- amarineNiveau 4
première semaine de juillet:
Voici les références de l'extrait:
L’Usage du monde, Nicolas Bouvier - pages 84-86 : « Une que nos déboires n’étonnait pas.. qu’ils avaient préparée pour nous. »
On se laisse la semaine pour travailler et discuter sur la problématique et le développement de l'explication, avant nouvelle proposition le weekend prochain.
Voici les références de l'extrait:
L’Usage du monde, Nicolas Bouvier - pages 84-86 : « Une que nos déboires n’étonnait pas.. qu’ils avaient préparée pour nous. »
On se laisse la semaine pour travailler et discuter sur la problématique et le développement de l'explication, avant nouvelle proposition le weekend prochain.
- Felix-icisNiveau 4
Merci. Je fais ça très vite et je poste.
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"Let the wild rumpus start"
- sifiÉrudit
Merci!! Je vais tâcher de m'y mettre.
- InvitéInvité
Je participerai, mais pas forcément pour Bouvier. Je n'aurai pas le temps de travailler ce passage cette semaine, et l'analyse des textes descriptifs m'est difficile. En tout cas, merci d'avoir lancé le fil, Amarine. Je vous rejoindrai très vite.
- Felix-icisNiveau 4
Questions:
1.on fait l'Et en entier?
2On se donne un temps limité ( et tout le monde peut participer sans avoir l'impression de ne pas être au point), ou on fait exploser le compteur( quitte à se décourager des la 2ème Et)?
1.on fait l'Et en entier?
2On se donne un temps limité ( et tout le monde peut participer sans avoir l'impression de ne pas être au point), ou on fait exploser le compteur( quitte à se décourager des la 2ème Et)?
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"Let the wild rumpus start"
- amarineNiveau 4
Felix-icis a écrit:Questions:
1.on fait l'Et en entier?
2On se donne un temps limité ( et tout le monde peut participer sans avoir l'impression de ne pas être au point), ou on fait exploser le compteur( quitte à se décourager des la 2ème Et)?
Je ne sais pas trop. Je crois que ce qui serait bien c'est d'avoir un échange fructueux plutôt que plusieurs travaux envoyés sans qu'ils suscitent des discussions.
Rédiger l'explication c'est long mais on est obligé d'analyser le texte avant de tenir le "protocole de lecture" ; et une bonne problématique si j'ai bien compris, c'est l'enjeu.
Je propose donc qu'on se concentre sur le nœud du problème : problématique, mouvements du texte, et éventuellement éléments de conclusion .
On peut regarder le texte (en temps à peu près limité : pas plus de 3 heures - il y a 2h30 maximum à l'oral), se tenir prêts et "discuter" à un certain moment, sachant que la semaine est encore tendue (correction DNB demain... et autres réunions les jours suivants). Est-ce que mercredi soir conviendrait ? ou vendredi soir ?
On essaie de trouver une formule positive. Personne n'a participé à quelque chose comme ça avant et pourrait proposer une organisation judicieuse ?
- Felix-icisNiveau 4
bon je poste. Je ne suis sûre de rien: ni de la forme, ni du fond mais il faut bien un premier...
3 heures, mais pour taper c'est très long, j'ai beaucoup de tropes sur la langue et pas dans mon ET (grrr) mais c'est le jeu.
3 heures, mais pour taper c'est très long, j'ai beaucoup de tropes sur la langue et pas dans mon ET (grrr) mais c'est le jeu.
- Bouvier le moda:
[Introduction]
[Situation du passage :] Thierry et Nicolas sont arrivés à Constantinople depuis peu. En cherchant un logement ils ont rencontré la logeuse madame Wanda, qui les accueille au Moda Palas. D’emblée dans cette ville hostile, ils sont comme soumis aux circonstances (ils baissent la voix dans ce lieu comme si le lieu les y contraignait). Madame Wanda les met en garde, ils ne vendront rien. S’ensuit le récit des échecs successifs, le seul amusement dans cette ville matérialiste restant les noms français mal orthographiés « filetminyon… agno alobergine »
[Caractérisation du texte :] Dans l’extrait étudié, Bouvier présente la chambrière qui se fait raconter les récits de leurs démarches infructueuses semblant même y prendre du plaisir et les rapportant à sa propre expérience de la vie. Le procédé s’est déjà rencontré dans le roman, avec la servante de Prileps en Macédoine qui vidait les tinettes et qui avait marqué Bouvier par cette fierté d’avoir connu les camps de concentrations. L’attitude de la chambrière donne une dimension comique au texte qui n’est pas sans rappeler Françoise, la servante de Proust ; mais elle renvoie aussi à ce monde silencieux, hermétique à toute interprétation et qui rend les hypothèses nécessaires, à l’image de cette ville, de cet hôtel et de ce jeu, le Whist dont l’étymologie anglaise renvoie au silence. Le seul endroit où ils sont accueillis est un lieu de silence qui les déroute par ses renvois incessants au passé. En même temps c’est ce passé, ce lien avec l’Europe, qui les réconforte dans cette ville si tournée vers la modernité et l’utilitaire.
[Problématique :] Comment Bouvier parvient-il à nous montrer que cette étape dans le voyage vers l’Inde est une frontière entre l’Europe et l’Asie, entre l’ancien et le nouveau et entre la parole et le silence ?
[Mouvements du texte :] Nous nous intéresserons d’abord à la présentation de ce personnage silencieux et énigmatique qu’est la chambrière. Puis nous tenterons d’analyser la critique omnisciente que Bouvier en propose et qui lui permet de resémentiser la rencontre. Enfin nous montrerons l’atmosphère spéculaire et silencieuse et la traduction picturale et littéraire qu’en fait Bouvier.
[1er mouvement : du début à nous encourager »]
La chambrière est présentée à la manière d’une héroïne puisqu’on a la sensation de déjà la connaître par l’emploi de l’article indéfini « une » dans la locution restrictive « une que... ». Ce procédé est récurrent dans l’œuvre (présentation de Moussa). Le présentatif « c’était » permet de présenter immédiatement après le personnage par un effet de fonction phatique. La périphrase « la chambrière du Moda » maintient cette femme dans son rôle social d’entre-deux qui lui permet de pénétrer dans la chambre et d’avoir une familiarité certaine avec les deux hommes puisqu’une intimité va s’instaurer. La suite de la description est ambiguë : le rythme binaire « amère et fine » pouvant être pris de manière oxymorique. Tout comme la comparaison « polonaise comme sa patronne » puisque dans le langage familier, la comparaison incluant un polonais est « saoul comme un polonais » alors qu’il ne s’agissait ici que de donner sa nationalité. De même la référence méliorative au diadème est niée par la mention de l’adjectif qualificatif « gris » ou par la locution péjorative « un de ces ». Ainsi, l’emphase de cette seconde phrase se trouve rabaissée par une chute avec la mention peu glorieuse de « la cigarette à la bouche » qui contraste avec la comparaison aux palaces de Montreux. La majesté du rôle est donc dégradée et permet d’instaurer une familiarité et une distanciation ironique. Les mentions contraires de « polonaise » et de « Montreux » instaurent un climat étrange et international qui peut confirmer ou infirmer (par exagération) le dépaysement que Bouvier est venu chercher.
Cet art du portrait par petites touches signifiantes peut être rapproché du fabuliste Jean de la Fontaine, d’autant plus que Bouvier se plait à assimiler les personnages à des animaux, chose qu’il ne fait pas ici pour la chambrière. En tout cas elle est ramenée au type de femme de chambre tel qu’on les trouve dans les gravures ou dans l’imaginaire collectif, ce qui jette un doute sur le réalisme de la rencontre puisqu’elle est tel qu’on l’imagine. Nous sommes bien dans la création littéraire ici. Cette orientation est amenée entre autres par l’adverbe « encore » dans « comme on en trouve encore dans les palaces de Montreux » puisqu’il s’agit bien d’une espèce disparue, ce qui tend à ramener le voyage non seulement dans le passé de l’énonciation mais aussi dans le passé de l’Europe : déjà du temps du voyage, on ne trouvait plus ce type de chambrière, et Bouvier devient un ethnologue ou un archéologue.
La suite du texte fait entrer le récit dans le narratif avec l’utilisation du passé itératif « chaque matin… elle s’asseyait » qui donne à penser que ces rencontres se sont répétées sur un temps très long, ou que l’intimité s’est instaurée dès le premier jour. Là encore, le caractère peu naturel domine. En tout cas le rituel est mis en avant avec le CC de temps « après avoir apporté le thé », qui vient justifier l’entrée de la chambrière et qui prépare à la narration qu’il va lui faire. L’effet de réel est cherché par Bouvier si on en croit les précisions qui sont données : « au bout du lit » ou bien « par le menu » (qui est façon de rapporter des paroles livrées en détail à l’époque). La chambrière ne parle pas dans le texte puisque ses prises de paroles sont résumées ici par l’imparfait des dires : « se faisait raconter », il va s’agir ici d’écouter le récit des deux hommes qui résument leur journée de la veille, mais là encore les propos sont résumés au discours indirect « nos échecs de la veille ». Ce ne sont donc pas ces échecs qui sont intéressants, d’autant que Bouvier les a déjà faits figurer dans son récit quelques pages auparavant.
La phrase suivante fait entrer le récit dans une dimension onirique par le biais des métaphores « La chambre était encore grise », « on entendait mugir les bateaux du Bosphore ». Les sens de l’ouïe et de la vue sont donc altérés et donnent en même temps une dimension épique quelque peu ironique au récit de Bouvier. Ce récit est en effet le sien, si on en croit le pronom personnel réfléchi « m’ » qui s’ensuit, Thierry ne raconte rien et laisse le champ libre à son ami l’écrivain, ce qui tend à signifier que l’écrivain est en action.
Ici Bouvier devient le COD, le texte cédant la première place à « Elle » puis à l’atmosphère et au récit. L’extrême attention (portée par le verbe écouter à l’imparfait à valeur de durée « écoutait ») qui est portée l’est, non à la personne qui narre, mais bien à « chaque détail lamentable » puisqu’on souligne la concomitance de leur narration avec le participe présent « en saluant d’un vigoureux hochement de tête ». L’assentiment de la chambrière est mutique mais les gestes sont retranscrits avec minutie avec le CC de manière « en secouant sa cendre » & l’adverbe « vigoureux ». La communication n’est donc pas verbale, puisque seul Bouvier parle, et elle n’est pas visuelle puisque la chambrière a « les yeux baissés ». Là encore la durée de l’événement est soulignée par l’imparfait mais aussi par la mention de la « sous-tasse » dans laquelle la chambrière dépose ses cendres, ce qui sous-entend que le petit déjeuner est fini. Soit la conversation a duré très longtemps, soit elle a attendu que le thé soit bu pour les écouter et s’asseoir. En tout cas l’ellipse temporelle nous indique bien que le récit des événements ne constitue pas le cœur de son anecdote.
[2ème mouvement : « Ça lui faisait même plaisir… nous encourager »]
Le narrateur devient alors omniscient et quitte le moment de la narration pour analyser le comportement de son auditrice. En effet, Bouvier nous affirme par le biais d’une formule assertive que « Ça lui faisait même plaisir », le nom commun « plaisir » ramenant la chambrière à une femme sans cœur, voire sadique. En réalité Bouvier spécule comme le montre le verbe à la première personne du singulier « j’ignore » (le présent souligne bien que le commentaire date du moment de l’écriture et non du moment de l’épisode vécu). La comparaison (« comme de réentendre une chanson qu’on a souvent chantée soi-même ») procède du même effet puisqu’une comparaison est une figure qui renvoie à un monde non réel mais proche et imaginable. On peut alors se demander si ces rencontres maïeutiques ne sont pas en réalité un épisode comique, lui prenant plaisir à noircir le tableau car il s’aperçoit que c’est ce qu’elle veut entendre, et elle prenant plaisir à ce qu’on lui conte des malheurs. En outre, on ne peut s’empêcher de penser au personnage de Françoise dans les romans de Proust et à cette relation particulière que le narrateur entretenait avec sa femme de chambre. En effet, Bouvier livre un tableau particulièrement noir de ses déconvenues et Vernet semble lui laisser le champ libre, ce qui place son récit dans le champ de la narration et de la construction. Les « déboires » deviennent « échecs » puis « lamentables » alors que dans son analyse omnisciente il est question d’un terme plus neutre : « difficultés ». Il s’agit donc bien de faire plaisir et de jouer à se faire mal en racontant une histoire qui fait mal ; quitte à enjoliver. C’est ainsi que l’on peut comprendre la référence à la « chanson » et au verbe « réentendre » ici précédé du préfixe « re » qui insiste sur la répétition de l’événement raconté et fait penser au conte, la narration orale et inventée. De plus la répétition entretient et affadit la souffrance ce qui exclut que ce récit des malheurs soit autre chose qu’un plaisir de dire et de se dire en se mettant en scène.
En outre, l’autre donne un passé à son personnage tout en l’environnant d’une aura de mystère, ce qui offre une épaisseur au personnage qui quitte donc le type du début : « quels démêlés elle avait eus avec la vie ». Le plus que parfait lui donne une vie autre que femme de chambre. Ce passé lui confère une sagesse tirée du vécu. Bouvier semble même évoquer la possibilité d’un passé amoureux avec la « chanson » et cette cigarette ». De ce fait la référence aux palaces de Montreux et à cette coiffure typique dont on se disait au début que la chambrière ne pouvait les connaître, prennent un éclairage nouveau.
Il est donc bien question non pas tant de compatir c’est-à-dire de souffrir avec, mais de se recentrer sur sa propre expérience de la souffrance. La chambrière pense à sa propre vie (d’où la locution réfléchie « soi-même ») et la compare à ces histoires qui paraissent bien fades au regard de son propre vécu dans 2 adjectifs : « bien naturels et bénins ». Ici l’allitération en B connote ces malheurs de manière péjorative.
Bien sûr, tout cela reste du domaine de la spéculation, ce que nous confirme le verbe ignorer et les tournures généralisantes invérifiables : « la vie » ou le pluriel « quels démêlés ». La spéculation se poursuit avec un mime de la chambrière qui n’est décrite depuis le début que par des verbes d’action « elle se tournait » & « un geste des deux mains ». Ces mouvements sont mis en avant par le CC de temps « De temps en temps » qui confère une valeur exceptionnelle à ces gestes, mais auxquels Bouvier donne le sens de manière impérieuse « qui voulait dire : évidemment ». L’interprétation qui est donnée ici semble certaine, d’où le présentatif « c’était », mais en réalité Bouvier n’en sait rien. Ses analyses sont donc sujettes à caution puisqu’ici il se heurte à un mur de silence. Mais cet épisode peut être vu de manière métalittéraire puisque dans tout le récit, Bouvier met en avant son incapacité à parler avec les autochtones autrement que par gestes.
La fin du paragraphe fait office de chute à ce mime farcesque où tout est décalé (elle ne parle pas, elle est habillée comme à Montreux, le Bosphore mugit…). En effet aux déconvenues et à la perversité de la chambrière succède un fatalisme qui peut être pris comme un signe d’encouragement : « C’était sa manière à elle de nous encourager ». La chute est brutale et propose un retournement inattendu.
[3ème mouvement :de « Elle passait ses journées » …à « préparées pour nous »]
La suite du texte la renvoie dans son contexte d’ouvrière que son statut connote avec des termes du champ sémantique de l’hôtellerie : « office », « maître d’hôtel », « reluire » et l’énumération « les timbales, les samovars et les théières ». C’est un monde laborieux, d’où l’imparfait itératif « Elle passait ses journées » et l’adverbe « interminablement » postposé au verbe « faire reluire » ou encore les pluriels répétés par l’emploi de l’article défini « les ». Elle est ramenée dans son monde avec les siens, en particulier avec un nouveau personnage qui nous est présenté ici dans une apposition « d’Osman, le maitre d’hôtel, ». Là encore elle est caractérisée par son silence et les verbes d’action.
Dans la phrase suivante le pronom personnel sujet devient pluriel « ils » puisque leur fonction catégorielle les rassemble : ils sont au service de la patronne de l’hôtel, ce qu’indique bien la complétive de but « pour servir Madame Wanda ». Il s’agit là encore d’une routine ce que prouve la mention de temps au singulier suivie de l’imparfait « Le soir, ils se mettaient à deux ».
A partir de là, Bouvier instaure une atmosphère de silence : celui de Madame Wanda d’abord, dans la négation totalisante « sans prononcer un mot ». On pourrait croire à un silence de classe tant la mention du nom « seule » paraît incongrue puisqu’elle est servie par deux personnes. Mais, très vite, on comprend que ce silence est culturel, puisque la maison invite au silence dès l’arrivée des deux jeunes hommes au Moda ; mais qu’en plus les trois vont se rassembler le soir pour jouer au « Whist », dont l’étymologie anglaise signifie « chut » et qui connote donc le silence. Le texte les décrit en outre comme « absorbés » et mutiques « pour montrer du doigt ».
Bouvier propose ici une description sous forme d’ekphrasis puisqu’il semble décrire un tableau, c’est en tout cas ce que sous entendent les prépositions de lieu « sous » et « sur » ou encore la couleur « jaune ». Bouvier semble décrire un clair-obscur avec les mentions de couleurs antithétiques : « tard dans la nuit » et « suspension de soie jaune ».
Bouvier parait en outre prendre plaisir à décrire cette scène spectrale et comme sortie d’un autre temps, tant il est vrai que les mentions « whist », « suspension de soie » et « dressoir » semblent anachroniques puisqu’elles renvoient au 19ème siècle européen. Le silence, et les attitudes spectrales des personnages « assis tout droits » et la formule restrictive « ne levant la tête que pour montrer du doigt » confinent au fantastique ou au sépulcral et renvoient ce monde à la mort puisque même les cartes sont personnifiées pour absorber les joueurs réduits à des COD : « absorbés par leurs cartes ». Bouvier semble donc ici décrire un monde de l’entre deux : entre l’Europe et l’Asie (ce que symbolise de « Bosphore ») entre le 19ème européen et le 20ème silencieux de Constantinople et de ses habitants, entre la parole et le geste.
[Conclusion]
Cette étape dans le voyage qui constitue la première déconvenue est donc une étape symbolique puisqu’elle permet de plonger dans un monde déroutant. Si la graphie est encore identique, les coutumes changent, et la communication devient moins orale et davantage visuelle : les gestes, les détails, le silence qu’il faut traduire, interpréter. On le voit, Bouvier ne le fait pas sans malice ni sans transformation, et on peut s’interroger sur le degré de vérité, tant la chambrière s’apparente à un personnage de mythe et tant la portée du texte est symbolique. En tout cas, l’œil de Bouvier s’aiguise et se met au tempo de l’œil du peintre mais sans oublier de prendre plaisir à ces rencontres ni à les collecter pour en garder la trace dans son récit ultérieur.
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"Let the wild rumpus start"
- amarineNiveau 4
Bonsoir,
j'ai bloqué une heure pour regarder l'étude du texte.
J'ai pris des notes au brouillon, que j'aurais besoin d'étoffer.
Je livre ci-dessous ce que à quoi j'en suis arrivée comme problématique.
j'ai bloqué une heure pour regarder l'étude du texte.
J'ai pris des notes au brouillon, que j'aurais besoin d'étoffer.
Je livre ci-dessous ce que à quoi j'en suis arrivée comme problématique.
- ET-La chambrière du Moda:
éléments :
*une sorte de portrait en actes de la chambrière, mais pas à sa première évocation
*un des trois membres du personnel du Moda Palace, lieu identifié comme intimidant, cf "sépulcre" p.81
*un passage à l'imparfait, avec une valeur globalement itérative : habitudes, solitude, silence
=>problématique : Montrer qu'à travers un portrait-scène en apparence anodin, l'auteur renverse la relation du voyageur, arrivé aux portes de l'Orient, à l'Etranger. (On se trouve à Constantinople-Istanbul). Il fait de la chambrière la figure représentative d'un lieu sclérosé, que seul le récit, les histoires, peut sauver.
1/présentation de la chambrière
2/(à partir de "chaque matin") la chambrière et les voyageurs
3/(dernier paragraphe) la chambrière sans les voyageurs
=>les voyageurs - isolés par la maladie de Nicolas - sont le point central, l'articulation de ce passage, non pour eux mêmes mais pour la parole qu'ils dispensent et qui fait voyager, rend la vie.
Idée directrice 1/
la chambrière est présentée comme une femme d'une autre temps, représentative du Moda Palace, lieu sclérosé, "sépulcre".
Idée directrice 2/
la chambrière, sujet des verbes mais silencieuse, passive, à l'écoute. Elle revit dans et par la parole de Nicolas. Un portrait de l'écrivain voyageur en creux. Les déboires comme une errance, symbole d'un nomadisme à venir (c'est le début du voyage) : difficile mais porteur de richesse, de vie (cf raisons du départ de Bouvier)
Idée directrice 3/
dernier paragraphe à lire comme la cause et la suite du 2è mouvement
le personnel du Moda figé dans le temps de la répétition (autant dire la mort), le silence, l'absence de réelle activité
= extériorisation de la maladie de Nicolas (cf soie jaune / jaune associé plus haut à la maladie, à l'infection)
=>cf enchaînement "J'étais guéri"
- Atalante1Niveau 5
Merci pour l'initiative. Je n'ai pas fait un réel travail d'explication , j'ai juste un axe d'ensemble pour le passage: comment le personnage de la chambrière permet-il une mise à distance des déboires des deux voyageurs?
Même découpage qu'Amarine.
1. Un portrait singulier: la chambrière est en exil . Elle offre un contrepoint triste des personnages rencontrés en Yougoslavie. (D'ailleurs , toute la ville est empreinte de tristesse). Contraste entre l'élégance du diadème et la cigarette à la bouche: signe du déclin social de la servante.
2. Une auditrice silencieuse: son écoute attentive permet à l'écrivain d'offrir un récit tourné vers l'autre puisque ce st les mimiques de la chambrière qui sont une réponse . C'est une sorte de pantomime , car elle reste muette. Il observe que ses propres déboires lui sont un réconfort , comme un écho à ses échecs personnels.
3. Les soirées de la chambrière : au service de sa patronne, exilée comme elle, et attachée aux mêmes rites que par le passé: repas silencieux, partie de whist. La raideur des trois personnages figurent combien ils sont restés figés ds un passé disparu. Cependant, l'assiette de gâteaux est une marque d'hospitalité , dans cet hôtel désert.
Concl. Une femme qui ne parle pas mais qui sait écouter , peut-être une figure du lecteur à venir, et qui a le mérite d'offrir une oreille nouvelle à l'auteur.
Même découpage qu'Amarine.
1. Un portrait singulier: la chambrière est en exil . Elle offre un contrepoint triste des personnages rencontrés en Yougoslavie. (D'ailleurs , toute la ville est empreinte de tristesse). Contraste entre l'élégance du diadème et la cigarette à la bouche: signe du déclin social de la servante.
2. Une auditrice silencieuse: son écoute attentive permet à l'écrivain d'offrir un récit tourné vers l'autre puisque ce st les mimiques de la chambrière qui sont une réponse . C'est une sorte de pantomime , car elle reste muette. Il observe que ses propres déboires lui sont un réconfort , comme un écho à ses échecs personnels.
3. Les soirées de la chambrière : au service de sa patronne, exilée comme elle, et attachée aux mêmes rites que par le passé: repas silencieux, partie de whist. La raideur des trois personnages figurent combien ils sont restés figés ds un passé disparu. Cependant, l'assiette de gâteaux est une marque d'hospitalité , dans cet hôtel désert.
Concl. Une femme qui ne parle pas mais qui sait écouter , peut-être une figure du lecteur à venir, et qui a le mérite d'offrir une oreille nouvelle à l'auteur.
- Atalante1Niveau 5
J'aimerais vous proposer de réfléchir sur un passage de L'Education sentimentale, particulièrement problématique au niveau de l'identification des discours ou pensées rapportés , pp. 440-441: de " Puis il accusa la réaction " à " la force de le faire sourire".
- amarineNiveau 4
Le passage mêle en effet étroitement le discours indirect libre et la narration.
Je distinguerais ainsi :
*discours indirect libre : "le sac des château... Socialisme !" page 440 : temps du passé, marques d’oralité ( !) = les propos de Regimbart sont rapportés.
*deux premiers paragraphes de la page 441 : récit mené au passé simple, qui retrace l’évolution des idées/mentalités
*Transition vers les pensées de M.Dambreuse : lignes 20-22 page 441 – récit
*passage au discours indirect libre : lignes 23-24 (idem : temps du passé + !)
*fin du paragraphe : récit aux temps du passé
De fait, le discours indirect libre est difficile voire impossible parfois à bien délimiter de la narration. C’est sans doute son intérêt : le travail d’écriture particulier du romancier, une narration subjective
Je distinguerais ainsi :
*discours indirect libre : "le sac des château... Socialisme !" page 440 : temps du passé, marques d’oralité ( !) = les propos de Regimbart sont rapportés.
*deux premiers paragraphes de la page 441 : récit mené au passé simple, qui retrace l’évolution des idées/mentalités
*Transition vers les pensées de M.Dambreuse : lignes 20-22 page 441 – récit
*passage au discours indirect libre : lignes 23-24 (idem : temps du passé + !)
*fin du paragraphe : récit aux temps du passé
De fait, le discours indirect libre est difficile voire impossible parfois à bien délimiter de la narration. C’est sans doute son intérêt : le travail d’écriture particulier du romancier, une narration subjective
- Atalante1Niveau 5
Je partage votre analyse pour le début , jusqu'à "quarante-cinq centimes!". Après j'hésite beaucoup, vu qu'il y a un tiret , on passe au DD jusqu'à Socialisme! Cela paraît étonnant que Regimbart le citoyen soit républicain sans être socialiste. Du coup , je me demande, peut-être en faisant erreur , si ce n'est pas "la réaction " du début du passage qui est mise en scène ici dans un passage au DD puis au DIL qui exprime les pensées de la réaction bourgeoise et qui permet ainsi au narrateur d'exprimer un charge satirique envers la bourgeoisie, jusqu'à "qui a perdu sa bonne". Puis après le dernier paragraphe, comme vous.
- Atalante1Niveau 5
Après avoir lu la note 1 p. 120, j'en conclus que Regimbart est un républicain patriote, donc comme vous le disiez, il reprend la parole au DD avec tiret, dans une hyperbate typique de l'oralité pour exprimer son mécontentent sur le Socialisme. Puis retour au récit à partir de "Bien que" sans guillemets .
- sifiÉrudit
Bon, je propose quelque chose sur Bouvier: c'est incomplet, et sans doute trop simple (j'ai un sacré travail à faire sur la stylistique et le vocabulaire qui va avec...) et la formulation de ma problématique ne me plaît pas.
J'ai commencé à détailler la première partie, mais j'y ai passé 1h30, et je me suis rendue compte que si je faisais tout le détail j'y passerai la nuit.
Je me suis donc contentée de résumer l'idée générale pour les parties II et III.
Toutes vos critiques et commentaires sont les bienvenus, avec bienveillance ( ) SVP, c'est une première fois et j'ai eu du mal à me lancer.
J'ai commencé à détailler la première partie, mais j'y ai passé 1h30, et je me suis rendue compte que si je faisais tout le détail j'y passerai la nuit.
Je me suis donc contentée de résumer l'idée générale pour les parties II et III.
Toutes vos critiques et commentaires sont les bienvenus, avec bienveillance ( ) SVP, c'est une première fois et j'ai eu du mal à me lancer.
- Chambrière de Moda :
- Dans l'ensemble de son récit, Nicolas Bouvier invite le lecteur à se promener dans une galerie de portraits de personnages, qui, chacun à sa manière, permet de mieux cerner les différents univers qu'il traverse. Ici, nous nous arrêterons devant le portrait de la chambrière du "Moda-Palas": cet extrait représente une pause dans la narration. Nicolas et Thierry sont logés à Istambul, dans un hôtel désert et désuet, le "Moda-Palas". Le récit marque un arrêt, car Nicolas est tombé malade: son environnement se limite donc à sa chambre, aux personnes qui y entrent et en sortent.C'est à ce moment que se place le portrait de la chambrière, venue lui tenir compagnie et l'écouter. C'est un personnage à la fois énigmatique et désabusé, mais aussi attentif et bienveillant envers le narrateur, qui se trouve à ce moment-là dans une situation difficile, exclu de l'activité qui l'entoure et contraint à une certaine amertume.Nous nous demanderons donc, dans cet extrait, comment Nicolas Bouvier nous montre, à travers le prisme d'un personnage plutôt intimiste, une vision d'une Europe passéiste et révolue qu'il s'apprête à quitter.
Dans un premier mouvement, mettront en avant la dimension descriptive du personnage, perçu comme une sorte de reliquat d'un monde disparu. Puis, dans un second mouvement, le narrateur se fait omniscient, le lien se crée avec celle qui est, comme lui à ce moment de la narration, hors du temps et du monde. Enfin, le narrateur élève la chambrière au rang d’œuvre d'art, semblant appartenir à un tableau tout droit sortie du grand siècle des peintres européens.I) "Une que... hochement de tête"
-"une que": locution restrictive, mise en valeur du personnage pointé comme unique (une), impression renforcée par le présentatif "c'était" et l'article défini "la"
-l'extrait commence par une négation "n'étonnait pas", en contradiction avec le personnage somme toute étonnant qui va nous être présenté, à l'instar de la galerie de portraits montrée par B. dans l'ensemble de son œuvre. La négation du verbe "étonner" donne déjà une dimension nostalgique: plus rien n'étonne dans ce passé révolu.
- adjectifs qualifiant "femme": "amère et fine", presque oxymorique, s'associe à la comparaison mise en apposition "polonaise comme sa patronne": sorte de désordre ambiant, où se trouvent pêle-mêle associés un trait moral "amère", un trait qui peut s'avérer physique "fine" ou moral (on parlerait alors d'une finesse de réflexion, de ressenti), une nationalité, un rapprochement avec la patronne.
-"diadème empesé", "les palaces de Montreux" idée du luxe, tout de suite contrebalancé par la dimension péjorative "un de ces", ainsi que le "encore" qui présente l'accessoire comme un objet en voie de disparition.
-"faisait tout son service une cigarette à la bouche" le déclin s'affirme, l'impression générale se dégrade: l'ancien prestige n'est plus. Permet de lier avec la familiarité qui va suivre: le prestige des "palaces" n'est plus, mais cède la place à un certaine intimité.
-"Chaque matin": habitue, forme là encore d'intimité, renforcée par la valeur itérative des imparfaits énumératifs "elle s'asseyait", "se faisait raconter".
Le portrait se fait confidence, le lieu devient intimiste et se rétrécit "au bout du lit".
-tournure passive "elle se faisait raconter" focalisation sur le personnage, centre de l'action et non sur le narrateur
-"par le menu" "nos échecs" à commenter
-intrusion de l'extérieur dans la scène d'intimité "les bateaux du Bosphore" allitéraition en B mimant le bruit des bateaux, l'appel de l'extérieur, la pause intime se terminera et le voyage va continuer.
-sur tout le reste: analyse des éléments montrant: l'intimité/ la désuétude/ la dimension désabusée du personnage qui se fait l'écho des sentiments du narrateur
II "Ca lui faisait...nous encourager"
-omniscience du narrateur, ou forme de discours narrativisé qui synthétise les confidences échangées
-connivence entre les personnages, communication silencieuse, compréhension
III Bouvier peintre et visiteur d'une exposition: dimension picturale du portrait
-fait penser aux scènes de peintres du XIXème ou début XXème: Van Gogh 'Les mangeurs de pommes de terre", Cézanne "Les joueurs de cartes", scènes intimistes de personnages en groupes, tournant le dos au monde, absorbés par leur propre indentité
-peut faire penser aussi à l'intimité de certains récits fantastiques du XIXème, chez Théophile Gautier par ex.
- amarineNiveau 4
Felix-icis a écrit:Questions:
1.on fait l'Et en entier?
2On se donne un temps limité ( et tout le monde peut participer sans avoir l'impression de ne pas être au point), ou on fait exploser le compteur( quitte à se décourager des la 2ème Et)?
Bonsoir, qui serait partant.e pour un travail en temps limité sur un poème de Chénier?
Je testerai bien la proposition de Félix : on se donne un rendez-vous pour la prise du sujet et on se retrouve une heure ou deux heures plus tard pour voir ce que nous sommes arrivé.e.s à tirer du texte.
Ce n'est peut-être pas évident en période estivale mais même si nous sommes deux ou trois cela vaut la peine !
- Felix-icisNiveau 4
Moi ça me disait bien mais je pars en vacances. Retour le 14 août. ..
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"Let the wild rumpus start"
- Sauts et gambadesNiveau 5
Je suis intéressée aussi ....
- sifiÉrudit
Pourquoi pas mais ça dépend de l'heure, avec mes enfants ce n'est pas toujours évident d'être dispo à heures fixes.
- InvitéInvité
C'est mort pour moi, je pars 15 jours. Mais à mon retour, je participerai !
Bon courage à vous
Bon courage à vous
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