- GrignoteNiveau 5
Je compte travailler le thème de la ville de Paris en étudiant des extraits de Les Misérables. J'ai déjà quelques extraits en tête (les égouts, les barricades, et le suicide de Javert dans la Seine).
Pourriez-vous m'aider à en trouver d'autres dans cette œuvre colossale ?
Je vous remercie par avance !
Pourriez-vous m'aider à en trouver d'autres dans cette œuvre colossale ?
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- Ingeborg B.Esprit éclairé
Le musée Carnavalet avait organisé une expo sur le sujet. Il y a des pistes dans le dossier de presse http://www.carnavalet.paris.fr/fr/expositions/paris-au-temps-des-miserables-de-victor-hugo
- JohnMédiateur
Il y a cet extrait sur le faubourg Saint-Antoine :
Tome IV, Livre 1, chapitre 5Ce vieux faubourg, peuplé comme une fourmilière, laborieux, courageux et colère comme une ruche, frémissait dans l’attente et dans le désir d’une commotion. Tout s’y agitait sans que le travail fût pour cela interrompu. Rien ne saurait donner l’idée de cette physionomie vive et sombre. Il y a dans ce faubourg de poignantes détresses cachées sous le toit des mansardes ; il y a là aussi des intelligences ardentes et rares. C’est surtout en fait de détresse et d’intelligence qu’il est dangereux que les extrêmes se touchent.
Le faubourg Saint-Antoine avait encore d’autres causes de tressaillement ; car il reçoit le contre-coup des crises commerciales, des faillites, des grèves, des chômages, inhérents aux grands ébranlements politiques. En temps de révolution la misère est à la fois cause et effet. Le coup qu’elle frappe lui revient. Cette population, pleine de vertu fière, capable au plus haut point de calorique latent, toujours prête aux prises d’armes, prompte aux explosions, irritée, profonde, minée, semblait n’attendre que la chute d’une flammèche. Toutes les fois que de certaines étincelles flottent sur l’horizon, chassées par le vent des événements, on ne peut s’empêcher de songer au faubourg Saint-Antoine et au redoutable hasard qui a placé aux portes de Paris cette poudrière de souffrances et d’idées.
Les cabarets du faubourg Antoine, qui se sont plus d’une fois dessinés dans l’esquisse qu’on vient de lire, ont une notoriété historique. En temps de troubles on s’y enivre de paroles plus que de vin. Une sorte d’esprit prophétique et un effluve d’avenir y circule, enflant les cœurs et grandissant les âmes. Les cabarets du faubourg Antoine ressemblent à ces tavernes du Mont Aventin bâties sur l’antre de la sibylle et communiquant avec les profonds souffles sacrés ; tavernes dont les tables étaient presque des trépieds, et où l’on buvait ce qu’Ennius appelle le vin sibyllin.
Le faubourg Saint-Antoine est un réservoir de peuple. L’ébranlement révolutionnaire y fait des fissures par où coule la souveraineté populaire. Cette souveraineté peut mal faire, elle se trompe comme toute autre ; mais, même fourvoyée, elle reste grande. On peut dire d’elle comme du cyclope aveugle, Ingens.
En 93, selon que l’idée qui flottait était bonne ou mauvaise, selon que c’était le jour du fanatisme ou de l’enthousiasme, il partait du faubourg Saint-Antoine tantôt des légions sauvages, tantôt des bandes héroïques.
Sauvages. Expliquons-nous sur ce mot. Ces hommes hérissés qui, dans les jours génésiaques du chaos révolutionnaire, déguenillés, hurlants, farouches, le casse-tête levé, la pique haute, se ruaient sur le vieux Paris bouleversé, que voulaient-ils ? Ils voulaient la fin des oppressions, la fin des tyrannies, la fin du glaive, le travail pour l’homme, l’instruction pour l’enfant, la douceur sociale pour la femme, la liberté, l’égalité, la fraternité, le pain pour tous, l’idée pour tous, l’édénisation du monde, le progrès ; et cette chose sainte, bonne et douce, le progrès, poussés à bout, hors d’eux-mêmes, ils la réclamaient terribles, demi-nus, la massue au poing, le rugissement à la bouche. C’étaient les sauvages, oui ; mais les sauvages de la civilisation.
Ils proclamaient avec furie le droit ; ils voulaient, fût-ce par le tremblement et l’épouvante, forcer le genre humain au paradis. Ils semblaient des barbares et ils étaient des sauveurs. Ils réclamaient la lumière avec le masque de la nuit.
En regard de ces hommes, farouches, nous en convenons, et effrayants, mais farouches et effrayants pour le bien, il y a d’autres hommes, souriants, brodés, dorés, enrubannés, constellés, en bas de soie, en plumes blanches, en gants jaunes, en souliers vernis, qui, accoudés à une table de velours au coin d’une cheminée de marbre, insistent doucement pour le maintien et la conservation du passé, du moyen âge, du droit divin, du fanatisme, de l’ignorance, de l’esclavage, de la peine de mort, de la guerre, glorifiant à demi-voix et avec politesse le sabre, le bûcher et l’échafaud. Quant à nous, si nous étions forcé à l’option entre les barbares de la civilisation et les civilisés de la barbarie, nous choisirions les barbares.
Mais, grâce au ciel, un autre choix est possible. Aucune chute à pic n’est nécessaire, pas plus en avant qu’en arrière. Ni despotisme, ni terrorisme. Nous voulons le progrès en pente douce.
Dieu y pourvoit. L’adoucissement des pentes, c’est là toute la politique de Dieu.
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
Le vieux quartier du Marché-aux-chevaux. Il y a plusieurs passages qui évoquent le Paris désolé et interlope des barrières (les portes qui permettaient de franchir le mur des Fermiers généraux). C'est un paysage parisien qui a complètement disparu avec la destruction du mur. Il y aurait des rapprochements intéressants à faire, peut-être, avec L'Assommoir, dont le récit se déroule sur cet espace de seuil, intermédiaire et instable.
Le Paris de Hugo est parfois fantaisiste (on le subodore quand le narrateur insiste sur le fait que le lecteur pourrait vérifier la véracité de ses propos avec une vieille carte). Quand Valjean tente d'échapper à Javert (la course-poursuite de la maison Gorbeau au cloître de chais pu quelles sœurs), il passe par des rues et places qui ont existé, et d'autres non.
Le Paris de Hugo est parfois fantaisiste (on le subodore quand le narrateur insiste sur le fait que le lecteur pourrait vérifier la véracité de ses propos avec une vieille carte). Quand Valjean tente d'échapper à Javert (la course-poursuite de la maison Gorbeau au cloître de chais pu quelles sœurs), il passe par des rues et places qui ont existé, et d'autres non.
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