Une Française dans le top 50 mondial des profs (suite et fin)

"Elle convie des grands auteurs à des conférences par Skype, elle fait écrire et jouer des «soap operas» à ses élèves, leur demande de créer des affiches, des cartes mentales, des poèmes, en jouant à la fois sur l'entraide et l'émulation. La prof se passe volontiers de notes, mais court la ville pour chercher «des lots» à remettre aux producteurs de bonnes copies. Les libraires donnent des livres, les banques des objets promotionnels..."

Intégralité de l'article :
www.leparisien.fr/societe/dans-le-top-50-mondial-des-profs-27-12-2016-6497220.php

Et ben, si elle est dans le top 50 mondial des profs, je dois être dans le peloton de queue tant je ne fais pas tout ça..

J'étais fière de la reussite d'un professeur français à ce concours international ... Puis j'ai lu l'article.

Cette information a aussi été donnée en ouverture du journal de 13h de France Inter hier.

Chacun enseigne comme il veux.
J'ai toutefois de (gros) doutes sur l'organisation à l'origine de ce concours, basée dans un pays qui n'a rien de particulier à faire valoir en matière d'éducation...

Marie-Hélène Fasquel fait partie des pionniers en France de la classe inversée, une méthode pédagogique encore très débattue mais de plus en plus répandue dans les collèges et les lycées. Le principe est simple : au lieu d'écouter le cours en classe et de s'exercer à la maison, l'enseignante donne la leçon à lire ou à visionner chez soi. Une fois en cours, les élèves se consacrent à la mise en application des concepts et des notions étudiées.

Leparsien.fr

Wouaouh...c'est vrai que c'est révolutionnaire.....

Clairement, je n'ai pas envie de critiquer. Tant mieux, soyons positifs. Je trouve ça vraiment bien que nous proposons tous une manière d'enseigner différente, parce que le seul constat qui a été fait au fil des siècles, c'est qu'une manière d'enseigner efficacement pour tout le monde n'existe pas.

Ce qui me dérange c'est plus le concept du machin, mais je n'en ai pas grand chose à taper, en fait.

C'est très bien.
Mais elle enseigne en lycée international, donc avec un public trié sur le volet.
J'aimerais voir ce que ça donne avec ma classe de 2de indus, celle dans laquelle un élève était là la dernière fois avec uniquement son sac de sport (pas d'eps, hein, du cours de boxe qu'il avait après l'école : gants, short, protège-dents...), sans feuille ni stylo, où il faut que je confisque les sacs parce que certains mangent chips et curly à toute heure de la journée (arrosé de grande lampées de soda 1er prix en bouteille de 1.5l que tous les voisins réclament à grand cris), la classe où j'ai ramassé seulement 3 DM (classe inversée !) etc. Ou dans la classe de ma collègue, tiens, qui se fait suer à monter un projet pour motiver ses ouailles, projet auquel la plupart refuse de participer parce que "ça sert à rien"...
On ne fait pas tous le même métier.

roxanne a écrit:Et ben, si elle est dans le top 50 mondial des profs, je dois être dans le peloton de queue tant je ne fais pas tout ça..

Pour 1 million d'euros, je suis sûr que tu t'y mettras volontiers ... :aaq:

Un autre bémol à la classe inversée est le coût qu'elle entraîne. Ma fille est dans un lycée qui expérimente ce système sur 1 classe ( Une 1ère ES puis Tle ES) et rien que pour une trentaine d'élèves le coût total s'élève à 330 000 euros!!!Une telle somme pour une seule classe me semble démesurée au vue des besoins généraux de l'EN (par exemple, dans mon collège ,il n'y a que 5 ordinateurs au CDI pour faire travailler les élèves et sans poste central en plus et après on nous demande de faire du numérique, la bonne blague!!!).On nous dit que la classe inversée c'est génial mais vu ce que cela coûte il vaut mieux que les résultats soient à la hauteur.
Il y aussi plein de classes 'normales' dans lesquelles les élèves et les profs se donnent à fond et réussissent!

La classe inversée, avec des élèves qui refusent de travailler chez eux, est d'une inefficacité crasse.

sylvie57 a écrit:Un autre bémol  à la classe inversée est le coût qu'elle entraîne. Ma fille est dans un lycée qui expérimente ce système sur 1 classe ( Une 1ère ES puis Tle ES) et  rien que pour une trentaine d'élèves le coût total s'élève à 330 000 euros!!!Une telle somme  pour une seule classe me semble démesurée au vue des besoins  généraux de l'EN (par exemple, dans mon collège ,il n'y a que 5 ordinateurs au CDI pour faire travailler les élèves et sans poste central en plus et après on nous demande de faire du numérique, la bonne blague!!!).On nous dit que la classe inversée c'est génial mais vu ce que cela coûte il vaut mieux que les résultats soient à la hauteur.
Il y aussi plein de classes 'normales' dans lesquelles les élèves et les profs se donnent à fond et réussissent!

330 000 euros pour une classe , il doit y avoir une erreur non? :shock:

Non, c'est,malheureusement, le bon chiffre!Entre le matériel informatique,les tablettes, la mise aux normes de la salle (wi-fi ,matériel de bureau sur mesure...), le Conseil général a du déboursé tout cet argent pour une classe!

Mais en dehors de ses qualités d'enseignante novatrice et de sa liberté pédagogique, il faut quand même un certain ego pour se mettre ainsi en valeur, concourir à ce prix (dont j'ignorais même l'existence), poser dans les journaux et déclarer en plus qu'on fait ça "pour les élèves avant tout". Je sais bien qu'il y a un million de dollars à la clé et puis la reconnaissance médiatique mais je crois que notre métier requiert tout de même de l'humilité tant on connaît la fragilité de tout concept. Je dois dire que ça m'échappe un peu le côté "vendeur de l'année".

sylvie57 a écrit:Non, c'est,malheureusement, le bon chiffre!Entre le matériel informatique,les tablettes, la mise aux normes de la salle  (wi-fi ,matériel de bureau sur mesure...), le Conseil général a du déboursé tout cet argent pour une classe!

Malgré tout cela me semble hallucinant, si vous avez le détail des sommes je suis preneur. Je suis un peu le programme de déploiement des tablettes dans mon académie et les sommes engagées ne sont pas du tout en rapport.

Horreur, Malheur!!Désolée pour la faute suivante déboursé c'est bien sur déboursER

Orlanda a écrit:La classe inversée, avec des élèves qui refusent de travailler chez eux, est d'une inefficacité crasse.

Ma chèèèèèère collègue met en place le système de la classe inversée dans ses cours et pourtant elle dit qu'elle ne donne pas de devoirs aux élèves (car c'est de la démagogie selon elle ) Comment est-ce possible alors?

Tamerlan a écrit:

sylvie57 a écrit:Non, c'est,malheureusement, le bon chiffre!Entre le matériel informatique,les tablettes, la mise aux normes de la salle  (wi-fi ,matériel de bureau sur mesure...), le Conseil général a du déboursé tout cet argent pour une classe!

Malgré tout cela me semble hallucinant, si vous avez le détail des sommes je suis preneur. Je suis un peu le programme de déploiement des tablettes dans mon académie et les sommes engagées ne sont pas du tout en rapport.

Je ne crois pas non plus à la somme que vous annoncez (330 000 €). Un zéro en trop ?

tiptop77 a écrit:

Orlanda a écrit:La classe inversée, avec des élèves qui refusent de travailler chez eux, est d'une inefficacité crasse.

Ma chèèèèèère collègue met en place le système de la classe inversée dans ses cours et pourtant elle dit qu'elle ne donne pas de devoirs aux élèves (car c'est de la démagogie selon elle ) Comment est-ce possible alors?

C'est parce que c'est soit l'un soit l'autre, mais en fait c'est pareil!
Allez petit cours de pédagogie innovante:
on ne dira plus "donner des devoirs" mais "fonctionner en classe inversée"
"noter le travail de groupe" mais 'fonctionner en îlot"
"répéter" mais "spiralaire"
"progression" mais "curriculaire"
"faire un exo" mais "être acteur de son savoir"
"voir les pour et les contre" mais "organiser un débat"

De rien.

Escargot Géant  

roxanne a écrit: je crois  que notre métier requiert tout de même de l'humilité ...

Non. Un des problèmes de notre métier, justement, c'est notre humilité. Qui explique pour beaucoup la façon dont on nous traite...

Oui, enfin c'est quoi le critère pour décider qui est le meilleur prof? Avoir des méthodes pédagogiques autres que traditionnelles? Se mettre en valeur dans la presse? Organiser des concours et autres trucs qui font parler de soi?
Chacun a ses méthodes mais pour moi le seul critère c'est de réussir à faire progresser les élèves, quelle que soit la méthode utilisée.

«J'avais un peu honte. S'inscrire au Global Teacher Prize sous-entend qu'on se prend pour... vous voyez, quoi ! Mais ce prix, je ne le veux pas pour moi, je le fais pour les élèves.»

Et moi, je suis la reine d'Angleterre!!

sylvie57 a écrit:Et moi, je suis la reine d'Angleterre!!