- Dr RaynalHabitué du forum
L' EIST est présenté par le ministère comme "une grande réussite" pour le bien des enfants, bien entendu. Cet enseignement est censé lutter contre notre monstrueux élitisme bien connu. Il est donc prévu de le généraliser à toutes les sixième dans la figure réforme que, pauvre pseudo-intellectuels que nous sommes, nous n'avons pas compris, accumulant les malentendus...
Alors, je suis allé chercher l'avis de "vrais" intellectuels du ministère, des authentiques, des qui comprennent bien.
Car l'EIST a été "expérimenté" sur des collèges pilotes. Les résultats obtenus ont donc du être ébouriffants pour que soit imposée à tous sa généralisation.
Et j'ai eu des surprises.
Premier document : "L’enseignement intégré de science et de technologie (EIST) en 2008-2009 : ressenti et pratiques des enseignants"
on le trouve ici
Qu'apprenons nous ?
1 - (p.49) "Les enseignants d’EIST sont particulièrement enclins à travailler en équipe : d’une part, ils avaient quasiment tous l’habitude de le faire avant même l’expérimentation (cf. graphique 11, partie I-A2), d’autre part, une grande partie d’entre eux ont cité le désir de travailler avec d’autres professeurs" : sans surprise, pour adhérer a l'EIST, il faut adorer le travail en équipe. Tellement, qu'en fait, ils le faisaient déjà avant. Donc fort peu de professeurs ont été converti au nouveau dogme par la grâce de l'EIST. Et ceux qui ne souscrivent pas à cet amour obligatoire du travail collectif ? Mystère.
2 - (p. 50) " Pour préparer leurs séances d’EIST, les professeurs travaillent en moyenne 3 heures par semaine seuls et 2 heures avec leurs collègues". Au cas ou vous n'auriez pas compris : le ministère nous fait "cadeau" de 5 heure de travail hebdomadaire supplémentaire non rémunéré (les profs de techno ont même droit à une heure de plus...) ! Décidément, nous sommes vraiment victime d'un fort malentendu. Au fait, les établissements pilotes ont eu droit à une heure rémunérée de "concertation" pour le travail en équipe. Mais, malheureusement, tous ces hardis pionniers à la foi chevillée au corps déclarent ensemble que le travail d'équipe en question leur prend deux heures, et pas une. C'est sans doute pour cela que dans la réforme, cette heure rémunérée a disparue...
3 - toujours p. 50, on apprend que le travail d'équipe n'est pas un jardin de roses : nos pionniers méritants, d'emblée volontaires pour la hors-classe, osent avouer, les méchants : "« Une quantité de travail énorme, surtout la première année, pour la préparation des séances (...) L’investissement personnel et psychologique des collègues dans ce type de projet suppose une durée de deux ou trois ans minimum pour ‘caler’ et affiner les activités des élèves ».
Mais, heureusement, la sainte trinité (physique, svt, techno) a permis de faire face. Toutefois, une pécheresse ose avouer que "de forts désaccords ont provoqué une scission nette et un anéantissement de l’équipe d’EIST, qui aujourd’hui n’existe plus. Je travaille encore un minimum avec la collègue restante, mais je ne vois plus l’intérêt de faire de l’EIST sans équipe, alors que je suis amenée à me débrouiller seule par moments pour enseigner des disciplines dans lesquelles je suis incompétente... ». Puisque l'on vous dit que else disciplines sont de vielles lunes élitistes pour aigris mal-comprenants...
4 - (p. 130) Où l'on apprend a quel point tout nous facilite la tâche pour l'EIST. Que disent nos pionniers ? "La difficulté la plus souvent citée est d’« arriver à mettre en relation les trois programmes d’enseignement », citée par 65 enseignants, plus souvent par les professeurs de SVT (29) que par ceux de physique-chimie (17) ou de technologie (19). Cette difficulté est inhérente à l’EIST et on peut se demander si, avec l’expérience, elle pourra être surmontée. Les professeurs ayant 3 années d’expérience étant encore plus nombreux (30) que leurs collègues débutants (27) à s’y confronter, il semblerait que ce ne soit pas le cas ou bien qu’il faille plus de 3 ans pour que les enseignants se sentent à l’aise dans ce domaine. Oui, vous avez bien lu. Dans les pages suivantes, on apprend que le travail a faire est (très) lourd, mais qu'il est presque insurmontable pour les profs de techno : "L’écart entre les disciplines scientifiques et la technologie semble beaucoup plus grand qu’entre les disciplines scientifiques elles-mêmes. De ce fait, les professeurs de technologie sont plus nombreux que leurs collègues à souffrir de cette difficulté : « J’éprouve quelques difficultés à enseigner les sciences parce qu’il y a trop de différence entre les matières scientifiques et la technologie »." Heureusement, on nous signale que ces derniers sont aidés car ils ont l'habitude de travailler en équipe, ce que font moins ces individualistes honnis que sont les profs de SVT !
Mais, au moins, tant d'efforts, de larmes et de sang ont été récompensés par la félicité suprême de voir les zoulis zapprenants s'épanouir dans les jardins Elyséens de la félicité scientifique et technique, non ? Pour le savoir, consultont un rapport non moins officiel:
Document 2: "Évaluation de l’effet du dispositif d’enseignement intégré de science et technologie (EIST)", que l'on trouve là.
Après une savante et irréprochable analyse statistique et des remarques des plus pertinentes (oui, c'est possible), à la p. 89, en guise de "conclusions et perspectives", cet aveu viens enflammer nos pupilles dilatées par l'espoir de la béatitude céleste entrevue via l'EIST :
Les premières analyses de l’effet de l’expérimentation EIST sur les progressions des élèves, observées sur trois temps de mesure, du début de 6e à la fin de 5e,ne font pas ressortir d’effet significatif associé au fait d’avoir bénéficié du dispositif de l’EIST. Cette absence d’effet porte tant sur les progressions en termes d’acquis cognitifs dans le domaine des sciences qu’en termes d’attitudes à l’égard des sciences.
Oui, je sais, retenez vos larmes. Tant d'efforts ont été vains. Suivent tout un ensemble de remarques essayant de sauver, laborieusement, le soldat EIST. On sent les auteurs fort gênés par leur conclusion. Ils la rédigent rapidement, en catimini, mais leurs modèles statistiques sont implacables: l'EIST n'a aucun résultat.
C'est sans doute pour cela que notre ministère bien aimé entend la généraliser dès l'année prochaine...
Mais le pseudo-intellectuel malentendant que je suis n'est sans doute pas capable de s'élever au niveau correct de finasserie théologique nécéssaire pour embrasser la logique du ministère.
PS : en passant, nos auteurs "découvrent" que plus le temps passe et plus les élèves, EIST ou pas, perdent leur intérêt pour les sciences. Encore un peu, et ils vont découvrir l'adolescence !
Alors, je suis allé chercher l'avis de "vrais" intellectuels du ministère, des authentiques, des qui comprennent bien.
Car l'EIST a été "expérimenté" sur des collèges pilotes. Les résultats obtenus ont donc du être ébouriffants pour que soit imposée à tous sa généralisation.
Et j'ai eu des surprises.
Premier document : "L’enseignement intégré de science et de technologie (EIST) en 2008-2009 : ressenti et pratiques des enseignants"
on le trouve ici
Qu'apprenons nous ?
1 - (p.49) "Les enseignants d’EIST sont particulièrement enclins à travailler en équipe : d’une part, ils avaient quasiment tous l’habitude de le faire avant même l’expérimentation (cf. graphique 11, partie I-A2), d’autre part, une grande partie d’entre eux ont cité le désir de travailler avec d’autres professeurs" : sans surprise, pour adhérer a l'EIST, il faut adorer le travail en équipe. Tellement, qu'en fait, ils le faisaient déjà avant. Donc fort peu de professeurs ont été converti au nouveau dogme par la grâce de l'EIST. Et ceux qui ne souscrivent pas à cet amour obligatoire du travail collectif ? Mystère.
2 - (p. 50) " Pour préparer leurs séances d’EIST, les professeurs travaillent en moyenne 3 heures par semaine seuls et 2 heures avec leurs collègues". Au cas ou vous n'auriez pas compris : le ministère nous fait "cadeau" de 5 heure de travail hebdomadaire supplémentaire non rémunéré (les profs de techno ont même droit à une heure de plus...) ! Décidément, nous sommes vraiment victime d'un fort malentendu. Au fait, les établissements pilotes ont eu droit à une heure rémunérée de "concertation" pour le travail en équipe. Mais, malheureusement, tous ces hardis pionniers à la foi chevillée au corps déclarent ensemble que le travail d'équipe en question leur prend deux heures, et pas une. C'est sans doute pour cela que dans la réforme, cette heure rémunérée a disparue...
3 - toujours p. 50, on apprend que le travail d'équipe n'est pas un jardin de roses : nos pionniers méritants, d'emblée volontaires pour la hors-classe, osent avouer, les méchants : "« Une quantité de travail énorme, surtout la première année, pour la préparation des séances (...) L’investissement personnel et psychologique des collègues dans ce type de projet suppose une durée de deux ou trois ans minimum pour ‘caler’ et affiner les activités des élèves ».
Mais, heureusement, la sainte trinité (physique, svt, techno) a permis de faire face. Toutefois, une pécheresse ose avouer que "de forts désaccords ont provoqué une scission nette et un anéantissement de l’équipe d’EIST, qui aujourd’hui n’existe plus. Je travaille encore un minimum avec la collègue restante, mais je ne vois plus l’intérêt de faire de l’EIST sans équipe, alors que je suis amenée à me débrouiller seule par moments pour enseigner des disciplines dans lesquelles je suis incompétente... ». Puisque l'on vous dit que else disciplines sont de vielles lunes élitistes pour aigris mal-comprenants...
4 - (p. 130) Où l'on apprend a quel point tout nous facilite la tâche pour l'EIST. Que disent nos pionniers ? "La difficulté la plus souvent citée est d’« arriver à mettre en relation les trois programmes d’enseignement », citée par 65 enseignants, plus souvent par les professeurs de SVT (29) que par ceux de physique-chimie (17) ou de technologie (19). Cette difficulté est inhérente à l’EIST et on peut se demander si, avec l’expérience, elle pourra être surmontée. Les professeurs ayant 3 années d’expérience étant encore plus nombreux (30) que leurs collègues débutants (27) à s’y confronter, il semblerait que ce ne soit pas le cas ou bien qu’il faille plus de 3 ans pour que les enseignants se sentent à l’aise dans ce domaine. Oui, vous avez bien lu. Dans les pages suivantes, on apprend que le travail a faire est (très) lourd, mais qu'il est presque insurmontable pour les profs de techno : "L’écart entre les disciplines scientifiques et la technologie semble beaucoup plus grand qu’entre les disciplines scientifiques elles-mêmes. De ce fait, les professeurs de technologie sont plus nombreux que leurs collègues à souffrir de cette difficulté : « J’éprouve quelques difficultés à enseigner les sciences parce qu’il y a trop de différence entre les matières scientifiques et la technologie »." Heureusement, on nous signale que ces derniers sont aidés car ils ont l'habitude de travailler en équipe, ce que font moins ces individualistes honnis que sont les profs de SVT !
Mais, au moins, tant d'efforts, de larmes et de sang ont été récompensés par la félicité suprême de voir les zoulis zapprenants s'épanouir dans les jardins Elyséens de la félicité scientifique et technique, non ? Pour le savoir, consultont un rapport non moins officiel:
Document 2: "Évaluation de l’effet du dispositif d’enseignement intégré de science et technologie (EIST)", que l'on trouve là.
Après une savante et irréprochable analyse statistique et des remarques des plus pertinentes (oui, c'est possible), à la p. 89, en guise de "conclusions et perspectives", cet aveu viens enflammer nos pupilles dilatées par l'espoir de la béatitude céleste entrevue via l'EIST :
Les premières analyses de l’effet de l’expérimentation EIST sur les progressions des élèves, observées sur trois temps de mesure, du début de 6e à la fin de 5e,ne font pas ressortir d’effet significatif associé au fait d’avoir bénéficié du dispositif de l’EIST. Cette absence d’effet porte tant sur les progressions en termes d’acquis cognitifs dans le domaine des sciences qu’en termes d’attitudes à l’égard des sciences.
Oui, je sais, retenez vos larmes. Tant d'efforts ont été vains. Suivent tout un ensemble de remarques essayant de sauver, laborieusement, le soldat EIST. On sent les auteurs fort gênés par leur conclusion. Ils la rédigent rapidement, en catimini, mais leurs modèles statistiques sont implacables: l'EIST n'a aucun résultat.
C'est sans doute pour cela que notre ministère bien aimé entend la généraliser dès l'année prochaine...
Mais le pseudo-intellectuel malentendant que je suis n'est sans doute pas capable de s'élever au niveau correct de finasserie théologique nécéssaire pour embrasser la logique du ministère.
PS : en passant, nos auteurs "découvrent" que plus le temps passe et plus les élèves, EIST ou pas, perdent leur intérêt pour les sciences. Encore un peu, et ils vont découvrir l'adolescence !
- gauvain31Empereur
Ils la rédigent rapidement, en catimini, mais leurs modèles statistiques sont implacables: l'EIST n'a aucun résultat.
C'est sans doute pour cela que notre ministère bien aimé entend la généraliser dès l'année prochaine..
Voilà , tu as résumé l’Éducation Nationale française
C'est sans doute pour cela que notre ministère bien aimé entend la généraliser dès l'année prochaine..
Voilà , tu as résumé l’Éducation Nationale française
- User5899Demi-dieu
Excellent, merci pour cet éclairage !
- adrifabNiveau 10
J'en étais resté à ça, en date du 11 juin 2015 :
L’EIST va-t-il être généralisé ?
La grille présente un horaire globalisé de 4H en classe de 6ème (uniquement) pour les SVT, la Technologie, et la Physique-Chimie. Cette modalité n’a pas pour objectif, selon le ministère, d’imposer une généralisation de l’EIST, mais elle le permet dans les collèges qui souhaitent le pratiquer. Ainsi un enseignement de Physique-Chimie pourrait-il intervenir dès la sixième.
En tout cas, l’idée de rendre les professeurs de sciences et technologie polyvalents n’est pas à l’ordre du jour, ce que confirme la circulaire.
Il y aurait du nouveau sous le soleil ??
L’EIST va-t-il être généralisé ?
La grille présente un horaire globalisé de 4H en classe de 6ème (uniquement) pour les SVT, la Technologie, et la Physique-Chimie. Cette modalité n’a pas pour objectif, selon le ministère, d’imposer une généralisation de l’EIST, mais elle le permet dans les collèges qui souhaitent le pratiquer. Ainsi un enseignement de Physique-Chimie pourrait-il intervenir dès la sixième.
En tout cas, l’idée de rendre les professeurs de sciences et technologie polyvalents n’est pas à l’ordre du jour, ce que confirme la circulaire.
Il y aurait du nouveau sous le soleil ??
- Dr RaynalHabitué du forum
Non, bien entendu, "on" ne veut surtout pas généraliser l'EIST.
Bon, bien entendu, l'horaire est commun.
Et, si on regarde le programme publié, lui aussi, il est commun.
Mais nous restons libre de choisir ou pas l'EIST ?
Hum...
Bon, bien entendu, l'horaire est commun.
Et, si on regarde le programme publié, lui aussi, il est commun.
Mais nous restons libre de choisir ou pas l'EIST ?
Hum...
- adrifabNiveau 10
Hors de question ! et vu comme l'équipe sciences de mon bahut est remontée à bloc contre l'EIST, si on cherchait à nous l'imposer l'an prochain dans mon collège, ce serait la guerre civile !
- RoninMonarque
Oh tiens ce serait étonnant....pis c'est pas comme si ça permettait des économies de postes, comme pour les LC, l'allemand....
_________________
- BabelleNiveau 10
Lors d'une réunion des profs SVT, techno, PC, j'ai eu le malheur de dire à ma CDE que je ne comprenais même pas le programme de sixième en SVT et que donc j'étais incompétente pour l'enseigner, elle m'a rétorqué que j'étais une révolutionnaire.
Euh !! J'ai pas compris le rapport.
Euh !! J'ai pas compris le rapport.
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