Stagiaire besoin d'aide

Bonjour à tous,

Je suis stagiaire à mi-temps en maths au lycée, j'ai une classe de seconde et une 1ere ES. (Je n'ai jamais enseigné, j'ai eu le concours en candidat libre)
Pendant les 2 jours de formation de la pré-rentrée, notre formateur qui est aussi chargé de mission d'inspection nous a répétés au moins 3 fois qu'il ne faut surtout pas faire de la pédagogie directive, tout doit se faire à partir de situations problèmes, et ce sont les élèves qui doivent découvrir les notions de mathématiques qui se cachent derrière.
J'ai eu mon baptême du feu jeudi dernier, et je découvre que c'est extrêmement difficile d'appliquer les recommandations des formateurs. J'ai mis presque 3 jours pour préparer ma première séance des secondes, je propose donc mon activité de découverte à mes élèves. Résultat : Plus de trois quarts des élèves ne font rien, parce qu'ils ne comprennent pas, et commencent à bavarder.
Idem pour les élèves de 1ere, voire pire puisqu'ils ne sont pas nouveaux dans le lycée.
De plus, dans mon lycée nous avons une progression commune, qui ne correspond pas forcément aux attentes des inspecteurs. Je suis face à un dilemme : si je veux ma titularisation, je risque de planter tous mes élèves; si je fais du directif (Cours, Exercices d'entrainement...à l'ancienne), je risque ma titularisation.
ça fait à peine 1 semaine et j'ai déjà perdu 3kg, et mon tuteur, c'est sa première année de tutorat, j'ai l'impression qu'il ne sait pas ce qu'il doit faire pour m'encadrer. (Je découvre le fonctionnement de l'établissement en demandant à tous les collègues que je croise et qui veulent bien me répondre)

Comme vous êtes tous passé par cet étape, j'aimerai que vous me donniez quelques tuyaux pour réussir mon année.

Je vous remercie par avance!

Oublie ces directives des formateurs. Croire que les élèves vont magiquement découvrir par eux-mêmes les mathématiques se cachant derrière des problèmes est une fumisterie.

Pour mon année de stage j'avais suivi la progression commune du lycée en seconde car on faisait des devoirs communs. Je serais toi, je la suivrais.

Lorsque tu introduis un chapitre, tu peux commencer par une activité d'introduction, mais évite que celle-ci soit trop longue pour permettre de faire le cours assez rapidement.

Essaye de garder un certain rythme lors de tes séances (instaure un rituel au début du cours avec une question sur le chapitre précédent, que tu projettes au début du cours pendant que tu notes les absents sur pronote ou un billet).

Si l'inspecteur voit une séance où les élèves sont en activité, il sera content. Ne te force pas à appliquer leurs directives à toutes les séances, sinon tu obtiendras l'effet inverse de ce qu'ils attendent (tu l'as remarqué toi-même, je l'ai moi aussi remarqué et je ne pense pas avoir fait une excellente année de stage).

La même démarche que dans le primaire, ce qui donnera la même catastrophe. Fais classique et n'introduit qu'un peu de machin à la mode, juste pour la titularisation.

Dans l'idéal, les élèves doivent découvrir eux-même les notions à partir de situations problèmes. Dans l'idéal ... Or, nous sommes dans la réalité.

Tu as de la chance d'avoir une progression commune.
Tu peux donc la suivre et la défendre devant l'inspecteur (en invoquant des devoirs communs, le travail en équipe ...).

Hobbit a écrit:Lorsque tu introduis un chapitre, tu peux commencer par une activité d'introduction, mais évite que celle-ci soit trop longue pour permettre de faire le cours assez rapidement.

+1
En ce qui me concerne, si tu utilises une activité d'introduction, tu ne mets pas tout à la poubelle des conseils  que le formateur a donné.

Hobbit a écrit:Essaye de garder un certain rythme lors de tes séances (instaure un rituel au début du cours avec une question sur le chapitre précédent, que tu projettes au début du cours pendant que tu notes les absents sur pronote ou un billet).

Si l'inspecteur voit une séance où les élèves sont en activité, il sera content.

+1000
On attend de toi que tu saches gérer/diriger ta classe en mettant tes élèves en activité (le tout le plus rapidement possible, d'où l'instauration d'un rituel qui peut être très utile).

Faut ménager la chèvre et le chou...
Les conseils de ceux qui n'ont pas mis les pieds dans une classe depuis des lustres sont à jeter, il vaut mieux faire classique en faisant des cours très... courts, en mettant les élèves au boulot le plus vite possible.
Les activités supposent que les élèves aient un minimum de bagage, ce qui arrive progressivement en milieu d'année avec ce que tu as fait. L'effet passoire est terrible chez les élèves : ils oublient tout en quelques semaines, voire quelques jours.
On ne réinvente pas les maths en quelques heures. Les inspecteurs sont en général capables de le comprendre, celui qui m'a visité récemment ne m'en a pas voulu de ne pas faire d'activité au sens propre et d'insister sur les cadres solides à construire autour de connaissances.

Courage !

Il y a un tel besoin de prof de maths que la titularisation ne devrait pas poser trop de problèmes si tu gères correctement tes classes et les fais progresser.

Merci à tous pour vos messages réconfortants.
Concernant les activités, le chargé de mission d'inspection nous dit qu'on doit partir d'une situation-problème type problème ouvert, et c'est là que ça coince : les élèves n'ont pas l'habitude de travailler sans guide, et ils ont l'impression d'être nul en maths, ce qui n'est pas forcément le cas. Est-ce que les inspecteurs peuvent me reprocher si je propose des activités d'introduction avec des questions intermédiaires?

J'avais un peu la même situation en anglais l'an dernier (en gros, il faut laisser aux élèves la parole, les faire "réagir" sur un document et "inférer" la grammaire qu'y s'y trouve, enfin la grosse marave). Impossible de faire bosser les secondes, qui avaient 1. de grosses lacunes en grammaire, 2. aucune idée de ce que j'attendais d'eux 80 % du temps. Du coup j'ai gardé la "construction type" des cours ESPE, tout en étant ultra super directive (texte découpé à mort, questions de guidage ultra précises, exercice avec consignes écrites...). Le temps qu'ils prennent le pli. Il faut savoir maquiller pour que ça ressemble à de l'ESPE, je pense. (Du style, en anglais la trace écrite vient des élèves, mais rien ne m'empêche de leur imposer des amorces de phrase et de les faire répéter dans un cadre précis.)

Oh oui, il faut savoir maquiller. L'EN c'est le village Potemkine, une fois qu'on a compris ça..

Je rejoins ce qui a été dit, sur le papier les élèves doivent découvrir par eux meme mais dans la réalité... on s'adapte.
Lors de ton inspection, le fait que la progression soit commune est un point à mentionner, il est dans tes compétences de t'intégrer dans une équipe, on ne peut pas te reprocher de suivre cette équipe!
Pour la découverte, il y a des chapitres où cela se fait et dans ce cas, n'hesite pas et d'autre où clairement il faut beaucoup plus guider.
Tu peux aussi proposer des DM présentant des problemes complexes pour les inciter à réfléchir par eux même ou des travaux en équipe sur ordi sur un probleme complexe (ordi+ groupe+ probleme complexe ca devrait bien passer à l'inspection).

Tous les profs de maths débutants font des cours trop difficiles au début, quel que soit le niveau, il se peut que ton activité ait été très intéressante mais présentée trop succinctement pour que tes élèves "rentrent dedans" ou que tu ais eu de grosses illusions sur ce qu'ils pouvaient faire seuls. Malheureusement évaluer le niveau de ses élèves est une affaire d'expérience, il est donc extrêmement casse-gueule de commencer par un problème ouvert avec des élèves qu'on ne connaît pas sans être expérimenté dans le niveau enseigné, voire dans le niveau de ce lycée précisément. Les formateurs vous envoient au casse-pipe en vous conseillant cela.

Fais au début des cours classiques, mise dans l'ambiance qui permet de vérifier que les pré-requis sont en place pour une majorité d'élèves (sinon ce n'est pas la peine de continuer), activité qui permette à tout le monde de démarrer, ce qui ne signifie pas forcément problème ouvert, puis cours et exercices d'application directe puis de moins en moins directs (et là c'est normal, tu perdras de plus en plus de public, c'est à ce moment qu'on peut différencier en ne donnant pas les mêmes exercices à tout le monde). En général les bouquins (il t'en faut plusieurs, et des anciens aussi (gare aux programmes qui changent), demande des spécimens à ton tuteur ou aux collègues) proposent cela, tu peux t'en inspirer quitte à remanier un peu pour faire à ta sauce, ce qui te permettra en plus de n'être pas débordé par un boulot inefficace in fine pour tes débuts.

Lorsque tu te sentiras plus à l'aise avec tes élèves et que tu les connaîtras mieux, tu pourras  (devras) expérimenter d'autres façons de faire et discuter de leur pertinence avec ton inspecteur, qui, s'il n'est pas un con, devrait accepter un point de vue argumenté solidement dès lors que tu auras réussi à faire travailler tes élèves. Il se peut d'ailleurs que tu sois convaincu par telle ou telle méthode, des collègues (ici-même tu peux lire leurs conseils) ont des fonctionnements beaucoup moins classiques, îlots, classe inversée, fiches de projets,.. mais c'est le fruit d'une profonde réflexion, et en aucun cas un truc mis en place dans l'urgence.

Leo79 a écrit:Merci à tous pour vos messages réconfortants.
Concernant les activités, le chargé de mission d'inspection nous dit qu'on doit partir d'une situation-problème type problème ouvert, et c'est là que ça coince : les élèves n'ont pas l'habitude de travailler sans guide, et ils ont l'impression d'être nul en maths, ce qui n'est pas forcément le cas. Est-ce que les inspecteurs peuvent me reprocher si je propose des activités d'introduction avec des questions intermédiaires?

Alors théoriquement (et j'insiste sur la mot théoriquement), il faudrait que tu prévois plusieurs aides bonus pour les élèves n'arrivant pas à démarrer ou qui bloquent. Ces aides vont de questions intermédiaires à des schémas codé voir même à une partie de la réponse.

Après faut avoir le temps, l'envie et la maitrise pour pouvoir produire 9 ou 10 aides à chaque problème ouvert ...

Je suis personnellement pour que les élèves apprennent à travailler sans guide (ou du moins moins guidé), mais il faut d'abord être sur qu'ils aient tous les prérequis et beaucoup les aider et les encourager au début ... Compliqué durant l'année de stage

À mon humble avis, et surtout à la lecture des ressources sur Eduscol : il faut faire des problèmes ouverts au lycée mais on ne dit pas quand dans le cours. Tu peux introduire ton cours par un exemple introductif problématisé, ou encore choisir un problème que tu résous en fil rouge le long de ton cours... Puis tu peux leur imprimer une planche d'exercices de type problèmes ouverts pour qu'ils y soient confrontés et en résoudre trois ou quatre (en fonction de la longueur) pour un chapitre et donner la solution du reste ou leur suggérer (ordonner) d'en faire en DM.

L'équation qui consiste à satisfaire l'inspecteur, les parents, les élèves, toi même tout en faisant des mathématiques de qualité a trop de conditions initiales (contradictoires) et n'a donc pas de solution ! Il faut donc, comme il te l'a été dit, chercher à valider ton année en te faisant passer devant l'inspecteur comme un prof moyen : ni opposé aux pédagogies IUFM, ni au contraire avant-gardiste.

Je plussoie les collègues :
* au moins 80% des séances, tu peux avoir un fonctionnement "voila ce qu'on va faire, voila pourquoi on va le faire, voila comment on va le faire, au boulot, bilan" (il est intéressant de problématiser les concepts, quand on peut ; mais l'essentiel est plutôt d'expliquer clairement concepts et méthodes)
* de temps en temps, tu les laisses se démdébrouiller, mais cela nécessite de déjà savoir ce qu'ils maîtrisent, si tu veux éviter de rejouer Oui-Oui au Chemin des Dames.
Bien sûr lors des visites et inspections, c'est le deuxième type de séance, à condition que ce ne soit pas la première fois que tu fasses ce type de séance évidemment sinon ça se voit :lol:.

Coucou, et tout d'abord félicitations pour ton concours
Voici mon point de vue, puisque j'ai vécu la même situation que toi. Je suis complètement d'accord avec la méthode des problèmes ouverts, je l'expérimente pour la deuxième année et je constate que ça fonctionne

MAIS il faut y aller tout doux avec des élèves qui n'ont encore jamais bossé comme ça !!! J'ai tenté la même chose que toi et je me suis craquée ... J'ai rectifié le tir, je suis parti en plus traditionnel jusqu'à la Toussaint, puis une fois que j'ai senti les élèves me faire confiance, j'ai introduit des activités au début plutôt guidées puis de moins en moins guidées, et à partir de février mars c'était parti on commençait à travailler comme les inspecteurs le conseillent.

L'an dernier, j'ai retrouvé les élèves que j'avais il y a deux ans et j'ai constaté qu'une grande partie de ce qui avait été abordé de cette façon là est resté (bien sûr il y a des grosses piqures de rappel à faire, mais ils ont des flash du style "ah oui c'était le truc où on avait fait le puzzle pour trouver" etc). Les activité sur lesquelles ils se penchent vraiment vont les marquer pour la suite

Et rassure-toi, les inspecteurs cherchent surtout une chose : que tes élèves soient en activité, te fassent confiance, et bossent !!
Bon courage !

Merci pour toutes vos réponses.
Malheureusement, mes classes de 2nde et de 1er ES ne sont pas des bosseurs. C'est vraiment déprimant qu'en sortant de la classe, on a l'impression de mal faire les choses. Pourtant je passe dans les rangs, je les aide, mais la plupart sont complètement passifs, et leurs niveaux sont faibles (aujourd'hui, à la fin d'un calcul je dis "on trouve donc 1", une élève me dit "je trouve pas pareil, j'ai trouvé 2 sur 2). Je dois vous avouer que j'étais sous le choc! (et je le suis encore...)

Salut Léo,
si çà peut te rassurer , je te dirais que ce n'est qu'une impression.
Ils sont apathiques en début d'année notamment les 2nde car c'est un nouvel établissement pour eux, ils n'ont plus les copains avec qui ils ont passé 4 ans au collège, et ils essaient de juger quel est le niveau de leurs autres camarades avant de jeter toutes leurs forces dans la bataille. Ça passe très vite, une fois la fin du mois de septembre arrivée et qu'ils se rendent compte que les prochaines vacances scolaires sont dans 15 jours (et que c'est la moitié du trimestre) ils se mettent sérieusement au boulot. Pour les 1eres ES çà dépend de leurs ambitions, il y en a qui y sont pour fuir la L , et la S , mais ils sont souvent plus motivés que s'ils étaient en STMG.
Je dis tout cela en me basant sur l'unique expérience que j'ai eu il y a quelques années en Lycée. Et effectivement ceux que j'avais étaient exactement comme tu les décris pendant les 3 premières semaines. Mais après l'électrochoc du premier DS ils se sont mis au travail. (Par contre avec les STMG il m'a bien fallu un trimestre avant qu'ils ne se mettent au travail.... )

Allez courage