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- Ali DevineNiveau 8
Chers collègues, j’ai regardé le programme en matière éducative des sept candidats à la primaire de la gauche aussi attentivement que le temps dont je dispose me le permet. Vous trouverez ci-dessous le résultat de ces recherches, menées à partir des sites de campagne concernés (c’est évidemment une limite, mais je vous invite à apporter des compléments si vous le souhaitez). Je précise que je n’appartiens au staff d’aucun des candidats, et que je ne suis membre ni du PS, ni d’aucune des composantes de la « Belle alliance populaire ». En vérité je ne savais même pas ce que j’allais trouver chez les uns et les autres. Si deux des impétrants m’inspirent nettement plus de sympathie que les cinq autres, c’est uniquement dû à leur projet.
Je pense que ceux d’entre nous qui voteront à la primaire ne se détermineront pas uniquement en fonction des propositions éducatives des candidats : il faut évidemment considérer l’ensemble. Mais justement, ce point de départ permettra peut-être d’orienter vos lectures.
Dernier point : pour favoriser la clarté de la discussion qui suivra peut-être, je consacrerai un message à chacun des candidats, ce qui s’apparente un peu à du flooding. Je prie les modérateurs de m’en excuser.
Je pense que ceux d’entre nous qui voteront à la primaire ne se détermineront pas uniquement en fonction des propositions éducatives des candidats : il faut évidemment considérer l’ensemble. Mais justement, ce point de départ permettra peut-être d’orienter vos lectures.
Dernier point : pour favoriser la clarté de la discussion qui suivra peut-être, je consacrerai un message à chacun des candidats, ce qui s’apparente un peu à du flooding. Je prie les modérateurs de m’en excuser.
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- Ali DevineNiveau 8
Jean-Luc Bennahmias, que je connaissais très peu (il a été investi par des micro-partis comme l’Union des démocrates et écologistes ou le Front démocrate écologique et social), fait des propositions très raisonnables sur les questions éducatives : priorité à la lutte contre l’échec scolaire, reconnaissance de la situation d’urgence créée par la faillite du collège unique, amélioration de la rémunération des enseignants et facilitation de la mobilité professionnelle (dans les deux sens), promotion de l’alternance, éloge des écoles de la seconde chance… Rien qui représente une révolution scolaire, mais un bon sens fort rafraîchissant. Seul problème : aucun point du programme n’est développé au-delà d’un court paragraphe.
Source
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- Ali DevineNiveau 8
La première chose qui frappe l’œil quand on visite le site de campagne de Benoît Hamon, c’est sa très grande qualité graphique et technique : visuel agréable quoique peut-être un peu tape-à-l’œil, mise en page limpide, excellente connectivité aux différents réseaux sociaux, classement ergonomique des éléments du programme. Et sur ce dernier point, nouvelle très bonne surprise : on sent une réflexion de long cours sur pratiquement tous les thèmes abordés, avec des mesures claires et dessinant sans aucun doute une politique d’ensemble. Je précise que je ne suis pas un supporter de M. Hamon, j’aime simplement le travail bien fait, et là il faut dire qu’il est bien au-dessus de tous ses compétiteurs.
Assez fourni (sept propositions), le projet de B. Hamon pour l’éducation peut se résumer ainsi :
-lutte contre l'échec des élèves avec la création d’un service public du soutien scolaire permettant aux écoliers et aux collégiens de faire tous leurs devoirs sous la direction d’un enseignant. Dans les REP, auxquels Hamon ajoute les territoires ruraux et l’outremer, l’entrée en maternelle à deux ans serait très fortement encouragée, et le nombre d’élèves dans les classes du cycle 2 ne dépasserait pas 20 (il serait plafonné à 24 partout ailleurs).
-effort en faveur de la mixité sociale : « L’hétérogénéité des niveaux scolaires et des milieux sociaux sont des facteurs essentiels pour la réussite des élèves les plus en difficulté et les plus défavorisés ainsi que pour le lien social. » D’où travail sur la carte scolaire et, à l’intérieur des établissements, sur la composition des classes.
-amélioration de la condition des enseignants, à tous les points de vue : salaire, carrière, prise de décision au sein des établissements. Le candidat porte une attention particulière à la formation continue, avec la possibilité (et sans doute aussi un peu l’obligation) de suivre entre trois et dix jours de stage par an. Malheureusement –de mon point de vue-, ces stages ne seraient pas disciplinaires, mais porteraient sur la « différenciation pédagogique » et le numérique. –Il y aurait aussi 40.000 recrutements.
-enfin, Hamon (ancien ministre de l’économie sociale et solidaire) veut « reconnaître l’engagement des jeunes » : rencontres plus fréquentes avec des entrepreneurs sociaux et des associatifs, possibilité d’intégrer un « service civique » à leur cursus secondaire, reconnaissance par l’Université –sans doute sous forme de VAE- d’une « expérience longue de bénévolat », etc.
Bref, un programme clair, cohérent, clairement à gauche et avec une touche d’originalité par rapport aux compétiteurs (le paragraphe sur l’engagement).
Evidemment il y a des points faibles : l’inévitable incantation sur les mérites de la mixité me laisse froid, le coût des mesures annoncées est conséquent, et il n’y a rien sur le contenu des enseignements. Il faut aussi se souvenir du météorique passage de M. Hamon rue de Grenelle : il avait certes assoupli l’application de la réforme des rythmes scolaires et gentiment rangé au grenier les ABCD de l’égalité, mais il nous avait aussi pris le chou avec les méchantes notes qu’elles traumatisent les pauv’zélèves et qu’y faudrait les remplacer par des compétences. Donc, méfiance. Mais on a clairement affaire à quelqu’un que les questions éducatives intéressent et qui a le mérite de ne pas les aborder selon un angle unique et réducteur.
Source
Assez fourni (sept propositions), le projet de B. Hamon pour l’éducation peut se résumer ainsi :
-lutte contre l'échec des élèves avec la création d’un service public du soutien scolaire permettant aux écoliers et aux collégiens de faire tous leurs devoirs sous la direction d’un enseignant. Dans les REP, auxquels Hamon ajoute les territoires ruraux et l’outremer, l’entrée en maternelle à deux ans serait très fortement encouragée, et le nombre d’élèves dans les classes du cycle 2 ne dépasserait pas 20 (il serait plafonné à 24 partout ailleurs).
-effort en faveur de la mixité sociale : « L’hétérogénéité des niveaux scolaires et des milieux sociaux sont des facteurs essentiels pour la réussite des élèves les plus en difficulté et les plus défavorisés ainsi que pour le lien social. » D’où travail sur la carte scolaire et, à l’intérieur des établissements, sur la composition des classes.
-amélioration de la condition des enseignants, à tous les points de vue : salaire, carrière, prise de décision au sein des établissements. Le candidat porte une attention particulière à la formation continue, avec la possibilité (et sans doute aussi un peu l’obligation) de suivre entre trois et dix jours de stage par an. Malheureusement –de mon point de vue-, ces stages ne seraient pas disciplinaires, mais porteraient sur la « différenciation pédagogique » et le numérique. –Il y aurait aussi 40.000 recrutements.
-enfin, Hamon (ancien ministre de l’économie sociale et solidaire) veut « reconnaître l’engagement des jeunes » : rencontres plus fréquentes avec des entrepreneurs sociaux et des associatifs, possibilité d’intégrer un « service civique » à leur cursus secondaire, reconnaissance par l’Université –sans doute sous forme de VAE- d’une « expérience longue de bénévolat », etc.
Bref, un programme clair, cohérent, clairement à gauche et avec une touche d’originalité par rapport aux compétiteurs (le paragraphe sur l’engagement).
Evidemment il y a des points faibles : l’inévitable incantation sur les mérites de la mixité me laisse froid, le coût des mesures annoncées est conséquent, et il n’y a rien sur le contenu des enseignements. Il faut aussi se souvenir du météorique passage de M. Hamon rue de Grenelle : il avait certes assoupli l’application de la réforme des rythmes scolaires et gentiment rangé au grenier les ABCD de l’égalité, mais il nous avait aussi pris le chou avec les méchantes notes qu’elles traumatisent les pauv’zélèves et qu’y faudrait les remplacer par des compétences. Donc, méfiance. Mais on a clairement affaire à quelqu’un que les questions éducatives intéressent et qui a le mérite de ne pas les aborder selon un angle unique et réducteur.
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- Ali DevineNiveau 8
Arnaud Montebourg procède, sur son site de campagne, d’une façon qui m’exaspère profondément. Sous prétexte de démocratie participative, le programme est présenté, non pas sous la forme de propositions, mais sous celle d’« ateliers » où les cybercitoyens sont invités à voter pour la mesure qu’ils jugent la meilleure. Primo, j’aimerais bien que M. Montebourg lui-même nous dise ce qu’il pense de ces différents sujets, car une fois élu, je doute fort qu’il organise tous les matins des referendums en ligne pour savoir ce que demande le peuple. Secundo, la crédibilité de ce type de consultation est nulle puisque les votants peuvent être des sympathisants de Manuel Valls, des gens de droite, des trolls purs et durs ou des hackers moldaves ; qui garantit, d’ailleurs, que les pourcentages affichés sur le site correspondent à la réalité ? Tertio on retrouve là des procédés pseudo-démocratiques, prétendument modernes et effectivement éculés, dont nous enseignants avons fait l’amère expérience au moment du Grand Débat sur l’Ecole.
Mais trêve de considérations méthodologiques. On peut essayer de se faire une vague idée de ce que pense M. Montebourg sur ces sujets en examinant la façon dont les questions sont posées. La consultation sur les questions éducatives commence par une critique virulente de notre système : l’école française serait en fait trop scolaire, elle négligerait ses autres objectifs, tels que l’insertion professionnelle, l’émancipation et la construction du citoyen. Suivent des chiffres de la dernière enquête PISA, cités avec révérence, et présentant notre éducation nationale comme une grande fabrique de l’inégalité. Parmi les propositions formulées pour remédier à tout cela, les votants ont choisi :
-pour l’atelier « Primaire & Réussir à l’école » (l’intitulé n’est pas de moi), l’idée de multiplier les passerelles entre le monde du travail et le monde scolaire. Parmi les autres propositions mises au voix, j’ai retenu la suppression des filières et des voies au lycée et la création d’un secrétariat d’Etat à l’innovation pédagogique.
-pour l’atelier « Collège & Lycée », l’idée de « stopper le financement de l’enseignement privé au profit du public ». Intéressant, mais compliqué ; on regrette qu’il n’y ait pas quelques détails. Parmi les autres propositions : des cours d’éducation civique donnés par des intervenants extérieurs et la suppression des notes, remplacées par des grilles de compétence.
A noter que, dans les deux cas, le vote est clos, cinq semaines avant le premier tour de la primaire. Ceux qui le souhaitent encore peuvent tout de même s’exprimer en répondant à deux questions légèrement biaisées :
« Quelles solutions vous semblent les plus favorables à la mixité scolaire ? » (la réponse qui tient la corde actuellement : un quota de 10 à 20 % d’élèves défavorisés par établissement).
« Comment faire pour que l’école ne soit pas le lieu de la reproduction de l’élite et une fabrique des inégalités ? » (et là, miracle, les votants donnent pour l’instant une réponse de bon sens : il faut recentrer le primaire sur les fondamentaux).
En fin de compte, une certaine confusion domine : où est la ligne directrice, que pense et veut Montebourg sur ce sujet ? On ne peut en avoir qu’une vague idée.
Source 1 et Source 2
Mais trêve de considérations méthodologiques. On peut essayer de se faire une vague idée de ce que pense M. Montebourg sur ces sujets en examinant la façon dont les questions sont posées. La consultation sur les questions éducatives commence par une critique virulente de notre système : l’école française serait en fait trop scolaire, elle négligerait ses autres objectifs, tels que l’insertion professionnelle, l’émancipation et la construction du citoyen. Suivent des chiffres de la dernière enquête PISA, cités avec révérence, et présentant notre éducation nationale comme une grande fabrique de l’inégalité. Parmi les propositions formulées pour remédier à tout cela, les votants ont choisi :
-pour l’atelier « Primaire & Réussir à l’école » (l’intitulé n’est pas de moi), l’idée de multiplier les passerelles entre le monde du travail et le monde scolaire. Parmi les autres propositions mises au voix, j’ai retenu la suppression des filières et des voies au lycée et la création d’un secrétariat d’Etat à l’innovation pédagogique.
-pour l’atelier « Collège & Lycée », l’idée de « stopper le financement de l’enseignement privé au profit du public ». Intéressant, mais compliqué ; on regrette qu’il n’y ait pas quelques détails. Parmi les autres propositions : des cours d’éducation civique donnés par des intervenants extérieurs et la suppression des notes, remplacées par des grilles de compétence.
A noter que, dans les deux cas, le vote est clos, cinq semaines avant le premier tour de la primaire. Ceux qui le souhaitent encore peuvent tout de même s’exprimer en répondant à deux questions légèrement biaisées :
« Quelles solutions vous semblent les plus favorables à la mixité scolaire ? » (la réponse qui tient la corde actuellement : un quota de 10 à 20 % d’élèves défavorisés par établissement).
« Comment faire pour que l’école ne soit pas le lieu de la reproduction de l’élite et une fabrique des inégalités ? » (et là, miracle, les votants donnent pour l’instant une réponse de bon sens : il faut recentrer le primaire sur les fondamentaux).
En fin de compte, une certaine confusion domine : où est la ligne directrice, que pense et veut Montebourg sur ce sujet ? On ne peut en avoir qu’une vague idée.
Source 1 et Source 2
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- Ali DevineNiveau 8
La candidature de Vincent Peillon s’étant manifestement décidée un peu à l’arrache, il n’y a pour l’instant que deux documents disponibles pour se faire une idée de ce à quoi ressemblerait sa présidence. Dans le premier, une « lettre aux Françaises et aux Français » par laquelle il explique son projet (de façon plutôt filandreuse à mon avis), l’ancien ministre s’en tient aux grands principes et se contente, au sujet de l’école, de deux ou trois phrases elles aussi bien générales : « De nouvelles perspectives doivent être tracées pour lutter contre la ségrégation scolaire (…) Nous devons poursuivre et compléter la refondation de l’école républicaine pour plus de justice et de réussite. » Bon. Il précisera peut-être sa pensée plus tard.
Dans le second document, qui est une sorte de courte autobiographie politique, l’ancien ministre ne voit que des motifs de fierté dans le travail accompli rue de Grenelle : refonte des programmes, mise sur pied du CSP, réforme des rythmes scolaires, revalorisation des carrières (ah ?) et création de postes, charte de la laïcité, enseignement moral et civique du CP à la terminale, préparation de la réforme du collège… Peillon vit tout ce qu’il avait fait et voici, cela était très bon.
Une expression, tout de même, retient l’attention : l’ancien professeur de philosophie se flatte de ce que, après quatre années et demie de politique éducative de gauche, « les programmes scolaires sont plus progressistes. » Mais est-ce une bonne chose, cela ? Les programmes ont-ils à être plus conservateurs, plus socio-démocrates, plus réactionnaires ou plus anticapitalistes ? La neutralité axiologique n’est-elle pas une condition de légitimité pour notre Education nationale ? On retrouve là le Peillon idéologue qui, peu de temps avant son arrivée au ministère, assignait pour tâche à l’école « d’arracher les enfants aux déterminismes de la religion et de la famille. »
Source
Dans le second document, qui est une sorte de courte autobiographie politique, l’ancien ministre ne voit que des motifs de fierté dans le travail accompli rue de Grenelle : refonte des programmes, mise sur pied du CSP, réforme des rythmes scolaires, revalorisation des carrières (ah ?) et création de postes, charte de la laïcité, enseignement moral et civique du CP à la terminale, préparation de la réforme du collège… Peillon vit tout ce qu’il avait fait et voici, cela était très bon.
Une expression, tout de même, retient l’attention : l’ancien professeur de philosophie se flatte de ce que, après quatre années et demie de politique éducative de gauche, « les programmes scolaires sont plus progressistes. » Mais est-ce une bonne chose, cela ? Les programmes ont-ils à être plus conservateurs, plus socio-démocrates, plus réactionnaires ou plus anticapitalistes ? La neutralité axiologique n’est-elle pas une condition de légitimité pour notre Education nationale ? On retrouve là le Peillon idéologue qui, peu de temps avant son arrivée au ministère, assignait pour tâche à l’école « d’arracher les enfants aux déterminismes de la religion et de la famille. »
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- Ali DevineNiveau 8
Sylvia Pinel représente un mouvement pour lequel les questions éducatives ne sont pas la priorité : les radicaux de gauche s’intéressent beaucoup plus à l’Europe, à l’organisation territoriale de la République, aux PME, à la ruralité ou à la cause laïque. C’est d’ailleurs par l’intermédiaire de cette thématique que l’école parvient à se faire une (toute petite) place dans les cinquante propositions programmatiques du PRG telles qu’elles apparaissent sur le site du parti (Mme Pinel n’a pas encore de site propre). Les radicaux de gauche veulent tout d’abord « réserver les financements publics à l’école publique », ce qui signifie qu’ils veulent abroger la loi Debré réglant les rapports entre les établissements privés sous contrat et l’Etat. Même s’il est question d’une « phase de transition », on ne sait pas très bien sur quoi déboucherait cette mesure : intégration du privé dans l’Education nationale, obligation pour les établissements privés de fonctionner sur leurs fonds propres ? C’est en tout cas assez courageux de vouloir refaire la loi Savary et, sans doute, de provoquer comme en 1984 un colossal mouvement de défense de « l’école libre ».
L’autre proposition est ainsi formulée : « La création d’une épreuve orale d’EMC au baccalauréat permettrait d’évaluer l’appropriation des valeurs républicaines par l’élève, la capacité à mobiliser son sens moral et son esprit critique chez le jeune citoyen et ferait de cet enseignement un enjeu important de l’année de Terminale. » Comme toujours avec cette pseudo-matière qu’est l’EMC (telle du moins qu’elle est conçue par la plupart des politiques), il ne s’agirait donc pas de savoir mais d’être convaincu : le candidat qui aurait l’imprudence de manifester des convictions extérieures à la doxa pourrait se faire méchamment coller alors même qu’il n’aurait fait, en définitive, que manifester la souveraineté de son intelligence. Problématique, pour le moins. Et puis n’y a-t-il rien de plus urgent ?
Source
L’autre proposition est ainsi formulée : « La création d’une épreuve orale d’EMC au baccalauréat permettrait d’évaluer l’appropriation des valeurs républicaines par l’élève, la capacité à mobiliser son sens moral et son esprit critique chez le jeune citoyen et ferait de cet enseignement un enjeu important de l’année de Terminale. » Comme toujours avec cette pseudo-matière qu’est l’EMC (telle du moins qu’elle est conçue par la plupart des politiques), il ne s’agirait donc pas de savoir mais d’être convaincu : le candidat qui aurait l’imprudence de manifester des convictions extérieures à la doxa pourrait se faire méchamment coller alors même qu’il n’aurait fait, en définitive, que manifester la souveraineté de son intelligence. Problématique, pour le moins. Et puis n’y a-t-il rien de plus urgent ?
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- Ali DevineNiveau 8
François de Rugy consacre cinq pages de son programme (sur 73) aux questions éducatives et culturelles, ce qui n’est pas si mal. Le diagnostic, en revanche, laisse perplexe. D’abord parce, selon de Rugy, le fait que les connaissances ne soient plus transmises est un problème secondaire par rapport au rôle que joue l’école dans le creusement des inégalités sociales (« L’essentiel c’est que la République faillit dans une de ses promesses : l’égalité » ; on notera au passage la conjugaison peut-être un peu aventureuse). Ensuite parce que de Rugy paraît sincèrement considérer que le bilan éducatif du quinquennat Hollande est excellent, et qu’il faut poursuivre exactement dans la même direction, avec juste un zeste d’audace en plus : « Tenons bon sur les réformes en cours, donnons-leur le temps de produire leurs effets, encourageons l’innovation, et adoptons au cours du prochain quinquennat des mesures concrètes, humbles (…) ».
En quoi consistent ces mesures ? La première est un « encouragement à l’autonomie et à l’innovation des établissements scolaires », qui est en fait une relance XL de l’éducation prioritaire (« dotations exceptionnelles en personnel et en moyens financiers », bigre) : projet local, adaptation aux caractéristiques de la population scolaire, expérimentation, et, dans l’idéal, bilan et généralisation des bonnes pratiques.
La deuxième consiste à recruter une partie au moins des professeurs des écoles au cours de… leur année de terminale ; ensuite on leur paie leurs études et ils doivent en contrepartie dix ans de services à l’Etat. L’objectif est que le corps enseignant soit « à l’image de la société ». Va-t-on, pour cela, mettre en place une discrimination positive à l’embauche, en favorisant ouvertement les garçons, la diversité, etc ? Ce n’est pas précisé.
La troisième mesure est la plus surprenante : de Rugy veut que des jumelages soient établis, en France, entre établissements scolaires de profils socio-économiques différents, avec des échanges qui devront toucher chaque élève une fois au moins au cours de sa scolarité. Il s’agit cette fois de lutter contre les stéréotypes opposant les jeunes Français les uns aux autres –à aucun moment le candidat écolo-moderniste n’envisage que ce dispositif pourrait au contraire les renforcer considérablement…
Enfin, on ne saurait trop encourager François de Rugy à engager un relecteur/correcteur.
Source
En quoi consistent ces mesures ? La première est un « encouragement à l’autonomie et à l’innovation des établissements scolaires », qui est en fait une relance XL de l’éducation prioritaire (« dotations exceptionnelles en personnel et en moyens financiers », bigre) : projet local, adaptation aux caractéristiques de la population scolaire, expérimentation, et, dans l’idéal, bilan et généralisation des bonnes pratiques.
La deuxième consiste à recruter une partie au moins des professeurs des écoles au cours de… leur année de terminale ; ensuite on leur paie leurs études et ils doivent en contrepartie dix ans de services à l’Etat. L’objectif est que le corps enseignant soit « à l’image de la société ». Va-t-on, pour cela, mettre en place une discrimination positive à l’embauche, en favorisant ouvertement les garçons, la diversité, etc ? Ce n’est pas précisé.
La troisième mesure est la plus surprenante : de Rugy veut que des jumelages soient établis, en France, entre établissements scolaires de profils socio-économiques différents, avec des échanges qui devront toucher chaque élève une fois au moins au cours de sa scolarité. Il s’agit cette fois de lutter contre les stéréotypes opposant les jeunes Français les uns aux autres –à aucun moment le candidat écolo-moderniste n’envisage que ce dispositif pourrait au contraire les renforcer considérablement…
Enfin, on ne saurait trop encourager François de Rugy à engager un relecteur/correcteur.
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- Ali DevineNiveau 8
Manuel Valls n’a pas encore de site de campagne. On peut tout de même supposer qu’il ratifie tout ce qui s’est fait au cours de son passage à Matignon, en particulier la réforme des collèges pour laquelle il a mouillé le maillot. Sur ce sujet comme sur pratiquement tous, il est confronté à une contradiction insoluble : assumer un bilan qui a entraîné l’exécutif vers des tréfonds d’impopularité tout en proposant du neuf sans avoir l’air de se renier. L’affaire du 49.3 (« je l’ai utilisé sans vergogne mais j’aimerais bien le supprimer ») montre la difficulté de la tâche. Seul point à peu près clair : élu président, il s’attaquerait à la réforme du lycée, annoncée par le président Hollande au début de 2016, dans le même esprit et avec le goût pour la concertation qu’on lui connaît.
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- Ali DevineNiveau 8
En fin de compte, et pour me résumer très professoralement :
-Hamon : projet élaboré et intéressant. Et de gauche (on n’y trouve ni « autonomie des établissements », ni « innovation pédagogique », et juste une petite allusion au numérique). Il semble soucieux de créer les conditions de la réussite pour tous sans rouvrir de guerre scolaire et en balisant de nouvelles voies, comme celle qui passe par le militantisme associatif.
-Bennahmias : de bonnes idées malheureusement peu développées. Difficile de savoir si ce qu’il dit est vraiment réfléchi et voulu.
-Pinel et de Rugy ne voient les questions éducatives que selon un angle réduit : pour l’une c’est la laïcité, pour l’autre la lutte contre les inégalités. D’où un programme assez pauvre, oscillant entre mesures très difficiles à mettre en œuvre, gadgets pédagogiques et propositions farfelues.
-Montebourg semble observer avec attendrissement le brainstorming de ses sympathisants en attendant le moment où il va enfin pouvoir leur expliquer la vie. Ça confirme mon impression de longue date à son sujet : le personnage, parfois flamboyant, manque totalement de substance.
-On ne sait pas trop ce que voudraient faire Peillon et Valls mais leur bilan parle pour eux, ou plutôt, aurais-je tendance à écrire, contre eux.
En ce qui me concerne, ces lectures m’ont donné envie de participer au vote, non pas tant pour apporter mon adhésion à un programme qui n’a que de très faibles chances d’être appliqué, que pour soutenir des personnalités honorables et sérieuses opposées à des carriéristes, des monomaniaques et des baudruches. Je crois que c’est dans l’intérêt de la gauche et plus généralement de la vie politique française.
-Hamon : projet élaboré et intéressant. Et de gauche (on n’y trouve ni « autonomie des établissements », ni « innovation pédagogique », et juste une petite allusion au numérique). Il semble soucieux de créer les conditions de la réussite pour tous sans rouvrir de guerre scolaire et en balisant de nouvelles voies, comme celle qui passe par le militantisme associatif.
-Bennahmias : de bonnes idées malheureusement peu développées. Difficile de savoir si ce qu’il dit est vraiment réfléchi et voulu.
-Pinel et de Rugy ne voient les questions éducatives que selon un angle réduit : pour l’une c’est la laïcité, pour l’autre la lutte contre les inégalités. D’où un programme assez pauvre, oscillant entre mesures très difficiles à mettre en œuvre, gadgets pédagogiques et propositions farfelues.
-Montebourg semble observer avec attendrissement le brainstorming de ses sympathisants en attendant le moment où il va enfin pouvoir leur expliquer la vie. Ça confirme mon impression de longue date à son sujet : le personnage, parfois flamboyant, manque totalement de substance.
-On ne sait pas trop ce que voudraient faire Peillon et Valls mais leur bilan parle pour eux, ou plutôt, aurais-je tendance à écrire, contre eux.
En ce qui me concerne, ces lectures m’ont donné envie de participer au vote, non pas tant pour apporter mon adhésion à un programme qui n’a que de très faibles chances d’être appliqué, que pour soutenir des personnalités honorables et sérieuses opposées à des carriéristes, des monomaniaques et des baudruches. Je crois que c’est dans l’intérêt de la gauche et plus généralement de la vie politique française.
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- KrilinXV3Neoprof expérimenté
Merci beaucoup ! En ce qui me concerne, je n'ai pas prévu de voter à la primaire, mais Hamon me paraît loin loin loin devant question éducation.
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Asinus asinum fricat
- CatalunyaExpert spécialisé
Après avoir dit qu'il soutenait totalement la politique éducative du quinquennat d'Hollande?KrilinXV3 a écrit:Merci beaucoup ! En ce qui me concerne, je n'ai pas prévu de voter à la primaire, mais Hamon me paraît loin loin loin devant question éducation.
- CathEnchanteur
Beau travail, Ali Devine.
- KrilinXV3Neoprof expérimenté
Je me fiche des déclarations politiques de pure forme, là je parle des propositions. Je suis sans doute naïf, mais ça n'a que bien peu de conséquences puisque je n'ai pas l'intention de voter à la primaire de la gauche. Et il y a de grandes chances pour que je m'abstienne aussi en avril/mai.Catalunya a écrit:Après avoir dit qu'il soutenait totalement la politique éducative du quinquennat d'Hollande?KrilinXV3 a écrit:Merci beaucoup ! En ce qui me concerne, je n'ai pas prévu de voter à la primaire, mais Hamon me paraît loin loin loin devant question éducation.
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- VolediaNiveau 5
En effet. Et merci pour le résultat.Cath a écrit:Beau travail, Ali Devine.
- Ali DevineNiveau 8
Voledia a écrit:En effet. Et merci pour le résultat.Cath a écrit:Beau travail, Ali Devine.
Merci à vous pour la lecture !
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- LefterisEsprit sacré
Petite piqûre de rappel concernant l'homme des rythmes scolaires, de le territorialisation, du décret de 50 (enfin de sa destruction..)
"L'éducation nationale est capable de changer le contenu de ses diplômes et de ses formations pour répondre rapidement aux besoins de l'économie et des entreprises. Elle est mobile. La coéducation, c'est cela aussi",
Lien :
http://www.lemonde.fr/education/article/2012/10/03/vincent-peillon-ecoles-et-entreprises-doivent-preparer-a-l-emploi_1769041_1473685.html
J'ai répondu que je n'irai pas voter, mais finalement, voter juste pour sortir ce genre d'individu du tour, pourquoi pas ... :diable:
"L'éducation nationale est capable de changer le contenu de ses diplômes et de ses formations pour répondre rapidement aux besoins de l'économie et des entreprises. Elle est mobile. La coéducation, c'est cela aussi",
Lien :
http://www.lemonde.fr/education/article/2012/10/03/vincent-peillon-ecoles-et-entreprises-doivent-preparer-a-l-emploi_1769041_1473685.html
J'ai répondu que je n'irai pas voter, mais finalement, voter juste pour sortir ce genre d'individu du tour, pourquoi pas ... :diable:
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- Agrippina furiosaFidèle du forum
Merci Ali Devine pour ce sympathique passage en revue, c'est très intéressant. Et j'ai aussi bien aimé tes commentaires sur les sites !
Moi aussi, je pensais m'abstenir désormais de tout contact avec lefossoyeur parti politique PS, mais effectivement j'envisage d'y aller, histoire d'éliminer le pire ...
Mais ça commence à devenir lassant, ce vote systématique par défaut
Moi aussi, je pensais m'abstenir désormais de tout contact avec le
Mais ça commence à devenir lassant, ce vote systématique par défaut
- LefterisEsprit sacré
Certes, c'est lassant, mais de toute manière, dans le cas présent on vote juste pour les punir. Aucun n'a de chance. Après avoir fossoyé l'idée même de socialisme, ils ont fossoyé leur propre parti , et ce n'est pas plus mal. Si ce machin disparaît, peut-être qu'un vraie gauche peut renaître.Agrippina furiosa a écrit:Merci Ali Devine pour ce sympathique passage en revue, c'est très intéressant. Et j'ai aussi bien aimé tes commentaires sur les sites !
Moi aussi, je pensais m'abstenir désormais de tout contact avec lefossoyeurparti politique PS, mais effectivement j'envisage d'y aller, histoire d'éliminer le pire ...
Mais ça commence à devenir lassant, ce vote systématique par défaut
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- Une passanteEsprit éclairé
Tellement déçue par la gauche que n'importe lequel de ces programmes m'apparaît métaphoriquement comme une publicité pour la vaseline utilisée.... Je présente mes excuses aux modérateurs si mes propos sont hors charte et accepterais bien évidemment leur suppression éventuelle, mais je suis vraiment pleine d'amertume...
- Agrippina furiosaFidèle du forum
Tu as peut-être raison, Lefteris ... Ces élections m'angoissent beaucoup : pour la première fois, à quelques mois du scrutin, je n'ai aucune, mais alors aucune idée de pour qui je voterai. Bon, je sais pour qui je ne voterai pas, tu vas me dire que c'est déjà bien !
- Agrippina furiosaFidèle du forum
En même temps, on ne peut qu'être déçue ... Et je suis tout à fait d'accord avec toi, vaseline incluse !Une passante a écrit:Tellement déçue par la gauche que n'importe lequel de ces programmes m'apparaît métaphoriquement comme une publicité pour la vaseline utilisée.... Je présente mes excuses aux modérateurs si mes propos sont hors charte et accepterais bien évidemment leur suppression éventuelle, mais je suis vraiment pleine d'amertume...
- OlympiasProphète
Merci pour cette recension.
- CeladonDemi-dieu
Je me demande même si ce n'est pas le pire de tous. Et il y a de la concurrence, pourtant !Lefteris a écrit:Petite piqûre de rappel concernant l'homme des rythmes scolaires, de le territorialisation, du décret de 50 (enfin de sa destruction..)
"L'éducation nationale est capable de changer le contenu de ses diplômes et de ses formations pour répondre rapidement aux besoins de l'économie et des entreprises. Elle est mobile. La coéducation, c'est cela aussi",
Lien :
http://www.lemonde.fr/education/article/2012/10/03/vincent-peillon-ecoles-et-entreprises-doivent-preparer-a-l-emploi_1769041_1473685.html
J'ai répondu que je n'irai pas voter, mais finalement, voter juste pour sortir ce genre d'individu du tour, pourquoi pas ... :diable:
- User17706Bon génie
Celle d'Ali Devine ou celle d'Une Passante ?Olympias a écrit:Merci pour cette recension.
Je les trouve très bien toutes les deux
Et j'aurais eu tendance, je crois, à émettre des réserves très proches de celles du camarade Ali. Après, le tableau final semble tellement en faveur du projet Hamon, et celui-ci a si peu de chances de ressembler par les bons côtés à la politique qui serait (si...) mise en œuvre, que je ne sais pas trop si ça me déciderait à me déplacer...
- LefterisEsprit sacré
J'ai choisi une des citations les plus gratinées, mais il y a une collection. Ils auront réussi à tout déglinguer, et le pire, ce n'est pas par impuissance, maladresse, mais par action , participation active, parce que gagnés aussi à l'idéologie marchande. On met ça dans la bouche d'un politicard bien faisandé de la droite UMP, ça passe...Celadon a écrit:Je me demande même si ce n'est pas le pire de tous. Et il y a de la concurrence, pourtant !Lefteris a écrit:Petite piqûre de rappel concernant l'homme des rythmes scolaires, de le territorialisation, du décret de 50 (enfin de sa destruction..)
"L'éducation nationale est capable de changer le contenu de ses diplômes et de ses formations pour répondre rapidement aux besoins de l'économie et des entreprises. Elle est mobile. La coéducation, c'est cela aussi",
Lien :
http://www.lemonde.fr/education/article/2012/10/03/vincent-peillon-ecoles-et-entreprises-doivent-preparer-a-l-emploi_1769041_1473685.html
J'ai répondu que je n'irai pas voter, mais finalement, voter juste pour sortir ce genre d'individu du tour, pourquoi pas ... :diable:
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
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