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- charlygpNiveau 9
Bonjour,
Je pense que nous sommes nombreux à aimer la langue et que, depuis le concours, nous perdons nos réflexes liés à l'analyse grammaticale complexe. Les cours en collège sont peu stimulants et la grammaire est souvent plis que basique face à des élèves qui peinent à relever des verbes ou des noms.
Afin d'exercer nos esprits, je souhaitais proposer un texte court par mois, sur ce topic, afin d'analyser un point grammatical spécifique comme au concours. Nous pouvons ici nous contenter des relevés et parfois, pour les cas limites, des justifications.
Cela nous permettra de discuter, de partager et de s'améliorer. Qu'en pensez-vous ?
Je pense que nous sommes nombreux à aimer la langue et que, depuis le concours, nous perdons nos réflexes liés à l'analyse grammaticale complexe. Les cours en collège sont peu stimulants et la grammaire est souvent plis que basique face à des élèves qui peinent à relever des verbes ou des noms.
Afin d'exercer nos esprits, je souhaitais proposer un texte court par mois, sur ce topic, afin d'analyser un point grammatical spécifique comme au concours. Nous pouvons ici nous contenter des relevés et parfois, pour les cas limites, des justifications.
Cela nous permettra de discuter, de partager et de s'améliorer. Qu'en pensez-vous ?
- GrypheMédiateur
On attend ton texte.
_________________
Τί ἐστιν ἀλήθεια ;
- charlygpNiveau 9
Je suis content de votre motivation. Je lance alors le premier texte avec l'étude de l'adverbe.
Francis Ponge, Le Parti pris des choses, 1942.
L'huître
L'huître, de la grosseur d'un galet moyen, est d'une apparence plus rugueuse, d'une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. C'est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on peut l'ouvrir : il faut alors la tenir au creux d'un torchon, se servir d'un couteau ébréché et peu franc, s'y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s'y coupent, s'y cassent les ongles : c'est un travail grossier. Les coups qu'on lui porte marquent son enveloppe de ronds blancs, d'une sorte de halos.
A l'intérieur l'on trouve tout un monde, à boire et à manger : sous un firmament (à proprement parler) de nacre, les cieux d'en dessus s'affaissent sur les cieux d'en dessous, pour ne plus former qu'une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l'odeur et à la vue, frangé d'une dentelle noirâtre sur les bords.
Parfois très rare une formule perle à leur gosier de nacre, d'où l'on trouve aussitôt à s'orner.
Francis Ponge, Le Parti pris des choses, 1942.
- miss sophieExpert spécialisé
Peux-tu expliciter la consigne ? Mon concours est loin... Une fois les adverbes relevés, quelle "étude" doit-on faire ?
- miss sophieExpert spécialisé
- relevé:
- En gras, les adverbes. Je n'ai pas relevé "en dessus" et "en dessous", ce sont sans doute des locutions adverbiales.L'huîtreL'huître, de la grosseur d'un galet moyen, est d'une apparence plus rugueuse, d'une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. C'est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on peut l'ouvrir : il faut alors la tenir au creux d'un torchon, se servir d'un couteau ébréché et peu franc, s'y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s'y coupent, s'y cassent les ongles : c'est un travail grossier. Les coups qu'on lui porte marquent son enveloppe de ronds blancs, d'une sorte de halos.A l'intérieur l'on trouve tout un monde, à boire et à manger : sous un firmament (à proprement parler) de nacre, les cieux d'en dessus s'affaissent sur les cieux d'en dessous, pour ne plus former qu'une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l'odeur et à la vue, frangé d'une dentelle noirâtre sur les bords.Parfois très rare une formule perle à leur gosier de nacre, d'où l'on trouve aussitôt à s'orner.
Francis Ponge, Le Parti pris des choses, 1942.
- charlygpNiveau 9
miss sophie a écrit:Peux-tu expliciter la consigne ? Mon concours est loin... Une fois les adverbes relevés, quelle "étude" doit-on faire ?
Je reprends la méthode proposée par l'ouvrage Questions de grammaire pour les concours (Calas) pour répondre à un sujet. Il faut :
- une introduction (peut-être facultative sur le forum) dont le rôle est de définir la (ou les) notion(s) contenue(s) dans le sujet, de fixer les bornes du sujet (en excluant, si nécessaire, certains cas) et de proposer une problématique linguistique. C'est la partie la plus générale du devoir qui fait appel à des connaissances théoriques de grammaire et de linguistique.
- un plan d'étude qui permet de rendre compte des occurrences de manière ordonnée. Il s'agit de la partie centrale du devoir. Il contient un relevé des occurrences exhaustif. Le relevé doit comporter un classement des occurrences qui fait apparaître des propriétés communes.
- une conclusion brève.
Fabyanaa, sur son site, proposait un plan pour les adverbes en guise d'exemple : http://www.chez.com/fabyanaa/Plan_adverbes_Christophe.doc
Tu peux expliquer les formations des adverbes, leur place dans la phrase, ce qu'ils modifient, leurs fonctions...
- ipomeeGuide spirituel
Bon, je me lance...
Pour définir ce qu’est un adverbe :
Je commencerai d’abord par classer l’adverbe dans les mots invariables. C'est le cas pour tous les adverbes de ce texte. seul l'adverbe tout (ainsi que seul) peut varier. Mais l'occurence tout de tout un monde est un adjectif indéfini, un déterminant.
Ensuite il est facultatif. On peut le supprimer : d’une apparence rugueuse […], blanchâtre.
Enfin il peut de définir par sa fonction, mais ce n’est pas satisfaisant car cela ne rend pas compte de l’ensemble de la catégorie grammaticale de l’adverbe.
On va donc essayer de parcourir quelques constructions syntaxiques de l’adverbe rencontrées dans le texte.
– l’adverbe de liaison reliant deux éléments à la manière d’une conjonction de coordination. ; Pourtant, on peut l’ouvrir. Il faut signaler qu’à la différence des conjonctions de coordination, les adverbes de liaison peuvent être précédés d’une conj. de coord. (mais pourtant), se combiner entre eux (pourtant en effet), se placer ailleurs qu’en tête de phase ou de proposition (on peut pourtant l’ouvrir)
– l’adverbe modicateur d’un adjectif, d’un nom (ou groupes) plus rugueuse, d'une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. Très rare. Peu franc . Plusieurs fois; un monde opiniâtrement clos Ces adverbes se placent devant le mot qu’ils déterminent, ici, devant des adjectifs ou participe (clos).Les adverbes plus, moins, très déterminent aussi un degré de l’adjectif (comparatif pour les deux premiers, superlatif pour le dernier). Les adverbes peu et plusieurs indiquent une quantité. Certains adverbes de quantité peuvent être substantivés. C’est le casdes adverbes de quantité comme peu et plusieurs. Il n’y a pas d’exemple dans le texte.
– Les négations dijsointes ne..plus et ne …que : pour ne plus former qu'une mare.
Ne.. plus est l’équivalent « de ne…pas », avec une nuance sémantique. Ne… que a un sens restrictif et équivalement de « uniquement, seulement».
– l’adverbe complément circonstanciel.
Il faudrait encore parler de la morphologie des adverbes, mais je m’arrête là pour l’instant.
D’ailleurs je ne sais pas non plus ce qui est demandé au concours.
Pour définir ce qu’est un adverbe :
Je commencerai d’abord par classer l’adverbe dans les mots invariables. C'est le cas pour tous les adverbes de ce texte. seul l'adverbe tout (ainsi que seul) peut varier. Mais l'occurence tout de tout un monde est un adjectif indéfini, un déterminant.
Ensuite il est facultatif. On peut le supprimer : d’une apparence rugueuse […], blanchâtre.
Enfin il peut de définir par sa fonction, mais ce n’est pas satisfaisant car cela ne rend pas compte de l’ensemble de la catégorie grammaticale de l’adverbe.
On va donc essayer de parcourir quelques constructions syntaxiques de l’adverbe rencontrées dans le texte.
– l’adverbe de liaison reliant deux éléments à la manière d’une conjonction de coordination. ; Pourtant, on peut l’ouvrir. Il faut signaler qu’à la différence des conjonctions de coordination, les adverbes de liaison peuvent être précédés d’une conj. de coord. (mais pourtant), se combiner entre eux (pourtant en effet), se placer ailleurs qu’en tête de phase ou de proposition (on peut pourtant l’ouvrir)
– l’adverbe modicateur d’un adjectif, d’un nom (ou groupes) plus rugueuse, d'une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. Très rare. Peu franc . Plusieurs fois; un monde opiniâtrement clos Ces adverbes se placent devant le mot qu’ils déterminent, ici, devant des adjectifs ou participe (clos).Les adverbes plus, moins, très déterminent aussi un degré de l’adjectif (comparatif pour les deux premiers, superlatif pour le dernier). Les adverbes peu et plusieurs indiquent une quantité. Certains adverbes de quantité peuvent être substantivés. C’est le casdes adverbes de quantité comme peu et plusieurs. Il n’y a pas d’exemple dans le texte.
– Les négations dijsointes ne..plus et ne …que : pour ne plus former qu'une mare.
Ne.. plus est l’équivalent « de ne…pas », avec une nuance sémantique. Ne… que a un sens restrictif et équivalement de « uniquement, seulement».
– l’adverbe complément circonstanciel.
- s'y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s'y coupent, s'y cassent les ongles : Il s’agit ici sémantiquement d’un CC de lieu.Les adverbes en et y, qui sont d’anciens adverbes de lieu (latin inde et ibi) fonctionnent aussi comme des pronoms personnels ( par exemple : « je m’en souviens, j’y pense »), c’est pourquoi on les appelle aussi pronoms adverbiaux.
- où est un adverbe de lieu, interrogatif ou relatif, commei ici :d'où l'on trouve aussitôt à s’orner. Son antécedent est perle. Il est également CC lieu.
- les cieux d'en dessus s'affaissent sur les cieux d'en dessous,. Ces deux locutions (qui peuvent aussi être des prépositions ) sont également des adverbes de lieu, mais ici substantivés car ils sont les Comp du nom cieux.
- d'où l'on trouve aussitôt à s’orner; il faut alors la tenir.; Parfois très rare. Ces trois adverbes sont CC de temps.
- à proprement parler. C’est un comp. circ. de manière. Généralement les adverbes en -ment sont appelés adverbes de manière, même s’ils ne sont pas toujours CC. (voir les 2 exemples plus haut).
Il faudrait encore parler de la morphologie des adverbes, mais je m’arrête là pour l’instant.
D’ailleurs je ne sais pas non plus ce qui est demandé au concours.
- miss sophieExpert spécialisé
Ok pour la consigne.
Puisqu'ipomee s'est lancée, je vais d'abord rebondir sur ce qu'elle propose.
D'abord, "plusieurs" est un déterminant (adjectif indéfini) et non un adverbe.
plus, moins, très, peu : adverbes d'intensité.
J'avais analysé les "y" comme des pronoms ; les 2e et 3e occurrences sont peut-être bien adverbes de lieu, mais pour la première ("s'y reprendre"), il me semble que non ; le problème est que "s'y reprendre à plusieurs fois" est une expression toute faite.
Je n'avais jamais entendu parler d'adverbe relatif mais je m'aperçois que mon Petit Robert l'indique comme classe possible de "où". Quelqu'un peut m'expliquer ?
Morphologie : la plupart des adverbes se forment à partir d'un adjectif qualificatif au féminin auquel s'ajoute le suffixe -ment (c'est le cas de "proprement", "opiniâtrement"). Les adjectifs qualificatifs en -ant ou -ent donnent lieu à une formation particulière d'adverbes en -amment, -emment : c'est le cas de "brillamment".
Puisqu'ipomee s'est lancée, je vais d'abord rebondir sur ce qu'elle propose.
D'abord, "plusieurs" est un déterminant (adjectif indéfini) et non un adverbe.
plus, moins, très, peu : adverbes d'intensité.
J'avais analysé les "y" comme des pronoms ; les 2e et 3e occurrences sont peut-être bien adverbes de lieu, mais pour la première ("s'y reprendre"), il me semble que non ; le problème est que "s'y reprendre à plusieurs fois" est une expression toute faite.
Je n'avais jamais entendu parler d'adverbe relatif mais je m'aperçois que mon Petit Robert l'indique comme classe possible de "où". Quelqu'un peut m'expliquer ?
Morphologie : la plupart des adverbes se forment à partir d'un adjectif qualificatif au féminin auquel s'ajoute le suffixe -ment (c'est le cas de "proprement", "opiniâtrement"). Les adjectifs qualificatifs en -ant ou -ent donnent lieu à une formation particulière d'adverbes en -amment, -emment : c'est le cas de "brillamment".
- ipomeeGuide spirituel
Oups, Miss Sophie, plusieurs est en effet un déterminant. Où avis-je la tête ?
Pour s'y reprendre, ok avec toi. Je suis allée trop vite.
Pour s'y reprendre, ok avec toi. Je suis allée trop vite.
- ipomeeGuide spirituel
Pour ce qui est de la morphologie, il faudrait aussi parler du -s adverbial. Il existe étymologiquement dans bon nombre d'adverbes (comme ici dans plus et moins (latin plus et minus). Il a été ajouté au moyen âge à certains adverbes et prépositions (sans, issu de sine). C'est le cas ici pour alors (issu de illa hora)
- User14996Niveau 10
Les adverbes forment une catégorie dite résiduelle où l’on range les termes invariables qui ne sont ni des prépositions, ni des conjonctions, ni des interjections. Elle réunit des formes hétérogènes et polyfonctionnelles.
Du point de vue morphologique, la classe des adverbes rassemble des mots en –ment dérivés d’ajectifs, des mots issus du latin, des locutions adverbiales, etc.
L’adverbe se caractérise par son caractère non transitif, suppressible (contrairement à la préposition et à la conjonction) et peut être incident à différents éléments de la phrase ou constituer une phrase ; contrairement à ce que laisse penser la dénomination d’adverbe, il n’est pas exclusivement modifieur du verbe.
1) Adverbes en position intraprédicative (intégrés, en position de groupe fonctionnel).
1.1 Adv. incidents à un verbe : complément périphérique (facultatif, mobile dans les limites du GV) : « (à) proprement (parler) » (adverbe dit de manière).
1.2 Adv. incidents à un adjectif ou à un adverbe : adv. de degré : degré de comparaison (« plus (rugueuse) », « moins (unie) »), degré d’intensité (« très (rare) ») « peu (unie) », « brillamment (blanchâtre) », « opiniâtrement (clos) »)
1.3 Adverbes incidents à une phrase :
1.3.1 « emploi scénique » : « alors », « à l’intérieur » (groupe prépositionnel en emploi adverbial), « parfois », « aussitôt »
1.3.2 Négation : locution discontinue « ne… plus… que » (« ne » discordantiel, « plus » forclusif, adverbe semi-négatif, « que » adverbe intégratif introduisant un élément échappant au champ de la négation).
2. Adverbes en position extraprédicative : non intégrés à la phrase.
Adv. de commentaire énonciatif : "à proprement parler" (locution figée, souvent analysée comme adverbialisée).
Adv. de liaison(connecteurs) et de balisage textuel : « pourtant » (articulation logique, orientation argumentative négative).
3. En marge de l’étude : transfert dans une autre classe grammaticale.
Transfert dans une autre classe grammaticale : « d’en dessus » « d’en dessous » CDN de « les cieux ».
Cas problématique : « Y », d’origine adverbiale, équivalent fonctionnel d’un pronom, amalgamant une préposition et la forme complément d’un pronom de troisième personne (« s’y coupent », « s’y cassent les ongles » : « y » = « sur elle »).
Du point de vue morphologique, la classe des adverbes rassemble des mots en –ment dérivés d’ajectifs, des mots issus du latin, des locutions adverbiales, etc.
L’adverbe se caractérise par son caractère non transitif, suppressible (contrairement à la préposition et à la conjonction) et peut être incident à différents éléments de la phrase ou constituer une phrase ; contrairement à ce que laisse penser la dénomination d’adverbe, il n’est pas exclusivement modifieur du verbe.
1) Adverbes en position intraprédicative (intégrés, en position de groupe fonctionnel).
1.1 Adv. incidents à un verbe : complément périphérique (facultatif, mobile dans les limites du GV) : « (à) proprement (parler) » (adverbe dit de manière).
1.2 Adv. incidents à un adjectif ou à un adverbe : adv. de degré : degré de comparaison (« plus (rugueuse) », « moins (unie) »), degré d’intensité (« très (rare) ») « peu (unie) », « brillamment (blanchâtre) », « opiniâtrement (clos) »)
1.3 Adverbes incidents à une phrase :
1.3.1 « emploi scénique » : « alors », « à l’intérieur » (groupe prépositionnel en emploi adverbial), « parfois », « aussitôt »
1.3.2 Négation : locution discontinue « ne… plus… que » (« ne » discordantiel, « plus » forclusif, adverbe semi-négatif, « que » adverbe intégratif introduisant un élément échappant au champ de la négation).
2. Adverbes en position extraprédicative : non intégrés à la phrase.
Adv. de commentaire énonciatif : "à proprement parler" (locution figée, souvent analysée comme adverbialisée).
Adv. de liaison(connecteurs) et de balisage textuel : « pourtant » (articulation logique, orientation argumentative négative).
3. En marge de l’étude : transfert dans une autre classe grammaticale.
Transfert dans une autre classe grammaticale : « d’en dessus » « d’en dessous » CDN de « les cieux ».
Cas problématique : « Y », d’origine adverbiale, équivalent fonctionnel d’un pronom, amalgamant une préposition et la forme complément d’un pronom de troisième personne (« s’y coupent », « s’y cassent les ongles » : « y » = « sur elle »).
- charlygpNiveau 9
L'huître
L'huître, de la grosseur d'un galet moyen, est d'une apparence plus rugueuse, d'une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. C'est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on peut l'ouvrir : il faut alors la tenir au creux d'un torchon, se servir d'un couteau ébréché et peu franc, s'y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s'y coupent, s'y cassent les ongles : c'est un travail grossier. Les coups qu'on lui porte marquent son enveloppe de ronds blancs, d'une sorte de halos.
A l'intérieur l'on trouve tout un monde, à boire et à manger : sous un firmament (à proprement parler) de nacre, les cieux d'en dessus s'affaissent sur les cieux d'en dessous, pour ne plus former qu'une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l'odeur et à la vue, frangé d'une dentelle noirâtre sur les bords.
Parfois très rare une formule perle à leur gosier de nacre, d'où l'on trouve aussitôt à s'orner.
Francis Ponge, Le Parti pris des choses, 1942.
Introduction :
- - Catégorie résiduelle dans laquelle on range traditionnellement les termes invariables qui ne sont ni des conjonctions ni des interjections. Appelés aussi « pervers polymorphes » par Goes.
- - Adverbes = mots invariables sauf « tout » et « seul ».
- - Généralement facultatif.
- - Dépendance syntaxique de l’adverbe par rapport à un autre élément de la phrase ou par rapport à la phrase elle-même.
- - L’adverbe peut être l’ajout à un verbe, à un adjectif, à un autre adverbe, à une préposition ou à une conjonction de subordination, à des déterminants quantificateurs ou à des noms et à des pronoms.
- - Ils peuvent jouer le rôle de connecteur logique.
- / !\ La position de certains adverbes modifient leur sens.
Le plan suit le point d’incidence de l’adverbe.
I. L’adverbe modifie un adjectif
« plus rugueuse » ; « moins unie », brillamment blanchâtre », « opiniâtrement clos », « peu franc », « très rare ».
Les adverbes indiquent ici des variations d’intensité, de degrés des adjectifs (sauf les deux adverbes « brillamment » et « opiniâtrement » qui modifient juste le sens de l’adjectif). Il s’agit donc d’adverbes d’intensité.
II. L’adverbe modifie un nom
- « les cieux d’en-dessus » ; « les cieux d’en-dessous » : les deux adverbes forment, avec la préposition, un groupe prépositionnel, CDN du nom « cieux ». L’effacement reste possible : on a une phrase grammaticale mais sémantiquement étrange.
III. L’adverbe modifie un verbe
- « il faut alors la tenir au creux d’un torchon » : modification du sens du verbe impersonnel « falloir ». Placé après le verbe, l’adverbe prend le sens de « donc ». Position syntaxique marque une certaine oralité du discours. Effacement possible mais mobilité très réduite / difficile.
- « on trouve aussitôt à s’orner » : adverbe mobile dans les limites du groupe verbal.
- « pour ne plus former que » : tournure littéraire de la négation. Normalement, on aurait eu : « pour ne former plus qu’une mare ». On a une négation anticipante qui manifeste l'ambiguïté du statut de l’information. Portée restrictive de l’action est exprimée.
IV. L’adverbe modifie la phrase
- « pourtant on peut l’ouvrir » : l’adverbe fonctionne comme un adversatif.
- « parfois … une formule perle à leur gosier » : l’adverbe fonctionne comme un C.C. de temps.
V. Cas délicats
- « à proprement parler » : adverbe en –ment < adjectif épicène propre. Ici on a une locution verbale. La question de la modification, avec les parenthèses, pose problème.
- « d’où l’on trouve aussitôt à s’orner » : pronom adverbial, CC lieu qui renvoie à « leur gosier de nacre » ou « formule ». Relative déterminative avec remplacement par « avec laquelle » ? « où » est ici un pronom relatif.
- charlygpNiveau 9
ipomee a écrit:– Les négations dijsointes ne..plus et ne …que : pour ne plus former qu'une mare.
Ne.. plus est l’équivalent « de ne…pas », avec une nuance sémantique. Ne… que a un sens restrictif et équivalement de « uniquement, seulement».
Ici, les éléments de la négation sont joints et constituent une forme littéraire peu commune. Tu distingues ne ... plus et ne ... que mais il faudrait analyser le groupe "ne plus ... que" je crois.
- pailleauquebecFidèle du forum
Pour réviser ma grammaire (je suis prof de maths, mais j'aide ma fille en 6e), j'ai lu le précis d'analyse grammaticale de Cécile Réveret pendant les vacances, et je me suis régalé.
http://www.instruire.fr/WD160AWP/WD160Awp.exe/CONNECT/Grip_1?_WWREFERER_=https%3A//www.google.fr/&_WWNATION_=5&_WW1STPAGE_=PAGE_OuvrageListe&CodeOuvrage=FORM-GRAM1
J'ai compris des points essentiels à côté desquels j'étais passé.
Et j'ai aussi compris pourquoi je ne les avais pas compris (mis à part le fait qu'à l'époque j'étais un adolescent boutonneux et crétin) : Elle explique bien les principaux pièges de l'enseignement de la grammaire.
Quel plaisir de lire un cours de grammaire cohérent, précis et limpide.
http://www.instruire.fr/WD160AWP/WD160Awp.exe/CONNECT/Grip_1?_WWREFERER_=https%3A//www.google.fr/&_WWNATION_=5&_WW1STPAGE_=PAGE_OuvrageListe&CodeOuvrage=FORM-GRAM1
J'ai compris des points essentiels à côté desquels j'étais passé.
Et j'ai aussi compris pourquoi je ne les avais pas compris (mis à part le fait qu'à l'époque j'étais un adolescent boutonneux et crétin) : Elle explique bien les principaux pièges de l'enseignement de la grammaire.
Quel plaisir de lire un cours de grammaire cohérent, précis et limpide.
- charlygpNiveau 9
ipomee a écrit:Pour ce qui est de la morphologie, il faudrait aussi parler du -s adverbial. Il existe étymologiquement dans bon nombre d'adverbes (comme ici dans plus et moins (latin plus et minus). Il a été ajouté au moyen âge à certains adverbes et prépositions (sans, issu de sine). C'est le cas ici pour alors (issu de illa hora)
Ce n'est généralement pas attendu dans la question orale du concours. Cependant, cela peut être étudié en orthographe, à l'écrit. C'est une partie qui m'intéresserait aussi. Rien ne nous empêche de nous entraîner aussi. Quels sont les mots du texte que tu proposerais pour une étude morphologique ?
- ipomeeGuide spirituel
J'ai évoqué les mots du texte. Je ne crois pas qu'il y en ait d'autres.
- charlygpNiveau 9
Je remonte aussi le topic pour tenter d'élucider quelques points encore du sujet :
- "à proprement parler" : tous n'ont pas compté cela comme une locution adverbiale. Y-a-t-il des raisons à cela ? Comme c'est une locution figée, je pense qu'elle prend la valeur d'un adverbe...
- le statut de la négation dans "pour ne plus former qu'une mare". Analyse-t-on "ne plus" ... "que" ou "ne" ... plus" et "ne"..."que" ?
- le statut des "y" dans le texte. Ça, je m'y attarderai en fin de journée.
- "à proprement parler" : tous n'ont pas compté cela comme une locution adverbiale. Y-a-t-il des raisons à cela ? Comme c'est une locution figée, je pense qu'elle prend la valeur d'un adverbe...
- le statut de la négation dans "pour ne plus former qu'une mare". Analyse-t-on "ne plus" ... "que" ou "ne" ... plus" et "ne"..."que" ?
- le statut des "y" dans le texte. Ça, je m'y attarderai en fin de journée.
- charlygpNiveau 9
DECEMBRE 2016 - Les subordonnées
Swann demanda à faire la connaissance de tout le monde, même d'un vieil ami des Verdurin, Saniette, à qui sa timidité, sa simplicité et son bon coeur avaient fait perdre partout la considération que lui avaient value sa science d'archiviste, sa grosse fortune, et la famille distinguée dont il sortait. Il avait dans la bouche, en parlant, une bouillie qui était adorable parce qu'on sentait qu'elle trahissait moins un défaut de la langue qu'une qualité de l'âme, comme un reste de l'innocence du premier âge qu'il n'avait jamais perdue. Toutes les consonnes qu'il ne pouvait prononcer figuraient comme autant de duretés dont il était incapable. En demandant à être présenté à M. Saniette, Swann fit à Mme Verdurin l'effet de renverser les rôles (au point qu'en réponse, elle dit en insistant sur la différence: "Monsieur Swann, voudriez-vous avoir la bonté de me permettre de vous présenter notre ami Saniette"), mais excita chez Saniette une sympathie ardente que d'ailleurs les Verdurin ne révélèrent jamais à Swann, car Saniette les agaçait un peu et ils ne tenaient pas à lui faire des amis.
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