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- SiggyHabitué du forum
Je ne sais pas si je vais m'exprimer clairement mais je trouve que c'est banaliser tous les événements qui ont lieu en ce moment. C'est rendre banal un fait qui ne devrait pas l'être, c'est s'habituer. Réduire ce qui se passe à un problème de maths... Et quel est le pourcentage de personnes noyées durant la traversée? Non mais franchement c'est répugnant.
- FatrasNiveau 8
Si on avait ajouté que à chaque traversée 10 se noient, cela aurait fait un joli exo de suite arithmético-géométrique, parfait pour les programme de TES.
Humour noir bien sur...
Humour noir bien sur...
- InvitéInvité
Siggy a écrit:Je ne sais pas si je vais m'exprimer clairement mais je trouve que c'est banaliser tous les événements qui ont lieu en ce moment. C'est rendre banal un fait qui ne devrait pas l'être, c'est s'habituer. Réduire ce qui se passe à un problème de maths... Et quel est le pourcentage de personnes noyées durant la traversée? Non mais franchement c'est répugnant.
Indécent aussi.
- William FosterExpert
Ça me fait penser au début de "La vie est belle", la discussion sur le niveau des élèves qui arrivent à résoudre des problèmes de maths sur les économies faites en supprimant les handicapés.
_________________
Tout le monde me dit que je ne peux pas faire l'unanimité.
"Opinions are like orgasms : mine matters most and I really don't care if you have one." Sylvia Plath
Vérificateur de miroir est un métier que je me verrais bien faire, un jour.
- archebocEsprit éclairé
Philomène87 a écrit:Toujours dans le Nathan, il est question de "migrants" pour désigner l'invasion de la Gaule dans l'Antiquité tardive (posté sur facebook).
Quel est l'état de l'historiographie aujourd'hui ? Ne montre-t-elle pas que ces "invasions" n'ont pris la forme d'irruption de troupes en arme que dans de rares occasions, et qu'il faut plus généralement parler de "grandes migrations" ?
William Foster a écrit:Ça me fait penser au début de "La vie est belle", la discussion sur le niveau des élèves qui arrivent à résoudre des problèmes de maths sur les économies faites en supprimant les handicapés.
Et supprimer des handicapés, vous le mettez sur le même plan que voir arriver des migrants en Europe ?
- henrietteMédiateur
C'est quoi, l'idée, là : on fait un concours pour creuser dans l'abject ?
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"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- William FosterExpert
Dans le film comme ici, c'est la même indécence avec laquelle des êtres humains sont déconsidérés pour quelque chose qu'ils n'ont pas voulu, et tournés en quelque chose de mauvais pour la société.archeboc a écrit:William Foster a écrit:Ça me fait penser au début de "La vie est belle", la discussion sur le niveau des élèves qui arrivent à résoudre des problèmes de maths sur les économies faites en supprimant les handicapés.
Et supprimer des handicapés, vous le mettez sur le même plan que voir arriver des migrants en Europe ?
Actuellement, cette "crise" n'est pas gérée comme une invasion comme le souhaiteraient trop de gens, mais pire encore comme une infestation.
Ce qui est honteux ici n'est pas de parler de cette crise des migrants, c'est de le faire aussi maladroitement, en laissant supposer que le flux va être exponentiel, et qu'il faille rappeler à des lycéens qu'il faut arrondir à l'unité quand on compte des êtres humains.
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- BabaretteDoyen
Nathan, n'est-ce pas ceux qui ont fait le super manuel de français Lire aux éclats? Si c'est le cas, question: le font-ils exprès pour gagner un concours?
Parce que là, on atteint des sommets. C'est à vomir (avec l'image du bateau en plus...). Et si l'objectif est d'être proche des préoccupations des adolescents, en sus, c'est à côté de la plaque, mais ça, c'est un moindre mal.
J'ai du mal à croire que plusieurs personnes se soient mises autour d'une table et aient convenu que proposer un truc pareil était une bonne idée.
Parce que là, on atteint des sommets. C'est à vomir (avec l'image du bateau en plus...). Et si l'objectif est d'être proche des préoccupations des adolescents, en sus, c'est à côté de la plaque, mais ça, c'est un moindre mal.
J'ai du mal à croire que plusieurs personnes se soient mises autour d'une table et aient convenu que proposer un truc pareil était une bonne idée.
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“Google peut vous donner 100 000 réponses, un bibliothécaire vous donne la bonne.” Neil Gaiman.
:lecteur:
- archebocEsprit éclairé
Je ne voudrais pas laisser croire que j'approuve l'exercice donné par Nathan : il me semble singulièrement inapproprié. Mais la réaction qu'il suscite ici ou ailleurs suscite deux envies : le premier mouvement, puéril, a consisté à s'en moquer, pour le plaisir de mettre les pieds dans le plat et de voir les adultes responsables râler. Je vous demande de me pardonner cette petite crise de puérilité.
Le second mouvement, plus rassis, conduit à analyser certains aspects curieux de cette unanimité.
Il y a d'abord le mot "abject" revenu plusieurs fois ; le smiley qui vomit aussi. La lecture de cet exercice semble déclencher chez beaucoup un sentiment de dégout : pour ceux-là, le sujet est ce que les latins disaient sacer, et les polynésiens, tabou.
Le simple fait de poser des questions, de relativiser le crime, de sembler le mettre en doute, provoque une condamnation équivalente. C'est là encore un symptôme du tabou.
* Une infestation s'éradique : nous sommes très loin d'éradiquer les migrants, et il n'y a évidemment rien de tel dans le manuel Nathan.
* "avec laquelle des êtres humains sont déconsidérés pour quelque chose qu'ils n'ont pas voulu" : j'ai du mal à saisir ce que cela signifie, mais la tournure me semble très alambiquée : cette façon de tourner autour de l'indicible renvoie de nouveau, inévitablement, à la question du tabou.
* Que dans les exercices soumis aux petites classes les données numériques soient systématiquement fantaisistes, c'est une constante : ce n'est sûrement pas sur ce point que l'exercice proposé par Nathan serait exceptionnel.
Honnêtement, si on avait trouvé chez Nathan un exercice sur le rendement des tortionnaires syriens, je ne pense pas que les réactions auraient été plus violentes.
Ce qui est très étonnant avec cette manifestation de tabou, c'est la force avec laquelle elle s'exprime, alors que l'incident qui la suscite n'est pas directement connecté avec les deux sources de sacer des sociétés européennes des années 1980-2020 : l'inviolabilité de la vie humaine et la haine du nazisme. C'est une curieuse alchimie qui se joue là : comme s'il y avait, derrière la question des migrants, une construction intellectuelle autre.
Le second mouvement, plus rassis, conduit à analyser certains aspects curieux de cette unanimité.
Il y a d'abord le mot "abject" revenu plusieurs fois ; le smiley qui vomit aussi. La lecture de cet exercice semble déclencher chez beaucoup un sentiment de dégout : pour ceux-là, le sujet est ce que les latins disaient sacer, et les polynésiens, tabou.
henriette a écrit:C'est quoi, l'idée, là : on fait un concours pour creuser dans l'abject ?
Le simple fait de poser des questions, de relativiser le crime, de sembler le mettre en doute, provoque une condamnation équivalente. C'est là encore un symptôme du tabou.
William Foster a écrit:Dans le film comme ici, c'est la même indécence avec laquelle des êtres humains sont déconsidérés pour quelque chose qu'ils n'ont pas voulu, et tournés en quelque chose de mauvais pour la société.archeboc a écrit:William Foster a écrit:Ça me fait penser au début de "La vie est belle", la discussion sur le niveau des élèves qui arrivent à résoudre des problèmes de maths sur les économies faites en supprimant les handicapés.
Et supprimer des handicapés, vous le mettez sur le même plan que voir arriver des migrants en Europe ?
Actuellement, cette "crise" n'est pas gérée comme une invasion comme le souhaiteraient trop de gens, mais pire encore comme une infestation.
Ce qui est honteux ici n'est pas de parler de cette crise des migrants, c'est de le faire aussi maladroitement, en laissant supposer que le flux va être exponentiel, et qu'il faille rappeler à des lycéens qu'il faut arrondir à l'unité quand on compte des êtres humains.
* Une infestation s'éradique : nous sommes très loin d'éradiquer les migrants, et il n'y a évidemment rien de tel dans le manuel Nathan.
* "avec laquelle des êtres humains sont déconsidérés pour quelque chose qu'ils n'ont pas voulu" : j'ai du mal à saisir ce que cela signifie, mais la tournure me semble très alambiquée : cette façon de tourner autour de l'indicible renvoie de nouveau, inévitablement, à la question du tabou.
* Que dans les exercices soumis aux petites classes les données numériques soient systématiquement fantaisistes, c'est une constante : ce n'est sûrement pas sur ce point que l'exercice proposé par Nathan serait exceptionnel.
Honnêtement, si on avait trouvé chez Nathan un exercice sur le rendement des tortionnaires syriens, je ne pense pas que les réactions auraient été plus violentes.
Ce qui est très étonnant avec cette manifestation de tabou, c'est la force avec laquelle elle s'exprime, alors que l'incident qui la suscite n'est pas directement connecté avec les deux sources de sacer des sociétés européennes des années 1980-2020 : l'inviolabilité de la vie humaine et la haine du nazisme. C'est une curieuse alchimie qui se joue là : comme s'il y avait, derrière la question des migrants, une construction intellectuelle autre.
- DimkaVénérable
Salut,
Je ne trouve pas ça choquant, en soi, que parfois, on rattache les maths à la réalité. Mais à condition que ça soit pertinent, que les chiffres soient des choses qui correspondent à une réalité (le nombre de migrants ne suit pas une loi, et on ne peut pas prédire a priori combien ils seront la semaine prochaine). Il y a tellement d'usages des maths qui sont réels et passionnants, alors pourquoi inventer un truc sans queue ni tête qui ne contribue qu'à brouiller tant l'idée que l'on peut se faire des maths par rapport au réel que le fonctionnement de la réalité elle-même ?
Râler, ici, ce n'est pas vouloir cacher un sein qui existe pourtant bien, mais refuser une présentation mensongère et caricaturale du sein en question.
Le problème c'est aussi qu'en prétendant créer un lien avec la réalité, en vrai on donne des clefs pour se forger non pas une meilleure compréhension de la réalité, mais des préjugés (l'arrivée des migrants n'est pas exponentielle, dans la réalité : seulement dans les fantasmes de l'extrême droite). Il y a un décalage entre l'impression de réel donné par l'énoncé (avec des détails globalement inutiles mais qui donnent l'impression qu'on n'est pas dans la simple fiction d'un exercice, par exemple "fuyant la guerre"), et l'absurdité totale des chiffres. Alors que justement, les maths devraient contribuer à lutter contre les préjugés en montrant que le bon sens se trompe parfois (comme dans les statistiques, par exemple le dernier article de Jaddo sur le dépistage).archeboc a écrit:"Couvrez ce sein que je ne saurais voir.
Par de pareils objets les âmes sont blessées,
Et cela fait venir de coupables pensées."
Le Tartuffe, III, 2 (v. 860-862).
Je ne trouve pas ça choquant, en soi, que parfois, on rattache les maths à la réalité. Mais à condition que ça soit pertinent, que les chiffres soient des choses qui correspondent à une réalité (le nombre de migrants ne suit pas une loi, et on ne peut pas prédire a priori combien ils seront la semaine prochaine). Il y a tellement d'usages des maths qui sont réels et passionnants, alors pourquoi inventer un truc sans queue ni tête qui ne contribue qu'à brouiller tant l'idée que l'on peut se faire des maths par rapport au réel que le fonctionnement de la réalité elle-même ?
Râler, ici, ce n'est pas vouloir cacher un sein qui existe pourtant bien, mais refuser une présentation mensongère et caricaturale du sein en question.
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- Spoiler:
- BabaretteDoyen
Dimka a écrit:Salut,Le problème c'est aussi qu'en prétendant créer un lien avec la réalité, en vrai on donne des clefs pour se forger non pas une meilleure compréhension de la réalité, mais des préjugés (l'arrivée des migrants n'est pas exponentielle, dans la réalité : seulement dans les fantasmes de l'extrême droite). Il y a un décalage entre l'impression de réel donné par l'énoncé (avec des détails globalement inutiles mais qui donnent l'impression qu'on n'est pas dans la simple fiction d'un exercice, par exemple "fuyant la guerre"), et l'absurdité totale des chiffres. Alors que justement, les maths devraient contribuer à lutter contre les préjugés en montrant que le bon sens se trompe parfois (comme dans les statistiques, par exemple le dernier article de Jaddo sur le dépistage).archeboc a écrit:"Couvrez ce sein que je ne saurais voir.
Par de pareils objets les âmes sont blessées,
Et cela fait venir de coupables pensées."
Le Tartuffe, III, 2 (v. 860-862).
Je ne trouve pas ça choquant, en soi, que parfois, on rattache les maths à la réalité. Mais à condition que ça soit pertinent, que les chiffres soient des choses qui correspondent à une réalité (le nombre de migrants ne suit pas une loi, et on ne peut pas prédire a priori combien ils seront la semaine prochaine). Il y a tellement d'usages des maths qui sont réels et passionnants, alors pourquoi inventer un truc sans queue ni tête qui ne contribue qu'à brouiller tant l'idée que l'on peut se faire des maths par rapport au réel que le fonctionnement de la réalité elle-même ?
Râler, ici, ce n'est pas vouloir cacher un sein qui existe pourtant bien, mais refuser une présentation mensongère et caricaturale du sein en question.
C'est exactement mon sentiment. Dans la tête d'un élève, un manuel scolaire dit la vérité: si le manuel de maths dit que l'immigration augmente de 10%, c'est que c'est vrai. Or, mettre ce genre d'âneries dans la tête d'un élève, c'est au mieux stupide.
- dandelionVénérable
Ok, y'a plein de migrants, c'est mathématique (quand à comment ils arrivent à se reproduire à une telle vitesse dans un pays en guerre, je suppose que ça démontre que c'est pas des gens comme nous, hein). Quand à l'arrondi à l'unité, ça doit être pour rappeler qu'il y a des migrants qui ont le mauvais goût de ne pas arriver entiers (et donc d'être encore plus à la charge de la société, hein). Il faudrait ajouter un élément à l'exercice: "Expliquez pourquoi cet exercice démontre que la citation d'Albert Einstein suivante est vraie: "Deux choses sont infinies: l'univers et la bêtise humaine. Mais en ce qui concerne l'univers, je n'en ai pas encore acquis la certitude absolue".
- William FosterExpert
Les infestations ne s'éradiquent pas toutes, et le fait qu'elles puissent être éradiquées dans certains cas ne signifie pas qu'on les éradique toutes. Raisonnement faux.archeboc a écrit:* Une infestation s'éradique : nous sommes très loin d'éradiquer les migrants, et il n'y a évidemment rien de tel dans le manuel Nathan.
Par contre, tu as raison de dire que l'exercice du Nathan ne dit pas ça. D'ailleurs, ici, personne ne l'a dit, crois-je.
Si j'emploie le mot "infestation" c'est pour souligner qu'on ne les considère pas comme des êtres humains à part entière, mais plus comme des nuisibles dont il faudrait prendre la mesure de la dangerosité dans l'envahissement. Et là, l'exercice porte à croire que l'envahissement est exponentiel, alors que c'est faux.
Ça veut juste dire que ça ne me dérange pas de déconsidérer des gens qui choisissent d'utiliser leurs capacités pour s'avilir (xénophobes, riches voleurs, spécialistes du didactique, président du Medef, Ramsay Bolton, ...)* "avec laquelle des êtres humains sont déconsidérés pour quelque chose qu'ils n'ont pas voulu" : j'ai du mal à saisir ce que cela signifie, mais la tournure me semble très alambiquée : cette façon de tourner autour de l'indicible renvoie de nouveau, inévitablement, à la question du tabou.
Terminale, ce n'est pas une petite classe. C'est l'année où les élèves passent le bac.* Que dans les exercices soumis aux petites classes les données numériques soient systématiquement fantaisistes, c'est une constante : ce n'est sûrement pas sur ce point que l'exercice proposé par Nathan serait exceptionnel.
Toujours rigolo de commencer une phrase par "honnêtement"...Honnêtement, si on avait trouvé chez Nathan un exercice sur le rendement des tortionnaires syriens, je ne pense pas que les réactions auraient été plus violentes.
"j'ai du mal"Ce qui est très étonnant avec cette manifestation de tabou, c'est la force avec laquelle elle s'exprime, alors que l'incident qui la suscite n'est pas directement connecté avec les deux sources de sacer des sociétés européennes des années 1980-2020 : l'inviolabilité de la vie humaine et la haine du nazisme. C'est une curieuse alchimie qui se joue là : comme s'il y avait, derrière la question des migrants, une construction intellectuelle autre.
Lbl 0
"à saisir ce que cela signifie, mais la tournure me semble très alambiquée : cette façon de tourner autour de l'indicible renvoie de nouveau, inévitablement,"
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Tout le monde me dit que je ne peux pas faire l'unanimité.
"Opinions are like orgasms : mine matters most and I really don't care if you have one." Sylvia Plath
Vérificateur de miroir est un métier que je me verrais bien faire, un jour.
- User17706Bon génie
Disons --- tant qu'à faire dans la fiction --- que ça aurait été interprété comme de l'humour noir, qui aurait suscité des réactions violentes également (légitimement, je pense), mais pour des raisons assez profondément différentes. L'auteur de l'hypothétique exercice sur le rendement des tortionnaires syriens aurait pu être taxé d'insensibilité, mais pas plus, précisément parce qu'on ne l'aurait pas soupçonné de promouvoir la torture ou l'efficacité dans la torture. Là, c'est différent, parce que les intentions qu'on prête se rencontrent et sont donc crédibles sans forcer à postuler l'humour : on soupçonne l'auteur de l'exercice, si toutefois l'exercice est bien réel (j'avoue avoir du mal à m'en laisser convaincre tellement c'est gros), d'utiliser le prétexte d'un exercice pour, avec une discrétion toute relative, diffuser des représentations fausses de ce flux, tellement fausses qu'on voit mal ce qui pourrait les expliquer à part une haine irrationnelle qu'il chercherait à diffuser. Il faut espérer, je crois, qu'un exercice sur le rendement des tortionnaires syriens provoquerait des réactions moins violentes.archeboc a écrit: Honnêtement, si on avait trouvé chez Nathan un exercice sur le rendement des tortionnaires syriens, je ne pense pas que les réactions auraient été plus violentes.
- dandelionVénérable
Je ne pense pas que l'exercice cherche à diffuser une haine irrationnelle. Il pourrait tout aussi bien souhaiter dénoncer l'absence de moyens mis à disposition pour accueillir des être humains dont on savait qu'ils allaient venir toujours plus massivement au fur et à mesure que la guerre perdurait. Certes, pas exponentiellement, avec des variations liées à l'avancée des conflits et aux saisons, mais, en tout cas, de façon sans doute assez prévisible. Que personne parmi les nombreux employés sans doute concernés par l'édition d'un manuel n'ait entrevu que la plupart des gens y verraient une incitation à la haine avant toute chose, cela paraît en effet incroyable.
Très franchement, je trouve surtout l'exercice stupide, et totalement inadapté à un cours de mathématiques dont l'objet ne me semble pas être de discuter des flux migratoires. Et puis bon, ramener à l'unité, c'est vraiment de très mauvais goût.
Les intérêts composés, ça c'est du réel, et en plus la société du crédit à l'américaine, c'est ce qui nous pend au nez vu la croissance exponentielle de la richesse et du pouvoir de quelques uns et de la pauvreté de quelques autres.
Très franchement, je trouve surtout l'exercice stupide, et totalement inadapté à un cours de mathématiques dont l'objet ne me semble pas être de discuter des flux migratoires. Et puis bon, ramener à l'unité, c'est vraiment de très mauvais goût.
Les intérêts composés, ça c'est du réel, et en plus la société du crédit à l'américaine, c'est ce qui nous pend au nez vu la croissance exponentielle de la richesse et du pouvoir de quelques uns et de la pauvreté de quelques autres.
- mrlNiveau 10
dandelion a écrit:Ok, y'a plein de migrants, c'est mathématique (quand à comment ils arrivent à se reproduire à une telle vitesse dans un pays en guerre, je suppose que ça démontre que c'est pas des gens comme nous, hein). Quand à l'arrondi à l'unité, ça doit être pour rappeler qu'il y a des migrants qui ont le mauvais goût de ne pas arriver entiers (et donc d'être encore plus à la charge de la société, hein).
J'ajoute qu'il ne me semble pas tabou de parler de migrants. Par contre, il est intolérable d'en parler à la manière du manuel Nathan.
Il faudrait demander aux concernés, les migrants, ce qu'ils pensent de l'exercice.
Imaginez si on demandait à d'autres, avec la même formulation, quelle serait la réaction...
Des homosexuels atteints du sida arrivent à l'hôpital. La première semaine, il en arrive 20. Puis chaque semaine, le nombre de nouveaux arrivants augmente de 10%.
a) Par combien est multipliée une quantité lorsqu'elle augmente de 10% ?
- skindiverÉrudit
William Foster a écrit:Ça me fait penser au début de "La vie est belle", la discussion sur le niveau des élèves qui arrivent à résoudre des problèmes de maths sur les économies faites en supprimant les handicapés.
Ca m'a fait immédiatement penser à ça...
Quand j'ai vu cet exercice circuler sur facebook, j'ai réellement pensé que c'était un article du gorafi.
Jusqu'où vont ils aller dans le glauque et le mauvais gout.
- faerNiveau 6
Je vais me ranger un peu aux côtés d'archeboc, même si j'ai toujours trouvé ridicule cette manière de poser des problèmes mathématiques.
Un autre "symptôme" du tabou et de la gêne qu'il occasionne, c'est le manque de finesse et d'analyse dans la lecture. On prend peu le temps de lire et relire le détail quand l'émotion prend aussi rapidement le pas. Certes, comme certains l'ont précisé, la libre interprétation de la formulation du problème penchera probablement davantage, dans un contexte socio-politique tendu, vers l'incitation à la haine et à la peur. Doit-on pour autant s'arrêter à ce constat ? Si on lit attentivement l'énoncé, certains détails semblent pencher vers un désir d'alerter l'opinion sur un drame (mais de manière trop implicite ? probablement), tel qu'il a été présenté à la télévision. L'énoncé précise que les migrants, d'une part, fuient la guerre, et, d'autre part, atteignent une île en Méditerranée. Quand on connaît bien le sujet, peut-on penser à autre chose qu'à Kos ou Lampedusa ? Quelle a été l'actualité dramatique ici ? L'entassement de migrants dans des camps, avec des frontières fermées. Si l'énoncé avait parlé de l'arrivée massive de migrants en France ou dans tel pays, je ne dis pas, mais ici on est pas loin de la description des conséquences de la guerre avec ses déplacements de population à la frontière, dans des conditions terribles. Parle-t-on souvent du nombre de migrants, largement majoritaire, qui atterrissent dans des camps situés dans les pays limitrophes ? Ici, comme à Kos ou Lampedusa, évoquer le nombre peut être un moyen d'alerter l'opinion sur une situation invivable. Je trouve donc le procès un peu rapide.
Reste que l'exercice est effectivement maladroit et absurde (arrondir à l'unité ).
Un autre "symptôme" du tabou et de la gêne qu'il occasionne, c'est le manque de finesse et d'analyse dans la lecture. On prend peu le temps de lire et relire le détail quand l'émotion prend aussi rapidement le pas. Certes, comme certains l'ont précisé, la libre interprétation de la formulation du problème penchera probablement davantage, dans un contexte socio-politique tendu, vers l'incitation à la haine et à la peur. Doit-on pour autant s'arrêter à ce constat ? Si on lit attentivement l'énoncé, certains détails semblent pencher vers un désir d'alerter l'opinion sur un drame (mais de manière trop implicite ? probablement), tel qu'il a été présenté à la télévision. L'énoncé précise que les migrants, d'une part, fuient la guerre, et, d'autre part, atteignent une île en Méditerranée. Quand on connaît bien le sujet, peut-on penser à autre chose qu'à Kos ou Lampedusa ? Quelle a été l'actualité dramatique ici ? L'entassement de migrants dans des camps, avec des frontières fermées. Si l'énoncé avait parlé de l'arrivée massive de migrants en France ou dans tel pays, je ne dis pas, mais ici on est pas loin de la description des conséquences de la guerre avec ses déplacements de population à la frontière, dans des conditions terribles. Parle-t-on souvent du nombre de migrants, largement majoritaire, qui atterrissent dans des camps situés dans les pays limitrophes ? Ici, comme à Kos ou Lampedusa, évoquer le nombre peut être un moyen d'alerter l'opinion sur une situation invivable. Je trouve donc le procès un peu rapide.
Reste que l'exercice est effectivement maladroit et absurde (arrondir à l'unité ).
- RendashBon génie
Babarette a écrit:C'est exactement mon sentiment. Dans la tête d'un élève, un manuel scolaire dit la vérité: si le manuel de maths dit que l'immigration augmente de 10%, c'est que c'est vrai. Or, mettre ce genre d'âneries dans la tête d'un élève, c'est au mieux stupide.
Tu sors ça d'où ?
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"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
- gauvain31Empereur
Rendash a écrit:Babarette a écrit:C'est exactement mon sentiment. Dans la tête d'un élève, un manuel scolaire dit la vérité: si le manuel de maths dit que l'immigration augmente de 10%, c'est que c'est vrai. Or, mettre ce genre d'âneries dans la tête d'un élève, c'est au mieux stupide.
Tu sors ça d'où ?
C'est inconscient: livre = auteurs enseignants confirmés = ils savent de quoi ils parlent= tout est donc vrai. Dans un sondage il y a quelques années la très grande majorité des élèves reconnaissent les compétences de leurs enseignants. Je pense pas qu'ils aient un esprit critique assez développé pour se permettre de dire qu'il y a des mensonges dans un livre
- AndmaExpert spécialisé
je suis outrée que des collègues écrivent des conneries pareilles ! c'est immonde et j'ai honte pour eux ! tout ça au titre de l'interdisciplinarité ! Mais je lui dit à l'interdisciplinarité !
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Nelson Mandela : « en faisant scintiller notre lumière nous offrons la possibilité aux autres d'en faire autant »
- JEMSGrand Maître
A quand le pourcentage de pertes...
Bref, à vomir. Qu'ils viennent un peu du côté des centres d'aide...
Bref, à vomir. Qu'ils viennent un peu du côté des centres d'aide...
- RendashBon génie
gauvain31 a écrit:Rendash a écrit:Babarette a écrit:C'est exactement mon sentiment. Dans la tête d'un élève, un manuel scolaire dit la vérité: si le manuel de maths dit que l'immigration augmente de 10%, c'est que c'est vrai. Or, mettre ce genre d'âneries dans la tête d'un élève, c'est au mieux stupide.
Tu sors ça d'où ?
C'est inconscient: livre = auteurs enseignants confirmés = ils savent de quoi ils parlent= tout est donc vrai. Dans un sondage il y a quelques années la très grande majorité des élèves reconnaissent les compétences de leurs enseignants. Je pense pas qu'ils aient un esprit critique assez développé pour se permettre de dire qu'il y a des mensonges dans un livre
Faut croire que les auteurs du sondage n'ont pas interrogé les professeurs de SVT et d'histoire-géographie Et qu'ils n'ont pas tenu compte de YouTube, non plus. Quelques années, dis-tu ? Si tu retrouves la date, voire le sondage lui-même, ça m'intéresse.
Mais ça n'était pas le sens de ma question, de toute façon
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"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
- gauvain31Empereur
Rendash a écrit:gauvain31 a écrit:Rendash a écrit:Babarette a écrit:C'est exactement mon sentiment. Dans la tête d'un élève, un manuel scolaire dit la vérité: si le manuel de maths dit que l'immigration augmente de 10%, c'est que c'est vrai. Or, mettre ce genre d'âneries dans la tête d'un élève, c'est au mieux stupide.
Tu sors ça d'où ?
C'est inconscient: livre = auteurs enseignants confirmés = ils savent de quoi ils parlent= tout est donc vrai. Dans un sondage il y a quelques années la très grande majorité des élèves reconnaissent les compétences de leurs enseignants. Je pense pas qu'ils aient un esprit critique assez développé pour se permettre de dire qu'il y a des mensonges dans un livre
Faut croire que les auteurs du sondage n'ont pas interrogé les professeurs de SVT et d'histoire-géographie Et qu'ils n'ont pas tenu compte de YouTube, non plus. Quelques années, dis-tu ? Si tu retrouves la date, voire le sondage lui-même, ça m'intéresse.
Mais ça n'était pas le sens de ma question, de toute façon
Il me semble que c'était paru sur Marianne sur les professions bien considérées et mal considérées ...... c'était il y a moins de 5 ans ça j'en suis quasiment sûr
- CelebornEsprit sacré
PauvreYorick a écrit:on soupçonne l'auteur de l'exercice, si toutefois l'exercice est bien réel (j'avoue avoir du mal à m'en laisser convaincre tellement c'est gros),
Il est (hélas) bien réel. Nathan a dans un premier temps confirmé à l'AFP, puis diffusé un communiqué de presse (LIEN) :
NATHAN a écrit:Communiqué – Notre réponse aux commentaires émis sur un exercice de mathématiques de la collection Hyperbole – Terminales ES-L
Les éditions Nathan ont pris connaissance d’une publication émise sur les médias sociaux qui met en avant une critique relative à l’exercice 93, page 34 du manuel de mathématiques de Terminale ES-L de la collection Hyperbole. L’exercice a pour but de calculer la somme des termes d’une suite dans le cas concret d’une augmentation régulière de population, un sujet classique des programmes de lycée.
Les programmes actuels encouragent la transdisciplinarité et l’ouverture sur d’autres thématiques.
Ils invitent également à traduire une situation concrète à l’aide d’une suite arithmético-géométrique. C’est ce que nous avons souhaité appliquer dans cet exercice en prenant un exemple d’une population qui croît régulièrement en lien avec un sujet d’actualité : la question des migrants fuyant la guerre.
Néanmoins, nous comprenons que le choix de cette thématique ait pu heurter. Nous nous en excusons et nous engageons à modifier la thématique de l’exercice lors de nos prochaines publications. Notre vocation d’éditeur scolaire est de proposer des ouvrages de qualité à tous les élèves et de porter les valeurs de tolérance, de respect et d’ouverture sur le monde.
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"On va bien lentement dans ton pays ! Ici, vois-tu, on est obligé de courir tant qu'on peut pour rester au même endroit. Si on veut aller ailleurs, il faut courir au moins deux fois plus vite que ça !" (Lewis Carroll)
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- mrlNiveau 10
faer a écrit:. L'énoncé précise que les migrants, d'une part, fuient la guerre, et, d'autre part, atteignent une île en Méditerranée. Quand on connaît bien le sujet, peut-on penser à autre chose qu'à Kos ou Lampedusa ? Quelle a été l'actualité dramatique ici ? L'entassement de migrants dans des camps, avec des frontières fermées. Si l'énoncé avait parlé de l'arrivée massive de migrants en France ou dans tel pays, je ne dis pas, mais ici on est pas loin de la description des conséquences de la guerre avec ses déplacements de population à la frontière, dans des conditions terribles. Parle-t-on souvent du nombre de migrants, largement majoritaire, qui atterrissent dans des camps situés dans les pays limitrophes ? Ici, comme à Kos ou Lampedusa, évoquer le nombre peut être un moyen d'alerter l'opinion sur une situation invivable. Je trouve donc le procès un peu rapide.
Reste que l'exercice est effectivement maladroit et absurde (arrondir à l'unité ).
Ok, mais pour une telle lecture, il faudrait préciser : "un camp de réfugiés" au lieu d' "une île".
Le problème (et je fais une analyse littéraire, après tout c'est ma formation), c'est que le mot "île" est le symbole d'un "centre spirituel primordial" (Dictionnaire des symboles, ed. Robert Laffon), ou le symbole du "refuge", d'un "lieu où la conscience et la volonté s'unissent pour échapper aux assauts de l'inconscient".
Pour certains, l' "île" de l'énoncé renvoie peut-être à un lieu physique pour ceux qui connaissent Kos ou Lampedusa. Pour les autres, cette "île" évoque un lieu sacré, paisible, etc.
Du coup, l'arrivée de centaines de migrants dans cette "île", que l'énoncé mentionne, peut être lue comme une menace s'exerçant contre ce lieu sacré et paisible qu'est l'île.
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