- JPhMMDemi-dieu
Ben, ils essaient tout et en nombre.pamplemousses4 a écrit:JPhMM : bah non, ils ne font ni dans le numérique ni dans le virtuel, là. :gratte:
- OsmieSage
Saoirse a écrit:Je sais que ça n'a rien à voir, mais je viens d'avoir une formation destinée aux doctorants qui enseignent à l'université.
L'objectif était de nous aider, en tant que futurs ou jeunes professeurs, à enseigner. J'ai appris que j'étais, avant tout, un "facilitateur d'enseignement, un animateur, un artisan, un technicien..." et qu'il fallait "donner du plaisir à nos élèves" tout en privilégiant des techniques innovantes et si possibles numériques (classes inversées, réseaux sociaux...)
Impossible pour moi de ne pas penser à ce qu'il se passe dans le secondaire!
Wahouuu ! C'est autrement plus fun que pauvre ringard de professeur !
- ylmExpert spécialisé
Retour de formation. Je vais faire court: une journée de quasiment perdue. L'inspecteur a commencé par "vous êtes les vecteurs des valeurs de la république donc je vous demande d'être aimable", en faisant allusion aux formations qui ailleurs se passent mal. Globalement on a été aimables mais on n'a pas fait grand chose de la journée, dont le sujet était EPI et AP.
Une professeur accompagnatrice (chez nous ils ne sont pas formateurs, ils sont "accompagnateurs", ça change tout) s'est senti insultée et a très mal réagi quand je lui ai dit que je ne trouvais surprenant qu'elle n'ait jamais entendu parler de Clisthène. Le renouveau pédagogique au Québec pareil, inconnu de l'inspecteur également.
Les gens censés porter cette réforme sur le terrain n'y connaissent pas grand chose sur le fond, surtout les enseignants "accompagnateurs", c'est assez hallucinant que le ministère n'ait rien prévu pour former les formateurs (qui dans les formations auxquelles j'ai assisté sont plutôt agréables et de bonne volonté, ça se passe dans une ambiance apaisée, mais ne peuvent pas donner des réponses qu'ils ne connaissent pas).
Une professeur accompagnatrice (chez nous ils ne sont pas formateurs, ils sont "accompagnateurs", ça change tout) s'est senti insultée et a très mal réagi quand je lui ai dit que je ne trouvais surprenant qu'elle n'ait jamais entendu parler de Clisthène. Le renouveau pédagogique au Québec pareil, inconnu de l'inspecteur également.
Les gens censés porter cette réforme sur le terrain n'y connaissent pas grand chose sur le fond, surtout les enseignants "accompagnateurs", c'est assez hallucinant que le ministère n'ait rien prévu pour former les formateurs (qui dans les formations auxquelles j'ai assisté sont plutôt agréables et de bonne volonté, ça se passe dans une ambiance apaisée, mais ne peuvent pas donner des réponses qu'ils ne connaissent pas).
- RendashBon génie
ylm a écrit:Une professeur accompagnatrice (chez nous ils ne sont pas formateurs, ils sont "accompagnateurs", ça change tout) s'est senti insultée et a très mal réagi quand je lui ai dit que je ne trouvais pas normal qu'elle n'ait jamais entendu parler de Clisthène.
C'est-à-dire? Quelle a été sa réaction?
_________________
"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
- ylmExpert spécialisé
Elle a dit que je l'agressais, que je l'insultais, et qu'elle avait l'impression (en parlant de mon groupe) qu'elle avait devant elle des élèves et pas des adultes. On a du lui expliquer qu'exprimer son désaccord et poser des questions calmement était un comportement normal d'adultes. Après ça c'est mieux passé. Mais elle (et une autre accompagnatrice) était visiblement tendue et sur la défensive depuis le début, ils craignaient une contestation virulente qui n'a pas eu lieu.Rendash a écrit:ylm a écrit:Une professeur accompagnatrice (chez nous ils ne sont pas formateurs, ils sont "accompagnateurs", ça change tout) s'est senti insultée et a très mal réagi quand je lui ai dit que je ne trouvais pas normal qu'elle n'ait jamais entendu parler de Clisthène.
C'est-à-dire? Quelle a été sa réaction? :heu:
- RendashBon génie
C'est peut-être dommage.
_________________
"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
- prof2mathsNiveau 5
Bonjour à tous. J'y vais aussi de mon témoignage.
On a eu notre réunion avec les IPR de mathématiques sur la réforme. Nous étions plus d'une centaine, convoqués dans la grande salle de conférence du lycée Louis Le Grand (la classe!).
Voici un petit CR sur cette réunion :
Il en ressort que nous aurons d'autres réunions (sur les EPI, et l'informatique)
L'ensemble était soporifique et l'atmosphère lénifiante. Les IPR nous ont présenté la réforme et les nouveaux programmes via un power point chiant à mourir. Puis est venu le temps des questions.
Il y a eu quelques questions sur les aspects techniques du type "mais qu'en sera-t-il des manuels?", "et pour les élèves qui déménagent?", "comment fera-t-on pour les futurs 3èmes", "comment faire de l'informatique dans nos établissements?", etc. Les inspecteurs s'attendaient à ces questions, ils y étaient préparés et nous ont servi des réponses toutes prêtes. j'ai même eu l'impression qu'ils se délectaient de ces questions.
En revanche ce qui les a mis en difficulté, ce sont les questions sur le fond que je me suis permis de poser :
1) Ils ont raconté que les horaires de mathématiques restaient stables avec la réforme. Je suis intervenu pour dire que dans les textes c'est vrai, mais sur le terrain c'est faux, puisqu'ils comparent les horaires planchers et que dans les faits, aucun collège ne pratique les horaires plancher, il y a donc une perte significative des heures d'enseignement en maths. J'ai parlé concrètement de notre collège qui perdra 13,5h de maths à la rentrée prochaine et j'ai invité tous les collègues présents à faire les mêmes calculs pour leur collège. (c'est rigolo, parce que j'en ai vu qui ont aussitot commencé à griffonner des calculs). La réponse des inspecteurs a été d'abord vaseuse, puis carrément mensongère : "Paris est une exception, toutes les autres académies sont aux horaires plancher!" => Grosse réaction de la salle. Des collègues criaient au mensonge. Je crois que les inspecteurs ont oublié que les profs dans leur grande majorité ont vu du pays…
2) Les inspecteurs ont expliqué que les EPI permettaient de donner du sens aux mathématiques. Ma question (un peu taquine) a été la suivante : "Voulez-vous dire par là que nous enseignons notre discipline sans lui donner de sens?". => Réponse gênée des inspecteurs : "heu..., nous n'avons pas voulu dire cela"
3) Leur leitmotiv a été :" les recherches prouvent que...". En fait, par cette formule rhétorique, ils nous ont expliqué que tout est bon dans cette réforme : "les recherches prouvent que l’interdisciplinarité c'est super, les recherches prouvent que l'hétérogénéité c'est génial, les recherches prouvent que, par nos méthodes, nous ennuyons les élèves, etc." Ma question a été la suivante : "quelles sont ces recherches ? Pouvez-vous nous donner les références? Qui les a faites? quand? sur quelle population? selon quel protocole?" => réponse gênée des inspecteurs : "Ah,oui? tiens, c'est une bonne question, ça... en fait on sait pas et on vous mettra les références sur le site éduscol". Puis, j'ai ajouté que cette réforme était la continuité de celle du lycée. Et que les gens de terrain ne se préoccupent pas de savoir si la recherche trucmuche dit que c'est formidable, les gens qui ont les élèves en charge, prennent très vite la mesure des effets d'une réforme. J'ai expliqué que la réforme du collège était calquée sur celle du Lycée, et que certains font déjà le bilan de la réforme Chatel. J'ai alors lu un texte de la Société de Mathématique de France * (Elle a été fondée en 1872, par le grand mathématicien Michel Chasles et c'est l'une des plus anciennes société savante de mathématiciens au monde, donc une sacrée référence pour tout matheux qui se respecte !). Je te retranscris ici le texte que j'ai lu :
« Depuis la grande réforme des programmes de lycée mise en place en 2011, nous avons reçu aux rentrées 2013 et 2014 les premières cohortes d’étudiants parvenus dans l’enseignement supérieur. Par une baisse importante des horaires de mathématiques, et surtout, par la suppression progressive de la géométrie au profit d’un enseignement de la statistique et de l'informatique, cette réforme a modifié de façon sensible les exigences réelles en mathématiques à la sortie du lycée. Il a paru important à la Commission Enseignement de la SMF de faire un premier point qui se résume en trois lignes : les étudiants qui arrivent à l’université ou en classe préparatoire, semblent, pour une majorité d’entre eux :
- ne plus maîtriser le calcul numérique ou littéral ;
- avoir perdu le goût et la capacité de travailler chez eux ou en classe ;
- ignorer ce que sont les mathématiques.
Il est tentant de répliquer que ce constat n’est pas nouveau, mais cette fois, il semble que cela concerne même les meilleurs et les plus déterminés de nos étudiants.
La diminution des horaires et des programmes a entraîné de facto une diminution des connaissances des élèves. Les techniques de base de calcul et de raisonnement ne sont pas acquises. La faillite est totale : règle des signes, distributivité, somme de nombres rationnels, formules trigonométriques, radicaux, dérivées des fonctions simples... Mais, bien plus grave, les bases du raisonnement déductif ne sont pas posées.
En reportant à l’enseignement supérieur la confrontation avec les difficultés, en choisissant des thématiques proches du quotidien des jeunes – ou du moins imaginées telles – les programmes scientifiques du lycée depuis la réforme Chatel 2010 essaient de plaire. Si on souhaite réhabiliter le raisonnement et la recherche de problèmes, il est curieux de supprimer la partie des mathématiques qui, à ce niveau, permet de présenter et mettre en œuvre des démonstrations significatives et instructives. »
J'ai conclu en ajoutant : « La réforme du collège qui se prépare va encore beaucoup plus loin dans cet état d’esprit et donc dans la destruction de l'enseignement des mathématiques. »
=> applaudissements nourris de la salle. Les inspecteurs étaient assez déstabilisés et ne s'attendaient pas à cela. L'inspecteur général s'est énervé : "mais pourquoi vous applaudissez-tous!! Arrêtez ça tout de suite !!!", puis il a répondu de manière totalement vaseuse : " Mais vous ne nous apprenez rien!", " On connait bien la SMF, et d'ailleurs on travaille avec eux...", "nous ne voulons pas entrer dans des débats idéologiques", etc. Bref, j'ai été tellement surpris de la réaction hyper positive de la salle, et de l'embarras très visible des inspecteurs, que j'en ai oublié d'ajouter une question supplémentaire que j'avais en tête à ce moment là.
J'avais d'autres questions par la suite, mais les inspecteurs ont refusé de me donner le micro, puis ont décidé d'écourter la réunion et sont partis fâchés.
L'angle d'attaque sur le fond, sur les diminutions horaires, avec comme appui la réforme Chatel et les conséquences déjà mesurables sur le terrain est, je crois, bien plus porteur que les petites questions du type "mais comment qu'on va faire sans les manuels qu'on aura pas à la rentrée ?".
* le texte que j'ai lu est en réalité un extrait tiré d'un rapport de 4 pages de la SMF et j'y ai aussi ajouté une phrase venant d'un compte rendu de l’académie des sciences
On a eu notre réunion avec les IPR de mathématiques sur la réforme. Nous étions plus d'une centaine, convoqués dans la grande salle de conférence du lycée Louis Le Grand (la classe!).
Voici un petit CR sur cette réunion :
Il en ressort que nous aurons d'autres réunions (sur les EPI, et l'informatique)
L'ensemble était soporifique et l'atmosphère lénifiante. Les IPR nous ont présenté la réforme et les nouveaux programmes via un power point chiant à mourir. Puis est venu le temps des questions.
Il y a eu quelques questions sur les aspects techniques du type "mais qu'en sera-t-il des manuels?", "et pour les élèves qui déménagent?", "comment fera-t-on pour les futurs 3èmes", "comment faire de l'informatique dans nos établissements?", etc. Les inspecteurs s'attendaient à ces questions, ils y étaient préparés et nous ont servi des réponses toutes prêtes. j'ai même eu l'impression qu'ils se délectaient de ces questions.
En revanche ce qui les a mis en difficulté, ce sont les questions sur le fond que je me suis permis de poser :
1) Ils ont raconté que les horaires de mathématiques restaient stables avec la réforme. Je suis intervenu pour dire que dans les textes c'est vrai, mais sur le terrain c'est faux, puisqu'ils comparent les horaires planchers et que dans les faits, aucun collège ne pratique les horaires plancher, il y a donc une perte significative des heures d'enseignement en maths. J'ai parlé concrètement de notre collège qui perdra 13,5h de maths à la rentrée prochaine et j'ai invité tous les collègues présents à faire les mêmes calculs pour leur collège. (c'est rigolo, parce que j'en ai vu qui ont aussitot commencé à griffonner des calculs). La réponse des inspecteurs a été d'abord vaseuse, puis carrément mensongère : "Paris est une exception, toutes les autres académies sont aux horaires plancher!" => Grosse réaction de la salle. Des collègues criaient au mensonge. Je crois que les inspecteurs ont oublié que les profs dans leur grande majorité ont vu du pays…
2) Les inspecteurs ont expliqué que les EPI permettaient de donner du sens aux mathématiques. Ma question (un peu taquine) a été la suivante : "Voulez-vous dire par là que nous enseignons notre discipline sans lui donner de sens?". => Réponse gênée des inspecteurs : "heu..., nous n'avons pas voulu dire cela"
3) Leur leitmotiv a été :" les recherches prouvent que...". En fait, par cette formule rhétorique, ils nous ont expliqué que tout est bon dans cette réforme : "les recherches prouvent que l’interdisciplinarité c'est super, les recherches prouvent que l'hétérogénéité c'est génial, les recherches prouvent que, par nos méthodes, nous ennuyons les élèves, etc." Ma question a été la suivante : "quelles sont ces recherches ? Pouvez-vous nous donner les références? Qui les a faites? quand? sur quelle population? selon quel protocole?" => réponse gênée des inspecteurs : "Ah,oui? tiens, c'est une bonne question, ça... en fait on sait pas et on vous mettra les références sur le site éduscol". Puis, j'ai ajouté que cette réforme était la continuité de celle du lycée. Et que les gens de terrain ne se préoccupent pas de savoir si la recherche trucmuche dit que c'est formidable, les gens qui ont les élèves en charge, prennent très vite la mesure des effets d'une réforme. J'ai expliqué que la réforme du collège était calquée sur celle du Lycée, et que certains font déjà le bilan de la réforme Chatel. J'ai alors lu un texte de la Société de Mathématique de France * (Elle a été fondée en 1872, par le grand mathématicien Michel Chasles et c'est l'une des plus anciennes société savante de mathématiciens au monde, donc une sacrée référence pour tout matheux qui se respecte !). Je te retranscris ici le texte que j'ai lu :
« Depuis la grande réforme des programmes de lycée mise en place en 2011, nous avons reçu aux rentrées 2013 et 2014 les premières cohortes d’étudiants parvenus dans l’enseignement supérieur. Par une baisse importante des horaires de mathématiques, et surtout, par la suppression progressive de la géométrie au profit d’un enseignement de la statistique et de l'informatique, cette réforme a modifié de façon sensible les exigences réelles en mathématiques à la sortie du lycée. Il a paru important à la Commission Enseignement de la SMF de faire un premier point qui se résume en trois lignes : les étudiants qui arrivent à l’université ou en classe préparatoire, semblent, pour une majorité d’entre eux :
- ne plus maîtriser le calcul numérique ou littéral ;
- avoir perdu le goût et la capacité de travailler chez eux ou en classe ;
- ignorer ce que sont les mathématiques.
Il est tentant de répliquer que ce constat n’est pas nouveau, mais cette fois, il semble que cela concerne même les meilleurs et les plus déterminés de nos étudiants.
La diminution des horaires et des programmes a entraîné de facto une diminution des connaissances des élèves. Les techniques de base de calcul et de raisonnement ne sont pas acquises. La faillite est totale : règle des signes, distributivité, somme de nombres rationnels, formules trigonométriques, radicaux, dérivées des fonctions simples... Mais, bien plus grave, les bases du raisonnement déductif ne sont pas posées.
En reportant à l’enseignement supérieur la confrontation avec les difficultés, en choisissant des thématiques proches du quotidien des jeunes – ou du moins imaginées telles – les programmes scientifiques du lycée depuis la réforme Chatel 2010 essaient de plaire. Si on souhaite réhabiliter le raisonnement et la recherche de problèmes, il est curieux de supprimer la partie des mathématiques qui, à ce niveau, permet de présenter et mettre en œuvre des démonstrations significatives et instructives. »
J'ai conclu en ajoutant : « La réforme du collège qui se prépare va encore beaucoup plus loin dans cet état d’esprit et donc dans la destruction de l'enseignement des mathématiques. »
=> applaudissements nourris de la salle. Les inspecteurs étaient assez déstabilisés et ne s'attendaient pas à cela. L'inspecteur général s'est énervé : "mais pourquoi vous applaudissez-tous!! Arrêtez ça tout de suite !!!", puis il a répondu de manière totalement vaseuse : " Mais vous ne nous apprenez rien!", " On connait bien la SMF, et d'ailleurs on travaille avec eux...", "nous ne voulons pas entrer dans des débats idéologiques", etc. Bref, j'ai été tellement surpris de la réaction hyper positive de la salle, et de l'embarras très visible des inspecteurs, que j'en ai oublié d'ajouter une question supplémentaire que j'avais en tête à ce moment là.
J'avais d'autres questions par la suite, mais les inspecteurs ont refusé de me donner le micro, puis ont décidé d'écourter la réunion et sont partis fâchés.
L'angle d'attaque sur le fond, sur les diminutions horaires, avec comme appui la réforme Chatel et les conséquences déjà mesurables sur le terrain est, je crois, bien plus porteur que les petites questions du type "mais comment qu'on va faire sans les manuels qu'on aura pas à la rentrée ?".
* le texte que j'ai lu est en réalité un extrait tiré d'un rapport de 4 pages de la SMF et j'y ai aussi ajouté une phrase venant d'un compte rendu de l’académie des sciences
- kamasolouHabitué du forum
prof2maths a écrit:Bonjour à tous. J'y vais aussi de mon témoignage.
On a eu notre réunion avec les IPR de mathématiques sur la réforme. Nous étions plus d'une centaine, convoqués dans la grande salle de conférence du lycée Louis Le Grand (la classe!).
Voici un petit CR sur cette réunion :
Il en ressort que nous aurons d'autres réunions (sur les EPI, et l'informatique)
L'ensemble était soporifique et l'atmosphère lénifiante. Les IPR nous ont présenté la réforme et les nouveaux programmes via un power point chiant à mourir. Puis est venu le temps des questions.
Il y a eu quelques questions sur les aspects techniques du type "mais qu'en sera-t-il des manuels?", "et pour les élèves qui déménagent?", "comment fera-t-on pour les futurs 3èmes", "comment faire de l'informatique dans nos établissements?", etc. Les inspecteurs s'attendaient à ces questions, ils y étaient préparés et nous ont servi des réponses toutes prêtes. j'ai même eu l'impression qu'ils se délectaient de ces questions.
En revanche ce qui les a mis en difficulté, ce sont les questions sur le fond que je me suis permis de poser :
1) Ils ont raconté que les horaires de mathématiques restaient stables avec la réforme. Je suis intervenu pour dire que dans les textes c'est vrai, mais sur le terrain c'est faux, puisqu'ils comparent les horaires planchers et que dans les faits, aucun collège ne pratique les horaires plancher, il y a donc une perte significative des heures d'enseignement en maths. J'ai parlé concrètement de notre collège qui perdra 13,5h de maths à la rentrée prochaine et j'ai invité tous les collègues présents à faire les mêmes calculs pour leur collège. (c'est rigolo, parce que j'en ai vu qui ont aussitot commencé à griffonner des calculs). La réponse des inspecteurs a été d'abord vaseuse, puis carrément mensongère : "Paris est une exception, toutes les autres académies sont aux horaires plancher!" => Grosse réaction de la salle. Des collègues criaient au mensonge. Je crois que les inspecteurs ont oublié que les profs dans leur grande majorité ont vu du pays…
2) Les inspecteurs ont expliqué que les EPI permettaient de donner du sens aux mathématiques. Ma question (un peu taquine) a été la suivante : "Voulez-vous dire par là que nous enseignons notre discipline sans lui donner de sens?". => Réponse gênée des inspecteurs : "heu..., nous n'avons pas voulu dire cela"
3) Leur leitmotiv a été :" les recherches prouvent que...". En fait, par cette formule rhétorique, ils nous ont expliqué que tout est bon dans cette réforme : "les recherches prouvent que l’interdisciplinarité c'est super, les recherches prouvent que l'hétérogénéité c'est génial, les recherches prouvent que, par nos méthodes, nous ennuyons les élèves, etc." Ma question a été la suivante : "quelles sont ces recherches ? Pouvez-vous nous donner les références? Qui les a faites? quand? sur quelle population? selon quel protocole?" => réponse gênée des inspecteurs : "Ah,oui? tiens, c'est une bonne question, ça... en fait on sait pas et on vous mettra les références sur le site éduscol". Puis, j'ai ajouté que cette réforme était la continuité de celle du lycée. Et que les gens de terrain ne se préoccupent pas de savoir si la recherche trucmuche dit que c'est formidable, les gens qui ont les élèves en charge, prennent très vite la mesure des effets d'une réforme. J'ai expliqué que la réforme du collège était calquée sur celle du Lycée, et que certains font déjà le bilan de la réforme Chatel. J'ai alors lu un texte de la Société de Mathématique de France * (Elle a été fondée en 1872, par le grand mathématicien Michel Chasles et c'est l'une des plus anciennes société savante de mathématiciens au monde, donc une sacrée référence pour tout matheux qui se respecte !). Je te retranscris ici le texte que j'ai lu :
« Depuis la grande réforme des programmes de lycée mise en place en 2011, nous avons reçu aux rentrées 2013 et 2014 les premières cohortes d’étudiants parvenus dans l’enseignement supérieur. Par une baisse importante des horaires de mathématiques, et surtout, par la suppression progressive de la géométrie au profit d’un enseignement de la statistique et de l'informatique, cette réforme a modifié de façon sensible les exigences réelles en mathématiques à la sortie du lycée. Il a paru important à la Commission Enseignement de la SMF de faire un premier point qui se résume en trois lignes : les étudiants qui arrivent à l’université ou en classe préparatoire, semblent, pour une majorité d’entre eux :
- ne plus maîtriser le calcul numérique ou littéral ;
- avoir perdu le goût et la capacité de travailler chez eux ou en classe ;
- ignorer ce que sont les mathématiques.
Il est tentant de répliquer que ce constat n’est pas nouveau, mais cette fois, il semble que cela concerne même les meilleurs et les plus déterminés de nos étudiants.
La diminution des horaires et des programmes a entraîné de facto une diminution des connaissances des élèves. Les techniques de base de calcul et de raisonnement ne sont pas acquises. La faillite est totale : règle des signes, distributivité, somme de nombres rationnels, formules trigonométriques, radicaux, dérivées des fonctions simples... Mais, bien plus grave, les bases du raisonnement déductif ne sont pas posées.
En reportant à l’enseignement supérieur la confrontation avec les difficultés, en choisissant des thématiques proches du quotidien des jeunes – ou du moins imaginées telles – les programmes scientifiques du lycée depuis la réforme Chatel 2010 essaient de plaire. Si on souhaite réhabiliter le raisonnement et la recherche de problèmes, il est curieux de supprimer la partie des mathématiques qui, à ce niveau, permet de présenter et mettre en œuvre des démonstrations significatives et instructives. »
J'ai conclu en ajoutant : « La réforme du collège qui se prépare va encore beaucoup plus loin dans cet état d’esprit et donc dans la destruction de l'enseignement des mathématiques. »
=> applaudissements nourris de la salle. Les inspecteurs étaient assez déstabilisés et ne s'attendaient pas à cela. L'inspecteur général s'est énervé : "mais pourquoi vous applaudissez-tous!! Arrêtez ça tout de suite !!!", puis il a répondu de manière totalement vaseuse : " Mais vous ne nous apprenez rien!", " On connait bien la SMF, et d'ailleurs on travaille avec eux...", "nous ne voulons pas entrer dans des débats idéologiques", etc. Bref, j'ai été tellement surpris de la réaction hyper positive de la salle, et de l'embarras très visible des inspecteurs, que j'en ai oublié d'ajouter une question supplémentaire que j'avais en tête à ce moment là.
J'avais d'autres questions par la suite, mais les inspecteurs ont refusé de me donner le micro, puis ont décidé d'écourter la réunion et sont partis fâchés.
L'angle d'attaque sur le fond, sur les diminutions horaires, avec comme appui la réforme Chatel et les conséquences déjà mesurables sur le terrain est, je crois, bien plus porteur que les petites questions du type "mais comment qu'on va faire sans les manuels qu'on aura pas à la rentrée ?".
* le texte que j'ai lu est en réalité un extrait tiré d'un rapport de 4 pages de la SMF et j'y ai aussi ajouté une phrase venant d'un compte rendu de l’académie des sciences
Bravo et oui, en effet, les arguments de fond sont les plus percutants !
- Luigi_BGrand Maître
_________________
LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- gauvain31Empereur
Bravo Prof2maths !!
- InvitéeS3Niveau 7
Osmie a écrit:Saoirse a écrit:Je sais que ça n'a rien à voir, mais je viens d'avoir une formation destinée aux doctorants qui enseignent à l'université.
L'objectif était de nous aider, en tant que futurs ou jeunes professeurs, à enseigner. J'ai appris que j'étais, avant tout, un "facilitateur d'enseignement, un animateur, un artisan, un technicien..." et qu'il fallait "donner du plaisir à nos élèves" tout en privilégiant des techniques innovantes et si possibles numériques (classes inversées, réseaux sociaux...)
Impossible pour moi de ne pas penser à ce qu'il se passe dans le secondaire!
Wahouuu ! C'est autrement plus fun que pauvre ringard de professeur !
Mais attention, on est fun à condition de remplacer cahiers, tableau et stylos par tablettes, tableau interactif et stylets. On est fun si on demande à nos étudiants d'utiliser leurs Iphones dans l'amphi pour faire les exos qu'on leur donne. Sinon, on reste un pauvre ringard de prof!
Je crois bien que j'étais la seule déçue et en colère par rapport au contenu de la formation.
- MUTISExpert
prof2maths a écrit:Bonjour à tous. J'y vais aussi de mon témoignage.
On a eu notre réunion avec les IPR de mathématiques sur la réforme. Nous étions plus d'une centaine, convoqués dans la grande salle de conférence du lycée Louis Le Grand (la classe!).
Voici un petit CR sur cette réunion :
Il en ressort que nous aurons d'autres réunions (sur les EPI, et l'informatique)
L'ensemble était soporifique et l'atmosphère lénifiante. Les IPR nous ont présenté la réforme et les nouveaux programmes via un power point chiant à mourir. Puis est venu le temps des questions.
Il y a eu quelques questions sur les aspects techniques du type "mais qu'en sera-t-il des manuels?", "et pour les élèves qui déménagent?", "comment fera-t-on pour les futurs 3èmes", "comment faire de l'informatique dans nos établissements?", etc. Les inspecteurs s'attendaient à ces questions, ils y étaient préparés et nous ont servi des réponses toutes prêtes. j'ai même eu l'impression qu'ils se délectaient de ces questions.
En revanche ce qui les a mis en difficulté, ce sont les questions sur le fond que je me suis permis de poser :
1) Ils ont raconté que les horaires de mathématiques restaient stables avec la réforme. Je suis intervenu pour dire que dans les textes c'est vrai, mais sur le terrain c'est faux, puisqu'ils comparent les horaires planchers et que dans les faits, aucun collège ne pratique les horaires plancher, il y a donc une perte significative des heures d'enseignement en maths. J'ai parlé concrètement de notre collège qui perdra 13,5h de maths à la rentrée prochaine et j'ai invité tous les collègues présents à faire les mêmes calculs pour leur collège. (c'est rigolo, parce que j'en ai vu qui ont aussitot commencé à griffonner des calculs). La réponse des inspecteurs a été d'abord vaseuse, puis carrément mensongère : "Paris est une exception, toutes les autres académies sont aux horaires plancher!" => Grosse réaction de la salle. Des collègues criaient au mensonge. Je crois que les inspecteurs ont oublié que les profs dans leur grande majorité ont vu du pays…
2) Les inspecteurs ont expliqué que les EPI permettaient de donner du sens aux mathématiques. Ma question (un peu taquine) a été la suivante : "Voulez-vous dire par là que nous enseignons notre discipline sans lui donner de sens?". => Réponse gênée des inspecteurs : "heu..., nous n'avons pas voulu dire cela"
3) Leur leitmotiv a été :" les recherches prouvent que...". En fait, par cette formule rhétorique, ils nous ont expliqué que tout est bon dans cette réforme : "les recherches prouvent que l’interdisciplinarité c'est super, les recherches prouvent que l'hétérogénéité c'est génial, les recherches prouvent que, par nos méthodes, nous ennuyons les élèves, etc." Ma question a été la suivante : "quelles sont ces recherches ? Pouvez-vous nous donner les références? Qui les a faites? quand? sur quelle population? selon quel protocole?" => réponse gênée des inspecteurs : "Ah,oui? tiens, c'est une bonne question, ça... en fait on sait pas et on vous mettra les références sur le site éduscol". Puis, j'ai ajouté que cette réforme était la continuité de celle du lycée. Et que les gens de terrain ne se préoccupent pas de savoir si la recherche trucmuche dit que c'est formidable, les gens qui ont les élèves en charge, prennent très vite la mesure des effets d'une réforme. J'ai expliqué que la réforme du collège était calquée sur celle du Lycée, et que certains font déjà le bilan de la réforme Chatel. J'ai alors lu un texte de la Société de Mathématique de France * (Elle a été fondée en 1872, par le grand mathématicien Michel Chasles et c'est l'une des plus anciennes société savante de mathématiciens au monde, donc une sacrée référence pour tout matheux qui se respecte !). Je te retranscris ici le texte que j'ai lu :
« Depuis la grande réforme des programmes de lycée mise en place en 2011, nous avons reçu aux rentrées 2013 et 2014 les premières cohortes d’étudiants parvenus dans l’enseignement supérieur. Par une baisse importante des horaires de mathématiques, et surtout, par la suppression progressive de la géométrie au profit d’un enseignement de la statistique et de l'informatique, cette réforme a modifié de façon sensible les exigences réelles en mathématiques à la sortie du lycée. Il a paru important à la Commission Enseignement de la SMF de faire un premier point qui se résume en trois lignes : les étudiants qui arrivent à l’université ou en classe préparatoire, semblent, pour une majorité d’entre eux :
- ne plus maîtriser le calcul numérique ou littéral ;
- avoir perdu le goût et la capacité de travailler chez eux ou en classe ;
- ignorer ce que sont les mathématiques.
Il est tentant de répliquer que ce constat n’est pas nouveau, mais cette fois, il semble que cela concerne même les meilleurs et les plus déterminés de nos étudiants.
La diminution des horaires et des programmes a entraîné de facto une diminution des connaissances des élèves. Les techniques de base de calcul et de raisonnement ne sont pas acquises. La faillite est totale : règle des signes, distributivité, somme de nombres rationnels, formules trigonométriques, radicaux, dérivées des fonctions simples... Mais, bien plus grave, les bases du raisonnement déductif ne sont pas posées.
En reportant à l’enseignement supérieur la confrontation avec les difficultés, en choisissant des thématiques proches du quotidien des jeunes – ou du moins imaginées telles – les programmes scientifiques du lycée depuis la réforme Chatel 2010 essaient de plaire. Si on souhaite réhabiliter le raisonnement et la recherche de problèmes, il est curieux de supprimer la partie des mathématiques qui, à ce niveau, permet de présenter et mettre en œuvre des démonstrations significatives et instructives. »
J'ai conclu en ajoutant : « La réforme du collège qui se prépare va encore beaucoup plus loin dans cet état d’esprit et donc dans la destruction de l'enseignement des mathématiques. »
=> applaudissements nourris de la salle. Les inspecteurs étaient assez déstabilisés et ne s'attendaient pas à cela. L'inspecteur général s'est énervé : "mais pourquoi vous applaudissez-tous!! Arrêtez ça tout de suite !!!", puis il a répondu de manière totalement vaseuse : " Mais vous ne nous apprenez rien!", " On connait bien la SMF, et d'ailleurs on travaille avec eux...", "nous ne voulons pas entrer dans des débats idéologiques", etc. Bref, j'ai été tellement surpris de la réaction hyper positive de la salle, et de l'embarras très visible des inspecteurs, que j'en ai oublié d'ajouter une question supplémentaire que j'avais en tête à ce moment là.
J'avais d'autres questions par la suite, mais les inspecteurs ont refusé de me donner le micro, puis ont décidé d'écourter la réunion et sont partis fâchés.
L'angle d'attaque sur le fond, sur les diminutions horaires, avec comme appui la réforme Chatel et les conséquences déjà mesurables sur le terrain est, je crois, bien plus porteur que les petites questions du type "mais comment qu'on va faire sans les manuels qu'on aura pas à la rentrée ?".
* le texte que j'ai lu est en réalité un extrait tiré d'un rapport de 4 pages de la SMF et j'y ai aussi ajouté une phrase venant d'un compte rendu de l’académie des sciences
:lol:
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"Heureux soient les fêlés car ils laissent passer la lumière" (Audiard)
"Ce n'est pas l'excès d'autorité qui est dangereux, c'est l'excès d'obéissance" (Primo Levi)
"La littérature, quelque passion que nous mettions à le nier, permet de sauver de l'oubli tout ce sur quoi le regard contemporain, de plus en plus immoral, prétend glisser dans l'indifférence absolue" (Enrique Vila-Matas)
" Que les dissemblables soient réunis et de leurs différences jaillira la plus belle harmonie ; rien ne se fait sans lutte." (Héraclite)
"Les hommes sont si nécessairement fous que ce serait être fou par un autre tour de folie, de n'être pas fou" (Pascal).
- blancheExpert
Merci pour ce témoignage que j'ai affiché dans la salle des profs de mon établissement.
- ForsterÉrudit
Osmie a écrit:Saoirse a écrit:Je sais que ça n'a rien à voir, mais je viens d'avoir une formation destinée aux doctorants qui enseignent à l'université.
L'objectif était de nous aider, en tant que futurs ou jeunes professeurs, à enseigner. J'ai appris que j'étais, avant tout, un "facilitateur d'enseignement, un animateur, un artisan, un technicien..." et qu'il fallait "donner du plaisir à nos élèves" tout en privilégiant des techniques innovantes et si possibles numériques (classes inversées, réseaux sociaux...)
Impossible pour moi de ne pas penser à ce qu'il se passe dans le secondaire!
Wahouuu ! C'est autrement plus fun que pauvre ringard de professeur !
Ah tiens moi j'avais eu 'vous êtes un chef d'orchestre qui ne doit pas intervenir' (et qui devait aussi mettre en marche la machine molle du texte... je la cherche encore cette machine molle). Et le coup des téléphones, ça devient de plus en plus récurrent... surtout que certains collègues commencent à autoriser la prise du tableau en photo.
- pamplemousses4Expert
Prof2maths, félicitations à toi !
- InvitéeS3Niveau 7
RooMcfly a écrit:Osmie a écrit:Saoirse a écrit:Je sais que ça n'a rien à voir, mais je viens d'avoir une formation destinée aux doctorants qui enseignent à l'université.
L'objectif était de nous aider, en tant que futurs ou jeunes professeurs, à enseigner. J'ai appris que j'étais, avant tout, un "facilitateur d'enseignement, un animateur, un artisan, un technicien..." et qu'il fallait "donner du plaisir à nos élèves" tout en privilégiant des techniques innovantes et si possibles numériques (classes inversées, réseaux sociaux...)
Impossible pour moi de ne pas penser à ce qu'il se passe dans le secondaire!
Wahouuu ! C'est autrement plus fun que pauvre ringard de professeur !
Ah tiens moi j'avais eu 'vous êtes un chef d'orchestre qui ne doit pas intervenir' (et qui devait aussi mettre en marche la machine molle du texte... je la cherche encore cette machine molle). Et le coup des téléphones, ça devient de plus en plus récurrent... surtout que certains collègues commencent à autoriser la prise du tableau en photo.
Un chef d'orchestre qui n'intervient pas ! :mdr3:
En gros, on ne sert à rien !
Par contre la machine molle, qu'est-ce qu'ils ont bien voulu dire par là ??
- InvitéeS3Niveau 7
J'aurai adoré avoir le courage de Prof2maths ... et être aussi suivie par le reste de la salle. Une anecdote qui fait plaisir à entendre !
- OmbredeloupNiveau 7
bravo !
- Fesseur ProGuide spirituel
Mail du rectorat : En histoire-géographie, langues et arts, nous reporterons cette formation inter-degrés d'une demi-journée à la période septembre-octobre
Il faudrait songer à informer les recteurs de la date de la rentrée, en général début septembre.
Il faudrait songer à informer les recteurs de la date de la rentrée, en général début septembre.
_________________
Pourvu que ça dure...
- WildeNiveau 8
Prof2maths, bravo
- ZeSandmanFidèle du forum
Aujourd’hui dernière heure de formation à la réforme avant d’attaquer (beaucoup) plus tard les formations disciplinaires (trois journées tout de même, dont la dernière aura lieu après le brevet).
La matinée est consacrée à l’évaluation, l’après-midi à l’AP.
La bonne surprise est l’annonce de la venue d’un/une IPR au cours de la journée ; nos formateurs ne savent pas à quel moment son excellence viendra répondre à nos questions, ni dans quelle matière il/elle officie.
En fait le suspens sera de courte durée puisqu’à peine 30 minutes après le début du powerpoint (encore un) la personne en question débarque, se présentant comme un InspecteurAcadémiqueInspecteurPédagogiqueRégional d’allemand (je suis toujours sidéré par ce besoin de donner son titre de noblesse en entier, alors queSAR IPR suffirait, surtout entre initiés).
Je me dis qu’on va pouvoir entendre un discours certes officiel mais emprunt d’une certaine compassion étant donné le sort réservé à sa matière, même si l’Alsace est préservée grâce à la continuité entre primaire et secondaire.
La suite prouvera que je suis vraiment d’une naïveté atterrante.
Avant qu’il n’intervienne j’ai le temps d’apprendre qu’il existe pas moins de cinq types d’évaluation ; j’ai encore du mal à faire la différence entre évaluation formative et évaluation formatrice. Ça m’inquiète moi qui vais devoir différencier mon enseignement à longueur de temps devant des classes de 30 élèves. Comme Mara Goyet je me sens nul, mais nul !
Enfin il se propose de répondre à nos inquiétudes (sic) ; les profs de LV passent à la charge, dénonçant les pertes d’heures et donnant l’exemple d’un élève en cinquième cette année, bilangue depuis la sixième, et qui va se retrouver en quatrième avec des élèves qui commenceront seulement l’apprentissage de la langue. Il acquiesce mais ne répond rien à ce sujet.
En revanche sur les pertes d’heures, il affirme qu’il n’y en aura pas puisque la LV2 commence dès la cinquième maintenant, ce qui renforcera l’allemand notamment.
Tiens, j’ai déjà entendu ça… ah oui je me rends compte que cet inspecteur est un fidèle lecteur de Néo et qu’il a recopié mot à mot les éléments de langage fournis par laMiss (voir ici).
Beaucoup de collègues expriment leur désaccord, et quand enfin la parole m’est donnée (j’ai failli attraper une crampe à force de lever la main), je lui demande si dans ses calculs il n’a pas occulté la suppression des heures d’allemand suite aux conditions de continuité de la langue (autre que l’anglais) étudiée au primaire. Je rajoute que si effectivement aucune heure n’est perdue, je ne comprends pas la démarche de certains recteurs ou IPR qui depuis Novembre demandent par anticipation aux collègues d’allemand de se recycler vers d’autres matières ou encore d’aller compléter leur service en école primaire.
Il me répond qu’aller voir ce qui se passe en primaire n’est pas une mauvaise chose, non seulement pour l’allemand, mais aussi pour n’importe quel enseignant, puisque nos emplois du temps et notre présence dans les établissements nous permettent largement d’aller passer une heure de temps en temps dans les écoles.
Je lui fais un topo sur le fait que le temps n’est pas extensible, qu’une journée ne dure que 24 heures, que j’ai non seulement une vie de famille mais aussi des élèves dont je dois m’occuper cette année. Je lui fais remarquer qu’on nous demande d’investir beaucoup de temps avec cette réforme qui s’applique d’un coup d’un seul du CP à la troisième, sans pour autant revaloriser nos salaires à hauteur, bien au contraire.
Il me répond que le salaire n’est pas la question ici, d’autant plus que « vous n’êtes pas si mal lotis »…
Tout est dit dans cette phrase, qui suscite bien sûr l’indignation d’une grande partie des collègues présents et qui à mon sens résume bien tout le mépris de l’Institution à l’égard des enseignants.
Je lui rappelle que comme tout travailleur la question du salaire d’un prof, même si elle n’est souvent pas sa première motivation, reste essentielle en ces temps de crise, et que depuis six ans que mon point d’indice est gelé j’ai perdu 10% de pouvoir d’achat. Je me suis par contre réjoui pour lui que ses émoluments et diverses primes aient été revalorisés au BO du 1er Janvier.
Etant donnée sa réaction, j’ai bien peur que Léonardo DiCaprio, qui pensait que l’Oscar du meilleur acteur était déjà en poche après les Golden Globes, ait un peu de soucis à se faire car je lui ai trouvé un concurrent de dernière minute : « Ah bon, vous me l’apprenez ! » avec les yeux qui fuient en haut à gauche (si nous avions été en plein milieu d’une main de poker j’aurais fait tapis sans hésiter).
Il a eu un peu de mal à se dépêtrer de ses mots malheureux et nous ne l’entendrons plus par la suite ; pour tout dire je ne pourrais pas dire à quel moment il est ensuite parti.
L’après-midi n’apportera rien d’intéressant puisque nous avons été mis en groupes de travail autour de l’AP (décidément la caricature hilarante des formations donnée par Cripure en était-elle vraiment une ?).
Un point intriguant sur l’évaluation a été toutefois donné par cet IPR, en réponse à l’étonnement d’un collègue qui signalait qu’avec la réforme un même élève pourrait être évalué sur 20 dans une matière et par des compétences dans une autre. L’IPR a répondu que la réforme ne se mettrait pas complètement en place en une seule fois et que ce genre de situation ne serait que transitoire. L’utilisation de ce mot est pour moi franchement éloquente.
La matinée est consacrée à l’évaluation, l’après-midi à l’AP.
La bonne surprise est l’annonce de la venue d’un/une IPR au cours de la journée ; nos formateurs ne savent pas à quel moment son excellence viendra répondre à nos questions, ni dans quelle matière il/elle officie.
En fait le suspens sera de courte durée puisqu’à peine 30 minutes après le début du powerpoint (encore un) la personne en question débarque, se présentant comme un InspecteurAcadémiqueInspecteurPédagogiqueRégional d’allemand (je suis toujours sidéré par ce besoin de donner son titre de noblesse en entier, alors que
Je me dis qu’on va pouvoir entendre un discours certes officiel mais emprunt d’une certaine compassion étant donné le sort réservé à sa matière, même si l’Alsace est préservée grâce à la continuité entre primaire et secondaire.
La suite prouvera que je suis vraiment d’une naïveté atterrante.
Avant qu’il n’intervienne j’ai le temps d’apprendre qu’il existe pas moins de cinq types d’évaluation ; j’ai encore du mal à faire la différence entre évaluation formative et évaluation formatrice. Ça m’inquiète moi qui vais devoir différencier mon enseignement à longueur de temps devant des classes de 30 élèves. Comme Mara Goyet je me sens nul, mais nul !
Enfin il se propose de répondre à nos inquiétudes (sic) ; les profs de LV passent à la charge, dénonçant les pertes d’heures et donnant l’exemple d’un élève en cinquième cette année, bilangue depuis la sixième, et qui va se retrouver en quatrième avec des élèves qui commenceront seulement l’apprentissage de la langue. Il acquiesce mais ne répond rien à ce sujet.
En revanche sur les pertes d’heures, il affirme qu’il n’y en aura pas puisque la LV2 commence dès la cinquième maintenant, ce qui renforcera l’allemand notamment.
Tiens, j’ai déjà entendu ça… ah oui je me rends compte que cet inspecteur est un fidèle lecteur de Néo et qu’il a recopié mot à mot les éléments de langage fournis par laMiss (voir ici).
Beaucoup de collègues expriment leur désaccord, et quand enfin la parole m’est donnée (j’ai failli attraper une crampe à force de lever la main), je lui demande si dans ses calculs il n’a pas occulté la suppression des heures d’allemand suite aux conditions de continuité de la langue (autre que l’anglais) étudiée au primaire. Je rajoute que si effectivement aucune heure n’est perdue, je ne comprends pas la démarche de certains recteurs ou IPR qui depuis Novembre demandent par anticipation aux collègues d’allemand de se recycler vers d’autres matières ou encore d’aller compléter leur service en école primaire.
Il me répond qu’aller voir ce qui se passe en primaire n’est pas une mauvaise chose, non seulement pour l’allemand, mais aussi pour n’importe quel enseignant, puisque nos emplois du temps et notre présence dans les établissements nous permettent largement d’aller passer une heure de temps en temps dans les écoles.
Je lui fais un topo sur le fait que le temps n’est pas extensible, qu’une journée ne dure que 24 heures, que j’ai non seulement une vie de famille mais aussi des élèves dont je dois m’occuper cette année. Je lui fais remarquer qu’on nous demande d’investir beaucoup de temps avec cette réforme qui s’applique d’un coup d’un seul du CP à la troisième, sans pour autant revaloriser nos salaires à hauteur, bien au contraire.
Il me répond que le salaire n’est pas la question ici, d’autant plus que « vous n’êtes pas si mal lotis »…
Tout est dit dans cette phrase, qui suscite bien sûr l’indignation d’une grande partie des collègues présents et qui à mon sens résume bien tout le mépris de l’Institution à l’égard des enseignants.
Je lui rappelle que comme tout travailleur la question du salaire d’un prof, même si elle n’est souvent pas sa première motivation, reste essentielle en ces temps de crise, et que depuis six ans que mon point d’indice est gelé j’ai perdu 10% de pouvoir d’achat. Je me suis par contre réjoui pour lui que ses émoluments et diverses primes aient été revalorisés au BO du 1er Janvier.
Etant donnée sa réaction, j’ai bien peur que Léonardo DiCaprio, qui pensait que l’Oscar du meilleur acteur était déjà en poche après les Golden Globes, ait un peu de soucis à se faire car je lui ai trouvé un concurrent de dernière minute : « Ah bon, vous me l’apprenez ! » avec les yeux qui fuient en haut à gauche (si nous avions été en plein milieu d’une main de poker j’aurais fait tapis sans hésiter).
Il a eu un peu de mal à se dépêtrer de ses mots malheureux et nous ne l’entendrons plus par la suite ; pour tout dire je ne pourrais pas dire à quel moment il est ensuite parti.
L’après-midi n’apportera rien d’intéressant puisque nous avons été mis en groupes de travail autour de l’AP (décidément la caricature hilarante des formations donnée par Cripure en était-elle vraiment une ?).
Un point intriguant sur l’évaluation a été toutefois donné par cet IPR, en réponse à l’étonnement d’un collègue qui signalait qu’avec la réforme un même élève pourrait être évalué sur 20 dans une matière et par des compétences dans une autre. L’IPR a répondu que la réforme ne se mettrait pas complètement en place en une seule fois et que ce genre de situation ne serait que transitoire. L’utilisation de ce mot est pour moi franchement éloquente.
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Ce sont les rêves qui donnent au monde sa forme.
- pamplemousses4Expert
ZeSandman, merci de ce compte-rendu. Tu n'as pas manqué de courage !
- InvitéeS3Niveau 7
ZeSandman
Dans ces conditions là, je veux bien suivre ce genre dedivertissement formation! Plus besoin d'aller voir un spectacle d'humoristes! Merci à l'EN de s'assurer que ni les élèves, ni les profs ne s'ennuient.
Dans ces conditions là, je veux bien suivre ce genre de
- fanetteFidèle du forum
ZeSandman a écrit:
Je lui rappelle que comme tout travailleur la question du salaire d’un prof, même si elle n’est souvent pas sa première motivation, reste essentielle en ces temps de crise, et que depuis six ans que mon point d’indice est gelé j’ai perdu 10% de pouvoir d’achat. Je me suis par contre réjoui pour lui que ses émoluments et diverses primes aient été revalorisés au BO du 1er Janvier.
Un seul mot à dire :
- BoubouleDoyen
@prof2maths : quel était l'IG qui s'est dépacé ?
- LizdarcyFidèle du forum
ZeSandman, chapeau bas!
- Témoignages sur la formation à la réforme du collège (recension)
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- Témoignages sur les postes supprimés ou en CS dans nos établissements du fait de la réforme (recension)
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