Le Monde (13.01.17) - Grammaire : polémique sur la disparition du COD à l'école primaire

Un article évidemment favorable aux nouveaux programmes :

Le Monde a écrit:Sur les forums de discussion entre professeurs, c’est la surprise d’être un peu mis « devant le fait accompli » qui s’exprime ; l’impréparation, le manque de formation et d’accompagnement, l’agacement face à ce « énième changement ». Mais pas seulement : si certains laissent entendre qu’ils ne changeront rien à leurs gestes professionnels, à leurs cours, d’autres accueillent positivement la nouveauté. A l’image de Viviane Youx, présidente de l’Association française des enseignants de français (AFEF), pour qui « enfermer les élèves dans un système normatif, en se focalisant sur la terminologie, des éléments mis bout à bout, ne les aide pas nécessairement à comprendre la langue ».

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/education/article/2017/01/13/education-polemique-autour-du-predicat_5062130_1473685.html#xMTIU21sfxuGOftU.99

Vinteuil a écrit:Un article évidemment favorable aux nouveaux programmes :

Le Monde a écrit:Sur les forums de discussion entre professeurs, c’est la surprise d’être un peu mis « devant le fait accompli » qui s’exprime ; l’impréparation, le manque de formation et d’accompagnement, l’agacement face à ce « énième changement ». Mais pas seulement : si certains laissent entendre qu’ils ne changeront rien à leurs gestes professionnels, à leurs cours, d’autres accueillent positivement la nouveauté. A l’image de Viviane Youx, présidente de l’Association française des enseignants de français (AFEF), pour qui « enfermer les élèves dans un système normatif, en se focalisant sur la terminologie, des éléments mis bout à bout, ne les aide pas nécessairement à comprendre la langue ».

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/education/article/2017/01/13/education-polemique-autour-du-predicat_5062130_1473685.html#xMTIU21sfxuGOftU.99

Ce qui est formidable dans cette presse auto-proclamée "progressiste" (Libération, Le Monde, et de plus en plus hélas sur les questions éducatives Médiapart), sur les questions scolaires, est qu'il y a deux camps: la droite (aka méchants) et la gauche (aka gentils).

Le plus sidérant dans l'article est ce passage qui vaut sa mesure de venin:

"Mélangez le tout avec un zeste de désinformation propagée sur la blogosphère et les réseaux sociaux… Et vous aurez, réunis, tous les ingrédients d’une polémique comme l’école française, qui navigue de réforme en réforme, en voit surgir à intervalles réguliers : une controverse déconnectée (ou presque) de ce qui se joue en classe, mais au retentissement médiatico-politique assuré."

Parce que les enseignants qui critiquent l'usage du prédicat sont déconnectés des classes du premier degré et du second degré, à la différence de Me Belkacem et de Mr Lussault? Ou des désinformateurs en ligne dès lors qu'ils mettent sur internet leurs doutes (puisqu'il est désormais risqué d'émettre la moindre réticence dans certaines académies? http://www.europe1.fr/societe/des-profs-fiches-selon-leur-adhesion-a-la-reforme-du-college-2526265)

Pour mesurer ce que ça donne concrètement dans les classes, voilà ce qui a été retiré du programme du CE 2, à la rentrée 2016, en grammaire-conjugaison :

- article défini et indéfini
- déterminant possessif
- adverbe
- phrase déclarative
- phrase interrogative
- nature et fonction
- adjectif épithète
- complément du verbe
- complément du nom
- complément d’objet direct (COD)
- complément d’objet indirect (COI)
- approche de la circonstance (où ? quand ? comment ? pourquoi ?)

- notion de groupe de verbes (premier, deuxième et troisième groupes)
- deuxième groupe (du type « finir »)
- verbe « partir »

- En conjugaison (encore ce gros mot n’apparaît-il qu’une seule fois et entre guillemets...), il n’est plus question d’apprendre mais de « se familiariser » avec le présent, l’imparfait et le futur, de « comprendre » la formation des temps composés et de « mémoriser les formes les plus fréquentes (troisième personne du singulier etdu pluriel) »...

On peut vérifier ici : http://www.education.gouv.fr/pid285/bulletin_officiel.html?cid_bo=94753

Mais si Viviane Youx a dit que c'était mieux ....

:diablecontent:

S'pas Viviane Bouysse plutôt?

C'est vrai qu'on sent que le CSP a bien saisi le problème actuel principal de l'enseignement du français.

Verdurette a écrit:Mais si Viviane Youx a dit que c'était mieux ....

:diablecontent:

Mais y a-t-il encore des enseignants de Lettres à l'AFEF ?

Je dirais que l'enjeu important est une question de pouvoir.
Un vrai chef a le droit de persécuter ses subordonnés et, si il ne le fait pas, c'est pas un vrai chef.

Il me semble presque évident que le changement de vocabulaire n'a, au mieux, que peu d'intérêt pour l'apprentissage.
Mais c'est une marque importante de pouvoir.

L'idée fondamentale de ce changement est de marquer l'autorité de ceux qui l'imposent.

Je dirais que c'est un peu comme le chien qui pisse sur un poteau, il faut marquer son territoire.

En quoi le fait de s'étonner de la quasi suppression de l'analyse grammaticale est une "polémique" plutôt qu'un débat de fond ?

Zagara a écrit:En quoi le fait de s'étonner de la quasi suppression de l'analyse grammaticale est une "polémique" plutôt qu'un débat de fond ?

Dans le genre, j'aimerais assez avoir une analyse grammaticale de la phrase ci-dessus.
À l'ancienne, parce que je suis vieux.

Après tout là-haut on s'en fiche du français, non? Maintenant on veut surtout apprendre à programmer, il paraît que c'est l'avenir... et puis c'est tout juste si au lycée ils se souviennent de ce qu'est un adjectif, alors finalement pourquoi se fatiguer...

Viviane Youx est bien l'une des grandes prêtresses de l'AFEF.

Sylvie Plane dans Le Monde a écrit:[L'introduction du prédicat] doit permettre aux élèves de saisir la phrase comme un énoncé signifiant et pas seulement comme une suite de mots à étiqueter.

Oui, c'est vrai qu'en mettant deux grosses étiquettes sur la phrase plutôt que trois un peu plus précises, on fait mieux saisir le côté signifiant de l'énoncé.

Michel Lussault a écrit: On fait de moi l’inventeur du prédicat. Aristote, qui en a la paternité, doit se retourner dans sa tombe !

Belle manière d'occulter les arguments les plus pertinents contre sa méthode. Ceux que la linguistique intéresse savent en général très bien que le prédicat n'est pas nouveau, mais que c'est son introduction en primaire qui est débattue. Si Aristote se retourne dans sa tombe, où qu'elle soit, d'ailleurs, je ne crois pas que ce soit pour les raisons qu'il donne. Même le reportage de France 2, que Lussault juge « complètement erroné », ne dit pas explicitement qu'il est l'inventeur du prédicat, même si le public profane peut l'interpréter ainsi.

Vinteuil a écrit:Pour mesurer ce que ça donne concrètement dans les classes, voilà ce qui a été retiré du programme du CE 2, à la rentrée 2016, en grammaire-conjugaison :

- article défini et indéfini
- déterminant possessif
- adverbe
- phrase déclarative
- phrase interrogative
- nature et fonction
- adjectif épithète
- complément du verbe
- complément du nom
- complément d’objet direct (COD)
- complément d’objet indirect (COI)
- approche de la circonstance (où ? quand ? comment ? pourquoi ?)

- notion de groupe de verbes (premier, deuxième et troisième groupes)
- deuxième groupe (du type « finir »)
- verbe « partir »

- En conjugaison (encore ce gros mot n’apparaît-il qu’une seule fois et entre guillemets...), il n’est plus question d’apprendre mais de « se familiariser » avec le présent, l’imparfait et le futur, de « comprendre » la formation des temps composés et de « mémoriser les formes les plus fréquentes (troisième personne du singulier etdu pluriel) »...

On peut vérifier ici : http://www.education.gouv.fr/pid285/bulletin_officiel.html?cid_bo=94753

Pour clouer le bec aux thuriféraires des nouveaux programmes ainsi qu'à la grande masse des sceptiques, il faudrait donner le lien vers les anciens programmes, où ces notions étaient encore là. Par ailleurs, dans le lien que donne Vinteuil, le terme « prédicat » n'apparaît pas.