- Marcel KhrouchtchevEnchanteur
http://www.lexpress.fr/education/recherche-ministre-de-la-recherche-desesperement_1683292.html#S4zCATv5DdLcI4G4.01
Tarder à remplacer Geneviève Fioraso relève non seulement de la faute politique, mais aussi de l'insulte à l'avenir et à la jeunesse.
Trois longs mois auront donc été nécessaires pour que Geneviève Fioraso, secrétaire d'Etat chargée de l'Enseignement supérieur et de la recherche, démissionnaire au début de mars, soit remplacée - le nom de son successeur doit être dévoilé ces prochains jours. Ce manque d'empressement témoigne à tout le moins du caractère mineur du dossier pour le gouvernement ; chacun sait que la barque de Najat Vallaud-Belkacem, pour l'heure titulaire du portefeuille, est trop chargée pour que cette dernière puisse raisonnablement consacrer aux universités et à la recherche le temps et l'attention qu'elles requièrent.
Pour qui se souvient que François Hollande, sous les vivats de la Bastille, promit en 2012 de placer la jeunesse au coeur de son action, ce dédain manifeste a de quoi troubler, sauf à considérer que la réussite des étudiants et la vigueur de la recherche n'auraient pas d'impact sur l'avenir des jeunes et du pays. Il n'est pourtant que le reflet d'une constante des politiques éducatives de la gauche depuis 1981 : surinvestissement dans l'enseignement scolaire en général, secondaire en particulier, réservoir de voix enseignantes, au détriment d'universités notoirement sous-financées ; scission des problématiques de l'université et de la recherche, les premières étant généralement rattachées à l'Education nationale, les secondes aux ministères de l'Industrie ou de l'Espace, situation lourde de conséquences sur la structuration de la recherche, qui reste pour une large part administrée par des organismes indépendants des universités (CEA, CNRS...) - un choix que la France partage avec la défunte URSS, dont la prestigieuse Académie des sciences concentrait l'essentiel des crédits et des talents, au détriment des universités.
L'exception Allègre
Une exception confirme la règle : les années Allègre. Alors conseiller de Lionel Jospin, il porte en 1990 le vaste plan d'investissement Université 2000 et soutient la création de pôles d'excellence qui, sous divers intitulés, ont depuis survécu ; puis, ministre de 1997 à 2000, il lance U3M, autre plan d'investissement, et surtout comprend, six ans avant le séisme du classement de Shanghai, que l'heure de la mondialisation a sonné pour les universités. Il connaît mieux que tout autre les deux principaux vices du système français, qui nuisent tant à sa lisibilité qu'à sa visibilité : une recherche éclatée entre universités et organismes ; la dichotomie entre universités et grandes écoles.
Le rapport qu'il commande dès 1997 à Jacques Attali, et qui débouche sur l'articulation des études autour de trois grades (licence, master, doctorat), a d'ailleurs pour objet initial de créer des synergies entre facs et écoles. Il lance également la constitution d'un véritable espace européen de l'enseignement supérieur, via le processus dit de Bologne.
On ajoutera que le flirt avancé auquel Claude Allègre se prête quelques années plus tard avec Nicolas Sarkozy n'est sans doute pas étranger, alors, à l'intérêt que ce dernier porte aux universités, au point de leur dédier un ministère de plein exercice, qui bénéficie en outre d'une continuité aussi précieuse que rare de nos jours (Valérie Pécresse reste en poste quatre ans) et de la présence à Matignon d'un ancien ministre de la Recherche (François Fillon), conseillé par un autre ancien ministre (Jean de Boishue) et par un ex-président d'université (Jean-Marc Monteil), promu recteur en son temps par... Claude Allègre.
La France ne renouera pas avec une croissance durable sans une politique d'enseignement supérieur et de recherche volontariste et ambitieuse, ferment de cette "économie d'innovation" dont les experts Philippe Aghion et Elie Cohen chiffrent les bénéfices : pour un pays, le surcroît de productivité procuré par une année d'études supplémentaire s'élèverait à environ 8%, ce qui correspond à 0,5% de croissance annuelle.
A l'aune de ces enjeux, les trois mois de vacance de facto du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche relèvent non seulement de la faute politique, mais aussi de l'insulte à l'avenir et à la jeunesse.
- e-WandererGrand sage
C'est sans doute pour essayer de nous faire croire que Mme Rose Fiasco est irremplaçable…
Pour le reste, je trouve l'article très partisan. Le problème n'est pas que le CNRS ou le CEA existent, ce sont des institutions très utiles. Le problème n'est pas que les prépas existent : ce système fonctionne bien. Le problème est qu'on envoie à l'université trop d'étudiants qui ont eu un bac au rabais, qu'on impose aux universitaires des réformes absurdes pour passer aux évaluations par "compétences" et affaiblir les contenus disciplinaires, que les enseignants-chercheurs croulent sous les tâches administratives, et que l'enveloppe financière est absolument insuffisante.
Pour le reste, je trouve l'article très partisan. Le problème n'est pas que le CNRS ou le CEA existent, ce sont des institutions très utiles. Le problème n'est pas que les prépas existent : ce système fonctionne bien. Le problème est qu'on envoie à l'université trop d'étudiants qui ont eu un bac au rabais, qu'on impose aux universitaires des réformes absurdes pour passer aux évaluations par "compétences" et affaiblir les contenus disciplinaires, que les enseignants-chercheurs croulent sous les tâches administratives, et que l'enveloppe financière est absolument insuffisante.
- Marcel KhrouchtchevEnchanteur
e-Wanderer a écrit:C'est sans doute pour essayer de nous faire croire que Mme Rose Fiasco est irremplaçable…
Pour le reste, je trouve l'article très partisan. Le problème n'est pas que le CNRS ou le CEA existent, ce sont des institutions très utiles. Le problème n'est pas que les prépas existent : ce système fonctionne bien. Le problème est qu'on envoie à l'université trop d'étudiants qui ont eu un bac au rabais, qu'on impose aux universitaires des réformes absurdes pour passer aux évaluations par "compétences" et affaiblir les contenus disciplinaires, que les enseignants-chercheurs croulent sous les tâches administratives, et que l'enveloppe financière est absolument insuffisante.
D'accord avec toi (j'ai posté cet article pour en discuter, sans être d'accord avec tout, mais je suis surtout d'accord sur l'utilité des CPGE).
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