Quelles lectures pour braver des tornades de crachats ?

J'aurais du mal à dire à quel point je suis bouleversé par la situation d'une certaine dame qui doit subir depuis hier les assauts incessants d'une tornade de crachats. J'aurais du mal à dire combien je suis mal à l'aise de constater que ce phénomène a frappé plusieurs fois, plusieurs personnes, en quelques jours, à plus ou moins grande échelle.

Alors je me dis que j'étais en train d'assister, impuissant, à la naissance d'une guerre tiède jusqu'alors inédite, et pourtant si commune. Et la seule arme que je me connaisse alors est la lecture. Mais que lire quand cette guerre menace, quelles lectures pour braver des tornades de crachats ?

Et ma première pensée alla à ce texte, écrit en 1945, et dont je vous livre les premiers mots.

Lire Platon est un grand plaisir. C'est même une grande joie. Les textes admirables où une perfection unique de la forme se marie à une profondeur unique de la pensée ont résisté à l'usure du temps. Ils n'ont pas vieilli. Ils sont toujours vivants. Vivants comme aux jours lointains où ils furent écrits. Les questions indiscrètes et gênantes — qu'est-ce que la vertu ? le courage ? la piété ? qu'est-ce que ces termes veulent dire ? — questions par lesquelles Socrate ennuyait et exaspérait ses concitoyens, sont aussi actuelles — et, d'ailleurs, aussi embarrassantes et aussi gênantes — que jadis.

Amicalement,
JPhMM

Je ne connais pas suffisamment les auteurs anciens, aussi je me tournerais vers une grande dame dont le parcours et les propos m'ont émerveillés il y a pas mal d'année: Germaine Tillion. J'aimerais prendre le temps de lire ses livres et notamment


et puis Montaigne, aussi...

je ne comprends pas de qui et de quoi tu parles JpHMM...

+1

La prof du lycée Flaubert de Rouen........

Reine Margot a écrit:je ne comprends pas de qui et de quoi tu parles JpHMM...

Je parle de hordes d'opinions vides mais haineuses qui prennent pour cible qui une enseignante dite fragile, qui un enseignant qui dévoile l'illusion, qui une femme qui dit son plaisir... (toutes proportions gardées, par ailleurs, évidemment).

Moi j avais compris et, en ce cas, mais tu le sais JP, je lis Simone Weil

Merci Marie-Laetitia.
Je n'ai jamais lu Germaine Tillion, et je suivrai ton conseil. Et relirai Montaigne, encore, toujours, oui, mille fois.

@Thrasybule :
Merci. Et oui, en effet.

Paul Ricoeur, Michel Foucault.

Je ne sais pas si j'ai compris votre demande mais allons-y.
Je n'ai jamais lu autant de liberté et de désir de vivre que chez Etty Hillesum alors même qu'elle était menacée. Quand on l'a lue, on reviendra forcément à elle un jour.
Et Simone Weil... Son texte sur l'Iliade, sa lettre à Bernanos, ses réflexions sur la barbarie, La Pesanteur et la grâce parce qu'il m'a fait douter de mes certitudes (du vide de Dieu).
Ah oui, et peut-être adapté à ces derniers jours : "Esprit et esprit du temps" d'Hermann Broch... L’époque qu'il décrit, et qui est aussi la nôtre, est celle du « dégoût du mot » et du « mutisme du meurtre » où s’entend une cacophonie, un « tohu-bohu », un enchevêtrement des voix.

En cas de dégoût face à certains débordements de bêtise, je lis Camus.

Marie-Françoise Baslez, Les persécutions dans l'Antiquité. Victimes, héros, martyrs ou Bible et histoire du même auteur.

Si je dis Duras, on va m écarteler, donc...

Merci pour toutes ces idées, je note précieusement.
@Condorcet : as-tu vu Agora ?

Agora... un de mes films préférés des dernières années...

@ Nadejda
Son livre sur l'Iliade est aussi mon préféré, mais sans doute un peu par philhellénisme immodéré.

Jph et Audrey, je l'ai vu lors de sa sortie et Hypatie (Rachel Weisz) m'a beaucoup aidé à terminer la thèse : c'est un film que je reverrai avec plaisir dans quelques temps.

thrasybule a écrit:Si je dis Duras, on va m écarteler, donc...

Non, j'y ai pensé aussi.

Je crois que ce soir je vais relire De la constance du sage, de Sénèque. Cela me fera le plus grand bien.

condorcet a écrit:Jph et Audrey, je l'ai vu lors de sa sortie et Hypatie (Rachel Weisz) m'a beaucoup aidé à terminer la thèse : c'est un film que je reverrai avec plaisir dans quelques temps.

Pour toi :

Je pensais que tu parlais de vrais crachats, ayant vu cette semaine une collègue s'enfermer à clef dans sa salle alors qu'une vingtaine d'élèves campaient devant la porte en évoquant des crachats, justement.

Lornet a écrit:Je pensais que tu parlais de vrais crachats, ayant vu cette semaine une collègue s'enfermer à clef dans sa salle alors qu'une vingtaine d'élèves campaient devant la porte en évoquant des crachats, justement.

Les crachats verbaux ne sont pas toujours moins blessants que les vrais.
Les crachats hués non plus...

Dans quelle société vivons-nous ? De torrents de haine en outrances politico-médiatico-policières, cette semaine me laisse un goût plus qu'amer dans la bouche. Mais où sont les neiges d'antan ? Question réactionnaire, sans doute... Et assumée en tant que telle, parce qu'une réaction, une indignation, un mouvement de recul, face à de telles dérives ne peut être que sain.

Ma lecture du soir : Les Oiseaux, d'Aristophane.

"Fuir, là-bas, fuir !"

Jph
C'est un film qui fait froid dans le dos : avant, je vais regarder l'Armée des ombres.