- sifiÉrudit
Je vous explique: la semaine prochaine, je me retrouve avec 14 élèves de 4ème sur 28, les autres étant en vadrouille avec leurs correspondants allemands. Il faut donc que je trouve quelque chose à leur faire faire de différent, mais en lien tout de même avec le programme. Je suis actuellement dans "Dire l'amour".
J'avais envie, puisque j'ai le luxe de n'avoir que 14 élèves, de travailler le théâtre, et la réflexion sur la mise en scène.
Du coup, je cherche 3/ 4 extraits de pièces qui seraient sympa à jouer/ mettre en voix cette semaine, peut-être dans des registres différents: du comique, du tragique...
J'ai déjà prévu la scène du balcon de Cyrano en classe entière, et je pense faire Roméo et Juliette en fin d'année.
Avez-vous des idées, des références de scènes qui pourraient être sympa à travailler dans ce contexte?
Merci!
J'avais envie, puisque j'ai le luxe de n'avoir que 14 élèves, de travailler le théâtre, et la réflexion sur la mise en scène.
Du coup, je cherche 3/ 4 extraits de pièces qui seraient sympa à jouer/ mettre en voix cette semaine, peut-être dans des registres différents: du comique, du tragique...
J'ai déjà prévu la scène du balcon de Cyrano en classe entière, et je pense faire Roméo et Juliette en fin d'année.
Avez-vous des idées, des références de scènes qui pourraient être sympa à travailler dans ce contexte?
Merci!
- CelimeneNiveau 4
http://gallica.bnf.fr/essentiels/beaumarchais/barbier-seville/comte-deguise-glisse-lettre-rosine
Le Barbier de Séville Acte II, scène 14.
Le jeu de passe-passe avec la lettre est assez drôle à jouer et permet de parler de l'épistolaire (qui a disparu des programmes certes...).
On peut montrer un extrait des Liaisons dangereuses de Frears : quand Valmont donne une lettre à Cécile et essaye de récupérer la clé de sa chambre.
EDIT : Et l'aveu de Phèdre à Hippolyte, Acte II scène 5.
Le Barbier de Séville Acte II, scène 14.
Le jeu de passe-passe avec la lettre est assez drôle à jouer et permet de parler de l'épistolaire (qui a disparu des programmes certes...).
On peut montrer un extrait des Liaisons dangereuses de Frears : quand Valmont donne une lettre à Cécile et essaye de récupérer la clé de sa chambre.
EDIT : Et l'aveu de Phèdre à Hippolyte, Acte II scène 5.
- cannelle21Grand Maître
Cyrano
CHRISTIAN, s'assied près d'elle, sur le banc. Un silence. : Je vous aime.
ROXANE, fermant les yeux : Oui, parlez-moi d'amour.
CHRISTIAN : Je t'aime.
ROXANE : C'est le thème. Brodez, brodez.
CHRISTIAN : Je vous...
ROXANE : Brodez !
CHRISTIAN : Je t'aime tant.
ROXANE : Sans doute. Et puis ?
CHRISTIAN : Et puis... je serai si content Si vous m'aimiez ! -Dis-moi, Roxane, que tu m'aimes !
ROXANE, avec une moue : Vous m'offrez du brouet quand j'espérais des crèmes ! Dites un peu comment vous m'aimez ?...
CHRISTIAN : Mais... beaucoup.
ROXANE : Oh !... Délabyrinthez vos sentiments !
CHRISTIAN, qui s'est rapproché et dévore des yeux la nuque blonde : Ton cou !
Je voudrais l'embrasser !...
ROXANE : Christian !
CHRISTIAN : Je t'aime !
ROXANE, voulant se lever : Encore !
CHRISTIAN, vivement, la retenant : Non, je ne t'aime pas !
ROXANE, se rasseyant : C'est heureux.
CHRISTIAN : Je t'adore !
ROXANE, se levant et s'éloignant : Oh !
CHRISTIAN : Oui... je deviens sot !
ROXANE : Et cela me déplaît ! Comme il me déplairait que vous devinssiez laid.
CHRISTIAN : Mais...
ROXANE : Allez rassembler votre éloquence en fuite !
CHRISTIAN : Je...
ROXANE : Vous m'aimez, je sais. Adieu.
Elle va vers la maison.
CHRISTIAN : Pas tout de suite ! Je vous dirai...
ROXANE, poussant la porte pour rentrer : Que vous m'adorez... oui, je sais.
Non ! non ! Allez-vous-en !
CHRISTIAN : Mais je...
Elle lui ferme la porte au nez.
CHRISTIAN, s'assied près d'elle, sur le banc. Un silence. : Je vous aime.
ROXANE, fermant les yeux : Oui, parlez-moi d'amour.
CHRISTIAN : Je t'aime.
ROXANE : C'est le thème. Brodez, brodez.
CHRISTIAN : Je vous...
ROXANE : Brodez !
CHRISTIAN : Je t'aime tant.
ROXANE : Sans doute. Et puis ?
CHRISTIAN : Et puis... je serai si content Si vous m'aimiez ! -Dis-moi, Roxane, que tu m'aimes !
ROXANE, avec une moue : Vous m'offrez du brouet quand j'espérais des crèmes ! Dites un peu comment vous m'aimez ?...
CHRISTIAN : Mais... beaucoup.
ROXANE : Oh !... Délabyrinthez vos sentiments !
CHRISTIAN, qui s'est rapproché et dévore des yeux la nuque blonde : Ton cou !
Je voudrais l'embrasser !...
ROXANE : Christian !
CHRISTIAN : Je t'aime !
ROXANE, voulant se lever : Encore !
CHRISTIAN, vivement, la retenant : Non, je ne t'aime pas !
ROXANE, se rasseyant : C'est heureux.
CHRISTIAN : Je t'adore !
ROXANE, se levant et s'éloignant : Oh !
CHRISTIAN : Oui... je deviens sot !
ROXANE : Et cela me déplaît ! Comme il me déplairait que vous devinssiez laid.
CHRISTIAN : Mais...
ROXANE : Allez rassembler votre éloquence en fuite !
CHRISTIAN : Je...
ROXANE : Vous m'aimez, je sais. Adieu.
Elle va vers la maison.
CHRISTIAN : Pas tout de suite ! Je vous dirai...
ROXANE, poussant la porte pour rentrer : Que vous m'adorez... oui, je sais.
Non ! non ! Allez-vous-en !
CHRISTIAN : Mais je...
Elle lui ferme la porte au nez.
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Il y a des gens si bêtes que si une idée apparaissait à la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiée de solitude.
- cannelle21Grand Maître
Le bourgeois gentilhomme
LUCILE: Êtes-vous muet, Cléonte?
CLÉONTE: Puisqu'il faut parler, j'ai à vous dire que vous ne triompherez pas comme vous pensez de votre infidélité, que je veux être le premier à rompre avec vous, et que vous n'aurez pas l'avantage de me chasser. J'aurai de la peine, sans doute, à vaincre l'amour que j'ai pour vous, cela me causera des chagrins, je souf-frirai un temps; mais j'en viendrai à bout, et je me percerai plutôt le cœur, que d'avoir la faiblesse de retourner à vous.
LUCILE: Voilà bien du bruit pour un rien. Je veux vous dire, Cléonte, le sujet qui m'a fait ce matin éviter votre abord.
CLÉONTE fait semblant de s'en aller et tourne autour du théâtre: Non, je ne veux rien écouter.
LUCILE suit Cléonte: Sachez que ce matin.
CLÉONTE: Non, vous dis-je.
LUCILE: Écoutez.
CLÉONTE: Point d'affaire.
LUCILE: Cléonte.
CLÉONTE: Non.
LUCILE: Arrêtez.
CLÉONTE: Chansons.
LUCILE: Un moment.
CLÉONTE: Point du tout.
LUCILE: Deux paroles.
CLÉONTE: Non, c'en est fait.
LUCILE : Hé bien! Puisque vous ne voulez pas m'écouter, demeurez dans votre pensée, et faites ce qu'il vous plaira.
CLÉONTE: Ecoutons donc ce qu’elle a à me dire.
LUCILE fait semblant de s'en aller à son tour, et fait le même chemin qu'a fait Cléonte: Il ne me plaît plus de le dire.
CLÉONTE suit Lucile: Dites-moi.
LUCILE: Non, je ne veux rien dire.
CLÉONTE: De grâce.
LUCILE: Non, vous dis-je.
CLÉONTE: Je vous en prie.
LUCILE: Laissez-moi.
CLÉONTE: Lucile.
LUCILE: Non.
CLÉONTE: Au nom des Dieux!
LUCILE: Je ne veux pas.
CLÉONTE: éclaircissez mes doutes.
LUCILE: Non, je n'en ferai rien.
CLÉONTE: Hé bien! puisque vous vous souciez si peu de me tirer de peine, et de vous justifier du traitement indigne que vous avez fait à ma flamme, vous me voyez, ingrate, pour la dernière fois, et je vais loin de vous mourir de douleur et d'amour.
LUCILE: Cléonte.
CLÉONTE: Eh?
LUCILE: Où allez-vous?
CLÉONTE: Où je vous ai dit.
LUCILE: Vous allez mourir, Cléonte?
CLÉONTE: Oui, cruelle, puisque vous le voulez.
LUCILE: Êtes-vous muet, Cléonte?
CLÉONTE: Puisqu'il faut parler, j'ai à vous dire que vous ne triompherez pas comme vous pensez de votre infidélité, que je veux être le premier à rompre avec vous, et que vous n'aurez pas l'avantage de me chasser. J'aurai de la peine, sans doute, à vaincre l'amour que j'ai pour vous, cela me causera des chagrins, je souf-frirai un temps; mais j'en viendrai à bout, et je me percerai plutôt le cœur, que d'avoir la faiblesse de retourner à vous.
LUCILE: Voilà bien du bruit pour un rien. Je veux vous dire, Cléonte, le sujet qui m'a fait ce matin éviter votre abord.
CLÉONTE fait semblant de s'en aller et tourne autour du théâtre: Non, je ne veux rien écouter.
LUCILE suit Cléonte: Sachez que ce matin.
CLÉONTE: Non, vous dis-je.
LUCILE: Écoutez.
CLÉONTE: Point d'affaire.
LUCILE: Cléonte.
CLÉONTE: Non.
LUCILE: Arrêtez.
CLÉONTE: Chansons.
LUCILE: Un moment.
CLÉONTE: Point du tout.
LUCILE: Deux paroles.
CLÉONTE: Non, c'en est fait.
LUCILE : Hé bien! Puisque vous ne voulez pas m'écouter, demeurez dans votre pensée, et faites ce qu'il vous plaira.
CLÉONTE: Ecoutons donc ce qu’elle a à me dire.
LUCILE fait semblant de s'en aller à son tour, et fait le même chemin qu'a fait Cléonte: Il ne me plaît plus de le dire.
CLÉONTE suit Lucile: Dites-moi.
LUCILE: Non, je ne veux rien dire.
CLÉONTE: De grâce.
LUCILE: Non, vous dis-je.
CLÉONTE: Je vous en prie.
LUCILE: Laissez-moi.
CLÉONTE: Lucile.
LUCILE: Non.
CLÉONTE: Au nom des Dieux!
LUCILE: Je ne veux pas.
CLÉONTE: éclaircissez mes doutes.
LUCILE: Non, je n'en ferai rien.
CLÉONTE: Hé bien! puisque vous vous souciez si peu de me tirer de peine, et de vous justifier du traitement indigne que vous avez fait à ma flamme, vous me voyez, ingrate, pour la dernière fois, et je vais loin de vous mourir de douleur et d'amour.
LUCILE: Cléonte.
CLÉONTE: Eh?
LUCILE: Où allez-vous?
CLÉONTE: Où je vous ai dit.
LUCILE: Vous allez mourir, Cléonte?
CLÉONTE: Oui, cruelle, puisque vous le voulez.
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Il y a des gens si bêtes que si une idée apparaissait à la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiée de solitude.
- cannelle21Grand Maître
Le dindon
LUCIENNE, entrant comme une bombe et refermant la porte sur elle, mais pas assez vite pour empêcher une canne, passée par un individu qu'on ne voit pas, de se glisser entre le battant et le chambranle de la porte. - Ah ! mon Dieu ! Allez-vous en, monsieur !... Allez-vous en !...
PONTAGNAC, essayant de pousser la porte que chaque fois Lucienne repousse sur lui. - Madame !... Madame !... je vous en prie !...
LUCIENNE. - Mais jamais de la vie, monsieur !... Qu'est-ce que c'est que ces ma-nières ! (Appelant tout en luttant contre la porte.) Jean, Jean ! Augustine !... Ah ! mon Dieu, et personne !...
PONTAGNAC. - Madame ! Madame !
LUCIENNE. - Non ! Non !
PONTAGNAC, qui a fini par entrer. - Je vous en supplie, madame, écoutez-moi !
LUCIENNE. - C'est une infamie !... Je vous défends, monsieur !... Sortez !...
PONTAGNAC. - Ne craignez rien, madame, je ne vous veux aucun mal ! Si mes intentions ne sont pas pures, je vous jure qu'elles ne sont pas hostiles... bien au contraire.
Il va à elle.
LUCIENNE, reculant. - Ah çà ! Monsieur, vous êtes fou !
PONTAGNAC, la poursuivant. - Oui, madame, vous l'avez dit, fou de vous ! Je sais que ma conduite est audacieuse, contraire aux usages, mais je m'en moque !... Je ne sais qu'une chose, c'est que je vous aime et que tous les moyens me sont bons pour arriver jusqu'à vous.
LUCIENNE, s'arrêtant. - Monsieur, je ne puis en écouter davantage !... Sortez !...
PONTAGNAC. - Ah ! Tout, madame, tout plutôt que cela ! Je vous aime, je vous dis ! (Nouvelle poursuite.) Il m'a suffi de vous voir et ç'a été le coup de foudre ! Depuis huit jours je m'attache à vos pas ! Vous l'avez remarqué.
LUCIENNE, s'arrêtant devant la table. - Mais non, monsieur.
PONTAGNAC. - Si, madame, vous l'avez remarqué ! Une femme remarque tou-jours quand on la suit.
LUCIENNE. - Ah ! Quelle fatuité !
PONTAGNAC. - Ce n'est pas de la fatuité, c'est de l'observation.
LUCIENNE. - Mais enfin, monsieur, je ne vous connais pas.
PONTAGNAC. - Mais moi non plus, madame, et je le regrette tellement que je veux faire cesser cet état de choses... Ah ! Madame...
LUCIENNE. - Monsieur !
PONTAGNAC. - Ah ! Marguerite !
LUCIENNE, s'oubliant. - Lucienne, d'abord !
PONTAGNAC. - Merci ! Ah ! Lucienne !
LUCIENNE. - Hein ! Mais, monsieur, je vous défends !... Qui vous a permis ?...
PONTAGNAC. - Ne venez-vous pas de me dire comment je devais vous appeler !
LUCIENNE. - Enfin, monsieur, pour qui me prenez-vous ? Je suis une honnête femme !
PONTAGNAC. - Ah ! Tant mieux ! J'adore les honnêtes femmes !...
LUCIENNE. - Prenez garde, monsieur ! Je voulais éviter un esclandre, mais puisque vous ne voulez pas partir, je vais appeler mon mari.
PONTAGNAC. - Tiens ! Vous avez un mari ?
LUCIENNE. - Parfaitement, monsieur !
PONTAGNAC. - C'est bien ! Laissons cet imbécile de côté !
LUCIENNE. - Imbécile ! Mon mari !
PONTAGNAC. - Les maris des femmes qui nous plaisent sont toujours des imbé-ciles.
LUCIENNE, remontant. - Eh bien ! Vous allez voir comment cet imbécile va vous traiter ! Vous ne voulez pas sortir ?...
PONTAGNAC. - Moins que jamais !
LUCIENNE, appelant à droite. - C'est très bien !... Crépin !...
PONTAGNAC. - Oh ! vilain nom !...
LUCIENNE. - Crépin !...
LUCIENNE, entrant comme une bombe et refermant la porte sur elle, mais pas assez vite pour empêcher une canne, passée par un individu qu'on ne voit pas, de se glisser entre le battant et le chambranle de la porte. - Ah ! mon Dieu ! Allez-vous en, monsieur !... Allez-vous en !...
PONTAGNAC, essayant de pousser la porte que chaque fois Lucienne repousse sur lui. - Madame !... Madame !... je vous en prie !...
LUCIENNE. - Mais jamais de la vie, monsieur !... Qu'est-ce que c'est que ces ma-nières ! (Appelant tout en luttant contre la porte.) Jean, Jean ! Augustine !... Ah ! mon Dieu, et personne !...
PONTAGNAC. - Madame ! Madame !
LUCIENNE. - Non ! Non !
PONTAGNAC, qui a fini par entrer. - Je vous en supplie, madame, écoutez-moi !
LUCIENNE. - C'est une infamie !... Je vous défends, monsieur !... Sortez !...
PONTAGNAC. - Ne craignez rien, madame, je ne vous veux aucun mal ! Si mes intentions ne sont pas pures, je vous jure qu'elles ne sont pas hostiles... bien au contraire.
Il va à elle.
LUCIENNE, reculant. - Ah çà ! Monsieur, vous êtes fou !
PONTAGNAC, la poursuivant. - Oui, madame, vous l'avez dit, fou de vous ! Je sais que ma conduite est audacieuse, contraire aux usages, mais je m'en moque !... Je ne sais qu'une chose, c'est que je vous aime et que tous les moyens me sont bons pour arriver jusqu'à vous.
LUCIENNE, s'arrêtant. - Monsieur, je ne puis en écouter davantage !... Sortez !...
PONTAGNAC. - Ah ! Tout, madame, tout plutôt que cela ! Je vous aime, je vous dis ! (Nouvelle poursuite.) Il m'a suffi de vous voir et ç'a été le coup de foudre ! Depuis huit jours je m'attache à vos pas ! Vous l'avez remarqué.
LUCIENNE, s'arrêtant devant la table. - Mais non, monsieur.
PONTAGNAC. - Si, madame, vous l'avez remarqué ! Une femme remarque tou-jours quand on la suit.
LUCIENNE. - Ah ! Quelle fatuité !
PONTAGNAC. - Ce n'est pas de la fatuité, c'est de l'observation.
LUCIENNE. - Mais enfin, monsieur, je ne vous connais pas.
PONTAGNAC. - Mais moi non plus, madame, et je le regrette tellement que je veux faire cesser cet état de choses... Ah ! Madame...
LUCIENNE. - Monsieur !
PONTAGNAC. - Ah ! Marguerite !
LUCIENNE, s'oubliant. - Lucienne, d'abord !
PONTAGNAC. - Merci ! Ah ! Lucienne !
LUCIENNE. - Hein ! Mais, monsieur, je vous défends !... Qui vous a permis ?...
PONTAGNAC. - Ne venez-vous pas de me dire comment je devais vous appeler !
LUCIENNE. - Enfin, monsieur, pour qui me prenez-vous ? Je suis une honnête femme !
PONTAGNAC. - Ah ! Tant mieux ! J'adore les honnêtes femmes !...
LUCIENNE. - Prenez garde, monsieur ! Je voulais éviter un esclandre, mais puisque vous ne voulez pas partir, je vais appeler mon mari.
PONTAGNAC. - Tiens ! Vous avez un mari ?
LUCIENNE. - Parfaitement, monsieur !
PONTAGNAC. - C'est bien ! Laissons cet imbécile de côté !
LUCIENNE. - Imbécile ! Mon mari !
PONTAGNAC. - Les maris des femmes qui nous plaisent sont toujours des imbé-ciles.
LUCIENNE, remontant. - Eh bien ! Vous allez voir comment cet imbécile va vous traiter ! Vous ne voulez pas sortir ?...
PONTAGNAC. - Moins que jamais !
LUCIENNE, appelant à droite. - C'est très bien !... Crépin !...
PONTAGNAC. - Oh ! vilain nom !...
LUCIENNE. - Crépin !...
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Il y a des gens si bêtes que si une idée apparaissait à la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiée de solitude.
- cannelle21Grand Maître
Sur la dispute, par Ribes
LOUISE. – « Bravo », tu lui dis juste « bravo », c’est tout.
JEAN-CLAUDE. – (soupirs)
LOUISE. – Je ne te demande pas de te répandre en compliments, je te demande de lui dire juste un petit bravo…
JEAN-CLAUDE. – Je ne peux pas.
LOUISE. – Tu ne peux pas dire « bravo » ?
JEAN-CLAUDE. – Non.
LOUISE. – Même un petit bravo ?
JEAN-CLAUDE. – Non.
LOUISE. – C’est quoi ? C’est le mot qui te gêne ?
JEAN-CLAUDE. – Non, c’est ce qu’il veut dire.
LOUISE. – Oh ! ce qu’il veut dire, ce qu’il veut dire, si tu le dis comme « bonjour », déjà il veut beaucoup moins dire ce qu’il veut dire.
JEAN-CLAUDE. – Ça veut quand même un peu dire « félicitations », non ?
LOUISE. – Oui mais pas plus. Vraiment pas plus.
JEAN-CLAUDE. – J’ai détesté cette soirée, tu es consciente de ça, Louise ? J’ai tout détesté, les costumes, les décors, la pièce et Elle, surtout Elle !
LOUISE. – Justement, comme ça tu n’es pas obligé de lui dire que tu n’as pas aimé, tu lui dis juste « bravo », un petit bravo et c’est fini, on n’en parle plus, tu es débarrassé et moi j’enchaîne…
JEAN-CLAUDE. – Je n’y arriverai pas.
LOUISE. – Mais, tu as vu où elle nous a placés. Elle fait ça pour nous faire plaisir.
JEAN-CLAUDE. – Je n’ai éprouvé aucun plaisir.
LOUISE. – C’est bien pour ça que je ne te demande pas de lui dire « merci », là d’accord, « merci » ça pourrait avoir un petit côté hypocrite surtout si tu t’es beaucoup ennuyé, mais « bravo », franchement ! […]
JEAN-CLAUDE. – Si tu dois continuer dis-le-moi tout de suite, parce que je te préviens, je sors, je fous le camp et je ne reviens pas, tu m’entends, Louise, je ne reviens plus jamais… je suis à bout…
LOUISE. – Tout ça parce que je te demande d’être poli avec la comédienne !
JEAN-CLAUDE. – Elle m’a torturé, Louise, tu m’entends, torturé pendant toute la soirée.
LOUISE. – Ah oui ! ça j’ai vu, tu l’as regardée ta montre !
JEAN-CLAUDE. – Tout le temps ! À un moment même j’ai même cru qu’elle s’était arrêtée, pendant sa longue tirade avec le barbu. Je ne sais pas comment j’ai tenu, je ne sais pas…
LOUISE. – Enfin n’exagère pas, tu n’es pas mort.
JEAN CLAUDE.- Tu sais pourquoi, Louise ? Parce que je me suis mis à répéter un mot magique : entracte ! ENTRACTE ! … Mais il n’est jamais venu. Cinq actes sans une seconde d’interruption.
LOUISE. – Quinze ans d’attente, quinze ans qu’elle attend et ce soir, pour la première fois de sa vie, elle vient de jouer Phèdre dans le plus beau théâtre d’Europe. Et toi, tu refuses de lui dire bravo, juste un petit bravo. Et O ? Est-ce que tu peux juste lui dire O ? Elle sort de sa loge, tu la prends dans tes bras et tu lui dis « O ».
JEAN-CLAUDE- O ?
LOUISE- Oui, je pense que dans bravo, ce qui compte c’est surtout le « o ». Les gens applaudissent en disant bravo : vo ! vo ! vo !
JEAN-CLAUDE.- Tu me demandes de lui dire « vo » ?
LOUISE- S’il te plaît.
JEAN-CLAUDE.- Je réalise que dans un théâtre vous êtes aussi assommantes l’une que l’autre.
LOUISE.- Détrompe-toi. Je ne suis pas comme elle, parce que moi, dis-toi bien que si un jeune homme aux cheveux bouclés, les mollets sanglés dans des lanières de cuir traversait un jour ma vie, je pars avec lui illico… Où vas-tu ?
JEAN-CLAUDE.- Dehors, boire une bière.
LOUISE.- Tu reviendras ?
JEAN-CLAUDE.- Je ne pense pas.
LOUISE. – « Bravo », tu lui dis juste « bravo », c’est tout.
JEAN-CLAUDE. – (soupirs)
LOUISE. – Je ne te demande pas de te répandre en compliments, je te demande de lui dire juste un petit bravo…
JEAN-CLAUDE. – Je ne peux pas.
LOUISE. – Tu ne peux pas dire « bravo » ?
JEAN-CLAUDE. – Non.
LOUISE. – Même un petit bravo ?
JEAN-CLAUDE. – Non.
LOUISE. – C’est quoi ? C’est le mot qui te gêne ?
JEAN-CLAUDE. – Non, c’est ce qu’il veut dire.
LOUISE. – Oh ! ce qu’il veut dire, ce qu’il veut dire, si tu le dis comme « bonjour », déjà il veut beaucoup moins dire ce qu’il veut dire.
JEAN-CLAUDE. – Ça veut quand même un peu dire « félicitations », non ?
LOUISE. – Oui mais pas plus. Vraiment pas plus.
JEAN-CLAUDE. – J’ai détesté cette soirée, tu es consciente de ça, Louise ? J’ai tout détesté, les costumes, les décors, la pièce et Elle, surtout Elle !
LOUISE. – Justement, comme ça tu n’es pas obligé de lui dire que tu n’as pas aimé, tu lui dis juste « bravo », un petit bravo et c’est fini, on n’en parle plus, tu es débarrassé et moi j’enchaîne…
JEAN-CLAUDE. – Je n’y arriverai pas.
LOUISE. – Mais, tu as vu où elle nous a placés. Elle fait ça pour nous faire plaisir.
JEAN-CLAUDE. – Je n’ai éprouvé aucun plaisir.
LOUISE. – C’est bien pour ça que je ne te demande pas de lui dire « merci », là d’accord, « merci » ça pourrait avoir un petit côté hypocrite surtout si tu t’es beaucoup ennuyé, mais « bravo », franchement ! […]
JEAN-CLAUDE. – Si tu dois continuer dis-le-moi tout de suite, parce que je te préviens, je sors, je fous le camp et je ne reviens pas, tu m’entends, Louise, je ne reviens plus jamais… je suis à bout…
LOUISE. – Tout ça parce que je te demande d’être poli avec la comédienne !
JEAN-CLAUDE. – Elle m’a torturé, Louise, tu m’entends, torturé pendant toute la soirée.
LOUISE. – Ah oui ! ça j’ai vu, tu l’as regardée ta montre !
JEAN-CLAUDE. – Tout le temps ! À un moment même j’ai même cru qu’elle s’était arrêtée, pendant sa longue tirade avec le barbu. Je ne sais pas comment j’ai tenu, je ne sais pas…
LOUISE. – Enfin n’exagère pas, tu n’es pas mort.
JEAN CLAUDE.- Tu sais pourquoi, Louise ? Parce que je me suis mis à répéter un mot magique : entracte ! ENTRACTE ! … Mais il n’est jamais venu. Cinq actes sans une seconde d’interruption.
LOUISE. – Quinze ans d’attente, quinze ans qu’elle attend et ce soir, pour la première fois de sa vie, elle vient de jouer Phèdre dans le plus beau théâtre d’Europe. Et toi, tu refuses de lui dire bravo, juste un petit bravo. Et O ? Est-ce que tu peux juste lui dire O ? Elle sort de sa loge, tu la prends dans tes bras et tu lui dis « O ».
JEAN-CLAUDE- O ?
LOUISE- Oui, je pense que dans bravo, ce qui compte c’est surtout le « o ». Les gens applaudissent en disant bravo : vo ! vo ! vo !
JEAN-CLAUDE.- Tu me demandes de lui dire « vo » ?
LOUISE- S’il te plaît.
JEAN-CLAUDE.- Je réalise que dans un théâtre vous êtes aussi assommantes l’une que l’autre.
LOUISE.- Détrompe-toi. Je ne suis pas comme elle, parce que moi, dis-toi bien que si un jeune homme aux cheveux bouclés, les mollets sanglés dans des lanières de cuir traversait un jour ma vie, je pars avec lui illico… Où vas-tu ?
JEAN-CLAUDE.- Dehors, boire une bière.
LOUISE.- Tu reviendras ?
JEAN-CLAUDE.- Je ne pense pas.
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Il y a des gens si bêtes que si une idée apparaissait à la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiée de solitude.
- henrietteMédiateur
Un mot pour un autre de Tardieu est vraiment sympa à monter.
Voir ici : http://www.hicsum-hicmaneo.com/page-3307192.html
Un texte chouette aussi pour illustrer l'importance de dire un texte et non de le réciter, c'est le Télégramme de Montand :
http://www.paroles.net/yves-montand/paroles-telegramme
Voir ici : http://www.hicsum-hicmaneo.com/page-3307192.html
Un texte chouette aussi pour illustrer l'importance de dire un texte et non de le réciter, c'est le Télégramme de Montand :
http://www.paroles.net/yves-montand/paroles-telegramme
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"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- sifiÉrudit
Merci pour ces supers idées!!!
Le Bourgeois Gentilhomme, j'y avais pensé, mais je le fais tous les ans en 5ème, donc pour certains élèves c'est une redite.
Je pense que je vais reprendre la scène de la lettre dans Beaumarchais, effectivement, et aussi celle de Cyrano en fin de semaine, pour embrayer sur la scène du balcon.
Le Dindon me plaît bien aussi (mais il faudrait que je relise la pièce vite fait, je ne m'en souviens plus )...
Cannelle, comme toujours,
Henriette, j'aime bien Un mot pour un autre, je l'utilise en 6ème, en fin d'année.
Pour Montand, je n'arrive pas à écouter le texte sur ce site, trop de pub, je vais tenter de le trouver ailleurs.
Le Bourgeois Gentilhomme, j'y avais pensé, mais je le fais tous les ans en 5ème, donc pour certains élèves c'est une redite.
Je pense que je vais reprendre la scène de la lettre dans Beaumarchais, effectivement, et aussi celle de Cyrano en fin de semaine, pour embrayer sur la scène du balcon.
Le Dindon me plaît bien aussi (mais il faudrait que je relise la pièce vite fait, je ne m'en souviens plus )...
Cannelle, comme toujours,
Henriette, j'aime bien Un mot pour un autre, je l'utilise en 6ème, en fin d'année.
Pour Montand, je n'arrive pas à écouter le texte sur ce site, trop de pub, je vais tenter de le trouver ailleurs.
- YokeyoNiveau 5
Bonjour,
Et une scène de Phèdre pour le registre tragique? Notamment quand elle avoue à Œnone son amour coupable pour Hyppolyte (acte I, scène 3), à partir du vers 241...je trouve cette scène fabuleuse et elle plaît beaucoup aux élèves (à mes secondes mais un extrait ne peut pas faire de mal aux 4èmes, je pense).
Et une scène de Phèdre pour le registre tragique? Notamment quand elle avoue à Œnone son amour coupable pour Hyppolyte (acte I, scène 3), à partir du vers 241...je trouve cette scène fabuleuse et elle plaît beaucoup aux élèves (à mes secondes mais un extrait ne peut pas faire de mal aux 4èmes, je pense).
- PoupoutchModérateur
La scène 2 de l'acte 3 de La Suivante de Corneille, est une scène toute en stichomythies où un jeune homme se prend un rateau ! Très rigolo, et possible base d'impro ensuite ou avant pour dégager le sens du texte et travailler sur les intentions (le "sous-texte" des répliques)...
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Lapin Émérite, celle qui Nage en Lisant ou Inversement, Dompteuse du fauve affamé et matutinal.
"L'intelligence est une maladie qui peut se transmettre très facilement mais dont on peut guérir très rapidement et sans aucune séquelle"
- sifiÉrudit
En fouillant dans ma bibliothèque de théâtre (je ne sais pas tout ce que j'ai, une collègue m'a autrefois "légué" sa bibliothèque), j'ai trouvé un petit recueil qui s'appelle "Paroles parlées" de Sylvie Florian-Pouilloux, il y a des trucs sympas dedans, si ça peut en inspirer certains.
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