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- GilbertineNeoprof expérimenté
Je recherche des poèmes de deuil pour réaliser une anthologie funéraire, dirons-nous. Ce n'est pas destiné à mes élèves, mais je n'ai pas les idées très claires pour choisir un poème de Pétrarque, de Dante, ou encore de Roubaud.
Les textes que j'envisage de mettre dans cette anthologie :
Auden, Funeral blues
Vlado Gotovac, Crna jedra (il faut que je traduise le texte)
Hugo
Je cherche encore pour Desnos et Eluard.
Je suis au point mort, merci d'avance de votre aide.
Les textes que j'envisage de mettre dans cette anthologie :
Auden, Funeral blues
Vlado Gotovac, Crna jedra (il faut que je traduise le texte)
Hugo
Je cherche encore pour Desnos et Eluard.
Je suis au point mort, merci d'avance de votre aide.
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"votre mystère étant resté là où est mort mon silence"
- GilbertineNeoprof expérimenté
Merci Isi, tu as raison.
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"votre mystère étant resté là où est mort mon silence"
- IsidoriaDoyen
Sinon "el desdichado" de Nerval s'approche de cette thématique aussi.
- User27372Niveau 7
Les textes de Michaux après la mort de sa femme...
- GilbertineNeoprof expérimenté
Merci. Vous êtes plus inspirés que moi.
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"votre mystère étant resté là où est mort mon silence"
- Invité ElExpert spécialisé
Gilbertine, sur ce thème, je donne ceux-ci par exemple:
Comme on voit sur la branche au mois de Mai la rose
En sa belle jeunesse, en sa premiere fleur
Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
Quand l'Aube de ses pleurs au point du jour l'arrose:
La grace dans sa feuille, et l'amour se repose,
Embaumant les jardins et les arbres d'odeur:
Mais battue ou de pluie, ou d'excessive ardeur,
Languissante elle meurt feuille à feuille déclose:
Ainsi en ta premiere et jeune nouveauté,
Quand la terre et le ciel honoroient ta beauté,
La Parque t'a tuée, et cendre tu reposes.
Pour obseques reçois mes larmes et mes pleurs,
Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs,
Afin que vif, et mort, ton corps ne soit que roses.
Ronsard, 2d livre des Amours
A vous qui construisez la nouvelle maison
Quand tu relèveras tes murs –
Ton âtre, ta couche, table et chaise –
Tes larmes sur ceux qui s’en sont allés,
Qui n’habiteront plus avec toi,
Tes larmes,
Point ne les appends à la pierre
Point au bois –
Des pleurs sinon tomberaient dans ton sommeil,
Ce court sommeil qu’il te faut encore faire.
Ne soupire pas quand tu mettras les draps à ton lit
Tes rêves sinon se mêleraient
A la sueur des morts.
Ah, murs et objets familiers sont
Telles les harpes éoliennes, réceptifs,
Et tel un cham où pousse la souffrance,
Et sentent toute trace en toi d’alliance à la poussière.
Construis quand s’écoule le sablier
Mais ne pleure pas les minutes en allées
Ensemble avec la poussière
Qui recouvre la lumière.
Nelly Sachs
Le poème 65 de Catulle (... Numquam ego te uita frater amabilior/Aspiciam posthac; at certe semper amabo...)
Comme on voit sur la branche au mois de Mai la rose
En sa belle jeunesse, en sa premiere fleur
Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
Quand l'Aube de ses pleurs au point du jour l'arrose:
La grace dans sa feuille, et l'amour se repose,
Embaumant les jardins et les arbres d'odeur:
Mais battue ou de pluie, ou d'excessive ardeur,
Languissante elle meurt feuille à feuille déclose:
Ainsi en ta premiere et jeune nouveauté,
Quand la terre et le ciel honoroient ta beauté,
La Parque t'a tuée, et cendre tu reposes.
Pour obseques reçois mes larmes et mes pleurs,
Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs,
Afin que vif, et mort, ton corps ne soit que roses.
Ronsard, 2d livre des Amours
A vous qui construisez la nouvelle maison
Quand tu relèveras tes murs –
Ton âtre, ta couche, table et chaise –
Tes larmes sur ceux qui s’en sont allés,
Qui n’habiteront plus avec toi,
Tes larmes,
Point ne les appends à la pierre
Point au bois –
Des pleurs sinon tomberaient dans ton sommeil,
Ce court sommeil qu’il te faut encore faire.
Ne soupire pas quand tu mettras les draps à ton lit
Tes rêves sinon se mêleraient
A la sueur des morts.
Ah, murs et objets familiers sont
Telles les harpes éoliennes, réceptifs,
Et tel un cham où pousse la souffrance,
Et sentent toute trace en toi d’alliance à la poussière.
Construis quand s’écoule le sablier
Mais ne pleure pas les minutes en allées
Ensemble avec la poussière
Qui recouvre la lumière.
Nelly Sachs
- Spoiler:
- Wenn du dir deine Wände neu aufrichtest –
Deinen Herd, Schlafstatt, Tisch und Stuhl –
Hänge nicht deine Tränen um sie, die dahingegangen,
Die nicht mehr mit dir wohnen werden
An den Stein
Nicht an das Holz –
Es weint sonst in deinen Schlaf hinein,
Den kurzen, den du noch tun mußt.
Seufze nicht, wenn du dein Laken bettest,
Es mischen sich sonst deine Träume
Mit dem Schweiß der Toten.
Ach, es sind die Wände und die Geräte
Wie die Windharfen empfänglich
Und wie ein Acker, darin dein Leid wächst,
Und spüren das Staubverwandte in dir.
Baue, wenn die Stundenuhr rieselt,
Aber weine nicht die Minuten fort
Mit dem Staub zusammen,
Der das Licht verdeckt.
Le poème 65 de Catulle (... Numquam ego te uita frater amabilior/Aspiciam posthac; at certe semper amabo...)
- GilbertineNeoprof expérimenté
Merci Izambard et Elpenor.
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"votre mystère étant resté là où est mort mon silence"
- ZazkFidèle du forum
Et un sourire… (1951)
La nuit n’est jamais complète
Il y a toujours, puisque je le dis
Puisque je l’affirme
Au bout du chagrin
Une fenêtre ouverte
Une fenêtre éclairée
Il y a toujours un rêve qui veille
Désir à combler, faim à satisfaire
Un cœur généreux
Une main tendue, une main ouverte
Des yeux attentifs
Une vie, la vie à se partager…
Paul Éluard
La nuit n’est jamais complète
Il y a toujours, puisque je le dis
Puisque je l’affirme
Au bout du chagrin
Une fenêtre ouverte
Une fenêtre éclairée
Il y a toujours un rêve qui veille
Désir à combler, faim à satisfaire
Un cœur généreux
Une main tendue, une main ouverte
Des yeux attentifs
Une vie, la vie à se partager…
Paul Éluard
- Invité ElExpert spécialisé
Ah, et puis il y a des perles dans les épigrammes funéraires de l'Anthologie Palatine. Par exemple:
Ναυηγοῦ τάφος εἰμι· σὺ δὲ πλέε· καὶ γὰρ ὅθ’ἡμεῖς
ὠλλύμεθ’, αἱ λοιπαὶ νῆες ἐποντοπόρουν.
Je suis la tombe d'un naufragé ; mais toi, continue ta route ; car lorsque nous avons sombré, les autres navires voguaient à pleines voiles.
Anthologie Palatine, VII, 282
Tu peux mettre ça sur la couverture (?) de ton anthologie éventuellement:
Ναυηγοῦ τάφος εἰμι· σὺ δὲ πλέε· καὶ γὰρ ὅθ’ἡμεῖς
ὠλλύμεθ’, αἱ λοιπαὶ νῆες ἐποντοπόρουν.
Je suis la tombe d'un naufragé ; mais toi, continue ta route ; car lorsque nous avons sombré, les autres navires voguaient à pleines voiles.
Anthologie Palatine, VII, 282
Tu peux mettre ça sur la couverture (?) de ton anthologie éventuellement:
- GilbertineNeoprof expérimenté
Merci à tous.
Elpenor, en échange, j'ai déposé une autre fiche de bricolage.
Elpenor, en échange, j'ai déposé une autre fiche de bricolage.
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"votre mystère étant resté là où est mort mon silence"
- nuagesGrand sage
Plus largement tout le recueil Le Temps déborde d'Eluard est consacré à la mort de Nusch (voir en particulier le très beau poème "Ma morte vivante") . Il y a aussi les poèmes de Jaccottet sur la mort de Louis Haesler , son beau-père admiré, qui figurent dans Leçons et A la lumière d'hiver.
- IsidoriaDoyen
Oui, j'y avais pensé en effet au départ, mais je n'avais pas de titre en tête.
- ShajarVénérable
Desnos, Dernier poème (écrit dans un camp de concentration, peu avant sa mort). Mis en musique par Poulenc.
(ici, à 1'42 : https://www.youtube.com/watch?v=ODOCDsrOrm8)
J'ai rêvé tellement fort de toi,
J'ai tellement marché, tellement parlé,
Tellement aimé ton ombre,
Qu'il ne me reste plus rien de toi.
Il me reste d'être l'ombre parmi les ombres
D'être cent fois plus ombre que l'ombre
D'être l'ombre qui viendra et reviendra
dans ta vie ensoleillée.
(ici, à 1'42 : https://www.youtube.com/watch?v=ODOCDsrOrm8)
J'ai rêvé tellement fort de toi,
J'ai tellement marché, tellement parlé,
Tellement aimé ton ombre,
Qu'il ne me reste plus rien de toi.
Il me reste d'être l'ombre parmi les ombres
D'être cent fois plus ombre que l'ombre
D'être l'ombre qui viendra et reviendra
dans ta vie ensoleillée.
- ShajarVénérable
Je ne sais pas si tu cherches aussi du côté de la poésie étrangère, mais il y a ce poème arabe de Majnun à Layla
Ô tombe de Layla, je les entends d'ici
Les femmes de la Perse et celles d'Arabie
Pousser, en te voyant, les longs cris du malheurs
Ô tombe de Layla, abrite dans l'honneur
Celle qui répandra les grâce sur nos vies !
Ô tombe de Layla, la voici étrangère :
Ni oncle ni cousin ne partagent sa terre
Jamais auparavant, tombe, tu n'abritas
Une femme aussi noble et pure que Layla.
Ô tombe de Layla, ils sont loin aujourd'hui,
Mère, tant et tous ceux qui étaient son abri.
- cannelle21Grand Maître
La source est à vérifier, mais ce poème m'a beaucoup aidée.
La mort n'est rien
La mort n'est rien,
je suis seulement passé, dans la pièce à côté.
Je suis moi. Vous êtes vous.
Ce que j'étais pour vous, je le suis toujours.
Donnez-moi le nom que vous m'avez toujours donné,
parlez-moi comme vous l'avez toujours fait.
N'employez pas un ton différent,
ne prenez pas un air solennel ou triste.
Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.
Priez, souriez,
pensez à moi,
priez pour moi.
Que mon nom soit prononcé à la maison
comme il l'a toujours été,
sans emphase d'aucune sorte,
sans une trace d'ombre.
La vie signifie tout ce qu'elle a toujours été.
Le fil n'est pas coupé.
Pourquoi serais-je hors de vos pensées,
simplement parce que je suis hors de votre vue ?
Je ne suis pas loin, juste de l'autre côté du chemin.
Canon Henry Scott-Holland (1847-1918), traduction d'un extrait de "The King of Terrors", sermon sur la mort 1910
Quelquefois attribué à Charles Péguy, d'après un texte de Saint Augustin
La mort n'est rien
La mort n'est rien,
je suis seulement passé, dans la pièce à côté.
Je suis moi. Vous êtes vous.
Ce que j'étais pour vous, je le suis toujours.
Donnez-moi le nom que vous m'avez toujours donné,
parlez-moi comme vous l'avez toujours fait.
N'employez pas un ton différent,
ne prenez pas un air solennel ou triste.
Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.
Priez, souriez,
pensez à moi,
priez pour moi.
Que mon nom soit prononcé à la maison
comme il l'a toujours été,
sans emphase d'aucune sorte,
sans une trace d'ombre.
La vie signifie tout ce qu'elle a toujours été.
Le fil n'est pas coupé.
Pourquoi serais-je hors de vos pensées,
simplement parce que je suis hors de votre vue ?
Je ne suis pas loin, juste de l'autre côté du chemin.
Canon Henry Scott-Holland (1847-1918), traduction d'un extrait de "The King of Terrors", sermon sur la mort 1910
Quelquefois attribué à Charles Péguy, d'après un texte de Saint Augustin
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Il y a des gens si bêtes que si une idée apparaissait à la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiée de solitude.
- GilbertineNeoprof expérimenté
Merci, vos propositions sont très intéressantes.
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"votre mystère étant resté là où est mort mon silence"
- NadejdaGrand sage
Paul Celan
Flocons noirs
La neige est tombée, éteinte. Voici une lune,
voire deux, que l’automne dans sa bure de moine
m’a apporté à moi aussi un message, une feuille des terrils d’Ukraine :
« Songe qu’ici aussi il fait hiver, pour la millième fois
dans le pays où coule le plus large des fleuves :
sang céleste de Jacob, béni par des haches…
Ô glace d’un rouge étranger à ce monde – son hetman le passe à gué avec toute sa
troupe vers des soleils qui s’enténèbrent… Enfant, ah ! un linge
dans lequel me draper quand les casques rutilent,
quand le bloc de glace, rosissant, se fend, quand les os de ton père
poudroient comme neige, se repent sous les sabots
le chant du cèdre…
Un linge, rien qu’un mouchoir, afin que j’y garde,
maintenant que tu apprends à pleurer, près de moi
l’exiguïté du monde qui jamais ne verdoie, mon enfant, pour ton enfant ! »
Que n’a-t-il saigné, mère, l’automne en filant entre mes mains, que ne m’a-t-elle brûlé la neige :
que n’ai-je cherché mon cœur, pour qu’il pleure, que n’ai-je trouvé le souffle, ah ! celui de l’été,
il était comme toi.
M’est venue la larme. Ai tissé le linge.
Le tremble (Espenbaum)
(Tremble, blanches sont tes feuilles dans la nuit
Les cheveux de ma mère ne sont jamais devenus blancs.
Dent-de-lion, si verte est la plaine d’Ukraine
Ma blonde mère n’est pas rentrée chez nous.
Nuage de pluie, tardes-tu, à l’approche des puits ?
Ma douce mère pleure pour tous.
Étoile ronde, tu enroules la traîne d’or.
Le cœur de ma mère a été blessé par le plomb.
Porte de chêne, qui t’a soulevée hors des gonds ?
Ma tendre mère ne peut pas venir).
Flocons noirs
La neige est tombée, éteinte. Voici une lune,
voire deux, que l’automne dans sa bure de moine
m’a apporté à moi aussi un message, une feuille des terrils d’Ukraine :
« Songe qu’ici aussi il fait hiver, pour la millième fois
dans le pays où coule le plus large des fleuves :
sang céleste de Jacob, béni par des haches…
Ô glace d’un rouge étranger à ce monde – son hetman le passe à gué avec toute sa
troupe vers des soleils qui s’enténèbrent… Enfant, ah ! un linge
dans lequel me draper quand les casques rutilent,
quand le bloc de glace, rosissant, se fend, quand les os de ton père
poudroient comme neige, se repent sous les sabots
le chant du cèdre…
Un linge, rien qu’un mouchoir, afin que j’y garde,
maintenant que tu apprends à pleurer, près de moi
l’exiguïté du monde qui jamais ne verdoie, mon enfant, pour ton enfant ! »
Que n’a-t-il saigné, mère, l’automne en filant entre mes mains, que ne m’a-t-elle brûlé la neige :
que n’ai-je cherché mon cœur, pour qu’il pleure, que n’ai-je trouvé le souffle, ah ! celui de l’été,
il était comme toi.
M’est venue la larme. Ai tissé le linge.
- Spoiler:
- Schwarze Flocken
Schnee ist gefallen, lichtlos. Ein Mond
ist es schon oder zwei, dass der Herbst unter mönchischer Kutte
Botschaft brachte auch mir, ein Blatt aus ukrainischen Halden:
‘Denk, dass es wintert auch hier, zum tausendstenmal nun
im Land, wo der breiteste Strom fliesst:
Jaakobs himmlisches Blut, benedeiet von Äxten…
O Eis von unirdischer Röte – es watet ihr Hetman mit allem
Tross in die finsternden Sonnen… Kind, ach ein Tuch,
mich zu hüllen darein, wenn es blinket von Helmen,
wenn die Scholle, die rosige, birst, wenn schneeig stäubt das Gebein
deines Vaters, unter den Hufen zerknirscht
das Lied von der Zeder…
Ein Tuch, ein Tüchlein nur schmal, dass ich wahre
nun, da zu weinen du lernst, mir zur Seite
die Enge der Welt, die nie grünt, mein Kind, deinem Kinde!’
Blutete, Mutter, der Herbst mir hinweg, brannte der Schnee mich:
sucht ich mein Herz, dass es weine, fand ich den Hauch, ach des Sommers,
war er wie du.
Kam mir die Träne. Webt ich das Tüchlein.
Le tremble (Espenbaum)
(Tremble, blanches sont tes feuilles dans la nuit
Les cheveux de ma mère ne sont jamais devenus blancs.
Dent-de-lion, si verte est la plaine d’Ukraine
Ma blonde mère n’est pas rentrée chez nous.
Nuage de pluie, tardes-tu, à l’approche des puits ?
Ma douce mère pleure pour tous.
Étoile ronde, tu enroules la traîne d’or.
Le cœur de ma mère a été blessé par le plomb.
Porte de chêne, qui t’a soulevée hors des gonds ?
Ma tendre mère ne peut pas venir).
- Spoiler:
- Espenbaum, dein Laub blickt weiss ins Dunkel.
Meiner Mutter Haar ward nimmer weiss.
Löwenzahn, so grün ist die Ukraine.
Meine blonde Mutter kam nicht heim.
Regenwolke, säumst du an den Brunnen?
Meine leise Mutter weint für alle.
Runder Stern, du schlingst die goldne Schleife.
Meiner Mutter Herz ward wund von Blei.
Eichne Tür, wer hob dich aus den Angeln?
Meine sanfte Mutter kann nicht kommen.
- ShajarVénérable
On trouve aussi cela chez Khayyam, mais je ne sais pas si ça rentre dans ton thème
Nos amis nous ont quittés, qui partageaient notre coeur
L'un après l'autre écrasés sous le talon de la Mort?
Au banquet de la vie tous ayant le même vin bu
L’ivresse les a vaincus quelques tournées avant nous.
Formée la coupe précieuse, ses courbes assujetties
L'ivrogne en sa fureur n'ose en détruire l'harmonie
Mais les membres délicats de tant d'êtres de beauté,
Quel amour les a créés, quelle rage anéantis ?
Le décret fatal d'En-Haut ne laisse une rose naître
Qu'il ne la brise bientôt et ne la livre à la terre
Si la poussière du sol comme l'eau s'évaporait,
Eternellement pleuvrait le sang des personnes chères
- NadejdaGrand sage
Avrom Sutzkever :
Sur la chaussée du ghetto en bringuebalant
Est passée une charrette remplie de chaussures
Encore chaude des pieds qui les avaient portées
Cadeau effroyable des exterminés et j’ai
Reconnu de ma mère la chaussure éculée
A la bouche béante ourlée de lèvres ensanglantées.
Courant derrière le convoi j’ai crié
Je veux être offrande à ton amour
Tomber à genoux et baiser
La poussière de ta chaussure frémissante
Et la sacrer phylactère sur mon front
En prononçant ton nom
Toutes les chaussures dans le brouillard des larmes
Sont devenues chaussures de ma mère.
Et ma main tendue est retombée inerte
Se refermant comme sur le vide du rêve.
Depuis ma conscience est une chaussure tordue.
Juillet 1943, ghetto de Vilnius
Sur la chaussée du ghetto en bringuebalant
Est passée une charrette remplie de chaussures
Encore chaude des pieds qui les avaient portées
Cadeau effroyable des exterminés et j’ai
Reconnu de ma mère la chaussure éculée
A la bouche béante ourlée de lèvres ensanglantées.
Courant derrière le convoi j’ai crié
Je veux être offrande à ton amour
Tomber à genoux et baiser
La poussière de ta chaussure frémissante
Et la sacrer phylactère sur mon front
En prononçant ton nom
Toutes les chaussures dans le brouillard des larmes
Sont devenues chaussures de ma mère.
Et ma main tendue est retombée inerte
Se refermant comme sur le vide du rêve.
Depuis ma conscience est une chaussure tordue.
Juillet 1943, ghetto de Vilnius
- cannelle21Grand Maître
Nadejda a écrit:Avrom Sutzkever :
Sur la chaussée du ghetto en bringuebalant
Est passée une charrette remplie de chaussures
Encore chaude des pieds qui les avaient portées
Cadeau effroyable des exterminés et j’ai
Reconnu de ma mère la chaussure éculée
A la bouche béante ourlée de lèvres ensanglantées.
Courant derrière le convoi j’ai crié
Je veux être offrande à ton amour
Tomber à genoux et baiser
La poussière de ta chaussure frémissante
Et la sacrer phylactère sur mon front
En prononçant ton nom
Toutes les chaussures dans le brouillard des larmes
Sont devenues chaussures de ma mère.
Et ma main tendue est retombée inerte
Se refermant comme sur le vide du rêve.
Depuis ma conscience est une chaussure tordue.
Juillet 1943, ghetto de Vilnius
Quel poème émouvant !
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Il y a des gens si bêtes que si une idée apparaissait à la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiée de solitude.
- GilbertineNeoprof expérimenté
Merci Nadejda.
Al qalam, quel traducteur retiens-tu pour Omar Khayyam ?
Al qalam, quel traducteur retiens-tu pour Omar Khayyam ?
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"votre mystère étant resté là où est mort mon silence"
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