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- verdurinHabitué du forum
On peut se demander si, en ce qui concerne l'école, cette discrimination ne serait pas une discrimination de classe sociale plutôt qu'une discrimination raciale.Chamil a écrit:Jane a écrit:
Je peux néanmoins comprendre le sentiment de discrimination; en effet, les élèves issus des "quartiers" comme il est de bon ton de les appeler, qui cumulent échec scolaire, difficultés sociales souvent, carences éducatives parfois, impression d'être à la jonction de deux mondes (celui de leurs origines et celui dans lequel ils vivent) tout en n'étant nulle part chez soi et qui se sentent abandonnés par la république n'ont finalement que deux alternatives: soit s'en sortir, soit accuser les autres de ne pas pouvoir s'en sortir.
Enfin, il y a aussi le racisme dont nous, profs, sommes les victimes de la part de nos élèves... Et que la demoiselle évince.
La discrimination n'est pas qu'un sentiment en France, c'est une réalité massive montrée par les (rares) études sur le sujet:
http://www.lemonde.fr/emploi/article/2016/12/13/discriminations-a-l-embauche-une-etude-severe-pour-les-grandes-entreprises-francaises_5047845_1698637.html
http://www.parisschoolofeconomics.eu/fr/actualites/marie-anne-valfort-oui-les-musulmans-sont-discrimines-en-france-oui-des-solutions-existent/#MEDIA
Quant à expliquer que les discriminés sont (un peu) responsables des discriminations, c'est moralement et techniquement le même raisonnement qui explique que les femmes violées l'ont (un peu) cherché. C'est assez inquiétant qu'un(e) fonctionnaire, une position qui constitue une circonstance aggravante en cas de délit de discrimination soit dit en passant, puisse tenir un tel discours.
https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?id=JORFTEXT000000864827
Mais c'est un sujet qui n'intéresse plus personne, et surtout pas les sociologues de l'éducation.
- DanskaProphète
verdurin a écrit:On peut se demander si, en ce qui concerne l'école, cette discrimination ne serait pas une discrimination de classe sociale plutôt qu'une discrimination raciale.Chamil a écrit:Jane a écrit:
Je peux néanmoins comprendre le sentiment de discrimination; en effet, les élèves issus des "quartiers" comme il est de bon ton de les appeler, qui cumulent échec scolaire, difficultés sociales souvent, carences éducatives parfois, impression d'être à la jonction de deux mondes (celui de leurs origines et celui dans lequel ils vivent) tout en n'étant nulle part chez soi et qui se sentent abandonnés par la république n'ont finalement que deux alternatives: soit s'en sortir, soit accuser les autres de ne pas pouvoir s'en sortir.
Enfin, il y a aussi le racisme dont nous, profs, sommes les victimes de la part de nos élèves... Et que la demoiselle évince.
La discrimination n'est pas qu'un sentiment en France, c'est une réalité massive montrée par les (rares) études sur le sujet:
http://www.lemonde.fr/emploi/article/2016/12/13/discriminations-a-l-embauche-une-etude-severe-pour-les-grandes-entreprises-francaises_5047845_1698637.html
http://www.parisschoolofeconomics.eu/fr/actualites/marie-anne-valfort-oui-les-musulmans-sont-discrimines-en-france-oui-des-solutions-existent/#MEDIA
Quant à expliquer que les discriminés sont (un peu) responsables des discriminations, c'est moralement et techniquement le même raisonnement qui explique que les femmes violées l'ont (un peu) cherché. C'est assez inquiétant qu'un(e) fonctionnaire, une position qui constitue une circonstance aggravante en cas de délit de discrimination soit dit en passant, puisse tenir un tel discours.
https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?id=JORFTEXT000000864827
Mais c'est un sujet qui n'intéresse plus personne, et surtout pas les sociologues de l'éducation.
N'exagérons rien, c'est un sujet tellement rebattu qu'il est même largement sorti des sphères de la sociologie ! On manque d'auteurs, de chercheurs pour prendre le problème à bras-le-corps aujourd'hui, ainsi que d'un gouvernement prêt à appliquer des mesures concrètes et efficaces. Mais que le sujet n'intéresse personne, ça va un peu loin...
- Ramanujan974Érudit
Hélène Seingier, du Monde a écrit:Sarah, jeune Parisienne studieuse originaire du Maghreb, avait des notes moyennes en seconde, et une grande envie de poursuivre vers le droit, via un bac général. Pourtant, au conseil de classe de fin d'année, le verdict tombe : ce sera une première technologique pour elle, alors que ses amies qui ont des notes similaires partent vers la voie générale et une filière littéraire.
Moi, c'est ce passage qui m'énerve :
- dénigrement de la filière techno : si on fait STMG, forcément c'est pas bien. C'est vrai que le bac L a la cote, en ce moment...
- dénigrement de l'avis des enseignants : quand on a 10 de moyenne en 2de, il n'est pas raisonnable d'aller en voie générale, c'est souvent le casse-pipe. Pour une fois que des parents suivent nos recommandations. Après on va encore dire qu'ils ne sont pas informés, tout ça..., alors que les parents bien blancs viennent pleurer dans le bureau du proviseur pour laisser passer Kevin en ES, sachant qu'il aura 8 de moyenne et qu'il va nous emmerder.
Bref..
- JaneMonarque
Chamil a écrit:Jane a écrit:
Je peux néanmoins comprendre le sentiment de discrimination; en effet, les élèves issus des "quartiers" comme il est de bon ton de les appeler, qui cumulent échec scolaire, difficultés sociales souvent, carences éducatives parfois, impression d'être à la jonction de deux mondes (celui de leurs origines et celui dans lequel ils vivent) tout en n'étant nulle part chez soi et qui se sentent abandonnés par la république n'ont finalement que deux alternatives: soit s'en sortir, soit accuser les autres de ne pas pouvoir s'en sortir.
Enfin, il y a aussi le racisme dont nous, profs, sommes les victimes de la part de nos élèves... Et que la demoiselle évince.
La discrimination n'est pas qu'un sentiment en France, c'est une réalité massive montrée par les (rares) études sur le sujet:
http://www.lemonde.fr/emploi/article/2016/12/13/discriminations-a-l-embauche-une-etude-severe-pour-les-grandes-entreprises-francaises_5047845_1698637.html
http://www.parisschoolofeconomics.eu/fr/actualites/marie-anne-valfort-oui-les-musulmans-sont-discrimines-en-france-oui-des-solutions-existent/#MEDIA
Quant à expliquer que les discriminés sont (un peu) responsables des discriminations, c'est moralement et techniquement le même raisonnement qui explique que les femmes violées l'ont (un peu) cherché. C'est assez inquiétant qu'un(e) fonctionnaire, une position qui constitue une circonstance aggravante en cas de délit de discrimination soit dit en passant, puisse tenir un tel discours.
https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?id=JORFTEXT000000864827
Euh, je ne me reconnais absolument pas dans ce discours
Pour revenir sur mon propos: ai-je dit que le sentiment de discrimination était infondé ?
_________________
"Il n'est pas une vérité qui ne porte avec elle son amertume." (A. Camus)
- Patience et raisonFidèle du forum
verdurin a écrit: On peut se demander si, en ce qui concerne l'école, cette discrimination ne serait pas une discrimination de classe sociale plutôt qu'une discrimination raciale.
Mais c'est un sujet qui n'intéresse plus personne, et surtout pas les sociologues de l'éducation.
Je plussoie. De la même manière, j'avais demandé à un chercheur (G. Kepel pour ne pas le nommer) pourquoi il n'avait écrit (des livres grand public j'entends) "que" sur les populations "arabo-musulmanes" (terme que j'utilise par défaut) de CSP-- (pour résumé les immigrés maghrébins ouvriers de première génération et suivantes), sans étudier (ou du moins faire référence) par exemple l'immigration "libano-syrienne" qui a "produit" des enseignants, des chercheurs (et même des enseignants-chercheurs), des médecins... Entre ces deux "groupes", le sentiments de discrimination n'est pas le même, à mon humble avis.
- User17706Bon génie
Il faut quand même donner raison à Chamil sur un point: il est difficile d'aborder ici (et ailleurs) le sujet des discriminations, parce que chacun se sent personnellement accusé, comme si c'était le propos. Nous avons des données qui suggèrent tout à fait suffisamment que les élèves globalement sont l'objet d'au moins trois types de discrimination (suivant le sexe, suivant la csp, et suivant l'origine ethnique), ce qui ne revient absolument pas à attribuer à quelque individu que ce soit sexisme, haine des pauvres ou racisme. Mais comme la première des deux questions est immédiatement traduite dans les termes de la seconde, elle déclenche infailliblement une levée de boucliers qui aboutit à tuer la discussion dans l'oeuf.
- ChamilNiveau 9
verdurin a écrit:
On peut se demander si, en ce qui concerne l'école, cette discrimination ne serait pas une discrimination de classe sociale plutôt qu'une discrimination raciale.
Mais c'est un sujet qui n'intéresse plus personne, et surtout pas les sociologues de l'éducation.
Les inégalités sociales ne sont pas réductibles aux discriminations et vice et versa. On voit bien que les résultats scolaires des enfants d'immigrés ne sont pas équivalents aux enfants de Français même à milieu socio-économique équivalent (cf. enquête TEO), d'ailleurs pas toujours en faveur des seconds.
Quant au reste, vous avez raison pour la production sociologique jusqu'aux années 2000: les discriminations étaient peu abordée. Le GELD, les frères Fassin, Daniel Borillo et Didier Eribon ont notamment rompu avec ce relatif silence. C'est moins vrai aujourd'hui tant les sciences sociales se réorientent sur les minorités ethniques et sexuelles, notamment par le biais des discriminations (au détriment peut-être de la classe sociale précisément: raréfaction des travaux sur le monde ouvrier par exemple).
- ChamilNiveau 9
Jane a écrit:Chamil a écrit:Jane a écrit:
Je peux néanmoins comprendre le sentiment de discrimination; en effet, les élèves issus des "quartiers" comme il est de bon ton de les appeler, qui cumulent échec scolaire, difficultés sociales souvent, carences éducatives parfois, impression d'être à la jonction de deux mondes (celui de leurs origines et celui dans lequel ils vivent) tout en n'étant nulle part chez soi et qui se sentent abandonnés par la république n'ont finalement que deux alternatives: soit s'en sortir, soit accuser les autres de ne pas pouvoir s'en sortir.
Enfin, il y a aussi le racisme dont nous, profs, sommes les victimes de la part de nos élèves... Et que la demoiselle évince.
La discrimination n'est pas qu'un sentiment en France, c'est une réalité massive montrée par les (rares) études sur le sujet:
http://www.lemonde.fr/emploi/article/2016/12/13/discriminations-a-l-embauche-une-etude-severe-pour-les-grandes-entreprises-francaises_5047845_1698637.html
http://www.parisschoolofeconomics.eu/fr/actualites/marie-anne-valfort-oui-les-musulmans-sont-discrimines-en-france-oui-des-solutions-existent/#MEDIA
Quant à expliquer que les discriminés sont (un peu) responsables des discriminations, c'est moralement et techniquement le même raisonnement qui explique que les femmes violées l'ont (un peu) cherché. C'est assez inquiétant qu'un(e) fonctionnaire, une position qui constitue une circonstance aggravante en cas de délit de discrimination soit dit en passant, puisse tenir un tel discours.
https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?id=JORFTEXT000000864827
Euh, je ne me reconnais absolument pas dans ce discours
Pour revenir sur mon propos: ai-je dit que le sentiment de discrimination était infondé ?
Je vous prie de m'excuser dans ce cas. Votre phrase " (ils) n'ont finalement que deux alternatives: soit s'en sortir, soit accuser les autres de ne pas pouvoir s'en sortir", semblait en effet ignorer que même si on veut s'en sortir, on peut rencontrer aisément des phénomènes discriminatoires. Ce qui constitue au moins une troisième alternative.
- ChamilNiveau 9
Hervé Hervé a écrit:Chamil a écrit:
La discrimination n'est pas qu'un sentiment en France, c'est une réalité massive montrée par les (rares) études sur le sujet:
Et si des fainéants et autres glandeurs s'en servent comme prétexte (ce qui est très courant) ça n'enlève rien à la réalité du fait (même si la discrimination est souvent inconsciente en tous cas dans l'Éducation nationale).
On n'a par ailleurs aucune preuve que les gens qui se disent faussement victimes de discrimination soient un cas très "courant".
- JaneMonarque
Chamil a écrit:Jane a écrit:Chamil a écrit:Jane a écrit:
Je peux néanmoins comprendre le sentiment de discrimination; en effet, les élèves issus des "quartiers" comme il est de bon ton de les appeler, qui cumulent échec scolaire, difficultés sociales souvent, carences éducatives parfois, impression d'être à la jonction de deux mondes (celui de leurs origines et celui dans lequel ils vivent) tout en n'étant nulle part chez soi et qui se sentent abandonnés par la république n'ont finalement que deux alternatives: soit s'en sortir, soit accuser les autres de ne pas pouvoir s'en sortir.
Enfin, il y a aussi le racisme dont nous, profs, sommes les victimes de la part de nos élèves... Et que la demoiselle évince.
La discrimination n'est pas qu'un sentiment en France, c'est une réalité massive montrée par les (rares) études sur le sujet:
http://www.lemonde.fr/emploi/article/2016/12/13/discriminations-a-l-embauche-une-etude-severe-pour-les-grandes-entreprises-francaises_5047845_1698637.html
http://www.parisschoolofeconomics.eu/fr/actualites/marie-anne-valfort-oui-les-musulmans-sont-discrimines-en-france-oui-des-solutions-existent/#MEDIA
Quant à expliquer que les discriminés sont (un peu) responsables des discriminations, c'est moralement et techniquement le même raisonnement qui explique que les femmes violées l'ont (un peu) cherché. C'est assez inquiétant qu'un(e) fonctionnaire, une position qui constitue une circonstance aggravante en cas de délit de discrimination soit dit en passant, puisse tenir un tel discours.
https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?id=JORFTEXT000000864827
Euh, je ne me reconnais absolument pas dans ce discours
Pour revenir sur mon propos: ai-je dit que le sentiment de discrimination était infondé ?
Je vous prie de m'excuser dans ce cas. Votre phrase " (ils) n'ont finalement que deux alternatives: soit s'en sortir, soit accuser les autres de ne pas pouvoir s'en sortir", semblait en effet ignorer que même si on veut s'en sortir, on peut rencontrer aisément des phénomènes discriminatoires. Ce qui constitue au moins une troisième alternative.
Non parce que j'ai failli me fâcher
"S'en sortir" ne signifiait pas que cela se faisait forcément aisément. Deux postures pour moi; soit s'en sortir, ne pas baisser les bras, quelles que soient les difficultés rencontrées, soit ne pas s'en sortir, ne pas faire l'effort d'essayer de s'en sortir, en se réfugiant derrière l'alibi de la discrimination. Ça m'apprendra à tout détailler
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"Il n'est pas une vérité qui ne porte avec elle son amertume." (A. Camus)
- Hervé HervéFidèle du forum
Chamil a écrit:Hervé Hervé a écrit:Chamil a écrit:
La discrimination n'est pas qu'un sentiment en France, c'est une réalité massive montrée par les (rares) études sur le sujet:
Et si des fainéants et autres glandeurs s'en servent comme prétexte (ce qui est très courant) ça n'enlève rien à la réalité du fait (même si la discrimination est souvent inconsciente en tous cas dans l'Éducation nationale).
On n'a par ailleurs aucune preuve que les gens qui se disent faussement victimes de discrimination soient un cas très "courant".
Ce que je voulais dire c'est que j'ai parfois/souvent des élèves qui utilisent - à tort bien sûr - cet argument avec moi.
Alors parfois, très courant, c'est relatif, mais la situation existe.
Et la discrimination lors de la recherche de stage est évidente quand on suit un peu ses élèves (y compris pour les stagiaires du GRETA, un stagiaire a dû contacter plus de 80 entreprises (chiffres et méthode d'appel vérifiés)).
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« Et je demande aux économistes politiques, aux moralistes, s’ils ont déjà calculé le nombre d’individus qu’il est nécessaire de condamner à la misère, à un travail disproportionné, au découragement, à l’infantilisation, à une ignorance crapuleuse, à une détresse invincible, à la pénurie absolue, pour produire un riche ? » (Almeida Garrett cité parJosé Saramago).
- ChamilNiveau 9
Hervé Hervé a écrit:
Ce que je voulais dire c'est que j'ai parfois/souvent des élèves qui utilisent - à tort bien sûr - cet argument avec moi.
Alors parfois, très courant, c'est relatif, mais la situation existe.
Et la discrimination lors de la recherche de stage est évidente quand on suit un peu ses élèves (y compris pour les stagiaires du GRETA, un stagiaire a dû contacter plus de 80 entreprises (chiffres et méthode d'appel vérifiés)).
La discrimination aux stages a en effet été documentée (cf. travaux de Fabrice Dhume et rapport de l'IG).
http://www.lalettredeleducation.fr/Fabrice-Dhume-Sonzogni-Les.html
Mais son évocation plus aisée a pour avantage d'externaliser les discriminations hors de l'EN. Les enseignants participent directement à l'évaluation, la vie scolaire et l'orientation, trois points où hélas il semble qu'il y ait aussi des pratiques discriminatoires. Qu'on ne peut nullement rejeter sur les entreprises là.
- ChamilNiveau 9
Jane a écrit:
Non parce que j'ai failli me fâcher
"S'en sortir" ne signifiait pas que cela se faisait forcément aisément. Deux postures pour moi; soit s'en sortir, ne pas baisser les bras, quelles que soient les difficultés rencontrées, soit ne pas s'en sortir, ne pas faire l'effort d'essayer de s'en sortir, en se réfugiant derrière l'alibi de la discrimination. Ça m'apprendra à tout détailler
Quand on se prend une discrimination systémique dans la figure, on peut faire tous les efforts possibles (voire même à la mesure des efforts fournis), on est renvoyé à la situation de discriminé. Ce n'est pas un simple "alibi" que d'avoir moins accès que d'autres à l'emploi, au logement, aux loisirs, à la justice, etc...
- User17706Bon génie
Oui, on oublie un peu vite que la discrimination comme alibi ne « fonctionne » (et n'est même disponible comme alibi aux yeux même de celui qui entend s'en servir de mauvaise foi) que dans la mesure où la discrimination réelle existe.
Ça devient un discours difficile à tenir, parce qu'il semble rabâché, et qu'en outre il est souvent confondu avec d'autres discours plus directement culpabilisants dont bien du monde a apparemment soupé, mais dans l'ensemble je n'ai pas le sentiment que, généralement, le monde professionnel (y compris l'Éducation nationale, ce qui veut dire bon nombre de ses acteurs) ait une claire conscience des problèmes et des enjeux.
Ça devient un discours difficile à tenir, parce qu'il semble rabâché, et qu'en outre il est souvent confondu avec d'autres discours plus directement culpabilisants dont bien du monde a apparemment soupé, mais dans l'ensemble je n'ai pas le sentiment que, généralement, le monde professionnel (y compris l'Éducation nationale, ce qui veut dire bon nombre de ses acteurs) ait une claire conscience des problèmes et des enjeux.
- JaneMonarque
Chamil a écrit:Jane a écrit:
Non parce que j'ai failli me fâcher
"S'en sortir" ne signifiait pas que cela se faisait forcément aisément. Deux postures pour moi; soit s'en sortir, ne pas baisser les bras, quelles que soient les difficultés rencontrées, soit ne pas s'en sortir, ne pas faire l'effort d'essayer de s'en sortir, en se réfugiant derrière l'alibi de la discrimination. Ça m'apprendra à tout détailler
Quand on se prend une discrimination systémique dans la figure, on peut faire tous les efforts possibles (voire même à la mesure des efforts fournis), on est renvoyé à la situation de discriminé. Ce n'est pas un simple "alibi" que d'avoir moins accès que d'autres à l'emploi, au logement, aux loisirs, à la justice, etc...
Certes, mais quand on dit qu'on n'essaie pas parce qu'on imagine que c'est perdu d'avance, on en fait un alibi. C'est toujours plus facile de dire que c'est la faute des autres quand on ne fait aucun effort et qu'on se complaît dans ses difficultés. Je suis une femme, et quoi que je fasse, je serai toujours en butte à des remarques sexistes. Et alors ? Est-ce une faiblesse ? Dois-je en faire une force ? Mes grands-parents étaient eux-mêmes issus de l'immigration; et alors ? En quoi est-ce un handicap ?
Nous avons tous, autour de nous, des parents, collègues, connaissances, issus de l'immigration et qui ont réussi leurs études, leur parcours professionnel et personnel. Sans doute cela ne s'est-il pas fait sans douleur, ni sans combat, mais s'ils ont réussi, c'est donc faisable... Evidemment, lorsqu'on cumule les difficultés ethniques, sociales, religieuses forcément, c'est difficile. Bien sûr que les hommes sont inégaux; et ce n'est pas qu'une question de couleur de peau. Bien sûr que l'école est inégalitaire, et heureusement, si j'osais dire, qu'elle ne prétend pas faire de chacun des élèves un futur énarque. Elle doit proposer à chacun de pouvoir l'être, s'il le veut, s'il le peut, s'il s'en donne les moyens et fournit les efforts nécessaires. Il n'y a à mon sens de fatalité que celle que l'on veut bien s'imposer à soi-même (et ce sans vouloir dresser un tableau idéalisé de l'école, car oui, j'ai connu des collègues racistes, peu, heureusement, mais dire qu'il n'y en a pas me paraît inconcevable).
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"Il n'est pas une vérité qui ne porte avec elle son amertume." (A. Camus)
- ChamilNiveau 9
Jane a écrit:
Certes, mais quand on dit qu'on n'essaie pas parce qu'on imagine que c'est perdu d'avance, on en fait un alibi. C'est toujours plus facile de dire que c'est la faute des autres quand on ne fait aucun effort et qu'on se complaît dans ses difficultés. Je suis une femme, et quoi que je fasse, je serai toujours en butte à des remarques sexistes. Et alors ? Est-ce une faiblesse ? Dois-je en faire une force ? Mes grands-parents étaient eux-mêmes issus de l'immigration; et alors ? En quoi est-ce un handicap ?
Nous avons tous, autour de nous, des parents, collègues, connaissances, issus de l'immigration et qui ont réussi leurs études, leur parcours professionnel et personnel. Sans doute cela ne s'est-il pas fait sans douleur, ni sans combat, mais s'ils ont réussi, c'est donc faisable... Evidemment, lorsqu'on cumule les difficultés ethniques, sociales, religieuses forcément, c'est difficile. Bien sûr que les hommes sont inégaux; et ce n'est pas qu'une question de couleur de peau. Bien sûr que l'école est inégalitaire, et heureusement, si j'osais dire, qu'elle ne prétend pas faire de chacun des élèves un futur énarque. Elle doit proposer à chacun de pouvoir l'être, s'il le veut, s'il le peut, s'il s'en donne les moyens et fournit les efforts nécessaires. Il n'y a à mon sens de fatalité que celle que l'on veut bien s'imposer à soi-même (et ce sans vouloir dresser un tableau idéalisé de l'école, car oui, j'ai connu des collègues racistes, peu, heureusement, mais dire qu'il n'y en a pas me paraît inconcevable).
Ce discours fait froid dans le dos. Allez expliquer à un individu dont la seule "faiblesse" est d'être basané, musulman ou doté d'un patronyme exotique ( les discriminations visant les femmes de souche européenne étant infiniment moins importantes) que s'il baisse les bras parce qu'il se fait jeter de l'emploi, du marché du logement, des discothèques ou d'une activité sociale que "c'est toujours plus facile de dire que c'est la faute des autres quand on ne fait aucun effort et qu'on se complaît dans ses difficultés.". Alors qu'il est légalement et moralement victime. Ajoutons que cette accusation d'un "manque de volonté" participe elle-même au processus discriminatoire, comme l'ont montré les travaux de psychologie sociale sur le sujet:
"le processus de catégorisation,d’amalgame des jeunes d’origine étrangère « par la mise en saillance d’attributs évidemment défavorables - jeunes paresseux, indisciplinés, au comportement inconstant, etc. ». Le stéréotype constitue un ensemble de signes jugés suffisant pour classer et rejeter la personne. Du coup, la discrimination n’est pas perçue comme telle, parce que les préjugés concernant les « jeunes » ou les « banlieues » parlent à la place des catégories ethnico-raciales, et que les préjugés sont pris pour une représentation objective…"
www.iscra.org/fichier.php?id=143
D'autre part, la dernière phrase semble montrer une certaine méconnaissance des mécanismes de discrimination. Ceux-ci ne se limitent pas, loin de là, au "racisme".
- Reine MargotDemi-dieu
Disons que pour revenir au sujet c'est à dire à l'article de départ, il traite moins des inégalités sociales, ethniques etc au sein de l'école que d'un ressenti purement subjectif avec accumulations d'anecdotes, dont certaines laissent à penser davantage à un rejet des responsabilités sur l'autre (l'exemple du refus des félicitations pour bavardage). Des élèves crient facilement au racisme à la moindre remarque pourtant justifiée, ce qui ne signifie pas que les discriminations n'existent pas, mais pas non plus que la remarque n'est pas justifiée.
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- JaneMonarque
Chamil a écrit:Jane a écrit:
Certes, mais quand on dit qu'on n'essaie pas parce qu'on imagine que c'est perdu d'avance, on en fait un alibi. C'est toujours plus facile de dire que c'est la faute des autres quand on ne fait aucun effort et qu'on se complaît dans ses difficultés. Je suis une femme, et quoi que je fasse, je serai toujours en butte à des remarques sexistes. Et alors ? Est-ce une faiblesse ? Dois-je en faire une force ? Mes grands-parents étaient eux-mêmes issus de l'immigration; et alors ? En quoi est-ce un handicap ?
Nous avons tous, autour de nous, des parents, collègues, connaissances, issus de l'immigration et qui ont réussi leurs études, leur parcours professionnel et personnel. Sans doute cela ne s'est-il pas fait sans douleur, ni sans combat, mais s'ils ont réussi, c'est donc faisable... Evidemment, lorsqu'on cumule les difficultés ethniques, sociales, religieuses forcément, c'est difficile. Bien sûr que les hommes sont inégaux; et ce n'est pas qu'une question de couleur de peau. Bien sûr que l'école est inégalitaire, et heureusement, si j'osais dire, qu'elle ne prétend pas faire de chacun des élèves un futur énarque. Elle doit proposer à chacun de pouvoir l'être, s'il le veut, s'il le peut, s'il s'en donne les moyens et fournit les efforts nécessaires. Il n'y a à mon sens de fatalité que celle que l'on veut bien s'imposer à soi-même (et ce sans vouloir dresser un tableau idéalisé de l'école, car oui, j'ai connu des collègues racistes, peu, heureusement, mais dire qu'il n'y en a pas me paraît inconcevable).
Ce discours fait froid dans le dos. Allez expliquer à un individu dont la seule "faiblesse" est d'être basané, musulman ou doté d'un patronyme exotique ( les discriminations visant les femmes de souche européenne étant infiniment moins importantes) que s'il baisse les bras parce qu'il se fait jeter de l'emploi, du marché du logement, des discothèques ou d'une activité sociale que "c'est toujours plus facile de dire que c'est la faute des autres quand on ne fait aucun effort et qu'on se complaît dans ses difficultés.". Alors qu'il est légalement et moralement victime. Ajoutons que cette accusation d'un "manque de volonté" participe elle-même au processus discriminatoire, comme l'ont montré les travaux de psychologie sociale sur le sujet:
"le processus de catégorisation,d’amalgame des jeunes d’origine étrangère « par la mise en saillance d’attributs évidemment défavorables - jeunes paresseux, indisciplinés, au comportement inconstant, etc. ». Le stéréotype constitue un ensemble de signes jugés suffisant pour classer et rejeter la personne. Du coup, la discrimination n’est pas perçue comme telle, parce que les préjugés concernant les « jeunes » ou les « banlieues » parlent à la place des catégories ethnico-raciales, et que les préjugés sont pris pour une représentation objective…"
www.iscra.org/fichier.php?id=143
D'autre part, la dernière phrase semble montrer une certaine méconnaissance des mécanismes de discrimination. Ceux-ci ne se limitent pas, loin de là, au "racisme".
Eh bien eh bien, quelle journée... Encore une fois, vous me prêtez des intentions qui ne sont pas les miennes. Vous êtes bien prompt à accuser, me semble-t-il... Montre-moi où j'ai dit qu'il était acceptable de se faire jeter de son emploi, de son logement etc ? Je dis juste qu'il faut se battre contre ça, bien au contraire, et que baisser les bras, c'est accepter d'être discriminé... Soit mon esprit est brouillé par la grippe (ce que je veux bien entendre), mais il me semble bien avoir utilisé le mot de fatalité... Non, la discrimination n'est pas une fatalité, ce qui ne veut pas dire qu'elle n'existe pas, mais qu'il faut la combattre. Suis-je plus claire ?
D'autre part, qu'est-ce qui vous indique que je suis de souche européenne, sinon l'image que vous vous faites de moi ?
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