Un ordre de lecture pour Les Rougon-Macquart ?

Pour le plaisir, MrB, je te conseille tout particulièrement La Joie de Vivre et Le Rêve.
Aucun problème pour une lecture dans le désordre.

Thalia, sans doute est-ce, dans un esprit et un corps masculin, l'érotisme que peut suggérer la Vierge Marie (très souvent évoquée dans le roman puisque le personnage du jeune séminariste Serge Mouret l'a choisie pour protectrice) qui met le lecteur mal à l'aise ("glauque" pour te citer).
Le jeune séminariste Serge transfère cette tentation charnelle sur Albine, assimilée à une Vierge Marie de la Nature. Mais aux yeux de Serge, Albine, Vierge Marie païenne et nouvelle Eve dans son Paradou (paradis), est tout comme lui faite de chair. Une tentation à laquelle Serge, nouvel Adam païen, succombe d'où "La faute" qui met en fureur frère Archangias lequel semble étranger à toute "faiblesse". Mais aussi à toute tendresse humaine ou animale (Souvenons-nous du père Tolbiac dans Une vie de Maupassant). On en arrive à constater l'excès de rugosité de certains prêtres, à l'époque intolérants à tout ce qui touche au désir sexuel et, partant, à la reproduction.
En fait, au moins depuis le XIXe siècle et l'émergence de toute une série de congrégations maristes, ce problème n'a cessé de se poser à l'Eglise. L'institution a pris conscience trop tard que cette adoration de la Vierge pouvait être très perturbante chez les jeunes séminaristes comme Serge, et devenir un danger concernant leur voeu de chasteté. Nous sommes ici en présence de l'un des jalons du débat posant le problème du célibat ou de l'abstinence sexuel des prêtres comme une gêne quant à leur épanouissement personnel.

Concernant Le Rêve, j'avoue que sortant des horreurs innommables de La Terre et des quatorze premiers romans des RM, j'étais trop content de me rafraîchir à cette belle et mystique eau de rose qui renvoie, par certains côtés, au Moyen Age et au roman courtois.

En même temps, le Rêve est une réponse à la Terre. La Terre a été jugée trop dure, trop crue, du coup Zola a pris le contre-pied.

je les ai lus dans le désordre également.
j'ai peu ou proue les mêmes préférences, avec un coup de coeur pour la faute de l'abbé Mouret.

Carabas a écrit:En même temps, le Rêve est une réponse à la Terre. La Terre a été jugée trop dure, trop crue, du coup Zola a pris le contre-pied.

Oui, à la parution de La Terre, il y a eu "l'appel des cinq" ou cinq auteurs aujourd'hui peu connus et jusqu'alors admirateurs de Zola, ont publié dans la presse un texte de protestation pour dénoncer les "excès" du roman et marquer leur détachement à l'auteur qu'ils ont fini par, eux aussi, accuser d'un réalisme beaucoup trop noir qui finissait par discréditer l'école naturaliste (Huysmans dira la même chose au début du XXe dans la préface d'une réédition de A rebours.
C'est pour cela que je parlais, dans mon premier message, d'une lecture possible des RM (notamment après L'Assommoir) en tenant compte de la volonté de contrôle qu'avait Zola de son image, quitte à faire quelques concessions en fonction du niveau de violence de la critique et du succès - ou non - commercial de chacun de ses romans. N'oublions pas que dans sa jeunesse, il avait travaillé dans la publicité chez Hachette. D'un autre côté, cela lui avait appris toute la publicité qu'on pouvait se faire en créant du scandale lequel dynamise les ventes.

Au final, je crois (mais ce n'est que mon analyse) que Zola lui-même commençait à se fatiguer de sa propre manière. Le Rêve marque une respiration dans la saga, avant qu'il ne se lance dans les quatre derniers tomes moins "vulgaires" (sauf, par endroits dans La Débâcle) et beaucoup plus "modernes" par bien des aspects, comme dans La Bête humaine et L'Argent. Ces derniers développent par ailleurs, dans des cadres différents, des thématiques qui avaient été discrètement effleurées dans Germinal.

Quand je dis pour le plaisir, c'est que je n'ai aucune prétention à une lecture et une analyse aussi poussées que celles de Petitfils
J'aime un peu tout., ce qui m'a vraiment charmé dans Le Ventre c'est de retrouver un Paris à la fois connu et inconnu, et je retrouve un peu ça dans le tout début du Bonheur des Dames que j'ai entamé hier.
Après, j'aime tout: les fées, les fesses, la cambrousse glauque, les psychopathes, les fesses de fées psychopathes dans la cambrousse glauque...

La Curée pour un amoureux de Paris c'est bien aussi:naissance du Paris de Haussmann,  et les histoires de spéculations font écho avec le monde contemporain.  En plus bien sûr des débauches parisiennes en tout genre!

Écusette de Noireuil a écrit:La Curée pour un amoureux de Paris c'est bien aussi:naissance du Paris de Haussmann,  et les histoires de spéculations font écho avec le monde contemporain.  En plus bien sûr des débauches parisiennes en tout genre!

Ah, la scène de c. entre Maxime et Renée dans la serre où tout est torride...

Ben? On spoile, maintenant? Pauvre Mr Brightside!

J'ai un trèsssssssssss mauvais souvenir de La Joie de vivre .. Mais bon, les goûts et les couleurs ! Rien de joyeux.
Il ne faut pas oublier La Curée   qui a été cité ci-dessus (hot, hot, hot). Je l'ai beaucoup aimé, comme  l'Assommoir .

La Joie de Vivre est effectivement un des plus sombres de ceux que j'ai lu, mais aussi un des meilleurs (à mon goût).

Écusette de Noireuil a écrit:Ben?  On spoile, maintenant? Pauvre Mr Brightside!

Oui hein, pas de spoilers

La conquête de Plassans est bien également, assez glaçant.

Cath a écrit:La conquête de Plassans est bien également, assez glaçant.