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- The PaperHabitué du forum
Bonjour,
Je souhaite élaborer un corpus sur des textes qui insistent sur leur composition. Exemple : la ballade que Cyrano improvise lors d'un duel, où il dit notamment : "C'est le titre", "Il me manque une rime en eutre", il commence d'ailleurs par rappeler la définition d'une ballade.
Autre exemple : le sonnet "Tant que mes yeux pourront larmes épandre" de Louise Labé ; le poème évoque sa propre écriture avec des vers comme : "tant que ma main pourra les cordes tendre / Du mignard luth"
Auriez-vous d'autres textes à me proposer ?
Merci.
Je souhaite élaborer un corpus sur des textes qui insistent sur leur composition. Exemple : la ballade que Cyrano improvise lors d'un duel, où il dit notamment : "C'est le titre", "Il me manque une rime en eutre", il commence d'ailleurs par rappeler la définition d'une ballade.
Autre exemple : le sonnet "Tant que mes yeux pourront larmes épandre" de Louise Labé ; le poème évoque sa propre écriture avec des vers comme : "tant que ma main pourra les cordes tendre / Du mignard luth"
Auriez-vous d'autres textes à me proposer ?
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- OxfordNeoprof expérimenté
"Pour faire le portrait d'un oiseau" dans Paroles de Prévert ?
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Tutti i ghjorna si n'impara.
- OrlandaFidèle du forum
Le poème "Outils posés sur une table", de Jean Tardieu.
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"Nous vivons à une époque où l'ignorance n'a plus honte d'elle-même". Robert Musil
- ysabelDevin
Acte I, scène 2 du Barbier de Séville, quand Figaro compose sa chanson.
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« vous qui entrez, laissez toute espérance ». Dante
« Il vaut mieux n’avoir rien promis que promettre sans accomplir » (L’Ecclésiaste)
- The PaperHabitué du forum
Super vos exemples !
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- OxfordNeoprof expérimenté
"En relisant ta lettre", chanson de Gainsbourg ?
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- Tem-toGrand sage
"Un poème" et "pour un art poétique" de Raymond Queneau
"Art poétique" de Paul Verlaine.
Sur le thème de la feuille à écrire "Feuille blanche" de Pierre Perret, "Je suis une feuille" de Renan Luce.
"Art poétique" de Paul Verlaine.
Sur le thème de la feuille à écrire "Feuille blanche" de Pierre Perret, "Je suis une feuille" de Renan Luce.
- Manifeste Dada, HUGO BALL, ZURICH, 14 JUILLET 1916:
Le dadaïsme comporte une multitude de manifestes reflétant bien la pensée du mouvement.
Celui-ci fut rédigé par Hugo Ball, écrivain et poète Dada, en 1916.
« Dada est une nouvelle tendance artistique, on s'en rend bien compte, puisque, jusqu'à aujourd'hui, personne n'en savait rien et que demain tout Zurich en parlera. Dada a son origine dans le dictionnaire. C'est terriblement simple. En français cela signifie « cheval de bois ». En allemand « va te faire, au revoir, à la prochaine ». En roumain « oui en effet, vous avez raison, c'est ça, d'accord, vraiment, on s'en occupe », etc. C'est un mot international. Seulement un mot et ce mot comme mouvement.
Très facile à comprendre. Lorsqu'on en fait une tendance artistique, cela revient à vouloir supprimer les complications. Psychologie Dada. Allemagne Dada y compris indigestions et crampes brouillardeuses, littérature Dada, bourgeoisie Dada et vous, très vénérés poètes, vous qui avez toujours fait de la poésie avec des mots, mais qui n'en faites jamais du mot lui-même, vous qui tournez autour d'un simple point en poétisant. Guerre mondiale Dada et pas de fin, révolution Dada et pas de commencement. Dada, amis et soi-disant poètes, très estimés fabricateurs et évangélistes Dada Tzara, Dada Huelsenbeck, Dada m'Dada, Dada m'Dada, Dada mhm, Dada dera Dada, Dada Hue, Dada Tza.
Comment obtenir la béatitude ? En disant Dada. Comment devenir célèbre ? En disant Dada. D'un geste noble et avec des manières raffinées. Jusqu'à la folie. Jusqu'à l'évanouissement. Comment en finir avec tout ce qui est journalisticaille, anguille, tout ce qui est gentil et propret, borné, vermoulu de morale, européanisé, énervé ? En disant Dada. Dada c'est l'âme du monde, Dada c'est le grand truc. Dada c'est le meilleur savon au lait de lys du monde. Dada Monsieur Rubiner, Dada Monsieur Korrodi, Dada Monsieur Anastasius Lilienstein. Cela veut dire en allemand : l'hospitalité de la Suisse est infiniment appréciable. Et en esthétique, ce qui compte, c'est la qualité. Je lis des vers qui n'ont d'autre but que de renoncer au langage conventionnel, de s'en défaire. Dada Johann Fuchsgang Goethe. Dada Stendhal, Dada Dalaï-lama, Bouddha, Bible et Nietzsche. Dada m'Dada. Dada mhm Dada da. Ce qui importe, c'est la liaison et que, tout d'abord, elle soit quelque peu interrompue.
Je ne veux pas de mots inventés par quelqu'un d'autre. Tous les mots ont été inventés par les autres. Je revendique mes propres bêtises, mon propre rythme et des voyelles et des consonnes qui vont avec, qui y correspondent, qui soient les miens. Si une vibration mesure sept aunes, je veux, bien entendu, des mots qui mesurent sept aunes. Les mots de Monsieur Dupont ne mesurent que deux centimètres et demi. On voit alors parfaitement bien comment se produit le langage articulé. Je laisse galipetter les voyelles, je laisse tout simplement tomber les sons, à peu près comme miaule un chatÖ Des mots surgissent, des épaules de mots, des jambes, des bras, des mains de mots. AU. OI. U. Il ne faut pas laisser venir trop de mots. Un vers c'est l'occasion de se défaire de toute la saleté. Je voulais laisser tomber le langage lui-même, ce sacré langage, tout souillé, comme les pièces de monnaies usées par des marchands. Je veux le mot là où il s'arrête et là où il commence. Dada, c'est le coeur des mots. Toute chose a son mot, mais le mot est devenu une chose en soi. Pourquoi ne le trouverais-je pas, moi ? Pourquoi l'arbre ne pourrait-il pas s'appeler Plouplouche et Plouploubache quand il a plu ? Le mot, le mot, le mot à l'extérieur de votre sphère, de votre air méphitique, de cette ridicule impuissance, de votre sidérante satisfaction de vous-mêmes. Loin de tout ce radotage répétitif, de votre évidente stupidité.
Le mot, messieurs, le mot est une affaire publique de tout premier ordre.»
- OudemiaBon génie
Le rondeau de Voiture Ma foi, c'est fait de moi
- Spoiler:
Ma foi, c’est fait de moi, car Isabeau
M’a conjuré de lui faire un rondeau.
Cela me met en une peine extrême.
Quoi ! treize vers, huit en eau, cinq en ême
Je lui ferais aussitôt un bateau.
En voila cinq pourtant en un monceau.
Faisons-en sept en invoquant Brodeau,
Et puis mettons, par quelque stratagème :
Ma foi, c’est fait.
Si je pouvais encor de mon cerveau
Tirer cinq vers, l’ouvrage serait beau ;
Mais cependant je suis dedans l’onzième,
Et ci je crois que je fais le douzième ;
En voilà treize ajustés au niveau.
Ma foi, c’est fait.
- trompettemarineMonarque
L'art poétique est-il littérature ?
Au boulot !
Au boulot !
- Tem-toGrand sage
C'en est un viatique
C'est tout ce que je peux encore dire ce soir.
Je vais m'éditer au lit.
C'est tout ce que je peux encore dire ce soir.
Je vais m'éditer au lit.
- aliseNiveau 2
"Un sonnet avec la manière de s'en servir" de Tristan Corbière in Les Amours jaunes
- REMNiveau 2
Dans La Peste de Camus, Grand confie à Rieux les difficultés qu'il rencontre pour finaliser la première phrase de son roman dont il n'est jamais satisfait : « Par une belle matinée du mois de mai, une élégante amazone
parcourait, sur une superbe jument alezane, les allées fleuries du Bois de Boulogne. »
parcourait, sur une superbe jument alezane, les allées fleuries du Bois de Boulogne. »
- Tem-toGrand sage
J'aime le thème de ce topic !
Ce matin, j'ai pensé à la théorie des écrans de Zola.
http://www.cahiers-naturalistes.com/pages/ecrans.html
Bon, je prends un peu les chemins de traverse.
Ce matin, j'ai pensé à la théorie des écrans de Zola.
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Bon, je prends un peu les chemins de traverse.
- nitescenceÉrudit
La lettre de rupture que Rodolphe adresse à Emma dans Mme Bovary, où Rodolphe se regarde écrire.
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Mordre. Mordre d'abord. Mordre ensuite. Mordre en souriant et sourire en mordant. (avec l'aimable autorisation de Cripure, notre dieu à tous)
- PointàlaligneExpert
nitescence a écrit:La lettre de rupture que Rodolphe adresse à Emma dans Mme Bovary, où Rodolphe se regarde écrire.
Cela me rappelle que Charles fait de même en écrivant à Eugénie Grandet...
- DuplayExpert
L'incipit de Jacques le fataliste ?
- Spoiler:
Comment s'étaient-ils rencontrés? Par hasard, comme tout le monde. Comment s'appelaient-ils? Que vous importe? D'où venaient-ils? Du lieu le plus prochain. Où allaient-ils? Est-ce que l'on sait où l'on va? Que disaient-ils? Le maître ne disait rien; et Jacques disait que son capitaine disait que tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici-bas était écrit là-haut.
LE MAÎTRE: C'est un grand mot que cela.
JACQUES: Mon capitaine ajoutait que chaque balle qui partait d'un fusil avait son billet.
LE MAÎTRE: Et il avait raison...
Après une courte pause, Jacques s'écria: "Que le diable emporte le cabaretier et son cabaret!
LE MAÎTRE: Pourquoi donner au diable son prochain? Cela n'est pas chrétien.
JACQUES: C'est que, tandis que je m'enivre de son mauvais vin, j'oublie de mener nos chevaux à l'abreuvoir. Mon père s'en aperçoit; il se fâche. Je hoche de la tête; il prend un bâton et m'en frotte un peu durement les épaules. Un régiment passait pour aller au camp devant Fontenoy; de dépit je m'enrôle. Nous arrivons; la bataille se donne.
LE MAÎTRE: Et tu reçois la balle à ton adresse.
JACQUES: Vous l'avez deviné; un coup de feu au genou; et Dieu sait les bonnes et mauvaises aventures amenées par ce coup de feu. Elles se tiennent ni plus ni moins que les chaînons d'une gourmette. Sans ce coup de feu, par exemple, je crois que je n'aurais été amoureux de ma vie, ni boiteux.
LE MAÎTRE: Tu as donc été amoureux?
JACQUES: Si je l'ai été!
LE MAÎTRE: Et cela par un coup de feu?
JACQUES: Par un coup de feu.
LE MAÎTRE: Tu ne m'en as jamais dit un mot.
JACQUES: Je le crois bien.
LE MAÎTRE: Et pourquoi cela?
JACQUES: C'est que cela ne pouvait être dit ni plus tôt ni plus tard.
LE MAÎTRE: Et le moment d'apprendre ces amours est-il venu?
JACQUES: Qui le sait ?
LE MAÎTRE: A tout hasard, commence toujours..."
Jacques commença l'histoire de ses amours. C'était l'après-dîner: il faisait un temps lourd; son maître s'endormit. La nuit les surprit au milieu des champs; les voilà fourvoyés. Voilà le maître dans une colère terrible et tombant à grands coups de fouet sur son valet, et le pauvre diable disant à chaque coup: "Celui-là était apparemment encore écrit là-haut..."
Vous voyez, lecteur, que je suis en beau chemin, et qu'il ne tiendrait qu'à moi de vous faire attendre un an, deux ans, trois ans, le récit des amours de Jacques, en le séparant de son maître et en leur faisant courir à chacun tous les hasards qu'il me plairait. Qu'est-ce qui m'empêcherait de marier le maître et de le faire cocu? d'embarquer Jacques pour les îles? d'y conduire son maître? de les ramener tous les deux en France sur le même vaisseau? Qu'il est facile de faire des contes! Mais ils en seront quittes l'un et l'autre pour une mauvaise nuit, et vous pour ce délai.
L'aube du jour parut. Les voilà remontés sur leurs bêtes et poursuivant leur chemin. Et où allaient-ils? Voilà la seconde fois que vous me faites cette question, et la seconde fois que je vous réponds: Qu'est-ce que cela vous fait? Si j'entame le sujet de leur voyage, adieu les amours de Jacques... Ils allèrent quelque temps en silence. Lorsque chacun fut un peu remis de son chagrin, le maître dit à son valet: "Eh bien, Jacques, où en étions-nous de tes amours?
- archebocEsprit éclairé
Le nouveau roman a sûrement joué à cela à grande échelle, non ? Les surréalistes peut-être aussi ? En littérature italienne, il y a "le château des destins croisés", et "si par une nuit d'hiver un voyageur".
- charlygpNiveau 9
Le début de Si par une nuit d'hiver un voyageur :
- Spoiler:
- Le roman commence dans une gare de chemin de fer, une locomotive souffle, un sifflement de piston couvre l'ouverture du chapitre, un nuage de fumée cache en partie le premier alinéa. Sans l'odeur de gare passe une bouffée d'odeur de buffet. Quelqu'un regarde à travers les vitres embuées, vers des yeux de myope ou que des escarbilles ont irrités. Ce sont les pages du livre qui sont embuées, comme les vitres d'un vieux train ; c'est sur les phrases que se pose le nuage de fumée. Soir pluvieux ; l'homme entre dans le bar, déboutonne son pardessus humide, un nuage de vapeur l'enveloppe ; un coup de sifflet s'éloigne le long des voies luisantes de pluie à perte de vue.
Quelque chose comme un sifflet de locomotive et un jet de vapeur sortent du percolateur que le vieil employé met sous pression comme il lancerait un signal ; c'est du moins ce qui résulte de la succession des phrases du second alinéa, où les joueurs attablés replient conte leur poitrine l'éventail de leurs cartes et se tournent vers le nouveau venu avec une triple torsion du cou, des épaules et de leur chaise, tandis que d'autres consommateurs au comptoir soulèvent leurs petites tasses et soufflent à la surface du café, les lèvres et les yeux entrouverts, ou bien aspirent le trop-plein de leurs chopes de bière avec des précautions extrêmes, pour ne rien laisser déborder. Le chat fait le gros dos, la caissière ferme la caisse enregistreuse, qui fait drin. Tous signes qui tendent à vous informer qu'il s'agit d'une de ces petites gares de province, où celui qui arrive est aussitôt remarqué.
Les gares se ressemblent toutes ; peu importe que les lampes ne parviennent pas à éclairer au-delà d'un halo imprécis ; c'est une atmosphère que tu connais par cœur, avec son odeur de train qui subsiste bien après le départ de tous les trains, l'odeur spéciale des gares après le départ du dernier train. Les lumières de la gare et les phrases que tu lis semblent avoir la tâche de dissoudre les choses plus que de les monter ; tout émerge d'un voile d'obscurité et de brouillard. Cette gare, j'y ai débarqué ce soir pour la première fois, et il me semble déjà y avoir passé toute une vie, entrant et sortant de ce bar, passant de l'odeur de la verrière à celle sciure mouillée des toilettes, le tout mélangé dans une unique odeur qui est celle de l'attente, l'odeur des cabines téléphoniques quand il ne reste plus qu'à récupérer les jetons puisque le numéro ne donne pas signe de vie.
L'homme qui va et vient entre le bar et la cabine téléphonique, c'est moi ; Ou plutôt ; cet homme s'appelle « moi », et tu ne sais rien d'autre de lui, juste comme cette gare s'appelle seulement « gare », et en dehors d'elle il n'existe rien d'autre que le signal sans réponse d'un téléphone qui sonne dans une pièce obscure d'une ville lointaine. Je raccroche, j'attends le crépitement de la ferraille qui descend à travers la gorge de métal, de nouveau je pousse la porte vitrée, je me dirige vers les tasses mises à sécher en piles dans un nuage de vapeur.
- The PaperHabitué du forum
Excellent tout ça ! j'ajoute la lettre 48 des Liaisons dangereuses où Valmont fait des sous-entendus sur la situation dans laquelle il se trouve au moment où il écrit la lettre.
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- RogerMartinBon génie
Les premières lignes d'Adam Bede de George Eliot :
Book I, Ch. 1 The Workshop
With a single drop of ink for a mirror, the Egyptian sorcerer undertakes to reveal to any chance comer far-reaching visions of the past. This is what I undertake to do for you, reader. With this drop of ink at the end of my pen, I will show you the roomy workshop of Mr. Jonathan Burge, carpenter and builder, in the village of Hayslope, as it appeared on the eighteenth of June, in the year of our Lord 1799.
_________________
Yo, salut ma bande ! disait toujours le Samouraï.
I User5899.
User 17706 s'est retiré à Helsingør.
Strange how paranoia can link up with reality now and then.
- Tem-toGrand sage
Dans Un roi sans divertissement aussi, il y a un passage, implicite (je n'avais pas percuté en première lecture), où l'acte d'écrire est subtilement métaphorisé.
Si quelqu'un l'a en tête et peut être plus précis dans son repérage, je l'en remercie.
Si quelqu'un l'a en tête et peut être plus précis dans son repérage, je l'en remercie.
- RogerMartinBon génie
Les pages de Tristram Shandy (1759) où Lawrence Sterne explique qu'il ne fera plus de digressions, avec dessins insérés du schéma narratif des cinq premiers livres du roman.
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- CelimeneNiveau 4
Edouard s'était levé, et, par grande crainte de paraître faire un cours, tout en parlant il versait le thé, puis allait et venait, puis pressait un citron dans sa tasse, mais tout de même continuait :
« Parce que Balzac était un génie, et parce que tout génie semble apporter à son art une solution définitive et exclusive, l'on a décrété que le propre du roman était de faire "concurrence à l'état civil". Balzac avait édifié son oeuvre ; mais il n'avait jamais prétendu codifier le roman; son article sur Stendhal le montre bien. Concurrence à l'état civil! Comme s'il n'y avait pas déjà suffisamment de magots et de paltoquets sur la terre ! Qu'ai-je affaire à l'état civil ! L'état c'est moi , l'artiste ; civile ou pas, mon oeuvre prétend ne concurrencer rien. »
Edouard qui se chauffait, un peu facticement peut-être, se rassit. Il affectait de ne regarder point Bemard ; mais c'était pour lui qu'il parlait. Seul avec lui, il n'aurait rien su dire; il était reconnaissant à ces deux femmes de le pousser.
« Parfois il me paraît que je n'admire en littérature rien tant que, par exemple, dans Racine, la discussion entre Mithridate et ses fils ; où l'on sait parfaitement bien que jamais un père et des fils n'ont pu parler de la sorte et où néanmoins (et je devrais dire : d'autant plus) tous les pères et tous les fils peuvent se reconnaître. En localisant et en spécifiant, l'on restreint. Il n'y a de vérité psychologique que particulière, il est vrai ; mais il n'y a d'art que général. Tout le problème est là, précisément ; exprimer le général par le particulier; faire exprimer par le particulier le général. Vous permettez que j'allume ma pipe?
- Faites donc, faites donc, dit Sophroniska.
- Eh bien! je voudrais un roman qui serait à la fois aussi vrai, et aussi éloigné de la réalité, aussi particulier et aussi général à la fois, aussi humain et aussi fictif qu'Athalie, que Tartuffie ou que Cinna.
- Et... le sujet de ce roman ?
- Il n'en a pas, repartit Édouard brusquement ; et c'est là ce qu'il a de plus étonnant peut-être. Mon roman n'a pas de sujet. Oui, je sais bien; ça a l'air stupide ce que je dis là. Mettons si vous préférez qu'il n'y aura pas un sujet... "Une tranche de vie", disait l'école naturaliste. Le grand défaut de cette école, c'est de couper sa tranche toujours dans le même sens; dans le sens du temps, en longueur. Pourquoi pas en largeur ? ou en profondeur? Pour moi, je voudrais ne pas couper du tout. Comprenez-moi : je voudrais tout y faire entrer, dans ce roman.
Pas de coup de ciseaux pour arrêter, ici plutôt que là, sa substance. Depuis plus d'un an que j'y travaille, il ne m'arrive rien que je n'y verse, et que je n'y veuille faire entrer : ce que je vois, ce que je sais, tout ce que m'apprend la vie des autres et la mienne...
- Et tout cela stylisé? » dit Sophroniska, feignant l'attention la plus vive, mais sans doute avec un peu d'ironie. Laura ne put réprimer un sourire. Édouard haussa légèrement les épaules et reprit :
- Et ce n'est même pas cela que je veux faire. Ce que je veux, c'est présenter d'une part la réalité, présenter d'une part cet effort pourr la styliser dont je vous parlais tout à l'heure.
- Mon pauvre ami, vous ferez mourir d'ennui vos lecteurs, dit Laura ; ne pouvant plus cacher son sourire, elle avait pris le parti de rire vraiment.
Les Faux Monnayeurs, 2ème partie, Gide.
« Parce que Balzac était un génie, et parce que tout génie semble apporter à son art une solution définitive et exclusive, l'on a décrété que le propre du roman était de faire "concurrence à l'état civil". Balzac avait édifié son oeuvre ; mais il n'avait jamais prétendu codifier le roman; son article sur Stendhal le montre bien. Concurrence à l'état civil! Comme s'il n'y avait pas déjà suffisamment de magots et de paltoquets sur la terre ! Qu'ai-je affaire à l'état civil ! L'état c'est moi , l'artiste ; civile ou pas, mon oeuvre prétend ne concurrencer rien. »
Edouard qui se chauffait, un peu facticement peut-être, se rassit. Il affectait de ne regarder point Bemard ; mais c'était pour lui qu'il parlait. Seul avec lui, il n'aurait rien su dire; il était reconnaissant à ces deux femmes de le pousser.
« Parfois il me paraît que je n'admire en littérature rien tant que, par exemple, dans Racine, la discussion entre Mithridate et ses fils ; où l'on sait parfaitement bien que jamais un père et des fils n'ont pu parler de la sorte et où néanmoins (et je devrais dire : d'autant plus) tous les pères et tous les fils peuvent se reconnaître. En localisant et en spécifiant, l'on restreint. Il n'y a de vérité psychologique que particulière, il est vrai ; mais il n'y a d'art que général. Tout le problème est là, précisément ; exprimer le général par le particulier; faire exprimer par le particulier le général. Vous permettez que j'allume ma pipe?
- Faites donc, faites donc, dit Sophroniska.
- Eh bien! je voudrais un roman qui serait à la fois aussi vrai, et aussi éloigné de la réalité, aussi particulier et aussi général à la fois, aussi humain et aussi fictif qu'Athalie, que Tartuffie ou que Cinna.
- Et... le sujet de ce roman ?
- Il n'en a pas, repartit Édouard brusquement ; et c'est là ce qu'il a de plus étonnant peut-être. Mon roman n'a pas de sujet. Oui, je sais bien; ça a l'air stupide ce que je dis là. Mettons si vous préférez qu'il n'y aura pas un sujet... "Une tranche de vie", disait l'école naturaliste. Le grand défaut de cette école, c'est de couper sa tranche toujours dans le même sens; dans le sens du temps, en longueur. Pourquoi pas en largeur ? ou en profondeur? Pour moi, je voudrais ne pas couper du tout. Comprenez-moi : je voudrais tout y faire entrer, dans ce roman.
Pas de coup de ciseaux pour arrêter, ici plutôt que là, sa substance. Depuis plus d'un an que j'y travaille, il ne m'arrive rien que je n'y verse, et que je n'y veuille faire entrer : ce que je vois, ce que je sais, tout ce que m'apprend la vie des autres et la mienne...
- Et tout cela stylisé? » dit Sophroniska, feignant l'attention la plus vive, mais sans doute avec un peu d'ironie. Laura ne put réprimer un sourire. Édouard haussa légèrement les épaules et reprit :
- Et ce n'est même pas cela que je veux faire. Ce que je veux, c'est présenter d'une part la réalité, présenter d'une part cet effort pourr la styliser dont je vous parlais tout à l'heure.
- Mon pauvre ami, vous ferez mourir d'ennui vos lecteurs, dit Laura ; ne pouvant plus cacher son sourire, elle avait pris le parti de rire vraiment.
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- DeliaEsprit éclairé
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Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
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