- bobo the mokNiveau 5
J'ai la plume difficile.
J'ai donc besoin de votre avis.
Que pensez-vous de cette lettre ?
"...
A la ministre de l’éducation nationale,
J'ai donc besoin de votre avis.
Que pensez-vous de cette lettre ?
"...
A la ministre de l’éducation nationale,
Madame Najat Vallaud-belkacem, MERCI !
L’instruction en France va mal. La faute aux professeurs ? Aux élèves ? Non. Les élèves ne sont pas plus bêtes qu’hier et les professeurs font avec les moyens et les instructions que leur hiérarchie leur donne. Depuis trente ans les réformes successives devant permettre à l’école et au collège unique de magiquement fonctionner idéalement ne marchent pas et creusent de plus en plus de différence sociale.
Vous avez appris, comme moi, que 20 % des élèves de 3ème n’était capable de traiter que des exercices très simples de mathématiques, de niveau CM2 ou de début du collège. En outre, le pourcentage des élèves de très faible ou de faible niveau passe de 15 % à 19,5 % en six ans.
Grâce à votre réforme, ce nombre va passer à 30% (voire plus) d’ici 2022.
Grâce à votre réforme, la France va passer structurellement d’un élitisme républicain à un élitisme social.
Grâce à votre réforme, je vais pouvoir quitter l’Education Nationale le cœur tranquille.
Plutôt que de renforcer les fondamentaux en primaire (principal cause d’échec au collège), plutôt que faire le bilan de la réforme du Lycée, vous avez eu le courage politique de fragiliser encore plus le collège.
Pour cet acte de bravoure, Madame la ministre, MERCI !
Grâce à vous, j’ai compris que la chose publique, l’intérêt commun, c’était une vue de l’esprit. Vous avez raison, les pauvres doivent connaître leur place et donc rester pauvres.
Grâce à vous, j’ai compris que l’école ne sera plus qu’un lieu de socialisation et non un véritable lieu d’instruction, et donc d’émancipation. Vous avez raison, du pain et des jeux, voilà une bonne manière de contenir les rêves de la France d’en bas.
Grâce à vous, j’ai compris que l’instruction devait se faire à la maison. Nous suivons donc nos enfants pour leur permettre de voir plus loin, plus haut. Nous les aidons à dépasser leurs frustrations et l’amertume du travail, et à, ainsi, développer leurs exigences et l’amour du travail bien fait,
Grâce notre niveau d’instruction, nos enfants, bien qu’issus de la classe très moyenne, pourront, s’ils en ont le désir, postuler pour les plus hautes écoles en France et à l’étranger. Et grâce à vous, ils n’auront que la concurrence des enfants des familles aisées (Peut-être est-ce là votre objectif principal ?).
Je suis, comme vous, pour que les enfants des classes moyennes (voire moyennement aisées) et pauvres n’aspirent qu’au mieux à être des techniciens (et c’est très bien d’être technicien). Les plus hautes sphères sociales sont un club fermé et, nous sommes bien d’accord, doivent le rester.
Je suis, pour l’instant, démuni financièrement, mais grâce à votre réforme et à l’inquiétude légitime des familles qui savent que l’instruction véritable est la clé de la réussite sociale, je vais pouvoir compléter très largement mes fins de mois.
Je suis professeur de mathématiques en collège défavorisé et vais pouvoir réfléchir sérieusement à une reconversion vers des cours particuliers exigeants. La rareté se paye souvent à prix d’or.
Quand dans quelques années, nous verrons les effets délétères de cette réforme, tout le monde pensera à vous et vous en rendra responsable. Moi, je vous remercierai.
Pour votre réforme, je vous mets ACQUIS dans l’ensemble des compétences que vous voudrez (ou des gommettes vertes, si vous préférez).
Vous avez appris, comme moi, que 20 % des élèves de 3ème n’était capable de traiter que des exercices très simples de mathématiques, de niveau CM2 ou de début du collège. En outre, le pourcentage des élèves de très faible ou de faible niveau passe de 15 % à 19,5 % en six ans.
Grâce à votre réforme, ce nombre va passer à 30% (voire plus) d’ici 2022.
Grâce à votre réforme, la France va passer structurellement d’un élitisme républicain à un élitisme social.
Grâce à votre réforme, je vais pouvoir quitter l’Education Nationale le cœur tranquille.
Plutôt que de renforcer les fondamentaux en primaire (principal cause d’échec au collège), plutôt que faire le bilan de la réforme du Lycée, vous avez eu le courage politique de fragiliser encore plus le collège.
Pour cet acte de bravoure, Madame la ministre, MERCI !
Grâce à vous, j’ai compris que la chose publique, l’intérêt commun, c’était une vue de l’esprit. Vous avez raison, les pauvres doivent connaître leur place et donc rester pauvres.
Grâce à vous, j’ai compris que l’école ne sera plus qu’un lieu de socialisation et non un véritable lieu d’instruction, et donc d’émancipation. Vous avez raison, du pain et des jeux, voilà une bonne manière de contenir les rêves de la France d’en bas.
Grâce à vous, j’ai compris que l’instruction devait se faire à la maison. Nous suivons donc nos enfants pour leur permettre de voir plus loin, plus haut. Nous les aidons à dépasser leurs frustrations et l’amertume du travail, et à, ainsi, développer leurs exigences et l’amour du travail bien fait,
Grâce notre niveau d’instruction, nos enfants, bien qu’issus de la classe très moyenne, pourront, s’ils en ont le désir, postuler pour les plus hautes écoles en France et à l’étranger. Et grâce à vous, ils n’auront que la concurrence des enfants des familles aisées (Peut-être est-ce là votre objectif principal ?).
Je suis, comme vous, pour que les enfants des classes moyennes (voire moyennement aisées) et pauvres n’aspirent qu’au mieux à être des techniciens (et c’est très bien d’être technicien). Les plus hautes sphères sociales sont un club fermé et, nous sommes bien d’accord, doivent le rester.
Je suis, pour l’instant, démuni financièrement, mais grâce à votre réforme et à l’inquiétude légitime des familles qui savent que l’instruction véritable est la clé de la réussite sociale, je vais pouvoir compléter très largement mes fins de mois.
Je suis professeur de mathématiques en collège défavorisé et vais pouvoir réfléchir sérieusement à une reconversion vers des cours particuliers exigeants. La rareté se paye souvent à prix d’or.
Quand dans quelques années, nous verrons les effets délétères de cette réforme, tout le monde pensera à vous et vous en rendra responsable. Moi, je vous remercierai.
Pour votre réforme, je vous mets ACQUIS dans l’ensemble des compétences que vous voudrez (ou des gommettes vertes, si vous préférez).
Veuillez agréer, madame la ministre, l’expression de ma très sincère admiration.
Votre obligé
Votre obligé
- Vincent83Niveau 6
Ah ben le voilà notre avantage en nature ;-)
+ sérieusement la réalité est peut-être pire encore: ils doivent être convaincus de bien faire!
ps: étant dans le privé je regrette néanmoins de devoir tempérer cet enthousiasme: les grandes écoles ne vont pas rester accessibles financiérement très longtemps aux enfants de professeurs et autres cadres moyens, certaines augmentent déjà leur scolarité, sans compter tous les frais annexes...
+ sérieusement la réalité est peut-être pire encore: ils doivent être convaincus de bien faire!
ps: étant dans le privé je regrette néanmoins de devoir tempérer cet enthousiasme: les grandes écoles ne vont pas rester accessibles financiérement très longtemps aux enfants de professeurs et autres cadres moyens, certaines augmentent déjà leur scolarité, sans compter tous les frais annexes...
- bobo the mokNiveau 5
Je sais que c'est le pire : effectivement certains croient bien faire.
- DinosauraHabitué du forum
Excellent billet ! Et je souscris à l'idée que l'école publique étant dévoyée dans ses missions (tendant vers le seul éducatif et le bio-vivre-ensemble-dressage des comportements), seules les familles bien informées et bien dotées en capital culturel et financier tireront leur épingle du jeu et assureront l'instruction à la maison... Mais effectivement, en germe, ce qui se profile, c'est que les enfants de profs, pourtant bien dotés en capital culturel a priori, seront aussi écartés de l'élite sociale, à mesure que les droits d'inscription dans les écoles privées exigeantes augmenteront.
Puis-je récupérer le texte sinon, et l'afficher en salle des profs ? Je le trouve éloquent dans sa démonstration du bourdieusisme dévoyé de nos élites (haro sur les "héritiers", mais toutes les réformes en cours les renforcent au contraire...).
Puis-je récupérer le texte sinon, et l'afficher en salle des profs ? Je le trouve éloquent dans sa démonstration du bourdieusisme dévoyé de nos élites (haro sur les "héritiers", mais toutes les réformes en cours les renforcent au contraire...).
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"Le plus esclave est celui qui ignore ses chaînes."
- DinosauraHabitué du forum
Merci !
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