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- UlrichNiveau 6
Abritée dans le lycée catholique Saint-Jean-de-Passy, l'École professorale de Paris (EPP) ouvrira ses portes en octobre.
Une formation d'«excellence», axée sur «les disciplines», à contre-courant du «pédagogisme ambiant» et des réformes éducatives portées par l'actuelle majorité, à commencer par la réforme du collège. Voici la philosophie de l'École professorale de Paris (EPP), qui ouvrira en octobre. Ambition: former les futurs professeurs de l'enseignement secondaire et des classes préparatoires, à travers un cursus de trois ans, inspiré des écoles normales supérieures (ENS).
L'initiateur du projet, Philippe Nemo, lui-même diplômé de l'ENS Saint-Cloud, a recruté pour cela un corps professoral de haut vol. De Laurent Lafforgue, Médaille Fields, à Chantal Delsol, de l'Institut, en passant par Hubert Aupetit, professeur de classes préparatoires à Louis-le-Grand… Au total, une vingtaine de brillants professeurs réunis autour du projet. Leur point commun? «Ils en ont gros sur le cœur sur toutes ces questions éducatives», explique Philippe Nemo (...)
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/09/13/01016-20160913ARTFIG00315-une-ecole-privee-pour-former-les-professeurs.php
LE FIGARO.- Pourquoi avoir choisi de créer une telle structure?
Philippe NEMO.- La France ne peut se passer d'un enseignement secondaire structuré qui construise méthodiquement les savoirs des adolescents, de la 6e au baccalauréat. Or les tests Pisa démontrent l'effondrement continu du niveau de nos lycées et collèges. Il est grand temps de réagir! Cela commence par la formation des professeurs. Naturellement, notre modeste initiative privée ne peut prétendre mener, à elle seule, ce renouveau. Mais nous voulons proposer un autre modèle et user de la liberté scolaire qui existe en France pour former quelques nouvelles générations d'excellents professeurs.
Est-il possible de concilier excellence et démocratisation de l'enseignement?
L'école méritocratique de Jules Ferry avait commencé à le faire. Des enfants venus de tous les milieux sociaux y réussissaient, y acquerraient des diplômes de valeur. Il y avait un véritable ascenseur social. Tout cela a été cassé par l'école unique, qui a renforcé les inégalités sociales. L'école unique ne marche pas! Si, pour des raisons idéologiques absurdes, on refuse de différencier les élèves en fonction de leur potentiel, il ne reste qu'une solution: ne rien enseigner sérieusement à personne, faire de la simple animation culturelle et de la garderie. C'est ce que l'on fait depuis des décennies dans bien des écoles de France, et que l'on va faire avec la réforme des collèges. Il faut mettre un terme à ce gâchis. Le futur ministre devra s'atteler à cette tâche.
Qu'attendez-vous de ce futur ministre?
Il devra d'abord permettre qu'au sein de l'Éducation nationale, des établissements dérogatoires puissent pratiquer une sélection claire et honnête, sans carte scolaire, et soient autorisés à revenir aux méthodes traditionnelles de l'enseignement secondaire. Ensuite, il devra permettre aussi que se développe le secteur privé sous contrat et hors contrat, afin de redonner vie au monde éducatif et d'y créer une émulation, profitable à tous. En faisant cela, la France ne fera d'ailleurs que se conformer au pluralisme scolaire qui, sous diverses modalités, existe partout en Europe.
L'EPP est basée à Saint-Jean-de-Passy. Beaucoup parmi vos participants viennent d'établissements catholiques sous contrat. Votre initiative se limite-t-elle à ce monde?
Non. L'École professorale de Paris n'a pas de caractère confessionnel. Elle est ouverte à tous, même si tous ses fondateurs sont chrétiens. Nous pensons qu'en œuvrant pour le développement optimal de l'intelligence des jeunes et les meilleures performances de la raison, placée par Dieu au centre de la nature humaine, nous travaillons à la fois ad majorem Dei gloriam («pour la plus grande gloire de Dieu»), comme disent les jésuites, et pour l'intérêt général du pays.
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/09/13/01016-20160913ARTFIG00242-il-faut-mettre-un-terme-au-gachis-de-l-ecole-unique.php
- stenchMonarque
Si j'exclus les délires jésuites, le constat porté sur l'école est plein de bon sens.
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"Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend." Yannis Youlountas
"Ils veulent dessiner l'apartheid, on dessinera le maquis."
- nitescenceÉrudit
stench a écrit:Si j'exclus les délires jésuites, le constat porté sur l'école est plein de bon sens.
Oui, mais c'est bien le problème... Et puis quelle tristesse de laisser cette initiative au privé... Enfin, ça fait rire jaune, quand l'enseignement catholique prend pour modèle l'école de Ferry qui précisément était laïque et luttait donc contre l'enseignement confessionnel : quel étrange retournement...
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Mordre. Mordre d'abord. Mordre ensuite. Mordre en souriant et sourire en mordant. (avec l'aimable autorisation de Cripure, notre dieu à tous)
- Reine MargotDemi-dieu
+1 Eh oui, ironie de l'histoire, c'est maintenant l'école privée confessionnelle qui défend l'école républicaine.
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- RuthvenGuide spirituel
Reine Margot a écrit:+1 Eh oui, ironie de l'histoire, c'est maintenant l'école privée confessionnelle qui défend l'école républicaine.
Hum ... Qui prépare plutôt ses futurs enseignants et son fond de commerce. On est toujours dans la galaxie d'A.Coffinier et de la Fondation pour l'école.
- Reine MargotDemi-dieu
Ruthven a écrit:Reine Margot a écrit:+1 Eh oui, ironie de l'histoire, c'est maintenant l'école privée confessionnelle qui défend l'école républicaine.
Hum ... Qui prépare plutôt ses futurs enseignants et son fond de commerce. On est toujours dans la galaxie d'A.Coffinier et de la Fondation pour l'école.
C'est bien pour ça que je disais que c'était ironique...
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
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- MurrNiveau 9
"Paris vaut bien une messe", comme disait l'autre... (clin d’œil à Reine Margot )
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Ich bin der Geist, der stets verneint! (Goethe)
- LeodaganFidèle du forum
Reine Margot a écrit:Ruthven a écrit:Reine Margot a écrit:+1 Eh oui, ironie de l'histoire, c'est maintenant l'école privée confessionnelle qui défend l'école républicaine.
Hum ... Qui prépare plutôt ses futurs enseignants et son fond de commerce. On est toujours dans la galaxie d'A.Coffinier et de la Fondation pour l'école.
C'est bien pour ça que je disais que c'était ironique...
Cela dit, cette défense de l'école républicaine à la Jules Ferry n'est pas si fallacieuse, ni si récente. Vous avez remarqué que parmi les formateurs figure quelqu'un comme Laurent Lafforgue, qui depuis 2004/2005 ne tarit pas d'éloges sur l'école républicaine -- il a réuni quelques interviews intéressantes sur son site personnel dans lesquelles il se place dans une perspective non-confessionnelle et pro-mérite, un peu comme Finkielkraut, bien que ce dernier ne soit pas croyant. La référence commune est évidemment Charles Péguy. Cette position est très largement partagée ou partageable par des profs de l'EN "instructionnistes". Lafforgue s'est d'ailleurs rapproché de Brighelli pendant un temps avant de se brouiller à cause d'une divergence sur la question de la religion catholique.
Bon, pour le reste, je demande à voir.
- Presse-puréeGrand sage
Les étudiants passeront les concours du public ou du privé. On se posera peut-être des questions lorsqu'on les verra truster les premières places au CAPES...
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Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8
"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
- bruno09Niveau 10
Presse-purée a écrit:Les étudiants passeront les concours du public ou du privé. On se posera peut-être des questions lorsqu'on les verra truster les premières places au CAPES...
Pas évident : les jugera-t-on sur leur valeur intrinsèque ou sur des points de doctrine pédagogique?
- LeodaganFidèle du forum
bruno09 a écrit:Presse-purée a écrit:Les étudiants passeront les concours du public ou du privé. On se posera peut-être des questions lorsqu'on les verra truster les premières places au CAPES...
Pas évident : les jugera-t-on sur leur valeur intrinsèque ou sur des points de doctrine pédagogique?
Pour ce qui est de la doctrine pédagogique, ils feront comme beaucoup de monde pour passer la barrière de l'épreuve de Débilité : ils mentiront.
- RendashBon génie
On verra assez vite si ça fonctionne. Ils développeront peut-être une formation continue, qui pourrait avoir du succès vue l'indigence du PAF de certaines académies
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"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
- SchéhérazadeNiveau 10
Presse-purée a écrit:Les étudiants passeront les concours du public ou du privé. On se posera peut-être des questions lorsqu'on les verra truster les premières places au CAPES...
Il faut encore supposer que les épreuves du CAPES restent disciplinaires. D'ici là, le CAPES sera peut-être transformé en concours comprenant deux épreuves: l'une de catéchisme pédagogiste, l'autre de "motivation" où il faudra montrer que l'on a un CV et une personnalité conformes aux nouvelles attentes de l'institution.
Pour le reste, s'il me désole que cette école fasse le travail que l'Etat devait faire, je ne jetterai pas la pierre à ceux qui prennent l'initiative de sauver au mieux ce qui peut l'être.
- ChamilNiveau 9
Ulrich a écrit:Abritée dans le lycée catholique Saint-Jean-de-Passy, l'École professorale de Paris (EPP) ouvrira ses portes en octobre.
Une formation d'«excellence», axée sur «les disciplines», à contre-courant du «pédagogisme ambiant» et des réformes éducatives portées par l'actuelle majorité, à commencer par la réforme du collège. Voici la philosophie de l'École professorale de Paris (EPP), qui ouvrira en octobre. Ambition: former les futurs professeurs de l'enseignement secondaire et des classes préparatoires, à travers un cursus de trois ans, inspiré des écoles normales supérieures (ENS).
L'initiateur du projet, Philippe Nemo, lui-même diplômé de l'ENS Saint-Cloud, a recruté pour cela un corps professoral de haut vol. De Laurent Lafforgue, Médaille Fields, à Chantal Delsol, de l'Institut, en passant par Hubert Aupetit, professeur de classes préparatoires à Louis-le-Grand… Au total, une vingtaine de brillants professeurs réunis autour du projet. Leur point commun? «Ils en ont gros sur le cœur sur toutes ces questions éducatives», explique Philippe Nemo (...)
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/09/13/01016-20160913ARTFIG00315-une-ecole-privee-pour-former-les-professeurs.php
LE FIGARO.- Pourquoi avoir choisi de créer une telle structure?
Philippe NEMO.- La France ne peut se passer d'un enseignement secondaire structuré qui construise méthodiquement les savoirs des adolescents, de la 6e au baccalauréat. Or les tests Pisa démontrent l'effondrement continu du niveau de nos lycées et collèges. Il est grand temps de réagir! Cela commence par la formation des professeurs. Naturellement, notre modeste initiative privée ne peut prétendre mener, à elle seule, ce renouveau. Mais nous voulons proposer un autre modèle et user de la liberté scolaire qui existe en France pour former quelques nouvelles générations d'excellents professeurs.
Est-il possible de concilier excellence et démocratisation de l'enseignement?
L'école méritocratique de Jules Ferry avait commencé à le faire. Des enfants venus de tous les milieux sociaux y réussissaient, y acquerraient des diplômes de valeur. Il y avait un véritable ascenseur social. Tout cela a été cassé par l'école unique, qui a renforcé les inégalités sociales. L'école unique ne marche pas! Si, pour des raisons idéologiques absurdes, on refuse de différencier les élèves en fonction de leur potentiel, il ne reste qu'une solution: ne rien enseigner sérieusement à personne, faire de la simple animation culturelle et de la garderie. C'est ce que l'on fait depuis des décennies dans bien des écoles de France, et que l'on va faire avec la réforme des collèges. Il faut mettre un terme à ce gâchis. Le futur ministre devra s'atteler à cette tâche.
Qu'attendez-vous de ce futur ministre?
Il devra d'abord permettre qu'au sein de l'Éducation nationale, des établissements dérogatoires puissent pratiquer une sélection claire et honnête, sans carte scolaire, et soient autorisés à revenir aux méthodes traditionnelles de l'enseignement secondaire. Ensuite, il devra permettre aussi que se développe le secteur privé sous contrat et hors contrat, afin de redonner vie au monde éducatif et d'y créer une émulation, profitable à tous. En faisant cela, la France ne fera d'ailleurs que se conformer au pluralisme scolaire qui, sous diverses modalités, existe partout en Europe.
L'EPP est basée à Saint-Jean-de-Passy. Beaucoup parmi vos participants viennent d'établissements catholiques sous contrat. Votre initiative se limite-t-elle à ce monde?
Non. L'École professorale de Paris n'a pas de caractère confessionnel. Elle est ouverte à tous, même si tous ses fondateurs sont chrétiens. Nous pensons qu'en œuvrant pour le développement optimal de l'intelligence des jeunes et les meilleures performances de la raison, placée par Dieu au centre de la nature humaine, nous travaillons à la fois ad majorem Dei gloriam («pour la plus grande gloire de Dieu»), comme disent les jésuites, et pour l'intérêt général du pays.
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/09/13/01016-20160913ARTFIG00242-il-faut-mettre-un-terme-au-gachis-de-l-ecole-unique.php
Philippe Nemo, Chantal Delsol, et avec plus de nuances, Laurent Lafforgue, trois représentants de la droite catholique et ultralibérale, qui grenouillent dans depuis des années dans un périmètre aussi progressiste que bienveillant avec l'école publique: Sup de Co Paris, Valeurs actuelles, Figaro Magazine, Medef, Club de l'Horloge, Fondation pour l'école, traditionalistes Saint-Pie X/Saint-Pierre, MPF, "Manif pour tous"...
L'hommage à Jules Ferry n'est pas simplement faux-jeton et anachronique. Il ferait hurler n'importe quel historien quand on sait la violence des attaques antirépublicaines, antisémites, antimaçonniques, antiféministes portées par cette droite de bénitier à l'époque où la République, malgré tous les défauts et les injustices qu'elle a couverts, a essayé d'instruire tous ses enfants.
- ChamilNiveau 9
Rendash a écrit:On verra assez vite si ça fonctionne. Ils développeront peut-être une formation continue, qui pourrait avoir du succès vue l'indigence du PAF de certaines académies
Vu l'orientation idéologique des têtes de gondole, c'est sûr qu'un PAF avec des modules sur "l'IVG: crime contre l'humanité", "théorie du genre: le complot des féministes", "Darwin: un agent de Satan qui a rien compris à la Création" ou "Les croisades et la colonisation: comment on a civilisé les sauvages" suscitera plus la curiosité...
- LeodaganFidèle du forum
L'hommage à Jules Ferry est là pour se faire comprendre. La doctrine de la Fondation pour l'école en la matière est la suivante : l'école de Jules Ferry doit tout aux Jésuites et aux Frères des écoles chrétiennes. A travers Ferry, c'est à la tradition pédagogique catholique qu'ils rendent hommage.
La Fondation pour l'école trouve quasiment tous ses fonds chez les contribuables de l'ISF (réduction d'impôts). Créer une structure pour le secondaire et le supérieur peut leur rapporter un peu plus et faire monter le niveau de l'enseignement, et surtout fournir à toutes les écoles et collèges des profs formés -- car ils sont confrontés au même problème que l'EN : pénurie des vocations, profils de profs éloignés des exigences académiques.
Comme il a été dit plus haut, il est certain que des profs du public pourront se former chez eux à cause du vide laissé par le public, ou du niveau catastrophique constaté dans les IUFM/ESPE. Hélas je n'espère rien des ESPE pour remonter le niveau: même ce type de concurrence ne leur permettra jamais de remonter la pente. D'ici peu, cet "institut" privé recrutera probablement des profs du public pour leurs formations, comme ce fut le cas lors de la création de l'ILFM (Institut libre de formation des maîtres du primaire). Le profil des formateurs va probablement se laïciser, ne serait-ce que pour correspondre aux attentes réelles des parents qui scolarisent leurs enfants dans le privé. D'ailleurs, les écoles soutenues par la fondation au moment de leur création sont à 70% non-confessionnelles.
A terme, l'objectif de la Fondation est de mettre l'Etat devant un fait accompli : l'existence d'écoles dont le niveau et le fonctionnement s'impose auprès des parents, des maires... L'objectif premier de la Fondation pour l'école, c'était le fameux chèque-éducation, mais personne n'y croit. L'idée est donc d'obtenir un statut spécial pour "leurs" écoles, sur le modèle des charter schools.
Il est probable que la dominante confessionnelle s'estompera progressivement, tout simplement parce que les catholiques libéraux ou ultra-libéraux préfèrent que leurs enfants fassent des écoles de commerces, le barreau ou Dauphine plutôt que de l'enseignement (= profession de clochard déclassé et gauchisant dépendant des subsides de l'Etat).
La Fondation pour l'école trouve quasiment tous ses fonds chez les contribuables de l'ISF (réduction d'impôts). Créer une structure pour le secondaire et le supérieur peut leur rapporter un peu plus et faire monter le niveau de l'enseignement, et surtout fournir à toutes les écoles et collèges des profs formés -- car ils sont confrontés au même problème que l'EN : pénurie des vocations, profils de profs éloignés des exigences académiques.
Comme il a été dit plus haut, il est certain que des profs du public pourront se former chez eux à cause du vide laissé par le public, ou du niveau catastrophique constaté dans les IUFM/ESPE. Hélas je n'espère rien des ESPE pour remonter le niveau: même ce type de concurrence ne leur permettra jamais de remonter la pente. D'ici peu, cet "institut" privé recrutera probablement des profs du public pour leurs formations, comme ce fut le cas lors de la création de l'ILFM (Institut libre de formation des maîtres du primaire). Le profil des formateurs va probablement se laïciser, ne serait-ce que pour correspondre aux attentes réelles des parents qui scolarisent leurs enfants dans le privé. D'ailleurs, les écoles soutenues par la fondation au moment de leur création sont à 70% non-confessionnelles.
A terme, l'objectif de la Fondation est de mettre l'Etat devant un fait accompli : l'existence d'écoles dont le niveau et le fonctionnement s'impose auprès des parents, des maires... L'objectif premier de la Fondation pour l'école, c'était le fameux chèque-éducation, mais personne n'y croit. L'idée est donc d'obtenir un statut spécial pour "leurs" écoles, sur le modèle des charter schools.
Il est probable que la dominante confessionnelle s'estompera progressivement, tout simplement parce que les catholiques libéraux ou ultra-libéraux préfèrent que leurs enfants fassent des écoles de commerces, le barreau ou Dauphine plutôt que de l'enseignement (= profession de clochard déclassé et gauchisant dépendant des subsides de l'Etat).
- ChamilNiveau 9
Leodagan a écrit:L'hommage à Jules Ferry est là pour se faire comprendre. La doctrine de la Fondation pour l'école en la matière est la suivante : l'école de Jules Ferry doit tout aux Jésuites et aux Frères des écoles chrétiennes. A travers Ferry, c'est à la tradition pédagogique catholique qu'ils rendent hommage.
Co.
Et ce qui est l'exemple même d'une manipulation historique. La Fondation pour l'école, qui représente l'aile droite de l'église catholique, voire même les traditionalistes qui ont choisi de la quitter, est issue d'une tradition qui a tout fait pour bloquer les réformes scolaires et pédagogiques de la IIIe République. A-t-on oublié les attaques des "pères de famille" chauffés à blanc par les curés contre l'école laïque, les caricatures des lycéennes publiées par le Pélerin et les pressions pour pousser les parents à les déscolariser?
- LeodaganFidèle du forum
Evidemment. La naissance de l'école de Jules Ferry a été doublée de la loi de 1905. L'argument de la Fondation pour l'école est le suivant : Ferry a instauré une école dont le principe est peu ou prou catholique en la privant de ses curés, alors que la doctrine catholique était le carburant de la pédagogie des Frères des écoles chrétiennes. Selon eux, une telle pédagogie coupée de la doctrine catholique ne pouvait que péricliter à terme, et l'écroulement actuel de l'enseignement primaire et secondaire public ne fait que le confirmer.
- ChamilNiveau 9
Leodagan a écrit:Evidemment. La naissance de l'école de Jules Ferry a été doublée de la loi de 1905. L'argument de la Fondation pour l'école est le suivant : Ferry a instauré une école dont le principe est peu ou prou catholique en la privant de ses curés, alors que la doctrine catholique était le carburant de la pédagogie des Frères des écoles chrétiennes. Selon eux, une telle pédagogie coupée de la doctrine catholique ne pouvait que péricliter à terme, et l'écroulement actuel de l'enseignement primaire et secondaire public ne fait que le confirmer.
Tout à fait. Ajoutons que ces catholiques ultra (qui ne représentent d'ailleurs pas l'église catholique dans sa majorité pour être juste) sont aussi très cohérents sur le système éducatif. Depuis la loi Falloux (1850) et Laboulaye (1875), ils ont toujours œuvré pour un marché scolaire généralisé du primaire au supérieur. C'est exactement le même projet derrière la réforme avortée de la loi Falloux de 1993-1994 ou les idées d'Emmanuelle Mignon, conseillère de N.Sarkozy en 2007.
A la différence de certains laïques, ils ont la mémoire (très) longue.
- MoonchildSage
On peut gloser à l'envi sur le pedigree de ses têtes de gondoles, prêter à la Fondation pour l'école les intentions les plus malveillantes - voire sataniques - ou encore considérer cette initiative comme le volet scolaire d'un obscur plan de reconquête de la société ourdi par les cathos traditionalistes, toujours est-il que :
1 - leur constat sur l'état de l'Education Nationale est parfaitement juste et les réponses proposées sont cohérentes ;
2 - ce sont bel et bien les progressistes qui ont méthodiquement organisé la déroute pédagogique et institutionnelle de l'école, offrant ainsi des opportunités nouvelles au privé ;
3 - du côté du camp du Bien, les critiques des réformes successives qui ont menés à cette situation sont aussi rares que timides et on n'y rencontre guère la moindre initiative aussi aboutie que celle proposée par cette fondation pour tenter de contrer la déliquescence organisée de notre système scolaire.
Faut-il déplorerl'action la réaction de cette fondation ou plutôt l'absence de perspectives autres que désastreuses proposées par les politiques et intellectuels considérés comme "respectables" ?
1 - leur constat sur l'état de l'Education Nationale est parfaitement juste et les réponses proposées sont cohérentes ;
2 - ce sont bel et bien les progressistes qui ont méthodiquement organisé la déroute pédagogique et institutionnelle de l'école, offrant ainsi des opportunités nouvelles au privé ;
3 - du côté du camp du Bien, les critiques des réformes successives qui ont menés à cette situation sont aussi rares que timides et on n'y rencontre guère la moindre initiative aussi aboutie que celle proposée par cette fondation pour tenter de contrer la déliquescence organisée de notre système scolaire.
Faut-il déplorer
- LeodaganFidèle du forum
Je suis d'accord avec les 3 points, non par complaisance ou naïveté, mais par pragmatisme.
D'abord, je pense que les catholiques de l'enseignement sont plus efficaces dans leur travail purement éducatif et plus intègres que l'inspecteur ou le professeur arriviste moyen (comprendre: qui suit les consignes, parle la langue de bois pédagogique couramment et s'enorgueillit de faire partie du GEP local en "se plantant beaucoup plus qu'il ne réussit"), ces poids morts qui empêchent toute contestation efficace (je ne parle même pas des syndicats). Il y a parmi les catholiques des gens prêts à se rendre utiles sans imposer méthodiquement une réévangélisation forcée de leurs élèves (les exceptions étant les intégristes revendiqués, qui pèsent peu dans le débat tout simplement parce que le débat ne les intéresse pas).
La question confessionnelle s'atténue plus ou moins avec le temps. Des structures comme la fondation pour l'école sont actuellement fortes de leur position marginale : peu nombreuses, donc plus facilement cohérentes que leurs adversaires, stables idéologiquement (comme l'a souligné Chamil), et surtout bénéficiaires du délabrement actuel de l'EN symbolisé par les 4-5 derniers ministres, délabrement que je crois bien organisé.
Je m'explique: quelqu'un comme notre chère Najat se sert de faux arguments sociaux pour encourager dans les faits une doctrine de résignation sociale qui épouse totalement l'état caricatural de l'actuelle "réussite" à la française. Cette résignation sociale est refusée par la doctrine sociale catholique qui s'exprime chez des éducateurs catholiques intègres (je ne sais pas quelle est leur proportion dans l'enseignement privé).
Une remarque à ce sujet: l'essor de la Fondation pour l'école est en fait moins une guéguerre contre l'école publique (à leurs yeux, déjà vaincue idéologiquement) qu'une lutte contre le privé sous contrat qui a renoncé à la place que l'Etat lui avait concédée. Chez beaucoup de leurs cadres, on parle volontiers de la trahison des luttes de 1984. C'est une question confessionnelle (le fait que le sous-contrat ne fasse pas assez de place au religieux), mais pas uniquement. A leurs yeux, et aux yeux de quelques responsables de l'enseignement catholique, on aurait pu imaginer une école moins confessionnelle, mais capable de résister au nom de son indépendance relative aux grands changements pédagogistes dictés par l'économie.
J'en profite pour rappeler que les catholiques de l'enseignement sont très souvent anti-capitalistes ou anti-libéraux: l'alliance "ultralibéralisme + catholicisme dur" n'est pas si forte que ça. Elle saute aux yeux actuellement parce que la Fondation pour l'école est forcée de trouver de l'argent et de répondre aux problèmes budgétaires que rencontre le monde de l'éducation pour convaincre des investisseurs.
D'abord, je pense que les catholiques de l'enseignement sont plus efficaces dans leur travail purement éducatif et plus intègres que l'inspecteur ou le professeur arriviste moyen (comprendre: qui suit les consignes, parle la langue de bois pédagogique couramment et s'enorgueillit de faire partie du GEP local en "se plantant beaucoup plus qu'il ne réussit"), ces poids morts qui empêchent toute contestation efficace (je ne parle même pas des syndicats). Il y a parmi les catholiques des gens prêts à se rendre utiles sans imposer méthodiquement une réévangélisation forcée de leurs élèves (les exceptions étant les intégristes revendiqués, qui pèsent peu dans le débat tout simplement parce que le débat ne les intéresse pas).
La question confessionnelle s'atténue plus ou moins avec le temps. Des structures comme la fondation pour l'école sont actuellement fortes de leur position marginale : peu nombreuses, donc plus facilement cohérentes que leurs adversaires, stables idéologiquement (comme l'a souligné Chamil), et surtout bénéficiaires du délabrement actuel de l'EN symbolisé par les 4-5 derniers ministres, délabrement que je crois bien organisé.
Je m'explique: quelqu'un comme notre chère Najat se sert de faux arguments sociaux pour encourager dans les faits une doctrine de résignation sociale qui épouse totalement l'état caricatural de l'actuelle "réussite" à la française. Cette résignation sociale est refusée par la doctrine sociale catholique qui s'exprime chez des éducateurs catholiques intègres (je ne sais pas quelle est leur proportion dans l'enseignement privé).
Une remarque à ce sujet: l'essor de la Fondation pour l'école est en fait moins une guéguerre contre l'école publique (à leurs yeux, déjà vaincue idéologiquement) qu'une lutte contre le privé sous contrat qui a renoncé à la place que l'Etat lui avait concédée. Chez beaucoup de leurs cadres, on parle volontiers de la trahison des luttes de 1984. C'est une question confessionnelle (le fait que le sous-contrat ne fasse pas assez de place au religieux), mais pas uniquement. A leurs yeux, et aux yeux de quelques responsables de l'enseignement catholique, on aurait pu imaginer une école moins confessionnelle, mais capable de résister au nom de son indépendance relative aux grands changements pédagogistes dictés par l'économie.
J'en profite pour rappeler que les catholiques de l'enseignement sont très souvent anti-capitalistes ou anti-libéraux: l'alliance "ultralibéralisme + catholicisme dur" n'est pas si forte que ça. Elle saute aux yeux actuellement parce que la Fondation pour l'école est forcée de trouver de l'argent et de répondre aux problèmes budgétaires que rencontre le monde de l'éducation pour convaincre des investisseurs.
- ChamilNiveau 9
Moonchild a écrit:On peut gloser à l'envi sur le pedigree de ses têtes de gondoles, prêter à la Fondation pour l'école les intentions les plus malveillantes - voire sataniques - ou encore considérer cette initiative comme le volet scolaire d'un obscur plan de reconquête de la société ourdi par les cathos traditionalistes, toujours est-il que :
Que Philippe Mérieu, le SGEN, Najat Vallaud-Belkacem et leurs sycophantes soient objectivement en train d'enfoncer l'école publique, certes. Toujours est-il qu'il y a eu traditionnellement en France une partie du catholicisme qui a une détestation épidermique de l'école publique et qui ne vise pas à démocratiser l'enseignement.
Et pas besoin d'évoquer la théorie du complot : l'EPP se situe bien dans l'évolution en cours d'une partie des catholiques :
http://www.lemonde.fr/religions/article/2016/08/13/les-catholiques-pratiquants-moins-tolerants-envers-les-musulmans_4982245_1653130.html
http://www.liberation.fr/france/2015/12/23/catholiques-l-extreme-tentation-fn_1422686
- LeodaganFidèle du forum
Il y a un véritable terrain d'entente entre les 2 camps : peser dans les débats contre le consumérisme éducatif (laisser les parents à leur place), ne pas brader les disciplines et le niveau d'enseignement. On peut au sein du milieu des profs de l'enseignement catholique trouver des personnalités intéressantes qui sont confrontées aux mêmes problèmes, au même public scolaire également (je ne parle pas des établissement surprotégés).
En gros, le prof du public qui veut que son métier reste sensé n'a aucun allié possible dans l'EN; dans les syndicats, ils sont de plus en plus rares. La ligne de démarcation confessionnelle est en fait beaucoup plus superficielle à mes yeux que ce que l'on entend souvent. C'était valable jusque dans les années 70, mais aujourd'hui...
En gros, le prof du public qui veut que son métier reste sensé n'a aucun allié possible dans l'EN; dans les syndicats, ils sont de plus en plus rares. La ligne de démarcation confessionnelle est en fait beaucoup plus superficielle à mes yeux que ce que l'on entend souvent. C'était valable jusque dans les années 70, mais aujourd'hui...
- MoonchildSage
Oui, mais en en voulant absolument pointer du doigt l'Ennemi héréditaire, nous tournons notre attention sur des opportunistes qui profitent de la situation plutôt que sur ceux qui sont aux manettes et la provoquent ; le véritable problème de l'école trouve-t-il sa cause chez cette minorité parmi les catholiques qui conserve encore une "détestation épidermique de l'école publique" et qui tire ses marrons du feu à l'occasion des réformes des dernières décennies ou plutôt de la majorité parmi les progressistes qui soutient et met en oeuvre ces réformes délétères ?Chamil a écrit:Moonchild a écrit:On peut gloser à l'envi sur le pedigree de ses têtes de gondoles, prêter à la Fondation pour l'école les intentions les plus malveillantes - voire sataniques - ou encore considérer cette initiative comme le volet scolaire d'un obscur plan de reconquête de la société ourdi par les cathos traditionalistes, toujours est-il que :
Que Philippe Mérieu, le SGEN, Najat Vallaud-Belkacem et leurs sycophantes soient objectivement en train d'enfoncer l'école publique, certes. Toujours est-il qu'il y a eu traditionnellement en France une partie du catholicisme qui a une détestation épidermique de l'école publique et qui ne vise pas à démocratiser l'enseignement.
Et pas besoin d'évoquer la théorie du complot : l'EPP se situe bien dans l'évolution en cours d'une partie des catholiques :
http://www.lemonde.fr/religions/article/2016/08/13/les-catholiques-pratiquants-moins-tolerants-envers-les-musulmans_4982245_1653130.html
http://www.liberation.fr/france/2015/12/23/catholiques-l-extreme-tentation-fn_1422686
Bien sûr, il est toujours rassurant de rejouer les vieux combats qu'on connaît par coeur (la nostalgie est un sentiment trop injustement décrié de nos jours), mais je crois que Leodagan a plutôt bien résumé l'évolution des lignes de clivages en ce qui concerne la question de l'enseignement et, même s'il est déplaisant de le reconnaître lorsqu'on est attaché aux idées laïques, il est fort probable qu'on trouve proportionnellement davantage de défenseurs d'une école méritocratique du côté des catholiques que du côté des progressistes.
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