Re: Sujet de rédaction argumentatif à partir du "peigne cassé" de Rousseau

flo a écrit:J'ai toujours eu horreur des sujets type dialogue argumentatif. C'est fourre-tout, très difficile pour les élèves de lier phrases de récit/dialogue/arguments et ça donne un gloubiboulga difficile et très pénible à corriger. Je préfère nettement les sujets d'invention et les sujets de réflexion avec plan.
De toute façon, l'écriture de dialogues en rédaction finale est toujours source de verbiage.
En revanche, ce type de travail sur une écriture longue, peut-être à deux, reprise plusieurs fois, peut être intéressant et faire réellement progresser les élèves.

Carioca a écrit:Une réflexion sur les erreurs judiciaires ?

Ce sera la première rédaction de l'année, en septembre, donc nous n'aurons pas encore vu la méthode du sujet de réflexion. Et c'est vraiment un parti pris de ma part que de ne pas commencer par un sujet purement rédactionnel.
Je pense que je vais construire mon sujet autour de l'idée suggérée par l'un(e) d'entre vous : un dialogue entre les adultes, sans Rousseau. Ca me parait un peu moins casse-g... en effet.
Je comptais de toute façon faire ce sujet en AP (où nous avons les élèves en 1/2 groupe) pour travailler sur l'argumentation.

Voilà ce que ça donne pour l'instant :

Le soir de l'épisode du « peigne cassé », les adultes s'interrogent sur la culpabilité de Rousseau pour savoir s'il doit être puni. Ils ne sont pas d'accord : certains sont persuadés qu'il est coupable, d'autres pensent que Rousseau dit la vérité et qu'il est innocent. Imaginez leur dialogue ainsi que les arguments de chacun.

Le problème, c'est que les adultes, M. Lambercier et sa sœur, sont parfaitement convaincus de la culpabilité de Rousseau au pont de faire intervenir son oncle :

La méchanceté, le mensonge, l’obstination, parurent également dignes de punition ; mais pour le coup ce ne fut pas par mademoiselle Lambercier qu’elle me fut infligée. On écrivit à mon oncle Bernard : il vint. Mon pauvre cousin était chargé d’un autre délit non moins grave ; nous fûmes enveloppés dans la même exécution.

Hum... Oui c'est vrai. Je vais y réfléchir à nouveau.

Voilà pourquoi je suggérais" plusieurs années plus tard", et dans un écrit, (bon on peut imaginer un dialogue le soir à la chandelle entre la vieille fille et le pasteur...) .... Wink

Sinon, il faudrait que je relise, mais l'appel à l'oncle n'est-il pas lié à l'"effet" gênant de la première fessée de la demoiselle? :blague:

Iphigénie a écrit:Voilà pourquoi je suggérais" plusieurs années plus tard", et dans un écrit, (bon on peut imaginer un dialogue le soir à la chandelle entre la vieille fille et le pasteur...) ....

Cette idée est bonne mais ne colle pas à mon objectif de vouloir faire travailler l'argumentation. Je ne sais plus trop quoi faire avec cette idée de sujet, et les autres textes de mon chapitre ne se prêtent pas davantage à un sujet argumentatif.

Oui, je comprends, et je ne connais pas les programmes de troisième précisément, mais je ne comprends pas bien ce que tu appelles argumentation: c'est nécessairement un dialogue? Un raisonnement dialectique, type examen de conscience, ce n'est pas argumentatif pour vous?

Iphigénie a écrit:Oui, je comprends, et je ne connais pas les programmes de troisième précisément, mais je ne comprends pas bien ce que tu appelles argumentation: c'est nécessairement un dialogue? Un raisonnement dialectique, type examen de conscience, ce n'est pas argumentatif pour vous?

Si, mais un sujet du type "examen de conscience", c'est trop compliqué je pense pour mes élèves.

Ah! c'est sûr: au bac les inventions nous donnent de belles calamités tous les ans...

« Rousseau dit-il la vérité ? »

Je me pose la question, à la lumière du livre de Pierre Bayard, Qui a tué Roger Ackroyd ?

Partant du texte, rien que le texte, l'auteur démontre que le coupable n'est pas celui désigné par le narrateur.

Demandons-nous donc si les choses se sont bien passées comme il le dit. Certes, il proclame en ouverture :

Je n’ai rien tu de mauvais, rien ajouté de bon.

Pour le peigne cassé, il déclare : Qu’on ne me demande pas comment le dégât se fit, je l’ignore et ne le puis comprendre ; ce que je sais très certainement, c’est que j’en étais innocent.

Il est innocent, nous le croyons, c'est le pacte de lecture. Mais il peut mentir pour protéger le véritable auteur qu'il connait forcément :

J’étudiais un jour seul ma leçon dans la chambre contiguë à la cuisine. La servante avait mis sécher à la plaque les peignes de mademoiselle Lambercier. Quand elle revint les prendre, il s’en trouva un dont tout un côté de dents était brisé. À qui s’en prendre de ce dégât ? personne autre que moi n’était entré dans la chambre.

Personne, vraiment ? et la servante ? Ce n'est pas quelqu'un, la servante ?

D'où le sujet : Rousseau dit-il bien ce qui s'est passé, ou ment-il pour protéger la servante ?

Ca y est Délia s'est lancée dans le devoir Very Happy

C'est intéressant Délia! Je vais réfléchir à cette piste.

Iphigénie a écrit:Oui, je comprends, et je ne connais pas les programmes de troisième précisément, mais je ne comprends pas bien ce que tu appelles argumentation: c'est nécessairement un dialogue? Un raisonnement dialectique, type examen de conscience, ce n'est pas argumentatif pour vous?

Oui, pourquoi forcément un dialogue et pas, par exemple "Mlle Lambercier écrit à l'oncle de Rousseau pour lui dire qu'il mérite une punition, écrivez-là". Ca fait une argumentation. C'est peut-être plus simple que d'imaginer un affrontement.

Oui c'est vrai que c'est bien aussi comme sujet. Et ça évite les écueils du dialogue c'est vrai.

Moi j'aime bien l'idée d'un dialogue, et je pense que les élèves aussi.

Seulement pour le dialogue entre un pasteur et une vieille fille au XVIIIe, impossible de leur demander de s'identifier à aucun des deux. Ne serait-il pas plus motivant et plus simple pour les élèves de leur demander d'imaginer le dialogue entre le narrateur et la servante (ou le fils/la fille de la servante, ce qui obligerait à recontextualiser), par exemple le soir quand les maîtres se sont retirés ?

Question juste en passant...

Idée intéressante aussi: mais quel serait le point de vue défendu par la servante ou le fils de la servante?

un point de vue "mystère de la chambre jaune". Plus sérieusement : que Rousseau a menti / ment pour faire planer la suspicion sur elle.

Ca me paraît très compliqué pour le coup, mais ce n'est que mon avis.

Beuh non : chacun dirait que ce n'est pas lui/elle, et que cela ne peut être que elle/lui. A affiner, étoffer et argumenter bien sûr Very Happy

Alternative : après récapitulatif des faits et interrogation mutuelle, leur confiance réciproque peut triompher et ils débattent à froid du mystère / d'une façon de l'éclaircir.

Peut-être... mais on trouve un peu moins de matière à argumenter dans le texte pour ça que pour la réclammation d'une punition contre Rousseau, non ?

Décidément Marjolie, tu poses un vrai casse-tête ! abi

Le texte est super court, non ?

Ca dépend où tu le coupes! Mais je ne saurais pas en dire plus, ma lecture des Confessions est assez lointaine.

Tout cela me paraît bien compliqué par rapport aux bénéfices attendus pour les élèves.
Le texte en sortira forcément dénaturé et les élèves auront une première vision bien trop complexe de l'argumentation.
Mais ce n'est bien sûr que mon avis eu égard aux élèves que j'ai...

Oui, on dirait un peu du Vallès tout ca.
"On nous a donné l'autre jour comme sujet: "Themistocle haranguant les Grecs. Je n'ai rien trouvé, rien!"
Les inventions argumentatives, c'est collector finalement.... Very Happy

Et si on faisait comme Delia, simplement: croyez vous que Rousseau a menti? Justifiez votre point de vue en vous appuyant sur le texte?

J'ai jeté mon avis comme ça, ça peut donner idée des réflexions d'élève ...

Lombalgia a écrit:J'ai jeté mon avis comme ça, ça peut donner idée des réflexions d'élève ...

Voui, c'est ce qu'on fait tous... Very Happy