Une élève me réclame plus d'attention

Bonjour / bonsoir à tout le monde.
Actuellement enseignante en seconde( notamment, je suis leur prof principale), j'ai dernièrement reçu dans mon casier une lettre d'une élève de cette classe.
En voici le contenu :
"Bonjour Madame.
Excusez moi mais j'en ai marre .
Marre parce que vous et les autres profs passez trop de temps avec Emma (Note de moi-même : Emma est une élève dyslexique et très pénible . Toujours à parler ou à mâcher un chewing-gum. .. Tous les profs essayent de la motiver, elle a un bon fond cette gamine...) .
Ça se fait pas quoi! En plus vous et les autres êtes toujours en train de plaisanter ou de discuter avec vos élèves et moi non.
J'existe, je fais partie de cette classe.
Comment vous voulez que je travaille alors que vous venez jamais rien m'expliquer sauf quand j'ai compris?
Vous dites que je participe pas mais franchement pardon mais vous m'enervez là parce que quand je lève la main vous ignorez alors que pour moi c'est pas simple de participer.
J'arrive je suis super motivée et vous cassez toujours tout à vous comporter chelou avec moi.
Vous me parlez jamais sauf pour me prendre pour une conne.
J'aimerais bien que ça change...
Bonnes vacances madame.
Fanny. "
Évidemment j'ai changé les prénoms.
Je ne sais que faire.
Transmettre aux autres enseignants?
En tenir compte?
Cette eleve ne donne pas l'impression d'avoir envie de progresser , elle est tellement déstabilisante...
Quand on est allé vers elle au début d'année elle nous jetait en nous disant qu'elle avait compris, c'est bon ,eelle n'est pas stupide.
Que faire?

C'est extrêmement insolent, comme lettre. Je crois qu'en effet il faut la transmettre aux autres enseignants pour envisager quelque chose. Peut-être l'inviter à venir en parler oralement et poliment ?

Cactus29 a écrit:C'est extrêmement insolent, comme lettre. Je crois qu'en effet il faut la transmettre aux autres enseignants pour envisager quelque chose. Peut-être l'inviter à venir en parler oralement et poliment ?

+ 1
Mettre aussi la vie scolaire au courant.
Ce qui n'empêche pas d'en parler avec elle.

Le ton de la lettre est très déplacé, surtout au lycée.

Je transmettrai à l'infirmière, la COP et à l'AS, il doit y avoir un malaise chez elle qui dépasse notre fonction. 
Je transmettrai pour information à la vie sco et aux collègues, ainsi qu'à la direction pour se couvrir. 

Je terminerai par un recadrage de la classe sans viser l'élève sur le pourquoi "Emma" a plus d'attention (dys, etc.), sur quoi faire si on a besoin d'aide ou explication (lever le doigt pour commencer et non chouiner sur une lettre) et sur la notion de respect, notamment des adultes et des fonctions (tu es prof, pas AS).

Je trouve que ça ressemble à une élève en détresse, qui essaie d'attirer l'attention. Pas forcément pour qu'on s'occupe d'elle en classe… N'a-t-elle pas d'autres soucis, dont elle aurait besoin de parler ?
Personnellement, il me semble que je partagerais ça avec le reste de l'équipe enseignante, voire avec l'infirmière.

Ce n'est pas de l'insolence simple pour moi. Peut-être même une réaction intéressante. Perso je convoquerais la famille pour un entretien avec elle sur tout ça et je n'informerais l'équipe qu'après celui-ci avec ce qu'il en est ressorti.

Vous êtes plusieurs à me dire qu'elle est insolente.
Dans cette lettre , oui, mais sinon c'est vraiment une élève en retrait.
Lors du conseil de classe il etait ressortit qu'elle avait été harcelée, et qu'elle avait peut-être une phobie sociale. (Avis de plusieurs profs )
Je culpabilise quand même, parce qu'au final aucun enseignant n'y a prêté plus attention que ça . Comme je suis laPP peupeut-être que j'aurais du insister davantage...
En classe, elle est vraiment passive .Mais je lui ai déjà parlé en privé, et elle est différente. Vraiment gentille.
Si ça aurait été un autre élève je me serais peut-être posé moins de questions, mais elle je ne veux pas la braquer elle a l'air tellement fragile. Elle me fixe pendant tout le cours, c'est tellement stressant. Les autres élèves ne me regardent pas autant , même quand je ne parle pas elle me regarde droit dans les yeux.
Je ne suis pas la seule.

Au sujet de "Emma" , c'est une dyslexie légère. C'est plus ses problèmes comportementaux qui nous incite à aller vers elle.

Un conseil : ne répondez surtout pas par mail. Éventuellement, je conseillerais de recevoir l'élève avec l'assistante sociale, après avoir communiqué ce message à icelle pour conseil, je crois que c'est la personne la mieux formée pour aider dans ces situations.

"vous venez jamais rien m'expliquer sauf quand j'ai compris?"

Elle est marrante quand même

Le ton est clairement insolent et déplacé.

Après si elle est si timide et passive, c'est peut être le signe d'un malaise plus profond.

Parles en à l'infirmière/ AS.

Insolence ? :shock:

Oui, ok, certaines formulations sont dans l'absolu déplacée, mais enfin: si on considère la chose dans le contexte, celui d'une gamine qui manifestement a un problème, et qui fait le choix de s'en ouvrir par lettre à un enseignant (ce qui est en soi inhabituel) je trouve un peu ridicule de s'arrêter à ça (pourtant, je ne suis pas connu pour être un tendre sur les problèmes d'insolence). Déjà, le fait qu'elle s'ouvre de cette manière est un signe de confiance. Une porte ouverte.

Bref, il me semble qu'on est dans un de ces rares cas où il faut savoir mettre de côté le fait qu'une gamine ne choisit peut-être pas au mieux ses mots, pour aller explorer ce qu'il y a derrière. À l'évidence, elle a une très mauvaise image d'elle-même, qu'elle projette dans le regard qu'elle prête à ses enseignants.

Je trouve également que vouloir alerter directement des assistants sociaux ou je ne sais quelle autre instance est peut-être excessif.

Pourquoi, dans un premier temps, ne pas simplement en discuter avec la gamine ?

kero a écrit:

Pourquoi, dans un premier temps, ne pas simplement en discuter avec la gamine ?

Je déconseille formellement cette option, à moins d'être très expérimenté. L'élève théorique en question (on fait bien une étude de cas, là, ôtez-moi d'un doute) est clairement à la recherche d'une relation privilégiée (via e-mail, qui n'est pas un chat - rappeler aux élèves qu'ils ne doivent servir, le cas échéant, qu'au rendu de certains devoirs plus facile à rendre par ce biais ; en l'absence de ce besoin, ne pas donner son adresse personnelle est je crois judicieux) qui serait validée par un entretien seul-à-seul. Entretien, why not, mais avec quelqu'un qui est mieux armé que nous pour comprendre les problématiques psychologiques des adolescents - c'est à-dire COPsy ou AS.

Oui, oui, je sais. Dans le mythe de l'école française, les élèves ne sont pas des personnes mais que des élèves, les profs ne sont pas des personnes non plus, mais juste des professeurs interchangeables. Toute idée d'une relation personnelle est à bannir.

Oui, nous sommes insuffisamment armés en matière de psychologie de l'adolescent. Ce qui est une grosse faiblesse, étant donné que nous passons le plus clair de notre temps avec eux.

Pourquoi tu parles d'email au fait ? C'est une lettre qui s'est retrouvée dans un casier. On doit interdire aux élèves d'écrire un papier à l'attention de son professeur ?

kero a écrit:Dans le mythe de l'école française, les élèves ne sont pas des personnes mais que des élèves

Vous allez adorer la réforme, vous.

kero a écrit:

Pourquoi tu parles d'email au fait ? C'est une lettre qui s'est retrouvée dans un casier. On doit interdire aux élèves d'écrire un papier à l'attention de son professeur ?

Très juste, mal lu. J'ai dû plaquer une situation personnelle sur le cas à l'étude. Je n'édite pas, mais vous avez raison.

Norman Bates a écrit:

kero a écrit:Dans le mythe de l'école française, les élèves ne sont pas des personnes mais que des élèves

Vous allez adorer la réforme, vous.

Merci de m'épargner ce coup à la con là.

J'ai perdu pas mal d'argent, à coups de grève, en essayant de la faire retirer. J'ai perdu pas mal d'énergie en essayant de calmer les ardeurs de ma direction sur le sujet.

Oui, je pense que l'idée qu'il faut bannir toute notion de relation personnelle entre élève et professeur est une profonde idiotie. Je tire cette idée d'une expérience scolaire différente, en Suisse. Rien à voir avec la réforme.

kero a écrit:

Norman Bates a écrit:

kero a écrit:Dans le mythe de l'école française, les élèves ne sont pas des personnes mais que des élèves

Vous allez adorer la réforme, vous.

Merci de m'épargner ce coup à la con là.

J'ai perdu pas mal d'argent, à coups de grève, en essayant de la faire retirer. J'ai perdu pas mal d'énergie en essayant de calmer les ardeurs de ma direction sur le sujet.

Il y a maldonne : je sous-entendais précisément que vous deviez certainement y être opposé. Le "à la con" est peut-être du coup un peu déplacé.

Pardon à mon tour. J'ai mal lu. Je n'édite pas, mais vous avez raison.

Norman Bates a écrit:

kero a écrit:Dans le mythe de l'école française, les élèves ne sont pas des personnes mais que des élèves

Vous allez adorer la réforme, vous.

J'ai lu :"Vous allez adorer ce forum, vous..." et je me demandais pourquoi vous écriviez ça...

Admettons, mais dans le cas ci, on n'est pas dans la relation saine avec une élève.

L'élève en question montre par écrit un malaise à l'école, dans la classe, en lien avec le harcèlement antérieur qu'elle a vécue, voire même une rancœur vis à vis des profs qui favoriseraient d'autres élèves à ses dépends. 

- une explication relative à notre fonction, c'est certain. Soit en présence de la classe (voici mon fonctionnement, voici pourquoi j'aide plus certains, voici comment je distribue la parole, donc pas de reproche, les règles sont connues), soit seulement pour l'élève, soit avec les parents et l'élève
- un signalement aux personnes compétentes pour ce malaise supposé et plus profond. On n'est pas compétent pour aider l'élève sur ce plan, et c'est notre responsabilité de signaler aux personnes compétentes.

Cette ado revendicative mériterait un petit cours de communication. A réclamer sur ce ton accusateur et maladroitement culpabilisant il y a fort à parier qu'elle n'obtiendra rien de bien positif. Et c'est d'ailleurs peut-être bien sa façon de communiquer qui est en partie la cause de son impression d'être mal traitée puisqu'elle a déjà mal reçu des personnes s'occupant d'elle.

Que de prises de tête ! Cette gamine a besoin d'aller voir un psychologue, ce n'est pas notre boulot. Il faut savoir se désinvestir de ce qui nous échappe.

C'est drôle, lorsque je vous lis, je me dis que nous n'avons pas tous les mêmes élèves, ni les mêmes conditions d'enseignement ; je me dis aussi qu'il me semble délicat de donner des conseils sans connaître l'ensemble de ces paramètres...
La première chose qui me vient à l'esprit, lorsque je lis cette missive, c'est que l'écrit est très mal maîtrisé et les codes sociaux de l'épistolaire ne sont pas acquis...
Il ne me vient pas à l'esprit d'y voir de l'insolence ("bonjour madame", "excusez moi", "bonnes vacances madame") car j'y lis quelqu'un qui écrit comme elle parle et je trouve cela "curieux" en seconde...

Jugia 46 a écrit:Bonjour / bonsoir à  tout le monde.
Actuellement enseignante en seconde( notamment, je suis leur prof principale), j'ai dernièrement reçu dans mon casier une lettre d'une élève de cette classe.
En voici le contenu :
"Bonjour Madame.
Excusez moi mais j'en ai marre .
Marre parce que vous et les autres profs passez trop de temps avec Emma (Note de moi-même : Emma est une élève dyslexique et très pénible . Toujours à parler ou à mâcher un chewing-gum. .. Tous les profs essayent de la motiver, elle a un bon fond cette gamine...) .
Ça se fait pas quoi! En plus vous et les autres êtes toujours en train de plaisanter ou de discuter avec vos élèves et moi non.
J'existe, je fais partie de cette classe.
Comment vous voulez que je travaille alors que vous venez jamais rien m'expliquer sauf quand j'ai compris?
Vous dites que je participe pas mais franchement pardon mais vous m'enervez là parce que quand je lève la main vous ignorez alors que pour moi c'est pas simple de participer.
J'arrive je suis super motivée et vous cassez toujours tout à vous comporter chelou avec moi.
Vous me parlez jamais sauf pour me prendre pour une conne.
J'aimerais bien que ça change...
Bonnes vacances madame.
Fanny. "
Évidemment j'ai changé les prénoms.
Je ne sais que faire.
Transmettre aux autres enseignants?
En tenir compte?
Cette eleve ne donne pas l'impression d'avoir envie de progresser , elle est tellement déstabilisante...
Quand on est allé vers elle au début d'année elle nous jetait en nous disant qu'elle avait compris, c'est bon ,eelle n'est pas stupide.
Que faire?

J'aurais tendance à dire : on en reparlera quand ce sera un cas réel posté par un prof réel. Il faut revoir votre style. Une élève qui construit "En plus vous et les autres êtes toujours en train de plaisanter" n'écrit pas dans la même lettre le mot chelou.
Et une prof de lettres de lycée ne multiplie pas les fautes d'orthographe et de typographie dans son tout premier message, ni n'utilise le verbe "jeter" dans le sens familier qu'il prend ici, s'il respecte un tant soit peu ses collègues.

kero a écrit:Insolence ? :shock:

Oui, ok, certaines formulations sont dans l'absolu déplacée, mais enfin: si on considère la chose dans le contexte, celui d'une gamine qui manifestement a un problème, et qui fait le choix de s'en ouvrir par lettre à un enseignant (ce qui est en soi inhabituel) je trouve un peu ridicule de s'arrêter à ça (pourtant, je ne suis pas connu pour être un tendre sur les problèmes d'insolence). Déjà, le fait qu'elle s'ouvre de cette manière est un signe de confiance. Une porte ouverte.

Bref, il me semble qu'on est dans un de ces rares cas où il faut savoir mettre de côté le fait qu'une gamine ne choisit peut-être pas au mieux ses mots, pour aller explorer ce qu'il y a derrière. À l'évidence, elle a une très mauvaise image d'elle-même, qu'elle projette dans le regard qu'elle prête à ses enseignants.

Je trouve également que vouloir alerter directement des assistants sociaux ou je ne sais quelle autre instance est peut-être excessif.

Pourquoi, dans un premier temps, ne pas simplement en discuter avec la gamine ?

Je suis plutôt d'accord avec toi. Je n'y vois pas de l'insolence mais une élève en détresse qui s'exprime de façon maladroite et revendicative ...une discussion avec elle dans un 1er temps : pourquoi pas? Mais il vaut veiller à ce qu'elle n'ait pas d'attentes démesurées vis à vis de toi pour combler un manque affectif ou un besoin de reconnaissance ...d'où l'idée de faire intervenir la CoPsy ou l'infirmière pour creuser le problème et l'aider au mieux.

Pseudo a écrit:Cette ado revendicative mériterait un petit cours de communication. A réclamer sur ce ton accusateur et maladroitement culpabilisant il y a fort à parier qu'elle n'obtiendra rien de bien positif. Et c'est d'ailleurs peut-être bien sa façon de communiquer qui est en partie la cause de son impression d'être mal traitée puisqu'elle a déjà mal reçu des personnes s'occupant d'elle.

D'accord avec ça. Par contre, il y a cette accusation de trop passer de temps avec cette fameuse Emma, pénible. Je crois que cette prime à la pénibilité dont bénéficient certains élèves ( et je sais qu'on n'a pas toujours le choix) peut finir par agacer les autres, plus discrets.