- LevincentNiveau 9
Rrud, je suis dans une situation quelque peu similaire à la tienne. Je suis ingénieur, j'ai tenté deux fois l'agrégation externe de philosophie, et j'ai été admissible une fois. Comme toi, je me suis lancé dans le concours en autodidacte. Je n'ai malheureusement pas pu me rendre aux confessions du jury, et c'est bien dommage car j'aurais été curieux de savoir si ça s'était vu que je n'étais pas du sérail. Quoi qu'il en soit, j'ai échoué, et j'en ai accepté la sanction. Il n'y a pas à se dire qu'on avait le niveau et que l'admission nous a été déniée injustement. Si les autres nous sont passés devant c'est qu'ils ont réussi à être meilleurs et voilà tout. Un concours est un processus de sélection qui comporte un certain nombre de normes, et lorsqu'on s'y inscrit on les accepte tacitement.
Je comprends un peu ce que tu dis lorsque tu vois l'intérêt de la philosophie davantage dans une espèce d'élan et d'inspiration que dans la restitution précise d'une doctrine. Pour moi aussi, les auteurs qui valent vraiment le coup en philosophie sont ceux qui parviennent à créer en nous ce phénomène de stimulation. Je comprends aussi tout à fait que tu voies dans l'activité de professeur de philosophie un moyen de transmettre ce feu sacré. C'est un sentiment légitime et que je partage. En revanche, je ne peux pas te rejoindre sur le reste. Tu ne peux pas sacrifier la rigueur conceptuelle et l'exactitude sur les auteurs au nom d'une sorte d'enthousiasme qui te donnerait droit à tous les à peu près (car j'ai l'impression que c'est là le fond du problème que le jury a essayé de t'indiquer). Si tu dois enseigner la philosophie à des élèves, tu ne dois pas leur enseigner des choses fausses ou approximatives sur la façon dont certains auteurs ont fait de la philosophie dans le passé. Et si le jury formule cette exigence par rapport aux auteurs, ce n'est pas parce qu'ils prétendent mieux le comprendre que lui-même ne se comprenait, mais justement parce que leur bagage leur a permis d'éviter les pièges dans lesquels une lecture naïve et relâchée peut conduire. Leurs études universitaires leur ont permis de saisir quelques nuances que l'auteur jugeait peut-être évidentes et qui ne le sont plus pour nous. C'est pour cela qu'un bagage très solide est indispensable, non pas parce que ce serait un laissez-passer ou un shibboleth qu'il faudrait exhiber pour être admis au rang de confrère, mais parce que c'est la garantie qu'une certaine rigueur sera respectée.
Nul aspirant à la pratique de la philosophie et à son enseignement ne peut s'autoriser à s'affranchir de cette rigueur. On peut avoir l'impression que cette exigence d'exactitude entrave quelque peu l'inspiration qui nous fait aimer la philosophie, et qu'elle risque de la tuer tout à fait. Ça peut être le cas. On peut s'abîmer dans l'étude des doctrines et devenir un historien de la philosophie plutôt qu'un philosophe qui étudie l'histoire de la philosophie. Ce risque existe. On peut tomber dans les travers que dénonçait Schopenhauer à propos de la philosophie universitaire. Mais il n'en reste pas moins que tous les philosophes stimulants, ceux qui parviennent à nous soulever grâce à leur verbe et à leurs idées, tous ceux-là avaient une excellente maîtrise académique de leur discipline. Bergson n'est pas devenu Bergson grâce à la seule force de son génie inné, mais il a acquis patiemment les rudiments académiques de sa discipline sur les bancs de l'ENS avant de créer une philosophie totalement nouvelle. Deleuze prétendait déconstruire la philosophie, mais il connaissait extrêmement bien les auteurs classiques, il ne s'agissait nullement de faire prévaloir sa propre subjectivité, aussi enthousiaste et débordante soit-elle, par rapport à une connaissance précise acquise justement au prix d'un laborieux effort.
Avoir une approche personnelle et autodidacte de la philosophie peut être un énorme avantage. Ça permet de s'approprier la philosophie plus que ceux qui n'ont fait que bachoter. Mais ça n'empêche pas que lorsqu'on se présente à un concours, une grosse partie de la préparation consiste à faire en sorte de satisfaire aux exigences de ce concours. Aussi barbant que cela puisse paraître, ça peut avoir de gros avantages pour ton évolution future (en-dehors du fait que ça peut te faire réussir le concours).
Je comprends un peu ce que tu dis lorsque tu vois l'intérêt de la philosophie davantage dans une espèce d'élan et d'inspiration que dans la restitution précise d'une doctrine. Pour moi aussi, les auteurs qui valent vraiment le coup en philosophie sont ceux qui parviennent à créer en nous ce phénomène de stimulation. Je comprends aussi tout à fait que tu voies dans l'activité de professeur de philosophie un moyen de transmettre ce feu sacré. C'est un sentiment légitime et que je partage. En revanche, je ne peux pas te rejoindre sur le reste. Tu ne peux pas sacrifier la rigueur conceptuelle et l'exactitude sur les auteurs au nom d'une sorte d'enthousiasme qui te donnerait droit à tous les à peu près (car j'ai l'impression que c'est là le fond du problème que le jury a essayé de t'indiquer). Si tu dois enseigner la philosophie à des élèves, tu ne dois pas leur enseigner des choses fausses ou approximatives sur la façon dont certains auteurs ont fait de la philosophie dans le passé. Et si le jury formule cette exigence par rapport aux auteurs, ce n'est pas parce qu'ils prétendent mieux le comprendre que lui-même ne se comprenait, mais justement parce que leur bagage leur a permis d'éviter les pièges dans lesquels une lecture naïve et relâchée peut conduire. Leurs études universitaires leur ont permis de saisir quelques nuances que l'auteur jugeait peut-être évidentes et qui ne le sont plus pour nous. C'est pour cela qu'un bagage très solide est indispensable, non pas parce que ce serait un laissez-passer ou un shibboleth qu'il faudrait exhiber pour être admis au rang de confrère, mais parce que c'est la garantie qu'une certaine rigueur sera respectée.
Nul aspirant à la pratique de la philosophie et à son enseignement ne peut s'autoriser à s'affranchir de cette rigueur. On peut avoir l'impression que cette exigence d'exactitude entrave quelque peu l'inspiration qui nous fait aimer la philosophie, et qu'elle risque de la tuer tout à fait. Ça peut être le cas. On peut s'abîmer dans l'étude des doctrines et devenir un historien de la philosophie plutôt qu'un philosophe qui étudie l'histoire de la philosophie. Ce risque existe. On peut tomber dans les travers que dénonçait Schopenhauer à propos de la philosophie universitaire. Mais il n'en reste pas moins que tous les philosophes stimulants, ceux qui parviennent à nous soulever grâce à leur verbe et à leurs idées, tous ceux-là avaient une excellente maîtrise académique de leur discipline. Bergson n'est pas devenu Bergson grâce à la seule force de son génie inné, mais il a acquis patiemment les rudiments académiques de sa discipline sur les bancs de l'ENS avant de créer une philosophie totalement nouvelle. Deleuze prétendait déconstruire la philosophie, mais il connaissait extrêmement bien les auteurs classiques, il ne s'agissait nullement de faire prévaloir sa propre subjectivité, aussi enthousiaste et débordante soit-elle, par rapport à une connaissance précise acquise justement au prix d'un laborieux effort.
Avoir une approche personnelle et autodidacte de la philosophie peut être un énorme avantage. Ça permet de s'approprier la philosophie plus que ceux qui n'ont fait que bachoter. Mais ça n'empêche pas que lorsqu'on se présente à un concours, une grosse partie de la préparation consiste à faire en sorte de satisfaire aux exigences de ce concours. Aussi barbant que cela puisse paraître, ça peut avoir de gros avantages pour ton évolution future (en-dehors du fait que ça peut te faire réussir le concours).
- User17706Bon génie
Ajoutons que les "purs bachoteurs" ont quelque chose d'un mythe... des bonnes prestations qui n'ont rien de personnel, vous m'en indiquerez si vous en voyez.
- LevincentNiveau 9
PauvreYorick a écrit:Ajoutons que les "purs bachoteurs" ont quelque chose d'un mythe... des bonnes prestations qui n'ont rien de personnel, vous m'en indiquerez si vous en voyez.
Je pense qu'à partir d'un certain niveau c'est effectivement un mythe.
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« Un philosophe moderne qui n'a jamais éprouvé le sentiment d'être un charlatan fait preuve d'une telle légèreté intellectuelle que son oeuvre ne vaut guère la peine d'être lue. »
Leszek Kolakowski
- VoltigeurHabitué du forum
Paul Dedalus a écrit:
J'avoue m'être demandé (et à plusieurs reprises) si une fois qu'on est sorti de la salle - après une leçon par exemple - le jury ne fait que des remarques strictement formelles et sur le contenu de la leçon ou également sur la "personnalité" du candidat justement (la manière qu'il a de se présenter, de répondre aux questions, si on le verrait bien devant une classe et si éventuellement il y a débat entre les membres du jury sur ce point...)
Après, j'avoue que je resterai toujours très curieux de cette phase de délibération du jury!
Peut-être que certains ont été membres de jury et peuvent nous en dire un peu plus là dessus?
Cela n'est pas un secret, du moment qu'on n'évoque aucun exemple précis et reconnaissable : oui en effet, il arrive que ce genre de critère soit pris en compte dans l'évaluation de la performance globale d'un candidat, dans les deux sens d'ailleurs : de façon soit positive (le tonus de la prestation peut compenser un peu la médiocrité de son contenu) soit négative (au vu d'une attitude clairement problématique).
Sans que ce soit un souci omniprésent, il est de la responsabilité de la commission de se préoccuper de l'intérêt général (y compris celui de l'intéressé(e) lui-même) à ce que tel ou tel postulant mette -ou pas- les pieds dans une classe. La question ne se pose que face à certains comportements atypiques, mais la "manière d'être" fait évidemment partie du recrutement. Dans certains cas limites, le jury peut tout de même être inquiet quant à ce que serait la posture de leur vis-à-vis sous la pression d'une classe, en REP ou ailleurs...
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«Quand tout le monde pense la même chose, c'est que plus personne ne pense» (Walter Lippman)
- ParménideNeoprof expérimenté
Dimka a écrit:
Tiens, Parménide est de retour… :shock:
Lui-même, et plus lecteur de philosophie que jamais (même si l'efficacité tarde à être au rendez-vous...)
Dimka a écrit:
Pour en revenir à cette idée de personnalité, il est heureux que les jurys de concours ne cèdent pas à cette mode : il est largement préférable de recruter sur des qualités intellectuelles, sur la finesse et la pertinence du raisonnement, sur la précision des connaissances et leur utilisation, ou encore sur la rigueur, plutôt que sur un machin au mieux totalement arbitraire selon les opinions personnelles et l'humeur du jury, au pire tenant du formatage et du culte de l'apparence, du superficiel.
Ce que tu écris me rassure. Et ce d'autant plus que j'ai une amie très proche qui vient de passer un an dans une ESPE en vue de préparer le CRPE, et là-bas, on leur a raconté les choses les plus invraisemblables (probablement pour les effrayer) au sujet des jurys de concours : un accent régional ou une chemise légèrement trop grande pouvant être fatals à un candidat, par exemple :shock:
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"Les paroles essentielles sont des actions qui se produisent en ces instants décisifs où l'éclair d'une illumination splendide traverse la totalité d'un monde", Martin Heidegger, "Schelling", (semestre d'été 1936)
"Et d'une brûlure d'ail naitra peut-être un soir l'étincelle du génie", Saint-John Perse, "Sécheresse" (1974)
"Il avait dit cela d'un air fatigué et royal", Franz-Olivier Giesbert, "Le vieil homme et la mort" (1996)
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https://www.babelio.com/monprofil.php
- LevincentNiveau 9
Parménide a écrit:
Ce que tu écris me rassure. Et ce d'autant plus que j'ai une amie très proche qui vient de passer un an dans une ESPE en vue de préparer le CRPE, et là-bas, on leur a raconté les choses les plus invraisemblables (probablement pour les effrayer) au sujet des jurys de concours : un accent régional ou une chemise légèrement trop grande pouvant être fatals à un candidat, par exemple :shock:
Oh peuchère !
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« Un philosophe moderne qui n'a jamais éprouvé le sentiment d'être un charlatan fait preuve d'une telle légèreté intellectuelle que son oeuvre ne vaut guère la peine d'être lue. »
Leszek Kolakowski
- PuckVénérable
Té. Ça m'étonne pas. Que des chapakans ensuqués, ces jurys.
Je viens de déboucher ma pile (=évier en langage de non-agrégé), je vais postuler pour être ingénieur. Je ne veux pas faire une formation superfétatoire. Mais je suis motivée. Vous croyez que je peux avoir le titre ?
Je viens de déboucher ma pile (=évier en langage de non-agrégé), je vais postuler pour être ingénieur. Je ne veux pas faire une formation superfétatoire. Mais je suis motivée. Vous croyez que je peux avoir le titre ?
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"Ce que nous avons fait, aucune bête au monde ne l'aurait fait.
Mais nous nous en sommes sortis. Et nous voici confrontés à l'ingratitude de la nation. Pourtant, c'était pas ma guerre. C'était pas ma guerre, oh non !"Cripure
- Fires of PompeiiGuide spirituel
RogerMartin a écrit:Watch me. Je m'en vais ouvrir deux-trois fils "devenir enseignant d'histoire-géographie après avoir été 1. cadre à l'étranger 2. assistante-maternelle 3. ingénieur etc.", et les témoignages vont débarouler sec. De toute façon, j'ai un premier argument : l'oral du capes à Chalons s/ Marne, franchement, hein. On voit que c'est injuste, d'ailleurs ils ne remboursent pas le billet, alors que les reptiliens sont logés en famille.
"J'ai disserté sur l'histoire du Thermomix et j'ai été collé à l'agreg... Signez ma pétition!"
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Je ne dirai qu'une chose : stulo plyme.
- RyuzakiNiveau 9
Il est possible (mais pas certain) que nous ne mettions pas les mêmes choses derrière "mettre les formes" et"blesser volontairement". Pour moi, si un candidat dit des bêtises, lui dire: "ce que vous affirmez est inexact", ce n'est pas blessant. Incidemment, si un jury me dit "vous devriez utiliser le conditionnel", j'interprète ça comme voulant dire : "ce que vous dites est incertain et discutable, soyez plus prudent" et non : "ce que vous dites est complètement faux".RogerMartin a écrit:Je ne vois pas l’intérêt qu'il y aurait à ne pas mettre les formes lorsqu'on s'adresse en confession à un candidat adulte et en pleine possession de ses facultés intellectuelles. Je trouve stupide de blesser volontairement l'ensemble des gens qui ont des lacunes, car rien ne garantit que le message serait reçu correctement par ceux incapables de comprendre ce qui leur est juste dit poliment.
- Paul DedalusNeoprof expérimenté
Je rebondis sur la préoccupation du jury selon laquelle le candidat serait bon ou mauvais enseignant devant une classe car effectivement on m'a plusieurs fois fait la réflexion d'un manque de simplicité conceptuelle durant l'entretien sans que la note n'en soit affectée ni l'admission compromise.
"vous auriez perdu la moitié de vos élèves"
Donc je prends cela davantage comme une mise en garde de la part du jury pour le métier futur.
"vous auriez perdu la moitié de vos élèves"
Donc je prends cela davantage comme une mise en garde de la part du jury pour le métier futur.
_________________
«Primus ego in patriam mecum, modo uita supersit. »
Virgile Georgiques.
« Ma science ne peut être qu’une science de pointillés. Je n’ai ni le temps ni les moyens de tracer une ligne continue. »
Marcel Jousse
- marxNiveau 6
Puck a écrit:Té. Ça m'étonne pas. Que des chapakans ensuqués, ces jurys.
Je viens de déboucher ma pile (=évier en langage de non-agrégé), je vais postuler pour être ingénieur. Je ne veux pas faire une formation superfétatoire. Mais je suis motivée. Vous croyez que je peux avoir le titre ?
Bien sûr, à condition de porter la cravate et des chaussettes oranges, c'est la règle pour réussir l'entretien devant le jury qui te nommera, ou pas, ingénieur des éviers à vie.
- Tallulah23Niveau 7
Enfin, tu n'as été qu'admis qu'une fois, comme tout le monde...elle a donc été compromise à au moins une autre reprise, puisque tu dis que cette remarque a été formulée plusieurs fois.Paul Dedalus a écrit:Je rebondis sur la préoccupation du jury selon laquelle le candidat serait bon ou mauvais enseignant devant une classe car effectivement on m'a plusieurs fois fait la réflexion d'un manque de simplicité conceptuelle durant l'entretien sans que la note n'en soit affectée ni l'admission compromise.
"vous auriez perdu la moitié de vos élèves"
Donc je prends cela davantage comme une mise en garde de la part du jury pour le métier futur.
Concernant cette fois-ci, gageons que tes réponses aux questions qui ont suivies cette remarque ont été satisfaisantes et beaucoup plus claires.
- User14996Niveau 10
A plusieurs oraux ?Tallulah23 a écrit:Enfin, tu n'as été qu'admis qu'une fois, comme tout le monde...elle a donc été compromise à au moins une autre reprise, puisque tu dis que cette remarque a été formulée plusieurs fois.Paul Dedalus a écrit:Je rebondis sur la préoccupation du jury selon laquelle le candidat serait bon ou mauvais enseignant devant une classe car effectivement on m'a plusieurs fois fait la réflexion d'un manque de simplicité conceptuelle durant l'entretien sans que la note n'en soit affectée ni l'admission compromise.
"vous auriez perdu la moitié de vos élèves"
Donc je prends cela davantage comme une mise en garde de la part du jury pour le métier futur.
Par un professeur en colle ?
- NitaEmpereur
Tiens, cela se voit, c'est l'été, la saison du melon.
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A clean house is a sign of a broken computer.
- Paul DedalusNeoprof expérimenté
Tallulah23 a écrit:Enfin, tu n'as été qu'admis qu'une fois, comme tout le monde...elle a donc été compromise à au moins une autre reprise, puisque tu dis que cette remarque a été formulée plusieurs fois.Paul Dedalus a écrit:Je rebondis sur la préoccupation du jury selon laquelle le candidat serait bon ou mauvais enseignant devant une classe car effectivement on m'a plusieurs fois fait la réflexion d'un manque de simplicité conceptuelle durant l'entretien sans que la note n'en soit affectée ni l'admission compromise.
"vous auriez perdu la moitié de vos élèves"
Donc je prends cela davantage comme une mise en garde de la part du jury pour le métier futur.
Concernant cette fois-ci, gageons que tes réponses aux questions qui ont suivies cette remarque ont été satisfaisantes et beaucoup plus claires.
Non, je pense sincèrement que c'est un simple avertissement de la part du jury pour le futur métier exercé mais qu'il y a indulgence totale de ce côté-là (puisqu'ils sont bien censés recrutés de futurs professeurs).
Car à l'autre leçon où on m'avait dit cela mot pour mot ( session 2015) j'avais également eu une très bonne note (c'était à l'explication de texte où je m'étais totalement planté et en toute lucidité - j'avais fait un blocage irrationnel et n'avais pratiquement pas desserré les dents, ce qui m'avait fait manqué l'admission de un point seulement vu que j'avais beaucoup d'avance avec la leçon justement).
Aucun regret : cela m'a permis de faire un second master dans une autre discipline en 2016 et d'obtenir le concours cette année (session 2017) avec un bon classement et plus de maturité et surtout davantage de recul et de détachement.
Donc je maintiens ce que j'ai dit : la dimension pédagogique - ou plus précisément la remarque faite en ce sens - n'affectait en rien ni la note ni l'admission (ni en 2015, ni cette fois-ci vu qu'à vrai dire, j'ai eu la même note en leçon à mes deux tentatives).
Et c'est heureux : car tout le monde sait très bien dans le fond qu'une leçon de CAPES n'est pas une leçon en terminale donc c'est un simple rappel de la part du jury et il convient de ne pas s'en formaliser et d'acquiescer en disant qu'on est conscient qu'in situ il faudra faire de véritables efforts sur ce point (c'est ce que j'ai fait les deux fois).
Mon sentiment est en tout cas que la pédagogie n'est pas encore notée à ce stade de l'entrée dans le métier (ou plutôt "pré-entrée"). Toutes les questions pédagogiques commencent lorsqu'on passe la porte du lycée (et les questions pédagogoles commencent quand on passe -bien à contrecœur - la porte de l'ESPE).
Sinon, techniquement parlant, il est tout à fait possible d’être admis deux fois : ceux qui ont le CAPES une année et l'agrégation la suivante ou plus tard, par exemple!
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- AnaxagoreGuide spirituel
Levincent a écrit:Parménide a écrit:
Ce que tu écris me rassure. Et ce d'autant plus que j'ai une amie très proche qui vient de passer un an dans une ESPE en vue de préparer le CRPE, et là-bas, on leur a raconté les choses les plus invraisemblables (probablement pour les effrayer) au sujet des jurys de concours : un accent régional ou une chemise légèrement trop grande pouvant être fatals à un candidat, par exemple :shock:
Oh peuchère !
C'est bien simple, je suis passé aux chemises hypercintrées et je mets des patchs pour ne plus dire "'fan de chichoune".
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"De même que notre esprit devient plus fort grâce à la communication avec les esprits vigoureux et raisonnables, de même on ne peut pas dire combien il s'abâtardit par le commerce continuel et la fréquentation que nous avons des esprits bas et maladifs." Montaigne
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"On déclame contre les passions sans songer que c'est à leur flambeau que la philosophie allume le sien." Sade
- DimkaVénérable
Je n’ai jamais été dans un jury, mais je serais étonné qu’ils n’aient pas des réflexions sur tout et n’importe quoi… De toute façon, on ne peut pas s’empêcher d’avoir des impressions favorables ou défavorables. Mais j’imagine que la rigueur intellectuelle permet de passer outre. Comme un médecin peut éprouver de la sympathie ou de l’antipathie pour un patient, et l’exprimer en salle de garde, sans que ça ne l’empêche de le soigner de façon professionnelle.Paul Dedalus a écrit:J'avoue m'être demandé (et à plusieurs reprises) si une fois qu'on est sorti de la salle - après une leçon par exemple - le jury ne fait que des remarques strictement formelles et sur le contenu de la leçon ou également sur la "personnalité" du candidat justement (la manière qu'il a de se présenter, de répondre aux questions, si on le verrait bien devant une classe et si éventuellement il y a débat entre les membres du jury sur ce point...)
En fait, pour nuancer ce que je disais : je pense que le jury ne juge pas la personnalité (comme critère principal), après évidemment, s’il apparaît qu’un candidat a des traits rédhibitoires (du genre, grosse méconnaissance des codes sociaux au point d’insulter le jury, etc.), je conçois que ça puisse avoir une influence. Mais quand je passais les concours, mes profs ont râlé contre des points de caractère (que j’étais au passage incapable de corriger), et ça ne m’a pas empêché d’avoir de bonnes notes, finalement, à l’inverse de camarades très à l’aise dans leurs prestations. En gros, mieux vaut dire ce qu’il faut en regardant ses chaussures, que dire des bêtises avec assurance.
Après, c’est sûr que je ne vois les choses qu’à travers mon expérience personnelle (disons que c’est sûr que je n’ai pas eu les concours grâce à ma personnalité… ). Mais je trouve que c’est plus simple de voir les choses comme ça. Quelqu’un qui se dit qu’il a échoué parce que sa tête ne revenait pas au jury, et malgré son génie… risque d’être plutôt aigri. Et s’il repasse les concours, il se focalisera sur des points qui ne sont pas stimulants, intellectuellement (changer de voix, choisir une cravate, avoir une chemise ajustée…). Alors que juste se dire que bon, bah voilà, j’ai fait du mieux que j’ai pu, mais il y a eu des gens meilleurs que moi, ça, c’est motivant (on se dit qu’on va progresser, lire plus, s’exercer plus, réfléchir mieux, etc.), et ça ne donne pas un sentiment d’injustice (donc on le vit mieux).
Mouarf. Ça me rappelle les discussions dans ma promo, mais ce serait franchement dommage (pour ne pas dire stupide) que les formateurs tombent dans ce travers, alors qu’à l’inverse des candidats, ils n’y ont aucun intérêt.Parménide a écrit:Ce que tu écris me rassure. Et ce d'autant plus que j'ai une amie très proche qui vient de passer un an dans une ESPE en vue de préparer le CRPE, et là-bas, on leur a raconté les choses les plus invraisemblables (probablement pour les effrayer) au sujet des jurys de concours : un accent régional ou une chemise légèrement trop grande pouvant être fatals à un candidat, par exemple :shock:
À mon avis, les candidats se prennent beaucoup la tête avec des détails pas possibles de ce genre, ce qui doit être une façon de se rassurer, en détournant ses pensées des objectifs véritables. C’est peut-être aussi une façon de se rassurer après un échec (ou en l’anticipant) : « j’ai raté parce que j’avais une chemise trop longue, des chaussettes de couleurs différentes, parce que ma tête ne revenait pas au jury, parce que je sors du moule, parce que je suis trop timide, trop petit, trop gros, trop toulousain, trop beau », c’est plus facile à assumer que « j’ai raté parce que je n’avais pas le niveau, parce que je n’ai pas géré le sujet, parce que je n’en ai pas saisi les enjeux, parce que je n’ai pas répondu aux attentes du concours ».
Sauf que si on veut avoir le concours l’année suivante, à mon avis, il vaut mieux se remettre en question sur sa maîtrise disciplinaire et méthodologique que sur la taille de sa chemise.
_________________
- Spoiler:
- lisette83Érudit
Depuis quelques années (3-4), l'apparence formelle et la conformité idéologique prennent malheureusement de plus en plus d'importance.
- Paul DedalusNeoprof expérimenté
Pareil sur ce point. Désolé de démentir mais en philo il y a souvent des looks un peu hors-norme : cheveux très longs et barbes très longues chez certains garçons par exemple. J'ai aussi vu un mec arriver avec des tennis complètement défoncées.
Les personnes que j'ai vues avec ce look ont été admises. A l'inverse d'un type qui était en costard cravate et très élégant, donc je pense vraiment que le jury s'en tape complètement. Pour ma part, si j'étais membre du jury, j'apprécierais cette disparité plutôt que voir des clones.
Bon, perso pour le capes, je n'ai pris aucun risque cette année : pantalon de costume bleu marine, mocassin Bexley bleus marines et chemise (mais sans cravate^^).
Ah, si, j'ai pris un gros risque en fait : la chemise était à carreaux (clin d'oeil à Dimka ).
Les personnes que j'ai vues avec ce look ont été admises. A l'inverse d'un type qui était en costard cravate et très élégant, donc je pense vraiment que le jury s'en tape complètement. Pour ma part, si j'étais membre du jury, j'apprécierais cette disparité plutôt que voir des clones.
Bon, perso pour le capes, je n'ai pris aucun risque cette année : pantalon de costume bleu marine, mocassin Bexley bleus marines et chemise (mais sans cravate^^).
Ah, si, j'ai pris un gros risque en fait : la chemise était à carreaux (clin d'oeil à Dimka ).
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Marcel Jousse
- lisette83Érudit
Cela dépend vraiment des matières, par expérience vécue de l'intérieur.lisette83 a écrit:Depuis quelques années (3-4), l'apparence formelle et la conformité idéologique prennent malheureusement de plus en plus d'importance.
- Paul DedalusNeoprof expérimenté
C'est vrai qu'en revanche, dans le rapport du CAPES de lettres modernes, j'ai déjà lu des remarques outrées sur le fait qu'un candidat s'était présenté en baskets devant le jury.
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« Ma science ne peut être qu’une science de pointillés. Je n’ai ni le temps ni les moyens de tracer une ligne continue. »
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- lisette83Érudit
Je suis d'ailleurs rassurée d'entendre que cette tendance n'a pas contaminé tous les jurys
(au passage, félicitations pour votre réussite !)
(au passage, félicitations pour votre réussite !)
- Paul DedalusNeoprof expérimenté
Merci!
Même si j'ai bien conscience que l'épreuve commence véritablement après!
Même si j'ai bien conscience que l'épreuve commence véritablement après!
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« Ma science ne peut être qu’une science de pointillés. Je n’ai ni le temps ni les moyens de tracer une ligne continue. »
Marcel Jousse
- ParménideNeoprof expérimenté
Dimka a écrit:Parménide a écrit:Ce que tu écris me rassure. Et ce d'autant plus que j'ai une amie très proche qui vient de passer un an dans une ESPE en vue de préparer le CRPE, et là-bas, on leur a raconté les choses les plus invraisemblables (probablement pour les effrayer) au sujet des jurys de concours : un accent régional ou une chemise légèrement trop grande pouvant être fatals à un candidat, par exemple :shock:
Mouarf. Ça me rappelle les discussions dans ma promo, mais ce serait franchement dommage (pour ne pas dire stupide) que les formateurs tombent dans ce travers, alors qu’à l’inverse des candidats, ils n’y ont aucun intérêt.
À mon avis, les candidats se prennent beaucoup la tête avec des détails pas possibles de ce genre, ce qui doit être une façon de se rassurer, en détournant ses pensées des objectifs véritables. C’est peut-être aussi une façon de se rassurer après un échec (ou en l’anticipant) : « j’ai raté parce que j’avais une chemise trop longue, des chaussettes de couleurs différentes, parce que ma tête ne revenait pas au jury, parce que je sors du moule, parce que je suis trop timide, trop petit, trop gros, trop toulousain, trop beau », c’est plus facile à assumer que « j’ai raté parce que je n’avais pas le niveau, parce que je n’ai pas géré le sujet, parce que je n’en ai pas saisi les enjeux, parce que je n’ai pas répondu aux attentes du concours ».
Sauf que si on veut avoir le concours l’année suivante, à mon avis, il vaut mieux se remettre en question sur sa maîtrise disciplinaire et méthodologique que sur la taille de sa chemise.
C'est exactement ça qui devrait prévaloir en toutes circonstances. Vu qu'on est censé évaluer une prestation, pas une personne. Et pourtant... nous vivons dans un monde de l'apparence... Que les rumeurs colportées sur les critères propres aux jurys de concours soient fondés ou pas, ça n'implique pas qu'il faille négliger sa propre personne. Je ne sais pas s'il y a beaucoup de points communs entre les critères des jurys et ceux des recruteurs en entreprises mais j'ai des amis qui m'ont certifié que des patrons recalent des postulants parce que mal habillés, mal coiffés, trop maigres, etc... (sans parler de la discrimination fondée sur les origines ethniques, bien évidemment...) Et ce, même pour travailler simplement au Macdo...
Gageons que les jurys de concours soient au-dessus de ça et aient l’honnêteté de s'en tenir à une pure évaluation de compétences intellectuelles et pédagogiques. Mais j'ai quand même des doutes au fond de moi... Notamment pour ce qui est des partis pris intellectuels, et autres règlements de comptes plus ou moins larvés. Voici ce que m'a écrit il y 4 ans une récente lauréate du CAPES de philo avec laquelle j'avais sympathisé :
"c'est à l'oral que se joue la chance, les jurés sont nombreux et certains plus sévères que d'autres, il y a des marxistes qui te descendent si tu n'utilises pas Marx comme un spécialiste, des anti heideggeriens qui te descendent juste parce que tu utilises Heidegger (d'ailleurs un juré a reproché à un des candidats cette année d'utiliser Heidegger sous prétexte qu'il était nazi .... c'est désolant), des *** qui ne t'écoutent même pas et qui comprennent tout l'inverse de ce que tu soutiens, et j'en passe, voilà ou se joue la chance. Aussi je te conseille de biiiien t'entraîner aux oraux, et surtout aux questions, car pour le dire avec un langage que j'affectionne, les jurés sont des *** lors de l'entretien !"
C'est l'une des interventions de Lisette qui m'y fait repenser.
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"Les paroles essentielles sont des actions qui se produisent en ces instants décisifs où l'éclair d'une illumination splendide traverse la totalité d'un monde", Martin Heidegger, "Schelling", (semestre d'été 1936)
"Et d'une brûlure d'ail naitra peut-être un soir l'étincelle du génie", Saint-John Perse, "Sécheresse" (1974)
"Il avait dit cela d'un air fatigué et royal", Franz-Olivier Giesbert, "Le vieil homme et la mort" (1996)
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- RendashBon génie
Parménide a écrit:, des *** qui ne t'écoutent même pas et qui comprennent tout l'inverse de ce que tu soutiens,
Oui, enfin, ça, ça n'est pas forcément toujours exclusivement la faute de l'auditoire, hein. Et pour un professeur ou un futur professeur, c'est embêtant de ne pas réussir à se faire comprendre, même si c'est notre pain quotidien. Le fait est que le boulot du candidat, c'est de limiter au maximum l'emprise des facteurs extérieurs sur le résultat final ; et, très étrangement, les mieux préparés sont aussi ceux qui y parviennent le mieux.
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"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
- DesolationRowEmpereur
Comme quoi on peut être lauréate au CAPES et écrire des âneries.
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