- LouisBarthasExpert
"Mes parents m'ont offert les plus belles vacances qu'on puisse concevoir, au coeur d'une enfance choyée.
Ma mère m'a fait aimer ce qu'elle aimait ; sa culture est devenue une langue maternelle. Dans mon enfance se love en secret celle de mon père. Car ces étés ont été autant sa réussite que sa consolation, le regain du souvenir plus ou moins idéalisé de son enfance dans les foyers d'après-guerre - modèle de résilience que mon père a toujours souhaité pour nous, comme si nous étions nous-mêmes des orphelins et que le camping-car, avatar de la « grande maison » au milieu d'un parc, pouvait figurer, l'espace de quelques semaines, le cadre d'un sauvetage enfantin et accueillir la pédagogie dont il était nécessaire de nous faire bénéficier, sans quoi nous ne pourrions jamais surmonter nos traumatismes."
- LouisBarthasExpert
"J'avais l'ultime conviction que je venais d'effectuer mon dernier voyage dans le Désert des Déserts et qu'une étape importante de ma vie s'achevait.
J'avais trouvé dans ce lieu incomparable tout ce que je cherchais, et que je ne retrouverais jamais plus. Mais, outre ma propre peine, ce qui me touchait profondément, c'était de savoir que les Bédouins, avec qui j'avais vécu et voyagé, auprès desquels j'avais connu la sérénité, étaient irrémédiablement condamnés. Certains prétendent qu'ils ont tout à gagner à échanger le dénuement et l'âpreté de la vie du désert contre le confort et la sécurité d'un monde matérialiste. Je n'en crois rien. Jamais je ne me suis senti aussi humble que parmi ces bergers illettrés qui possédaient, à un degré infiniment plus élevé que moi, générosité et courage, endurance, patience, bravoure et gaité.
Devant aucun autre peuple, je n'ai aussi cruellement éprouvé le sentiment de ma propre infériorité."
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Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse. - Albert Camus
Aller apprendre l'ignorance à l'école, c'est une histoire qui ne s'invente pas ! - Alexandre Vialatte
À quels enfants allons-nous laisser le monde ? - Jaime Semprun
Comme si, tous ceux qui n'approuvent pas les nouveaux abus étaient évidemment partisans des anciens. - Edmund Burke
Versaillais de droite et Versaillais de gauche doivent être égaux devant la haine du peuple. - Manifeste des proscrits de la Commune
- HonchampDoyen
"Histoires de la nuit", de Laurent Mauvignier.
On en parle beaucoup, l'auteur est passé à "La grande librairie".
J'ai beaucoup aimé. Un gros livre de 600 pages .
Au début, on se demande où l'auteur veut en venir avec les habitants du "hameau des trois filles seules". Une famille, une artiste, les copines de travail...
Puis des "éléments perturbateurs".
Une fois entré dans l"histoire , difficile de poser ce livre tant on a envie de savoir comment cela va se dénouer.
Beaucoup de tendresse dans l'approche des personnages, et beaucoup d'estime aussi pour leurs vies "ordinaires".
On en parle beaucoup, l'auteur est passé à "La grande librairie".
J'ai beaucoup aimé. Un gros livre de 600 pages .
Au début, on se demande où l'auteur veut en venir avec les habitants du "hameau des trois filles seules". Une famille, une artiste, les copines de travail...
Puis des "éléments perturbateurs".
Une fois entré dans l"histoire , difficile de poser ce livre tant on a envie de savoir comment cela va se dénouer.
Beaucoup de tendresse dans l'approche des personnages, et beaucoup d'estime aussi pour leurs vies "ordinaires".
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"Tu verras bien qu'il n'y aura pas que moi, assise par terre comme ça.."
- LouisBarthasExpert
"Je crois que je suis devenu historien pour faire un jour cette découverte. La distinction entre nos histoires de famille et ce qu'on voudrait appeler l'Histoire, avec sa pompeuse majuscule, n'a aucun sens. C'est rigoureusement la même chose.
Il n'y a pas d'un côté, les grands de ce monde, avec leurs sceptres ou leurs interventions télévisées, et, de l'autre, le ressac de la vie quotidienne, les colères et les espoirs sans lendemain, les larmes anonymes, les inconnus dont le nom rouille au bas d'un monument aux morts ou dans quelque cimetière de campagne. Il n'y a qu'une seule liberté, une seule finitude, une seule tragédie qui fait du passé notre plus grande richesse et la vasque de poison dans laquelle notre coeur baigne.
Faire de l'histoire, c'est prêter l'oreille à la palpitation du silence, c'est tenter de substituer à l'angoisse, intense au point de se suffire à elle-même, le respect triste et doux qu'inspire l'humaine condition. Voilà mon travail ; et, en caressant cette archive de tribunal, en suivant des yeux les lignes tracées par la plume du greffier, je ressens un soulagement indicible."
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Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse. - Albert Camus
Aller apprendre l'ignorance à l'école, c'est une histoire qui ne s'invente pas ! - Alexandre Vialatte
À quels enfants allons-nous laisser le monde ? - Jaime Semprun
Comme si, tous ceux qui n'approuvent pas les nouveaux abus étaient évidemment partisans des anciens. - Edmund Burke
Versaillais de droite et Versaillais de gauche doivent être égaux devant la haine du peuple. - Manifeste des proscrits de la Commune
- HonchampDoyen
Daniel Lee, "Le fauteuil de l'officier SS".
Ou l'enquête de l'historien anglais Daniel Lee sur Robert Griesinger, le juriste allemand engagé dans la SS, qui avait caché des documents dans un fauteuil, qu'il n'a jamais récupéré, et qui est réapparu aux pays-Bas.
L'intérêt du livre est de remettre Griesinger dans son époque, de contextualiser.
Daniel Lee s'interroge par ailleurs sur les hommes comme Griesinger, longtemps considérés comme de simples bureaucrates, et non comme des rouages du système nazi.
Bref, un livre plus historique et plus profond que le titre laisserait penser.
Ou l'enquête de l'historien anglais Daniel Lee sur Robert Griesinger, le juriste allemand engagé dans la SS, qui avait caché des documents dans un fauteuil, qu'il n'a jamais récupéré, et qui est réapparu aux pays-Bas.
L'intérêt du livre est de remettre Griesinger dans son époque, de contextualiser.
Daniel Lee s'interroge par ailleurs sur les hommes comme Griesinger, longtemps considérés comme de simples bureaucrates, et non comme des rouages du système nazi.
Bref, un livre plus historique et plus profond que le titre laisserait penser.
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"Tu verras bien qu'il n'y aura pas que moi, assise par terre comme ça.."
- HonchampDoyen
"Chaudun, la montagne blessée".
Luc Bronner, ancien directeur du Monde, fait la chronique d'un village disparu, dont les habitants vivaient tellement difficilement qu'ils ont demandé et obtenu, fin XIXème, le rachat de leurs terres à l'Etat, afin d'aller s'établir ailleurs.
Il reconstitue/imagine les conditions de vie de ces gens à partir de nombreuses archives : état-civil , archives de l'évêché, de l'inspection académique...
Luc Bronner connaît bien ce terroir des Hautes-Alpes, et la vallée voisine du Champsaur.
Il reconstitue avec empathie les diverses destinées familiales. Non sans humour d'ailleurs à propos des curés ou des instituteurs.
Bref, un livre documenté et sensible. J'ai beaucoup aimé.
A la fin, un descriptif des espèces végétales et animales qui vivent désormais dans le finage de Chaudun, véritable réserve naturelle !
J'ai moins aimé, mais je suis plus historienne que naturaliste.
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"Tu verras bien qu'il n'y aura pas que moi, assise par terre comme ça.."
- User12486Niveau 5
Je viens de terminer Caribou Island (Désolations en français) de David Vann. Ça faisait des années qu'il était sur ma liste d'ouvrages à lire, je n'ai pas été déçue : une écriture fluide, forte, dure...Je viens de commander plusieurs de ses autres romans, je piétine d'impatience !
Résumé sur le site de Gallmeister : Sur les rives d'un lac glaciaire au cœur de la péninsule de Kenai, en Alaska, Irene et Gary ont construit leur vie, élevé deux enfants aujourd'hui adultes. Mais après trente années d'une vie sans éclat, Gary est déterminé à bâtir sur un îlot désolé la cabane dont il a toujours rêvé. Irene se résout à l'accompagner en dépit des inexplicables maux de tête qui l'assaillent et ne lui laissent aucun répit. Entraînée malgré elle dans l'obsession de son mari, elle le voit peu à peu s'enliser dans ce projet démesuré. Leur fille Rhoda, tout à ses propres rêves de vie de famille, devient le témoin du face-à-face de ses parents, tandis que s'annonce un hiver précoce et violent qui rendra l'îlot encore plus inaccessible
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Résumé sur le site de Gallmeister : Sur les rives d'un lac glaciaire au cœur de la péninsule de Kenai, en Alaska, Irene et Gary ont construit leur vie, élevé deux enfants aujourd'hui adultes. Mais après trente années d'une vie sans éclat, Gary est déterminé à bâtir sur un îlot désolé la cabane dont il a toujours rêvé. Irene se résout à l'accompagner en dépit des inexplicables maux de tête qui l'assaillent et ne lui laissent aucun répit. Entraînée malgré elle dans l'obsession de son mari, elle le voit peu à peu s'enliser dans ce projet démesuré. Leur fille Rhoda, tout à ses propres rêves de vie de famille, devient le témoin du face-à-face de ses parents, tandis que s'annonce un hiver précoce et violent qui rendra l'îlot encore plus inaccessible
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- bukoNiveau 2
Ahhh,j'ai cru un instant qu'un nouveau titre de Vann était sorti... (je le lis en français...). Tu vas être emballé, je pense, par Sukkwan Island, Dernier jour sur terre m' a bien plu aussi. bonnes lectures !
- User12486Niveau 5
buko a écrit:Ahhh,j'ai cru un instant qu'un nouveau titre de Vann était sorti... (je le lis en français...). Tu vas être emballé, je pense, par Sukkwan Island, Dernier jour sur terre m' a bien plu aussi. bonnes lectures !
Désolée pour la fausse joie, je compatis ;-)
Legend of a Suicide devrait bientôt arriver dans ma boite aux lettres...
(deuxième fausse joie, il s'agit du titre original de Sukkwan Island )
- bukoNiveau 2
hé bien je préfère le titre de la traduction française (Legend of a suicide)
- bukoNiveau 2
hé bien je préfère le titre de la traduction française (Legend of a suicide)
- LouisBarthasExpert
"J'entends des cris et des voix napolitaines, je parle napolitain, mais j'écris en italien. « Nous vivons en Italie, dit papa, mais nous ne sommes pas italiens. Pour parler la langue nous devons l'étudier, c'est comme à l'étranger, comme en Amérique, mais sans s'en aller. Beaucoup d'entre nous ne le parleront jamais l'italien et ils mourront en napolitain. C'est une langue difficile, dit-il, mais tu l'apprendras et tu seras italien. Ta maman et moi non, noi non pu, non puo, nuie nun putimmo. » Il veut dire « nous ne pouvons pas », bravo, dit-il, bravo, toi tu connais la langue nationale. Oui, je la connais, je l'écris même en cachette et je me sens un peu traître au napolitain, alors je me récite mentalement son verbe pouvoir : i' pozzo, tu puozze, isso po', nuie putimmo, vuie putite, lloro ponno. Maman n'est pas d'accord avec papa, elle dit : « Nous sommes napolitains, un point c'est tout. » Mmon Italie, dit-elle avec deux mm, mmon Italie est en Amérique, là où vit la moitié de ma famille. La patrie, c'est celle qui te donne à manger, dit-elle en conclusion. Papa lui répond pour blaguer : « Alors ma patrie à moi c'est toi. » Il ne veut pas donner tort à maman, chez nous on n'élève pas la voix, on ne se dispute pas. S'il est contrarié, il met la main sur sa bouche et cache la moitié de son visage."
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Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse. - Albert Camus
Aller apprendre l'ignorance à l'école, c'est une histoire qui ne s'invente pas ! - Alexandre Vialatte
À quels enfants allons-nous laisser le monde ? - Jaime Semprun
Comme si, tous ceux qui n'approuvent pas les nouveaux abus étaient évidemment partisans des anciens. - Edmund Burke
Versaillais de droite et Versaillais de gauche doivent être égaux devant la haine du peuple. - Manifeste des proscrits de la Commune
- bénouNiveau 10
Ça t'a plu, @LouisBarthas ? L'extrait est alléchant, et j'adore la photo de couverture !
- LouisBarthasExpert
@bénou
Oui, beaucoup. Je commence à bien connaître Erri De Luca, j'en suis à son sixième livre. C'est aujourd'hui un écrivain reconnu. L'homme est attachant. On peut d'ailleurs directement l'entendre en français qu'il parle couramment car il fut maçon en France.
Montedidio a obtenu le Fémina étranger en 2002.
Montedidio (Le Mont de Dieu) est le quartier populaire de Naples où Erri De Luca a grandi au tournant des années 60.
Dans son passage à l'adolescence, il va croiser des personnes magnifiques ou sordides. Certaines vont l'élever telles sa voisine amoureuse Maria, jeune fille pleine de lucidité et de force face à ce qu'elle endure, ou ce pauvre cordonnier juif rescapé de la Shoah, rempli de sagesse et de spiritualité. Il y a aussi un objet étrange, un boomerang qui constitue le fil conducteur de cette suite de petits tableaux d'apprentissage où le réalisme côtoie la poésie et la métaphysique, bien dans le style de l'écrivain. L'atmosphère de Naples est magnifiquement rendue.
Le livre est en plus très commode de lecture, les chapitres ne faisant guère plus d'une page ; l'extrait que je donne plus haut en est un.
Oui, beaucoup. Je commence à bien connaître Erri De Luca, j'en suis à son sixième livre. C'est aujourd'hui un écrivain reconnu. L'homme est attachant. On peut d'ailleurs directement l'entendre en français qu'il parle couramment car il fut maçon en France.
Montedidio a obtenu le Fémina étranger en 2002.
Montedidio (Le Mont de Dieu) est le quartier populaire de Naples où Erri De Luca a grandi au tournant des années 60.
Dans son passage à l'adolescence, il va croiser des personnes magnifiques ou sordides. Certaines vont l'élever telles sa voisine amoureuse Maria, jeune fille pleine de lucidité et de force face à ce qu'elle endure, ou ce pauvre cordonnier juif rescapé de la Shoah, rempli de sagesse et de spiritualité. Il y a aussi un objet étrange, un boomerang qui constitue le fil conducteur de cette suite de petits tableaux d'apprentissage où le réalisme côtoie la poésie et la métaphysique, bien dans le style de l'écrivain. L'atmosphère de Naples est magnifiquement rendue.
Le livre est en plus très commode de lecture, les chapitres ne faisant guère plus d'une page ; l'extrait que je donne plus haut en est un.
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Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse. - Albert Camus
Aller apprendre l'ignorance à l'école, c'est une histoire qui ne s'invente pas ! - Alexandre Vialatte
À quels enfants allons-nous laisser le monde ? - Jaime Semprun
Comme si, tous ceux qui n'approuvent pas les nouveaux abus étaient évidemment partisans des anciens. - Edmund Burke
Versaillais de droite et Versaillais de gauche doivent être égaux devant la haine du peuple. - Manifeste des proscrits de la Commune
- bénouNiveau 10
Merci @LouisBarthas, ça me fait bien envie, je le mets sur ma liste de lecture !
- EdithWGrand sage
J'attaque le tome 3 de la Comédie Humaine... Quel plaisir! Autant j'ai un peu tiré la langue sur certains romans des Rougon-Macquart, autant , là, l'humour, la finesse et la justesse du trait sont un vrai plaisir. Et je suis ravie d'avoir attendu mon âge pour découvrir ça (j'ai bien lu 5 ou 6 romans pour mes études, mais à 17 ou 20 ans, ça n'a pas le même charme).
- HonchampDoyen
- AphrodissiaMonarque
Tiens, moi, c'est tout à fait l'inverse: plus le temps passe et plus je trouve les R-M passionnants, mais pour Balzac, je m'ennuie souvent. Il doit y avoir les pro-Balzac et les pro-Zola. Peut-on aimer les deux?EdithW a écrit:J'attaque le tome 3 de la Comédie Humaine... Quel plaisir! Autant j'ai un peu tiré la langue sur certains romans des Rougon-Macquart, autant , là, l'humour, la finesse et la justesse du trait sont un vrai plaisir. Et je suis ravie d'avoir attendu mon âge pour découvrir ça (j'ai bien lu 5 ou 6 romans pour mes études, mais à 17 ou 20 ans, ça n'a pas le même charme).
Je sais qu'on va me l'offrir pour Noël: j'ai hâte !
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Hominis mens discendo alitur et cogitando. (Cicéron)
Et puis les steaks ? Ça se rate toujours comme la tragédie. Mais à des degrés différents. (M. Duras)
- roxanneOracle
- EdithWGrand sage
J’aime les deux mais Balzac est tellement drôle et spirituel... à part deux/trois Zola que j’ai eu du mal à finir, c’est quand même assez génial les R.M. Et moderne! Pourquoi choisir après tout. Fromage et dessert, Balzac et Zola... Bach et Mozart!
- Les malheurs de SophieNiveau 1
J’ai lu La nuit des temps de Barjavel pendant les vacances. J’avais un peu peur et finalement je ne me suis pas ennuyée. De beaux passages et une critique de la cupidité humaine. Je commence À l’est d’Eden de Steinbeck : je pense que je vais le dévorer !
- faustine62Érudit
J'ai déjà bien entamé Chevaux échappés, le volume 2 du cycle "La mer de la fertilité" de Mishima. Je trouve le vol. 1 supérieur (Neige de Printemps). Si quelqu'un a terminé les quatre volumes, je serais curieuse de connaître le roman du cycle que vous préférez.
Je pense que j'aurais dû lire ses essais auparavant, surtout Le Japon moderne et l'éthique samourai.
Je pense que j'aurais dû lire ses essais auparavant, surtout Le Japon moderne et l'éthique samourai.
- LouisBarthasExpert
"Durant mes douze kilomètres de marche solitaire, je pensai à mon père, à ce que m'avait dit l'oncle Georges qui avait passé les deux dernières nuits à son chevet. Entre deux crises, crachant son sang dans le seau que tenait Camille, il ne parlait que de nous, de son petit-fils, de son fils, de son chagrin pour Camille qu'il aimait tant, et des chefs des mines de Lens qui étaient venus les voir, ma mère et lui, pour leur présenter leurs condoléances. Il parlait aussi de moi :
« Té verras, Georges, min garchon sera chef porion, pis y passera ingénieur. Il a bien travaillé. »
Je revivais sa vie de bon ouvrier, de bon syndicaliste. Je me récitais comme une leçon son courage dans la lutte contre les injustices, contre les démagogues prometteurs de merveilles, contre le pharisaïsme, et son rire, ses chansons, sa tendresse."
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Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse. - Albert Camus
Aller apprendre l'ignorance à l'école, c'est une histoire qui ne s'invente pas ! - Alexandre Vialatte
À quels enfants allons-nous laisser le monde ? - Jaime Semprun
Comme si, tous ceux qui n'approuvent pas les nouveaux abus étaient évidemment partisans des anciens. - Edmund Burke
Versaillais de droite et Versaillais de gauche doivent être égaux devant la haine du peuple. - Manifeste des proscrits de la Commune
- HocamSage
Je suis amateur de toponymie et le très récent Noms de lieux de l'espace français de Pierre Gastal m'attendait depuis quelques semaines sur une étagère, entourés des vieux classiques de Rostaing et Dauzat sur le sujet.
L'auteur est un grand spécialiste du gaulois et un « bon connaisseur de l'occitan », comme le dit la quatrième de couverture. C'est un bon bagage pour aborder un thème aussi complexe. Pierre Gastal indique dès le préambule qu'il s'en est tenu aux séries de noms de lieux qui ont un élément en commun, et qu'il a donc écarté de fait les noms de lieux uniques (Brest, Grenoble, Le Havre...). Il explore surtout les réseaux de 600 racines étymologiques profondes qui parcourt le territoire français (ce qui représente environ 13 000 noms), avec des renvois comparatifs à des toponymes étrangers bien choisis. Un exemple que j'aime beaucoup, page 122 et dans l'encadré concernant les « tautologies » page 144 : la racine ligure CUQ/CUC/CUCHE, qui désigne un « sommet généralement arrondi et de faible altitude », un « mamelon, que l'on retrouve tautologiquement dans le fameux Montcucq du Lot (cher à Daniel Prévost), dans le Suc de la Cuche en Ardèche et aussi dans quelques hameaux britanniques nommés Cockhill. Si on veut y voir des allusions grivoises, ce ne sont donc pas forcément celles qu'on croit. J'aime beaucoup aussi la façon qu'a Gastal d'évoquer l'immense réseau de toponymes qui renvoient d'une manière ou d'une autre à l'arbre qu'on appelle hêtre : ce sont tous les Fage/Faget/Faye/Fayet/Lafay/Fau/Fay/Fayard et j'en passe, du Puy-du-Fou vendéen au Hagetmau (« mauvais bois de hêtres ») des Landes, de Fays-la-Chapelle dans l'Aube à Lafayette en passant par le col du Fau sur la route Grenoble-Sisteron...
Dans l'ensemble, j'ai beaucoup aimé la synthèse qu'il fait des recherches précédentes et les touches d'actualisation qu'il apporte sur des points très précis. Dauzat avait en effet besoin d'être dépoussiéré dans certains domaines, c'est normal après tant d'années (La Toponymie française date de 1960 et le Dauzat-Rostaing de 1963).
Ce que j'aime moins, c'est la forme. Je connais les éditions DésIris (avec un I majuscule au milieu), je sais bien qu'elles publient beaucoup d'ouvrages spécialisés et qu'elles ne sont pas toujours tournées vers « le grand public », mais tout de même, un petit effort de présentation ne serait pas de trop. Je trouve le choix de police regrettable et la mise en forme du texte très aride, on ne joue que sur le gras et l'italique pour les mises en évidence, et une succession de puces rondes qui ne facilite pas la consultation. Du brut de chez brut, comme je veux bien en trouver dans les PDF hyper-spécialisés que je consulte sur le sujet, mais pas dans un livre de 440 pages à 30€. Je ne demande pas un feu d'artifice de couleurs à toutes les pages, ce n'est pas un manuel scolaire, mais sincèrement, un ouvrage de 2020 sur la toponymie avec littéralement zéro tableau comparatif et zéro carte (ah si, il y en a une page 327 sur les dieux grecs sur la côte méditerranéenne...), je trouve ça dommage. D'autant que les éditions DésIris se présentent elles-mêmes ainsi sur leur site :
Même les abréviations pour les départements utilisées sur toutes les pages sont disgracieuses et propres à l'auteur, autant utiliser la numérotation classique si on veut gagner de la place (Arge, PAtl., TBelf., on abrège Doubs mais pas Marne...).
En bref, puisque le temps me manque, une très belle actualisation des vieilles sommes existant déjà sur le sujet, si on laisse de côté la dimension pratique et esthétique.
L'auteur est un grand spécialiste du gaulois et un « bon connaisseur de l'occitan », comme le dit la quatrième de couverture. C'est un bon bagage pour aborder un thème aussi complexe. Pierre Gastal indique dès le préambule qu'il s'en est tenu aux séries de noms de lieux qui ont un élément en commun, et qu'il a donc écarté de fait les noms de lieux uniques (Brest, Grenoble, Le Havre...). Il explore surtout les réseaux de 600 racines étymologiques profondes qui parcourt le territoire français (ce qui représente environ 13 000 noms), avec des renvois comparatifs à des toponymes étrangers bien choisis. Un exemple que j'aime beaucoup, page 122 et dans l'encadré concernant les « tautologies » page 144 : la racine ligure CUQ/CUC/CUCHE, qui désigne un « sommet généralement arrondi et de faible altitude », un « mamelon, que l'on retrouve tautologiquement dans le fameux Montcucq du Lot (cher à Daniel Prévost), dans le Suc de la Cuche en Ardèche et aussi dans quelques hameaux britanniques nommés Cockhill. Si on veut y voir des allusions grivoises, ce ne sont donc pas forcément celles qu'on croit. J'aime beaucoup aussi la façon qu'a Gastal d'évoquer l'immense réseau de toponymes qui renvoient d'une manière ou d'une autre à l'arbre qu'on appelle hêtre : ce sont tous les Fage/Faget/Faye/Fayet/Lafay/Fau/Fay/Fayard et j'en passe, du Puy-du-Fou vendéen au Hagetmau (« mauvais bois de hêtres ») des Landes, de Fays-la-Chapelle dans l'Aube à Lafayette en passant par le col du Fau sur la route Grenoble-Sisteron...
Dans l'ensemble, j'ai beaucoup aimé la synthèse qu'il fait des recherches précédentes et les touches d'actualisation qu'il apporte sur des points très précis. Dauzat avait en effet besoin d'être dépoussiéré dans certains domaines, c'est normal après tant d'années (La Toponymie française date de 1960 et le Dauzat-Rostaing de 1963).
Ce que j'aime moins, c'est la forme. Je connais les éditions DésIris (avec un I majuscule au milieu), je sais bien qu'elles publient beaucoup d'ouvrages spécialisés et qu'elles ne sont pas toujours tournées vers « le grand public », mais tout de même, un petit effort de présentation ne serait pas de trop. Je trouve le choix de police regrettable et la mise en forme du texte très aride, on ne joue que sur le gras et l'italique pour les mises en évidence, et une succession de puces rondes qui ne facilite pas la consultation. Du brut de chez brut, comme je veux bien en trouver dans les PDF hyper-spécialisés que je consulte sur le sujet, mais pas dans un livre de 440 pages à 30€. Je ne demande pas un feu d'artifice de couleurs à toutes les pages, ce n'est pas un manuel scolaire, mais sincèrement, un ouvrage de 2020 sur la toponymie avec littéralement zéro tableau comparatif et zéro carte (ah si, il y en a une page 327 sur les dieux grecs sur la côte méditerranéenne...), je trouve ça dommage. D'autant que les éditions DésIris se présentent elles-mêmes ainsi sur leur site :
Éditions DésIris a écrit:DésIris publie aussi des études sur des thèmes spécifiques (géographiques, historiques, scientifiques, culturels, etc.), comportant en général de nombreuses illustrations.
Même les abréviations pour les départements utilisées sur toutes les pages sont disgracieuses et propres à l'auteur, autant utiliser la numérotation classique si on veut gagner de la place (Arge, PAtl., TBelf., on abrège Doubs mais pas Marne...).
En bref, puisque le temps me manque, une très belle actualisation des vieilles sommes existant déjà sur le sujet, si on laisse de côté la dimension pratique et esthétique.
- LouisBarthasExpert
@Hocam
À propos de Cuq :
Il y a par chez moi un Cuq-Toulza. Gastal parle d'une racine ligure. Morlet (Dictionnaire étymologique des noms de familles, Perrin) parle d'une racine Cucc pré-celtique. Dauzat-Rostaing indiquent aussi une racine pré-indo-européenne. Je ne connais pas grand chose à l'histoire des langues, mais le ligure est bien une langue indo-européenne ?
À propos de Cuq :
Il y a par chez moi un Cuq-Toulza. Gastal parle d'une racine ligure. Morlet (Dictionnaire étymologique des noms de familles, Perrin) parle d'une racine Cucc pré-celtique. Dauzat-Rostaing indiquent aussi une racine pré-indo-européenne. Je ne connais pas grand chose à l'histoire des langues, mais le ligure est bien une langue indo-européenne ?
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Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse. - Albert Camus
Aller apprendre l'ignorance à l'école, c'est une histoire qui ne s'invente pas ! - Alexandre Vialatte
À quels enfants allons-nous laisser le monde ? - Jaime Semprun
Comme si, tous ceux qui n'approuvent pas les nouveaux abus étaient évidemment partisans des anciens. - Edmund Burke
Versaillais de droite et Versaillais de gauche doivent être égaux devant la haine du peuple. - Manifeste des proscrits de la Commune
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