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- ChamilNiveau 9
Zakalwe a écrit:zoupinette a écrit:Pour les historiens, quels sont les génocides "officiels" ?
Tout le problème est que, pour les historiens, il ne peut y avoir de génocide "officiel" per se, puisque la qualification relève nécessairement d'une étude des événements et d'une interprétation qu'on leur donne. A
Un historien (ou un universitaire d'une autre discipline) qui nierait le génocide arménien, la Shoah ou le génocide rwandais, trois évènements qui ont été officiellement qualifiés de génocide en France, aurait immédiatement quelques problèmes légaux et institutionnels... Serge Thion, Gilles Veinstein en savent quelque chose à des degrés différents.
http://www.liberation.fr/tribune/1998/12/28/gilles-veinstein-qui-ne-reconnait-pas-le-genocide-armenien-a-ete-elu-au-college-de-france-le-gouvern_254433
http://www.liberation.fr/societe/2000/06/02/le-cnrs-finit-par-dire-non-au-negationniste-le-chercheur-serge-thion-fait-l-objet-d-une-enquete-inte_327277
Encore une fois, on oublie que le génocide est une catégorie juridique avant même d'être une catégorie historique. Ce qui explique la violence des débats sur la qualification de tel ou tel évènement.
- ChamilNiveau 9
Laotzi a écrit:Un article du Monde sur la réaction des "enseignants" face à cette annonce : http://www.lemonde.fr/education/article/2017/04/26/les-enseignants-dubitatifs-face-a-la-semaine-des-genocides-a-l-ecole-voulue-par-hollande_5117807_1473685.html
Très déçu de voir que cette proposition est portée et justifiée par Vincent Duclert (historien, spécialiste de l'Affaire Dreyfus). Il faut croire que, dès lors que l'on rentre dans la machinerie politico-administrative, on perd tout bon sens. Duclert est en effet IG depuis 2013 et NVB l'a nommé en 2016 à la tête d'une mission d'étude sur la recherche et l'enseignement des génocides et crimes de masse. Visiblement, l'idée géniale qui en est ressortie est cette fameuse "semaine d'étude" (sans doute pour justifier une mission d'étude, il faut proposer des mesures même si elles n'ont aucun intérêt). C'est vraiment nier notre travail quotidien que de vouloir instaurer ce type de "semaine d'étude", déconnectée du programme mis en œuvre dans les classes au jour le jour.
Cela est révélateur d'un mal plus profond. Il y a un vrai problème de comportement de certains IGEN, nommés récemment, qui interviennent sur des prises de position politique, signent des tribunes militantes, créent des mouvements, considérant manifestement que le devoir de réserve ne s'applique pas à eux.
Dernier exemple en date, un ancien dirigeant de la ligue de l'enseignement, nommé à l'inspection générale, qui signe publiquement des pétitions anti-FN et anti-"républicains" en matière éducative dans Libération.
http://www.liberation.fr/debats/2017/04/15/education-appel-a-resister-a-tous-les-reculs-et-a-tous-les-replis_1562846
Enfin, vu qu'on a aussi des IG nommés au tour extérieur incapables de faire leur boulot...
http://tempsreel.nouvelobs.com/rue89/rue89-politique/20110122.RUE0448/emplois-presque-fictifs-pour-un-ex-ministre-ump-et-un-maire-ps.html
- wanaxFidèle du forum
Ou encore :Chamil a écrit:(...)Dernier exemple en date, un ancien dirigeant de la ligue de l'enseignement, nommé à l'inspection générale, qui signe publiquement des pétitions anti-FN et anti-"républicains" en matière éducative dans Libération. (...)
http://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/cote-d-or/grand-dijon/dijon/presidentielle-2017-president-universite-bourgogne-appelle-voter-contre-fn-1240239.html
Mais dans ce sens-là, c'est permis. :lol: :lol:
- DimkaVénérable
Salut,
À la lecture de ce topic, j'ai l'impression que le concept de génocide stérilise la pensée, dans le sens où on n'étudie plus l'événement pour ce qu'il est, mais pour voir dans quelle mesure il entre ou n'entre pas dans une case.
Sans compter l'aspect extrêmement malsain où l'on a l'impression qu'un événement non-génocidaire n'est pas si grave. Une guerre ? Des massacres ? Des gens envoyés à la mort d'une façon ou d'une autre ? Des dommages civils collatéraux ? Oh, ce n'est pas si grave, ce n'est pas un génocide… Les historiens ont beau dire qu'ils sont au-dessus de tout cela et qu'ils font preuve d'une rigueur scientifique à toute épreuve, je trouve que l'usage de cette catégorie juridique n'est pas neutre, et qu'il faut en plus être complètement naïf pour ne pas voir que tout sera systématiquement récupéré, car tous ces événements sont encore chauds dans la société.
Et finalement, quand un individu estime que qualifier son passé de massacre plutôt que de génocide c'est du négationniste, ne laisse-t-il pas entendre qu'un massacre (ou une guerre), ce n'est pas si grave que ça, que les morts de ces événements ne méritent pas la même considération ? Exactement de la même manière que le négationniste qui s'estime satisfait d'être accusé d'avoir massacré plutôt que génocidé ? Le terme de génocide serait pertinent s'il établissait une différence de nature par rapport à d'autres types de massacres : le soucis (et les historiens ont beau s'en défendre), c'est qu'il met en place une hiérarchisation.
D'un point de vue éthique, ça donne vraiment l'impression de vivre dans une société qui a perdu son âme. Et pour en revenir à ce qui était dit plus haut, sur les pauvres petits enfants qu'on doit protéger : n'est-ce pas l'inverse ? Les enfants sont beaucoup moins confrontés à la mort (peu de mortalité infantile, moins de maladies, et finalement beaucoup plus de sentiment de sécurité), ils ne l'abordent que sous des angles très éloignés (mémoriel, médias, histoire) : des chiffres, des mots, des images, mais rien de direct. Du coup, est-ce que ça ne contribue à faire cette société qui polémique et ergote pour savoir si c'est un génocide ou "juste" un massacre de masse, et non pas pour savoir si on a tué des gens, combien, comment, pourquoi.
À la lecture de ce topic, j'ai l'impression que le concept de génocide stérilise la pensée, dans le sens où on n'étudie plus l'événement pour ce qu'il est, mais pour voir dans quelle mesure il entre ou n'entre pas dans une case.
Sans compter l'aspect extrêmement malsain où l'on a l'impression qu'un événement non-génocidaire n'est pas si grave. Une guerre ? Des massacres ? Des gens envoyés à la mort d'une façon ou d'une autre ? Des dommages civils collatéraux ? Oh, ce n'est pas si grave, ce n'est pas un génocide… Les historiens ont beau dire qu'ils sont au-dessus de tout cela et qu'ils font preuve d'une rigueur scientifique à toute épreuve, je trouve que l'usage de cette catégorie juridique n'est pas neutre, et qu'il faut en plus être complètement naïf pour ne pas voir que tout sera systématiquement récupéré, car tous ces événements sont encore chauds dans la société.
Et finalement, quand un individu estime que qualifier son passé de massacre plutôt que de génocide c'est du négationniste, ne laisse-t-il pas entendre qu'un massacre (ou une guerre), ce n'est pas si grave que ça, que les morts de ces événements ne méritent pas la même considération ? Exactement de la même manière que le négationniste qui s'estime satisfait d'être accusé d'avoir massacré plutôt que génocidé ? Le terme de génocide serait pertinent s'il établissait une différence de nature par rapport à d'autres types de massacres : le soucis (et les historiens ont beau s'en défendre), c'est qu'il met en place une hiérarchisation.
D'un point de vue éthique, ça donne vraiment l'impression de vivre dans une société qui a perdu son âme. Et pour en revenir à ce qui était dit plus haut, sur les pauvres petits enfants qu'on doit protéger : n'est-ce pas l'inverse ? Les enfants sont beaucoup moins confrontés à la mort (peu de mortalité infantile, moins de maladies, et finalement beaucoup plus de sentiment de sécurité), ils ne l'abordent que sous des angles très éloignés (mémoriel, médias, histoire) : des chiffres, des mots, des images, mais rien de direct. Du coup, est-ce que ça ne contribue à faire cette société qui polémique et ergote pour savoir si c'est un génocide ou "juste" un massacre de masse, et non pas pour savoir si on a tué des gens, combien, comment, pourquoi.
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- DikkenekNiveau 5
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- ChamilNiveau 9
wanax a écrit:Ou encore :Chamil a écrit:(...)Dernier exemple en date, un ancien dirigeant de la ligue de l'enseignement, nommé à l'inspection générale, qui signe publiquement des pétitions anti-FN et anti-"républicains" en matière éducative dans Libération. (...)
http://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/cote-d-or/grand-dijon/dijon/presidentielle-2017-president-universite-bourgogne-appelle-voter-contre-fn-1240239.html
Mais dans ce sens-là, c'est permis. :lol: :lol:
Même si sur le fond, à mon humble avis, un président d'université devrait s'abstenir, il y a une double différence: un président d'université est un universitaire qui bénéficie statutairement d'une indépendance d'expression et il est élu... et donc éliminable au prochain scrutin si ses positions déplaisent à la communauté universitaire.
Un IGEN est un fonctionnaire d'autorité qui a un devoir de réserve, bafoué lorsque celui-ci ou celle-ci signe des pétitions, milite sur les réseaux sociaux, donne son avis par twitter. On imagine les difficultés qsi demain il ou elle inspecte un(e) militant du FN... qui l'accuserait de discrimination en cas de mauvaise évaluation.
Mais qu'attendre d'autres de personnes nommées au tour extérieur grâce à la faveur politique?
- cliohistHabitué du forum
tiens, une journée internationale ...
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