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- MurrNiveau 9
Bonjour à toutes et à tous,
Vous l'aurez compris en lisant l'intitulé du sujet : je me demande quelle attitude adopter face aux rapporteurs. Les dénonciations sont monnaie courante depuis la rentrée dans ma classe de CE2, pendant la récréation ("Ya Machin qui m'a donné un coup de pied") mais aussi pendant la classe ("Ya Machin qui bavarde avec Truc et ça m'empêche de travailler"). Je comprends que les élèves lésés attendent une réaction de ma part, mais comment faire alors que je n'ai pas été témoin des faits qui sont reprochés à Machin, Truc ou Bidule ? J'entrevois deux risques, suivant l'attitude que j'adopterai :
- donner un sentiment d'impunité aux fauteurs de troubles et d'injustice aux victimes, si je ne tiens pas compte des dénonciations (et mon autorité pourrait en pâtir...) ;
- encourager la délation entre les élèves, si, au contraire, je décide de sanctionner les coupables (au cas où les faits seraient avérés, bien entendu).
Voilà les questions qui me préoccupent : un beau jour, les faux-fuyants ne me tireront plus d'affaire ("Oui... De toute façon, la récré est finie, mettez-vous en rang" )... J'ai le chêne, il ne me manque plus que vos conseils avisés pour rendre la meilleure justice qui soit !
PS : Si vous avez des astuces pour lutter contre les gros mots, entendus ou rapportés ("Ya Machin - toujours lui - qui a dit..."), je suis aussi intéressée...
Vous l'aurez compris en lisant l'intitulé du sujet : je me demande quelle attitude adopter face aux rapporteurs. Les dénonciations sont monnaie courante depuis la rentrée dans ma classe de CE2, pendant la récréation ("Ya Machin qui m'a donné un coup de pied") mais aussi pendant la classe ("Ya Machin qui bavarde avec Truc et ça m'empêche de travailler"). Je comprends que les élèves lésés attendent une réaction de ma part, mais comment faire alors que je n'ai pas été témoin des faits qui sont reprochés à Machin, Truc ou Bidule ? J'entrevois deux risques, suivant l'attitude que j'adopterai :
- donner un sentiment d'impunité aux fauteurs de troubles et d'injustice aux victimes, si je ne tiens pas compte des dénonciations (et mon autorité pourrait en pâtir...) ;
- encourager la délation entre les élèves, si, au contraire, je décide de sanctionner les coupables (au cas où les faits seraient avérés, bien entendu).
Voilà les questions qui me préoccupent : un beau jour, les faux-fuyants ne me tireront plus d'affaire ("Oui... De toute façon, la récré est finie, mettez-vous en rang" )... J'ai le chêne, il ne me manque plus que vos conseils avisés pour rendre la meilleure justice qui soit !
PS : Si vous avez des astuces pour lutter contre les gros mots, entendus ou rapportés ("Ya Machin - toujours lui - qui a dit..."), je suis aussi intéressée...
- ethelredNiveau 6
bon, si Machin porte vraiment préjudice au rapporteur, engueulade et menace de punition s'il recommence (et il sait que du coup je le surveille, donc il se tient à carreau ; sinon, comme je le surveille, je réussis à le prendre en flag et là, punition).
parfois, on peut hésiter sur le côté blanche colombe durapporteur. Dans ce cas là, je préviens que je punis les deux s'ils se font encore remarquer, que je ne chercherai pas à comprendre, nanmého.
après, certains sont adeptes du rapportage inutile voire un peu tête à claque, je préviens que je n'aime pas et je ne les rate pas. En général, ça s'arrête.
parfois, on peut hésiter sur le côté blanche colombe durapporteur. Dans ce cas là, je préviens que je punis les deux s'ils se font encore remarquer, que je ne chercherai pas à comprendre, nanmého.
après, certains sont adeptes du rapportage inutile voire un peu tête à claque, je préviens que je n'aime pas et je ne les rate pas. En général, ça s'arrête.
- floMédiateur
C'est une excellente question : je n'y suis pas vraiment confrontée au collège, mais avec mon fils. Il a quatre ans et il est typique "Maitresse, il y a machin qui...". Je me dis que ça doit être insupportable pour la maitresse. :lol:
A la maison, s'il se faisait embêter par son petit frère, il venait chouiner. Au bout d'un moment, on lui a répondu qu'il fallait qu'il se défende. Résultat, certes il se défend, mais maintenant, il tape son frère en cas de conflit.
Pfff, c'est difficile de trouver le juste milieu et nous n'en avons que deux... Je compatis avec vous qui en avez au moins 25.
A la maison, s'il se faisait embêter par son petit frère, il venait chouiner. Au bout d'un moment, on lui a répondu qu'il fallait qu'il se défende. Résultat, certes il se défend, mais maintenant, il tape son frère en cas de conflit.
Pfff, c'est difficile de trouver le juste milieu et nous n'en avons que deux... Je compatis avec vous qui en avez au moins 25.
- JaneBNeoprof expérimenté
Mes classes de 6ème ont cette attitude cette année ...du coup, je me posais la même question que toi!
- User5899Demi-dieu
C'est quand même très différent.Murr a écrit:Bonjour à toutes et à tous,
Vous l'aurez compris en lisant l'intitulé du sujet : je me demande quelle attitude adopter face aux rapporteurs. Les dénonciations sont monnaie courante depuis la rentrée dans ma classe de CE2, pendant la récréation ("Ya Machin qui m'a donné un coup de pied") mais aussi pendant la classe ("Ya Machin qui bavarde avec Truc et ça m'empêche de travailler").
- ethelredNiveau 6
la palme, il y a quelques années : une élève de 6e qui se penche àmon oreille en me rendant son premier contrôle en me disant à très haute voix :
"madâââme, y a Machine elle a pas arrêté de copier sur moi".
"Bon, ça t'enlève des points ?"
"Nan."
"Alors ça ne m'intéresse pas, c'est du rapportage pas sympa. Ne t'inquiète pas, les copieurs se font attraper un jour ou l'autre." (et de fait, je fais des contrôles où certaines questions/réponses sont différentes, du coup Machine s'est faite avoir).
"madâââme, y a Machine elle a pas arrêté de copier sur moi".
"Bon, ça t'enlève des points ?"
"Nan."
"Alors ça ne m'intéresse pas, c'est du rapportage pas sympa. Ne t'inquiète pas, les copieurs se font attraper un jour ou l'autre." (et de fait, je fais des contrôles où certaines questions/réponses sont différentes, du coup Machine s'est faite avoir).
- HélipsProphète
Puis-je rappeler que "délation" ne s'applique pas exactement au cas où un élève se fait embêter par un autre (que ce soit coup, bavardage ou emprunt intempestif de stylo) et où l'élève dénonce, non pour le plaisir de voir l'autre sanctionné, mais pour pouvoir bosser ?
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Un jour, je serai prof, comme ça je serai toujours en vacances.
- ethelredNiveau 6
Hélips a écrit:Puis-je rappeler que "délation" ne s'applique pas exactement au cas où un élève se fait embêter par un autre (que ce soit coup, bavardage ou emprunt intempestif de stylo) et où l'élève dénonce, non pour le plaisir de voir l'autre sanctionner, mais pour pouvoir bosser ?
je suis bien d'accord. D'où une sérieuse discussion avec eux sur ce qui est de la dénonciation acceptable (car ils sont embêtés) et de la délation qu'on ne tolérera pas (pour le plaisir d'embêter un camarade).
- MurrNiveau 9
Ne compatissez pas trop : je n'en ai que 21 cette année mais, je confirme, c'est très usant à la longue...
Ethelred, merci pour ces conseils ! Si j'ai bien compris, l'étiquette "rapporteur" ne permet pas d'apprécier toutes les nuances de l'art du rapportage. On peut distinguer :
- le rapporteur "légitime", victime innocente qui demande justice au maître ou à la maîtresse => il faut interpeler le coupable, le menacer et le surveiller pour le prendre en flagrant délit ;
- le rapporteur "schtroumpf à lunettes" qui flique les autres en pensant faire plaisir au maître ou à la maîtresse. Cas délicat car il n'est ni victime ni bourreau, juste "cafard" : il vous rend service et vous énerve en même temps => lui faire comprendre que sa démarche vous déplaît car son rôle n'est pas de surveiller ses camarades (sauf en cas d'incident majeur) ;
- le rapporteur de mauvaise foi qui porte un faux témoignage à l'encontre d'un élève dans le but de lui nuire => punir sans hésiter ;
Tout l'art consiste à démêler le vrai du faux et à cerner le profil du rapporteur, ce qui n'est pas une mince affaire... Petite anecdote : à l'ESPE, en début d'année, un PEMF nous avait conseillé de nommer un élève pour nous aider à maintenir l'ordre dans la classe en surveillant ses pairs. Si je n'avais pas eu peur de me le mettre à dos, je lui aurais volontiers fait remarquer que ce système m'en rappelait un autre, mis en place aux heures les plus sombres de notre histoire...
Ethelred, merci pour ces conseils ! Si j'ai bien compris, l'étiquette "rapporteur" ne permet pas d'apprécier toutes les nuances de l'art du rapportage. On peut distinguer :
- le rapporteur "légitime", victime innocente qui demande justice au maître ou à la maîtresse => il faut interpeler le coupable, le menacer et le surveiller pour le prendre en flagrant délit ;
- le rapporteur "schtroumpf à lunettes" qui flique les autres en pensant faire plaisir au maître ou à la maîtresse. Cas délicat car il n'est ni victime ni bourreau, juste "cafard" : il vous rend service et vous énerve en même temps => lui faire comprendre que sa démarche vous déplaît car son rôle n'est pas de surveiller ses camarades (sauf en cas d'incident majeur) ;
- le rapporteur de mauvaise foi qui porte un faux témoignage à l'encontre d'un élève dans le but de lui nuire => punir sans hésiter ;
Tout l'art consiste à démêler le vrai du faux et à cerner le profil du rapporteur, ce qui n'est pas une mince affaire... Petite anecdote : à l'ESPE, en début d'année, un PEMF nous avait conseillé de nommer un élève pour nous aider à maintenir l'ordre dans la classe en surveillant ses pairs. Si je n'avais pas eu peur de me le mettre à dos, je lui aurais volontiers fait remarquer que ce système m'en rappelait un autre, mis en place aux heures les plus sombres de notre histoire...
- MurrNiveau 9
Bien sûr, je suis tout à fait consciente de l'écart entre la délation des "schtroumpfs à lunettes" et les appels à l'aide des élèves sérieux victimes du comportement d'un ou plusieurs fauteur(s) de troubles.
Je me suis fait avoir par le terme "rapporteur", qui s'applique indifféremment aux uns et autres. Comme ce terme est connoté péjorativement, on pense d'emblée aux "cafards" alors que la démarche de certains rapporteurs - la plupart dans mon cas - est parfaitement justifiée. Mais, là encore, impossible de punir sur la base de témoignages ! Comme l'écrit Ethelred, il faut garder un œil sur tous suspects pour pouvoir les prendre en flagrant délit (Argus, comme je t'envie...).
Je me suis fait avoir par le terme "rapporteur", qui s'applique indifféremment aux uns et autres. Comme ce terme est connoté péjorativement, on pense d'emblée aux "cafards" alors que la démarche de certains rapporteurs - la plupart dans mon cas - est parfaitement justifiée. Mais, là encore, impossible de punir sur la base de témoignages ! Comme l'écrit Ethelred, il faut garder un œil sur tous suspects pour pouvoir les prendre en flagrant délit (Argus, comme je t'envie...).
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Ich bin der Geist, der stets verneint! (Goethe)
- GilbertineNeoprof expérimenté
A lire ces questionnements, je comprends maintenant pourquoi mon fils se fait frapper trois fois par jour et que l'élève qui se livre à cela n'est jamais puni. "C'est pôôôô bien de rapporter..."
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"votre mystère étant resté là où est mort mon silence"
- ethelredNiveau 6
Gilbertine a écrit:A lire ces questionnements, je comprends maintenant pourquoi mon fils se fait frapper trois fois par jour et que l'élève qui se livre à cela n'est jamais puni. "C'est pôôôô bien de rapporter..."
on n'a pas dit qu'on ignorait les rapporteurs, mais au contraire qu'on tenait compte de ce qui nous était dit pour surveiller le comportement de l'élève incriminé par son camarade. Ce n'est pas toujours facile de faire la part des choses.
J'ai dans ma famille un petit garçon de huit ans, très cher à mon coeur, qui est un peu différent et ses camarades le sentent bien. Alors c'est un jeu pour eux de l'embêter, le provoquer et d'aller ensuite rapporter à son maître lorsqu'il réagit mal. Et il se fait punir, presque systématiquement. Alors de la colère et de la tristesse face à ce genre d'injustice, je connais (il est rentré plusieurs fois blessé, ou avec des lunettes abîmées). Je n'oublie jamais ça lorsqu'un élève m'interpelle, crois-moi. Mais je ne suis pas Dieu, je n'ai pas de caméra de surveillance et j'en ai en moyenne 28 à gérer. On fait ce qu'on peut en essayant d'être juste.
- keroGrand sage
D'expérience (collège), je pense que si un élève se plaint du comportement d'un autre, il vaut mieux en tenir compte et agir. C'est pénible sur le moment, mais c'est un investissement pour l'avenir.
Si on ne le fait pas, c'est le sentiment d'impunité qui domine pour le fauteur de troubles (et d'autres candidats à la fonction d'emmerdeur...) et on peut être certain que les problèmes vont continuer. De plus, les élèves lésés ont un sentiment d'injustice et à terme, ça sape notre autorité, qui pour un élève de cet âge, repose aussi sur une sorte de fonction judiciaire dont on est investis. Le prof est celui qui tranche en cas d'injustices. S'il ne le fait pas, il faillit à la mission dont il est investi dans leur système de valeurs. Plus fondamentalement, il ne faut pas oublier que si on donne l'impression de n'en avoir rien à faire, ceux qui seraient confrontés à des problèmes plus sérieux de harcèlement risquent d'être encouragés dans leur silence.
Après, il y a évidemment la question de: comment gérer les problèmes. Perso, je les gère publiquement, presque théâtralement et généralement, m'adressant à celui qui pose problème, je lui sors les vers du nez. Faut le faire de manière subtile. Faut pas demander à l'élève "as-tu réellement fait ceci ou cela ?" Vaut mieux attaquer directement par "Bidule, tu sais que ce genre d'acte est interdit", ce à quoi, au lieu de nier le problème, il répondra généralement sur le mode du "c'est lui qui a commencé". Puis on remonte à l'origine du problème. Si je n'y parviens pas, je demande à l'élève lésé de me signaler tout nouveau problème à venir. Une autre technique est de tenir compte du problème, ne pas agir immédiatement, et surveiller de près l'élève qui pose problème. On finit par voir ce qu'il se joue et on peut alors agir de manière plus ciblée.
Je remarque qu'en général, si les élèves constatent qu'on prend le temps d'aller au fond des choses, ils y réfléchissent à deux fois avant de recommencer leurs bétises. Une fois j'ai gardé des élèves pendant 20 minutes après la fin d'un cours pour une histoire de stylo volé. Il n'y a plus jamais eu de problème de ce type.
Quant au fait que la délation serait "mal"... Franchement, c'est une idée de gamin, ça. On est censé avoir dépassé le "on dénonce pas les copains".
Si on ne le fait pas, c'est le sentiment d'impunité qui domine pour le fauteur de troubles (et d'autres candidats à la fonction d'emmerdeur...) et on peut être certain que les problèmes vont continuer. De plus, les élèves lésés ont un sentiment d'injustice et à terme, ça sape notre autorité, qui pour un élève de cet âge, repose aussi sur une sorte de fonction judiciaire dont on est investis. Le prof est celui qui tranche en cas d'injustices. S'il ne le fait pas, il faillit à la mission dont il est investi dans leur système de valeurs. Plus fondamentalement, il ne faut pas oublier que si on donne l'impression de n'en avoir rien à faire, ceux qui seraient confrontés à des problèmes plus sérieux de harcèlement risquent d'être encouragés dans leur silence.
Après, il y a évidemment la question de: comment gérer les problèmes. Perso, je les gère publiquement, presque théâtralement et généralement, m'adressant à celui qui pose problème, je lui sors les vers du nez. Faut le faire de manière subtile. Faut pas demander à l'élève "as-tu réellement fait ceci ou cela ?" Vaut mieux attaquer directement par "Bidule, tu sais que ce genre d'acte est interdit", ce à quoi, au lieu de nier le problème, il répondra généralement sur le mode du "c'est lui qui a commencé". Puis on remonte à l'origine du problème. Si je n'y parviens pas, je demande à l'élève lésé de me signaler tout nouveau problème à venir. Une autre technique est de tenir compte du problème, ne pas agir immédiatement, et surveiller de près l'élève qui pose problème. On finit par voir ce qu'il se joue et on peut alors agir de manière plus ciblée.
Je remarque qu'en général, si les élèves constatent qu'on prend le temps d'aller au fond des choses, ils y réfléchissent à deux fois avant de recommencer leurs bétises. Une fois j'ai gardé des élèves pendant 20 minutes après la fin d'un cours pour une histoire de stylo volé. Il n'y a plus jamais eu de problème de ce type.
Quant au fait que la délation serait "mal"... Franchement, c'est une idée de gamin, ça. On est censé avoir dépassé le "on dénonce pas les copains".
- roxanneOracle
Tout à fait. Et quand c'est son propre enfant qu'on voit revenir le soir avec le pantalon déchiré, des traces de griffures ou autres comme c'est arrivé à mon neveu, on lui dit quoi? Il ne faut pas taper, mais pas rapporter non plus? Tu peux dire à Machin que comme tu l'as pas pris sur le fait, tu ne sanctionnes pas mais que tu vas le surveiller de prés. Et bien expliquer aux élèves qu'ils ne doivent être embêtés en cours ou dans la cour mais qu'l ne faut pas non plus passer son temps à tout rapporter . Il y a parfois le risque qu'un gamin un peu brutasse au départ devienne d'un coup par le biais des rapportages le bouc émissaire bien commode ce qui l'encourage d'ailleurs à continuer dns ce rôle mais qui permet à des plus malins de s'en sortir.Hélips a écrit:Puis-je rappeler que "délation" ne s'applique pas exactement au cas où un élève se fait embêter par un autre (que ce soit coup, bavardage ou emprunt intempestif de stylo) et où l'élève dénonce, non pour le plaisir de voir l'autre sanctionner, mais pour pouvoir bosser ?
- roxanneOracle
N'exagérons pas, on faisait ça nous en primaire, on restait même tous seuls et je peux vous assurer que celui qui surveillait prenait son rôle au sérieux et pas une mouche ne volait.Murr a écrit:Ne compatissez pas trop : je n'en ai que 21 cette année mais, je confirme, c'est très usant à la longue...
Ethelred, merci pour ces conseils ! Si j'ai bien compris, l'étiquette "rapporteur" ne permet pas d'apprécier toutes les nuances de l'art du rapportage. On peut distinguer :
- le rapporteur "légitime", victime innocente qui demande justice au maître ou à la maîtresse => il faut interpeler le coupable, le menacer et le surveiller pour le prendre en flagrant délit ;
- le rapporteur "schtroumpf à lunettes" qui flique les autres en pensant faire plaisir au maître ou à la maîtresse. Cas délicat car il n'est ni victime ni bourreau, juste "cafard" : il vous rend service et vous énerve en même temps => lui faire comprendre que sa démarche vous déplaît car son rôle n'est pas de surveiller ses camarades (sauf en cas d'incident majeur) ;
- le rapporteur de mauvaise foi qui porte un faux témoignage à l'encontre d'un élève dans le but de lui nuire => punir sans hésiter ;
Tout l'art consiste à démêler le vrai du faux et à cerner le profil du rapporteur, ce qui n'est pas une mince affaire... Petite anecdote : à l'ESPE, en début d'année, un PEMF nous avait conseillé de nommer un élève pour nous aider à maintenir l'ordre dans la classe en surveillant ses pairs. Si je n'avais pas eu peur de me le mettre à dos, je lui aurais volontiers fait remarquer que ce système m'en rappelait un autre, mis en place aux heures les plus sombres de notre histoire...
- MurrNiveau 9
Gilbertine a écrit:A lire ces questionnements, je comprends maintenant pourquoi mon fils se fait frapper trois fois par jour et que l'élève qui se livre à cela n'est jamais puni. "C'est pôôôô bien de rapporter..."
Je ne sais pas si ce reproche est mérité : il me semble normal d'être assaillie de questionnements lorsqu'on n'a que neuf malheureux jours d'expérience en tant qu'enseignante, et le problème du rapportage en est un comme un autre...
Que les choses soient bien claires : mon ambiance de classe est très bonne dans l'ensemble et, même le jour où l'élève Bidule est venu me dire que Machin lui avait donné un coup de pied, après vérification, il s'est avéré que le coup de pied en question avait été donné par mégarde lors d'une partie de ballon. Bidule n'avait déjà plus mal quand il est venu me voir, Machin a reconnu les faits et l'affaire s'est conclue tout naturellement par un serrement de mains et des excuses données sans difficulté et acceptées de même. Je ne serais pas irresponsable au point de poster un message dans un forum pour demander comment réagir si un ou plusieurs de mes élèves se faisaient frapper trois fois par jour et venaient s'en plaindre !!! Comme il a déjà été souligné, on ne peut pas parler de "rapportage" dans ce genre d'affaire qui doit être pris très au sérieux.
Rectification donc : mon sujet concerne exclusivement le rapportage "gentillet" des petits soucis quotidiens, celui qui ne paie pas de mine mais qui finit par devenir très usant à la longue. Et pourtant, comme le fait remarquer Kero, j'ai bien conscience qu'on ne peut pas l'ignorer sous peine de perdre toute crédibilité auprès des élèves. J'ai aussi perçu le risque de voir un élève stigmatisé par ces plaintes répétées : il est pénible, certes, car il ne tient pas en place et a tendance à parler tout seul, mais je répugne à le punir car c'est plus fort que lui et toutes les punitions du monde n'y changeraient pas grand chose. Mes collègues ont déjà signalé son comportement étrange à ses parents à plusieurs reprises, mais sans résultat... Voilà pourquoi les questionnements au sujet des rapporteurs me semblent tout à fait justifiés !
Et pour en revenir au système de surveillance des élèves par eux-mêmes, je reconnais que ma comparaison était sans doute excessive, mais il n'empêche que le principe de déléguer une partie de son autorité à un élève et de lui accorder, de ce fait, un ascendant sur ses camarades me gêne beaucoup.
- livieFidèle du forum
Je tente de différencier "action civique " et "délation gratuite et perverse "
Je ne suis pas instit mais j'ai des sixièmes qui ont cette habitude cette année, cela n'arrête pas.
La semaine dernière, j'ai pris à part un élève pour lui dire d'arrêter de rapporter tout et n'importe quoi, je lui ai dit qu'il n'était pas le gendarme de la classe, que l'autorité c'est moi et que je n'ai pas besoin de lui.
Je ne suis pas instit mais j'ai des sixièmes qui ont cette habitude cette année, cela n'arrête pas.
La semaine dernière, j'ai pris à part un élève pour lui dire d'arrêter de rapporter tout et n'importe quoi, je lui ai dit qu'il n'était pas le gendarme de la classe, que l'autorité c'est moi et que je n'ai pas besoin de lui.
- Ma'amÉrudit
Je n'ai pas tout lu, mais je vous livre mon système.
Avant de rapporter, on doit se poser trois questions :
1. Est-ce que c'est dangereux ? Si la réponse est oui, il faut évidemment aller voir un adulte.
Exemples : si un enfant fait mal à un autre ou se met en danger en faisant l'andouille...
Si la réponse est non, on passe à la question 2.
2. Est-ce que c'est grave ? Si la réponse est oui, il faut évidemment aller voir un adulte.
Exemple : si un enfant se fait embêter ou insulter par un autre en récréation, ce n'est pas dangereux, mais c'est grave. On a le droit d'être bien à l'école.
Si la réponse est non, on passe à la question 2.
3. Est-ce que ça me concerne ? Si la réponse est oui, on peut le signaler à l'adulte.
Exemple : un élève bavarde ou pique les affaires de son voisin et ça l'empêche de travailler, j'interviens.
En revanche, dénoncer le petit copain qui mâche un chewing-gum alors que c'est interdit et que je ne l'ai pas remarqué, qu'est-ce que ça apporte au délateur, à part le plaisir de faire punir son camarade ?
Pour les histoires de cour de récréation, sur le point 3, je leur dis qu'il vaut mieux qu'ils essayent de régler leurs histoires entre eux sans que nous intervenions (sans violence bien entendu).
Ça vaut ce que ça vaut, mais ça ne marche pas mal....
Avant de rapporter, on doit se poser trois questions :
1. Est-ce que c'est dangereux ? Si la réponse est oui, il faut évidemment aller voir un adulte.
Exemples : si un enfant fait mal à un autre ou se met en danger en faisant l'andouille...
Si la réponse est non, on passe à la question 2.
2. Est-ce que c'est grave ? Si la réponse est oui, il faut évidemment aller voir un adulte.
Exemple : si un enfant se fait embêter ou insulter par un autre en récréation, ce n'est pas dangereux, mais c'est grave. On a le droit d'être bien à l'école.
Si la réponse est non, on passe à la question 2.
3. Est-ce que ça me concerne ? Si la réponse est oui, on peut le signaler à l'adulte.
Exemple : un élève bavarde ou pique les affaires de son voisin et ça l'empêche de travailler, j'interviens.
En revanche, dénoncer le petit copain qui mâche un chewing-gum alors que c'est interdit et que je ne l'ai pas remarqué, qu'est-ce que ça apporte au délateur, à part le plaisir de faire punir son camarade ?
Pour les histoires de cour de récréation, sur le point 3, je leur dis qu'il vaut mieux qu'ils essayent de régler leurs histoires entre eux sans que nous intervenions (sans violence bien entendu).
Ça vaut ce que ça vaut, mais ça ne marche pas mal....
- HélipsProphète
Je ne suis pas PE, mais en tant que parent, ça me plait beaucoup cette série de questions
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Un jour, je serai prof, comme ça je serai toujours en vacances.
- Ma'amÉrudit
Merci
L'honnêteté me pousse à dire que je n'ai pas inventé ce système, mais je ne sais plus où j'ai trouvé ça.
L'honnêteté me pousse à dire que je n'ai pas inventé ce système, mais je ne sais plus où j'ai trouvé ça.
- KakHabitué du forum
Au collège la délation m'énerve aussi: ils se dénoncent pour des broutilles mais pour les choses plus graves, ils se taisent!
D'un autre côté, la délation est employé comme système de gestion de classe dans l'école de ma fille; je vais peut-être en toucher deux mots à la maitresse parce que cela me choque vraiment!
D'un autre côté, la délation est employé comme système de gestion de classe dans l'école de ma fille; je vais peut-être en toucher deux mots à la maitresse parce que cela me choque vraiment!
- Ma'amÉrudit
Kak a écrit:Au collège la délation m'énerve aussi: ils se dénoncent pour des broutilles mais pour les choses plus graves, ils se taisent!
D'un autre côté, la délation est employé comme système de gestion de classe dans l'école de ma fille; je vais peut-être en toucher deux mots à la maitresse parce que cela me choque vraiment!
Tu peux nous expliquer ?
- RogerMartinBon génie
Le système des questions:
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Yo, salut ma bande ! disait toujours le Samouraï.
I User5899.
User 17706 s'est retiré à Helsingør.
Strange how paranoia can link up with reality now and then.
- MurrNiveau 9
Un grand merci pour tous vos conseils
@ maîtresse : je vais tester le questionnaire dès la semaine prochaine !
@ maîtresse : je vais tester le questionnaire dès la semaine prochaine !
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Ich bin der Geist, der stets verneint! (Goethe)
- Ma'amÉrudit
Tu me raconteras ! Au bout d'un moment, ils le récitent tout seuls ! :lol:
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