Journal d'un gréviste.

Bonjour.
Pour ceux qui ne sont pas encore au courant, vous pouvez aller là:

https://www.neoprofs.org/t94821-apres-bellefontaine-repression-au-college-gay-lussac-de-colombes-92

Hier, j'ai commencé une grève de la faim avec mon collègue. Nous sommes deux.
Je viens de passer 24h sans manger. Je vais bien. Je ne ressens pas trop les effets de la faim. En revanche depuis une semaine, je ne fais que travailler. Contacter la presse, écrire ici, contacter la presse, écrire aux services, contacter la presse, écrire un communiqué de presse...
Hier soir nous étions une dizaine devant l'établissement, une mère d'élève qui fermait ses volets à eu pitié de nous: elle est descendue nous apporter de l'eau.
"Je suis la maman d'Eric..., j' vous ai vus en fermant mes volets..."
-Je me souviens de vous, Madame... Que devient Eric?
-Il est en BTS, il finit...
Hier nous avons dormi dans un van prêté par un collègue. Ce soir pareil.

Bonjour.
J'ai commencé mon troisième jour de grève de la faim. Honnêtement, ce n'est pas trop dur.
Les instances qui nous ont reçu (l'Inspecteur d'Académie...) restent sur leurs positions, mais j'ai reçu la visite d'une ancienne principale, Mme K. qui est venue nous soutenir. Ça réchauffe le ventre. Un plaisir de parler avec elle!
Hier, jusque tard, des ancien élèves sont passés nous saluer dans notre nouvelle demeure: un camion devant le collège. Moi qui déteste le camping! On a dormi correctement à défaut de dormir confortablement.

Je l'ai deviné davantage que je ne l'ai compris, mais c'est une évidence... Il est là, comme toujours, à côté de moi.

Bon courage

Bon courage
j'espère que tu as tout le soutien dont tu as besoin et que l'administration réagira à cette injustice.

Aujourd’hui, à quatorze heures, je commencerai mon quatrième jour de grève. J'écris dès le matin, parce que quelque chose a changé. Jusqu'à hier soir, je n'avais pas senti les effets du manque d'alimentation et je me sentais bien.
L'estomac se révolte, le corps est dans l’incompréhension... Un bout de pain, juste un petit bout, pas grand chose, juste juste pour que ce soit le contraire de rien.
Heureusement, j'ai dû répondre à plein d'appels; j'ai marché sur le trottoir le long du collège, vers le haut, vers le bas, plutôt vite. Ça occupe.
Plein de monde est passé. Un parent d'élève s'indigne des SMS envoyés par notre direction à tous les parents d'élèves: "Collège Gay Lussac. Vendredi 18 septembre, les cours sont assurés et les élèves pris en charge malgré le mouvement illégal des enseignants".

Deux anciens élèves reviennent de l'entraînement:
-M'sieu, on vous ramène un kebab?
-Non, merci les gars...
-Allez, personne verra rien, on dira rien nous! Un kebab? Une pizza?

Un autre parent d'élève: "Vous dormez là? Vraiment? Demain je vous apporte du café chaud! A quelle heure vous vous réveillez? 7h? Demain, je vous apporte du café!"

Ce matin, je vais mieux. Les mêmes sensations; plus régulières mais moins intenses.

Merci pour ton témoignage. Je pense à vous.

Je te lirai avec attention. Comment le système de l'EN fait-il pour qu'il soit possible d'en venir à de telles extrémités ?
Cela me rend profondément triste.
Tu reçois du soutien d'une principale et de parents, c'est une bonne nouvelle.
Les Syndicats vous soutiennent-ils aussi et relaient-ils votre action ?

Je te lirai aussi, même si comme trompettemarine je suis triste.
Et révoltée, aussi, profondément révoltée de ce qui arrive.
Je t'envoie plein de courage et de soutien.

Tout mon soutien

courage à vous !
C'est triste de voir à quel point le système est défaillant...On doit enseigner l'information aux élèves en étant assaillis par la désinformation et la censure !

Cet après-midi une médecin du Rectorat est venue nous visiter. Je suis en bon état. Bonne tension, le cœur bat la mesure.
On m'a payé un café de la machine à boissons: j'ai pas pu le finir, je le prends sans sucre et il y avait du sucre au fond du gobelet. Un jour une collègue d'anglais m'a dit qu'il fallait dire "paper cup" pour gobelet. S'il est en plastique...
Je continue a contacter la presse.
On fait une photo des collègues devant le collège; ils avaient tous un tee-shirt avec nos portraits, ils ont fait cours et ils recevront les parents d'élèves ce soir comme ça.

C'est une enclume. Je sais pourtant ce que c'est que d'être têtu, je suis aragonais.

Cette nuit, une crampe d'estomac inhabituelle m'a réveillé à une heure du matin. Je me suis souvenu de ma hiérarchie. Je ne comprends pas quel plaisir ils peuvent tirer de cette maltraitance. Je ne parle pas de ma grève de la faim, mais d'avant...
Même si j'ai conscience qu'ils souhaitent faire un exemple, je pense que j'en suis là parce que j'ai vexé un supérieur. Ils sont fragiles, nos supérieurs. Ils sont moins forts qu'avant. Difficile de nos jours de pouvoir s'opposer: énoncer une opinion différente est vécu, et je dis bien vécu, comme un outrage. Cela implique une sanction.
Deux des motifs de ma convocation:

Il vous est en effet reproché:
-...
-D'avoir interpellé Madame X (suit sa fonction...) en la tutoyant.
-D'avoir interpellé Madame R., le 17 mars 2015, devant témoins en lui tenant les propos suivants:
      -"Qui a pris l'initiative de la remontée de ce rapport?"

-P....., t'as pas fait ça?
-Si.
-Combien de jours?
-Une semaine.
-Une semaine?
Une enclume....

Je suis solidaire de votre lutte, et j'ai signé la pétition.

Je remets le lien ici : https://www.change.org/p/m-le-recteur-de-l-académie-de-versailles-ne-sanctionnez-pas-deux-enseignants-grévistes-de-colombes-92-1b0eb022-5767-43b6-9395-8bfc4953c67f?recruiter=93186224&utm_source=share_petition&utm_medium=email&utm_campaign=share_email_responsive

Courage ! Je vous envoie mon soutien

J'espère que je ne fais pas trop dans le pathos en écrivant tout ça. En tout cas, ce n'est pas ma volonté. J'essaie de raconter, simplement.
Depuis une semaine, les jours sont longs. Préparer des tracts, des communiqués de presse, contacter les journalistes, répondre aux journalistes, répondre aux anciens élèves, aux parents...
Ce qui me pèse le plus ce n'est pas de ne pas manger. Non. Mais je n'ai plus de vie sociale. Plus de compagne, plus de famille, plus d'amis. Enfin, plus comme avant, quand j'avais une vie.
Ce matin, j'ai dû faire une course. Je me suis arrêté dans un bar pour prendre un café. Un vrai! Un serré! Pas un de la machine de la salle des professeurs. En plus, il était bon! Et bien c'est incroyable comme cela m'a fait plaisir.
Ce soir, je ressens quand même une vraie fatigue. J'ai sommeil, en fait.

Nous, nous sommes deux. Chacun peut veiller sur l'autre... Mais lui, il est tout seul.

Hier, les collègues de Bellefontaine; aujourd'hui, vous; demain, peut-être nous...
J'ai signé la pétition et vous envoie tout mon soutien.

Bon courage à vous.
J'ai signé la pétition.

Quelle tristesse de devoir en arriver là. Tout mon soutien.

Je suis désolée pour vous et consternée du manque d'humanité de nos supérieurs! Je partage tout à fait votre avis : les difficultés de recrutement des CDE amènent à installer dans nos établissements des personnels qui n'ont plus la carrure (pas plus que les savoirs, ou plus simplement le respect des savoirs) et qui considèrent que tout avis contraire au leur est une remise en question de leur autorité ! Bon courage ! Je pense à vous !

J'ai signé la pétition. Qu'écrire de plus? Admiration pour votre courage et tristesse pour la bassesse humaine.

Pétition signée également. J'espère que vous aurez gain de cause rapidement.

C'est inimaginable d'en arriver là !!!! J'avais signé mais maintenant, je vais penser à vous pour que ce scénario terrible s'arrête très, très, très vite !

Merci à tous pour votre soutien.

Je reste en bonne forme, même si mon sac paraissait un peu plus lourd ce matin.
Depuis plusieurs jours, ma grève de la faim est aussi devenue une grève de la soif. J'essaie de ne pas boire après 17h. Nous sommes en ville dans un fourgon et nous ne disposons pas de toilettes. Je refuse d'uriner dehors comme un chien. J'aurais trop honte que quelqu'un me voie.
La faim ne passe pas après trois jours. Enfin pas pour moi. Je mangerais un sanglier...
La sensation de faim, elle, s'atténue peu a peu.

"Hay que aguantar lo que venga. Y mas!* C'est que que me disait mon grand-père".
L'enclume avait approuvé.

*Il faut tenir bon quoi qu'il advienne. Et s'il advient davantage, tenir bien davantage!

Pétition signée. Courage !

Tu as beaucoup de courage ! Je t'admire.