Nos dernières lectures (tome 4)

Je n’ai pas fini les _Versets sataniques_. J’ai en revanche été passionné par _Joseph Anton_.

"Joseph Anton" a bonne presse et vu le thème et le genre littéraire je pense que je vais aimer.

Ca tombe bien je cherchais un titre de Rushdie. J'ai tenté les Versets il ya quelques années et je me suis ennuyée donc je crains un peu Joseph Anton et ses 900 pages.

J'ai lu le dernier Amélie Nothomb, j'ai mis moins d'une heure...

Dans la lignée des précédents, ça se laisse lire mais on y retrouve vraiment tous ses codes, elle tombe un peu dans une forme de facilité routinière.

Elle aborde le thème de la famille, de la fratrie, quelques idées sont soumises mais noyées au milieu de narrations loufoques.

Bon cru mais dont on peut se passer.

Je n'ai pas encore commencé  "Joseph Anton" qui m'attend dans ma PAL.
J'ai été happée dernièrement par trois ouvrages, que je recommande chaudement, chacun pour des raisons différentes : "V13" de Emmanuel Carrère, chroniques qu'il a tenues pendant le procès des attentats du 13 novembre au Bataclan, aux terrasses et au Stade de France; "Quand tu écouteras cette chanson" de Lola Lafon, dans la collection "Ma nuit au musée ", où l'auteur explore l'histoire d'Anne Frank en mettant ses pas dans les siens alors qu'elle a le privilège de passer une nuit dans la tristement célèbre Annexe; "Sa préférée " de Sarah Jollien-Fardel, une histoire déchirante d'emprise et de violence paternelle, d'une force d'écriture  extraordinaire.
Franchement j'ai dévoré les trois. J'ai hâte de lire le dernier Yves Ravey, qui m'enchante toujours.
Je trouve que cette rentrée littéraire s'annonce sous de bons auspices, les premiers et bons romans débordent de partout, c'est tentant mais c'est la ruine! ( je patienterai pour en acheter certains en poche mais ça va être dur de résister !)
En ce moment je lis "18.3, une année à la P.J." de Pauline Guéna. Pas de la littérature mais une immersion dans l'univers de la Criminelle, de la BRI... J'aime bien.


J'édite ce soir pour ajouter ceci : j'évoquais Yves Ravey, j'en profite pour recommander son roman "Le cours classique". L'histoire d'un prof qui accepte d'accompagner une classe à la piscine pour rendre service à un collègue. A partir de là les ennuis vont s'enchaîner : les élèves vont essayer de le noyer. Maladresse? Volonté? Jeu? Ne l'aurait-il pas un peu cherché? ... L'EN mène l'enquête à sa façon.
C'est succulent, et sur le fond quand on connaît les arcanes du système (il a été prof lui aussi), et sur la forme (l'écriture est particulière et demande d'entrer vraiment dans les méandres de l'histoire mais une fois que l'on est installé on ne veut plus partir; à telle enseigne que je crois bien avoir lu tous les Ravey!)

Hector de Jacqueline de Romilly.

Un peu mitigé. Pas inintéressant mais c'est assez bavard. Et parfois l'impression de lire le Figaro.

Et puis je ne doute pas de sa passion pour Homère et la littérature grecque en général, mais sa façon d'exprimer son enthousiasme ne me semble pas communicative. Typiquement j'ai l'impression de lire les petits post-it que mettent les libraires : rien ne me donne plus envie de ne pas ouvrir le bouquin que cette répugnante manie.

Bref, un peu dubitatif.

Mais ça m'a donné quand même l'envie de relire L'Iliade dans la traduction de Paul Mazon.

Les collègues de lettres classiques qui apprécient J. De Romilly, désolé pour ce retour un peu assassin, si vous avez un autre titre à me recommander, je suis preneur.

C’est gentil de ne pas douter de la passion pour la littérature grecque de Jacqueline de Romilly
_Hector_ est un joli livre de vulgarisation, comme quelques autres qu’elle a écrits pour expliquer ce qu’elle trouvait merveilleux dans la culture grecque. Mais sa spécialité et ce qu’elle connaissait mieux que personne, c’était Thucydide.

J’ai rencontré pas mal de forts hellénistes, celle qui m’a laissé l’impression la plus incroyable c’est elle. Je l’ai surtout vue travailler sur Eschyle.

Merci pour ces précisions après le premier paragraphe.

C'est bien la peine d'avoir expurgé considérablement l'expression de ce que je reprochais à l'autrice dans cet ouvrage pour éviter certaines réactions trop prévisibles.

Pour reformuler peut-être plus positivement mon retour, le fond d'analyse de l'Iliade est ici infiniment plus intéressant que la forme qu'elle prend. Les analyses m'ont donné envie de relire L'Iliade (que j'ai lue ado, relue en prépa puis jamais relue depuis) alors que tout le reste ne m'a pas donné envie d'en lire plus de Jacqueline de Romilly (notamment quand elle ouvre sur la littérature guerrière contemporaine qu'elle semble ne pas connaître, sans quoi elle aurait forcément fait un parallèle intéressant avec Genevoix plutôt que ses clichés sur "notre époque")

Pour le dire autrement la vulgarisation ne m'a pas semblé être son fort car ce sont les analyses de passages qui ont surtout retenu mon intérêt et tout le reste m'a franchement déplu.

Il est par exemple assez dommage de rendre sensible l'art d'Homère pour rendre sensible l'émotion par une notation concrète et dans le même temps d'exprimer son adoration pour Homère de façon aussi grossièrement insistante. C'était mon propos quand j'ai évoqué l'enthousiasme de l'autrice, encore faudrait-il lire réellement ce qu'on lit.

Mais passons une fois de plus et merci à toi pour les suggestions concernant Thucydide et Eschyle. Il faudra d'abord que je les lise, je vais regarder ce qu'il y a de disponible dans la librairie proche.

Je pense qu’il faut se méfier avant de dire que quelqu’un comme J. de Romilly ne connaissait pas tel ou telle auteur ou autrice. Je l’ai un tout petit peu connue (vraiment peu, et sur la fin de sa vie), et je peux te dire qu’en fait, elle connaissait _tout_
Ensuite on peut n’être pas sensible à son style un peu nostalgique, mais quand on parle de ce genre d’érudits, la comparaison avec Le Figaro est quand même très déplacée.

Elle n'aurait pas écrit certains passages de son Hector en ces termes si elle avait lu Ceux de 14 de Genevoix.

Si je parle du Figaro, c'est parce que certaines digressions sur notre époque sont du même tonneau.

En fait, il est plutôt raisonnable de présupposer que quelqu’un comme ça est plus intelligente ou cultivée que nous simples mortels

Je ne pense pas que l'idolâtrie soit raisonnable. Ni même que ce soit rendre hommage justice à un auteur ou une autrice. Mais je t'invite à relire Hector, relire ou lire Ceux de 14, et prolonger cet échange si tu le souhaites, entre "simples mortels".

Indignor quandoque bonus dormitat Homerus.

Je vois ce que @Tangleding veut dire sur Hector, mais c'est un peu comme analyser la performance de Griezmann lors de France-Argentine et en tirer des conclusions sur sa coupe du monde en général. Hector n'est sans doute pas la meilleure entrée dans l'œuvre de Romilly en effet, mais de là à imaginer que c'est son ignorance qui est en cause, il y a un pas que je ne franchirais pas.

Ah ah ... Oui j'ai d'ailleurs commencé Pourquoi la Grèce ? et je suis déjà plus convaincu. J'avais aussi commencé Les origines de la pensée grecque de Vernant (que je poursuis en parallèle) et le contraste entre ce récit tendu et le style bavard de cet Hector est sévère.

Cela étant dit je n'ai pas parlé d'ignorance en général, je me suis étonné de voir fleurir des références vagues aux films de guerre ou à des conflits contemporains et de ne voir aucun rapprochement avec Ceux de 14 de Genevoix. Quand on parle de la guerre et de la pitié, c'est vraiment inexplicable. De même quand on évoque Hector chef de guerre, se dispenser de parallèles avec la réflexion sur le commandement chez Genevoix, c'est vraiment surprenant.

J'ai dit tout le mal que je pensais des clichés sur "notre époque", et n'en retire rien. Je pourrais ajouter d'autres critiques, plus que justifiées mais qui risqueraient de réveiller quelques contradicteurs patentés.

[quote="Hocam"Indignor quandoque bonus dormitat Romillus][/quote]

Tss, tss :
Indignor quandoque bonA dormitat RomillIACA

Les origines de la pensée grecque, de Jean-Pierre Vernant.

Très intéressant pour moi. Très bien écrit. J'imagine que l'on doit trouver des synthèses plus à jour. Je suis preneur de références.

Je vais prolonger avec Pourquoi le Grèce ? de Jacqueline de Romilly pour ne pas rester sur la première impression mitigée que m'a laissée son Hector.

PS : son homophobie est vraiment pénible. Insupportable même.

Je me régale avec "l'Ombre du Chardon", une pentalogie d'Aki Shimazaki, autrice d'origine japonaise d'expression française, du français de Québec. Je sais qu'il y a quelque temps on avait fait une lecture commune avec cette autrice et que ça avait été un flop pour certaines. Pour ma part, j'adore ce que j'ai lu d'elle. Chaque petit livre apporte un éclairage sur l'histoire narrée. Chaque titre symbolise un élément clé de l'histoire. J'avais adoré "le Poids des secrets", je lirai ses autres œuvres. Je sais que l'écriture est simple, voire simpliste, mais cela s'explique par le fait que l'autrice n'écrive pas dans sa langue maternelle. Je trouve qu'elle compense cette simplicité par la subtilité des points de vue, des sentiments des personnages, les symboliques développées. Bref, j'adore!

Viens de lire Allah n'est pas obligé , d'Ahmadou Kourouma. Sacrée baffe.

Serais curieux de voir ce que peut donner son étude avec des collégien-nes (en 3e).

Tangleding a écrit:Les origines de la pensée grecque, de Jean-Pierre Vernant.

Très intéressant pour moi. Très bien écrit. J'imagine que l'on doit trouver des synthèses plus à jour. Je suis preneur de références.

Je vais prolonger avec Pourquoi le Grèce ? de Jacqueline de Romilly pour ne pas rester sur la première impression mitigée que m'a laissée son Hector.

PS : son homophobie est vraiment pénible. Insupportable même.

J'avais trouvé Romilly (femme admirable par ailleurs) barbante à lire, un peu scolaire, plus certains petits problèmes Je n'ai pas persévéré
De Vernant, j'avais été emballé par ce recueil d'articles : L'individu, la mort, l'amour (Folio Essais). Notamment l'article "La mort dans les yeux".
Très intéressant aussi : Paul Veyne, Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ?

Je vois que je ne suis pas le seul que Romilly insupporte. Je verrai si son essai sur la Tragédie grecque n'est pas plus lisible.

J'ai Paul Veyne dans ma liste, mais je l'ai offert à mon père, donc ce sera pour les vacances de Pâques pour ne pas aggraver mon déficit...

Merci pour ta référence s'agissant de Vernant.

Ah ah Ça reste quand même la plus grande helléniste du XXe siècle

Le chef d’œuvre de Veyne, à mon avis, c’est son livre sur les élégiaques ; je crois que le titre est _L’élégie érotique romaine. L’amour et l’Occident_.

DesolationRow a écrit:Ah ah Ça reste quand même la plus grande helléniste du XXe siècle

Le chef d’œuvre de Veyne, à mon avis, c’est son livre sur les élégiaques ; je crois que le titre est  _L’élégie érotique romaine. L’amour et l’Occident_.

J'adore ce livre.

Tangleding a écrit:PS : son homophobie est vraiment pénible. Insupportable même.

Je n'ai pas lu beaucoup de Romilly (trop lyrique à mon goût, ça me met sur la défensive). Mais je n'avais pas remarqué son homophobie ! Tu as un exemple ?

Je trouve rigolote l'homophobie de Henri-Irénée Marrou. Rigolote parce que c'est une autre époque et on sent qu'il n'aurait pas fait de mal à une mouche, fin bref. On voit bien les contorsions intellectuelles pour ne pas admettre cela.

Tu es un homme de goût.

L'homophobie de Romilly, j'en ai deux exemples, l'un dans son Hector et l'autre dans son Pourquoi la Grèce ?

Je copie tout à l'heure. C'est une partie de ce qui m'horripile chez Romilly.

Quand tu lui reproches d'être trop lyrique, je comprends, il y a un peu de ça aussi. Je n'aurais pas dit lyrique, mais une forme de préemption par l'émotion qui m'est très pénible.

Elle est née en 1912, il aurait été étonnant qu’elle soit à la pointe de notre progrès dans tous les domaines. On frôle le grotesque là quand même : agrégée de LC en 1936, première femme aux Inscriptions et belles lettres, première au collège de France, elle a sans doute fait assez pour la cause des femmes pour qu’on aille pas lui chercher les poux qu’à peu près tout le monde à son époque avait