C'est le même qui était terriblement fier de me montrer en juin qu'il avait déjà fait toutes ses photocopies pour l'année prochaine : aucun changement possible, aucune place pour l'adaptation à ses élèves, son cours est blindé depuis je ne sais combien d'années. Tout ça traduit des choses.
On se retrouve dans la rhétorique du bon et du mauvais chasseur... perso j'ai un collègue (de sport!) qui, lors d'une réunion sur la maîtrise du français, devant notre CE, s'est permis d'intervenir pour me faire la morale quand j'ai osé essayer d'expliquer qu'il n'était pas si simple dans notre matière d'évaluer de façon séparée les aptitudes en rédaction et celles de raisonnement, et qu'on se débattait entre des injonctions contradictoires. En gros, pour lui, je n'avais rien compris aux compétences (et il a sortit tout un blabla dans l'esprit de la réforme qui ne correspondait en rien aux interrogations que j'avais). Bizarrement, il s'était engouffré dans la discussion après que notre CE, qui ne comprenait rien à mes explications, et ne voulait pas croire qu'à l'ESPE on ait eu des formateurs nous ayant dit d'évaluer sans tenir compte du français... bref, dans cette histoire, m'est avis que notre CE (qui n'a jamais enseigné et s'emmêlait les pédales dans plein d'aspects de la réforme) m'a prise pour une conne, et a été largement impressionnée par le blabla du collègue, qui avait l'air tellement mieux renseigné que moi sur l'évaluation par compétences.
Ironie de la chose, le collègue qui s'était enflammé m'a ensuite dit à part qu'il était désolé et n'avait pas compris que, dans notre matière, les compétences étaient plus floues que chez eux...

Forcément, il y aura des gens qui se forment discrètement sans qu'on le constate, et d'autres qui joueront sur un écran de fumée. C'est là qu'il devient nécessaire de croiser avec les observations de l'inspecteur, pour qualifier la démarche de formation d'un enseignant.
C'est sûr que l'inspecteur, il va aller vérifier que je lis des publications en anglais, que j'échange sur des forums avec des collègues et des chercheurs, et que j'en sais plus que lui sur les processus évolutifs...

Franchement, on reste dans le fait que, encore plus qu'avant, il faille se vendre (et encore plus que dans les boîtes où j'ai bossé dans le privé, car au moins les personnes qui m'évaluaient voyaient ce que je faisait au jour le jour): si je veux que le boulot effectué se voie, il faut par exemple que je m'arrange pour laisser des traces sur Folio du boulot que je fais avec la classe dont je suis PP sur leur orientation (personne ne me l'a demandé, ce sont des 4eme, et en fait je ne sais même pas si ça intéresse ma direction), il faut que je garde des traces des RV avec les parents, des signalements faits auprès des CPE, etc... je pourrais faire le calcul qu'il est contre-productif de rester parfois sur ma pause pour répondre aux questions des élèves (eux, ça leur apporte quelque chose, mais je ferais mieux de lancer des projets qui font joli...), que la fois où j'ai passé une heure à préparer un élève à un entretien pour entrer en DIMA ne me servait à rien, etc...
Dans mon collège, de nombreux collègues sont dégoûtés du peu de cas fait par notre CE de leur investissement dans un dispositif de soutien aux élèves, alors qu'à côté il n'y en a que pour les organisateurs de manifestations variées (tant qu'on fait parler du collège à l'extérieur, c'est ça qui compte).

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par Kimberlite Jeu 28 Sep 2017 - 0:52
pogonophile a écrit:
edit : et concernant la mesure des progrès des élèves, on fait comment ?
Les résultats aux exame... "ah non stop, indicateur à la noix, on n'est pas responsable du niveau des élèves à l'arrivée, et on peut pas faire de miracle"
Ok alors les progressions des moyen... "non mais ça va pas, on peut aussi pipoter les notes, donc ça veut rien dire"
J'anticipe hein, pour gagner du temps.

Tout cela étant précisé, soit je suis obtus, soit la seule conclusion possible c'est qu'il n'y a aucun mode d'évaluation qui soit admissible pour les enseignants, puisque ni perdirs ni enseignants ni qui que ce soit ne trouvera grâce à tes yeux. Cela souligne d'autant plus la nécessité d'un regard extérieur tiens.
Déjà il faudrait qu'il y ait encore de vrais examens... perso je ne demande que ça, et je pense que je ne suis pas la seule.

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par Kimberlite Jeu 28 Sep 2017 - 0:59
pogonophile a écrit:Bien sûr on ne dit pas à tous les ébénistes de faire la même chose. On ne le dit pas aux enseignants non plus.
Quand on préconise par exemple l'instauration de rituels pour l'entrée en classe, on ne précise pas lequel, à chacun le sien. Et c'est une préconisation, pas un ordre. De la même façon, on demandera à un ébéniste de préparer ses outils avant de travailler, et il le fera comme il l'entendra, mais s'il ne le fait pas, il va se mettre en difficulté.
Là tu parles de préconisation... mais nous avons de puissantes injonctions à faire de la "différentiation". Nous avons eu une formation à laquelle a assisté notre CE où la formatrice nous a finalement fait passer le message que pour différencier il fallait faire travailler les élèves en groupes... conclusion: si on fait pas travailler les élèves en groupes, que va penser notre CE?
Bon, le plus rigolo dans l'histoire est qu'une formatrice en neurosciences que nous avons ensuite reçue (heureusement, notre CE était aussi là) a expliqué que le travail en groupe défavorisait les élèves ayant des problèmes attentionnels et des dyslexies (études à l'appui). J'avoue avoir pris un malin plaisir à lui demander de confirmer si j'avais bien compris...

Enfin, on peut critiquer autant qu'on veut les petites cases et les items. Il n'empêche que ça a au moins un avantage, c'est de diminuer la part d'arbitraire de l'évaluation d'un cadre. Combien de fois au juste a-t-on entendu protester, parfois à juste titre, parfois non, à propos de l'IA-IPR qui a ses têtes ? Là, on a un document cadre, et quelques éléments plus tangibles que "chacun enseignant son style de pratique, chacun inspecteur son style de rapport".
Là est bien le piège: ce n'est pas parce que ça a l'odeur d'une évaluation "moins arbitraire" que ça l'est réellement moins...

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par User17095 Jeu 28 Sep 2017 - 6:49
La question de l'évaluation est très riche et mériterait clairement son propre thread puisque nous avons perdu de vue la question initiale, sur le néo-management, qui n'est donc pas une légende.

Tamerlan a posté en page 3 (ça remonte !) un article du SNES, et Mateo_13 une série d'articles sur le monde de l'entreprise aujourd'hui. Ce sont de bons appuis pour identifier la notion.
Du coup, peut-on affirmer que le néo-management a fait son entrée dans l'EN, et si oui, sous quelles formes et à quels niveaux ?
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par User17706 Jeu 28 Sep 2017 - 13:41
pogonophile a écrit: edit : et concernant la mesure des progrès des élèves, on fait comment ?
Les résultats aux exame... "ah non stop, indicateur à la noix, on n'est pas responsable du niveau des élèves à l'arrivée, et on peut pas faire de miracle"
Ok alors les progressions des moyen... "non mais ça va pas, on peut aussi pipoter les notes, donc ça veut rien dire"
J'anticipe hein, pour gagner du temps.

Tout cela étant précisé, soit je suis obtus, soit la seule conclusion possible c'est qu'il n'y a aucun mode d'évaluation qui soit admissible pour les enseignants, puisque ni perdirs ni enseignants ni qui que ce soit ne trouvera grâce à tes yeux. Cela souligne d'autant plus la nécessité d'un regard extérieur tiens.
En fait, je pense que vous adoptez, dans cette discussion et peut-être d'autres du même genre, une attitude bizarre, dont je me demande si elle est très rationnelle. Vous regardez les arguments, et au lieu de vous demander s'ils sont corrects, vous remarquez qu'ils conduisent tous à une conclusion que vous présentez comme outrée, et vous en déduisez de la mauvaise foi. Mais si ça se trouve, en réalité les arguments sont corrects, et la conclusion où ils tendent est, pour cela, la bonne, en dépit de la possibilité de la peindre comme une outrance. C'est pourquoi il faut non pas regarder émotivement la conclusion en se demandant si elle plaît, si elle cadre bien avec les injonctions de la rue de Grenelle, et si on peut agir avec, mais objectivement les arguments en se demandant s'ils sont valables. Et s'ils le sont, en tenir compte !

Il ne s'agit évidemment pas de dire qu'on n'arrive jamais à se faire une idée de la qualité d'un travail, d'un enseignant, etc. ; au contraire, on s'en ferait presque trop facilement une idée ; ni de dire qu'elle n'est jamais juste ; nul doute qu'elle ait parfois sa justesse. Il s'agit plutôt de dire que transformer cette évaluation intuitive en une mesure à proprement parler (aussi objective que possible et applicable à grande échelle, donc critériée), c'est, de manière évidente, significativement plus difficile que de prendre les résultats aux examens et les progressions des moyennes. Pour quantité de raisons, d'ailleurs ; à commencer par la loi de Goodhart.
Lefteris
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Esprit sacré

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par Lefteris Jeu 28 Sep 2017 - 14:22
KinetteKinette a écrit:
pogonophile a écrit:
Le plus visible pour le perdir, et le plus quantifiable, c'est évidemment la participation au PAF, la réponse aux convocations des formations à public désigné, la participation aux formations dans l'établissement. J'entends déjà les mauvaises langues persifler "oui c'est la prime à celui qui fait le plus de lèche sur des formations formatage stupides", il n'empêche que plusieurs sont de qualité, et que les demandes au PAF traduisent une certaine démarche. Je pourrais citer aussi l'intérêt pour les interventions que j'organise, mais comme c'est en fin de journée, ça ne compte pas puisque tout le monde ne peut pas se libérer (et on a parfaitement le droit de ne pas être émoustillé par la présentation des travaux de Delahaye, ou du conseil coopératif en classe).
Selon les disciplines, l'offre est très inégale... intéressant de noter aussi que certains CE refusent la participation de "leurs" enseignants à certaines formations.
On pourrait parler aussi du fait d'accorder aux enseignants le droit à une vie privée: je commence à en avoir marre qu'il semble normal, voire quasi obligatoire d'être dispo à des horaires peu compatibles avec une vie de famille (une fois de plus, ce sont encore les femmes qui sont pénalisées, surtout si elles sont seules ou leur conjoint peu dispo).
Enfin, pour avoir assisté à beaucoup de formations, ma conclusion générale est que, même si elles sont bien, je peux généralement obtenir les mêmes informations en bien moins de temps par mes propres moyens. A l'heure où l'on nous baratine avec le numérique et avec les élèves soit-disant capables de trouver l'info par leur propres moyens, je trouve assez paradoxal que l'on considère que, pour les profs, ça ne soit pas valable. Et pour une part des formations, je me suis copieusement ennuyée car je savais déjà ce qui était expliqué (et quand on pose des questions plus pointues, on se fait parfois regarder de travers par les formateurs ou les collègues).

Ensuite, il y a les échanges informels. Comme je suis curieux, j'aime bien recevoir les profs tout de mon établissement tout au long de l'année, papoter sur les contenus du programme, ce qu'ils font en EPI, ce sur quoi ils s'interrogent. C'est très flou, mais surgit quand même l'intérêt pour sa discipline et son actualité.
Mon CDE préfère convoquer les gens pour leur parler des derniers reproches faits par des parents d'élèves (en ne disant pas qui)... et il se contrefiche bien de ce que l'on enseigne. Certains échanges lors de réunions étaient surréalistes.
Par contre il est très attentif au fait qu'on remplisse bien les fiches (par exemple celles des EPI ou pour les demandes de sorties).


Dans la même veine du quotidien, j'ai observé une prof de maths super calée sur l'algorithmie proposer une formation à ses collègues sur un temps de concertation, et l'un d'entre eux expliquer que ça l'ennuyait à l'avance et qu'il éviterait les classes avec ces sujets au programme. C'est le même qui était terriblement fier de me montrer en juin qu'il avait déjà fait toutes ses photocopies pour l'année prochaine : aucun changement possible, aucune place pour l'adaptation à ses élèves, son cours est blindé depuis je ne sais combien d'années. Tout ça traduit des choses.
On se retrouve dans la rhétorique du bon et du mauvais chasseur... perso j'ai un collègue (de sport!) qui, lors d'une réunion sur la maîtrise du français, devant notre CE, s'est permis d'intervenir pour me faire la morale quand j'ai osé essayer d'expliquer qu'il n'était pas si simple dans notre matière d'évaluer de façon séparée les aptitudes en rédaction et celles de raisonnement, et qu'on se débattait entre des injonctions contradictoires. En gros, pour lui, je n'avais rien compris aux compétences (et il a sortit tout un blabla dans l'esprit de la réforme qui ne correspondait en rien aux interrogations que j'avais). Bizarrement, il s'était engouffré dans la discussion après que notre CE, qui ne comprenait rien à mes explications, et ne voulait pas croire qu'à l'ESPE on ait eu des formateurs nous ayant dit d'évaluer sans tenir compte du français... bref, dans cette histoire, m'est avis que notre CE (qui n'a jamais enseigné et s'emmêlait les pédales dans plein d'aspects de la réforme) m'a prise pour une conne, et a été largement impressionnée par le blabla du collègue, qui avait l'air tellement mieux renseigné que moi sur l'évaluation par compétences.
Ironie de la chose, le collègue qui s'était enflammé m'a ensuite dit à part qu'il était désolé et n'avait pas compris que, dans notre matière, les compétences étaient plus floues que chez eux...

Forcément, il y aura des gens qui se forment discrètement sans qu'on le constate, et d'autres qui joueront sur un écran de fumée. C'est là qu'il devient nécessaire de croiser avec les observations de l'inspecteur, pour qualifier la démarche de formation d'un enseignant.
C'est sûr que l'inspecteur, il va aller vérifier que je lis des publications en anglais, que j'échange sur des forums avec des collègues et des chercheurs, et que j'en sais plus que lui sur les processus évolutifs...

Franchement, on reste dans le fait que, encore plus qu'avant, il faille se vendre (et encore plus que dans les boîtes où j'ai bossé dans le privé, car au moins les personnes qui m'évaluaient voyaient ce que je faisait au jour le jour): si je veux que le boulot effectué se voie, il faut par exemple que je m'arrange pour laisser des traces sur Folio du boulot que je fais avec la classe dont je suis PP sur leur orientation (personne ne me l'a demandé, ce sont des 4eme, et en fait je ne sais même pas si ça intéresse ma direction), il faut que je garde des traces des RV avec les parents, des signalements faits auprès des CPE, etc... je pourrais faire le calcul qu'il est contre-productif de rester parfois sur ma pause pour répondre aux questions des élèves (eux, ça leur apporte quelque chose, mais je ferais mieux de lancer des projets qui font joli...), que la fois où j'ai passé une heure à préparer un élève à un entretien pour entrer en DIMA ne me servait à rien, etc...
Dans mon collège, de nombreux collègues sont dégoûtés du peu de cas fait par notre CE de leur investissement dans un dispositif de soutien aux élèves, alors qu'à côté il n'y en a que pour les organisateurs de manifestations variées (tant qu'on fait parler du collège à l'extérieur, c'est ça qui compte).

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Merci pour tes liens (je connaissais le Goff, pas l'autre) et je crois que par lien entre ton expérience passée, la compréhension des mécanismes managériaux de l'entretien, et l'expérience quotidienne, tu as tout compris. Si l' on ne retrouve pas vite des barèmes, ça va être terrible pour la majorité des collègues, quand ils vont se réveiller. Les notations par pavé, je connais...

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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)

Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.

Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
Balthazaard
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Le "néo-management", ou le mal indéfini - Page 5 Empty Re: Le "néo-management", ou le mal indéfini

par Balthazaard Jeu 28 Sep 2017 - 14:35
KinetteKinette a écrit:
pogonophile a écrit:Bien sûr on ne dit pas à tous les ébénistes de faire la même chose. On ne le dit pas aux enseignants non plus.
Quand on préconise par exemple l'instauration de rituels pour l'entrée en classe, on ne précise pas lequel, à chacun le sien. Et c'est une préconisation, pas un ordre. De la même façon, on demandera à un ébéniste de préparer ses outils avant de travailler, et il le fera comme il l'entendra, mais s'il ne le fait pas, il va se mettre en difficulté.
Là tu parles de préconisation... mais nous avons de puissantes injonctions à faire de la "différentiation". Nous avons eu une formation à laquelle a assisté notre CE où la formatrice nous a finalement fait passer le message que pour différencier il fallait faire travailler les élèves en groupes... conclusion: si on fait pas travailler les élèves en groupes, que va penser notre CE?
Bon, le plus rigolo dans l'histoire est qu'une formatrice en neurosciences que nous avons ensuite reçue (heureusement, notre CE était aussi là) a expliqué que le travail en groupe défavorisait les élèves ayant des problèmes attentionnels et des dyslexies (études à l'appui). J'avoue avoir pris un malin plaisir à lui demander de confirmer si j'avais bien compris...

Enfin, on peut critiquer autant qu'on veut les petites cases et les items. Il n'empêche que ça a au moins un avantage, c'est de diminuer la part d'arbitraire de l'évaluation d'un cadre. Combien de fois au juste a-t-on entendu protester, parfois à juste titre, parfois non, à propos de l'IA-IPR qui a ses têtes ? Là, on a un document cadre, et quelques éléments plus tangibles que "chacun enseignant son style de pratique, chacun inspecteur son style de rapport".
Là est bien le piège: ce n'est pas parce que ça a l'odeur d'une évaluation "moins arbitraire" que ça l'est réellement moins...

K

Hs mais c'est une constatation de bon sens que n'importe quel prof peut faire, quand on met un élève dissipé dans un petit groupe, fût-il formé d'élèves sérieux, le groupe part très vite à la dérive, alors qu'en laissant seul le dissipé, l'ennui aidant il finit (parfois) par se modérer et faire le travail demandé. Heureusement que les neurosciences sont là.
laMiss
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Sage

Le "néo-management", ou le mal indéfini - Page 5 Empty Re: Le "néo-management", ou le mal indéfini

par laMiss Jeu 28 Sep 2017 - 19:12
pogonophile a écrit: Je vais finir par croire que ce forum est le rendez-vous du vaste collectif de tous ceux qui travaillent exclusivement soit avec un IA IPR débile/vendu/traître*, soit avec un CdE caporal/illuminé/lâche*.

Pour l'instant, dans ma carrière, j'ai eu 80% de CDE illuminé. Je dirais même follement dangereux. Mon expérience perso n'est heureusement pas représentative de la réalité. Le souci, c'est qu'un tel CDE, ça te fout par terre un bahut en 2 ans. Le pouvoir de nuisance de tels CDE est impressionnant. Et les pauvres CDE sains d'esprit et compétents qui arrivent après rament pour redresser les choses.

Lefteris a écrit:Les choses sont ainsi faites que vu l'ambiance, la compétition, toute intrusion sera considérée comme de l'espionnage, même si ce n'est pas le cas. Des collègues bavant sur les autres, hantant les bureaux de l'administration, ça existe aussi.

Oh que oui. Surtout quand le CDE a érigé la lèche en mode de fonctionnement et que cela se sait. Alors, on voit qui est qui...

pogonophile a écrit:Mais je n'ai pas constaté de reproche selon lequel la répartition des IMP correspondrait au fait du prince, ou que les enseignants se chamailleraient pour accéder aux sinécures qui sont ainsi reconnues ;

Bah moi j'ai déjà constaté, mais cela relevait d'un petit jeu malsain organisé par le CDE en personne.

pogonophile a écrit: Ce que tu décris, c'est précisément ce dont je rêve : des enseignants capables de faire cours "la porte ouverte", de se visiter, et de s'enrichir mutuellement.

Je crois que parmi les enseignants, certains sont souvent à l'aise devant les jeunes et moins devant leurs pairs (pas le même regard, justement; sans compter la ribambelle d'anciens timides que nous sommes).
D'ailleurs, sans être à proprement parler mal à l'aise, j'ai remarqué que je n'étais pas naturelle quand l'AVS était dans mon cours et que ma relation a la classe ne s'établissait pas de la même manière en présence d'une AVS. Il y a quelque chose de faussé, même quand la personne n'est pas là pour juger. "Ressenti" perso.

pogonophile a écrit: Forcément, il y aura des gens qui se forment discrètement sans qu'on le constate, et d'autres qui joueront sur un écran de fumée.
Oui enfin l'IPR ne va pas le constater très souvent... Donc les gens discrets sont pénalisés, forcément.

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Si rien n'est décidé, ce sera à chacun d'entre nous de décider en conscience.
Loreleii
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par Loreleii Sam 30 Sep 2017 - 1:28
pogonophile, je ne veux pas te blesser, mais je serais très mal à l'aise avec un CDE comme toi. Je te trouve très autoritaire et suspicieux à l'égard des enseignants. Je n'aurais pas envie de t'ouvrir la porte de ma salle de classe. A mon avis tu fais fausse route. Tu es content d'être Chef et se n'est pas comme ça qu'on fait marcher un établissement. Pour que les profs te fassent confiance et laissent les portes ouvertes, il faut que tu mérites cette confiance. Pour cela, oublie le mot "chef" et même la notion, et pense plutôt "équipe". On est dans le même bateau et on travaille ensemble. Après, tout roule. L'année dernière, le CDE s'est invité dans ma classe parce que les élèves jouaient une scène de théâtre qu'on avait travaillée et qu'ils avaient apprise. Il a entendu du bruit et il s'est approché. La porte était ouverte puisque le couloir c'était les coulisses! Il a vu les élèves jouer et il a été épaté. Eux étaient très fiers de lui montrer leur travail. Il a fini, assis sur une chaise à les regarder, heureux de ce moment. Pas de flicage, juste une prof, des élèves et un CDE qui se fichait bien du référentiel machin-chose...
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XIII
Neoprof expérimenté

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par XIII Sam 30 Sep 2017 - 8:32
Loreleii a écrit:pogonophile, je ne veux pas te blesser, mais je serais très mal à l'aise avec un CDE comme toi. Je te trouve très autoritaire et suspicieux à l'égard des enseignants. Je n'aurais pas envie de t'ouvrir la porte de ma salle de classe. A mon avis tu fais fausse route. Tu es content d'être Chef et se n'est pas comme ça qu'on fait marcher un établissement. Pour que les profs te fassent confiance et laissent les portes ouvertes, il faut que tu mérites cette confiance. Pour cela, oublie le mot "chef" et même la notion, et pense plutôt "équipe". On est dans le même bateau et on travaille ensemble. Après, tout roule. L'année dernière, le CDE s'est invité dans ma classe parce que les élèves jouaient une scène de théâtre qu'on avait travaillée et qu'ils avaient apprise. Il a entendu du bruit et il s'est approché. La porte était ouverte puisque le couloir c'était les coulisses! Il a vu les élèves jouer et il a été épaté. Eux étaient très fiers de lui montrer leur travail. Il a fini, assis sur une chaise à les regarder, heureux de ce moment. Pas de flicage, juste une prof, des élèves et un CDE qui se fichait bien du référentiel machin-chose...

+1

Ces "petits chefs" font des formations formatages de néo management issues de mouvances peu fréquentables qui font fausse route. Je te rejoins sur le fait de la notion d'équipe. J'ai pratiqué un sport co à haut niveau et j'aime assez faire le parallèle avec ce monde là. Le capitaine d'une équipe est avant tout un coéquipier qui a toute la confiance de son équipe. C'est une personne qui a gagné sa crédibilité sur le terrain, qui fédère et motive. C'est un meneur d'homme qui soutient les autres, les encourage et passe souvent devant pour montrer le chemin et l'exemple!
C'est à peu près l'inverse que prônent toutes ces pseudos techniques de néo management qui ont plutôt tendance à broyer de l'humain.
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User17095
Érudit

Le "néo-management", ou le mal indéfini - Page 5 Empty Re: Le "néo-management", ou le mal indéfini

par User17095 Sam 30 Sep 2017 - 17:23
XIII a écrit:
Ces "petits chefs" font des formations formatages de néo management issues de mouvances peu fréquentables qui font fausse route. Je te rejoins sur le fait de la notion d'équipe. J'ai pratiqué un sport co à haut niveau et j'aime assez faire le parallèle avec ce monde là. Le capitaine d'une équipe est avant tout un coéquipier qui a toute la confiance de son équipe. C'est une personne qui a gagné sa crédibilité sur le terrain, qui fédère et motive. C'est un meneur d'homme qui soutient les autres, les encourage et passe souvent devant pour montrer le chemin et l'exemple!
C'est à peu près l'inverse que prônent toutes ces pseudos techniques de néo management qui ont plutôt tendance à broyer de l'humain.

Tu peux être aussi en désaccord que tu le souhaites avec mon propos, si allègrement déformé soit dit en passant, ce n'est pas une raison pour me qualifier de "petit chef" formaté au "néo management", c'est une attaque ad hominem fondée sur rien et injurieuse. Tu évoques par ailleurs des formations qui n'existent pas dans mon académie, ni dans aucune de ceux avec qui j'ai échangé ou qui se sont exprimé ici.
Plus généralement la série d'invectives que je viens de recevoir ne fait pas pour autant avancer le débat.

Pour revenir sur la comparaison que tu fais, il se trouve que j'ai affiché dans mon bureau la fameuse image suivante :
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Tu le croiras si tu veux, la moitié des profs de mon collège m'ont remercié à la fin de l'année dernière en l'évoquant, disant qu'ils appréciaient qu'on travaille ainsi. Trois se sont inscrits à la formation pour passer le concours de personnel de direction en affirmant que leur regard sur le métier avait changé.

Quoi qu'il en soit, puisque tu évoques des "pseudo techniques de néo management", je reviens à la question de départ : en quoi consistent-elles dans un EPLE, à quoi ressemble ce mode de fonctionnement ?
Zagara
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Guide spirituel

Le "néo-management", ou le mal indéfini - Page 5 Empty Re: Le "néo-management", ou le mal indéfini

par Zagara Sam 30 Sep 2017 - 17:50
A l'image de Saint François, le CDE pourrait se penser comme le serviteur de tous les autres et le dernier parmi les pairs. Il serait au service des enseignants et serait là pour que l'établissement fonctionne de manière fluide, honnête et harmonieuse. Ce serait l'équipe qui aurait la priorité sur la personnalité du "chef".

C'est une attitude qui pourrait installer un sentiment de confiance, de respect mutuel, et faire que les profs se sentent bien encadrés. C'est l'objectif que je me fixerais si j'étais cde, en tout cas. Parce que ça me paraît être le plus efficace. J'adopterais la hiérarchie : "loi > enseignants > parents > élèves" dans mes considérations quotidiennes.
nesssnousss
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Le "néo-management", ou le mal indéfini - Page 5 Empty Re: Le "néo-management", ou le mal indéfini

par nesssnousss Sam 30 Sep 2017 - 20:22
pogonophile a écrit:

Quoi qu'il en soit, puisque tu évoques des "pseudo techniques de néo management", je reviens à la question de départ : en quoi consistent-elles dans un EPLE, à quoi ressemble ce mode de fonctionnement ?

Alors je n'ai que 10 ans d'ancienneté mais je l'ai vu arriver le néo-management. :diablecontent:

Avant, quand il y avait une nouveauté dans l'EN, le chef organisait une AG, présentait le bouzin et imposait la solution. Tout le monde râlaient et les grèves, on les voyaient passer (40% de grévistes).

Maintenant, quand il y a une nouveauté :
- le chef crée des groupes ( diviser pour mieux régner)
- chaque groupe travaille sur un point précis ( désinformation)
- dans chaque groupe on nomme un " animateur" ( petit chef) et un secrétaire ( petit chef bis)
- chaque groupe doit rendre un compte-rendu, proposer les solutions
- le chef s'éclipse

Et là on voit l'imaginable se produire : les bons petits élèves produisent ce qu'on leur a demandé, acceptent l'inacceptable. On prépare la corde pour se faire pendre.


Et le must, c'est que personne ne peut râler puisque cela vient de nous. Et les grèves passent inaperçues.
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User17095
Érudit

Le "néo-management", ou le mal indéfini - Page 5 Empty Re: Le "néo-management", ou le mal indéfini

par User17095 Sam 30 Sep 2017 - 20:37
Passer de quelque chose de descendant (pour le coup de très "caporal", ce qui est des reproches souvent formulés) à une approche où les enseignants réfléchissent choisissent et s'approprient ne me semble pas nécessairement le fruit d'une conspiration pour annihiler les grèves...
Rendash
Rendash
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Le "néo-management", ou le mal indéfini - Page 5 Empty Re: Le "néo-management", ou le mal indéfini

par Rendash Sam 30 Sep 2017 - 20:41
une approche où les enseignants réfléchissent choisissent et s'approprient

Ouais. Quand la "concertation" consiste à faire remplir un questionnaire tel que

"Trouvez-vous les idées du Ministère :
A - Géniales
B - Exceptionnelles
C - Magnifiques
D - Fantastiques"

la question du choix et de la réflexion fait doucement rigoler.
Idem d'ailleurs pour ces fameux "groupes de réflexion" ou "de mise en oeuvre", durant lesquels on nous demande de tresser la corde pour se pendre. Je vise ici la réforme du collège et l'odieuse injonction faite aux collègues qui allaient morfler le plus (langues, lettres classiques) de clouer eux-mêmes leurs cercueils, sur plusieurs établissements de préférence.

Quant tu es TZR, en service partagé, débarquant dans un nouveau bahut, et que ton CDE te colle de l'AP en "co-animation" et deux EPI sur trois niveaux, et que devant ton air dubitatif il t'explique que "oui, bon, ce ne sera pas évident, faudra que vous vous concertiez, mais je suis sûr qu'il y a plein de trucs intéressants à faire", tu ne perds pas de temps à chercher où est le choix, où est la réflexion, ni où est l'intérêt des élèves.

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"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
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User17706
Bon génie

Le "néo-management", ou le mal indéfini - Page 5 Empty Re: Le "néo-management", ou le mal indéfini

par User17706 Sam 30 Sep 2017 - 22:56
Rendash a écrit:
une approche où les enseignants réfléchissent choisissent et s'approprient

Ouais. Quand la "concertation" consiste à faire remplir un questionnaire tel que

"Trouvez-vous les idées du Ministère :
A - Géniales
B - Exceptionnelles
C - Magnifiques
D - Fantastiques"

la question du choix et de la réflexion fait doucement rigoler.
Surtout quand tu ne peux pas cocher toutes les cases Le "néo-management", ou le mal indéfini - Page 5 2950807625
JPhMM
JPhMM
Demi-dieu

Le "néo-management", ou le mal indéfini - Page 5 Empty Re: Le "néo-management", ou le mal indéfini

par JPhMM Sam 30 Sep 2017 - 23:03
Tiens, Rendash, nous avons manifestement participé aux mêmes enquêtes de l'EN. Very Happy

_________________
Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke

Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
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User17095
Érudit

Le "néo-management", ou le mal indéfini - Page 5 Empty Re: Le "néo-management", ou le mal indéfini

par User17095 Sam 30 Sep 2017 - 23:48
Rendash a écrit:
Quant tu es TZR, en service partagé, débarquant dans un nouveau bahut, et que ton CDE te colle de l'AP en "co-animation" et deux EPI sur trois niveaux, et que devant ton air dubitatif il t'explique que "oui, bon, ce ne sera pas évident, faudra que vous vous concertiez, mais je suis sûr qu'il y a plein de trucs intéressants à faire", tu ne perds pas de temps à chercher où est le choix, où est la réflexion, ni où est l'intérêt des élèves.

C'est la raison pour laquelle j'exige lors des répartitions de service que les classes comportant de la co-intervention et autres modalités demandant une concertation préalable ne soient pas confiées à des enseignants en service partagé, ou avec qui on n'a pas pu prendre contact dès juin. C'est le moindre respect dû aux arrivants que de ne pas les placer délibérément dans des situations compliquées.
(et je me suis entendu dire cette année "ah mais c'est notre liberté pédagogique de répartir comme on veut", et j'ai donc dû taper du poing sur la table en rappelant la règle)
Olympias
Olympias
Prophète

Le "néo-management", ou le mal indéfini - Page 5 Empty Re: Le "néo-management", ou le mal indéfini

par Olympias Dim 1 Oct 2017 - 0:06
L'interdisciplinarité marche quand des collègues qui s'apprécient décident eux-mêmes de travailler ensemble autour de quelque chose qu'ils ont construit. Pas avec des thématiques imposées.
Rendash
Rendash
Bon génie

Le "néo-management", ou le mal indéfini - Page 5 Empty Re: Le "néo-management", ou le mal indéfini

par Rendash Dim 1 Oct 2017 - 0:08
pogonophile a écrit:
Rendash a écrit:
Quant tu es TZR, en service partagé, débarquant dans un nouveau bahut, et que ton CDE te colle de l'AP en "co-animation" et deux EPI sur trois niveaux, et que devant ton air dubitatif il t'explique que "oui, bon, ce ne sera pas évident, faudra que vous vous concertiez, mais je suis sûr qu'il y a plein de trucs intéressants à faire", tu ne perds pas de temps à chercher où est le choix, où est la réflexion, ni où est l'intérêt des élèves.

C'est la raison pour laquelle j'exige lors des répartitions de service que les classes comportant de la co-intervention et autres modalités demandant une concertation préalable ne soient pas confiées à des enseignants en service partagé, ou avec qui on n'a pas pu prendre contact dès juin. C'est le moindre respect dû aux arrivants que de ne pas les placer délibérément dans des situations compliquées.
(et je me suis entendu dire cette année "ah mais c'est notre liberté pédagogique de répartir comme on veut", et j'ai donc dû taper du poing sur la table en rappelant la règle)

Certes, mais la situation que j'ai décrite existe dans au moins un cas, et beaucoup plus encore. C'est l'une des raisons qui faisait que cette réforme était foncièrement débile, d'ailleurs : forcer le travail en équipe dans les endroits où il n'y a pas d'équipe pérenne ne pouvait pas fonctionner, et n'a fait que créer des tensions et de la fatigue en plus pour les personnels. Surtout pour faire entrer un peu de bon sens dans ces thématiques à la con et ces cycles stupides.

Donc, si "choisir", "réfléchir" et "s'approprier" signifie se casser le lulu pour faire à peu près fonctionner contre vents et marées un truc pensé et écrit avec les pieds par deux ou trois technocrates et politocards qui n'ont pas la plus petite idée de ce qu'est un élève, ça ne donne pas franchement envie de se relever la nuit, et on peut ne pas vraiment y voir une bonne idée ou une évolution positive. Alors, ouais, OK, les IPR et les CDE ont dû se coucher, c'est leur job qui veut ça. Mais de là à faire du zèle, comme on l'a vu dans de multiples cas ...


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"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
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