Reconversion enseignant SES

Bonjour,

Je me présente brièvement je suis diplômé d'une "grande" école de commerce.
J'ai 27 ans et je m'intéresse depuis un certain temps à l'enseignement.
Je n'ai aucun diplôme (CAPES, Agreg) mais je souhaitais savoir s'il était possible d'enseigner la SES au lycée, si possible dès cette année scolaire.
Je pense que la seule voie possible est d'enseigner en tant que contractuel. Je me demandais s'il n'était pas plus intéressant dans un premier temps (et sans doute moins écœurant si vraiment je vois que cela n'est pas fait pour moi) d'enseigner en tant que contractuel dans le privé. Et si possible sur Paris
Merci beaucoup pour vos conseils.

Un de mes collègues a eu un parcours similaire au tien : cadre sup dans le privé (passé par une école de commerce), il a souhaité se reconvertir et est devenu contractuel de SES. Au bout de quelques années d'exercice, il a passé et réussi le capes réservé. Ton projet est donc tout à fait réalisable.
PS : On parle des SES et non de la SES

Bonjour Raph,

D'abord, bienvenue ici !

Capes et agrégation ne sont pas des diplômes, mais des concours ; ne pas les avoir ne t'empêche pas d'exercer en tant que contractuel, et il y a de réels besoins dans certaines académies (celles où les barres d'admission sont les plus basses, généralement).

Attention cependant, les SES ne sont pas seulement de l'économie : si tu es diplômé d'une école de commerce, tu dois surtout être calé en marketing, en gestion, en compta, etc., ce qui ne relève pas du programme de SES. Et il faudra aussi maîtriser des bases solides en socio, et en sciences politiques à une moindre échelle.

As-tu déjà jeté un coup d'oeil au programme de SES ?

PS : merci, Cleroli, je désespère de voir tant de collègues ne jamais s'en rappeler

Coucou !

J'ai 29 ans et presque exactement le même parcours que celui que tu comptes faire, Raph. J'ai eu mon diplôme d'école de commerce en 2011, j'ai travaillé un peu partout dans le monde, sauf que je suis passé directement par la case préparation de CAPES sans faire contractuel.

Nul doute que sur Paris ou en région Parisienne, tu trouveras un établissement en besoin, mais pour te sentir bien, je te conseille de revoir un peu des trois matières liées aux SES au lycée : économie (ça devrait être ok, encore quoique, ça dépend si tu es passé par une prépa ECE ou ECS, car en ECS on voit globalement de l'histoire geo / geopolitique, pas vraiment d'économie), sociologie (normalement tu as du taf ici, en tout cas si c'est comme avant ) et sciences politiques (qui devraient être nouvelles pour toi, sauf changement).

Regarde un peu les programmes et commence à les travailler dès maintenant. Si tu es contractuel l'année prochaine, tu as des chances d'avoir 18h d'un coup y compris potentiellement avec des term, donc un mois de retour sur les savoirs ne sera pas de trop.

Bon courage, et n'hésite pas si tu as des questions !

Merci beaucoup pour vos réponses
Sunn j'ai fait une ECS en effet...
Mais je me demandais quelle était l'ambiance en général lorsqu'on enseignait les SES.
Est-ce que du fait qu'on enseigne en lycée les élèves sont plus impliqués ?
Et est-ce que cela vous semble possible d'avoir une classe dès l'année scolaire 2017-2018 sachant que je n'ai fait aucune démarche pour l'instant ?

Je réponds rapidement à tes questions :
- l'ambiance générale dépend des lycées (dit autrement, certains lycées sont plus "faciles" que d'autres). Maintenant, vu que les SES sont la matière à plus gros coef (certes à égalité avec les maths pour ceux qui ont choisi "spé maths" en Tale), les élèves sont généralement plus attentifs et impliqués;
- tu peux te retrouver avec un edt de 15h ou 18h puisque, si tu es appelé, ce sera pour remplacer un collègue absent. De même, tu peux avoir des Tales, en effet (cas du contractuel de math de ma classe de TES qui a remplacé la prof titulaire pendant son congé mat -il s'agissait de sa 1ère expérience dans l'EN);

Danska a écrit:PS : merci, Cleroli, je désespère de voir tant de collègues ne jamais s'en rappeler

je crois avoir une excellente raison de m'en souvenir

Merci pour ces éclaircissements.
Je crois que la principale question reste : est-ce que je peux être pris en contractuel en SES alors que je n'ai fait qu'une école de commerce ?

Alors dans l'ordre :

- Je ne peux parler qu'avec un an de pratique, mais pour moi ce qui changeait radicalement l'ambiance, c'était surtout le niveau. Les 2nde peuvent être très pénibles car 1,5 h par semaine + tu as des élèves qui savent déjà qu'ils ne veulent pas aller en ES et qui ne seront pas dans la bonne attitude. En 1ère ES, tu as des classes souvent hétérogènes : une partie qui sait ce qu'elle voulait faire et vient en ES par choix, et une autre qui soit n'était pas suffisamment bonne pour S, soit ne voulait absolument pas aller en STMG. Le cocktail est assez étonnant à voir, chez moi ça s'était traduit par une tête de classe discrête mais bosseuse qui subissait un peu les 14 / 15 élèves qui ne savaient pas pourquoi ils étaient en ES.
Le lycée fait que de toute façon, une sélection a déjà été opérée et que pas mal d'élèves difficiles du collège ne sont plus dans les parages une fois la 2nde terminée. Mais il y a tellement de critères qui déterminent l'ambiance dans un établissement que c'est dur de te faire un panorama

Pour les démarches, elles se font le plus tôt possible, mais tu ne seras pas en retard si tu les fais maintenant. Plusieurs amis qui n'ont pas eu le concours il y a 2 ans ont fait une année comme contractuels en présentant leur dossier courant septembre.

Si tu as fait ECS, ça dépend de l'école d'où tu viens, mais tu auras probablement un peu de théories économiques à (re)voir pour être prêt en économie également.

J'ai connu plein de contractuels et/ou stagiaires de SES qui venaient comme moi de l'entreprise et ne sortaient pas de la fac + concours
Ton profil est très courant et une de mes collègues est diplômée d'une école de commerce et est devenue prof à 40 ans en passant le concours

Cleroli a écrit:

Danska a écrit:PS : merci, Cleroli, je désespère de voir tant de collègues ne jamais s'en rappeler

je crois avoir une excellente raison de m'en souvenir

Ne rigole pas : le nombre de collègues... de SES qui parlent de "la SES" ! (oui oui, encore un néo-tit' arrivé cette année dans mon bahut )

Merci beaucoup pour vos conseils.
Personnellement je sors d'une parisienne. Je crois que Acloé est le repère pour postuler

Idem, je viens de l'ESCP Mais je me rappelle pas avoir fait beaucoup de théorie économique à part en prémaster. Donc tu as du taf

Oui Acloé est le portail à utiliser.

Sunn, raph123, et les autres, je suppose qu'on a déjà dû vous demander ça mais je serais curieux de connaître les éléments qui ont motivé votre reconversion.

Quelle a été la durée de votre passage en entreprise (ou autre) ? Rencontriez vous des insatisfactions au quotidien et si oui, lesquelles ? Ou est-ce plutôt un désir de faire quelque chose de différent ? Ou bien des questions liées à d'autres éléments de votre vie (famille, projets personnels...) ?

Je suis curieux notamment pour ceux qui viennent d'une parisienne, a priori promis à des carrières intéressantes (mais sans doute pénibles à divers égards).

Pour ma part, j'ai un temps pensé faire le chemin inverse (tenter une admission parallèle après être engagé dans la voie académique) mais je n'ai finalement pas sauté le pas. D'où ma curiosité.

Je précise que :
1) je ne suis pas en SES
2) je ne tiens pas à hijacker le topic, mais vos réponses m'intéressent

Pour la question d'un emploi de contractuel c'est en effet possible dans le public, via Acloé, avec des besoins variables en fonction des académies. Ton cursus en grande école garantit un niveau académique, a compléter en effet.

Dans le privé, comme tu l'indiques, il est possible d'être contractuel puis de passer le CAFEP (ou d'être contractuel ET de passer le CAFEP, ça se fait très bien). La procédure est différente : il faut directement envoyer un CV et une LM aux chefs d'établissement. Ton cursus pourrait attirer leur attention. En général, on peut postuler dès juin/juillet mais des postes sont sans doute pourvus au moment où les bahuts ouvrent à nouveau (càd mi août). Il faut mitrailler un peu partout (il est plus facile d'obtenir un poste en banlieue qu'à Paris, mais là encore ton cursus peut éventuellement taper dans l'œil d'un CDE, donc ne te censures pas). Si tu n'as pas de réponse positive, c'est peut-être une question de délais, donc n'hésite pas à retenter l'an prochain en t'y prenant plus tôt.

De toute façon, étant donné ta formation, le CAPES, même avec un emploi de contractuel en parallèle, ne devrait pas être inaccessible. Même si, en effet, il y aura des révisions + des matières à découvrir. Tu n'envisages pas l'agreg' ?

Ne pas oublier que les contractuels dans le privé sont bien moins payés que ceux du public....

@Swurm : J'ai suivi mes études en me laissant un peu porter par le flot. J'étais bon au lycée, mon prof de SES m'a dit : "pourquoi pas faire une prépa ?" J'aimais le challenge intellectuel que ça représentait, donc je suis parti dans cette direction. La prépa s'est bien passée, et j'ai atterri en école, sans avoir jamais vraiment réfléchi vers quelle vie ça me mènerait. Je me suis aussi mis une certaine pression pour ma réussite, car je viens d'une famille monoparentale où on a toujours galéré et je voulais pouvoir aider ma famille avec ma future vie. Ca tombait bien, en école on t'accueille avec Christine Lagarde en amphithéâtre pour la cérémonie de bienvenue, des petits fours, du champagne, et on te répète à l'envi que tu es l'avenir de la nation. Tu fais parti des 10 élèves de ta promo issus d'un milieu ouvrier (sur 400), tu te sens pas forcément à ta place, mais le décor résonne avec tes envies de grandeur et d'ascension sociale.

Comme il fallait choisir sa spécialisation j'ai pris les ressources humaines, et je me suis lancé dans le monde de l'entreprise. J'ai travaillé pendant 4 ans dans différents pays, avec différents niveaux de responsabilité, mais toujours cette sensation de vide, qui s'est renforcée quand je me suis rendu compte que les entreprises t'embauchent pour tes capacités intellectuelles, puis une fois embauché, te demandent de sourire, de la fermer et de suivre les consignes sans faire de vague. C'était une source de frustration immense, j'ai un tempérament très franc et honnête, et j'ai besoin d'exprimer ma créativité, ce qui était impossible sans bousculer l'ordre établi et se battre contre des moulins à vent.

Après une dépression, et une remise en cause globale de ma manière de vivre, j'ai décidé de revenir en France, de supprimer mon compte Linked In et mon carnet d'adresses, de m'éloigner de mes anciens camarades d'école qui représentent un monde qui n'était, n'est et ne sera jamais le mien (coucou Bourdieu ^^). Je me suis alors raccroché à une envie que j'avais, dormante depuis la primaire, de devenir professeur. Et je crois que j'aurais dû écouter ma petite voix plus tôt, car j'ai passé une année géniale, à me donner à fond pour des élèves parfois ingrats certes, mais dont les quelques remerciements suffisent pour donner du sens au fait de me lever tous les matins.

Au passage, j'ai divisé mon salaire par 6. J'y pense parfois en fin de mois, mais je me sens heureux, et c'est le principal

C'est sûr que le salaire des enseignants n'est pas à la hauteur, tant de l'énergie déployée que du niveau de qualification... Si les choses pouvaient être un peu plus équilibrées par rapport à certains postes du privé, ce serait bien. Mais, malheureusement, notre époque n'a guère le goût de la mesure.

Merci beaucoup, en tout cas, pour ta réponse très détaillée ! Je comprends bien ta démarche, qui consiste à chercher du sens ainsi qu'une forme de liberté et d'autonomie. Ce fut courageux de ta part !

L'essentiel est de savoir aller vers ce qui nous correspond intimement, mais ce n'est jamais simple, car nos désirs profonds sont recouverts par un bruit de fond, si bien qu'il est difficile d'en distinguer la teneur.

En même temps, le passage par le monde que tu décris, même s'il était une sorte de détour, t'apporte forcément quelque chose. Il te permet sans doute d'apprécier certaines choses dont la valeur ne serait pas aussi évidente pour toi autrement. Il te donne aussi la connaissance d'une forme d'altérité, ce qui est précieux pour nourrir une réflexion sociologique, me semble-t-il (même si cela n'est pas une condition nécessaire).

Personnellement j'ai fait HEC j'ai réalisé des stages dans le secteur privé que j'ai détesté (mesquineries, importance démesurée donnée à des enjeux qui n'en valent pas la peine, réunionite stupide -mais je crois comprendre que l'EN commence à être touchée non ?-, vacuité des tâches et sentiment d'inutilité etc). En ce moment je travaille comme contractuel dans l'administration. J'ai aussi un peu peur de sauter le pas car je n'ai pas vraiment d'expérience de l'enseignement (si ce n'est quelques cours particuliers mais je sais que cela n'a rien à voir) et je me demande ce que je ferai si je me rends compte que cela ne me plaît pas. mais j'ai quand même envie d'essayer.
Pour ce qui est du programme en SES, même si j'ai fait une SES, je me suis toujours intéressé à l'éco donc je maîtrise les manuels de base (par exemple le précis d'économie de combe) en revanche en socio c'est le trou noir. J'imagine que cela peut se rattraper ...

raph123 a écrit:Personnellement j'ai fait HEC j'ai réalisé des stages dans le secteur privé que j'ai détesté (mesquineries, importance démesurée donnée à des enjeux qui n'en valent pas la peine, réunionite stupide -mais je crois comprendre que l'EN commence à être touchée non ?-, vacuité des tâches et sentiment d'inutilité etc). En ce moment je travaille comme contractuel dans l'administration. J'ai aussi un peu peur de sauter le pas car je n'ai pas vraiment d'expérience de l'enseignement (si ce n'est quelques cours particuliers mais je sais que cela n'a rien à voir) et je me demande ce que je ferai si je me rends compte que cela ne me plaît pas. mais j'ai quand même envie d'essayer.
Pour ce qui est du programme en SES, même si j'ai fait une SES, je me suis toujours intéressé à l'éco donc je maîtrise les manuels de base (par exemple le précis d'économie de combe) en revanche en socio c'est le trou noir. J'imagine que cela peut se rattraper ...

Tu as réussi à rentrer à HEC, il n'y a aucune raison pour que tu ne réussisse pas le CAPES....

Pourtant les ESPE méprisent les Grandes Ecoles !
J'avais demandé à rentrer en MEEF 1 après avoir fait une Ecole Centrale et on m'a gentiment mis à la porte en prétextant que mon parcours était inadapté au CAPES de Mathématiques... Ça ne m'a pas empêché de l'avoir en candidat libre... Qu'ils ne viennent pas se plaindre qu'ils manquent de candidats après !

raph123 a écrit:Personnellement j'ai fait HEC j'ai réalisé des stages dans le secteur privé que j'ai détesté (mesquineries, importance démesurée donnée à des enjeux qui n'en valent pas la peine, réunionite stupide -mais je crois comprendre que l'EN commence à être touchée non ?-, vacuité des tâches et sentiment d'inutilité etc). En ce moment je travaille comme contractuel dans l'administration. J'ai aussi un peu peur de sauter le pas car je n'ai pas vraiment d'expérience de l'enseignement (si ce n'est quelques cours particuliers mais je sais que cela n'a rien à voir) et je me demande ce que je ferai si je me rends compte que cela ne me plaît pas. mais j'ai quand même envie d'essayer.
Pour ce qui est du programme en SES, même si j'ai fait une SES, je me suis toujours intéressé à l'éco donc je maîtrise les manuels de base (par exemple le précis d'économie de combe) en revanche en socio c'est le trou noir. J'imagine que cela peut se rattraper ...

Ca peut, et c'est même une obligation pour beaucoup d'enseignants en SES, dont la plupart viennent de filières économiques davantage que sociologiques.

Attention tout de même : si tu es contractuel l'année prochaine, tu peux te retrouver avec 18h de cours, dont une 1ère et une Tle, et là tu n'auras humainement pas le temps de tout rattraper, de préparer tes cours et de faire le travail attendu d'un enseignant. Matériellement parlant, quelle que soit ta capacité de travail, c'est pratiquement impossible : le programme de Tle notamment nécessite des bases bien maîtrisées, pas tant pour faire le cours que pour expliquer certaines notions délicates (mobilité observée / fluidité sociale) et pour répondre aux questions des élèves.

Juste une petite précision Raph: n'oubliez pas qu'enseigner n'est pas un métier quel'on exerce du jour au lendemain sans la moindre formation, on l'a répété maintes fois ici à juste titre. Vous risquez de tomber de haut si vous pensez qu'il ne s'agit que de transmettre un savoir. Votre poste initial insistant sur le fait que vous ne voulez exercer que dans le privé me semble significatif d'une vision plus que biaisée que vous paraissez avoir de notre job. Mais bon courage et bonne chance à vous.

Lord Steven j'évoquais le privé aussi et surtout car je pense que les processus sont peut-être moins formalisés que dans le public et que j'aurais plus de chance d'y trouver un poste sans Capes, Agreg ni formation (mais là aussi je me fourre peut être le doigt dans l'oeil).
Dans ma situation financière, je ne peux me permettre de m'arrêter de travailler une année pour préparer le CAPES ou l'Agreg j'aimerais donc un peu tout concilier : gagner ma vie (enfin comme un enseignant), voir si ça me plaît et me former en même temps. Mais en lisant les différentes réponses ça semble compliqué.

Le fait que vous souhaitiez voir si vous êtes fait pour cette profe9est des plus louables, mais n'oubliez pas que vous aurez des élèves devant vous et que ce sont toujours eux qui importent. J'espère que vous aurez un minimum de formation avant de vous lancer, je ne connais pas le processus de recrutement des contractuels ni leur formation. Mais encore une fois je ne cherche pas à décourager une vocation bien au contraire!!!! Sachez simplement que la somme de travail qui vous attend enntant que néophyte est immense, sinon si notre travail se limitait à dicter des connaissances, n'importe qui pourrait enseigner n'importe quoi....