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- AliceinwonderlandNeoprof expérimenté
Il ne faut pas non plus idéaliser le poids de la parole de l'orthophoniste. Les parents pénibles sont consuméristes et tentent de louvoyer en fonction de ce qu'ils veulent (ils vont présenter l'école en figure d'autorité si ça les arrange, l'orthophoniste s'ils trouvent cela plus avantageux). Et il m'est arrivé de tirer la sonnette d'alarme en soulignant des résultats pathologiques, et on me disait qu'à l'école tout allait bien (j'ai vu les bulletins, c'était vrai) ...
Cette année un enfant a déménagé et s'est retrouvé sur une école notant normalement (j'avais prévenu la mère en plus que cette école était très différente), la mère qui ne me croyait pas (car parole de l'enseignant, poids des bulletins plus importants que ma parole) a dû se rendre à l'évidence : son fils s'est brusquement retrouvé en queue de classe (et elle a remarqué que ce que faisait son autre fils en CP n'avait rien à voir avec ce qu'avait fait le grand). En même temps je me dis que pourtant je lui disais que dans les tests il était en-dessous de -2ET partout en lecture/transcription et elle l'emmenait en orthophonie donc d'une certaine façon je ne comprends pas qu'elle soit tombée des nues. Mais il y a des disparités de plus en plus criantes entre écoles.
Il ne faut pas non plus idéaliser le statut d'orthophoniste. Pour beaucoup de médecins tu es un simple auxiliaire médical à bac +2 même si les jeunes générations de médecins t'estiment peut-être un peu plus (bon maintenant mon statut a un peu changé en tant qu'ex prof au sein du cabinet, ça c'est bien mais je suis un cas à part) et il m'est arrivé lors d'ESS d'être fort mal traitée (alors que je venais insister car cas de vrais handicaps, orientation spé envisageable), les enseignants (qui pourtant avaient convoqué l'ESS) disant devant les parents que finalement tout allait bien me mettant dans une situation très inconfortable, pour me dire après dans leur dos que oui c'était du lourd. Après effectivement je suis libre donc désormais je choisis les écoles où ça vaut le coup d'aller échanger et je n'ai plus remis les pieds dans ces écoles!
En repensant à ma propre expérience quand même, je revois une femme de ménage d'un ancien collège dans l'Essonne pleurer parce qu'un élève avait déféqué dans le couloir, je repense aux jets de projectiles (et je sais que je n'étais pas la seule à subir cela), alors que quand j'ai fait mon stage en tant qu'orthophoniste à Vitry-sur-Seine (pourtant dans une école avec une population peu favorisée) je n'ai jamais assisté à de telles violences (également de la part des parents, je les ai trouvés beaucoup plus virulents en collège) et rien que ces souvenirs me feraient préférer le primaire au collège, même si j'ai conscience que la situation des PE n'est pas forcément enviable, que la situation s'est dégradée depuis et qu'il peut exister d'énormes disparités selon les établissements.
Cette année un enfant a déménagé et s'est retrouvé sur une école notant normalement (j'avais prévenu la mère en plus que cette école était très différente), la mère qui ne me croyait pas (car parole de l'enseignant, poids des bulletins plus importants que ma parole) a dû se rendre à l'évidence : son fils s'est brusquement retrouvé en queue de classe (et elle a remarqué que ce que faisait son autre fils en CP n'avait rien à voir avec ce qu'avait fait le grand). En même temps je me dis que pourtant je lui disais que dans les tests il était en-dessous de -2ET partout en lecture/transcription et elle l'emmenait en orthophonie donc d'une certaine façon je ne comprends pas qu'elle soit tombée des nues. Mais il y a des disparités de plus en plus criantes entre écoles.
Il ne faut pas non plus idéaliser le statut d'orthophoniste. Pour beaucoup de médecins tu es un simple auxiliaire médical à bac +2 même si les jeunes générations de médecins t'estiment peut-être un peu plus (bon maintenant mon statut a un peu changé en tant qu'ex prof au sein du cabinet, ça c'est bien mais je suis un cas à part) et il m'est arrivé lors d'ESS d'être fort mal traitée (alors que je venais insister car cas de vrais handicaps, orientation spé envisageable), les enseignants (qui pourtant avaient convoqué l'ESS) disant devant les parents que finalement tout allait bien me mettant dans une situation très inconfortable, pour me dire après dans leur dos que oui c'était du lourd. Après effectivement je suis libre donc désormais je choisis les écoles où ça vaut le coup d'aller échanger et je n'ai plus remis les pieds dans ces écoles!
En repensant à ma propre expérience quand même, je revois une femme de ménage d'un ancien collège dans l'Essonne pleurer parce qu'un élève avait déféqué dans le couloir, je repense aux jets de projectiles (et je sais que je n'étais pas la seule à subir cela), alors que quand j'ai fait mon stage en tant qu'orthophoniste à Vitry-sur-Seine (pourtant dans une école avec une population peu favorisée) je n'ai jamais assisté à de telles violences (également de la part des parents, je les ai trouvés beaucoup plus virulents en collège) et rien que ces souvenirs me feraient préférer le primaire au collège, même si j'ai conscience que la situation des PE n'est pas forcément enviable, que la situation s'est dégradée depuis et qu'il peut exister d'énormes disparités selon les établissements.
- MurrNiveau 9
Aliceinwonderland a écrit:Il ne faut pas non plus idéaliser le poids de la parole de l'orthophoniste. Les parents pénibles sont consuméristes et tentent de louvoyer en fonction de ce qu'ils veulent (ils vont présenter l'école en figure d'autorité si ça les arrange, l'orthophoniste s'ils trouvent cela plus avantageux). Et il m'est arrivé de tirer la sonnette d'alarme en soulignant des résultats pathologiques, et on me disait qu'à l'école tout allait bien (j'ai vu les bulletins, c'était vrai) ...
Cette année un enfant a déménagé et s'est retrouvé sur une école notant normalement (j'avais prévenu la mère en plus que cette école était très différente), la mère qui ne me croyait pas (car parole de l'enseignant, poids des bulletins plus importants que ma parole) a dû se rendre à l'évidence : son fils s'est brusquement retrouvé en queue de classe (et elle a remarqué que ce que faisait son autre fils en CP n'avait rien à voir avec ce qu'avait fait le grand). En même temps je me dis que pourtant je lui disais que dans les tests il était en-dessous de -2ET partout en lecture/transcription et elle l'emmenait en orthophonie donc d'une certaine façon je ne comprends pas qu'elle soit tombée des nues. Mais il y a des disparités de plus en plus criantes entre écoles.
Il ne faut pas non plus idéaliser le statut d'orthophoniste. Pour beaucoup de médecins tu es un simple auxiliaire médical à bac +2 même si les jeunes générations de médecins t'estiment peut-être un peu plus (bon maintenant mon statut a un peu changé en tant qu'ex prof au sein du cabinet, ça c'est bien mais je suis un cas à part) et il m'est arrivé lors d'ESS d'être fort mal traitée (alors que je venais insister car cas de vrais handicaps, orientation spé envisageable), les enseignants (qui pourtant avaient convoqué l'ESS) disant devant les parents que finalement tout allait bien me mettant dans une situation très inconfortable, pour me dire après dans leur dos que oui c'était du lourd. Après effectivement je suis libre donc désormais je choisis les écoles où ça vaut le coup d'aller échanger et je n'ai plus remis les pieds dans ces écoles!
En repensant à ma propre expérience quand même, je revois une femme de ménage d'un ancien collège dans l'Essonne pleurer parce qu'un élève avait déféqué dans le couloir, je repense aux jets de projectiles (et je sais que je n'étais pas la seule à subir cela), alors que quand j'ai fait mon stage en tant qu'orthophoniste à Vitry-sur-Seine (pourtant dans une école avec une population peu favorisée) je n'ai jamais assisté à de telles violences (également de la part des parents, je les ai trouvés beaucoup plus virulents en collège) et rien que ces souvenirs me feraient préférer le primaire au collège, même si j'ai conscience que la situation des PE n'est pas forcément enviable, que la situation s'est dégradée depuis et qu'il peut exister d'énormes disparités selon les établissements.
Je ne voudrais pas donner l'impression de prêcher toujours pour mon ancienne paroisse, mais j'ai entendu quantité de témoignages très approchants de la bouche de collègues PE. Je doute qu'un collégien puisse rivaliser d'invention avec un élève de primaire en matière de pipi/caca : j'ai moi aussi rencontré une dame de ménage qui avait dû nettoyer des petits bureaux tartinés de "nutella" (que les amateurs me pardonnent...). Une de mes amies T1 doit se coltiner une dizaine de monstres qui lui mènent la vie très dure : elle subit leurs crises cinq heures par jour, sans "trou" pour souffler un peu dans la journée (les récrés n'en sont pas pour les PE). Une autre amie PES, qui a jeté l'éponge avant la fin de son stage, a vainement tenté d'enseigner à ses élèves la position assise, mais ils préféraient monter sur les tables ou rouler sous les chaises...
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Ich bin der Geist, der stets verneint! (Goethe)
- doubledeckerSage
On peut peut être s'accorder pour se dire que selon les établissements on a tous plus ou moins des conditions de travail exécrables sans chercher à savoir qui a les pires du 1er ou 2nd degré. À moins d'avoir bossé dans différents types d'établissements de la maternelle au second degré, on aura tous nos histoires d'anciens combattants qui se veulent meilleures dans le pire que celle du voisin.
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If you're not failing every now and again it's a sign you're not doing anything very innovative (Woody Allen)
La boutique de LolaDragibus : des petites choses futiles et inutiles pour embellir la vie (p'tites bricoles en tissu, papier, crochet....) : venez y jeter un oeil 😊
- PatatorNiveau 1
A vous lire, j'ai l'impression de travailler dans des conditions idylliques, du moins dans la relation duelle que nous avons le luxe d'instaurer.
Nous avons souvent l'impression que l'herbe semble toujours plus verte ailleurs.
Nous avons souvent l'impression que l'herbe semble toujours plus verte ailleurs.
- doubledeckerSage
C'est clair que la relation duelle parfois j'en rêve! Surtout le vendredi quand j'ai mes 24 (oui, oui, 24) élèves de 3e segpa/ulis qui n'attendent qu'une chose : la sonnerie!
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- VolubilysGrand sage
on tente de te faire voir ce que tu vas perdre en devenant PE, les mauvais côtés, justement car tu es dans l'idée que l'herbe est plus verte chez les PE.Patator a écrit:A vous lire, j'ai l'impression de travailler dans des conditions idylliques, du moins dans la relation duelle que nous avons le luxe d'instaurer.
Nous avons souvent l'impression que l'herbe semble toujours plus verte ailleurs.
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Je vous prie de m'excuser si mes messages contiennent des coquilles, je remercie les personnes qui me les signaleront par mp pour que je puisse les corriger.
- AliceinwonderlandNeoprof expérimenté
Disons que la situation des orthophonistes s'est nettement dégradée ces dernières années et les gens se font aussi facilement une caricature du métier. En mp j'ai d'ailleurs plutôt déconseillé à Murr de choisir cette reconversion car je pense qu'il y a beaucoup d'inquiétudes à avoir ; il y a en effet eu des abus et pour ma part je crains que le système de santé ne change et que l'on ne puisse plus forcément prendre les patients les plus démunis (certains collègues déclarent déjà facturer hors sécu très cher des bilans de tiers temps par exemple, alors que de telles pratiques pourraient faire augmenter nos cotisations URSSAF). Je n'ai aucune envie de ne plus pouvoir prendre en charge des personnes avec de vraies pathologies pour faire des bilans de complaisance à des parents persuadés que les aménagements vont résoudre les problèmes de Monchéri!
Je me plains que des collègues fassent un nombre énorme de RV mais l'AMO ayant été très peu revalorisé effectivement certains te diront qu'ils n'ont pas le choix (famille monoparentale, traites de l'appartement à payer). J'ai la chance d'avoir déjà un logement et mon ex est toujours là financièrement si j'ai un souci et paye les études ou le conservatoire des enfants. Mais mes revenus l'an prochain par exemple risquent de rester finalement stables même si je travaille plus puisque je me retrouve à nouveau avec un loyer plein, que je vais avoir environ 70€ de frais de comptable par mois et que je vais perdre les 190 euros d'allocations familiales avec mon fils qui devient majeur. Pour donner une idée j'ai retrouvé le montant de la CFE que je payais lors de ma première année d'exercice, c'était dans les 350€, désormais c'est dans les 550, et toutes les autres charges se sont également alourdies.
La relation duelle effectivement est très agréable si tu restes en-dessous d'un certain seuil mais il faut voir qu'aujourd'hui beaucoup de collègues font des mercredis avec un patient toutes les 30mn, et la séance fait facilement 20 mn car tout retard est décompté (alors que moi si retard trop important je renvoie à la maison, sinon je fais toujours 30mn minimum et souvent plutôt 40 mais peu fonctionnent ainsi), et le passage de carte vitale ou le rangement sont également inclus dans les 30 mn pour beaucoup. Quand j'étais remplaçante j'ai vu ma titulaire passer des séances au téléphone avec des mutuelles ou la CPAM sans s'occuper du patient et facturer la séance (et beaucoup font l'administratif, ou le coup de fil à l'école, ou l'entretien avec les parents sur le temps de séance). J'ajouterais aussi que d'une certaine façon plus tu essaies de faire ton métier en étant droit et en faisant les choses bien et moins tu seras rentable ce qui peut être très dur à force (surtout quand tu te prends des réflexions des patients sur le fait que dois avoir plein de sous, qu'ils ne pensent pas à t'apporter la CV alors que tu fais le TP et que toi tu stresses parce que ton loyer va passer bientôt, ou ta caisse de retraite, ou le prélèvement URSSAF). Je prends en priorité les cas envoyés par la psy sco du secteur qui m'appelle car elle sait que je vais les prendre du coup, je prends les urgences type AVC ou paralysie récurrentielle dont personne ne veut et qui sont des PEC très fatigantes, je passe beaucoup de temps à préparer et ce métier me mange énormément de temps (je prends beaucoup moins de vacances que quand j'étais prof) et je gagne moins que des personnes qui font justement leur beurre sur les dérives de l'EN (je crois qu'il ne me reste que 3 cas d'enfants "abimés" par les écoles sur tous mes patients car je déteste cela et préfère me coltiner de vrais cas malgré tout).
Je dirais aussi que même en tentant de de ne pas faire de l'abattage le fait d'enchaîner des patients très différents et de faire le grand écart en permanence entre adulte et enfant, vrai handicap et simple retard peut être très fatigant (je prends entre 10 et 12 patients par jour et je suis souvent décalquée le soir). Et même si désormais je suis plus à l'aise et n'hésite pas à mettre fin à certaines PEC si une limite a été franchie, il y a aussi un certain nombre de patients qui se situent dans une zone limite et que je me refuse à mettre dehors parce que malgré tout je pense qu'ils ont besoin, que je dois recadrer régulièrement, que je mets sur des créneaux où les absences me gênent moins si le souci est l'absentéisme mais que je ne me vois pas mettre dehors malgré tout.
J'ai l'impression parfois que toute ma patientèle forme une sorte de petite cour des miracles qui me rend dingue et j'aimerais bien voir un peu des personnes qui fonctionnent normalement... Il n'y a pas la même violence que dans l'EN au quotidien, il n'y a pas en effet la gestion du groupe et le rapport de force, c'est vrai (et c'est pour cela que je ne redeviendrai pas prof), mais il y a une accumulation de tensions, du fait de la multiplicité des prises en charge mais aussi de toute la gestion administrative et des tracas, et financièrement si tu ne fais pas beaucoup de RV tu peux vite te retrouver dans le rouge ; cela fait un mois et demi que je ne peux facturer une fratrie de 3 enfants CMU qui a changé de caisse et c'est très stressant. Tu es aussi souvent confronté au déni des familles ce qui peut parfois être vécu comme une injustice quand tu t'es beaucoup investie pour des cas lourds. Même si les familles ne sont pas agressives d'ailleurs ; grand moment de découragement dernièrement car pour le petit dernier de la fratrie CMU nous savions qu'il suivait des cours dans sa langue maternelle et avions donc demandé avec l'école un retour de la maîtresse si possible (sachant que nous soupçonnons un TSA) ; dans le courrier, la maîtresse explique que dans cette école, l'enfant a été maintenu en GS (dans l'EN il est passé en CP) car également mutique, et qu'il a été proposé à la famille une prise en charge en orthophonie dans la langue maternelle au sein de l'école ; la maman (très gentille par ailleurs) a refusé car pour elle le problème est le français, dans sa langue il n'a pas de problème... Cela dit j'ai réussi à monter un dossier pour un centre réf mais bon... Quand j'ai lu qu'elle avait refusé, j'ai eu un gros coup de mou.
Pour ma part, j'adore heureusement ce que j'ai construit, je passe énormément de temps à préparer avec beaucoup de plaisir mes séances notamment depuis que j'ai découvert certains groupes FB et le travail d'une collègue en particulier ; mais par exemple cette collègue géniale qui est en province a dû fermer son cabinet qui périclitait et est en train d'en ouvrir un autre tout en étant obligée de compléter par du salariat, victime d'installations sauvages et d'un détournement de patientèle... ça aussi c'est la réalité du métier malheureusement.
Je ne suis pas certaine que Patator ait intérêt à partir car elle semble avoir construit quelque chose d'intéressant, elle possède peut-être son cabinet ou a un loyer plus modeste selon la région où elle est, cela dit elle peut peut-être mettre un pied dans l'EN en faisant de la formation pour les PE par exemple? Et je dirais aussi tout dépend de la région où elle est, de l'évolution de l'EN aussi (si on va vers des profs qui se vendent aux établissements, un ortho PE peut être recherché pour les enfants en difficulté ou les CP). Par contre se lancer dans la profession d'orthophoniste actuellement quand je vois le nombre de jeunes en burn-out et s'imposant des cadences infernales pour survivre... Je ne suis pas certaine que ce soit enviable et je pense que ce peut être un miroir aux alouettes ; je pense qu'il y a autant de naïveté à croire qu'un métier est idyllique que l'autre. Pour ma part j'aime bien mon métier finalement et particulièrement mes petits enfants tous cassés mais je pense que c'est très particulier et que cela tient à ma personnalité, j'adore bidouiller et créer plein de supports, j'aime ma liberté, mais je pense que si l'on s'attend à un certain statut ou à une certaine considération, à un certain salaire, on peut vraiment tomber de haut (à moins de donner son âme au diable)...
Je me plains que des collègues fassent un nombre énorme de RV mais l'AMO ayant été très peu revalorisé effectivement certains te diront qu'ils n'ont pas le choix (famille monoparentale, traites de l'appartement à payer). J'ai la chance d'avoir déjà un logement et mon ex est toujours là financièrement si j'ai un souci et paye les études ou le conservatoire des enfants. Mais mes revenus l'an prochain par exemple risquent de rester finalement stables même si je travaille plus puisque je me retrouve à nouveau avec un loyer plein, que je vais avoir environ 70€ de frais de comptable par mois et que je vais perdre les 190 euros d'allocations familiales avec mon fils qui devient majeur. Pour donner une idée j'ai retrouvé le montant de la CFE que je payais lors de ma première année d'exercice, c'était dans les 350€, désormais c'est dans les 550, et toutes les autres charges se sont également alourdies.
La relation duelle effectivement est très agréable si tu restes en-dessous d'un certain seuil mais il faut voir qu'aujourd'hui beaucoup de collègues font des mercredis avec un patient toutes les 30mn, et la séance fait facilement 20 mn car tout retard est décompté (alors que moi si retard trop important je renvoie à la maison, sinon je fais toujours 30mn minimum et souvent plutôt 40 mais peu fonctionnent ainsi), et le passage de carte vitale ou le rangement sont également inclus dans les 30 mn pour beaucoup. Quand j'étais remplaçante j'ai vu ma titulaire passer des séances au téléphone avec des mutuelles ou la CPAM sans s'occuper du patient et facturer la séance (et beaucoup font l'administratif, ou le coup de fil à l'école, ou l'entretien avec les parents sur le temps de séance). J'ajouterais aussi que d'une certaine façon plus tu essaies de faire ton métier en étant droit et en faisant les choses bien et moins tu seras rentable ce qui peut être très dur à force (surtout quand tu te prends des réflexions des patients sur le fait que dois avoir plein de sous, qu'ils ne pensent pas à t'apporter la CV alors que tu fais le TP et que toi tu stresses parce que ton loyer va passer bientôt, ou ta caisse de retraite, ou le prélèvement URSSAF). Je prends en priorité les cas envoyés par la psy sco du secteur qui m'appelle car elle sait que je vais les prendre du coup, je prends les urgences type AVC ou paralysie récurrentielle dont personne ne veut et qui sont des PEC très fatigantes, je passe beaucoup de temps à préparer et ce métier me mange énormément de temps (je prends beaucoup moins de vacances que quand j'étais prof) et je gagne moins que des personnes qui font justement leur beurre sur les dérives de l'EN (je crois qu'il ne me reste que 3 cas d'enfants "abimés" par les écoles sur tous mes patients car je déteste cela et préfère me coltiner de vrais cas malgré tout).
Je dirais aussi que même en tentant de de ne pas faire de l'abattage le fait d'enchaîner des patients très différents et de faire le grand écart en permanence entre adulte et enfant, vrai handicap et simple retard peut être très fatigant (je prends entre 10 et 12 patients par jour et je suis souvent décalquée le soir). Et même si désormais je suis plus à l'aise et n'hésite pas à mettre fin à certaines PEC si une limite a été franchie, il y a aussi un certain nombre de patients qui se situent dans une zone limite et que je me refuse à mettre dehors parce que malgré tout je pense qu'ils ont besoin, que je dois recadrer régulièrement, que je mets sur des créneaux où les absences me gênent moins si le souci est l'absentéisme mais que je ne me vois pas mettre dehors malgré tout.
J'ai l'impression parfois que toute ma patientèle forme une sorte de petite cour des miracles qui me rend dingue et j'aimerais bien voir un peu des personnes qui fonctionnent normalement... Il n'y a pas la même violence que dans l'EN au quotidien, il n'y a pas en effet la gestion du groupe et le rapport de force, c'est vrai (et c'est pour cela que je ne redeviendrai pas prof), mais il y a une accumulation de tensions, du fait de la multiplicité des prises en charge mais aussi de toute la gestion administrative et des tracas, et financièrement si tu ne fais pas beaucoup de RV tu peux vite te retrouver dans le rouge ; cela fait un mois et demi que je ne peux facturer une fratrie de 3 enfants CMU qui a changé de caisse et c'est très stressant. Tu es aussi souvent confronté au déni des familles ce qui peut parfois être vécu comme une injustice quand tu t'es beaucoup investie pour des cas lourds. Même si les familles ne sont pas agressives d'ailleurs ; grand moment de découragement dernièrement car pour le petit dernier de la fratrie CMU nous savions qu'il suivait des cours dans sa langue maternelle et avions donc demandé avec l'école un retour de la maîtresse si possible (sachant que nous soupçonnons un TSA) ; dans le courrier, la maîtresse explique que dans cette école, l'enfant a été maintenu en GS (dans l'EN il est passé en CP) car également mutique, et qu'il a été proposé à la famille une prise en charge en orthophonie dans la langue maternelle au sein de l'école ; la maman (très gentille par ailleurs) a refusé car pour elle le problème est le français, dans sa langue il n'a pas de problème... Cela dit j'ai réussi à monter un dossier pour un centre réf mais bon... Quand j'ai lu qu'elle avait refusé, j'ai eu un gros coup de mou.
Pour ma part, j'adore heureusement ce que j'ai construit, je passe énormément de temps à préparer avec beaucoup de plaisir mes séances notamment depuis que j'ai découvert certains groupes FB et le travail d'une collègue en particulier ; mais par exemple cette collègue géniale qui est en province a dû fermer son cabinet qui périclitait et est en train d'en ouvrir un autre tout en étant obligée de compléter par du salariat, victime d'installations sauvages et d'un détournement de patientèle... ça aussi c'est la réalité du métier malheureusement.
Je ne suis pas certaine que Patator ait intérêt à partir car elle semble avoir construit quelque chose d'intéressant, elle possède peut-être son cabinet ou a un loyer plus modeste selon la région où elle est, cela dit elle peut peut-être mettre un pied dans l'EN en faisant de la formation pour les PE par exemple? Et je dirais aussi tout dépend de la région où elle est, de l'évolution de l'EN aussi (si on va vers des profs qui se vendent aux établissements, un ortho PE peut être recherché pour les enfants en difficulté ou les CP). Par contre se lancer dans la profession d'orthophoniste actuellement quand je vois le nombre de jeunes en burn-out et s'imposant des cadences infernales pour survivre... Je ne suis pas certaine que ce soit enviable et je pense que ce peut être un miroir aux alouettes ; je pense qu'il y a autant de naïveté à croire qu'un métier est idyllique que l'autre. Pour ma part j'aime bien mon métier finalement et particulièrement mes petits enfants tous cassés mais je pense que c'est très particulier et que cela tient à ma personnalité, j'adore bidouiller et créer plein de supports, j'aime ma liberté, mais je pense que si l'on s'attend à un certain statut ou à une certaine considération, à un certain salaire, on peut vraiment tomber de haut (à moins de donner son âme au diable)...
- VolubilysGrand sage
Je ne vois pas où un participant a écrit que d'être orthophoniste est le paradis. Tout métier a ses avantages et ses inconvénients. Ici on parle d'un ortho voulant devenir prof et non du contraire, on lui montre certains mauvais côtés pour lui montrer que l'herbe n'est pas plus verte chez les PE.
Je ne connais que très peu le métier d'ortho, ne veut pas le faire, et ne parle que des différences très saillantes et connues de toute personne ayant affaire aux orthophonistes.
Je ne connais que très peu le métier d'ortho, ne veut pas le faire, et ne parle que des différences très saillantes et connues de toute personne ayant affaire aux orthophonistes.
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- Ma'amÉrudit
Murr a écrit:Je pense, pour ma part, que les conditions de travail seront plus dégradées dans le secondaire que dans le primaire le jour où un nombre important de professeurs déserteront leur poste pour passer dans le primaire. Je connais plusieurs cas de PE devenus professeurs de français, d'anglais (coucou Ma'am )... mais, dans le cas contraire, le seul exemple que j'aie rencontré s'est terminé en eau de boudin : un professeur d'allemand qui a vite réintégré son collège après avoir passé un an dans la peau d'un PE...
En ce qui concerne le niveau des PE, il faut bien reconnaître que le CRPE actuel ne peut pas empêcher le recrutement de personnes incompétentes en français, avec un maximum de cinq points de pénalité pour une copie truffée de fautes d'orthographe... Si le niveau d'exigence du CRPE atteignait celui des concours d'entrée en écoles d'orthophonie, le problème serait vite réglé. Cela ne veut pas dire, bien sûr, que toutes les jeunes recrues du primaire sont incompétentes (ayant moi-même été PES l'an dernier, j'aurais mauvaise grâce de penser cela :lol: ), mais le fait est que l'accès au professorat est désormais ouvert à des personnes qui n'auraient jamais été admises (et qui n'auraient jamais osé se présenter) auparavant. Notez que j'ai connu un étudiant reçu au CAPES de lettres modernes alors qu'il savait à peine identifier un COD...
Enfin, les conversations ne reflètent pas toujours la culture des participants, et c'est heureux ! Mes collègues PE de l'an dernier étaient tous très fins et cultivés mais, suivant l'humeur, nous pouvions parler des œuvres au programme de l'agrégation de lettres, débattre de subtilités grammaticales ou encore échanger nos meilleures recettes de soupe au pistou :lol: . Plus que la teneur d'une conversation, c'est la manière de s'exprimer qui compte à mes yeux : le cas d'une collègue PES, qui émaillait systématiquement son discours de "genre" ou de "c'est clair", me semble plus préoccupant qu'une bande de collègues qui échangent des platitudes pour se détendre pendant les trop rares moments de pause...
Tiens on parle de moi !
Eh, faut prévenir les gars, j'ai failli passer à côté !
Bon, je ne tiens pas du tout à raviver la guéguerre stérile entre le primaire et le secondaire, mais disons que je ne referai certainement pas le chemin en sens inverse.
Et pourtant, je trouve que mon ancien métier avait plus de sens que mon métier actuel.
Mais, c'est plus de boulot, moins de reconnaissance et surtout une infantilisation permanente de la hiérarchie.
Pour la faire courte, je préfère le métier de PE, mais je préfère les conditions de travail dans le secondaire.
Pour les soucis de recrutement, je crois hélas que cela touche autant le primaire que le secondaire. Il me semble qu'il y avait une allusion à ce sujet dans le rapport du jury du CAPES de lettres l'année dernière ou l'année d'avant.
Comme on dit en anglais : "If you pay peanuts, you get monkeys!
Bref, on n'est pas sortis des ronces...
- JaneMonarque
*Message qui ne sert à rien [on]*
je suis stupéfaite de voir qu'il y a encore des gens qui souhaitent devenir enseignants. Un de mes amis qui travaille dans un établissement très difficile me disait qu'après une énième agression de profs, une délégation avait été reçue. Pendant cet entretien, ils ont appris, stupéfaits, qu'il y avait dans le département, 5 agressions physiques de profs par jour en moyenne. Qu'il fallait tenir. Qu'il n'y avait rien d'autre à faire à part le taire et attendre que ça passe. Ou de l'art de cacher la poussière sous le tapis.
*fin du message qui ne sert à rien [off]*
je suis stupéfaite de voir qu'il y a encore des gens qui souhaitent devenir enseignants. Un de mes amis qui travaille dans un établissement très difficile me disait qu'après une énième agression de profs, une délégation avait été reçue. Pendant cet entretien, ils ont appris, stupéfaits, qu'il y avait dans le département, 5 agressions physiques de profs par jour en moyenne. Qu'il fallait tenir. Qu'il n'y avait rien d'autre à faire à part le taire et attendre que ça passe. Ou de l'art de cacher la poussière sous le tapis.
*fin du message qui ne sert à rien [off]*
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"Il n'est pas une vérité qui ne porte avec elle son amertume." (A. Camus)
- MurrNiveau 9
@ Aliceinwonderland : vu la tournure de la discussion, tu fais bien de faire une petite mise au point sur le métier d'orthophoniste. Parmi les inconvénients de cette reconversion, j'ajouterai les cinq années d'études qui m'attendent si j'ai la chance d'être prise dans une école... Cela dit, si l'on peut s'offrir le luxe d'une reprise d'études, l'orthophonie est une voie royale pour les personnes à profil littéraire et scientifique qui cherchent une profession intéressante et enrichissante en dehors de l'Education nationale mais en lien avec l'enseignement. A ce propos, je comprends parfaitement que la médicalisation des dérives pédagogiques te révolte, mais je ne partage pas tout à fait tes scrupules quant à la prise en charge d'enfants rendus dyslexiques par des méthodes de lecture inadaptées : puisque le mal est fait, il faut bien que quelqu'un s'occupe de ces "faux" dyslexiques pour leur donner une chance de s'en sortir, non ?...
@ Ma'am : bravo pour ta reconversion réussie
@ Ma'am : bravo pour ta reconversion réussie
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Ich bin der Geist, der stets verneint! (Goethe)
- almuixeNeoprof expérimenté
Désolée de faire dévier le fil, mais je profite vilement de votre présence en tant qu'orthophoniste pour vous demander si je peux poser une question à propos de mon fils qui me paraît avoir un retard de langage. Où vous préférez que j'ouvre un nouveau fil ?
Sinon, merci pour la discussion. C'est intéressant d'avoir des retours sur la vie quotidienne des autres professionnels. Cela confirme l'impression que j'ai de l'évolution dans les autre professions (policiers, médecins, infirmière, ingénieurs...), dans tous les secteurs les conditions de travail se durcissent. C'est terrible et incroyable. Ne devrait-on pas vivre de mieux en mieux ?
Sinon, merci pour la discussion. C'est intéressant d'avoir des retours sur la vie quotidienne des autres professionnels. Cela confirme l'impression que j'ai de l'évolution dans les autre professions (policiers, médecins, infirmière, ingénieurs...), dans tous les secteurs les conditions de travail se durcissent. C'est terrible et incroyable. Ne devrait-on pas vivre de mieux en mieux ?
- AjupouetFidèle du forum
J'avais pensé à devenir orthophoniste.
Le remboursement par la sécu semble génial, mais en fait c'est un sacré souci.
-On n'est pas libre de fixer ses tarifs
-On n'est pas libre de fixer la durée des séances
-On ne touche pas les sous immédiatement
-Il y a deux tonnes de paperasse.
-Il faut faire des bilans, des bilans et encore des bilans.
Comme pour toute profession libérale, il ne faudra compter que sur soi. Certains y arrivent, vivent de leur activité, et s'y épanouissent.
D'autres pas, et n'y arriveront jamais.
J'ai choisi une profession non réglementée, et non reconnue.
Inconvénient majeur : aucune garantie que ça marche, vu que personne ne connait et qu'il n'y a pas de remboursement.
Par contre, quand ça marche,on n'a pas les soucis mentionnés plus haut.
Le remboursement par la sécu semble génial, mais en fait c'est un sacré souci.
-On n'est pas libre de fixer ses tarifs
-On n'est pas libre de fixer la durée des séances
-On ne touche pas les sous immédiatement
-Il y a deux tonnes de paperasse.
-Il faut faire des bilans, des bilans et encore des bilans.
Comme pour toute profession libérale, il ne faudra compter que sur soi. Certains y arrivent, vivent de leur activité, et s'y épanouissent.
D'autres pas, et n'y arriveront jamais.
J'ai choisi une profession non réglementée, et non reconnue.
Inconvénient majeur : aucune garantie que ça marche, vu que personne ne connait et qu'il n'y a pas de remboursement.
Par contre, quand ça marche,on n'a pas les soucis mentionnés plus haut.
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Enfants, adolescents, adultes : il n'est jamais trop tard pour restaurer son geste d'écriture.
www.sos-ecriture.com - Facebook
- AliceinwonderlandNeoprof expérimenté
Les bilans je gère mieux mais oui c'est chronophage (même si à ce niveau je suis plus efficace). J'ai même réfléchi depuis que si les médecins mettent le cabinet aux normes mon loyer va probablement augmenter de 200 ou 300€ donc je peux me retrouver à terme si pas de revalorisation à gagner à peine plus que quand j'étais sur trois jours et demi en étant à 4 jours et demi (bon il vaut mieux ne pas y penser). Par contre on touche l'argent assez vite, la plupart des caisses sont rapides, le problème c'est quand un patient change de caisse ou passe en ALD, il faut prévoir de la trésorerie mais ça concerne une minorité quand même. Ce qui me fait peur aussi c'est que je ne me vois vraiment pas aller au-delà de 50 RV, et en plus en vieillissant je crains d'avoir moins de patience et de punch donc s'il faut travailler plus pour maintenir le même revenu...
Murr, voie royale...on en reparle quand tu auras bouclé les études et expérimenté un peu ! (cela dit sans condescendance, après tout j'étais un peu dans le même état d'esprit quand j'ai passé le concours!) Pour ma part je ne choisirais pas ce terme de "royal" ; qui plus est je pense que si je m'épanouis c'est parce que j'ai moi-même un profil légèrement borderline et que j'étais une enfant assez malheureuse donc je pense que dans mon cas ça a quelque chose de réparateur. Je me suis aperçue que mon métier m'équilibre beaucoup (je suis fatiguée mais bien à la fin de la journée), et lorsque j'ai partagé mon bureau j'ai détesté ce que ma collègue faisait dans mes locaux d'une manière vraiment viscérale. Mais je ne suis pas certaine que quelqu'un de plus équilibré entre guillemets s'y épanouisse autant.
Concernant les faux dys, alors déjà je pense que cela représente un coût énorme pour la société ; ensuite le problème n'est pas tant vrai / faux (parfois durs à distinguer surtout pris tard) que le fait que du coup les cabinets sont engorgés, et que les enfants arrivent trop tard. A la limite parfois en CP j'ai un doute mais je vois que je vais arriver de toute façon à tirer l'enfant de la zone patho (par exemple là pour une petite j'hésite franchement : mauvaise méthode? problème psy avec les parents? vraie dys - elle cumule des confusions visuelles, auditives mais aussi orales et nasales ce qui est plus rare). L'essentiel est que je pense la sortir de la zone patho. En revanche quand ils arrivent en CE2 ou CM1, vrais ou pas c'est mort, ils garderont toujours une forme de handicap, et c'est moche. De plus, ce phénomène conduit à nous mettre dans le collimateur, nous creusons le trou de la sécu (d'autant que parmi les professions de santé nous faisons un peu figure de petits rigolos) et met notre profession en danger (comme l'accusation d'apprendre le français aux étrangers - désormais je suis très prudente, je ne prends des enfants avec bilinguisme que s'ils ont au moins un an ou deux de bain de langue en maternelle, ou si trouble avéré -surdité par exemple-, mais d'autres ne le font pas et des parents comme la mère dans le déni qui dit que son fils apprend le français chez l'orthophoniste nous font du tort sans le vouloir).
Almuixe éventuellement envoyez-moi un mp mais le mieux serait peut-être de consulter un professionnel? J'ai pu remarquer souvent de grosses différences entre l'entretien préalable avec les parents et la réalité des tests...
Murr, voie royale...on en reparle quand tu auras bouclé les études et expérimenté un peu ! (cela dit sans condescendance, après tout j'étais un peu dans le même état d'esprit quand j'ai passé le concours!) Pour ma part je ne choisirais pas ce terme de "royal" ; qui plus est je pense que si je m'épanouis c'est parce que j'ai moi-même un profil légèrement borderline et que j'étais une enfant assez malheureuse donc je pense que dans mon cas ça a quelque chose de réparateur. Je me suis aperçue que mon métier m'équilibre beaucoup (je suis fatiguée mais bien à la fin de la journée), et lorsque j'ai partagé mon bureau j'ai détesté ce que ma collègue faisait dans mes locaux d'une manière vraiment viscérale. Mais je ne suis pas certaine que quelqu'un de plus équilibré entre guillemets s'y épanouisse autant.
Concernant les faux dys, alors déjà je pense que cela représente un coût énorme pour la société ; ensuite le problème n'est pas tant vrai / faux (parfois durs à distinguer surtout pris tard) que le fait que du coup les cabinets sont engorgés, et que les enfants arrivent trop tard. A la limite parfois en CP j'ai un doute mais je vois que je vais arriver de toute façon à tirer l'enfant de la zone patho (par exemple là pour une petite j'hésite franchement : mauvaise méthode? problème psy avec les parents? vraie dys - elle cumule des confusions visuelles, auditives mais aussi orales et nasales ce qui est plus rare). L'essentiel est que je pense la sortir de la zone patho. En revanche quand ils arrivent en CE2 ou CM1, vrais ou pas c'est mort, ils garderont toujours une forme de handicap, et c'est moche. De plus, ce phénomène conduit à nous mettre dans le collimateur, nous creusons le trou de la sécu (d'autant que parmi les professions de santé nous faisons un peu figure de petits rigolos) et met notre profession en danger (comme l'accusation d'apprendre le français aux étrangers - désormais je suis très prudente, je ne prends des enfants avec bilinguisme que s'ils ont au moins un an ou deux de bain de langue en maternelle, ou si trouble avéré -surdité par exemple-, mais d'autres ne le font pas et des parents comme la mère dans le déni qui dit que son fils apprend le français chez l'orthophoniste nous font du tort sans le vouloir).
Almuixe éventuellement envoyez-moi un mp mais le mieux serait peut-être de consulter un professionnel? J'ai pu remarquer souvent de grosses différences entre l'entretien préalable avec les parents et la réalité des tests...
- almuixeNeoprof expérimenté
Merci à toi Aliceinwonderland. Je vous envoie un mp dès que je vais mieux.
- MurrNiveau 9
Par "voie royale", je voulais juste dire que l'orthophonie est une des rares portes de sortie de l'Education nationale menant vers du travail (la profession est encore relativement préservée du chômage) et du travail intéressant de surcroît, malgré les nombreux inconvénients que tu as énumérés et que je ne voulais pas minimiser (mais tous les secteurs se durcissent de nos jours, comme l'a rappelé Almuixe...).
Merci pour tes explications concernant les enfants dyslexiques, mais je me pose encore une question naïve : pourquoi te reproche-t-on d'apprendre le français aux enfants étrangers ? Conflits d'intérêt langue maternelle vs langue d'adoption ? Mais si les familles sont installées en France, c'est bien dans l'intérêt des enfants d'apprendre le français au mieux et au plus vite, non ?
Merci pour tes explications concernant les enfants dyslexiques, mais je me pose encore une question naïve : pourquoi te reproche-t-on d'apprendre le français aux enfants étrangers ? Conflits d'intérêt langue maternelle vs langue d'adoption ? Mais si les familles sont installées en France, c'est bien dans l'intérêt des enfants d'apprendre le français au mieux et au plus vite, non ?
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Ich bin der Geist, der stets verneint! (Goethe)
- AliceinwonderlandNeoprof expérimenté
Cela devrait relever de dispositifs de type FLE quand l'arrivée en France est tardive, ce n'est pas du domaine du paramédical. Et en maternelle en général un enfant tout venant même bilingue apprend naturellement la langue en un an environ. Le prendre avant ne me paraît pas relever de nos compétences.
Tout bien calculé, depuis que j'ai partagé le bureau et sans prendre en compte le matériel car je ne suis pas un cas représentatif, sur 2016 pour environ 35/38RV par semaine et une bonne partie des vacances travaillées il me restait (avec un demi loyer) environ 1600€ par mois. Si je remonte à 48-50 RV mais avec un loyer à 700 je suis en train de faire des estimations et je ne pense pas gagner tant que ça (il faut que je remette la main sur mes vieux SNIR pour voir à combien j'étais montée et voir ce qui reste après les charges en lissant), mais si pour le moment un peu plus me suffit, oui je trouve cela stressant pour l'avenir. Edit j'ai regardé les grilles de salaire PE et la différence tient surtout dans l'évolution début/fin de carrière ; en fin de carrière on est nettement désavantagés si nous ne sommes pas revalorisés. Cela dit je suis d'accord que du fait de la dégradation des métiers et de la casse à venir du statut je ne me lancerais pas dans la profession de PE non plus.
Ma sœur n'a finalement pas voulu faire prof, elle a fait sciences po et travaille dans la culture, elle gagne bien sa vie par contre elle a eu son enfant tard, a eu longtemps des CDI et a des horaires beaucoup plus contraignants c'est sûr. Une camarade de promo qui avait déjà deux enfants et en a fait un troisième en fin d'études, et qui travaillait avant dans le privé a acheté après son diplôme une grande maison avec extension pour le cabinet dans une banlieue huppée du 92 ; étant propriétaire déjà de son cabinet (même si elle a probablement pris un crédit) elle n'a peut-être pas les mêmes revenus que moi. Après je ne sais rien de ton patrimoine, de ce que gagnera ton compagnon... Mais quand je trouve une facture de 600 € pour le conservatoire des garçons pour le trimestre, et le chèque de mon mari à côté gentiment posé sur ma table de cuisine, je vois bien que je peux le remercier car jamais je ne pourrais régler une telle somme avec ce que je me verse (même si le quotient familial joue et on paierait moins avec deux petits salaires, c'est vrai)...
Histoire de ne pas te décourager complètement j'essaie de te poster ce soir des photos de mon cabinet tout beau tout rangé!
Tout bien calculé, depuis que j'ai partagé le bureau et sans prendre en compte le matériel car je ne suis pas un cas représentatif, sur 2016 pour environ 35/38RV par semaine et une bonne partie des vacances travaillées il me restait (avec un demi loyer) environ 1600€ par mois. Si je remonte à 48-50 RV mais avec un loyer à 700 je suis en train de faire des estimations et je ne pense pas gagner tant que ça (il faut que je remette la main sur mes vieux SNIR pour voir à combien j'étais montée et voir ce qui reste après les charges en lissant), mais si pour le moment un peu plus me suffit, oui je trouve cela stressant pour l'avenir. Edit j'ai regardé les grilles de salaire PE et la différence tient surtout dans l'évolution début/fin de carrière ; en fin de carrière on est nettement désavantagés si nous ne sommes pas revalorisés. Cela dit je suis d'accord que du fait de la dégradation des métiers et de la casse à venir du statut je ne me lancerais pas dans la profession de PE non plus.
Ma sœur n'a finalement pas voulu faire prof, elle a fait sciences po et travaille dans la culture, elle gagne bien sa vie par contre elle a eu son enfant tard, a eu longtemps des CDI et a des horaires beaucoup plus contraignants c'est sûr. Une camarade de promo qui avait déjà deux enfants et en a fait un troisième en fin d'études, et qui travaillait avant dans le privé a acheté après son diplôme une grande maison avec extension pour le cabinet dans une banlieue huppée du 92 ; étant propriétaire déjà de son cabinet (même si elle a probablement pris un crédit) elle n'a peut-être pas les mêmes revenus que moi. Après je ne sais rien de ton patrimoine, de ce que gagnera ton compagnon... Mais quand je trouve une facture de 600 € pour le conservatoire des garçons pour le trimestre, et le chèque de mon mari à côté gentiment posé sur ma table de cuisine, je vois bien que je peux le remercier car jamais je ne pourrais régler une telle somme avec ce que je me verse (même si le quotient familial joue et on paierait moins avec deux petits salaires, c'est vrai)...
Histoire de ne pas te décourager complètement j'essaie de te poster ce soir des photos de mon cabinet tout beau tout rangé!
- MurrNiveau 9
Merci Aliceinwonderland et ne t'inquiète pas pour moi : tu ne me décourageras pas car, quelles que soient les difficultés qui m'attendent, mon horizon me semble beaucoup plus dégagé par rapport à l'année dernière !
Le fil a beaucoup dévié, désolée Patator... Si, par hasard, tu suis encore la discussion, je voudrais juste ajouter que, de toute façon, rien ne t'empêche de tenter ta chance dans l'EN : même si tu passais le CRPE ou le CAPES et que tu te rendais compte que le métier ne te convenait pas, tu pourrais toujours retourner dans l'orthophonie. Arrêtez-moi si je dis une bêtise, mais il me semble qu'un orthophoniste qui démissionne de l'EN ne peut pas se retrouver nu comme un ver ou comme l'heureux titulaire d'un master recherche en lettres.
Le fil a beaucoup dévié, désolée Patator... Si, par hasard, tu suis encore la discussion, je voudrais juste ajouter que, de toute façon, rien ne t'empêche de tenter ta chance dans l'EN : même si tu passais le CRPE ou le CAPES et que tu te rendais compte que le métier ne te convenait pas, tu pourrais toujours retourner dans l'orthophonie. Arrêtez-moi si je dis une bêtise, mais il me semble qu'un orthophoniste qui démissionne de l'EN ne peut pas se retrouver nu comme un ver ou comme l'heureux titulaire d'un master recherche en lettres.
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Ich bin der Geist, der stets verneint! (Goethe)
- AliceinwonderlandNeoprof expérimenté
Elle risque de perdre sa patientèle. Je ne sais pas si on peut se faire remplacer dans ce type de cas, je me rappelle un vieux fil de discussion à ce sujet sur un forum ortho mais je pense que c'est compliqué. Et on ne se refait pas une patientèle vite partout, et pas de la même qualité au début si je puis dire (tu remplis vite ton agenda au début dans certaines zones mais les gens sont consuméristes et certains te laissent tomber facilement) ; faire beaucoup de bilans pour monter sa patientèle est épuisant et pas rentable.
Edit mp envoyé sur ta boîte mail, dis-moi si ça te donne envie!
Edit mp envoyé sur ta boîte mail, dis-moi si ça te donne envie!
- PatatorNiveau 1
Murr a écrit:Merci Aliceinwonderland et ne t'inquiète pas pour moi : tu ne me décourageras pas car, quelles que soient les difficultés qui m'attendent, mon horizon me semble beaucoup plus dégagé par rapport à l'année dernière !
Le fil a beaucoup dévié, désolée Patator... Si, par hasard, tu suis encore la discussion, je voudrais juste ajouter que, de toute façon, rien ne t'empêche de tenter ta chance dans l'EN : même si tu passais le CRPE ou le CAPES et que tu te rendais compte que le métier ne te convenait pas, tu pourrais toujours retourner dans l'orthophonie. Arrêtez-moi si je dis une bêtise, mais il me semble qu'un orthophoniste qui démissionne de l'EN ne peut pas se retrouver nu comme un ver ou comme l'heureux titulaire d'un master recherche en lettres.
Merci
- CasparProphète
Oui, effectivement tu ne prendrais pas énormément de risques. Je connais quelqu'un qui é quitte son travail dans le privé pour devenir PE, a fait son stage, a constaté que ça ne lui convenait pas, et a "réactivé son réseau" pour retrouver un poste de cadre dans le privé.
- ElbertaHabitué du forum
[quote="Ma'am"]
Ton témoignage m'intéresse, puisque PE j'envisage le CAPES. Mais parfois, à lire les différents fils ça et là, je me dis que c'est une erreur, que je vais encore plus bosser dans le secondaire et dans des conditions encore moins bonnes...
Mais l'infantilisation de la hiérarchie, les journées à rallonge, les réunions toutes plus débiles et inutiles les unes que les autres, les corrections quotidiennes (30 cahiers à corriger tous les jours en maths et en français, au minimum), les projets ineptes, j'en ai vraiment marre.
Murr a écrit:Je pense, pour ma part, que les conditions de travail seront plus dégradées dans le secondaire que dans le primaire le jour où un nombre important de professeurs déserteront leur poste pour passer dans le primaire. Je connais plusieurs cas de PE devenus professeurs de français, d'anglais (coucou Ma'am )... mais, dans le cas contraire, le seul exemple que j'aie rencontré s'est terminé en eau de boudin : un professeur d'allemand qui a vite réintégré son collège après avoir passé un an dans la peau d'un PE...
Pour la faire courte, je préfère le métier de PE, mais je préfère les conditions de travail dans le secondaire.
Pour les soucis de recrutement, je crois hélas que cela touche autant le primaire que le secondaire. Il me semble qu'il y avait une allusion à ce sujet dans le rapport du jury du CAPES de lettres l'année dernière ou l'année d'avant.
Comme on dit en anglais : "If you pay peanuts, you get monkeys!
Bref, on n'est pas sortis des ronces...
Ton témoignage m'intéresse, puisque PE j'envisage le CAPES. Mais parfois, à lire les différents fils ça et là, je me dis que c'est une erreur, que je vais encore plus bosser dans le secondaire et dans des conditions encore moins bonnes...
Mais l'infantilisation de la hiérarchie, les journées à rallonge, les réunions toutes plus débiles et inutiles les unes que les autres, les corrections quotidiennes (30 cahiers à corriger tous les jours en maths et en français, au minimum), les projets ineptes, j'en ai vraiment marre.
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