Réforme : Personnalités à convier à la manifestation parisienne (et éventuellement aux manifestations régionales) du 10 octobre

Réponse reçue aujourd'hui de Paul Goukowsky, helléniste et membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Le courrier a été réexpédié par le secrétariat de Paris à son adresse personnelle, ce qui explique sa réponse tardive. Dans ce courrier, il pointe la terrible responsabilité des gouvernements successifs dans la dégradation de l'école et estime légitime l'expression de notre mécontentement. Il admet que protester est utile mais il nous invite aussi à nous demander comment l'étude des langues anciennes peut contribuer à former les esprits et nous encourage également à repenser l'enseignement du français. Les copies d'étudiants de licence que ses collègues lui font lire l'effraient et il rapporte les propos de ses collègues qui se demandent s'il ne vaudrait pas mieux enseigner les sciences directement en anglais... Il parle de catastrophe nationale qui demandera sans doute d'autres réformes ineptes pour que le problème devienne brûlant et craint qu'il ne soit alors trop tard pour trouver une solution. Il termine enfin en ces termes : "Je m'honore d'être un historien des mondes anciens, et c'est un fait que les civilisations prennent fin. Avec quelques-uns de mes "jeunes" collègues, nous discutons parfois de cette question et nous reconnaissons des symptômes que nous connaissons pour les avoir rencontrés au début de l'âge barbare." Il nous souhaite bon courage mais ne croit pas vraiment que nous puissions faire entendre notre voix !

Merci CNFA pour ce retour et ce partage !

En d'autres termes, il nous dit de faire tout notre possible, et quoi qu'il arrive et quelles que soient les réformes, pour continuer à enseigner avec exigence le français avant que celui-ci ne disparaisse corps et biens et que, dans ce cadre, la défense des langues anciennes lui paraît utopique voire hors de propos, comme d'un autre temps ?

Je ne peux pas dire que cela me surprend, mais dit aussi clairement (je parle du message de Paul Goukowsky), eh bien,

Dalva a écrit:Merci CNFA pour ce retour et ce partage !

En d'autres termes, il nous dit de faire tout notre possible, et quoi qu'il arrive et quelles que soient les réformes, pour continuer à enseigner avec exigence le français avant que celui-ci ne disparaisse corps et biens et que, dans ce cadre, la défense des langues anciennes lui paraît utopique voire hors de propos, comme d'un autre temps ?

J'espère ne pas avoir trahi ses propos. Voilà ce qu'il dit : "protester contre la politique absurde de l'actuel ministre est utile, mais il faudrait surtout songer à reconstruire, non certes en revenant au passé, ce qui est impossible, mais se demandant comment, au début de ce troisième millénaire, l'étude des langues anciennes peut contribuer à former les esprits. C'est un vaste chantier, d'autant plus vaste qu'il faudrait également repenser l'enseignement de la langue française."
Mais il est effectivement bien pessimiste quant à nos possibilités de nous faire entendre...

C'est en ces termes de barbarie, de parti-pris techniciste plutôt qu'humaniste en matière d'éducation, postulat posé comme évident parce que moderne, plutôt que discuté et justifié, qu'on parlait de la réforme avec d'anciens élèves. Devenus étudiants, curieux, ils étaient venus aux nouvelles auprès de leurs anciens professeurs de philosophie et de latin pour être rassurés... et sont repartis dépités.

Moriemur inultae sed moriemur...


"L'homme est périssable. Il se peut ; mais périssons en résistant,
et si le néant nous est réservé,
ne faisons pas
que ce soit une justice."
(Etienne Pivert de Senancour, Obermann)

Deux réponses reçues :
1) Dominique Charpin, professeur au Collège de France, signataire de l'appel "Les cultures antiques contre les intégrismes" (Barbara Cassin et Florence Dupont), à qui Fires s'est chargée d'écrire.
Réponse par courriel rapide, à Blois le 10 octobre (comme beaucoup !), de tout cœur avec notre combat, et remerciant d'avoir pris le temps d'écrire cette lettre (et pour le beau timbre !).

2) Yves-Marie Bercé, de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, qui m'a envoyé un long courrier ! Il formule des réflexions très intéressantes, que je livrerai en MP, faute d'avoir encore pu lui demander son autorisation pour communiquer son courrier aux collègues mobilisés.

J'ai reçu un mail de Mathilde Roman, critique d'art signataire de l'appel de B. Cassin et F. Dupont, me disant qu'elle a trouvé la lettre trop tard dans son casier (le 20 octobre) : elle espère que cette journée du 10 octobre a été un moment de grande mobilisation, et elle termine en disant qu'elle s'associera à notre lutte à d'autres occasions.

EDIT : j'ai retiré la citation car pas demandé d'autorisation

Je fais remonter ce topic car j'ai eu la joie de trouver une réponse de Robert Turcan dans ma boîte aux lettres en revenant de vacances. En substance il soutient notre combat qui est aussi le sien depuis longtemps. Il me renvoie à un article publié dans le Bulletin de l'association Guillaume Budé en 1973.
Il n'a malheureusement pas pu se joindre à nous le 10 octobre pour des raisons personnelles.
Je suis émue et fière d'avoir reçu cette lettre. Ça me regonfle à bloc pour la suite !

Reçu une réponse de Claude Calame qui était à un colloque le 10 octobre mais sans cet empêchement, il aurait volontiers manifesté concrètement sa " solidarité avec les enseignants du secondaire qui se battent courageusement pour l'offre d'une formation cohérente en grec et en latin dans les collèges et les lycées "+ un livre dédicacé du Monsieur en cadeau...

Reçu deux réponses : 
- une de Claire Voisin (par mail à Dalva), qui dit en substance qu'elle est persuadée que nous seuls pouvons réformer l'école, qu'elle nous soutient. Elle a reçu la lettre après la manif'   (je les avais postées bien avant ...)

- une de Michel Talagrand, samedi dernier, qui m'a fait très plaisir, car elle est vraiment personnalisée. Je ne pense pas pouvoir la citer sans son autorisation, donc je la résume : il a grandement apprécié que la lettre soit manuscrite ; il a été touché par les heures que nous avons passées à écrire toutes ces lettres. Il admire notre combat tout en le pensant désespéré du fait de sa contradiction totale avec les volontés politiques ...

J'avais reçu aussi une réponse manuscrite de Jean Richard, très touchante, qui nous soutient. Je n'ai pas osé la publier sans son autorisation.

Reçu une réponse assez tardive de Cédric Villani, soutien mais ne pouvait pas être là -- il avait déjà écrit à quelqu'un d'autre en ce sens.