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- AudreyOracle
Aujourd’hui, j’ai mal. Je me sens vide. Vidée. Lessivée. Inutile.
Je ne contrôle plus cette angoisse jusque là sourde. Elle déborde et obscurcit chacune de mes nuits, chacune des minutes que je ne passe pas à m’affairer à ce quotidien professionnel qui ronge ma vie comme un chancre.
Cet après-midi, j’aurais pu rentrer chez moi à 14h, gagner la plage de liberté encore laissée à mon emploi du temps dans ce raz-de-marée de réunions toutes plus vaines et ronflantes les unes que les autres… et je n’ai quitté le collège qu’à 16h45.
La principale veut que nous lui remettions nos projets pour l’Accompagnement personnalisé pour le 3 novembre, jour de la première vague de formation. Elle veut aussi que nous lui remettions nos projets d’EPI pour le mardi 17 novembre, jour où nous les présenterons en réunion de 12h45 à 14h.
Alors il faut faire une réunion d’équipe disciplinaire, forcément. Il faut que l’on sache si nous avons une position commune, et si oui, laquelle.
Va-t-on céder des heures de français pour faire de l’AP?
Va-t-on céder des heures de français pour qu’un EPI Langues et Cultures de l’Antiquité puisse être mis en place?
Ou va-t-on refuser collectivement de le faire, laissant la principale trancher, et lui laissant le champ large pour participer à la mise à mort des langues anciennes, et surtout du grec, ce truc qui depuis 5 ans qu’elle travaille dans notre collège, lui complique la vie, ampute sa DHG de quelques heures pour des élèves qui “ont déjà tout”?
Je suis la coordonnatrice de l’équipe de Lettres, c’est donc à moi que revient la tâche de consulter les emplois du temps de mes collègues pour trouver un moment de rencontre possible, à moi que revient la tâche d’expliquer le but de la réunion, de veiller à ce que chacun ait les infos nécessaires, et de faire remonter les décisions de l’équipe.
C’est à moi que revient , potentiellement, la responsabilité de dire à la Principale que non, nous refusons de proposer un quelconque EPI, condamnant de fait l’enseignement des langues anciennes à disparaître totalement de notre collège.
A moi que revient, potentiellement, la responsabilité d’abandonner latin et grec au coutelas funeste de la Réforme.
A moi, professeur de Lettres Classiques.
A moi, qui depuis l’âge des premiers mots écrits et lus, des premiers contes écoutés et réclamés, ai consacré mes heures de lectures, mes loisirs, mes études, mes rêves, à la découverte et au partage des trésors des cultures antiques.
On me demande, que je propose un EPI ou que je m’y refuse, de sacrifier sur l’autel de la réforme du collège ce à quoi j’ai consacré ma vie professionnelle et une grande partie de ma vie intellectuelle.
Et j’en crève.
Et je sais qu’aucune intervention divine ne soustraira mes deux matières de coeur au coup mortel que la Ministre a décidé de leur porter un beau jour de février 2015.
Aujourd’hui, j’ai laissé cette angoisse jusque là sourde éclater en salle des professeurs.
Devant les emplois du temps des professeurs de Lettres, les larmes m’ont surprise, ont coulé, ma gorge s’est serrée, écrasant dans un sanglot la question banale que je posais sur la possibilité d’organiser une réunion avec mes collègues.
Cette réunion, c’est la goutte de trop. C’est l’étape ultime, celle que je ne peux atteindre, celle que mon coeur, mon corps m’interdisent d’accomplir.
Les larmes ont coulé.Les larmes ont parlé. Les larmes ont crié. Autour, les échanges anodins se sont tus. Oubliés le carnet de correspondance de tel élève, le devoir non-rendu de tel autre, l’orage qui gronde dehors…
Mes larmes ont éclaboussé la salle des profs de leur réalité crue: chaque jour qui passe assassine un peu plus le professeur de Lettres Classiques que je suis, et plus rien ne peut contenir, plus rien ne peut cacher l’hémorragie de cette mort à réussite savamment différée par le Ministère.
J’ai mon grec à nu, j’ai mon latin à vif.
Je ne peux plus passer la porte de ma salle de classe sans penser que c’est la dernière fois que j’étudie ce texte latin ou grec avec eux.
Je ne peux plus regarder les manuels en préparant mes cours de latin ou grec sans penser que je n’aurai plus de raison de les utiliser l’an prochain.
Je ne peux plus expliquer à mes élèves que je veux garder un peu de mystère et ne leur parlerai de Jules César que l’année prochaine.
Je ne peux plus dire à mes élèves de 4e, en effaçant le tableau après un cours de grec: “Regardez comme cette écriture est gracieuse… Petits veinards! Vous pourrez l’apprendre l’année prochaine!”.
Je ne peux plus flâner dans une librairie en me réjouissant d’avoir trouvé le livre parfait pour parler de l’histoire des sciences antiques à mes élèves.
Je ne peux plus guider la main de l’élève qui, studieusement, tire la langue en tentant de tracer pour la 12e fois le Zêta parfait sans sentir un pincement au coeur devant ce geste millénaire.
Je ne peux plus entendre un élève déclamer, avec conviction: “Quo usque tandem abutere, Catilina, patientia nostra?” sans avoir envie de hurler de colère avec lui.
Je ne peux plus prendre en riant les remarques de mes collègues qui me disent que je me prépare avec sérieux à la réforme du collège quand je constate, dépitée, que j’ai oublié chez moi le cours de latin de 3e, dix minutes avant de retrouver mes élèves.
Je ne peux plus dire à des élèves que je suis Professeur de Lettres Classiques sans penser que c’est la dernière année que cela a du sens pour eux, et pour moi.
Je perds mon humour, je perds mon énergie, je perds ma motivation, je perds ma flamme, celle qui de cap en cap a brillé de l’Antiquité jusqu’à nous, jusqu’à moi, jusqu’à eux.
Pire, je perds ma mémoire.
Je perds mes mots.
Je perds les mots qui me servaient à transmettre leur mémoire.
Je ne suis pourtant pas malade.
Je m’efface malgré moi.
La béance qui croît chaque jour en moi m’absorbe douloureusement.
On m’efface malgré moi.
J’aurai été Professeur de Lettres Classiques.
Je ne contrôle plus cette angoisse jusque là sourde. Elle déborde et obscurcit chacune de mes nuits, chacune des minutes que je ne passe pas à m’affairer à ce quotidien professionnel qui ronge ma vie comme un chancre.
Cet après-midi, j’aurais pu rentrer chez moi à 14h, gagner la plage de liberté encore laissée à mon emploi du temps dans ce raz-de-marée de réunions toutes plus vaines et ronflantes les unes que les autres… et je n’ai quitté le collège qu’à 16h45.
La principale veut que nous lui remettions nos projets pour l’Accompagnement personnalisé pour le 3 novembre, jour de la première vague de formation. Elle veut aussi que nous lui remettions nos projets d’EPI pour le mardi 17 novembre, jour où nous les présenterons en réunion de 12h45 à 14h.
Alors il faut faire une réunion d’équipe disciplinaire, forcément. Il faut que l’on sache si nous avons une position commune, et si oui, laquelle.
Va-t-on céder des heures de français pour faire de l’AP?
Va-t-on céder des heures de français pour qu’un EPI Langues et Cultures de l’Antiquité puisse être mis en place?
Ou va-t-on refuser collectivement de le faire, laissant la principale trancher, et lui laissant le champ large pour participer à la mise à mort des langues anciennes, et surtout du grec, ce truc qui depuis 5 ans qu’elle travaille dans notre collège, lui complique la vie, ampute sa DHG de quelques heures pour des élèves qui “ont déjà tout”?
Je suis la coordonnatrice de l’équipe de Lettres, c’est donc à moi que revient la tâche de consulter les emplois du temps de mes collègues pour trouver un moment de rencontre possible, à moi que revient la tâche d’expliquer le but de la réunion, de veiller à ce que chacun ait les infos nécessaires, et de faire remonter les décisions de l’équipe.
C’est à moi que revient , potentiellement, la responsabilité de dire à la Principale que non, nous refusons de proposer un quelconque EPI, condamnant de fait l’enseignement des langues anciennes à disparaître totalement de notre collège.
A moi que revient, potentiellement, la responsabilité d’abandonner latin et grec au coutelas funeste de la Réforme.
A moi, professeur de Lettres Classiques.
A moi, qui depuis l’âge des premiers mots écrits et lus, des premiers contes écoutés et réclamés, ai consacré mes heures de lectures, mes loisirs, mes études, mes rêves, à la découverte et au partage des trésors des cultures antiques.
On me demande, que je propose un EPI ou que je m’y refuse, de sacrifier sur l’autel de la réforme du collège ce à quoi j’ai consacré ma vie professionnelle et une grande partie de ma vie intellectuelle.
Et j’en crève.
Et je sais qu’aucune intervention divine ne soustraira mes deux matières de coeur au coup mortel que la Ministre a décidé de leur porter un beau jour de février 2015.
Aujourd’hui, j’ai laissé cette angoisse jusque là sourde éclater en salle des professeurs.
Devant les emplois du temps des professeurs de Lettres, les larmes m’ont surprise, ont coulé, ma gorge s’est serrée, écrasant dans un sanglot la question banale que je posais sur la possibilité d’organiser une réunion avec mes collègues.
Cette réunion, c’est la goutte de trop. C’est l’étape ultime, celle que je ne peux atteindre, celle que mon coeur, mon corps m’interdisent d’accomplir.
Les larmes ont coulé.Les larmes ont parlé. Les larmes ont crié. Autour, les échanges anodins se sont tus. Oubliés le carnet de correspondance de tel élève, le devoir non-rendu de tel autre, l’orage qui gronde dehors…
Mes larmes ont éclaboussé la salle des profs de leur réalité crue: chaque jour qui passe assassine un peu plus le professeur de Lettres Classiques que je suis, et plus rien ne peut contenir, plus rien ne peut cacher l’hémorragie de cette mort à réussite savamment différée par le Ministère.
J’ai mon grec à nu, j’ai mon latin à vif.
Je ne peux plus passer la porte de ma salle de classe sans penser que c’est la dernière fois que j’étudie ce texte latin ou grec avec eux.
Je ne peux plus regarder les manuels en préparant mes cours de latin ou grec sans penser que je n’aurai plus de raison de les utiliser l’an prochain.
Je ne peux plus expliquer à mes élèves que je veux garder un peu de mystère et ne leur parlerai de Jules César que l’année prochaine.
Je ne peux plus dire à mes élèves de 4e, en effaçant le tableau après un cours de grec: “Regardez comme cette écriture est gracieuse… Petits veinards! Vous pourrez l’apprendre l’année prochaine!”.
Je ne peux plus flâner dans une librairie en me réjouissant d’avoir trouvé le livre parfait pour parler de l’histoire des sciences antiques à mes élèves.
Je ne peux plus guider la main de l’élève qui, studieusement, tire la langue en tentant de tracer pour la 12e fois le Zêta parfait sans sentir un pincement au coeur devant ce geste millénaire.
Je ne peux plus entendre un élève déclamer, avec conviction: “Quo usque tandem abutere, Catilina, patientia nostra?” sans avoir envie de hurler de colère avec lui.
Je ne peux plus prendre en riant les remarques de mes collègues qui me disent que je me prépare avec sérieux à la réforme du collège quand je constate, dépitée, que j’ai oublié chez moi le cours de latin de 3e, dix minutes avant de retrouver mes élèves.
Je ne peux plus dire à des élèves que je suis Professeur de Lettres Classiques sans penser que c’est la dernière année que cela a du sens pour eux, et pour moi.
Je perds mon humour, je perds mon énergie, je perds ma motivation, je perds ma flamme, celle qui de cap en cap a brillé de l’Antiquité jusqu’à nous, jusqu’à moi, jusqu’à eux.
Pire, je perds ma mémoire.
Je perds mes mots.
Je perds les mots qui me servaient à transmettre leur mémoire.
Je ne suis pourtant pas malade.
Je m’efface malgré moi.
La béance qui croît chaque jour en moi m’absorbe douloureusement.
On m’efface malgré moi.
J’aurai été Professeur de Lettres Classiques.
- MelanieSLBDoyen
Audrey, c'est terrible, je ne sais pas quoi te dire. Tu n'as pas encore tout à fait perdu tes mots, ce texte est magnifique. Il en est d'autant plus glaçant.
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La réforme du collège en clair : www.reformeducollege.fr .
Et pour ceux qui voudraient en comprendre quelques fondements idéologiques:
De l’école, Jean-Claude Milner, visionnaire en 1984 (ça ne s'invente pas!) de ce qui nous arrive: "On ne dira pas que les enseignants sont l'appendice inutile d'une institution dangereuse et presque criminelle; on dira seulement qu'ils doivent devenir Autres: animateurs, éducateurs, grands frères, nourrices, etc. La liste est variable. Que, par là, les enseignants cessent d’être ce qu'ils doivent être, c'est encore une fois sortir de la question. On ne dira pas que les enseignants n'ont pas à exister, mais qu'ils ont à exister Autrement. Que cette Autre existence consiste à renoncer à soi-même pour disparaître dans la nuit éducative et s'y frotter, tous corps et tous esprits confondus, avec les partenaires de l'acte éducatif - manutentionnaires, parents, élèves, etc. -, seul un méchant pourrait en prendre ombrage." (page 24)
- DerborenceModérateur
C'est magnifique, Audrey. Et les larmes coulent ici aussi...
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"La volonté permet de grimper sur les cimes ; sans volonté on reste au pied de la montagne." Proverbe chinois
"Derborence, le mot chante triste et doux dans la tête pendant qu’on se penche sur le vide, où il n’y a plus rien, et on voit qu’il n’y a plus rien."
Charles-Ferdinand Ramuz, Derborence
- AsarteLilithBon génie
Sit nobis terra levis. Redite nobis, Naiate Floraque, animum nostrum. Redite nobis latinam graecamque disciplinam !
Je te lis, Audrey, et j'ai honte : j'ai osé penser régulièrement à faire un EPI, pour au moins ne pas lâcher le terrain. Et le jour suivant, à hurler, à montrer en pleine réunion sur la réforme à mes collègues, à ma chef, à mon principal, ce que c'est que d'être privé de son âme. Mais ne riront-ils pas ? Comprendront-ils ? Dois-je porter le débat sur le terrain émotionnel ?
_________________
Chuis comme les plantes sans eau : sans grec ni latin, j'me dessèche.
ON DIT CHOCOLATINE, PHILISTINS !
- KimberliteExpert
Courage!
Même si cette sa....erie de réforme passe, une bataille est perdue mais la guerre n'est point finie!
K
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- Spoiler:
- AudreyOracle
AsarteLilith a écrit:
Sit nobis terra levis. Redite nobis, Naiate Floraque, animum nostrum. Redite nobis latinam graecamque disciplinam !
Je te lis, Audrey, et j'ai honte : j'ai osé penser régulièrement à faire un EPI, pour au moins ne pas lâcher le terrain. Et le jour suivant, à hurler, à montrer en pleine réunion sur la réforme à mes collègues, à ma chef, à mon principal, ce que c'est que d'être privé de son âme. Mais ne riront-ils pas ? Comprendront-ils ? Dois-je porter le débat sur le terrain émotionnel ?
Mais moi aussi, j'y ai pensé, j'y pense... et je m'y refuse... et je me cabre... et j'y repense... et je n'en peux plus de cette schizophrénie imposée entre mes convictions et la nécessité vitale de préserver ces matières qui font de moi un professeur. Je m'y épuise.
Et je ne sais toujours pas quoi faire.
- AsarteLilithBon génie
Homère a chanté les héros de Troie et la Grèce : leur réforme passera, notre combat jamais. Nous sommes les spartiates aux Thermopyles, face à l'armée perse. La Grèce entière a chanté leurs actes et leurs noms, mais les soldats perses sont morts, inconnus. De même, cette réforme passera, inconnue. Mais notre coeur, de Romains et de Grecs, eux, resteront à jamais ! Gloire à nous !
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Chuis comme les plantes sans eau : sans grec ni latin, j'me dessèche.
ON DIT CHOCOLATINE, PHILISTINS !
- AsarteLilithBon génie
Je suis pareille, Audrey. Et Zeus sait si pourtant, ma flamme a baissé à force d'être exposée à l'enseignement. mais je reste zélatrice zélée quand je promeus. Et je suis passée de 3 à 15-17 latinistes en 5è.. dégoûtée... pour une fois que j'avais su parler aux parents et aux élèves ! Et l'année dernière, j'étais une denrée rare: on m'a proposé un service uniquement de latin sur 3 bahuts, par manque de LC ! Je fus sollicitée pour donner, au noir, des cours à un CM2 précoce ! Par ma PA !
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Chuis comme les plantes sans eau : sans grec ni latin, j'me dessèche.
ON DIT CHOCOLATINE, PHILISTINS !
- AudreyOracle
Ben là, ça ne sert plus à rien.
Et je me fous de mourir dignement ou pas, en héroïne ou pas... personne ne se souviendra de nous. Personne.
Tout le monde s'en fout déjà, en dehors du petit monde de néoprofs et des gentils collègues qui nous entourent...
Et je me fous de mourir dignement ou pas, en héroïne ou pas... personne ne se souviendra de nous. Personne.
Tout le monde s'en fout déjà, en dehors du petit monde de néoprofs et des gentils collègues qui nous entourent...
- Reine MargotDemi-dieu
Audrey
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- Tomoe GozenNiveau 6
Merci d'avoir partagé ton émotion avec nous Audrey, je me suis reconnue dans beaucoup de tes phrases, dans ton amour pour la culture antique...
Je ne sais pas quoi te dire, la tristesse, le chagrin, le désespoir peut-être envahissent le cœur de profs de lettres classiques en ce moment. Je n'enseigne cette matière que depuis 6 ans et pourtant c'est l'une des choses qui compte le plus dans ma vie, dont je suis le plus fière. Jamais je n'ai entendu un de mes élèves se plaindre ouvertement de venir en cours de latin (sauf s'ils ont deux heures de perm avant à cause de l'absence d'un collègue ^^).
COURAGE !!
Je ne sais pas quoi te dire, la tristesse, le chagrin, le désespoir peut-être envahissent le cœur de profs de lettres classiques en ce moment. Je n'enseigne cette matière que depuis 6 ans et pourtant c'est l'une des choses qui compte le plus dans ma vie, dont je suis le plus fière. Jamais je n'ai entendu un de mes élèves se plaindre ouvertement de venir en cours de latin (sauf s'ils ont deux heures de perm avant à cause de l'absence d'un collègue ^^).
COURAGE !!
- TangledingGrand Maître
Chère Audrey,
Je suis de tout coeur avec toi et dans la lutte jusqu'au bout.
Bises,
Tanguy
Je suis de tout coeur avec toi et dans la lutte jusqu'au bout.
Bises,
Tanguy
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"Never complain, just fight."
- Plutôt que de se battre pour des miettes et des contraintes:
Point et grille.
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- SowanaNiveau 8
Audrey a écrit:AsarteLilith a écrit:
Sit nobis terra levis. Redite nobis, Naiate Floraque, animum nostrum. Redite nobis latinam graecamque disciplinam !
Je te lis, Audrey, et j'ai honte : j'ai osé penser régulièrement à faire un EPI, pour au moins ne pas lâcher le terrain. Et le jour suivant, à hurler, à montrer en pleine réunion sur la réforme à mes collègues, à ma chef, à mon principal, ce que c'est que d'être privé de son âme. Mais ne riront-ils pas ? Comprendront-ils ? Dois-je porter le débat sur le terrain émotionnel ?
Mais moi aussi, j'y ai pensé, j'y pense... et je m'y refuse... et je me cabre... et j'y repense... et je n'en peux plus de cette schizophrénie imposée entre mes convictions et la nécessité vitale de préserver ces matières qui font de moi un professeur. Je m'y épuise.
Et je ne sais toujours pas quoi faire.
Oui, je pense que nous sommes nombreux dans cette situation. La prof de lettres classiques dans mon collège a abandonné cette année, cela fait trop longtemps qu'elle se bat, encore et toujours, pour conserver son latin, ce projet de réforme l'a achevée. Alors je me bats pour elle, pas que pour elle, surtout pour le latin, je n'imagine pas que son enseignement puisse disparaître en France. Je me bats, enfin j'essaie mais dans le même temps je me bats contre la réforme donc je voudrais que nous disions non à tout, à l'AP, aux EPI, puis je repense à la nécessité d'un EPI LCA pour conserver le latin, et je suis mal, parce que je sais qu'aucun autre prof ici ne se lèvera pour que nous conservions cette discipline.
Je déteste la période que nous traversons.
- Luigi_BGrand Maître
Audrey, il faut mettre ce billet sur Avenir latin grec.
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- El-vacatorNiveau 7
Superbe texte, si émouvant. Les collègues de LC pourront compter sur moi, à mon modeste niveau, pour qu'ils continuent à enseigner leur passion, notre héritage.
"At quoniam conjux mea non potes esse, arbor eris certe" dixit "mea".
(J'ai quelques réminiscences d'Ovide - je vous les offre)
"At quoniam conjux mea non potes esse, arbor eris certe" dixit "mea".
(J'ai quelques réminiscences d'Ovide - je vous les offre)
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Victoriae mundis et mundis lacrima
- AudreyOracle
Luigi, faut le mettre où, dans quelle rubrique, tu penses..?
- DesolationRowEmpereur
Merci pour tes efforts, merci pour tes textes.
- BlümchenNiveau 3
Audrey, comme je te comprends....je suis prof d'allemand et moi aussi, je me suis dit que c'est sans doute la dernière fois que j'ai des 6èmes...
J'ai craqué chez mon acupuncteur mercredi dernier...La réforme m'obsède: je passe beaucoup de temps , beaucoup trop, sur internet et ce que je lis sur l'évolution est désespérant mais quelque part, je ne peux m'empêcher de me dire que c'est trop gros pour que ça passe, que ça va imploser tout seul...
J'ai craqué chez mon acupuncteur mercredi dernier...La réforme m'obsède: je passe beaucoup de temps , beaucoup trop, sur internet et ce que je lis sur l'évolution est désespérant mais quelque part, je ne peux m'empêcher de me dire que c'est trop gros pour que ça passe, que ça va imploser tout seul...
- AsarteLilithBon génie
Alors que fait-on ? devons-nous faire un epi, pour qu'au moins ça vienne de nous, que ça soit fait correctement (du moins le plus possible) et agoniser, mais pas mourir tout à fait ? Ou refuser, au risque d'avoir des ennuis avec nos hiérarchies et fermer une découverte à ceux qui étaient intéressés, mais être cohérents avec nos convictions ? Je ne vois qu'abîme partout. Et je ne veux pas être juste là pour "faire joli", faire culturel pour qu'un autre prof fasse son programme, même si son epi est intéressant.
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Chuis comme les plantes sans eau : sans grec ni latin, j'me dessèche.
ON DIT CHOCOLATINE, PHILISTINS !
- HypermnestreÉrudit
Je pense que nous sommes nombreux à ressentir la même chose, le même désarroi, le même désespoir (et encore, je suis en lycée, mais je ne me leurre pas, à terme...) ; nombreux à devoir encaisser les mêmes réactions de la part de nos collègues... Merci d'avoir mis des mots sur tout cela.Tomoe Gozen a écrit:Merci d'avoir partagé ton émotion avec nous Audrey, je me suis reconnue dans beaucoup de tes phrases, dans ton amour pour la culture antique...
Mais je voudrais quand même te dire que ce n'est pas encore tout à fait perdu. Il y a cette marche, samedi, il y a les élections en fin d'année... Il y aura aussi les DHG, en janvier, qui vont peut-être susciter (enfin !) des prises de conscience soudaines.
Bref, nous ne sommes pas encore morts. Nos matières ne sont pas encore mortes. L'idée que nous nous faisons de l'enseignement au collège n'est pas encore tout à fait morte.
Continuons à nous battre, pendant que cela est possible.
Courage Audrey.
- Spoiler:
- si jamais elle passe, ce que, encore une fois, je ne saurais croire, une petite information pour te remonter un tout petit peu le moral, ou à défaut te désespérer un peu moins : le grec et le latin sont cumulables en LC, d'après le doc de Florence Robine...
- Luigi_BGrand Maître
Audrey a écrit:Luigi, faut le mettre où, dans quelle rubrique, tu penses..?
Dans "Analyses" à défaut d'autre chose. Il faut que je songe à créer une rubrique "Désespoir". Je m'en occupe, si tu veux.
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- HypermnestreÉrudit
Oh non, pas encore, pas déjà...Luigi_B a écrit:Audrey a écrit:Luigi, faut le mettre où, dans quelle rubrique, tu penses..?
Dans "Analyses" à défaut d'autre chose. Il faut que je songe à créer une rubrique "Désespoir". Je m'en occupe, si tu veux.
- musaNeoprof expérimenté
Mêmes états d'âme pour moi... Mais j'ai déjà plus ou moins décidé de ne rien proposer au risque de perdre mon poste (je viens d'arriver dessus). Je n'ai aucune énergie pour proposer un truc daubesque après des années déjà passées à subir les horaires pourris etc. C'est très triste.
- AsarteLilithBon génie
DHG ? Ou chacun va se battre, qui pour exister, qui pour se faire mousser, qui pour ne pas céder une heure, qui pour essayer un epi sans non plus pénaliser la marche du/des collègue(s) concernés ?
Marche samedi ? Mais le MEN en tiendra-t-il compte, lui qui a promulgué son décret le jour même de la grève, 49-3 -style ? Qui ignore les grèves de la faim et veut isoler les plus récalcitrants, qui commence à condamner les opposants qui s'expriment en dehors de leur temps de service ?
Elections ? Mais gauche ou droite, ils n'aboliront pas cette horreur ! La droite la renforcera, même, je pense ! Et les promoteurs de cette abomination, même sans maroquin, iront pantoufler dans un placard doré aux frais de la République !
Et c'est bien cette accumulation qui me ferait craquer !
Marche samedi ? Mais le MEN en tiendra-t-il compte, lui qui a promulgué son décret le jour même de la grève, 49-3 -style ? Qui ignore les grèves de la faim et veut isoler les plus récalcitrants, qui commence à condamner les opposants qui s'expriment en dehors de leur temps de service ?
Elections ? Mais gauche ou droite, ils n'aboliront pas cette horreur ! La droite la renforcera, même, je pense ! Et les promoteurs de cette abomination, même sans maroquin, iront pantoufler dans un placard doré aux frais de la République !
Et c'est bien cette accumulation qui me ferait craquer !
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Chuis comme les plantes sans eau : sans grec ni latin, j'me dessèche.
ON DIT CHOCOLATINE, PHILISTINS !
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- Anne-Sophie Nogaret: « La mentalité de cité se répand à l'école »(article Le Figaro)
- Perdue dans la conception d'une séquence Agir dans la cité individu et pouvoir
- Tolérez-vous les "je cite" dans un devoir ?
- Pièce de théâtre 3e "Agir dans la cité"
- "J'écris pour les profs qui pètent les plombs", "Tu enseigneras dans la douleur", "A Lise", "Je le fais pour vous", "in memoriam" et Hommage par le CSE.
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