Vers une réforme de la thèse de doctorat ? (2015) / Projet d'arrêté en p.2

http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2015/04/24/vers-un-doctorat-vite-fait-mal-fait_4622285_3232.html

Le ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche travaille actuellement sur un arrêté qui fixe une durée maximale de trois ans pour la réalisation des thèses de doctorat. Des critiques se sont déjà faites entendre au sein de la sphère académique, et nous souhaitons par ce texte élargir le débat en discutant du modèle de société et d’accès au savoir qu’implique un tel arrêté.
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Au fait, on fait quoi de beau une fois que tout est détruit hein?

Ils veulent la mort des sciences humaines, en fait.
(au sens propre : tu bouffes ou tu thèses, mais pas les deux à la fois.)

:shock:
Les statistiques existent sûrement...j'imagine le nombre de thèses de sciences humaines achevées en trois ans...

Oh, ce serait possible. Mais à des conditions qu'ils ne seront jamais prêts à fournir.

Et quid de la qualité d'une thèse en SHS ou en lettres bouclée en 3 ans? C'est faire fi des spécificités des différentes disciplines, toujours dans une perspective d'alignement sur les sciences "dures" dont l'encadrement est totalement différent!
Peut-être le but est-il de n'autoriser que les thèses financées, ce qui est franchement injuste.
Mais si le but est aussi de faire baisser le nombre de thèses en SHS et en lettres, c'est inutile. Ce nombre va décroître dans lui-même dans les années à venir, quand on voit la chute vertigineuse du nombre de masters recherche (et, malheureusement, en province ce sont très rarement les bons étudiants qui s'orientent vers les masters recherche).

Dans les labos que je vois d'un peu près, en sciences dures, les thèses ne sont démarrées que sous condition de financement, certes, mais ça ne veut pas dire qu'elles sont bouclées en trois ans. Entre les normaliens qui commencent un an avant le début du financement, les autres qui obtiennent une petite rallonge de financement (rarement 1 an, ne rêvez pas, mais 3 ou 4 mois parfois), ça ne donne pas tant de thèses qui sont bouclées en trois ans...

De toute façon, il est évident qu'en SHS et lettres, les étudiants commenceront de façon officieuse avant de s'inscrire les trois dernières années. Pour certains sujets, c'est totalement impossible de le faire en 3 ans.
La seule soutenance d'une thèse bouclée en 3 ans à laquelle j'ai assisté a été un massacre et les principaux reproches tournaient tous autour de la trop grande rapidité avec laquelle ces travaux avaient été menés.

Moi qui justement pensais reprendre la recherche... :|

Je pense qu'un petit travail pluridisciplinaire par groupes de trois étudiants et une soutenance collective avec powerpoint devraient convenir à faire évoluer dans un sens favorable et positif un diplôme sanctionné jusqu'à présent par des travaux qui sentent lourdement leur passéisme élitiste.

Spoiler:

Cripure a écrit:un TPE

L'humour, sur ce point, me fait froid dans le dos... (je suis sérieux !)

Quand on voit dans quelles conditions certains contrats doctoraux sont aujourd'hui alloués, suspendu à des projets de GDR fumeux, on n'a parfois plus envie de rire.

Spoiler:

J'ai un frère dans la place, moi non plus (ni lui...), je n'ai pas envie de rire...

Ca me fait penser à la fois où j'ai vu un jury féliciter une doctorante d'histoire ancienne qui soutenait au bout de cinq ans : ils n'avaient jamais vu une pareille célérité... Ils n'ont pas fini de s'étonner : je suis en sixième année, et avec l'acceptation de la demande de dérogation pour nous réinscrire cette année, nous avons tous reçu une lettre nous expliquant d'un ton charmant que si on ne soutenait pas d'ici novembre on était virés de la fac manu militari. Bon, je vais essayer de boucler la mienne, tout en corrigeant mes copies de brevet blanc

nous souhaitons par ce texte élargir le débat en discutant du modèle de société et d’accès au savoir qu’implique un tel arrêté.

Ah ah ah !

Ça sent l'arrivée des gommettes de couleur... :lol:

Au fait, on fait quoi de beau une fois que tout est détruit hein?

Ils danseront sur les ruines et se féliciteront d'avoir laissé un tel bilan du CP au doctorat.

ça ressemble à une application stricte du protocole de Lisbonne 3/5/8, non? La qualité, osef. L'important, c'est d'être les bons petits larbins de Bruxelles.

Marcel Khrouchtchev a écrit:Et quid de la qualité d'une thèse en SHS ou en lettres bouclée en 3 ans? C'est faire fi des spécificités des différentes disciplines, toujours dans une perspective d'alignement sur les sciences "dures" dont l'encadrement est totalement différent!
Peut-être le but est-il de n'autoriser que les thèses financées, ce qui est franchement injuste.
Mais si le but est aussi de faire baisser le nombre de thèses en SHS et en lettres, c'est inutile. Ce nombre va décroître dans lui-même dans les années à venir, quand on voit la chute vertigineuse du nombre de masters recherche (et, malheureusement, en province ce sont très rarement les bons étudiants qui s'orientent vers les masters recherche).

Et ils sont confrontés à un choix entre un master recherche et un master métiers de l'éducation qui ne vaut rien si on ne réussit pas le concours.

Marcel Khrouchtchev a écrit:De toute façon, il est évident qu'en SHS et lettres, les étudiants commenceront de façon officieuse avant de s'inscrire les trois dernières années. Pour certains sujets, c'est totalement impossible de le faire en 3 ans.
La seule soutenance d'une thèse bouclée en 3 ans à laquelle j'ai assisté a été un massacre et les principaux reproches tournaient tous autour de la trop grande rapidité avec laquelle ces travaux avaient été menés.

C'est ce que j'envisage de faire personnellement. Etant donnée que je veux faire ma thèse (après près de 12 ans serait temps :p), et que je bosse à côté, j'avais la ferme intention de commencer les recherches et le bazar bien avant l'inscription effective... mais en effet, on va petit à petit tuer la recherche. Ça évitera de la financer vous me direz... économies, économies!

Le pire, c'est qu'empêcher les thèses non financées et un peu longues en SHS et lettres ne produira aucune économie! Je n'ai absolument rien coûté pendant mes 5 ans de thèse, pas un rond à mon université.

Marcel Khrouchtchev a écrit:Le pire, c'est qu'empêcher les thèses non financées et un peu longues en SHS et lettres ne produira aucune économie! Je n'ai absolument rien coûté pendant mes 5 ans de thèse, pas un rond à mon université.

Idem. Disons même qu'on leur a probablement rapporté... même si c'est une toute petite somme, de l'ordre de 400€/an.

PauvreYorick a écrit:

Marcel Khrouchtchev a écrit:Le pire, c'est qu'empêcher les thèses non financées et un peu longues en SHS et lettres ne produira aucune économie! Je n'ai absolument rien coûté pendant mes 5 ans de thèse, pas un rond à mon université.

Idem. Disons même qu'on leur a probablement rapporté... même si c'est une toute petite somme, de l'ordre de 400€/an.

Ce qui fait quand même 2000€ sur la durée de la thèse. Refuser ces thèses ne répond à aucune logique, et sûrement pas celle des économies.

Juste pour info, la Sapienza à Rome a décidé depuis cette année de limiter les thèses à trois ans. Sachant que le nombre de bourses de thèses délivrées avoisine le zéro, je vous laisse imaginer le désarroi de mes collègues italiens, obligés de bosser pour financer leurs études.

J'ai aussi appris cette année que l'argent disponible pour rembourser les frais de mission des doctorants dans mon école doctorale (ben oui, en archéologie, faut aller sur le terrain, c'est bête...) équivaut à 115 euros par doctorant et par an. C'est déjà insuffisant pour ceux de mes codoctorants qui ont leur chantier en Champagne-Ardenne, y a pas intérêt à bosser sur la Judée romaine.

Spoiler:

C'est vrai que pour les archéologues c'est dur...
Pour moi c'était moins de trajets, mais pour ma thèse, j'ai quand même dû faire des séjours de recherche plus ou moins longs à Londres, Leyde, Genève, Heidelberg, Lausanne, Lyon et Berlin, sans compter un aller-retour par semaine pendant 4 ans avec Paris.
Le tout sans un rond de financement. Alors quand je vois que de tels sacrifices sont considérés comme inutiles et négligeables, je me dis que, vraiment, l'université française marche sur la tête.

C'est la mort de la recherche en civilisation américaine en tout cas. Même si on dégrossit le travail avant de s'inscrire (ce qui était déjà conseillé dans mon jeune temps, il y a donc quelque temps) une bourse est nécessaire pour la plupart des gens, mais, je suppose, pas d'inscription, pas de bourse.
Reculer de près de deux siècles d'un coup d'un seul, ça se pose là: quelques jeunes gens de bonne famille pourront auto-financer leurs études, quelques autres parviendront à s'attirer les bonnes grâces d'un mécène, les plus courageux sueront sang et eau pendant des années pour mettre de côté l'argent nécessaire. Mais bon, après tout, tant qu'on avance, on progresse.

Mais c'est une bonne réforme car elle est de gôôôche