Faire un contrôle maintenant et faire compter la note l'an prochain.

Le soucis est que ce genre d'attitude est hautement prisée d'une certaine catégorie de parents (les autres ont abandonné toute influence qu'ils pourraient avoir sur un système kafkaïen à dessein) qui considèrent les profs comme des sortes de valets, d'employés de maison externalisés, qui contribuent à séparer leurs bambins de l'ivraie (pour ces derniers ce sera "la colonie pénitentiaire"). Comme ils savent bien le faire dans tous les domaines, ils détournent un bien public au profit d'une reproduction sociale en leur faveur. La récompense pour le prof à défaut d'un salaire qui lui donnerait un intérêt objectif à cette stratégie? Un petit strapontin à la table de la petite élite locale qui critiquera la fonction publique ("enfin, pas toi bien sûr, tu as eu tous nos gosses en classe, mais tu le dis toi même, t'as des collègues quand même..."). Mais je digresse...

Et la nullarde en maths que j'étais commençait ainsi l'année par une piteuse (ou en tous les cas une moins bonne note !) et un gros savon de ses parents (lesquels par ailleurs étaient CDE). Très mauvais souvenir, mauvaise j'étais en fin d'année, mauvaise j'étais en début d'année, l'évaluation n'avait donc aucun intérêt pour moi, elle n'a jamais rien révélé ni débloqué, d'ailleurs...

Upstart a écrit:
Ah le confort du prof qui sait dès le début de l'année, dans sa classe, qui sont les "bons" et "les mauvais" sans perdre du temps en interaction, en relationnel, en pédagogie...
Et mieux encore, le prof qui va en douce avant la rentrée dans le bureau du dirlo s'attribuer la "meilleure classe", ou plus subtilement participer au rebrassage des élèves dans les classes...

Tu as l'air de travailler dans un drôle d'endroit.

La note comme seul moyen pour "motiver" les élèves à "travailler", c'est vraiment le mur (pour citer Pink Floyd) en matière de pédagogie. L'évaluation n'est pas l'alphe et l'omega de l'enseignement n'en déplaise aux fétichistes de la calculette.

La note n'est pas le seul moyen, mais c'est un bon moyen. Je ne connais pas de "fétichistes de la calculette". Ton établissement a l'air assez curieux.

uneodyssée a écrit:

Je préciserais : l'évaluation chiffrée, et je partage à 100% (et suis d'accord sur l'absurdité/perversité d'un tel système)

Bof. Chiffrée ou avec des smileys de toutes les couleurs, l'évaluation reste une évaluation...

Upstart a écrit:Le soucis est que ce genre d'attitude est hautement prisée d'une certaine catégorie de parents (les autres ont abandonné toute influence qu'ils pourraient avoir sur un système kafkaïen à dessein) qui considèrent les profs comme des sortes de valets, d'employés de maison externalisés, qui contribuent à séparer leurs bambins de l'ivraie (pour ces derniers ce sera "la colonie pénitentiaire"). Comme ils savent bien le faire dans tous les domaines, ils détournent un bien public au profit d'une reproduction sociale en leur faveur. La récompense pour le prof à défaut d'un salaire qui lui donnerait un intérêt objectif à cette stratégie? Un petit strapontin à la table de la petite élite locale qui critiquera la fonction publique ("enfin, pas toi bien sûr, tu as eu tous nos gosses en classe, mais tu le dis toi même, t'as des collègues quand même..."). Mais je digresse...

Provence a écrit:La note n'est pas le seul moyen, mais c'est un bon moyen.

Comment le sais-tu ?

Bof. Chiffrée ou avec des smileys de toutes les couleurs, l'évaluation reste une évaluation...

Ben non, il y a beaucoup d'autres formes d'évaluation que l'évaluation chiffrée sommative. Une évaluation formative par critères n'a pas du tout la même utilité, par exemple.

Dalva a écrit:

pseudo-intello a écrit:J'ai un copain qui me dit qu'en Ecosse, dans son bahut, ils font ça : passer les conseils, au lieu de glandouiller comme chez nous, ils "démarrent" l'année suivante.
EN France, je ne m'y risquerais pas. Je pense que celui qui veut t'embêter peut venir te chercher des noises ; on note le travail effectué dans la période indiquée.

Ils ne démarrent pas l'année suivante hors-période. C'est officiellement que l'année suivante démarre. Donc personne ne cherche de noise à personne.

C'est un bahut privée, donc j'imagine qu'ils ont leur propres règles sur certains points.
En tout cas, il m'a dit qu'ils font comme ça.

J'imagine que vu ce que ça coûte à l'année, les parents sont bien contents que leur progéniture s'instruise normalement jusqu'au tout dernier jour. 

Ce que j'aime à la rentrée, c'est l'impression d'un nouveau départ : les cahiers tout neufs et les compteurs remis à zéro. On est frais et bronzé et on part à l'assaut d'une nouvelle année scolaire. (On est d'accord, la griserie ne dure qu'un temps et on est vite rattrapé par les tracas habituels! Mais il m'est arrivé de voir mes relations avec certains élèves changer radicalement d'une année à l'autre, par exemple avec un pénible et provocant 5e devenu un flegmatique et sympathique 3e.) J'aurais trop peur que commencer l'année par une note d'un autre temps brise le charme.

◔‿◔ +++

clélia a écrit:Ce que j'aime à la rentrée, c'est l'impression d'un nouveau départ : les cahiers tout neufs et les compteurs remis à zéro. On est frais et bronzé et on part à l'assaut d'une nouvelle année scolaire. (On est d'accord, la griserie ne dure qu'un temps et on est vite rattrapé par les tracas habituels! Mais il m'est arrivé de voir mes relations avec certains élèves changer radicalement d'une année à l'autre, par exemple avec un pénible et provocant 5e devenu un flegmatique et sympathique 3e.) J'aurais trop peur que commencer l'année par une note d'un autre temps brise le charme.

Bien d'accord !

Pour l'évaluation chiffrée : je ne pensais pas relancer ce débat infini. Ce que je voulais dire, c'est que l'évaluation est importante… mais ne prend pas forcément la forme d'un «contrôle». Sans aller très loin, lorsque je perçois la perplexité, ou l'éclair de compréhension, dans l'œil de mes élèves, j'évalue. Lorsque je passe dans les rangs lors d'un exercice et constate que ça écrit ou pas, ou plus ou moins, et ce qui s'écrit, j'évalue. Etc. Et j'ajuste alors mon propos, ma consigne, en fonction de cette évaluation. Bref.