Quand est-ce que l'écriture de nos élèves est devenue aussi catastrophique et pourquoi ?

Ben en fait, il faudrait dire qu'on évalue les compétences à un instant T. Et parfois, on rate, parfois on réussit, selon la difficulté de l'exercice, la formulation de la consigne, si on avait bien révisé ou pas, si on est bien concentré...

Oh, mais comme pour un bête contrôle noté en fait !

Le but de l'évaluation par compétences, c'est de refléter ce qu'un individu est capable de faire, en se débarrassant de toutes ces contingences et en supprimant l'effet "prof qui ne met que des sales notes", "prof qui ne note qu'entre 8 et 12", etc.
Sauf que c'est impossible, on ne peut pas séparer la compétence de la performance, ce n'est pas comme si on faisait un scanner du cerveau de nos élèves et que ce scanner nous dise tout ce qu'ils savent faire ou pas.
On ne peut évaluer que ce que les élèves produisent.

Et puis, ce n'est pas parce que les compétences font plusieurs lignes en essayant d'être le plus explicites possibles pour éviter de laisser de la place à une quelconque interprétation que tous les enseignants ont les mêmes critères pour les valider. Loin de là !

Ma'am a écrit:Ben en fait, il faudrait dire qu'on évalue les compétences à un instant T. Et parfois, on rate, parfois on réussit, selon la difficulté de l'exercice, la formulation de la consigne, si on avait bien révisé ou pas, si on est bien concentré...

A l'entrée en seconde, en septembre on "s'amuse" à faire une évaluation niveau fin de 3ème. Le sujet a été élaboré avec les collègues de collège, lors de liaison collège-lycée ... Ben c'est pas joli-joli les résultats, ils ont rarement la moyenne, en fait ... Pourtant, on a aussi de très bons élèves, qui sont passés en seconde les doigts dans le nez ...

Spoiler:

Je crois que ce que je n'aime pas avec le mot "compétences", outre l'aspect usine à gaz des livrets, c'est la connotation définitive du mot. Cela a un petit côté "savoir faire du vélo". Quand on a appris, c'est pour la vie.

Or notre fond de commerce, ce sont les connaissances et si on ne les entretient pas, on les oublie.

Rikki a écrit:Est-ce que parmi les "dys" dont ton élève est affublé, il y a "dyspraxique" ?

Je pose la question, car je suis de plus en plus persuadée que la dysgraphie "pure" n'existe pas. Si ton élève n'est pas dyspraxique, qu'il a une intelligence supérieure et qu'il est prêt à faire des efforts, on peut rééduquer.

S'il est dyspraxique, on peut rééduquer aussi, mais on ne parviendra peut-être pas à l'automatisation d'une écriture lisible, fluide et suffisamment rapide. On peut cependant le faire progresser.

S'il ne veut pas - ou, comme certains enfants précoces, s'il ne sait pas - faire des efforts, et qu'il ne s'intéresse qu'à ce qui lui est immédiatement accessible, ça risque d'être plus compliqué. Beaucoup dépendra du discours des parents.

Eh bien il n'a pas été question de dyspraxie mais moi aussi j'y avais pensé.
Le problème c'est que l'orthophoniste avait l'air vraiment sûre d'elle en me disant qu'il ne pourrait jamais écrire correctement. Je l'ai trouvée très paradoxale : on ne peut le faire écrire mais elle n'avait rien proposé aux parents pour pallier au problème ! Ni de refaire une demande d'AVS, ni de lui faire utiliser l'ordinateur ! La seule solution selon elle, passer par l'oral.

Une orthophoniste n'est en aucun cas compétente pour poser un diagnostic de dysgraphie.

Qui l'est, alors ?

Un médecin.

Le diagnostic de la dysgraphie, cliquer là

Ok merci

Pour ceux qui suivent encore : épisode 7 !

Plus qu'un, et la conclusion. Ouf !


http://ecritureparis.fr/pour-les-enseignants/articles/92-pourquoi-nos-eleves-ecrivent-ils-aussi-mal-episode-7

Bonsoir les neos.
Dites, je viens de me rendre compte qu'une de mes eleves de 5 E était ce qu'on nomme dysorthographie ( c'est tard, je sais, j'avais un gros doute depuis la rentrée, aussi j'ai fait de la systématisation orthographique avec la classe et j'ai eu des résultats différents en fonction des eleves et aucun sur elle.
En fait, j'ai dû mener des recherches en parallèle sur ce qu'était ce trouble, le dépistage, tout ce qui pouvait éviter que je me,plante totalement et tout ce qui pourrait l'aider.
Mais là, sa dernière copie, excellente par ailleurs, demandait beaucoup de connaissances, de code d'écriture et de creativité, elle a donc été encore moins vigilante et ça a été désormais très clair pour moi ).
Donc, j'ai convoqué les parents, parce que la gamine fait toujours des remarques sur l'orthographe, elle est très peinée, puis rebelle, puis déçue, puis triste, puis fâchée et que je voudrais l'aider vraiment .
Est-ce que vous pensez que je dois évoquer le trouble ( je ne suis pas Medecin ) ou simplement les orienter de manière implicite ?
Ce que je voudrais : qu'elle soit aménagée pendant sa scolarité, parce qu'elle est tout à fait capable de suivre, mais incapable d'écrire sans faute et que ses notes s'en ressentent dans toutes les matières malgré ses efforts surhumains depuis la rentrée .

Dans une certaine mesure, et a fortiori si cette jeune fille est une élève "sérieuse", les parents vont être "soulagés" d'entrevoir enfin une cause et donc une solution potentielle. A ta place, je leur dirais exactement ce que tu nous as expliqué : cela fait sans doute des années que vous constatez que votre fille a de grosses difficultés en orthographe, or elle a par ailleurs de grandes qualités (...) , j'ai voulu essayer d'en savoir plus, j'ai fait cela (...), et je me demande si votre fille ne souffre pas de dysorthographie, à laquelle on pourrait proposer différents remèdes (rééducation, aménagements...)...  Bien évidemment, je vous en parle avec toutes les réserves dues au fait que je ne suis pas spécialiste, mais j'ai vu d'autres cas similaires, et pour en avoir ou non confirmation, il faudrait consulter votre médecin traitant ou telle personne.  

Présenté sous cet angle, je ne vois pas comment les parents pourraient mal le prendre. Sauf si on le leur a déjà dit et qu'ils n'ont rien voulu entendre, mais dans ce cas ... ou bien ils resteront dans le déni, ou bien ils entendront enfin, et dans tous les cas tu auras fait ton travail fort consciencieusement (et même plus que beaucoup d'autres, je pense, et c'est tout à ton honneur).

Merci Rikki !

Rabelais, tu as fait un travail objectif (et conséquent ! chapeau). Présenté comme le suggère verdurette j'ai du mal à croire que des parents soucieux de la réussite de leur fille le prenne mal.
S'il s'agissait de la mienne je t'en serais infiniment reconnaissante.

Voici le dernier épisode.

http://ecritureparis.fr/pour-les-enseignants/articles/93-pourquoi-nos-eleves-ecrivent-ils-aussi-mal-episode-8

J'ai mis une petite conclusion à la fin, aussi, pour terminer l'affaire.

Le "c'est la faute aux écrans", je ne pouvais tout de même pas en faire l'économie, parce que bon, en fait, c'est aussi la faute aux écrans, quand même. Et aux idioties genre "Twictée", qui ne créent pas les bonnes connexions dans le cerveau des gosses. Mais je l'ai mis à la fin, parce que bon, c'est pas seulement ça. Loin de là.

Merci, encore une fois édifiant, et prêtant à réflexion.

Merci pour cette série, Rikki !

N'hésitez pas à relayer ici ou là.

La journaliste du Figaro qui devait faire un article, que même que c'était urgent et qu'il fallait tout laisser tomber pour lui répondre, là, maintenant, tout de suite, n'a finalement rien publié et ne daigne plus me répondre. Ça m'agace.

Je peux très bien concevoir qu'on ait un empêchement ou une actu ou je ne sais quoi, mais je trouve que la moindre des politesses serait juste d'en informer la personne concernée.

Du coup, je suis contrariée alors que je n'avais rien demandé au Figaro, à la base !

Rikki a écrit:La journaliste du Figaro qui devait faire un article, que même que c'était urgent et qu'il fallait tout laisser tomber pour lui répondre

MEP ?

Merci Rikki c'était vraiment enrichissant. Ton épisode 8 souligne tout à fait ce que je ne cesse de répéter à mes collègues qui se plaignent de ce que les élèves rechignent à écrire : ils n'écrivent plus qu'en classe, et c'est dramatique.
J'ai un souvenir de l'IEN de notre circonscription qui nous a regardées de haut ma collègue et moi lorsque nous avons proposé un échange épistolaire avec les classes de CM2. "Et quel outil utiliserez-vous ?" "Ben le stylo !" "Mais vous devrez bien un jour vous emparer du numérique"
Nos élèves ont écrit de très belles lettres et en ont reçu autant ... toutes écrites à la main !

Gryphe a écrit:

Rikki a écrit:La journaliste du Figaro qui devait faire un article, que même que c'était urgent et qu'il fallait tout laisser tomber pour lui répondre

MEP ?

Vi, vi. M'énerveuh.

lisontine a écrit:Merci Rikki c'était vraiment enrichissant. Ton épisode 8 souligne tout à fait ce que je ne cesse de répéter à mes collègues qui se plaignent de ce que les élèves rechignent à écrire : ils n'écrivent plus qu'en classe, et c'est dramatique.
J'ai un souvenir de l'IEN de notre circonscription qui nous a regardées de haut ma collègue et moi lorsque nous avons proposé un échange épistolaire avec les classes de CM2. "Et quel outil utiliserez-vous ?" "Ben le stylo !" "Mais vous devrez bien un jour vous emparer du numérique"
Nos élèves ont écrit de très belles lettres et en ont reçu autant ... toutes écrites à la main !

Voilà, il faudrait voir à s'emparer du numérique, parce que sinon, on voit bien que nos élèves risqueraient de vivre dans un monde sans écrans, et ça serait de notre faute. Une vraie urgence nationale.

C'est pour ça que plutôt qu'un plan cancer ou un plan handicap, il est grand temps de lancer enfin un vaste plan numérique, avec Facebook et Twitter pour tous dès la maternelle, pour lutter contre l'ignorance, les discriminations et le passéisme.

Rikki a écrit:

Gryphe a écrit:

Rikki a écrit:La journaliste du Figaro qui devait faire un article, que même que c'était urgent et qu'il fallait tout laisser tomber pour lui répondre

MEP ?

Vi, vi. M'énerveuh.

Comment tu as deviné, Gryphe?

Merci à Rikki pour tous ces articles. Je les conseillerai à mes collègues.
Une remarque sur les mots doux. Certains sont plus malveillants, mais je jubile intérieurement quand je récupère des mots avant Noël du style : "tu pu le caca"

merci Rikki, tout ça était passionnant et m'a conforté dans mes envies de faire écrire mes collégiens avec des stylos- en anglais. ( pareil pour nous: les aides pour trouver des correspondants étrangers ne concernent que des projets numériques- pas de place pour les simples échanges épistolaires...)

Rikki, pour la peinture aussi, vous préconisez de poser le poignet? Ma fille lève toujours le poignet et moi aussi en fait.

Ajupouet a écrit:Comment tu as deviné, Gryphe?

Fastoche ! "journaliste éducation figaro" dans Google.

capucine42 a écrit:Rikki, pour la peinture aussi, vous préconisez de poser le poignet? Ma fille lève toujours le poignet et moi aussi en fait.

Non, pas forcément. Si ce n'est pas de la préparation à l'écriture, pas de raison de poser le poignet. Je ne peins guère, je pense que le geste est très différent.