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- moiNiveau 10
Bonjour à tous,
Je suis inspectée vendredi et suis, avec mes 6ème, dans une séquence sur le conte merveilleux. Je leur ai dit que Cendrillon avait une pantoufle de vair à l'origine.
Mais voilà, en faisant des recherches, je n'ai pas trouvé dans quelle version elle portait cette pantoufle de vair ! Chez Perrault, elle est en verre...
Aidez-moi que je sois au point au plus vite!!!
Mille mercis!
Je suis inspectée vendredi et suis, avec mes 6ème, dans une séquence sur le conte merveilleux. Je leur ai dit que Cendrillon avait une pantoufle de vair à l'origine.
Mais voilà, en faisant des recherches, je n'ai pas trouvé dans quelle version elle portait cette pantoufle de vair ! Chez Perrault, elle est en verre...
Aidez-moi que je sois au point au plus vite!!!
Mille mercis!
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"Il existe un autre monde mais il est dans celui-ci." (W.B. Yeats)
- CarabasVénérable
En fait, je crois que c'est Balzac et Littré qui trouvaient absurde le verre comme matériau pour une pantoufle. Ils trouvaient le vair plus cohérent.
Par contre, ils n'avaient rien contre la citrouille comme moyen de locomotion...
Donc chez Perrault, c'est bien le verre.
Tu peux leur dire que ça a fait débat chez des auteurs connus.
Par contre, ils n'avaient rien contre la citrouille comme moyen de locomotion...
Donc chez Perrault, c'est bien le verre.
Tu peux leur dire que ça a fait débat chez des auteurs connus.
- CarabasVénérable
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cendrillon#Pantoufle_de_vair_ou_de_verre_.3F
J'ai trouvé ça, mais pas le texte où Balzac s'explique.
J'ai trouvé ça, mais pas le texte où Balzac s'explique.
- CathEnchanteur
Pantoufle de vair, sans hésiter.
C'est un petit animal dont on utilise la fourrure pour fourrer les chaussures.
Comme tout le monde a oublié le vair, c'est devenu le verre...ce qui est absurde!
C'est un petit animal dont on utilise la fourrure pour fourrer les chaussures.
Comme tout le monde a oublié le vair, c'est devenu le verre...ce qui est absurde!
- CathEnchanteur
Moi aussi, j'y vais de ma référence...
http://fr.wikipedia.org/wiki/Vair
http://fr.wikipedia.org/wiki/Vair
- CathEnchanteur
Bon, évidemment, eux disent le contraire de moi!
Donc, ça devrait être en vair, mais en fait c'est en verre.
Logique.
Donc, ça devrait être en vair, mais en fait c'est en verre.
Logique.
- CarabasVénérable
Mais où est donc l'absurdité?
C'est un conte.
Des animaux qui parlent, une citrouille qui devient carosse, tout cela est absurde, aussi. Ce qui leur donne de la cohérence, c'est qu'on est dans un univers de conte.
Dans un autre conte, il est question de souliers de fer.
C'est un conte.
Des animaux qui parlent, une citrouille qui devient carosse, tout cela est absurde, aussi. Ce qui leur donne de la cohérence, c'est qu'on est dans un univers de conte.
Dans un autre conte, il est question de souliers de fer.
- papillonbleuEsprit éclairé
Vieux débat... il semblerait que la pantoufle de Perrault soit bien en VERRE.
- CathEnchanteur
Carabas a écrit:Mais où est donc l'absurdité?
C'est un conte.
Des animaux qui parlent, une citrouille qui devient carosse, tout cela est absurde, aussi. Ce qui leur donne de la cohérence, c'est qu'on est dans un univers de conte.
Dans un autre conte, il est question de souliers de fer.
Ah mais les chaussures en verre, ça craint!
Ça fait des ampoules, et comme elles sont transparentes, si on met un pansement, on le voit à travers...
- moiNiveau 10
L'avantage, c'est que vous me faites rire alors que je suis hyper stressée!
Balzac aurait donc écrit une version de Cendrillon?
Je ne comprends plus rien...
Balzac aurait donc écrit une version de Cendrillon?
Je ne comprends plus rien...
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"Il existe un autre monde mais il est dans celui-ci." (W.B. Yeats)
- Barnafée la PatouilleNeoprof expérimenté
cath5660 a écrit:
Ah mais les chaussures en verre, ça craint!
Ça fait des ampoules, et comme elles sont transparentes, si on met un pansement, on le voit à travers...
J'ai toujours était convaincue qu'il s'agissait de vair et non de verre. Mais je n'ai aucune source à citer pour l'affirmer...
- CarabasVénérable
Rhââ je cherche le texte de Balzac. En fait, ce n'est pas une réécriture du conte, mais une discussion.
- Barnafée la PatouilleNeoprof expérimenté
moi a écrit:L'avantage, c'est que vous me faites rire alors que je suis hyper stressée!
Balzac aurait donc écrit une version de Cendrillon?
Je ne comprends plus rien...
Peut-être peux-tu simplement signaler aux élèves que la question se pose, cela leur permettra en même temps de découvrir le sens du mot vair!
Bon courage pour ton inspection!
Ton IPR te donnera peut-être son avis sur la question!
- AnacycliqueÉrudit
Il me semble qu'on a vu ça à la fac.
La pantoufle ne peut être en VERRE : confusion au fil de la transmission, avec le VAIR : une fourrure de petit écureuil.
Le temps a fait d'une botte en peau de bête (très prisée!), le talon aiguille en verre de Barbie-Walt Disney (Pfffffffffffff ) Ca devait être plus... féminin
La pantoufle ne peut être en VERRE : confusion au fil de la transmission, avec le VAIR : une fourrure de petit écureuil.
Le temps a fait d'une botte en peau de bête (très prisée!), le talon aiguille en verre de Barbie-Walt Disney (Pfffffffffffff ) Ca devait être plus... féminin
- nuagesGrand sage
j'ai eu Perrault au programme de TL et la pantoufle est en verre , c'est d'ailleurs un objet merveilleux exceptionnel dans le conte puisqu'elle reste toujours en verre après minuit . Balzac qui a bien introduit l'homonyme "vair" s'est trompé en cherchant la vraisemblance dans un conte merveilleux , il aurait dû aussi contester la citrouille carrosse . Quand s'en prendra-t-on donc à sa peau de chagrin donc le rétrécissement est très louche?
- AnacycliqueÉrudit
Perrault ne fait qu'écrire le mauvais homophone, erreur faite lors de la transmission orale du canevas du conte : l'oubli (pb de fréquence lexicale, sorti de la culture commune) du VAIR ne semble pas inepte.
Après, cette lecture m'a été transmise par un médiéviste pointu (vous savez, celui qui explique toute votre phonétique historique, dans le pavé pour l'agreg...). Il peut avoir tort, mais la transmission orale des contes a de quoi faire douter...
S'il s'agissait d'un rétablissement de la vraisemblance, ce ne serait pas inintéressant. Le soulier est la cerise sur le gâteau de la tenue extrêmement raffinée (bien réelle : tissus précieux de l'époque) que crée la Marraine; le VAIR était jadis rare, un vrai signe extérieur de richesse : cela fonctionne.
... j'ai essayé d'être claire , j'espère que ça l'est
Après, cette lecture m'a été transmise par un médiéviste pointu (vous savez, celui qui explique toute votre phonétique historique, dans le pavé pour l'agreg...). Il peut avoir tort, mais la transmission orale des contes a de quoi faire douter...
S'il s'agissait d'un rétablissement de la vraisemblance, ce ne serait pas inintéressant. Le soulier est la cerise sur le gâteau de la tenue extrêmement raffinée (bien réelle : tissus précieux de l'époque) que crée la Marraine; le VAIR était jadis rare, un vrai signe extérieur de richesse : cela fonctionne.
... j'ai essayé d'être claire , j'espère que ça l'est
- pavotNiveau 9
Les pantoufles de Cendrillon
Des générations d’écoliers ont appris que Cendrillon se rendait au bal chaussée de pantoufles de vair, c’est-à-dire faites en fourrure d’écureuil petit-gris aux couleurs variées. L’ennui, c’est que le texte de Perrault parle de pantoufles de verre. Ce sont des éditeurs férus de logique qui, à la fin du XVIIIe ou au début du XIXe s. ont imaginé que l’héroïne du conte était chaussée de vair. Ces éditeurs n’ont pas seulement abusé de naïfs écoliers, de grands écrivains sont tombés dans le piège. C’est ainsi qu’Honoré de Balzac, rappelant fort justement que certaines fourrures rares, comme le vair, ne pouvaient être portées que par les rois, par les ducs et par les seigneurs, s’est cru obligé d’ajouter que « ce mot [le vair], depuis cent ans, est si bien tombé en désuétude que, dans un nombre infini d’éditions de contes de Perrault, la célèbre pantoufle de Cendrillon, sans doute de menu vair, est présentée comme étant de verre » (Le Martyr calviniste, 1841). Et Anatole France, quarante-quatre ans plus tard, opinait du bonnet : « C’est par erreur qu’on a dit que les pantoufles de Cendrillon étaient de verre. Des chaussures de vair, c’est-à-dire des chaussures fourrées, se conçoivent mieux » (Le livre mon ami, 1885). Ces beaux esprits oubliaient tout simplement que rien n’est impossible à une fée, et que la marraine de Cendrillon, capable de changer une citrouille en carrosse, pouvait tout aussi bien créer un verre aussi délicat qu’infrangible. Sa filleule n’avait à craindre aucun incident fâcheux, à condition de ne pas s’attarder au bal après minuit ! « Quoi de plus joli qu’une pantoufle transparente qui laissait voir, comme s’il eût été nu, ce charmant petit pied dont le fils du roi se montre si amoureux ! », écrivait fort judicieusement feu mon confrère Aristide, du Figaro (La langue française dans tous ses débats, Paris, Bourin, 1989).
La question pourrait sembler futile. Que non ! Elle a passionné les lexicographes. Jugez-en. Dans son Grand Dictionnaire Universel, Pierre Larousse se prononce sans équivoque pour la pantoufle de vair : « Les éditeurs de contes de fées ont-ils mis verre à la place de vair par ignorance ou pour augmenter le merveilleux du récit ?(1) Nous ne savons pas. Mais ce qu’il y a de certain, c’est qu’au temps de Perrault le vair était bien connu comme une des fourrures du blason et que, malgré son goût pour le merveilleux, il n’a point eu la pensée de chausser sa petite Cendrillon avec du verre. On peut supposer que, plus tard, la science du blason étant tombée dans l’oubli, un imprimeur aura cru corriger une véritable faute en remplaçant vair, mot qui lui était inconnu, par verre ; et c’est ainsi que le nom de Cendrillon se sera trouvé associé avec l’idée d’une chaussure fantastique que la vérité historique est forcée de reléguer parmi les simples coquilles typographiques(2). » Un siècle plus tard, le Grand Larousse Encyclopédique adopte résolument le point de vue opposé : « À propos des pantoufles de Cendrillon, on a émis l’hypothèse qu’elles étaient de vair (fourrure) et non de verre, comme l’a écrit Perrault, mais, dans un conte de fées, une telle recherche de la vraisemblance paraît inutile ». Je laisserai à Aristide le soin de conclure ce débat : « Ces opinions, toutes opposées, témoignent que la pantoufle de Cendrillon a la valeur d’un test qui permet de reconnaître, à coup sûr, si l’on appartient à la famille des poètes ou à celle des logiciens ».
« Tu te rendrais au bal en pantoufles, toi ? » m’a demandé un jour un ami qui n’était ni l’un ni l’autre. Certes non, je n’irais pas ainsi chaussé. Mais ce garçon perdait de vue que Charles Perrault (1628-1703) s’inspirait d’un conte déjà ancien à son époque, et qu’en ces temps lointains la pantoufle désignait une chaussure à semelle épaisse et haut talon portée par les femmes élégantes. Et l’on pense bien que la bonne fée n’avait garde de déparer la somptueuse toilette de sa filleule en chaussant celle-ci de vulgaires charentaises.
Des générations d’écoliers ont appris que Cendrillon se rendait au bal chaussée de pantoufles de vair, c’est-à-dire faites en fourrure d’écureuil petit-gris aux couleurs variées. L’ennui, c’est que le texte de Perrault parle de pantoufles de verre. Ce sont des éditeurs férus de logique qui, à la fin du XVIIIe ou au début du XIXe s. ont imaginé que l’héroïne du conte était chaussée de vair. Ces éditeurs n’ont pas seulement abusé de naïfs écoliers, de grands écrivains sont tombés dans le piège. C’est ainsi qu’Honoré de Balzac, rappelant fort justement que certaines fourrures rares, comme le vair, ne pouvaient être portées que par les rois, par les ducs et par les seigneurs, s’est cru obligé d’ajouter que « ce mot [le vair], depuis cent ans, est si bien tombé en désuétude que, dans un nombre infini d’éditions de contes de Perrault, la célèbre pantoufle de Cendrillon, sans doute de menu vair, est présentée comme étant de verre » (Le Martyr calviniste, 1841). Et Anatole France, quarante-quatre ans plus tard, opinait du bonnet : « C’est par erreur qu’on a dit que les pantoufles de Cendrillon étaient de verre. Des chaussures de vair, c’est-à-dire des chaussures fourrées, se conçoivent mieux » (Le livre mon ami, 1885). Ces beaux esprits oubliaient tout simplement que rien n’est impossible à une fée, et que la marraine de Cendrillon, capable de changer une citrouille en carrosse, pouvait tout aussi bien créer un verre aussi délicat qu’infrangible. Sa filleule n’avait à craindre aucun incident fâcheux, à condition de ne pas s’attarder au bal après minuit ! « Quoi de plus joli qu’une pantoufle transparente qui laissait voir, comme s’il eût été nu, ce charmant petit pied dont le fils du roi se montre si amoureux ! », écrivait fort judicieusement feu mon confrère Aristide, du Figaro (La langue française dans tous ses débats, Paris, Bourin, 1989).
La question pourrait sembler futile. Que non ! Elle a passionné les lexicographes. Jugez-en. Dans son Grand Dictionnaire Universel, Pierre Larousse se prononce sans équivoque pour la pantoufle de vair : « Les éditeurs de contes de fées ont-ils mis verre à la place de vair par ignorance ou pour augmenter le merveilleux du récit ?(1) Nous ne savons pas. Mais ce qu’il y a de certain, c’est qu’au temps de Perrault le vair était bien connu comme une des fourrures du blason et que, malgré son goût pour le merveilleux, il n’a point eu la pensée de chausser sa petite Cendrillon avec du verre. On peut supposer que, plus tard, la science du blason étant tombée dans l’oubli, un imprimeur aura cru corriger une véritable faute en remplaçant vair, mot qui lui était inconnu, par verre ; et c’est ainsi que le nom de Cendrillon se sera trouvé associé avec l’idée d’une chaussure fantastique que la vérité historique est forcée de reléguer parmi les simples coquilles typographiques(2). » Un siècle plus tard, le Grand Larousse Encyclopédique adopte résolument le point de vue opposé : « À propos des pantoufles de Cendrillon, on a émis l’hypothèse qu’elles étaient de vair (fourrure) et non de verre, comme l’a écrit Perrault, mais, dans un conte de fées, une telle recherche de la vraisemblance paraît inutile ». Je laisserai à Aristide le soin de conclure ce débat : « Ces opinions, toutes opposées, témoignent que la pantoufle de Cendrillon a la valeur d’un test qui permet de reconnaître, à coup sûr, si l’on appartient à la famille des poètes ou à celle des logiciens ».
« Tu te rendrais au bal en pantoufles, toi ? » m’a demandé un jour un ami qui n’était ni l’un ni l’autre. Certes non, je n’irais pas ainsi chaussé. Mais ce garçon perdait de vue que Charles Perrault (1628-1703) s’inspirait d’un conte déjà ancien à son époque, et qu’en ces temps lointains la pantoufle désignait une chaussure à semelle épaisse et haut talon portée par les femmes élégantes. Et l’on pense bien que la bonne fée n’avait garde de déparer la somptueuse toilette de sa filleule en chaussant celle-ci de vulgaires charentaises.
Cléante 2007
Chroniqueur au journal Le Soir
- melaniguizHabitué du forum
Merci pour cette discussion ! c'est une de mes grandes interrogations, autant quand je le fais en 6e que quand je le lis à mes filles !! J'avais quand même gardé en tête que même si c'est écrit verre dans le conte, c'est le vair qui était visé... concernant la vraisemblance, le vair était précieux et rien d'autre dans la parure de cendrillon transformée n'est invraisemblable. Le merveilleux porte seulement sur la transformation.
- CarabasVénérable
Ce que vous êtes terre à terre, tous!
Moi, le verre me fait rêver, et pas le vair! Il a une dimension symbolique bien plus forte. Le vair ne représente que la richesse, tandis que le verre représente la pureté, la transparence, la fragilité, (et pourquoi pas la virginité? L'impératif de rentrer à minuit me fait pencher vers cette interprétation. Elle a le droit de danser avec le prince, mais pas d'aller au-delà. Puis la chaussure devient le moyen de retrouver la jeune fille, puis de la demander en mariage...) peut-être bien le temps figé (après tout, la pantoufle garde cette forme après minuit.) Je trouve cette signification infiniment plus riche et plus digne d'émerveillement, plus propre au conte, que le simple vair.
Et dans peau d'âne, que dites-vous des robes couleur du temps (quel temps?), couleur de la lune, couleur du soleil (déjà plus facilement réalisable, mais quand même? Si Perrault avait fait dans la vraisemblance, il aurait parlé de robe d'argent ou d'or, pas de couleur de lune et de soleil...) Robes que l'on peut serrer dans une coquille de noix? Et l'âne qui fait des crottes d'or?
Et le chat botté, z'en faites quoi? 'Tention, je suis sensible de l'avatar!
Moi, le verre me fait rêver, et pas le vair! Il a une dimension symbolique bien plus forte. Le vair ne représente que la richesse, tandis que le verre représente la pureté, la transparence, la fragilité, (et pourquoi pas la virginité? L'impératif de rentrer à minuit me fait pencher vers cette interprétation. Elle a le droit de danser avec le prince, mais pas d'aller au-delà. Puis la chaussure devient le moyen de retrouver la jeune fille, puis de la demander en mariage...) peut-être bien le temps figé (après tout, la pantoufle garde cette forme après minuit.) Je trouve cette signification infiniment plus riche et plus digne d'émerveillement, plus propre au conte, que le simple vair.
Et dans peau d'âne, que dites-vous des robes couleur du temps (quel temps?), couleur de la lune, couleur du soleil (déjà plus facilement réalisable, mais quand même? Si Perrault avait fait dans la vraisemblance, il aurait parlé de robe d'argent ou d'or, pas de couleur de lune et de soleil...) Robes que l'on peut serrer dans une coquille de noix? Et l'âne qui fait des crottes d'or?
Et le chat botté, z'en faites quoi? 'Tention, je suis sensible de l'avatar!
- CarabasVénérable
Tiens, intéressant : les chaussures ne sont pas issues d'une transformation comme les autres vêtements : elles sont données. Ce qui explique probablement qu'elles gardent leur aspect premier.Perrault a écrit:Sa marraine ne fit que la toucher avec sa baguette, et en même temps ses habits furent changés en des habits d'or et d'argent, tout chamarrés de pierreries ; elle lui donna ensuite une paire de pantoufles de verre, les plus jolies du monde.
Oui, la question m'intéresse.
- pavotNiveau 9
Les pantoufles de Cendrillon
Des générations d’écoliers ont appris que Cendrillon se rendait au bal chaussée de pantoufles de vair, c’est-à-dire faites en fourrure d’écureuil petit-gris aux couleurs variées. L’ennui, c’est que le texte de Perrault parle de pantoufles de verre. Ce sont des éditeurs férus de logique qui, à la fin du XVIIIe ou au début du XIXe s. ont imaginé que l’héroïne du conte était chaussée de vair. Ces éditeurs n’ont pas seulement abusé de naïfs écoliers, de grands écrivains sont tombés dans le piège. C’est ainsi qu’Honoré de Balzac, rappelant fort justement que certaines fourrures rares, comme le vair, ne pouvaient être portées que par les rois, par les ducs et par les seigneurs, s’est cru obligé d’ajouter que « ce mot [le vair], depuis cent ans, est si bien tombé en désuétude que, dans un nombre infini d’éditions de contes de Perrault, la célèbre pantoufle de Cendrillon, sans doute de menu vair, est présentée comme étant de verre » (Le Martyr calviniste, 1841). Et Anatole France, quarante-quatre ans plus tard, opinait du bonnet : « C’est par erreur qu’on a dit que les pantoufles de Cendrillon étaient de verre. Des chaussures de vair, c’est-à-dire des chaussures fourrées, se conçoivent mieux » (Le livre mon ami, 1885). Ces beaux esprits oubliaient tout simplement que rien n’est impossible à une fée, et que la marraine de Cendrillon, capable de changer une citrouille en carrosse, pouvait tout aussi bien créer un verre aussi délicat qu’infrangible. Sa filleule n’avait à craindre aucun incident fâcheux, à condition de ne pas s’attarder au bal après minuit ! « Quoi de plus joli qu’une pantoufle transparente qui laissait voir, comme s’il eût été nu, ce charmant petit pied dont le fils du roi se montre si amoureux ! », écrivait fort judicieusement feu mon confrère Aristide, du Figaro (La langue française dans tous ses débats, Paris, Bourin, 1989).
La question pourrait sembler futile. Que non ! Elle a passionné les lexicographes. Jugez-en. Dans son Grand Dictionnaire Universel, Pierre Larousse se prononce sans équivoque pour la pantoufle de vair : « Les éditeurs de contes de fées ont-ils mis verre à la place de vair par ignorance ou pour augmenter le merveilleux du récit ?(1) Nous ne savons pas. Mais ce qu’il y a de certain, c’est qu’au temps de Perrault le vair était bien connu comme une des fourrures du blason et que, malgré son goût pour le merveilleux, il n’a point eu la pensée de chausser sa petite Cendrillon avec du verre. On peut supposer que, plus tard, la science du blason étant tombée dans l’oubli, un imprimeur aura cru corriger une véritable faute en remplaçant vair, mot qui lui était inconnu, par verre ; et c’est ainsi que le nom de Cendrillon se sera trouvé associé avec l’idée d’une chaussure fantastique que la vérité historique est forcée de reléguer parmi les simples coquilles typographiques(2). » Un siècle plus tard, le Grand Larousse Encyclopédique adopte résolument le point de vue opposé : « À propos des pantoufles de Cendrillon, on a émis l’hypothèse qu’elles étaient de vair (fourrure) et non de verre, comme l’a écrit Perrault, mais, dans un conte de fées, une telle recherche de la vraisemblance paraît inutile ». Je laisserai à Aristide le soin de conclure ce débat : « Ces opinions, toutes opposées, témoignent que la pantoufle de Cendrillon a la valeur d’un test qui permet de reconnaître, à coup sûr, si l’on appartient à la famille des poètes ou à celle des logiciens ».
« Tu te rendrais au bal en pantoufles, toi ? » m’a demandé un jour un ami qui n’était ni l’un ni l’autre. Certes non, je n’irais pas ainsi chaussé. Mais ce garçon perdait de vue que Charles Perrault (1628-1703) s’inspirait d’un conte déjà ancien à son époque, et qu’en ces temps lointains la pantoufle désignait une chaussure à semelle épaisse et haut talon portée par les femmes élégantes. Et l’on pense bien que la bonne fée n’avait garde de déparer la somptueuse toilette de sa filleule en chaussant celle-ci de vulgaires charentaises.
Cléante 2007
Des générations d’écoliers ont appris que Cendrillon se rendait au bal chaussée de pantoufles de vair, c’est-à-dire faites en fourrure d’écureuil petit-gris aux couleurs variées. L’ennui, c’est que le texte de Perrault parle de pantoufles de verre. Ce sont des éditeurs férus de logique qui, à la fin du XVIIIe ou au début du XIXe s. ont imaginé que l’héroïne du conte était chaussée de vair. Ces éditeurs n’ont pas seulement abusé de naïfs écoliers, de grands écrivains sont tombés dans le piège. C’est ainsi qu’Honoré de Balzac, rappelant fort justement que certaines fourrures rares, comme le vair, ne pouvaient être portées que par les rois, par les ducs et par les seigneurs, s’est cru obligé d’ajouter que « ce mot [le vair], depuis cent ans, est si bien tombé en désuétude que, dans un nombre infini d’éditions de contes de Perrault, la célèbre pantoufle de Cendrillon, sans doute de menu vair, est présentée comme étant de verre » (Le Martyr calviniste, 1841). Et Anatole France, quarante-quatre ans plus tard, opinait du bonnet : « C’est par erreur qu’on a dit que les pantoufles de Cendrillon étaient de verre. Des chaussures de vair, c’est-à-dire des chaussures fourrées, se conçoivent mieux » (Le livre mon ami, 1885). Ces beaux esprits oubliaient tout simplement que rien n’est impossible à une fée, et que la marraine de Cendrillon, capable de changer une citrouille en carrosse, pouvait tout aussi bien créer un verre aussi délicat qu’infrangible. Sa filleule n’avait à craindre aucun incident fâcheux, à condition de ne pas s’attarder au bal après minuit ! « Quoi de plus joli qu’une pantoufle transparente qui laissait voir, comme s’il eût été nu, ce charmant petit pied dont le fils du roi se montre si amoureux ! », écrivait fort judicieusement feu mon confrère Aristide, du Figaro (La langue française dans tous ses débats, Paris, Bourin, 1989).
La question pourrait sembler futile. Que non ! Elle a passionné les lexicographes. Jugez-en. Dans son Grand Dictionnaire Universel, Pierre Larousse se prononce sans équivoque pour la pantoufle de vair : « Les éditeurs de contes de fées ont-ils mis verre à la place de vair par ignorance ou pour augmenter le merveilleux du récit ?(1) Nous ne savons pas. Mais ce qu’il y a de certain, c’est qu’au temps de Perrault le vair était bien connu comme une des fourrures du blason et que, malgré son goût pour le merveilleux, il n’a point eu la pensée de chausser sa petite Cendrillon avec du verre. On peut supposer que, plus tard, la science du blason étant tombée dans l’oubli, un imprimeur aura cru corriger une véritable faute en remplaçant vair, mot qui lui était inconnu, par verre ; et c’est ainsi que le nom de Cendrillon se sera trouvé associé avec l’idée d’une chaussure fantastique que la vérité historique est forcée de reléguer parmi les simples coquilles typographiques(2). » Un siècle plus tard, le Grand Larousse Encyclopédique adopte résolument le point de vue opposé : « À propos des pantoufles de Cendrillon, on a émis l’hypothèse qu’elles étaient de vair (fourrure) et non de verre, comme l’a écrit Perrault, mais, dans un conte de fées, une telle recherche de la vraisemblance paraît inutile ». Je laisserai à Aristide le soin de conclure ce débat : « Ces opinions, toutes opposées, témoignent que la pantoufle de Cendrillon a la valeur d’un test qui permet de reconnaître, à coup sûr, si l’on appartient à la famille des poètes ou à celle des logiciens ».
« Tu te rendrais au bal en pantoufles, toi ? » m’a demandé un jour un ami qui n’était ni l’un ni l’autre. Certes non, je n’irais pas ainsi chaussé. Mais ce garçon perdait de vue que Charles Perrault (1628-1703) s’inspirait d’un conte déjà ancien à son époque, et qu’en ces temps lointains la pantoufle désignait une chaussure à semelle épaisse et haut talon portée par les femmes élégantes. Et l’on pense bien que la bonne fée n’avait garde de déparer la somptueuse toilette de sa filleule en chaussant celle-ci de vulgaires charentaises.
Cléante 2007
- moiNiveau 10
Merci infiniment pour toutes ces informations précieuses
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- totoroMonarque
Quelqu'un a vu les manuscrits de Perrault pour pouvoir rétablir la véritable version? Parce qu'à vous lire la question reste entière: volonté de Perrault, erreur d'éditeur, erreur de Perrault lui-même lors de la transcription...
- AnacycliqueÉrudit
Carabas a écrit:Tiens, intéressant : les chaussures ne sont pas issues d'une transformation comme les autres vêtements : elles sont données. Ce qui explique probablement qu'elles gardent leur aspect premier.Perrault a écrit:Sa marraine ne fit que la toucher avec sa baguette, et en même temps ses habits furent changés en des habits d'or et d'argent, tout chamarrés de pierreries ; elle lui donna ensuite une paire de pantoufles de verre, les plus jolies du monde.
Oui, la question m'intéresse.
Bien vu, l'aveugle !
Donc elles sont en... fourrure.
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