Utiliser des cartes mentales pour enseigner le français en lycée

Bonjour à tous!

Alors voilà, cela fait déjà un petit moment que je lorgne sur les cartes mentales et que j'ai envie de les intégrer à mes cours (j'ai eu une formation "neuroéducation" et cela m'a convaincue^^). Toutefois, si je vois bien de quelle façon les utiliser pour faire réviser les élèves (faire une synthèse d'une séquence par exemple) j'ai un peu de mal à voir comment l'employer pour réaliser des lectures analytiques... Y a-t-il parmi vous des adeptes? Comment utilisez-vous de façon générales les cartes mentales?
En espérant vous lire!

Entre les utiliser à l'occasion parce que ça peut apporter quelque chose et les utiliser pour les utiliser systématiquement, quelle est la marge?
Personnellement je trouve que transformer un texte littéraire en carte mentale, c'est à peu près le déchiqueter, mais cela n'engage que moi. Par ailleurs, si les cartes peuvent correspondre à certains esprits, je sais que personnellement je n'y trouve que confusion: je suppose qu'il en est de même pour les élèves. Rien de ce qui est systématique n'est humain réellement pédagogique. Le mot "adepte" d'ailleurs porte à réflexion, même si tu l'emploies par humour... Enfin, tout cela, à mon avis.
Si tu ne vois pas comment faire une lecture ainsi, ne la fais pas ainsi, c'est plus simple !
La neuroéducation c'est bien, mais attention à Frankestein: nous ne sommes pas des psy.

Je n'en utilise pas. Je trouve que ça peut être intéressant pour une synthèse sur une notion ou une œuvre, comme tu le dis, Camiye, mais pour une LA, je ne vois vraiment pas. Ou alors, on passe à côté de l'essentiel du texte et on le réduit à 2/3 procédés ou, pire, à un message. J'ai peur que ça ne conduise les élèves à se contenter du minimum, alors que c'est un exercice qui demande au contraire analyse et approfondissement.

Question :
C'est toi qui ferais les cartes mentales ou laisserais-tu la possibilité aux élèves qui le veulent d'en faire ?

Dans le cas où c'est la première option, l'efficacité sera proche de 0 voire négative. Si c'est la deuxième, c'est juste la possibilité de les laisser prendre leurs notes comme ils veulent et effectivement, pour pas mal d'élèves, cette possibilité de choix est bénéfique.

Tu peux les utiliser pour l'établissement de la problématique au début de l'année, ou sur des textes difficiles.
Comprendre pourquoi on va étudier tel ou tel texte permet de mieux comprendre le "conflit" (au sens anglais, si je puis me permettre) du texte, pour mieux le résoudre par le commentaire.
Tu montres le raisonnement en mouvement.
Tu peux faire le même exercice pour une dissertation.
Après, ce n'est qu'un outil pour quelques minutes seulement.
Pour le reste, nous pensons avec des mots. Les tableaux synoptiques et les cartes mentales obscurcissent chez moi la pensée. Mais là, c'est personnel. J'ai besoin des mots pour comprendre, je ne sais pas "voir" une pensée.

Je citerai une phrase de Ponge parlant du ciel : Tu remplaces "ciel" par "carte mentale" et tu y trouves toutes les qualités et inconvénients que tu veux.

Ponge a écrit:(...) [L]e ciel se dalle, se marquette, se pave, se banquise, se glaçonne, se marbre, se cotonne, se cimente, se géographise, se cartographise.

A toi de voir quel usage tu veux faire de l'outil. Ce n'est qu'un outil. L'outil ne fait pas la pensée. La pensée le conçoit et doit être toujours consciente de ce pour quoi elle a conçu l'outil et en use. On doit garder en tête qu'on peut mal faire en se servant mal d'un outil...
J'arrête les truismes !

Tiens ; j'en profite pour essayer de débattre de cette question. J'ai un collègue qui me dit utiliser cela. Je ne comprends pas de quoi il s'agit, et quel peut en être l'intérêt. Il y aurait des gens qui auraient envie de m'expliquer ?

Je m'en sers pour établir des champs notionnels et cela permet de faire le point sur les éléments auxquels penser à propos de tel ou tel chapitre, ou telle notion.

Mais tu te sers de quoi ?
D'une feuille de papier sur laquelle tu écris des mots en les répartissant dans l'espace ?
Il s'agit donc d'une espèce de "brainstorming" ?

Quand j'étais en 2nde, mon professeur d'histoire nous avait enseigné ce qu'il appelait la technique de l'araignée. C'était très bien pendant un devoir pour remobiliser toutes les connaissances, dans l'ordre où elles viennent, en organisant au fur et à mesure…

Une pratique que j'aime bien (beaucoup utilisée au temps des TL).
Il m'arrive de prendre des notes au tableau sous forme de carte mentale, pendant une réflexion collective (que ce soit sur un texte ou sur un sujet). Je note ce que disent les élèves, en l'organisant dans l'espace au fur et à mesure, voire en m'interrogeant à voix haute : où mettre cet élément ? pour les faire participer à la conception.
Pendant ce temps ils ne doivent pas écrire, ils ne doivent que chercher, réfléchir, réagir les uns aux propositions des autres (rebondir, relier, compléter, nuancer).
Ensuite nous transformons cela en un plan linéaire et hiérarchisé, dans le but de rédiger un devoir ou de faire une présentation orale (encore que certains s'en sortent tout aussi bien à l'oral avec une carte mentale).
Variante : l'exercice est de faire sa propre synthèse de la séance : soit à la fin si on a le temps, on le fait en classe, soit on prend le tableau en photo et ils le font à la maison ; en tout cas chacun s'approprie le travail en le restituant sous la forme qui convient le mieux à chacun.

NLM76 a écrit:Mais tu te sers de quoi ?
D'une feuille de papier sur laquelle tu écris des mots en les répartissant dans l'espace ?
Il s'agit donc d'une espèce de "brainstorming" ?

Brainstorming convient assez bien. Je m'en sers au tableau pour construire des plans ou arborescences en début de chapitre, en français cela permet d'explorer les mots du thème étudié et leur sens. On peut procéder au départ par un nuage de mots, et la carte mentale ensuite permet de les agencer selon une logique.
Aussi pour aller vers un texte rédigé et construit, à partir de mots clés organisés dans une carte mentale.
Par contre pour apprendre et retenir, les élèves préfèrent tout aussi bien dresser leurs idées sous forme de liste. Le format en rond les gène. On arrive plus facilement à un plan en utilisant un format liste qu'un format de carte mentale.

Merci pour ta réponse, A Tuin.

Je fais souvent du brainstorming au tableau, mais je vois vite mes défaillances quand je compare avec les exemples de cartes mentales : dans mon cas, il s'agit de notes, de listes ou de tableaux.
Je sais que la méthode de la carte mentale peut être bénéfique et même salutaire pour certains élèves. Mais je trouve difficile d'en produire une qui soit correcte, en direct, puisque ce n'est pas mon mode de fonctionnement. Je me retrouve dans ce que @trompettemarine disait dans son message, il y a quelques années.

C'est à dire que c'est plus efficace si tu "triches" en pensant ta carte mentale en amont du cours, par rapport à ta remarque. Ainsi tu arrives devant ta classe en ayant une idée très précise du type de représentation auquel tu souhaites parvenir. L'arborescence sera de fait riche et précise en amont déjà. Ce que j'aime beaucoup après, c'est de rajouter la dose de créativité des élèves, qui vont voir ou faire ressortir avec le groupe, des notions ou des pans d'arborescence complémentaires auxquels je n'aurais pas songé, ou que je n'avais pas intégrés initialement. Ensuite j'incremente, et je conserve précieusement pour m'en inspirer la fois suivante. C'est très intéressant d'observer ce qu'il en ressort.

Et le top du top, c'est le sketchnote !
modèles

Ah oui mais là non, vraiment je ne suis pas fan du tout.
Ça me fait penser le même style que ceux qui aiment faire du scrapbooking. On s'éloigne du propos.
Déjà le temps pris pour faire le dessin, tu aurais le temps d'apprendre par cœur dix fois la leçon....
Ceux qui se lancent là-dedans déjà ils prennent pour eux, du temps inutile parce qu'ils aiment faire des jolis dessins qui prennent du temps.
On sort des requis de notre travail. Après là on part sur du goût personnel à bidouiller et faire des jolis trucs.

C'est comme ceux qui font des Genially ou des plans de travail. On enterre les trucs à apprendre sous un emballage tape à l’œil très joli et qui prend 50 heures à faire, mais personnellement je ne suis pas convaincue du tout. C'est joli, mais qu'en retient l'élève ?
Quel est l'objectif ? On n'est pas là pour faire de l'art, mais pour faire retenir quelque chose aux élèves.
Cette formule m'avait été envoyée une fois où j'étais partie à faire un truc qui m'avait plu, où je m'étais faite plaisir. Mais au fond oui c'est très vrai, et je m'en sers de baromètre maintenant, pour cerner à quel moment je "dépasse" d'un attendu ou d'un requis, pour partir sur un "plus, qui me plaît à faire, à préparer", mais qui ne peut être requis d'autrui comme standard, parce que j'ai choisi de faire plus, ou différemment parce que ça me plaisait. Il faut garder en priorité à l'esprit l'utilité du matériel pédagogique, pour l'élève et ce qu'il pourra retenir.
Au constat pour l'examen, le plus rassurant pour eux c'est d'avoir un vrai cours rédigé bien complet, et à partir de cela ceux qui veulent, le remobilisent comme ils veulent, à leur manière personnelle. Rien ne remplace le plat de base...

Ceci étant le sketchnote c'est un vrai créneau, il y a des collègues qui partent là-dessus et en font leur spécificité. Tout comme les Genially, tout comme les plans de travail.
Pourquoi pas, mais ces modes là ne correspondent ni à ma façon de travailler, ni à celle de visualiser une leçon. Et à mon sens côté élève, je ne suis pas persuadée qu'on retienne mieux par ces méthodes au global. C'est sympa, agréable, joli, mais au final ce n'est pas ça qu'ils vont réutiliser pour apprendre la base. L'enseignant lui aura pleut-être davantage la paix en classe pour le côté ludification, mais du côté élève au moment d'apprendre la leçon, ça risque d'être la grosse crise s'il n'y a pas à côté en plus un vrai cours rédigé complet sur lequel s'appuyer.
En termes de bénéfice/temps d'utilisation VS temps de préparation en amont, je vois difficilement l'intérêt.

Oui, ça n'a d'intérêt que si on ne passe pas des plombes à faire les dessins.
Par exemple quand je fais un cours sur l'argumentation, je fais un petit cœur au verbe persuader et un petit cerveau au verbe convaincre. Personnellement, je ne vois pas cela comme un simple gadget esthétique mais comme un réel moyen mnémotechnique.

Les trois modèles que j'ai postés sont relativement connus et permettent de mettre en scène les causes-conséquences, les compétences cachées nécessaires pour obtenir la compétence visible, les moyens pour atteindre un but.

De quelle manière tu t'en sers ? Lorsque tu veux agencer des éléments de ces trois situations, tu dessines l'arbre, l'iceberg ou le chemin ? Vu sous cet angle pourquoi pas !

Je partage l'avis d'Elyas : la carte mentale faite par le prof et distribuée aux élèves en guise de synthèse a un intérêt 0 pour la plupart des élèves.

Spoiler:

Par contre, cela peut servir aux élèves s'ils les réalisent eux-mêmes à partir du cours. Il m'arrivait autrefois en AP de faire réviser les élèves en leur demandant d'en réaliser, et c'est très efficace pour voir les erreurs de logiques et les points mal compris dans un cours.

Bref, c'est comme l'outil informatique : partir du prérequis "je veux utiliser le numérique/la carte mentale, qu'est-ce que je vais faire avec ?" c'est prendre un outil (parmi d'autres) pour une fin en soi, ce qui est une erreur.

Oui. Après, concrètement, je m'en suis servi très peu, uniquement pour des cours avec des notions (argumentation, tonalités), jamais pour une explication linéaire