Pourquoi il faut transformer l’éducation nationale en éducation locale

Pourquoi il faut transformer l'éducation nationale en éducation locale, de Jean-Bernard Lévy, PDG d'EDF :

"On le sait, trop de jeunes –on parle de 150.000 décrocheurs par an– quittent l’école sans qualification. Combattre cette situation impose un changement culturel, en transformant l’objectif unique actuel de l’éducation –la transmission du savoir– en un objectif dual: la transmission du savoir ET l’apprentissage d’un métier.

Comment faire? Cela demande d’abord que le corps professoral accepte cette mutation. Et que cette transformation ne soit pas mise en œuvre au niveau central –nous ne sommes plus à l’époque de Jules Ferry, et l'Education a perdu son efficacité à vouloir être "nationale" -mais dans les régions: jusqu’au baccalauréat, il faut donner la responsabilité aux acteurs locaux; le niveau national reste légitime pour les études supérieures, qui sont en concurrence, et la France aurait intérêt, comme partout, à assumer d’être sélective dans l'accès à l’université."

Il va de soi que l'on va gentiment demander son avis au corps professoral. Avec une telle déclaration d'amour, cela devrait bien se passer, non ?

Bien se passer ça dépend.

Demander notre avis ça peut être manipulé : on nous a demandé notre avis pour réformer l'école via un super sondage en 2014-2015...

Et le risque c'est que le financement soit aussi fait au niveau local. Et là, ça fait très mal. Certains départements ou régions sont dans la mouise et je doute qu'ils auront assez d'argent pour financer cela.

Par ailleurs, le BAC étant un diplôme national, il vaut mieux qu'il soit au même niveau partout. Déjà pour le brevet les barèmes ne sont pas les mêmes partout, et ce diplôme n'a plus de valeur. Pour le BAC, on prend le même chemin avec les points donnés en commission. Donc en effet après il ne reste plus que la sélection à l'entrée de l'université pour attester d'un niveau.

Je pense qu'une solution serait plutôt de cesser le collège unique et laisser la possibilité aux élèves décrocheurs de faire plus de stages, plus de professionnalisation, plus tôt. On ferme les SEGPA, les ULIS, donc forcément ça complique la scolarité des élèves les moins scolaires. On gonfle les classes aussi, c'est encore un autre problème pour tous les élèves.

Cette année pour la première fois j'ai des toutes petites classes, la plus chargée compte 22 élèves. Je n'en reviens pas de tout ce que j'arrive à faire ! Mes troisièmes ont compris très vite le subjonctif, pourtant d'habitude c'est très très compliqué pour eux. Ca, ça aide les élèves à réussir à l'école.

Stratégie connue et reconnue des libéraux, mettre volontairement à genoux les services publics pour nous sortir la solution du privé pour remédier à tout ça...

Ah ! Voilà bien un avis qui nous manquait ! Celui du PDG d'EDF !
Mais il ne nous dit pas le lien qu'il fait entre le problème et la solution. En quoi sa solution réglerait-elle le problème des décrocheurs ? Pourquoi le lycée pro ne suffit-il pas ? Il faut apprendre un métier dès la 6eme ? En primaire ? Il prendra les millions de stagiaires chez lui ? Oui, parce que apprendre un métier ça va difficilement se passer de stages.

Mettre l'école au service de l'entreprise...

Reine Margot a écrit:Mettre l'école au service de l'entreprise...

Pour aller pointer à pôle emploi de toute façon, avec son beau métier marqué sur son diplôme.

Je crois que plutôt que d'apprendre un métier, on devrait plutôt apprendre aux élèves à s'en passer. Le métier tel qu'on l'entend -- l'entendait -- c'est terminé. Le monde tel que le voit le monsieur d'EDF, c'est terminé. Ce type parle d'un monde qui a pris fin sans qu'il s'en rende compte.

Si j''etais cynique et ne pensais qu'à mes fesses (si j'étais de droite ?) je serais pour l'autonomie des établissements. Car ça me permettrait de choisir mon lieu de travail et de mettre en concurrence les établissements sur leur attractivité. Mais, malheureusement, je pense à mes concitoyens, et je sais que si on met ça en place ça fera comme aux USA : de très bons établissements pour les zones riches, des établissements déshérités pour les zones pauvres (de manière plus violente et ostentatoire qu'aujourd'hui).

@Zagara : + 1

Cela demande d’abord que le corps professoral accepte cette mutation. Et que cette transformation ne soit pas mise en œuvre au niveau central

Mais pourquoi donc ?

–nous ne sommes plus à l’époque de Jules Ferry,

Ah. L'argument du siècle.

et l'Education a perdu son efficacité à vouloir être "nationale"

Ah. Elle a perdu son efficacité parce qu'elle a voulu rester nationale ?

jusqu’au baccalauréat, il faut donner la responsabilité aux acteurs locaux;

Ah.

Very interesting.

Supprimons l'école, remettons en place le travail des enfants dès 12 ans !
Voilà ce qu'il faut lire entre les lignes.
Un peu de gardiennage (et encore !) pour les enfants de 3 à 12 des parents qui ne seraient pas chômeurs...
On descend bien bas !
Allez, cela fait plus d'un million de fonctionnaires de moins d'un seul coup !
Les professeurs les plus chanceux deviendront précepteurs des enfants des familles riches.

Une autre époque...

Ça fait froid dans le dos...un ami de Verdie Molinie sans doute...

Les langues ultra libérales se délient grâce au mandat catastrophique de Hollande et sa politique de droite. Pour exister, la vraie droite doit mettre le curseur encore plus à droite...
Et puis, il y a comme un consensus, une sorte d'accord tacite entre tous ces politiques du PS de l'UDI ou LR, du système quoi. Ils n'ont qu'une feuille de route à suivre, celle de l'ultra libéralisme de Bruxelles, Hollande a préparé le terrain pour la suite dans une connivence presque assumée...

Les nouveaux rythmes (couplés à la Loi Notre) au primaire préparent l'école des territoires, la "réforme du collège" celle de l'autonomie des établissements,fin des redoublements obligent les professeurs à délaisser les meilleurs, l'abrogation du Décret de 52 sur les ORS celle de l'augmentation considérable du temps de travail devant élèves, la nouvelle évaluation managériale servira à museler, l'école inclusive à faire d'énormes économies sur le dos des plus faibles tout en rendant notre mission d'enseignement impossible...

Pendant ce temps dans le privé confessionnel étatique on se frotte les mains...

Pseudo a écrit:Ah ! Voilà bien un avis qui nous manquait ! Celui du PDG d'EDF !
Mais il ne nous dit pas le lien qu'il fait entre le problème et la solution. En quoi sa solution réglerait-elle le problème des décrocheurs ? Pourquoi le lycée pro ne suffit-il pas ? Il faut apprendre un métier dès la 6eme ? En primaire ? Il prendra les millions de stagiaires chez lui ? Oui, parce que apprendre un métier ça va difficilement se passer de stages.

Je suis entièrement d'accord avec la première phrase. A quel titre se positionne-t-il en spécialiste de l'instruction publique ? Est-ce que je lui donne des conseils sur la gestion du parc nucléaire, moi ?

snoop a écrit:

Pseudo a écrit:Ah ! Voilà bien un avis qui nous manquait ! Celui du PDG d'EDF !
Mais il ne nous dit pas le lien qu'il fait entre le problème et la solution. En quoi sa solution réglerait-elle le problème des décrocheurs ? Pourquoi le lycée pro ne suffit-il pas ? Il faut apprendre un métier dès la 6eme ? En primaire ? Il prendra les millions de stagiaires chez lui ? Oui, parce que apprendre un métier ça va difficilement se passer de stages.

Je suis entièrement d'accord avec la première phrase. A quel titre se positionne-t-il en spécialiste de l'instruction publique ? Est-ce que je lui donne des conseils sur la gestion du parc nucléaire, moi ?

snoop a écrit:

Pseudo a écrit:Ah ! Voilà bien un avis qui nous manquait ! Celui du PDG d'EDF !
Mais il ne nous dit pas le lien qu'il fait entre le problème et la solution. En quoi sa solution réglerait-elle le problème des décrocheurs ? Pourquoi le lycée pro ne suffit-il pas ? Il faut apprendre un métier dès la 6eme ? En primaire ? Il prendra les millions de stagiaires chez lui ? Oui, parce que apprendre un métier ça va difficilement se passer de stages.

Je suis entièrement d'accord avec la première phrase. A quel titre se positionne-t-il en spécialiste de l'instruction publique ? Est-ce que je lui donne des conseils sur la gestion du parc nucléaire, moi ?

Au vu de l'incompétence notoire d'Areva et Edf dans la gestion du nucléaire je crois que tu ne ferais pas plus mal.

Le PDG d'EDF devrait plutôt consacrer tout son temps à la question des 50% de réacteurs nucléaires actuellement fermés du fait de leurs malfaçons ou vétustés. En plus on a appris que le même Monsieur Loyal essaye de faire pression sur l'ASN depuis cette semaine pour lui tordre le bras et remettre en service des réacteurs non-conformes et, donc, dangereux [Canard]. Quand on ne sait déjà pas faire son travail correctement (et qu'on n'hésite pas à mettre en danger ses concitoyens pour faire du fric), on ne vient pas dire aux autres ce qu'ils devraient faire dans le leur.

Zagara a écrit:(...) des réacteurs non-conformes et, donc, dangereux(...)

Cet enchaînement est très discutable. Je me souviens avoir lu qu'EDF et Areva avaient commandé ou fabriqué des pièces conformes à la réglementation. La dite réglementation a changé entre la date de la commande et celle de la livraison, d'où la non-conformité.
Mais là où je vous rejoins, c'est sur la gestion catastrophique d'Anne Lauvergeon, qui a plombé un fleuron de l'industrie française.

Comme je suis méfiant de nature, je me demande deux choses. Primo, cet arrêt d'une partie du parc français n'est-il pas un excellent moyen d'augmenter le prix de l'électricité, donnant ainsi un coup de main aux entreprises privées de ce secteur ? Secundo, dans un contexte déflationniste, ne serait-ce pas le moyen de faire payer cette électricité définitivement plus cher ?
Cette énergie est très bon marché pour les ménages français, il y a bien quelque part des énarques que ça doit scandaliser. ( Le fameux manque à gagner... )

Si l'ASN, structure indépendante et assermentée, a considéré que ces malfaçons étaient suffisamment graves pour faire arrêter les réacteurs, oui cela signifie qu'elle les considère comme dangereux (c'est d'ailleurs son job d'identifier les dangers, de les prévenir et de contraindre EDF à les régler).

L'ASN est une structure de confiance qui recrute des gens indépendants de conflits d'intérêt (une des seules à s'en soucier d'ailleurs, contrairement à l'agence du médicament par exemple). Si les malfaçons apparaissent aussi tard c'est que l'ASN est très récente (2006 ou 2007..?) et que, avant elle, les anciens inspecteurs étaient en connivence avec EDF et parfois même étaient des employés d'EDF.
Faut pas voir le mal partout.

On est d'accord sur le fait qu'EDF est une catastrophe.

Je ne veux pas entrer dans une polémique sur ce sujet. Mais ça :

structure indépendante et assermentée

je ne pense pas que cela existe.