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- GilbertineNeoprof expérimenté
Merci Nadejda.
Al qalam, quel traducteur retiens-tu pour Omar Khayyam ?
Al qalam, quel traducteur retiens-tu pour Omar Khayyam ?
- JaneBNeoprof expérimenté
" Annabel Lee" d'Edgar Allan Poe
It was many and many a year ago,
In a Kingdom by the sea,
That a maiden there lived whom you may know
By the name of Annabel Lee;
And this maiden she lived with no other thought
Than to love and be loved by me
I was a child and she was a child,
In this kingdom by the sea;
But we loved with a love that was more than love
I and my Annabel Lee;
With a love that the winged seraphs of heaven
Coveted her and me.
And this was the reason that, long ago,
In this Kingdom by the sea,
A wind blew out of a cloud, chilling
My beautiful Annabel Lee;
So that her highborn kinsman came
And bore her away from me
To shut her up in a sepulchre
In this Kingdom by the sea
The angels, not half so happy in heaven,
Went envying her and me.
Yes! That was the reason ( as all men know
In this Kingdom by the sea)
That the wind came out of the cloud by night,
Chilling and killing my Annabel Lee.
But our love it was stronger by far than the love
Of those who were older than we,
Of many far wiser than we.
And neither the angels in heaven above,
Nor the demons down under the sea,
Can ever dissever my soul from the soul
Of the beautiful Annabel Lee.
For the moon never beams without bringing me dreams
Of the beautiful Annabel Lee;
And the stars never rise but I feel the bright eyes
Of the beautiful Annabel Lee;
And so, all the night-tide, I lie down by the side
Of my darling - my darling - my life and my bride,
In the sepulchre there by the sea,
In her tomb by the sounding sea.
Il existe une traduction de Mallarmé que voici:
Il y a mainte et mainte année, dans un royaume près de la mer, vivait une jeune fille, que vous pouvez connaître par son nom d'ANNABEL LEE : et cette jeune fille ne vivait avec aucune autre pensée que d'aimer et d'être aimée de moi.
J'étais un enfant, et elle était un enfant dans ce royaume près de la mer ; mais nous nous aimions d'un amour qui était plus que l'amour, - moi et mon ANNABEL LEE ; d'un amour que les séraphins ailés des cieux convoitaient, à elle et à moi.
Et ce fut la raison que, il y a longtemps, - un vent souffla d'un nuage, glacant ma belle ANNABEL LEE ; de sorte que ses proches de haute lignée vinrent, et me l'enlevèrent, pour l'enfermer dans un sépulcre, en ce royaume près de la mer.
Les anges, pas à moitié si heureux aux cieux, vinrent, nous enviant, elle et moi - Oui ! ce fut la raison (comme tous les hommes le savent dans ce royaume près de la mer) pourquoi le vent sortit du nuage la nuit, glaçant et tuant mon ANNABEL LEE.
Car la lune jamais ne rayonne sans m'apporter des songes de la belle ANNABEL LEE ; et les étoiles jamais ne se lèvent que je ne sente les brillants yeux de la belle ANNABEL LEE ; et ainsi, toute l'heure de la nuit, je repose à côté de ma chérie, - de ma chérie, - ma vie et mon épousée, dans ce sépulcre près de la mer, dans sa tombe près de la bruyante mer.
Mais, pour notre amour, il était plus fort de tout un monde que l'amour de ceux plus âgés que nous ; - de plusieurs de tout un monde plus sages que nous, - et ni les anges là-haut dans les cieux, - ni les démons sous la mer ne peuvent jamais disjoindre mon âme de l'âme de la très-belle ANNABEL LEE.
It was many and many a year ago,
In a Kingdom by the sea,
That a maiden there lived whom you may know
By the name of Annabel Lee;
And this maiden she lived with no other thought
Than to love and be loved by me
I was a child and she was a child,
In this kingdom by the sea;
But we loved with a love that was more than love
I and my Annabel Lee;
With a love that the winged seraphs of heaven
Coveted her and me.
And this was the reason that, long ago,
In this Kingdom by the sea,
A wind blew out of a cloud, chilling
My beautiful Annabel Lee;
So that her highborn kinsman came
And bore her away from me
To shut her up in a sepulchre
In this Kingdom by the sea
The angels, not half so happy in heaven,
Went envying her and me.
Yes! That was the reason ( as all men know
In this Kingdom by the sea)
That the wind came out of the cloud by night,
Chilling and killing my Annabel Lee.
But our love it was stronger by far than the love
Of those who were older than we,
Of many far wiser than we.
And neither the angels in heaven above,
Nor the demons down under the sea,
Can ever dissever my soul from the soul
Of the beautiful Annabel Lee.
For the moon never beams without bringing me dreams
Of the beautiful Annabel Lee;
And the stars never rise but I feel the bright eyes
Of the beautiful Annabel Lee;
And so, all the night-tide, I lie down by the side
Of my darling - my darling - my life and my bride,
In the sepulchre there by the sea,
In her tomb by the sounding sea.
Il existe une traduction de Mallarmé que voici:
Il y a mainte et mainte année, dans un royaume près de la mer, vivait une jeune fille, que vous pouvez connaître par son nom d'ANNABEL LEE : et cette jeune fille ne vivait avec aucune autre pensée que d'aimer et d'être aimée de moi.
J'étais un enfant, et elle était un enfant dans ce royaume près de la mer ; mais nous nous aimions d'un amour qui était plus que l'amour, - moi et mon ANNABEL LEE ; d'un amour que les séraphins ailés des cieux convoitaient, à elle et à moi.
Et ce fut la raison que, il y a longtemps, - un vent souffla d'un nuage, glacant ma belle ANNABEL LEE ; de sorte que ses proches de haute lignée vinrent, et me l'enlevèrent, pour l'enfermer dans un sépulcre, en ce royaume près de la mer.
Les anges, pas à moitié si heureux aux cieux, vinrent, nous enviant, elle et moi - Oui ! ce fut la raison (comme tous les hommes le savent dans ce royaume près de la mer) pourquoi le vent sortit du nuage la nuit, glaçant et tuant mon ANNABEL LEE.
Car la lune jamais ne rayonne sans m'apporter des songes de la belle ANNABEL LEE ; et les étoiles jamais ne se lèvent que je ne sente les brillants yeux de la belle ANNABEL LEE ; et ainsi, toute l'heure de la nuit, je repose à côté de ma chérie, - de ma chérie, - ma vie et mon épousée, dans ce sépulcre près de la mer, dans sa tombe près de la bruyante mer.
Mais, pour notre amour, il était plus fort de tout un monde que l'amour de ceux plus âgés que nous ; - de plusieurs de tout un monde plus sages que nous, - et ni les anges là-haut dans les cieux, - ni les démons sous la mer ne peuvent jamais disjoindre mon âme de l'âme de la très-belle ANNABEL LEE.
- InvitéeS3Niveau 7
Ce n'est pas le poème auquel Nabokov faisait référence dans Lolita ?
- VicomteDeValmontGrand sage
Al-qalam a écrit:Desnos, Dernier poème (écrit dans un camp de concentration, peu avant sa mort). Mis en musique par Poulenc.
(ici, à 1'42 : https://www.youtube.com/watch?v=ODOCDsrOrm8)
J'ai rêvé tellement fort de toi,
J'ai tellement marché, tellement parlé,
Tellement aimé ton ombre,
Qu'il ne me reste plus rien de toi.
Il me reste d'être l'ombre parmi les ombres
D'être cent fois plus ombre que l'ombre
D'être l'ombre qui viendra et reviendra
dans ta vie ensoleillée.
Ce n'est pas le dernier poème de Desnos et il n'a pas été écrit en camp de concentration mais en 1926, c'est une traduction très approximative depuis le tchèque d'une strophe d'un de ses poèmes.
- GilbertineNeoprof expérimenté
Il me semblait bien qu'il s'agissait du poème "J'ai tant rêvé de toi" du cycle pour Yvonne George, A la Mystérieuse.
_________________
"votre mystère étant resté là où est mort mon silence"
- NLM76Grand Maître
Montaigne, sur La Boétie. Je crois qu'on peut considérer ça comme de la poésie.
_________________
Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- Tem-toGrand sage
Le recueil d'André Velter Le 7e sommet.
Très beau recueil de poèmes sur la perte de Chantal Mauduit, compagne du poète et professionnelle de l'escalade, décédée lors de l'ascension d'un des plus hauts sommets du monde.
Très beau recueil de poèmes sur la perte de Chantal Mauduit, compagne du poète et professionnelle de l'escalade, décédée lors de l'ascension d'un des plus hauts sommets du monde.
- Tem-toGrand sage
Pas du tout le style du post précédent (Velter fait de sa douleur son 7e sommet qu'il lui faut vaincre pour continuer à vivre) mais je pense aussi, en chanson simple et bien écrite à la guitare sèche) à Chanson pour Loulou du chanteur belge Julos Beaucarne que l'on peut écouter sur Youtube.
Sa femme a été assassinée dans les années 70 par quelqu'un qu'il connaissait. Il n'y a aucune agressivité ni volonté de revanche dans le texte. C'est juste une projection pleine de poésie. Sa femme n'est plus là mais si en fait, partout "sur la Terre ronde".
Sa femme a été assassinée dans les années 70 par quelqu'un qu'il connaissait. Il n'y a aucune agressivité ni volonté de revanche dans le texte. C'est juste une projection pleine de poésie. Sa femme n'est plus là mais si en fait, partout "sur la Terre ronde".
- PamphylienNiveau 3
James Sacré, Une petite fille silencieuse, André Dimanche, 2001.
- Invité ElExpert spécialisé
Peut-être un peu hors-sujet, mais la réécriture de l'ode à Aphrodite, de Sappho, par Renée Vivien (1903):
Accueille, immortelle Aphrodita, Déesse,
Tisseuse de ruse à l'âme d'arc-en-ciel,
Le frémissement, l'orage et la détresse
De mon long appel.
J'ai longtemps rêvé: ne brise pas mon âme
Parmi la stupeur et l'effroi de l'éveil,
Blanche Bienheureuse aux paupières de flamme,
Aux yeux de soleil.
Jadis, entendant ma triste voix lointaine,
Tu vins l'écouter dans la paix des couchants
Où songe la mer, car ta faveur hautaine
Couronne les chants.
Je vis le reflet de tes cheveux splendides
Sur l'or du nuage et la pourpre des eaux,
Ton char attelé de colombes rapides
Et de passereaux.
Et le battement lumineux de leurs ailes
Jetait des clartés sur le sombre univers,
Qui resplendissait de lueurs d'asphodèles
Et de roux éclairs.
Déchaînant les pleurs et l'angoisse des rires,
Tu quittas l'aurore immuable des cieux.
Là-bas surgissait la tempête des lyres
Aux sanglots joyeux.
Et toi, souriant de ton divin visage,
Tu me demandas: "D'où vient l'anxiété
A ton grave front, et quel désir ravage
Ton corps tourmenté?
"Qui te fait souffrir de l'âpre convoitise?
Et quelle Peithô, plus blonde que le jour
Aux cheveux d'argent, te trahit et méprise,
Psappha, ton amour?
"Tu ne sauras plus les langueurs de l'attente.
Celle qui te fuit te suivra pas à pas.
Elle t'ouvrira, comme la Nuit ardente,
L'ombre de ses bras.
"Et tremblante ainsi qu'une esclave confuse,
Offrant des parfums, des présents et des pleurs,
Elle ira vers toi, la vierge qui refuse
Tes fruits et tes fleurs.
"Par un soir brûlant de rubis et d'opales
Elle te dira des mots las et brisés,
Et tu connaîtras ses lèvres nuptiales,
Pâles de baisers."
Accueille, immortelle Aphrodita, Déesse,
Tisseuse de ruse à l'âme d'arc-en-ciel,
Le frémissement, l'orage et la détresse
De mon long appel.
J'ai longtemps rêvé: ne brise pas mon âme
Parmi la stupeur et l'effroi de l'éveil,
Blanche Bienheureuse aux paupières de flamme,
Aux yeux de soleil.
Jadis, entendant ma triste voix lointaine,
Tu vins l'écouter dans la paix des couchants
Où songe la mer, car ta faveur hautaine
Couronne les chants.
Je vis le reflet de tes cheveux splendides
Sur l'or du nuage et la pourpre des eaux,
Ton char attelé de colombes rapides
Et de passereaux.
Et le battement lumineux de leurs ailes
Jetait des clartés sur le sombre univers,
Qui resplendissait de lueurs d'asphodèles
Et de roux éclairs.
Déchaînant les pleurs et l'angoisse des rires,
Tu quittas l'aurore immuable des cieux.
Là-bas surgissait la tempête des lyres
Aux sanglots joyeux.
Et toi, souriant de ton divin visage,
Tu me demandas: "D'où vient l'anxiété
A ton grave front, et quel désir ravage
Ton corps tourmenté?
"Qui te fait souffrir de l'âpre convoitise?
Et quelle Peithô, plus blonde que le jour
Aux cheveux d'argent, te trahit et méprise,
Psappha, ton amour?
"Tu ne sauras plus les langueurs de l'attente.
Celle qui te fuit te suivra pas à pas.
Elle t'ouvrira, comme la Nuit ardente,
L'ombre de ses bras.
"Et tremblante ainsi qu'une esclave confuse,
Offrant des parfums, des présents et des pleurs,
Elle ira vers toi, la vierge qui refuse
Tes fruits et tes fleurs.
"Par un soir brûlant de rubis et d'opales
Elle te dira des mots las et brisés,
Et tu connaîtras ses lèvres nuptiales,
Pâles de baisers."
- PamphylienNiveau 3
"S'il est seul dans la maison et quelques bruits
(La rumeur du chauffage, un robinet qui goutte, le presque silence),
Le livre qu'il a ouvert n'a plus ni commencement ni fin.
Dans la pièce à côté personne pourrait savoir que les deux chats sont là.
La couleur des boiseries attend.
Tout ressemble à de la tranquillité, un meuble craque,
Et comme un sourire et des larmes sont quelque part
Dans la lumière diminuée maintenant que c'est le soir."
James Sacré, Une petite fille silencieuse, André Dimanche, 2001.
(La rumeur du chauffage, un robinet qui goutte, le presque silence),
Le livre qu'il a ouvert n'a plus ni commencement ni fin.
Dans la pièce à côté personne pourrait savoir que les deux chats sont là.
La couleur des boiseries attend.
Tout ressemble à de la tranquillité, un meuble craque,
Et comme un sourire et des larmes sont quelque part
Dans la lumière diminuée maintenant que c'est le soir."
James Sacré, Une petite fille silencieuse, André Dimanche, 2001.
- ShajarVénérable
Gilbert Lazard. Son édition bilingue (Cent un quatrains de libre pensée) est très bonne quant à la liste des quatrains retenus, qui sont tous les plus probables quant à l'attribution à Khayyam ; de plus, il a traduit en respectant le rythme des bayt (demi-vers), voire la rime finale (souvent en A-A-B-A, parfois A-A-B-C), tout en parvenant à être extrêmement proche du texte original. Sa traduction est un vrai chef d'oeuvre.Gilbertine a écrit:Merci Nadejda.
Al qalam, quel traducteur retiens-tu pour Omar Khayyam ?
- ShajarVénérable
Honte sur moi, c'est ce que j'avais appris en le chantant. Mille excuses.VicomteDeValmont a écrit:Al-qalam a écrit:Desnos, Dernier poème (écrit dans un camp de concentration, peu avant sa mort). Mis en musique par Poulenc.
(ici, à 1'42 : https://www.youtube.com/watch?v=ODOCDsrOrm8)
J'ai rêvé tellement fort de toi,
J'ai tellement marché, tellement parlé,
Tellement aimé ton ombre,
Qu'il ne me reste plus rien de toi.
Il me reste d'être l'ombre parmi les ombres
D'être cent fois plus ombre que l'ombre
D'être l'ombre qui viendra et reviendra
dans ta vie ensoleillée.
Ce n'est pas le dernier poème de Desnos et il n'a pas été écrit en camp de concentration mais en 1926, c'est une traduction très approximative depuis le tchèque d'une strophe d'un de ses poèmes.
- henrietteMédiateur
Ce poème d'Auden
Stop all the clocks, cut off the telephone,
Prevent the dog from barking with a juicy bone,
Silence the pianos and with muffled drum
Bring out the coffin, let the mourners come.
Let aeroplanes circle moaning overhead
Scribbling on the sky the message He Is Dead,
Put crepe bows round the white necks of the public doves,
Let the traffic policemen wear black cotton gloves.
He was my North, my South, my East and West,
My working week and my Sunday rest,
My noon, my midnight, my talk, my song;
I thought that love would last for ever: I was wrong.
The stars are not wanted now: put out every one;
Pack up the moon and dismantle the sun;
Pour away the ocean and sweep up the wood.
For nothing now can ever come to any good.
Sinon, voir aussi ce fil :
https://www.neoprofs.org/t22747-3eme-poemes-sur-le-deuil-la-separation
Stop all the clocks, cut off the telephone,
Prevent the dog from barking with a juicy bone,
Silence the pianos and with muffled drum
Bring out the coffin, let the mourners come.
Let aeroplanes circle moaning overhead
Scribbling on the sky the message He Is Dead,
Put crepe bows round the white necks of the public doves,
Let the traffic policemen wear black cotton gloves.
He was my North, my South, my East and West,
My working week and my Sunday rest,
My noon, my midnight, my talk, my song;
I thought that love would last for ever: I was wrong.
The stars are not wanted now: put out every one;
Pack up the moon and dismantle the sun;
Pour away the ocean and sweep up the wood.
For nothing now can ever come to any good.
Sinon, voir aussi ce fil :
https://www.neoprofs.org/t22747-3eme-poemes-sur-le-deuil-la-separation
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"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- PuckVénérable
Notre aventure est finie. L'hiver de cette année est mort comme la tombe. Peut-être quand nous mourrons, peut-être la mort seule nous donnera la clef et la suite et la fin de cette aventure manquée.
Ce n'est pas un poème mais un extrait du Grand Meaulnes
Ce n'est pas un poème mais un extrait du Grand Meaulnes
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"Ce que nous avons fait, aucune bête au monde ne l'aurait fait.
Mais nous nous en sommes sortis. Et nous voici confrontés à l'ingratitude de la nation. Pourtant, c'était pas ma guerre. C'était pas ma guerre, oh non !"Cripure
- egometDoyen
Consolation à monsieur du Perier
Ta douleur, Du Périer, sera donc éternelle,
Et les tristes discours
Que te met en l’esprit l’amitié paternelle
L’augmenteront toujours !
Le malheur de ta fille au tombeau descendue
Par un commun trépas,
Est-ce quelque dédale où ta raison perdue
Ne se retrouve pas ?
Je sais de quels appas son enfance était pleine,
Et n’ai pas entrepris,
Injurieux ami, de soulager ta peine
Avecque son mépris.
Mais elle était du monde, où les plus belles choses
Ont le pire destin,
Et rose elle a vécu ce que vivent les roses,
L’espace d’un matin.
Puis, quand ainsi serait que, selon ta prière,
Elle aurait obtenu
D’avoir en cheveux blancs terminé sa carrière,
Qu’en fût-il advenu ?
Penses-tu que, plus vieille, en la maison céleste
Elle eut plus d’accueil ?
Ou qu’elle eut moins senti la poussière funeste
Et les vers du cercueil ?
Non, non, mon Du Périer, aussitôt que la Parque
Ôte l’âme du corps,
L’âge s’évanouit au-deçà de la barque,
Et ne suit point les morts.
Tithon n’a plus les ans qui le firent cigale ;
Et Pluton, aujourd’hui,
Sans égard du passé, les mérites égale
D’Archémore et de lui.
Ne te lasse donc plus d’inutiles complaintes ;
Mais, sage à l’avenir,
Aime une ombre comme ombre, et des cendres éteintes
Éteins le souvenir.
C’est bien, je le confesse, une juste coutume
Que le cœur affligé,
Par le canal des yeux vidant son amertume,
Cherche d’être allégé.
Même quand il advient que la tombe sépare
Ce que nature a joint,
Celui qui ne s’émeut a l’âme d’un barbare,
Ou n’en a du tout point.
Mais d’être inconsolable, et dedans sa mémoire
Enfermer un ennui,
N’est ce pas se haïr pour acquérir la gloire
De bien aimer autrui ?
Priam qui vit ses fils abattus par Achille,
Dénué de support,
Et hors de tout espoir du salut de sa ville,
Reçut du réconfort.
François, quand la Castille, inégale à ses armes,
Lui vola son dauphin,
Sembla d’un si grand coup devoir jeter des larmes,
Qui n’eussent point de fin.
Il les sécha pourtant, et comme un autre Alcide,
Contre fortune instruit,
Fit qu’à ses ennemis d’un acte si perfide
La honte fut le fruit.
Leur camp, qui la Durance avoit presque tarie
De bataillons épais,
Entendant sa constance, eut peur de sa furie,
Et demanda la paix.
De moi, déjà deux fois d’une pareille foudre
Je me suis vu perclus ;
Et deux fois la raison m’a si bien fait résoudre,
Qu’il ne m’en souvient plus.
Non qu’il ne me soit grief que la tombe possède
Ce qui me fut si cher ;
Mais en un accident qui n’a point de remède
Il n’en faut point chercher.
La Mort a des rigueurs à nulle autre pareilles :
On a beau la prier,
La cruelle qu’elle est se bouche les oreilles
Et nous laisse crier.
Le pauvre en sa cabane, où le chaume le couvre
Est sujet à ses lois,
Et la garde qui veille aux barrières du Louvre
N’en défend point nos rois.
De murmurer contre elle, et perdre patience,
Il est mal à propos ;
Vouloir ce que Dieu veut, est la seule science
Qui nous met en repos.
Ta douleur, Du Périer, sera donc éternelle,
Et les tristes discours
Que te met en l’esprit l’amitié paternelle
L’augmenteront toujours !
Le malheur de ta fille au tombeau descendue
Par un commun trépas,
Est-ce quelque dédale où ta raison perdue
Ne se retrouve pas ?
Je sais de quels appas son enfance était pleine,
Et n’ai pas entrepris,
Injurieux ami, de soulager ta peine
Avecque son mépris.
Mais elle était du monde, où les plus belles choses
Ont le pire destin,
Et rose elle a vécu ce que vivent les roses,
L’espace d’un matin.
Puis, quand ainsi serait que, selon ta prière,
Elle aurait obtenu
D’avoir en cheveux blancs terminé sa carrière,
Qu’en fût-il advenu ?
Penses-tu que, plus vieille, en la maison céleste
Elle eut plus d’accueil ?
Ou qu’elle eut moins senti la poussière funeste
Et les vers du cercueil ?
Non, non, mon Du Périer, aussitôt que la Parque
Ôte l’âme du corps,
L’âge s’évanouit au-deçà de la barque,
Et ne suit point les morts.
Tithon n’a plus les ans qui le firent cigale ;
Et Pluton, aujourd’hui,
Sans égard du passé, les mérites égale
D’Archémore et de lui.
Ne te lasse donc plus d’inutiles complaintes ;
Mais, sage à l’avenir,
Aime une ombre comme ombre, et des cendres éteintes
Éteins le souvenir.
C’est bien, je le confesse, une juste coutume
Que le cœur affligé,
Par le canal des yeux vidant son amertume,
Cherche d’être allégé.
Même quand il advient que la tombe sépare
Ce que nature a joint,
Celui qui ne s’émeut a l’âme d’un barbare,
Ou n’en a du tout point.
Mais d’être inconsolable, et dedans sa mémoire
Enfermer un ennui,
N’est ce pas se haïr pour acquérir la gloire
De bien aimer autrui ?
Priam qui vit ses fils abattus par Achille,
Dénué de support,
Et hors de tout espoir du salut de sa ville,
Reçut du réconfort.
François, quand la Castille, inégale à ses armes,
Lui vola son dauphin,
Sembla d’un si grand coup devoir jeter des larmes,
Qui n’eussent point de fin.
Il les sécha pourtant, et comme un autre Alcide,
Contre fortune instruit,
Fit qu’à ses ennemis d’un acte si perfide
La honte fut le fruit.
Leur camp, qui la Durance avoit presque tarie
De bataillons épais,
Entendant sa constance, eut peur de sa furie,
Et demanda la paix.
De moi, déjà deux fois d’une pareille foudre
Je me suis vu perclus ;
Et deux fois la raison m’a si bien fait résoudre,
Qu’il ne m’en souvient plus.
Non qu’il ne me soit grief que la tombe possède
Ce qui me fut si cher ;
Mais en un accident qui n’a point de remède
Il n’en faut point chercher.
La Mort a des rigueurs à nulle autre pareilles :
On a beau la prier,
La cruelle qu’elle est se bouche les oreilles
Et nous laisse crier.
Le pauvre en sa cabane, où le chaume le couvre
Est sujet à ses lois,
Et la garde qui veille aux barrières du Louvre
N’en défend point nos rois.
De murmurer contre elle, et perdre patience,
Il est mal à propos ;
Vouloir ce que Dieu veut, est la seule science
Qui nous met en repos.
_________________
Primum non nocere.
Ubi bene, ibi patria.
Mes livres, mes poèmes, réflexions pédagogiques: http://egomet.sanqualis.com/
- egometDoyen
Dans le genre évident, le Lac de Lamartine.
_________________
Primum non nocere.
Ubi bene, ibi patria.
Mes livres, mes poèmes, réflexions pédagogiques: http://egomet.sanqualis.com/
- GilbertineNeoprof expérimenté
Merci pour vos contributions très intéressantes.
Je vais commander cet ouvrage, si tu le recommandes.
Al-qalam a écrit:Gilbert Lazard. Son édition bilingue (Cent un quatrains de libre pensée) est très bonne quant à la liste des quatrains retenus, qui sont tous les plus probables quant à l'attribution à Khayyam ; de plus, il a traduit en respectant le rythme des bayt (demi-vers), voire la rime finale (souvent en A-A-B-A, parfois A-A-B-C), tout en parvenant à être extrêmement proche du texte original. Sa traduction est un vrai chef d'oeuvre.Gilbertine a écrit:Merci Nadejda.
Al qalam, quel traducteur retiens-tu pour Omar Khayyam ?
Je vais commander cet ouvrage, si tu le recommandes.
_________________
"votre mystère étant resté là où est mort mon silence"
- ShajarVénérable
Lazard est l'un des meilleurs spécialistes de la littérature persane, tu peux y aller les yeux fermés sur tout ce qu'il a écrit. C'est aussi un très bon traducteur.
- RogerMartinBon génie
Gilbertine a écrit:Il me semblait bien qu'il s'agissait du poème "J'ai tant rêvé de toi" du cycle pour Yvonne George, A la Mystérieuse.
Desnos a cité le poème en question à un étudiant tchèque qui l'a reconnu alors qu'il était mourant du typhus après l'évacuation de Terezin. On a longtemps cru qu'il s'agissait d'une nouvelle version, avant de comprendre que c'était simplement une retraduction partielle. C'est tellement incroyable qu'il ait cité ce poème-là
Et sinon, terriblement classique, la Tarentine de Chénier ? "Elle a vécu Myrtho, la jeune Tarentine..."
Et j'aime beaucoup le choeur de déploration après la mort de Didon dans l'opéra de Purcell --
With drooping wings you Cupids come,
And scatter roses on her tomb.
Soft and gentle as her Heart
Keep here your watch, and never part.
Venez, cupidons, l’aile en berne,
Parsemer des pétales de roses sur sa tombe,
Doux et tendres, comme son coeur,
Montez ici la garde, et n’en partez jamais.
_________________
Yo, salut ma bande ! disait toujours le Samouraï.
I User5899.
User 17706 s'est retiré à Helsingør.
Strange how paranoia can link up with reality now and then.
- JaneBNeoprof expérimenté
henriette a écrit:Ce poème d'Auden
Stop all the clocks, cut off the telephone,
Prevent the dog from barking with a juicy bone,
Silence the pianos and with muffled drum
Bring out the coffin, let the mourners come.
Let aeroplanes circle moaning overhead
Scribbling on the sky the message He Is Dead,
Put crepe bows round the white necks of the public doves,
Let the traffic policemen wear black cotton gloves.
He was my North, my South, my East and West,
My working week and my Sunday rest,
My noon, my midnight, my talk, my song;
I thought that love would last for ever: I was wrong.
The stars are not wanted now: put out every one;
Pack up the moon and dismantle the sun;
Pour away the ocean and sweep up the wood.
For nothing now can ever come to any good.
Sinon, voir aussi ce fil :
https://www.neoprofs.org/t22747-3eme-poemes-sur-le-deuil-la-separation
J'aime beaucoup!
- HocamSage
J'avais cité sur un autre fil la fin du sonnet XXIII de John Milton. Le poème complet aurait peut-être sa place dans l'anthologie de Gilbertine, même s'il a ses faiblesses avant les derniers vers :
Methought I saw my late espoused saint
Brought to me, like Alcestis, from the grave,
Whom Jove's great son to her glad husband gave,
Rescu'd from death by force, though pale and faint.
Mine, as whom wash'd from spot of child-bed taint
Purification in the old Law did save,
And such as yet once more I trust to have
Full sight of her in Heaven without restraint,
Came vested all in white, pure as her mind;
Her face was veil'd, yet to my fancied sight
Love, sweetness, goodness, in her person shin'd
So clear as in no face with more delight.
But Oh! as to embrace me she inclin'd,
I wak'd, she fled, and day brought back my night.
Milton avait déjà perdu la vue à cette époque. Le je lyrique dit voir sa défunte femme revenir d'outre-tombe comme Alceste. De blanc vêtue, elle se penche vers lui — mais il se réveille, elle disparaît et le jour lui ramène sa nuit. Que de poésie dans ce dernier vers.
Methought I saw my late espoused saint
Brought to me, like Alcestis, from the grave,
Whom Jove's great son to her glad husband gave,
Rescu'd from death by force, though pale and faint.
Mine, as whom wash'd from spot of child-bed taint
Purification in the old Law did save,
And such as yet once more I trust to have
Full sight of her in Heaven without restraint,
Came vested all in white, pure as her mind;
Her face was veil'd, yet to my fancied sight
Love, sweetness, goodness, in her person shin'd
So clear as in no face with more delight.
But Oh! as to embrace me she inclin'd,
I wak'd, she fled, and day brought back my night.
Milton avait déjà perdu la vue à cette époque. Le je lyrique dit voir sa défunte femme revenir d'outre-tombe comme Alceste. De blanc vêtue, elle se penche vers lui — mais il se réveille, elle disparaît et le jour lui ramène sa nuit. Que de poésie dans ce dernier vers.
- Écusette de NoireuilEsprit éclairé
De Roubaud, des extraits de "Quelque chose de Noir" sur ce site:
http://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/30997
Et aussi peut-être en imite du sujet, mais j'aime beaucoup:
BERCEUSE MACABRE
Qu’elles sont cruelles et lentes, les heures !
Et qu’il est lourd — l’ennui de la mort !
Qu’elles sont cruelles et lentes, les heures
Les heures silencieuses et froides, qui tombent dans l’Éternité, comme des gouttes de pluie dans la mer.
Donne-moi la main, ô ma sœur, et viens sous la Lune calmante, parler de ceux que nous avons laissés seuls quand nous sommes descendues dans la tombe.
— Un sommeil très lourd m’engourdit, et je fais un rêve qui durera toujours ; — rendors-toi, ma sœur, — nos aimés nous ont oubliées,
— J’ai mis mon cœur dans son cœur et je suis sienne à travers la Mort.
— Ces murs sont hauts, et la terre des vivants est loin ; — rendors toi, ma sœur.
— J’ai senti des diamants humides tomber sur ma bouche desséchée, — c’est mon ami qui pleurait.
— Rendors-toi, pauvre sœur ; — c’est la pluie qui violait ton cercueil.
— Ô Souvent j’entends des sanglots lointains ; — c’est mon aimé qui gémit, hanté par nos chers souvenirs.
— Non, c’est le hibou qui jette un cri dans la nuit profonde ; — profonde comme nos tombeaux, et comme l’oubli de ceux qui nous avaient aimées ; — rendors-toi, ma sœur.
2 décembre 1882
Marie Krysinska, Rythmes pittoresques, 1890
http://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/30997
Et aussi peut-être en imite du sujet, mais j'aime beaucoup:
BERCEUSE MACABRE
Qu’elles sont cruelles et lentes, les heures !
Et qu’il est lourd — l’ennui de la mort !
Qu’elles sont cruelles et lentes, les heures
Les heures silencieuses et froides, qui tombent dans l’Éternité, comme des gouttes de pluie dans la mer.
Donne-moi la main, ô ma sœur, et viens sous la Lune calmante, parler de ceux que nous avons laissés seuls quand nous sommes descendues dans la tombe.
— Un sommeil très lourd m’engourdit, et je fais un rêve qui durera toujours ; — rendors-toi, ma sœur, — nos aimés nous ont oubliées,
— J’ai mis mon cœur dans son cœur et je suis sienne à travers la Mort.
— Ces murs sont hauts, et la terre des vivants est loin ; — rendors toi, ma sœur.
— J’ai senti des diamants humides tomber sur ma bouche desséchée, — c’est mon ami qui pleurait.
— Rendors-toi, pauvre sœur ; — c’est la pluie qui violait ton cercueil.
— Ô Souvent j’entends des sanglots lointains ; — c’est mon aimé qui gémit, hanté par nos chers souvenirs.
— Non, c’est le hibou qui jette un cri dans la nuit profonde ; — profonde comme nos tombeaux, et comme l’oubli de ceux qui nous avaient aimées ; — rendors-toi, ma sœur.
2 décembre 1882
Marie Krysinska, Rythmes pittoresques, 1890
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" Celui qui ne lit pas ne vit qu'une seule vie " (Umberto Eco )
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